Le centre d’étude et de recherche sur la gouvernance des industries extractives et de développement durable (CERGIED) a initié une journée de réflexion ce jeudi, 21 avril 2022 à l’auditorium du CERGIED de Gassi à N’Djamena. Cette rencontre de travail a permis aux participants d’échanger sur la planification et la budgétisation sensible au Genre. Reportage.
Une vingtaine de participants de différentes corporations qui a eu part à cette journée de dialogue et de plaidoyer sur la planification et la budgétisation sensible au Genre. Selon M. Mbaïrassem Ismaël, économiste chargé de politique publique du CERGIED, c’est une journée à caractère un peu spécifique de par sa représentation. À son avis, l’exercice nouveau qu’est la budgétisation sensible au Genre est parti d’un constat des nouvelles études réalisées au Tchad. Ces études, dit-il, ont mis en évidence les inégalités sociales au sein de la population. L’économiste précise que ce sont les couches les plus vulnérables qui sont touchées. Il s’agit fondamentalement des femmes, des personnes handicapées et des enfants, a cité M. Ismaël. Il justifie cette affirmation en signifiant que c’est dû simplement au fait que les politiques publiques élaborées ce dernier temps ne prennent pas en compte les besoins spécifiques de cette catégorie de population. D’après l’économiste, les politiques communales sont censées affecter directement les citoyens au niveau local. « L'objectif de cette rencontre c'est de discuter sur les mécanismes susceptibles de conduire les communes et au-delà, l'État à intégrer dans leur planification les besoins spécifiques des groupes vulnérables », assure-t-il. Le représentant du directeur du CERGIED dit être disposé à accompagner les communes qui souhaitent essayer ce nouvel exercice de budgétisation.
L’économiste chargé de politique publique du CERGIED rappelle que, le centre d’étude et de recherche sur la gouvernance des industries extractives et de développement durable est une organisation de la société civile qui œuvre depuis plus d’une vingtaine d’années sur des questions de gouvernances démocratiques, économiques et sociales. Pour lui, le volet de l’activité budgétaire réalisé par l’observatoire de gestion de ressources publiques au sein du CERGIED, a commencé depuis 2004. M. Mbaïrassem Ismaël dit que l’opérationnalisation des activités du CERGIED s’est traduite sur le terrain avec la mise en place des comités de suivi budgétaire dans 17 des 23 provinces du Tchad.
Ces comités selon lui font jusque-là un travail exceptionnel dans le cadre de la mise en œuvre des politiques publiques à l’échelle nation ou locale avec les communes. Cette synergie d’action souligne-t-il, a apporté un changement dans la pratique et la mise en œuvre des politiques publiques au Tchad.
Moyalbaye Nadjasna
Le Président du conseil militaire de transition (PCMT) s’est adressé à la nation ce 19 avril 2022. Il a insisté sur la tenue du dialogue national inclusif (DNI) le 10 mai prochain.
La mort du Président Deby le 20 avril 2021 a ouvert une nouvelle ère de transition au Tchad. Une transition militaire dirigée par le General Mahamat Idriss Deby, fils de défunt président. Le pouvoir militaire organisé sous l’appellation du Conseil militaire de la transition (CMT) était contesté à ses débuts par les organisations de la société civile, les partis politiques de l’opposition démocratiques et militaires. Plusieurs manifestations ont fait l’objet des bavures policières coûtant la vie à des Tchadiens. Pour récapituler un an d’exercice de transition, le PCMT le général Mahamat Idriss Deby s’est adressé à la nation. Le point d’orgue c’est le Dialogue national inclusif (DNI). « Comme annoncé précédemment, les travaux du Dialogue National Inclusif commenceront le 10 mai 2022 à N’Djaména », a annoncé le PCMT dans son discours. Selon lui, c’est un rendez-vous crucial à l’issue duquel, le pays va se doter des institutions pérennes répondant aux aspirations profondes et légitimes du peuple tchadien souverain.
Le Chef de la junte a évoqué que la prise du pouvoir par les militaires est un acte historique entrepris pour assurer la continuité de l’État. Il soutient aussi que cette transition militaire a garanti de la paix, la quiétude, la sécurité des populations, la préservation de l’intégrité territoriale et la sauvegarde de la souveraineté internationale du Tchad. Selon le PCMT, une feuille de route a été établie par le gouvernement de transition avec pour objectif de créer les conditions propices à l’organisation des élections générales transparentes et démocratiques au terme de la transition. Le général Mahamat Deby a signalé aussi la mise sur pied du Conseil national de la transition (CNT). Il faut rappeler qu’au lendemain de la prise du pouvoir par la junte la constitution et le parlement avaient été dissous. Une charte de transition, trop critiquée, a été confectionnée en lieu et place de la loi fondamentale.
Au sujet de la sécurité, le PCMT a estimé que la situation est stable mis à part les malheureux évènements dans quelques provinces. Le général Mahamat Deby, a abordé également la révision du statut des armées. À son avis, un paquet de réformes nouvelles pour une gestion optimale de la carrière militaire. Ce qui va améliorer leurs conditions de vie et de travail des militaires, dit-il.
S’agissant du social, il faut signaler que plusieurs manifestations notamment des syndicats, des diplômés sans emplois ont rendu morose le climat social du pays. Toutefois, à en croire le PCMT, les autorités de la transition ont fourni des efforts importants. Il justifie leurs efforts par la signature du pacte social avec les organisations syndicales, le recrutement de 5000 jeunes diplômés à la Fonction publique en cours, la création d’un fonds spécial pour les micros projets pour les femmes rurales, la réduction des coûts d’Internet, etc. Comme approche pour le développement, il dit dans son discours mettre l’accent sur l’énergie, l’élevage et l’agriculture. Il reconnaît l’instabilité et l’insuffisance de l’énergie en ce moment au pays. Le PCMT promet s’investir pour résoudre la défaillance du réseau électrique, en mettant l’accent sur la production de l’énergie verte.
La justice a fermé à plusieurs reprises ses portes suite aux menaces des magistrats dans l’exercice de leur fonction et leurs conditions de travail. Récemment, les syndicats des magistrats ont lancé une grève illimitée qui a duré trois semaines sans trouver une solution définitive. Dans son adresse à la nation, le PCMT note l’instauration d’un système judiciaire soucieux des libertés individuelles et des droits fondamentaux des citoyens. Pour lui, la justice fait partie des priorités du CMT. Il déclare réitérer clairement sa ferme volonté de mobiliser les moyens nécessaires en vue d’améliorer les conditions de vie, de travail et de protection des magistrats. « Aucun moyen à notre portée ne sera épargné pour soutenir la justice qui représente le cœur d’un État de droit, tout en exigeant en retour, un fonctionnement optimal de l’appareil judiciaire pour restaurer la confiance entre la Justice et les justiciables », a souligné le général Mahamat Deby. Il appelle les Tchadiens à l’unité pour un Tchad prospère.
Moyalbaye Nadjasna
La cérémonie de baptême du boulevard Maréchal Idrsiss Deby Itno s’est déroulée ce matin à la mairie de N’Djamena. Cette avenue portait le nom d’un ancien ami Président Ngarta Tombalbaye aujourd’hui devenu boulevard Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, à cet effet Ialtchad Presse était sur place pour recueillir les avis de quelques citoyens riverains.
Moussa, un habitant du quartier Kabalaye, affirme « Fontaine de l’Union était Fontaine de l’union de l’Afrique Centrale. Nous à l’époque nous appelons Ngarta Tombalbaye s’ils ne connaissent pas l’histoire, il faut qu’il demande aux anciens. Nous avons avenue Bokassa, avenue Mobutu, avenue El- Nimery. Si l’État veut faire ce qu’ils veulent, ils peuvent le faire puisque l’État est responsable de la gestion du pays. Tout ce qu’ils veulent, ils le font, mais l’histoire reste. Ils veulent tout effacer, l’histoire reste et restera pour toujours ».
Pierre Oderi ancien habitant du quartier Ambassatna, « à mon avis s’ils veulent baptiser l’avenue Mobutu au nom de Idriss Deby Itno. Ce n’est pas comme ça qu’il faut faire, il devrait faire une autre chose et puis baptisé au nom du Maréchal. Cette avenue était baptisée au nom de l’ancien Président du Zaïre et ça reste dans l’histoire du Tchad. Il supprime le nom du Mobutu et donne le nom de Marechal Idriss Deby Itno ça ne peut pas aller, s’ils veulent il faut qu’ils construisent une nouvelle route et baptisé au nom du Maréchal Idriss Deby Itno ».
Moussa Abakar habitant au quartier Ambassatna, affirme, « les noms Mobutu Bokassa, devraient rester. Ils veulent effacer Mobutu pour mettre Maréchal Idriss Deby Itno, mais ce n’est pas normal. Pour oublier Mobutu, ce n’est pas facile, c’était un ami de l’ancien Président Ngarta Tombalbaye. Il est intervenu dans les conflits inter tchadiens à l’époque. Normalement, il ne faut pas qu’il change, il efface tout ça là est-ce que ça va rester ? Vous éliminez le monument et vous dites l’histoire, nous ne comprenons pas. Il faut que le monument reste, vous voulez effacer l’histoire, mais la génération future ce n’est plus l’histoire de Mobutu lamyfortain, tout ça, il n’ y a pas. L’histoire s’est arrêtée et la page est tournée. S’il plaît, n’effacez pas l’histoire ».
Daoud Oumar soutient que « changer le nom de l’avenue Mobutu en Maréchal Idriss Deby Itno ça ne cause pas de problème. Il était le Président du Tchad et il a beaucoup fait pour ce pays on lui devrait nommé autre chose en son nom au lieu de baptiser une rue à son nom avec des dates précises de son règne et ça restera dans l’histoire.
Propos recueilli par Ousmane Bello Daoudou
Le Maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun a rebaptisé ce mercredi l’avenue du Président Zaïrois Mobutu Cessé Seko, Boulevard du Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno. C’est pour honorer la mémoire du président, son patriotisme et de son amour pour la construction d’un Tchad uni et prospère que la Mairie de N’Djamena dit avoir décidé de l’immortaliser en donnant son nom à un Boulevard de la capitale. La cérémonie a lieu en présence du vice-président du CMT, le général Djimadoum Tiraïna. Reportage.
Située entre l’hôtel de la ville de N’Djamena et le viaduc de Chagoua, l’avenue du Président Mobutu, est l’une des avenues la plus empruntée par les automobilistes et les motocyclistes. Cette avenue baptisée par l’ancien président François Ngarta Tomalmbaye Avenue Mobutu pour immortaliser les liens d’amitié entre les deux chefs d’États d’alors est désormais rebaptisée Boulevard du Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno.
Pour le maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun, l’attribution d’un nom de boulevard est porteuse de sens, car elle exprime un hommage rendu à un homme dont le parcours a marqué tout le monde. Selon lui, le défunt président a marqué non seulement le Tchad, mais également l’Afrique et le monde. « Je ne suis pas la personne la mieux indiquée pour retracer le parcours de ce héros national, cet homme au destin exceptionnel, permettez-moi d’évoquer ici en quelques lignes son amour pour la patrie et pour la ville de N’Djamena », a dit le maire.
Ali Haroun souligne qu’entre le maréchal du Tchad Idriss Deby Itno et le Tchad, c’est tout une histoire, un amour et un engagement. Il a relevé qu’il est le pionnier du développement et de la modernisation de la cité-capitale. Le maire de la ville de N’Djamena affirme que les multiples infrastructures dont a bénéficié la ville en témoignent. Selon lui, il avait une ambition pour la capitale tchadienne, celle de la rendre moderne à l’image des grandes villes du monde. Il ajoute que cette ambition le tenait à cœur et en a fait un engagement personnel.
Toujours selon le Maire, la commune de la ville de N’Djamena est fière de ce héros hors pair et restera reconnaissante envers lui. Pour le maire Ali Haroun, la mort est le rendez-vous inévitable des vivants certes, mais les grands hommes ne meurent jamais. Leurs œuvres et leurs mémoires demeurent vivants, c’est le cas de feu Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, qui demeure à jamais dans les cœurs des Tchadiens.
Il invite ses concitoyens à préserver jalousement les investissements faits tout au long de ce boulevard, pour honorer le défunt Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno.
Jules Doukoundjé
Permets-moi de laisser aux politiciens le soin d’utiliser avec connaissance et expérience vos titres, grades et gloires. Ils ne m’ont pas attendu, tes politiciens, toute honte bue, ils ont sangloté pour la camera. Moi je crois que le vilain cirque de levé de deuil t’est d’aucune utilité dorénavant. Vers toi nos douas.
Je veux t’appeler Idriss
Oui tu ne m’as jamais connu, tu ignores mon existence. Moi je t’ai connu président de mon pays, de quoi légitimer mes écritures pour toi. Bien de choses n’ont pas fonctionner pour toi comme d’ailleurs à tous ceux qui ont eu à gouverner, ça n’a pas été facile pour toi, et tu ne savais pas que tu finiras ainsi.
Que Allah te pardonne Idriss. Et si je dois te pardonner comme tchadien, je te pardonne Idriss. Mon père, tailleur toute sa vie, jusqu’à perdre l’usage de ses jambes, tu ne connais pas son existence, il n’a jamais cessé de prier pour ton repos éternel. Vois du ciel.
Un an déjà, me souvenant de toi, cette nuit je n’ai pas dormi, du ciel, qu’il te soit permis de voir l’étendu de la peur dans mon ventre. Né en 1981 sous les bâches des humanitaires à Kousseri, d’une famille pauvre, comme bien du monde lucide, ma famille refuse tout désordre, elle veut juste vivre et adorer Dieu.
C’est Dieu qui juge, cependant.
Idriss, j’ai le courage de te porter deux regrets que ma famille déplore.
D’abord, ça nous a pas aider de constater que tu as toujours responsabilisé des hommes et des femmes sans amour pour le pays. Que Dieu nous vienne en aide, on les connait, ils ne sont pas sérieux, j’imagine la fin du jeu.
Et l’autre regret, que Allah te pardonne aussi, tu as tant favorisé ta communauté, aujourd’hui, elle a du mal à croire que le pouvoir est une légitimité. Même ta disparition n’a pas servi d’école, Pitié.
Après 30 ans d’exercice de pouvoir, Idriss, je concède que tu as compris bien de choses à la fin. Aussi, je concède que tu as bien voulu entamé le cap de la justice si ce n’est pas le rappel divin. Que ceux qui ont aujourd’hui la destinée du pays comprenne la nécessité de la justice, de la démocratie et du bon vivre ensemble. À présent, le monde a beaucoup évolué, les tchadiens aussi, la vérité ne se torde pas pour s’imposer.
Idriss, je n’ai pas été de ta vie, mais tu as vu du ciel que j’ai été de ta prière mortuaire à la grande mosquée de N’Djaména. J’ai pu garder l’instant à travers une photo. Que le paradis al-firdos de Dieu soit définitivement ta demeure.
Ahmat Nine Bakou
Le président de la République du Tchad, le maréchal Idriss Deby Itno est mort au combat, il y’a un an. Après 30 ans au pouvoir, le président défunt a laissé un héritage que certains analystes apprécient de différentes manières. Reportage
Le 20 avril 2021, 20 avril 2022, il y a un an que le maréchal du Tchad était tué au combat. Le président Idriss Déby Itno était arrivé au pouvoir le 1er en renversant Hissein Habré par un coup d’État. Le colonel avait promis entre temps au peuple tchadien après 8 ans de dictature de son prédécesseur Hissein Habré la démocratie. Ce discours était accueilli avec beaucoup d’espoir. Mais après 30 ans à la tête du pays, il a un laissé bilan apprécié de différente manière.
Pour le Pr Ahmat Mahamat Hassan, ancien ministre sous le régime du défunt président Idriss Deby Itno, il serait difficile de prétendre le bilan de 30 ans de pouvoir du Président Idriss Deby Itno, mais il est logique pour une nation quand un leader disparaît de tenter de faire son bilan. Selon lui, même si, on n’a pas toutes les données, on peut évaluer ce bilan quand même.
Le Pr Ahmat Mahamat Hassan souligne que le premier élément qu’il a laissé, ce qu’il est mort soldat et a gouverné le Tchad pendant 30 ans. Il affirme aussi que le défunt président a laissé le Tchad uni et non éclaté et a réussi à préserver l’unité du Tchad. « Ce pays depuis son indépendance en 1960 n’a connu que des troubles politico-militaires, des revendications autonomistes jusqu’à la guerre civile de 1979 avec les tendances politico-militaire », explique-t-il. Concernant la Bande d’Aouzou occupée par la Libye de Kadhafi, il ajoute que le défunt président a réussi à intégrer la bande d’Aouzou longtemps occupée par la Libye comme faisant partie du territoire du Tchad après des guerres et des procès internationaux à la Cour internationale de la Justice (CPI).
Le Pr Ahmat Mahamat Hassan a aussi soulevé les points noirs du régime du Président Idriss Deby Itno, en disant qu’à la fin de son pouvoir, il a laissé un pays menacé par les replis identitaires graves et les guerres intercommunautaires. Selon lui, le président n’a pas réussi à gérer la question foncière, c’est-à-dire le conflit agriculteurs et éleveurs qui prend de l’ampleur. L’ancien ministre de la Justice estime que le problème agriculteur et éleveur est devenu une crise d’accaparement de terre, c’est devenu profond. Il souligne que malgré l’annonce de son discours historique « je ne vous apporte ni or, ni argent, mais la liberté et la démocratie », il n’a pas réussi à instaurer un régime démocratique. Le Pr ajoute que le Tchad est le seul pays africain où il n’y a pas eu alternance pacifique au pouvoir. « Il y a eu des élections, mais ce sont des élections truquées et toujours contestées », dit-il.
Sur le dossier Justice, il dit qu’il a été son ministre de la justice et a des preuves qu’il a laissé un pays dans une impunité généralisée et le respect de la loi est foulé aux pieds. La loi n’est pas devenue un vecteur d’unité nationale.
Ce qu’il y’a de positif, c’est la liberté de presse et de parole. Le Pr Ahmat Mahamat Hassan, affirme que le défunt président a réussi l’exploitation du pétrole. Il affirme que le problème d’exploitation du pétrole a coûté la vie à plusieurs présidents tchadiens. Il également que le président Deby a réussi les avancés socio-économique vers les années 2009-2010, avec les infrastructures sanitaires et éducatives.
Jules Doukoundjé
Cela fait exactement un an que le président tchadien le maréchal Idriss Deby Itno est mort. Le 20 avril 2021, l’annonce de sa mort a créé une panique à N’Djamena, la capitale tchadienne. La nouvelle a défrayé la chronique et les « Unes » des médias nationaux et internationaux. Une véritable surprise pour les militants du Mouvement patriotique du Salut (MPS) qui attendaient pour fêter leur victoire aux élections présidentielles pour un sixième mandat consécutif. Retour sur cet évènement.
La nouvelle du décès du maréchal du Tchad a surpris tous les Tchadiens. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) proclamait sa victoire aux élections d’avril 2021 avec plus de 92 % de suffrage exprimé. Les militants s’organisaient pour la fête du sixième mandat consécutif du président fondateur du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) Idriss Deby Itno.
Ce 20 avril 2021, les chars de combat quadrillaient la ville de N’Djamena. C’est une débandade totale, piétons, motocyclistes et automobilistes créent un embouteillage sans pareil. Il faut beaucoup de manœuvres pour arriver chez soi pour ceux qui ont appris la nouvelle. Sur les antennes des médias publics et privés mêmes internationales, la mort du maréchal tchadien passait en boucle et les éditions spéciales se multipliaient. Les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) avaient lancé l’offensive coûtant ainsi la vie au président tchadien qui s’était rendu au front. Rapidement, un calme relatif régnait sur N’Djamena malgré la nouvelle du décès du Chef de l’État.
Aussitôt, les militaires ont mis sur pied un Conseil militaire de transition (CMT) et Mahamat Idriss Deby, fils du président prend le pouvoir. Les militaires déclarent de leur intention à la télévision nationale. La junte dissout de facto la constitution et l’Assemblée nationale (AN) qui vont être réhabilitées plus tard en attendant la mise sur pied d’un Conseil national de la transition (CNT). À la place de la constitution, les militaires formulent une charte de transition qui confère tout le pouvoir entre les mains du Président du CMT. Quelques jours après les obsèques du maréchal sont organisés en présence du Président français Emmanuel Macron, et du Président en exercice de l’Union africaine (AU) Félix Tshisekedi. À la place de la Nation tchadienne, des tirs de canon ont salué la mémoire du fils du soldat Idriss Deby Itno mort au front. La dépouille mortelle du maréchal Idriss Deby Itno va être ensuite transportée à Amdjaras (Ennedi Est) son village pour être inhumé.
L’entame de la transition au Tchad était cadencée par des mouvements d’humeurs, les manifestations et des vives contestations. Certaines organisations de la société civile, des partis politiques de l’opposition, les forces vives de la nation parlent de coup d’État. D’autres doigtaient les Français et les accusaient de soutenir les militaires au pouvoir. Ces manifestations ont été pour la plupart réprimées dans le sang créant ainsi un climat de tension entre la population et les militaires.
Un an après la mort du président Idriss Deby, la transition avance difficilement. Après les pré-dialogues civils, les politico-militaires militaires et le gouvernement n’arrivent pas à s’entendre pour donner la chance au Dialogue national inclusif prévu pour le 10 mai prochain. Or la transition en compte déjà 12 mois sur les 18 mois prévus dans la charte.
Moyalbaye Nadjasna
Déjà un an que le Maréchal président Idriss Deby Itno est mort. Ialtchad Presse a interrogé quelques citoyens. Ils donnent leurs impressions sur l’homme.
Tossi André, chômeur affirme, « depuis la mort du Maréchal c’est le chaos qui s’est installé. On n’arrive pas à se retrouver. Des manifestations partout, les tueries, n’en parlons pas. C’est un homme d’État. Un homme qui a fait beaucoup pour le Tchad. Mais sa disparition est lamentable, il y a toujours des zones d’ombres sur sa disparition qui a changé carrément le Tchad. On regrette sa disparition ».
Oumar Abdramane Ahmat est chef service passation des marchés au Ministère de l’Hydraulique Urbaine et Rurale. Il dit, « chaque œuvre humaine a son côté positif et négatif. Franchement, je vais commencer par les actes positifs. Il a voulu toujours parlé sur l’unité nationale, la cohabitation, il a construit des universités, des écoles nationales, des centres de santés, etc. Son côté négatif maintenant. Je n’ai pas apprécié les détournements des biens publics. Les gens détournent les biens de l’État, ils sont arrêtés, mais quelques mois, ils sont libérés sans rembourser les biens détournés et sans poursuite, en ce qui concerne le Conseil Militaire de Transition (CMT) ils ont sauvegardé de la sécurité et la stabilité ».
Haoua Mahamat Ahmat enseignante, « je suis né pendant le pouvoir Maréchal, malgré qu’il n’est plus là, Allah yahama bel djanna, vraiment je lui tire chapeau. Premièrement pour ce qu’il a fait à l’intérieur du pays. Il nous a créé la solidarité, l’union de toutes les filles et tous les fils du Tchad, mais aussi l’union de toutes les cultures, nous sommes tous Tchadiens et Tchadiennes. Au niveau de la santé, il a amélioré les soins. Par exemple pour le vaccin de covid-19. Au sujet de l’éducation, l’école primaire est gratuite, il a amélioré les conditions des enseignants. Il a souvent dit, sans la paix, il n’y aura pas le bon vivre. Vraiment le Maréchal a donné le meilleur de lui pour la sécurité nationale et internationale. Vive le Maréchal, vive le Tchad. »
Zara Abdoulaye est étudiante, « au temps du Maréchal c’était bien. Il nous gère bien. Maintenant, il a partout des soucis, des grèves, mais c’était bien. C’est très grave par exemple, les prix ont augmenté, la vie est très chère, très dure. On n’arrive pas à joindre les deux bouts ».
Abdramane Doungous, couturier « le président Deby Itno a beaucoup fait pour le Tchad. Il a l’amour du pays et de son peuple. Je ne peux pas expliquer cela en quelques phrases, il a sécurisé le pays. Depuis son décès le pays n’est pas stable. Les gens ont peur. Nous ne sommes pas tranquilles dans nos lieux de travail au marché. Il nous a créé des opportunités, mais malheureusement ces jours sont finis. Nous remercions Dieu le tout puissant. Maintenant c’est le temps du Conseil Militaire de Transition (CMT), mais la vie est devenue dure, la clientèle a baissé puisqu’ils n’ont pas d’argent, le plus fort fait ce qu’il veut. Donc cela ne marche pas. Nous demandons aux CMT d’assumer ses responsabilités ».
Propos recueilli par Ousmane Bello Daoudou