Yaya Adef Abouya est un comédien et talentueux conteur tchadien maîtrisant toute la richesse de la tradition orale du pays Sao. Il est l'un des conteurs tchadiens qui ne se peinent jamais pour réunir jeunes et vieux autour des histoires 100% ialtchadiennes. Ialtchad Presse l'a invité pour vous parler de lui et de ces projets.
Ialtchad Presse : - Présentez vous aux lecteurs de Ialtchad-Presse.
Yaya Adef Abouya : Je m’appelle Yaya Adef Abouya, je suis comédien conteur de la compagnie théâtrale Sembene Ousmane (Tchad).
Ialtchad Presse : - A quel âge avez-vous commencer à raconter des contes. De qui vous détenez ce don de la parole et comment vous est venue l’envie de devenir conteur professionnel ? Bref, votre parcours.
Yaya Adef Abouya : Depuis mon enfance j’ai été bercé par les contes…ma mère avait l’habitude de me raconter des histoires et puis, lorsque petit garçon, j’ai découvert les traditions du village, j’ai aussitôt été très touché ; et petit à petit, j’ai trouvé l’envie de devenir conteur à mon tour.
Ialtchad Presse : - Raconter des Titimé-Titimé, est-ce par passion ou par vocation ? Autrement dit naît-on conteur ou on le devient ?
Yaya Adef Abouya : Le conteur n’est pas forcement membre d’une caste déterminée, c’est un homme ou une femme qui a un rôle d’éducateur.
-le conte représente l’école des ancêtres
-le conteur est le gardien de la tradition
Ialtchad Presse : - Parlez-nous de vos débuts sur scène, de vos succès et des difficultés qu’un conteur doit faire face dans un pays comme le nôtre avant d’être connu et invité dans des grands festivals ?
Yaya Adef Abouya : En 1996, j’étais élève au Lycée de la Liberté à N’djamena ; là, j’ai fait la connaissance d’Abakar Adam Abaye, dit « l’Enfant Noir », directeur de la Cie Théâtrale Sembene Ousmane. Cette rencontre décisive m’a permis d’intégrer l’atelier de formation de la troupe et ainsi de m’orienter vers l’art.
Avec la troupe, on jouait des pièces au Centre Culturel Français (C.C.F) de N’djamena, dans les orphelinats ; à travers le pays, les pièces tournaient dans le réseau des maisons de la culture des différents départements. Par ailleurs, je jouais dans des films tchadiens avec les Cies Sembene Ousmane, Assakhafa Théâtre et Jeune Espoir. Plus tard, « l’enfant noir » m’a fait venir au Burkina.
Ialtchad Presse : - Quel est la place du conteur dans la société tchadienne? Est-il compris et écouté ?
Yaya Adef Abouya : Le peuple tchadien, comme tous les peuples, exprime sa conception du monde par le conte. Le conte est un récit fictif qui se transmet oralement; la place du conteur dans la société tchadienne consiste à éduquer ceux qui l’écoutent.
Ialtchad Presse : - De quoi vous vous inspirer pour raconter vos histoires ou vos écrits ?
Yaya Adef Abouya : Je m’inspire des contes traditionnels, de la vie quotidienne et de la tradition du village.
Ialtchad Presse : - Un conteur professionnel c’est une personne qui voyage et raconte des histoires de son pays aux autres. Donc c’est quelqu’un qui va à la rencontre des autres. Quelle rencontre vous a le plus marquée? Où quel pays, quel public vous a le plus frappé votre esprit ?
Yaya Adef Abouya : A travers mes voyages, j’ai rencontré différents publics dans différents pays ; le public qui m’a beaucoup marqué est celui de la nuit du conte du Roseau au Burkina, car c’est un public familial, de quartier qui est sensibilisé aux contes et donc très attentif.
Ialtchad Presse : - Quels sont vos projets à court, moyen et long terme pour vous et pour le Tchad ?
Yaya Adef Abouya : Pour l’instant, mon projet est de participer au festival « titimé » qui se déroulera au Tchad en octobre 2004 ; ce festival est organisé par « l’enfant noir ».
Ialtchad Presse : - Comment qualifierez-vous votre style de conte ?
Yaya Adef Abouya : Je raconte des histoires qui ont une portée morale, et je trouve qu’il est important que le conteur reste le grenier du savoir et éduque ceux qui l’écoutent.
Ialtchad Presse : - Vous avez un spectacle intitulé « TIMMO » Que signifie ce mot ? Et pourquoi Timmo ?
Yaya Adef Abouya : Timmo signifie l’union en langue migama. (hadjaraî). Nous avons choisi ce titre pour ce spectacle interculturel car il représente l’union de 2 cultures et 2 univers.(conte et clown) jamais pensé à autre chose. Je pense que dans la vie il faut toujours aimer ce qu’on veut faire…
Ialtchad Presse : - Avez-vous toujours voulu faire ce métier ou a un moment donné de votre vie vous avez songé à faire autre chose ?
Yaya Adef Abouya : Je n’ai jamais pensé à autre chose. Je pense que dans la vie il faut toujours aimer ce qu’on veut faire…
Ialtchad Presse : - Quel regard porte l’artiste sur le Tchad et la culture tchadienne ?
Yaya Adef Abouya : Je porte un regard très fort sur mon pays … l’important est de soutenir le pays et d’encadrer la culture tchadienne tous ensemble.
Ialtchad Presse : - Quels sont les conteurs que vous avez côtoyés, qui vous ont le plus impressionnées ?
Yaya Adef Abouya : J’ai rencontré de nombreux conteurs : Hassane Kouyate, Abou Fall, Habib Dembélé, Said akbal, Adama dit « taxi conteur » ; « l’enfant-noir »… celui qui ma le plus impressionné, c’est Sotigui Kouyate qui représente le « baobab d’Afrique » .
Ialtchad Presse : - Quels sont vos loisirs en dehors du conte ?
Yaya Adef Abouya : A côté de mon activité de conteur comédien, j’aime voir des spectacles de danse, cirque, théâtre, aller au cinéma ; j’aime aussi beaucoup la peinture, et je peints des tableaux abstraits.
Ialtchad Presse : - Vous résider en France ? Comment ça se passe pour vous en terme de travail ?
Yaya Adef Abouya : Je réside en France et sur le plan artistique, les gens apprécient mon travail, mais il ne faut pas oublier que la situation en général n’est pas facile pour les artistes…et je suis aussi concerné !
Ialtchad Presse : - Quel est votre programme ?
Yaya Adef Abouya : Notre programme est de faire tourner « timmo », car actuellement ; on se trouve devant la difficulté de rentrer dans le réseau de diffusion du spectacle.
Ialtchad Presse : - Quel message avez-vous à livrer aux ialtchad ?
Yaya Adef Abouya : Je souhaite mes meilleurs vœux 2OO4 a tous les ialtchad ; que l’année soit une année de paix ; bonheur ; succès et de réussite.
Ialtchad Presse : - Quel conseil donneriez-vous à ceux qui vaudront suivre vos pas ?
Yaya Adef Abouya : Selon moi ; je dis toujours que chacun a son chemin ; et chacun a sa route… il faut croire en ce qu'on fait, il faut avoir toujours la patience et ne pas oublier que le chemin est long.
Ialtchad Presse : - Qu’évoque pour vous ialtchad-Presse ?
Yaya Adef Abouya : Ialtchad Presse ; me fait toujours penser au pays et à tous les enfants du Tchad alors je vous transmets tous mes vœux pour l’année 2OO4, courage et persévérance, vous faites sans doute un travail très remarquable.
Ialtchad Presse : - Ialtchad Presse vous remercie et vous souhaite bonne année 2004.
Yaya Adef Abouya : Merci à toute l'Équipe Ialtchad Presse
Interview réalisée par Brahim Wardougou