Musique : La Panthère se livre

Written by  Déc 27, 2019

Mounira Mitchala est une artiste très connue des Tchadiens. Elle a fait danser et chanter tout le pays. Elle se livre dans une entrevue exclusive. Son prénom, sa renommée, ses succès, tout y passe. Entrevue.

« Mitchala »? C’est un prénom spécial au Tchad. A-t-il une signification particulière ?

Non. Ce n’est pas un prénom particulier. Je suis originaire du centre du Tchad. Précisément du Guerra. Mitchala c’est mon prénom traditionnel. Un prénom de la région. Nous avons des prénoms qui tirent leurs origines des animaux, des arbres, etc. Mounira c’est mon nom attribué à ma naissance par les parents.

Qui êtes-vous ?

Je suis Tchadienne, auteure-compositrice, actrice. C’est ma première vie, la plus connue. Dans une vie, la deuxième, moins connue, je suis greffière au ministère de la Justice. J’ai donc plusieurs casquettes. Je suis artiste depuis 20 ans, assez connu des Tchadiens.

Du petit écran au grand écran, aujourd’hui chanteuse de renommée internationale, comment êtes-vous arrivé là ?

C’est une longue histoire (rire). J’ai commencé avec le théâtre en 1996 au lycée Thilam Thilam lors des challenges entre les établissements dans le théâtre, les chants et les danses. C’est grâce à ces activités que j’ai appris à chanter, à faire du théâtre. Comme on n’a pas une école de musique au Tchad je me suis formé sur le tas en écoutant des musiciens tels que Céline Dion, Nyos, Michael Jackson. Et comme j’ai grandi entre le Nigeria et l’Allemagne, ça m’a aidé à améliorer ma voix. Comme mon père est linguiste, j’écoutais grâce à lui beaucoup de chants traditionnels du Guerra. Il travaillait souvent en écoutant des chansons traditionnelles. C’est ce qui m’a permis de mélanger le traditionnel et le moderne.

Votre genre musical très distinct. Quelles ont été vos inspirations ?

Le Jazz, le Blue, le Pop de Michael Jackson, etc. Tout ça mélangé avec du traditionnel, pas seulement du Guéra, mais d’autres régions du pays. Par exemple : le Kidi gourane, le Saï ou le N’dala. Cela donne une sonorité extraordinaire. Malheureusement, la musique tchadienne n’est pas trop connue sur la scène internationale, mais pas à pas les choses changent. C’est l’Afrique de l’Ouest qui brille par son art. Je préfère mon monde et ma musique à moi. Il faut avoir sa signature. C’est ce qui m’a permis d’avancer hors de nos frontières.

Après plus d’une décennie de carrière, quel bilan faites-vous ?

L’année dernière j’ai fêté mes 20 ans de carrière. J’ai commencé depuis 1996. En 1998, j’écrivais mes chansons moi-même. J’ai eu la chance de chanter au Centre Culturel français (CCF), actuel Institut français du Tchad (IFT). J’ai gagné le prix Découverte RFI en 2007, le Kora Awards en 2012 bien que ce ne soit pas facile d’être artiste au Tchad mais à cœur vaillant, rien n’est impossible. Si tu veux, tu peux. Entre temps, il n’y avait pas beaucoup de jeunes artistes filles dans le domaine. Surtout des musulmanes. Comme j’ai grandi à l’étranger, cela a aidé un peu. Enfin, je suis chanceuse d’avoir eu des parents compréhensibles. Ils m’ont beaucoup encouragé et soutenu. J’ai donné le meilleur de moi. Et j’ai réussi.

Votre succès, vous le devez à qui d’autres?

Ma famille au sens large. Tous mes petits frères et sœurs sont artistes. Une est peintre, un autre est caricaturiste, une à double casquette chanteur et caricaturiste. Et une dernière fait également de la musique. Notre chance c’est d’avoir eu des parents ouverts, et le fait d’avoir vécu à l’étranger a changé nos mentalités. La culture c’est ce qui identifie un peuple. Un peuple sans culture est un peuple sans âme selon le journaliste, Alain FOKA. Et c’est vrai, notre culture c’est notre identité, c’est à nous de la valoriser et de la transmettre aux générations futures.

Quelle place occupe la culture au Tchad, particulièrement la musique ?

On a beaucoup avancé. Ce n’est pas parfait. Il y a de la place à l’amélioration. J’appelle les jeunes à s’investir la musique, dans les rythmes traditionnels. Il nous faut valoriser la musique tchadienne. On avance doucement, un jour la musique tchadienne va briller sur la scène internationale. Nous sommes sur la bonne voie. Il y a quelques années, nous étions 2 seules filles à faire la musique au pays. Taroum du groupe H Sao et moi. Aujourd’hui, nous avons Menodji, Genevieve. Shey et bien d’autres.

Pour finir vos projets ?

Les projets ne manquent pas mais la crise économique a ralenti les activités artistiques, mais on crée toujours. Je suis lauréate de l’obtention du visa pour la création de l’Institut Français de Paris, j’ai été récemment en Normandie avec l’association des arts improvisés en mai 2019. On a posé des chansons, des rythmes et des textes. Bientôt je vais repartir pour finaliser le tout. Même tard, bonne année 2020 à tous (tes) les Tchadiens (nes) et longue vie à IALTCHAD.

Propos recueillis par Habiba Abdelhakim

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