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Pour de nombreux observateurs, lorsque ce 30 septembre 2022, les réseaux sociaux et certains médias internationaux font état de bruits de bottes à​​ Ouagadougou, il s’agit probablement d’un mouvement d’humeur d’une caserne militaire qui, vraisemblablement, se conclura rap​idement par un retour à la normale. Mais lorsque se précise l’absence, voire le départ du ​​​lieutenant-Colonel​ Paul-Henri Sandaogo Damiba du palais présidentiel, l’idée d’un coup d’État militaire commence à gagner en crédibilité.

Quelques heures plus tard, le monde entier découvre le visage juvénile du nouvel homme fort de Ouagadougou dans les rues de la capitale burkinabè,​ Ibrahim Traoré, debout sur une jeep militaire, solidement entouré de ses frères d’armes. Une faction au sein de l’armée burkinabè vient de prendre les manettes du pouvoir. 

Dans les moments d’incertitude qui ont précédé la confirmation de la réussite du putsch, il faut reconnaître que le jeune capitaine et ses troupes ont été d’une grande habileté manœuvrière.

Mobilisation de la rue et réappropriation de l'image de Sankara

En effet, face aux rumeurs pourtant fausses mais propagées à bon escient qui faisaient état d’une intervention imminente des forces françaises pour réinstaller au pouvoir le lieutenant-colonel Damiba​ (exilé au Togo), les partisans du capitaine ont su mobiliser la rue en faisant bon usage d’un populisme tactique et de circonstance.

Cette stratégie de mobilisation populaire a été décisive et payante. 

Mais il faut reconnaître que le capitaine Traoré a su également capitaliser sur ce qu’il n’est pas inopportun de considérer comme le péché originel de l’ancien pouvoir : la tentative de réhabilitation​ (début juillet 2022) de l’ancien chef de l’Etat Blaise Compaoré​​ en exil en Côte d'Ivoire depuis sa chute le 30 octobre 2024. Son retour épisodique au Burkina Faso​ le 7 juillet 2022 a heurté au-delà du « pays des hommes intègres », les nostalgiques et les zélateurs du glorieux capitaine révolutionnaire Thomas Sankara.

Sur les plans de l’image et du symbole, le nouvel homme fort de Ouagadougou n’est pas allé chercher trop loin. Il a compris tout le capital symbolique et politique qu’il pouvait tirer de la réappropriation circonstancielle de la vénérable mémoire de Thomas Sankara, ce d’autant plus qu’ils ont en commun la jeunesse, le grade dans l’armée, et une rhétorique souverainiste et de rupture avec l’ordre hégémonique néocolonial. 

Aussi, conclut-il parfois ses discours en puisant dans la rhétorique de son illustre prédécesseur : « La patrie ou la mort, nous vaincrons ». Mais la comparaison s’arrête-là.

Désenchantement à l'épreuve du pouvoir

​Si à l’occasion de son voyage à Moscou ​l​ors du Sommet Russie-Afrique​ qui a eu lieu debut juillet ​2023 à Saint-Pétersbourg (Russie)​ et qui fut aussi son baptême de feu sur la scène internationale, le capitaine Ibrahim Traoré a fait une sortie remarquée sur la nécessité pour l’Afrique d’assurer sa souveraineté alimentaire ce d’autant plus qu’elle en a largement les moyens, force est de reconnaître que ce volontarisme qui lui a valu un tonnerre d’applaudissement dans toute l’Afrique, passe aujourd’hui pour un propos de circonstance lorsqu’on observe le capitaine Traoré à l’épreuve de la gestion quotidienne du pouvoir.

Au prétexte de la lutte contre le djihadisme au Sahel, force est de constater pour le déplorer que le Burkina Faso se mue chaque jour en autocratie où la contradiction est l’exception, l’unanimisme la règle. 

Alors qu’on se serait attendu à ce que le nouvel homme fort de Ouagadougou crée une union sacrée pour venir à bout de la pieuvre terroriste, il s’est plutôt empressé de museler tous les ​contre-pouvoirs ou de les réduire au silence. 

De tous les pays d’Afrique subsaharienne francophone, le Burkina Faso est assurément avec le Sénégal celui où historiquement, la société civile est solidement structurée et a joué un rôle crucial dans les grandes dynamiques de transformation sociale et politique. 

Arrestations, enlèvements arbitraires

Le placement en détention du célèbre avocat ​Guy-Hervé Kam ​est un exemple emblématique de cette dérive du régime du capitaine Traoré.​ (​​Guy-Hervé Kam est détenu à la prison militaire de Ouagadougou depuis ​l​e 24 janvier 2024 et est accusé d’avoir participé à un « complot » contre la sûreté de l’État​).​ Nous ne passerons pas également sous silence les autres enlèvements​. On peut citer le cas d'Ablassé Ouédraogo​,​ président du Parti Le Faso Autrement ​et ancien ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré ​qui a été kidnappé le 24 décembre​ 2023 par « des individus » disant appartenir à « la police nationale ». ​Il a été libéré en mars 2024​ et s'est depuis, muré dans le silence.

Le 16 septembre 2024, Yassimina Bassolé, ​la fille de ​Djibrill Bassolé, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, a disparu à Ouagadougou, enlevée par des hommes cagoulés.​ Six mois après, ses proches sont toujours sans nouvelles​ d'elle.

L'armée accusé d'exactions sur des civils

À ce sombre tableau, viennent s'ajouter les accusations récurrentes contre l'armée coupable de nombreuses exactions contre des civils dénoncées par des ONG de défense des droits de l'Homme. 

Récemment, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé  la junte au pouvoir au Burkina Faso à « enquêter » et « poursuivre » les responsables de massacres de civils perpétrés dans l'ouest du pays mi-mars, par des hommes accusés d'appartenir aux forces de sécurité. 

« Les autorités doivent enquêter de manière impartiale et poursuivre de manière appropriée tous les responsables de ces crimes graves », a déclaré HRW dans un communiqué. 

Selon Ilaria Allegrozzi, spécialiste du Sahel à HRW, « des vidéos macabres d'un apparent massacre commis par des milices pro-gouvernement au Burkina Faso soulignent l'absence systématique de responsabilité de ces forces ». C'est pourquoi, ajoute-t-elle, « les autorités doivent prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux attaques de civils en punissant ceux responsables pour les atrocités comme celles de Solenzo ».

« Des familles entières » de ressortissants peuls ont été tués dans la zone de Solenzo, entre le 10 et le 11 mars, ont confirmé des témoins qui accusent des soldats du 18e BiR (Brigade d'intervention rapide) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des milices civiles.  

 Régulièrement, les membres de la communauté peule sont régulièrement stigmatisée dans les pays du Sahel. Ils sont assimilés aux djihadistes dont certains responsables sont issus de cette communauté.

Human Rights Watch a dénombré 58 corps dans les vidéos. Cependant, l'ONG estime que le bilan pourrait être plus lourd, car des cadavres sont empilés les uns sur les autres.  

Réponse du Premier ministre    burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo « ce sont des actions de manipulation qui visent à remettre en cause les actions des forces combattantes. De grandes opérations de lutte contre le terrorisme sont actuellement en cours. Le rouleau compresseur de l'armée est en train d'écraser l'ennemi dans ces zones »

Transition à la peine​ et impasse idéologique

A​u plan institutionnel, la tran​sition n’en est plus une et tout semble confirmer que le pouvoir actuel est parti pour s’éterniser aux affaires comme à l’époque des partis uniques d’inspiration stalinienne. 

À l’occasion « d’assises natio​nales » (24-25 mai 2024) dont les résolutions étaient connues d’avance comme dans ces réunions du politburo du parti communiste soviétique, il a été décidé de prolonger la transition en cours de cinq ans. Il s’agit sans exagération d’un coup d’État dans le coup d’État. Ce bricolage institutionnel prête le flanc à ceux qui estiment que cette fuite en avant manifeste est la conséquence d’une impréparation idéologique du nouveau maître de Ouagadougou lorsqu’il arrive aux affaires.

Dans cette même veine, comme d’ailleurs ses pairs de ​ la Confédération des États du Sa​hel (AES) et au-delà en Afrique, le capitaine Ibrahim Traoré a su se servir de la tarte à la crème idéologique du panafricanisme qui semble être devenu le credo de ces nombreux hommes politiques en Afrique qui tentent ainsi, de camoufler le vide conceptuel et idéologique de ce qui leur tient lieu de projet politique.

Au fur et à mesure que le temps s’égrène et que les Burkinabè s’impatient de ne pas voir advenir un pays véritablement pacifié et débarrassé de la gangrène terroriste, il est loisible de constater qu’à l’exaltation révolutionnaire des premiers jours, a succédé dans les esprits une perplexité rampante et diffuse, voire le sentiment d’une ​impasse idéologique d’une prise de pouvoir qui a posteriori, semble plutôt avoir été une révolution de palais.

 Éric Topona Mocnga, journaliste à la rédaction Afrique francophone de la Deutsche Welle à Bonn (Allemagne)​.

Merci président Mahamat Idriss Deby pour cette importante et audacieuse décision de rompre les accords militaires. Et de veiller au départ des militaires français. Donc le dernier avion a quitté jeudi 30 janvier à 15h 30 minutes le pays. La base militaire Adji Kossei a donc été rétrocédée. L’armée française a donc plié bagage. Ce n’est pas un rêve. C’est une réalité. Elle est partie pour de bon...enfin pour l’instant. Elle était présente depuis plus d’un siècle. Quelques officiers sont restés pour finir les formalités d’usage.

La cérémonie marquant ce départ revêt un cachet historique qui sanctifie le retour à la souveraineté totale. À l’indépendance totale. Elle s’est déroulée sans fausse note. L’ambiance dégageait la sérénité, la fierté retrouvée. Enfin, le jeune président, Mahamat Idriss Deby pour ne pas le nommer,  à peine la transition bouclée a pris la meilleure décision : dénoncer les accords militaires, obtenir le départ de ces reliques coloniales et veiller à ce que cette armée étrangère quitte définitivement notre pays. C’est une décision audacieuse. Mieux, c’est une décision importante pour le pays.

Comment audacieuse? Par le « timing » ou le contexte dans laquelle elle a été prise. La transition vient à peine de se clore avec les différents rendez-vous électoraux : présidentielles, législatives, provinciales, communales. C’était la chose à faire pour espérer pouvoir poser les jalons de la fondation de la refondation du pays. Peu importe les divergences entre Tchadiens, les différentes chapelles politiques, il faut reconnaître au jeune président d’avoir compris qu’on ne reconstruit pas sa maison alors qu’un ami confisque les matériaux servant de solidifier les fondations, les plans de construction et le toit.

Pourquoi importante? Parce qu’il s’agit de la souveraineté pleine et entière de notre pays. Autrement dit en plus du contrôle exclusif des pouvoirs législatifs, exécutifs, judiciaires, un État véritablement souverain doit avoir le contrôle exclusif de son territoire, de ses frontières terrestres, maritimes et aériennes. Le Tchad n’avait pas avant ce départ le contrôle par exemple exclusif de son espace aérien. Ce qui mettait le pays à la merci d’un autre pays. Par exemple au vouloir des troupes françaises au Tchad, donc au gouvernement français. 65 ans après l’indépendance politique, il était temps de s’affirmer. D’assumer cette souveraineté qui au-delà de ses implications politiques donnera un coup de main aux décisions économiques. Et donc au développement du pays pour que la refondation du pays ne soit pas seulement un slogan de campagne, mais une réelle volonté de changer le pays.

Bello Bakary Mana

C’est dans la liesse et des manifestations de rue​, le mardi 28 janvier 2025, que des foules ont célébré par milliers la sortie officielle du Burkina Faso, du Niger et du Mali de la ​Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest​ (Cedeao). Au Mali, l’ambiance était nettement moins festive que dans les deux autres Etats de la nouvelle confédération  dénommée ​Alliance des États du Sahel (AES)​.

Si son acte constitutif a été officialisé le ​1​6 juillet 2024, la date du 29 janvier 2025 constitue la consécration officielle d’une rupture historique pour ces trois États et une frange de leurs populations. Du côté de la C​e​deao, il a été laissé à ces trois États six mois supplémentaires pour réintégrer « sans conséquences » ce qui fut jusqu’à cette date leur grande famille géopolitique ouest-africaine. La porte demeure ouverte comme en témoignent les efforts incessants de la diplomatie togolaise pour reconstituer l’ensemble ​​Cedeao, ou l’initiative récente du nouveau chef de l’État ghanéen​, John Dramani Mahama qui a ​n​nommé un émissaire chargé de négocier avec l’Alliance des Etats du Sahel​: Larry Gbevlo-Lartey, ancien haut gradé de l’armée ghanéenne et qui fut également chargé de la lutte anti-terroriste au sein de l’Union africaine.

Si la date symbolique du 29 janvier 2025 a donné lieu à moult analyses et commentaires, c’est en partie parce que jusqu’à cette date butoir, ils étaient nombreux qui espéraient voir les trois initiateurs de ce schisme revenir sur leur décision de rupture.

Rupture définitive?

Toutefois, peut-on conclure rétrospectivement à une rupture véritable avec la C​e​deao et à la constitution effective d’un nouveau bloc géopolitique distinct et autonome ?

Si les griefs de ces trois Etats à l’endroit de la C​e​deao ne manquent pas de pertinence en certains points, leur volonté effective de créer une alliance distincte et souveraine des Etats et des Peuples n’est pas moins questionnable. La nouvelle AES n’est pas née d’un projet idéologique profondément pensé et construit, mais d’une conjoncture politique commune à ces trois Etats du Sahel, à savoir leur refus de se soumettre aux sanctions de la C​e​deao qui leur enjoignait un retour à l’ordre constitutionnel, tout en les soumettant à un régime de restrictions sévères qui s’est avéré à la longue contre-productif, dont l’une des conséquences a été de légitimer dans l’esprit des populations le discours souverainiste de ces régimes militaires.

Mais dans le même temps, depuis l’acte constitutif du ​16 juillet 2024, l’Alliance des Etats du Sahel, initialement portée sur les fonts baptismaux pour sécuriser leurs territoires respectifs et lutter contre la nébuleuse terroriste à laquelle ils sont tous confrontés et dans des proportions véritablement dramatiques, a multiplié des initiatives bien au-delà d’une mutualisation des forces de défense et de sécurité qui jusqu’à présent ne sont pas allés au-delà des effets d’annonce : la création d’une banque et d’une monnaie commune, la création d’un passeport commun, et plus récemment la création d’une force commune de 5000 hommes pour assurer la sécurité des personnes et des biens sur leurs territoires respectifs.

 Force est cependant de constater que de la parole aux actes, seul le seuil de la parole a été franchi. Même le passeport communautaire de l’AES n’est pas encore effectif​, même si le chef de la junte du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré s'est fait enrôler en milieu de semaine et a reçu son passeport biométrique. 

 L​a  force commune est en réalité en grande partie effective. Elle s’est déployée au Burkina Faso lorsque le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré a vacillé à la suite de bruits de bottes que certains observateurs considèrent comme une révolution de palais. En revanche, cette entraide militaire n’a pas été effective lorsque Bamako a été victime d’une attaque de grande ampleur et à plusieurs points névralgiques de la capitale malienne. Quant aux résultats de la lutte contre le terrorisme, ils demeurent mitigés.

 Identité diplomatique

 Sur le plan diplomatique, nul ne peut dire à ce jour quelle est l’identité diplomatique de l’Alliance des Etats du Sahel. Comment se positionne-t-elle par rapport aux grands enjeux du monde actuel et plus proche de celle-ci, quelles relations entend-t-elle entretenir avec la ​Cedeao? Au-delà de ses positions sur la circulation des personnes, tout reste à bâtir quant aux relations futures entre l’AES et la ​Cedeao.

 Dans le même temps, il est très important de souligner que les Etats de l’AES demeurent membres de ​de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Elle continue de partager avec de nombreux États de la ​​Cedeao  des convergences économiques et monétaires, se soumettant avec ceux-ci à des principes de régulation communs.

 Au regard de cet état des lieux de ce nouveau projet communautaire, peut-on parler d’un « retrait effectif » de la C​e​deao de ces trois États de l’AES ? Des raisons objectives penchent plutôt pour le doute, voire le scepticisme. L’interdépendance prononcée qui caractérise le champ des relations internationales actuel est tel qu’un acte de rupture ou la volonté de faire cavalier seul, ne se décident pas sur un coup de sang, y compris lorsqu’il s’agit des nations parmi les plus anciennes ou des Etats les plus avancés. Huit années plus tard, après le Brexit qui était censé rendre au Royaume-Uni sa grandeur, ce divorce a coûté à ce pays 170 milliards d’euros. En raison des restrictions à la circulation des personnes, les fermiers britanniques n’ont plus recours à la main-d’œuvre des saisonniers des pays de l’Est lorsqu’arrive le temps des récoltes. Un dramatique retour à la réalité qui fait dire à un fermier britannique qui regrette son vote en faveur du Brexit : « C’est mon cœur qui l’a emporté sur ma tête ».

Éric Topona Mocnga, journaliste à la Deutsche Welle

Vendredi 31 janvier au matin, un vent frais soufflait sur la base militaire Adji Kosei de la capitale tchadienne, N’Djamena. La fanfare militaire s’installait. La joie se lisait sur les visages des invités tchadiens où presque toutes les sensibilités politiques du pays étaient présentes. C’est la cérémonie marquant le départ des militaires français du pays. Deux heures plus tard, le président de la République Mahamat Idriss Deby préside la cérémonie.

Sur la base Adji Kosei de la capitale tchadienne, N’Djamena, les troupes françaises se sont installées depuis 125 ans. Le président Mahamat Idriss Deby dit que c'est un jour exceptionnel dans la marche du pays.  « C’est au bas mot, un nouveau lever de soleil dans le ciel tchadien. Notre pays est entièrement souverain et résolu à assumer son destin  »

Toujours selon lui, la présence militaire française remonte aux années 1900, plus d'un siècle de présence sous une forme ou une autre de l'époque coloniale à jusqu’hier le 30 janvier avec ou sans accord.

Pour le chef de l'État, cette décision est une nouvelle orientation qui émane de sa volonté de prendre en main le destin du pays, de renforcer son autonomie et de bâtir un avenir où la sécurité nationale repose d'abord sur nos propres forces de défense et de sécurité. 

Enfin, il a aussi réaffirmé l’attachement du pays aux relations internationales transparentes agissantes et réciproques. « Le Tchad souscrit pleinement aux principes d'une coopération respectueuse de la souveraineté des États et avantageuse pour toutes les parties ».

Ousmane Bello Daoudou 

Le Mouvement patriotique du salut (MPS) a tenu son 13e congrès extraordinaire ce mercredi 29 janvier 2025 au palais des arts et de la Culture sous le thème  « Le MPS à l'ère de la refondation du Tchad  »

C’est dans une ambiance survoltée, dans un palais des arts et de la culture rempli, que les  militants ont appris que le premier militant et président d’honneur Mahamat Idriss Deby est désormais président national du parti. Et il a désigné Aziz Mahamat Saleh Tibeck nouveau Secrétaire général du parti.

« Il faut oser pour faire des réformes et s'adapter au temps, mais il y a des choses qu'on ne peut pas changer », a dit le nouveau président du parti. Il a cité les cinq choses qui s ne peuvent pas être changées: la ligne rouge, l'histoire du MPS, le nom du MPS, l'emblème du MPS et sa devise : mourir pour le salut.

Toujours selon lui, il faut prendre en compte les aspirations du peuple tchadien, d’adopter les structures fonctionnelles et choisir des hommes et des femmes capables de relever les défis de la refondation du Tchad. « Dans ce pays qui veut être décentralisé, la place du Tchad profonde est déterminante. C’est pour cette raison que le parti doit être plus proche de la base avec l'organisation des conseils des provinces et la participation de toutes les élites locales. Il est donc impératif que le MPS mette les hommes qu'il faut à la place qu'il faut à tout le niveau », a-t-il dit.

Le nouveau président du parti a aussi soutenu qu’il faut lutter contre l'indiscipline, l'esprit de division, les messages de haine et tout comportement anti social et antipatriotique.

Les statuts et le règlement intérieur ont été réécrits, à l’idéologie du parti la sociale démocratie s’est ajouté le souverainisme. Le président d'honneur Mahamat Idriss Deby passe président national du parti. Dans le nouveau texte du parti, le conseil politique national compte 158 membres. Plus de SG, ce poste est remplacé par un secrétaire national porte-parole du parti. Il y a aussi un Secrétaire chargé du suivi et la mise de système de contrôle de gestion et de récompense des militants et il a été également créé la bibliothèque du parti pour les archives.

Ousmane Bello Daoudou

Vous l’avez vu et entendu comme moi. Le prétendant au titre du principal opposant, Succès Masra, président du parti Les Transformateurs a capitulé. Le mot capitulé n’est pas fort. Il s’est rendu avec armes et bagages, comme disent les Tchadiens au Maréchal du Tchad, le président Mahamat Idriss Deby. Il a annoncé la nouvelle hier soir en direct sur la page Facebook de son parti en affirmant reconnaître les institutions nées de la transition. Et les élections successives mêmes celles, indirectes, qui se tiendront dans quelques semaines, les sénatoriales. Il va même plus loin en soutenant, « je réaffirme ma confiance aux institutions et à Mahamat Idriss Deby pour faire avancer le pays (…) je réitère notre disponibilité en acceptant de travailler avec le président de la République pour la stabilité et le développement de notre pays ». Dit comme ça, il n’y a rien de mal à cela, mais il faut revenir en arrière pour comprendre que le leader des Transformateurs est un nouveau genre de politicien sans principes, si tôt en politique, si tôt inconstant.

Pourquoi Succès est-il un homme politique inconstant?

Hier en l’écoutant parler, j’ai donné raison au célèbre écrivain et parlementaire français Voltaire qui soutenait que « la politique est le moyen pour des gens sans principes de diriger des hommes sans mémoire ». Le chef des Transformateurs tombe dans cette catégorie, il en est l’incarnation au Tchad. Mais il s’est trompé d’époque. Les Tchadiens, ses admirateurs et ses militants sont passés depuis ses atermoiements à autre chose. J’avais écrit, lorsqu’il a signé les accords de Kinshasa, une chronique intitulée « La défaite de Succès, le succès de Mahamat » (https://ialtchad.com/index.php/ialtchad/ialtchad-chronique/item/3048-la-defaite-de-succes-le-succes-de-mahamat) un an et quelques mois plus tard, je titre cette chronique Succès Masra, jusqu’au bout de l’inconstance. Succès n’a finalement de succès que son inconstance. Pourtant la constance est une vertu en politique. Il a toujours fui les grands rendez-vous électoraux en les dénonçant, en refusant d’y participer et à la fin en s’introduisant par infraction pour voler la vedette et ravir une place de son choix.

Vous vous souvenez du Dialogue national inclusif et souverain? Il l’a boycotté pour ensuite valider toutes les recommandations et les décisions. Tout en faisant des « pieds et des mains » pour qu’à la fin des travaux qu’il soit désigné Premier ministre.

Vous vous rappelez des accords de Kinshasa? De son départ laissant derrière lui sang et larmes? Moi oui. Il était parti en se sauvant laissant plusieurs jeunes 4 mètres sous le sol. Il est revenu en échange du poste de Premier ministre pour quelque 4 mois. Il est resté en poste tout en étant candidat à l’élection présidentielle. Il s’est accroché mordicus à ce poste. Il a été presque remplacé de force. Il a tenté d’embarquer ses militants et les autres dans une autre cabale pour se rendre compte que la mayonnaise ne prenait plus. Elle ne faisait plus recette. Elle a un goût moisi et amer. L’amertume et le regret ont transformé Les Transformateurs. L’amertume est fiel. Le regret est stérile. Masra a déçu une bonne partie de ses militants, mais les irréductibles continuaient à donner une seconde chance au coureur d’Abena. Hier, il s’est définitivement enterré. Ses militants les plus dévoués le déserteront, ils iront vers celui qui saura les conduire vers leur Terre promise.

Vous vous remémorez des élections législatives, provinciales, municipales et sénatoriales? Masra et ses amis ont levé le nez, refusant de prendre part. Pourtant, c’était l’occasion de jauger leur vrai poids politique. Ce refus est une erreur qui l’a condamné à se rendre au Maréchal.

Qui avait dit, « vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps ». C’était, je crois, le 16e président des États-Unis, Abraham Lincoln. Bref, Succès Masra s’est révélé être un grand trompeur. Bien que la politique soit l’art de la tromperie mais pas à ce point. Et si vite.

Bello Bakary Mana

L'Agence Nationale de gestion des Élections (ANGE) a organisé un point de presse cette nuit du samedi 25 janvier pour annoncer la liste des candidats retenus pour les élections Sénatoriales prévues le 25 février prochain.

Au total, 119 candidats issus de 16 formations politiques vont concourir pour les sièges dont 71 hommes soit 60% et 48 femmes soit 40%.

Le président de l'ANGE relève que 11 dossiers sont déclarés non-conformes, quatre (4) ne représentent pas le quota et trois (3) sont rejetés parce qu'il s'agit du scrutin de liste et les formations politiques concernées n'ont présenté qu'un candidat au lieu de deux pour les deux sièges.

Selon lui, après la publication des listes provisoires des candidats interviendra la phase de campagne qui aura lieu du 03 au 23 février 2025 conformément au code électoral.

  1. Bartchiret ajoute que la convocation du corps électoral sera faite par décret ce qui permettra la tenue effective de l'élection le 25 février 2025.

Il rappelle aux électeurs, c'est seuls les élus locaux (les conseillers provinciaux, communaux) qui seront convoqués aux urnes.

Ousmane Bello Daoudou

Les résultats définitifs des élections législatives sont annoncés. On parle souvent que de ces élections parlementaires en oubliant que c’est plus que cela. Elles sont aussi provinciales, municipales et par ricochet conduisent  également à l’élection indirecte des sénateurs. À quelle forme d’Assemblée nationale conduisent ces élections ? Et à quel Sénat ?

Quelle Assemblée? Sans passer par 36 chemins comme on dit, ces élections ont conduit le parti au pouvoir le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) à une majorité écrasante. Une victoire hégémonique. Une victoire absolue. Sur 188 sièges, il arrache 124, plus les autres petits partis membres de la coalition Tchad uni. C’est la part du lion. En pourcentage le MPS et ses alliés représentent 85,65%.

Pourquoi c’est une victoire hégémonique? Parce que le parti arrivé en seconde position, le Rassemblement National des démocrates tchadiens (RNDT-Le Réveil n’a que 11 sièges, un recul d’un siège par rapport aux résultats provisoires avec un pourcentage de 6, 38%. Les dirigeants du RNDT-Le réveil se sont réveillés surpris. Le parti à l’emblème du coq blanc ne décolère pas. Il appelle au combat et qualifie la nouvelle Assemblée « d’Assemblée inutile ». Le parti dit avoir gagné une cinquantaine de sièges.

Pourquoi c’est une victoire écrasante? Parce que le parti arrivé en troisième, le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP) a gagné 8 sièges. En pourcentage il pèse 4,25%. L’exécutif du parti dit être déçu de cette élection. Et soutiens que le MPS est ingrat à son égard.

Pourquoi est une victoire absolue? Parce que l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), parti allié de la transition arrive quatrième. Selon certains cadres du parti, récupérer un siège à Léré ne résout pas le problème. Ils soutiennent avoir été délestés d’une dizaine de sièges. « Nous ne nous reconnaissons pas dans ces résultats », disent-ils.  

Alors quelle Assemblée auront les Tchadiens avec ces résultats définitifs? Avec cette colère électorale? Ils auront sans doute une assemblée d’un seul parti. Une assemblée monocolore. Les partis de l’opposition peineront à constituer des groupes parlementaires. Ils peineront à jouer leur rôle. Ils peineront à exister. Ils peineront à se faire entendre.

Enfin, quel Sénat auront les Tchadiens ? Il en sortira 46 sénateurs indirectement élus à l’exception des 23 autres nommés par décret présidentiel. Probablement une chambre haute à 100% MPS. À moins que le président Mahamat Idriss Deby ne soit plus inspiré en nommant les 23 sénateurs parmi des hommes et des femmes libres d’esprit sans attaches politiques. Des personnes issues de la société civile, du monde de la culture et des médias. C’est la seule façon d’équilibrer un peu l’hégémonique victoire du parti de Bamina.

Bello Bakary Mana

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