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Le Comité du Suivi de l'Appel à la Paix et à la Réconciliation (CSAPR) et ses partenaires nationaux et internationaux ont organisé une conférence régionale des Acteurs de la société civile des pays du Sahel, de l'Afrique de l'Ouest et du centre du 18 au 20 novembre au ministère des Affaires étrangères dans le 2e arrondissement de la ville de N’Djamena.

Le Coordonnateur du CSAPR Abderamane Ali Gossoumian affirme que l'objectif principal de cette conférence est de créer un espace de dialogue inclusif et constructif entre les acteurs de la société civile. Objectif : contribuer de manière significative à la stabilité et au développement durable de la région. Pour lui cette conférence est une occasion unique pour montrer que la société civile n'est pas seulement un acteur passif, mais un véritable moteur de transformation capable d'influencer les politiques et de mobiliser les communautés pour la paix.

Toujours selon le coordonnateur, ces pays font face à des défis complexes touchant à la fois les domaines politiques, économiques, stratégiques et sécuritaires. Il soutient que cette conférence fera un diagnostic de la situation dans les pays représentés en accordant une place centrale au partage d'expériences et à la réflexion sur les moyens adéquats pour renforcer le fonctionnement des institutions nationales et africaines.

Pour rappel, cette conférence regroupe le Mali, Niger, Burkina Bénin, Cameroun, RCA et la Tchad.

Ousmane Bello Daoudou

Dans un ouvrage intitulé Que font les armées étrangères en Afrique ? Réflexions autour des interventions militaires internationales dans les pays africains en crise[i], Dominic Johnson, journaliste au Taz (Die Tageszeitung, littéralement « Le Quotidien » allemand publié à Berlin et tiré à 60 000 exemplaires), chercheur senior à Pole Institute, faisait ce constat alarmant : « Il n'y a plus une seule semaine sans qu'une nouvelle atrocité attribuée aux extrémistes islamistes ne soit rapportée de l'Afrique […]. L'Afrique vit une ère de terreur, semblable à celle qui a secoué l'Europe il y a dix ans avec les attentats de Madrid et de Londres et les effets-contagions de la guerre en Irak. »

Les récentes attaques terroristes des combattants de Boko Haram, fin octobre, contre les forces de défense et de sécurité du Tchad, ont relancé le débat concernant la présence militaire française sur notre territoire national. L’émoi et la stupeur suscités par ce drame ont conduit une certaine opinion à questionner la possible contribution du dispositif militaire Barkhane à la lutte contre les terroristes qui mettent à mal notre souveraineté nationale et notre intégrité territoriale.

Mutualisation des forces, une nécessité stratégique

Il faut d’emblée relever que, pour le Tchad comme pour l’ensemble des États de son environnement régional, la mutualisation des forces contre la menace terroriste et autres tentatives de déstabilisation venues de l’extérieur est une nécessité stratégique, notamment pour le Cameroun, le Niger, le Nigeria et la République centrafricaine. La Force multinationale mixte a justement vocation à venir à bout de cette nébuleuse pernicieuse et multiforme qui a une mystérieuse capacité à renaître de ses cendres aussitôt qu’on la croit neutralisée, voire anéantie. Le véritable débat devrait donc porter sur la densification des capacités opérationnelles de cette force et l’efficacité opérationnelle de son déploiement.

Or, comme l'ont récemment souligné les autorités tchadiennes pour le déplorer, cette force multinationale mixte pâtit de ce que tous les États membres ne contribuent pas à parts égales à son déploiement, en hommes comme en moyens opérationnels. Comme naguère au sein du G5 Sahel, la participation des forces de défense et de sécurité tchadienne est bien supérieure à celle de nombre de pays membres de cette force. Elle a pourtant vocation à s’autonomiser comme un embryon d’armée panafricaine qui demeure un impératif stratégique et sécuritaire majeur pour l’Afrique.

L’Afrique s’est pourtant dotée, en 2002, d’une Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) à l’initiative de l’Union africaine et des Communautés économiques régionales (CER).

Cette institution, qui participe d’une initiative en parfaite adéquation avec les préoccupations sécuritaires du moment sur le continent africain, est un ensemble de textes de lois et d’institutions qui ont pour objectif de renforcer la sécurisation des États africains contre des menaces de déstabilisation diverses. Le Conseil de paix et de sécurité, le Groupe des sages, la Force africaine en attente, le Fonds africain pour la paix et le Système continental d’alerte rapide figurent au rang de ces institutions phares. Mais force est de constater que ces institutions, dont la nécessité n’est plus à prouver, ne donnent pas lieu à un déploiement opérationnel à la hauteur des menaces et des urgences sécuritaires auxquelles est confronté le continent. Comme c'est si souvent le cas, le lexique politique le plus ambitieux est très éloigné des mots qui le constituent.

Par ailleurs, cette architecture de paix et de sécurité s’investit très peu dans la prévention des crises, voire quasiment jamais. Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA se met d’ordinaire en mouvement lorsqu’il s’agit de réagir à un coup d’État militaire ou à un conflit manifeste entre deux États ou au sein d’un État. Au regard de l’importance géostratégique du Tchad dans la région Afrique centrale ou dans l’espace soudano-sahélien, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine devrait jouer un rôle majeur, notamment pour la mobilisation des moyens qui permettraient de combattre une menace asymétrique telle que le groupe terroriste Boko Haram ou les Shebab de Somalie.

La France doit-elle aider l'armée tchadienne ?

Il est aberrant – comme le réclame une partie de l’opinion tchadienne – de demander à la France de protéger la souveraineté du Tchad dans un contexte où l’Hexagone est en procès dans une bonne frange des opinions publiques africaines au motif que le déploiement de son dispositif militaire en terre africaine est une survivance d’un passé colonial, qui est par ailleurs en totale contradiction avec le statut souverain des États africains.

L’implication ostensible des forces armées françaises dans la lutte contre le terrorisme djihadiste prêterait le flanc aux critiques parfois faciles et souvent acerbes d’un certain panafricanisme débridé qui verrait là une magnifique aubaine pour faire fructifier son fonds de commerce idéologique.

Aussi, est-il paradoxal de vouloir une Afrique souveraine et de s’en remettre aux puissances étrangères pour la sécurisation de ses frontières. Certes, on pourrait rétorquer à cet argument que les pays de l’Union européenne – un si grand ensemble géopolitique – s’en remettent au parapluie militaire américain pour leur sécurité, notamment par rapport au voisin russe. Il y a toutefois un bémol à apporter à cet argument. C’est notamment la force nucléaire russe qui est une menace pour la plupart des pays européens. Mais des menaces sécuritaires comme celles qui planent sur le Tchad relèvent davantage de la sécurité intérieure des États.

Il est du plus mauvais effet pour un État, face à des forces malfaisantes telles que la menace djihadiste, d’afficher des signes de fragilité, voire d’impuissance. S’il faut que le Tchad s’en remette à l’armée française pour éradiquer une menace extérieure, à l’instar de Boko Haram, qu’en sera-t-il des pays voisins qui sont confrontés à une menace similaire ?

La France est pourtant bien présente aux côtés du Tchad, sous divers aspects qui contribuent à divers titres à la sécurisation de son espace territorial.

Il faut souligner que la coopération militaire entre la France et le Tchad n’a pas pour seul objectif de se déployer sur les terrains d’opérations. Il s’agit d’une coopération multiforme. Elle est aussi bien opérationnelle que structurelle, comme le soulignait déjà un rapport d’information de l’Assemblée nationale française [ii] de juillet 2014 sur l’évolution du dispositif militaire français en Afrique : « Le but de la coopération y est clairement d’accompagner la montée en puissance des armées tchadiennes […]. »  Le budget alloué à la coopération structurelle atteint 12 millions d’euros par an, auxquels on peut agréger les 53 millions d’euros de dons et d’aides diverses fournis par la force Épervier. »

Cette coopération concerne également:

– l’appui au pilotage des restructurations et à la modernisation de l’armée tchadienne qui se décline en six sous-projets : la logistique, le renseignement, la formation, la reconversion, la gestion des ressources humaines et l’appui au commandement ;

– l’appui au commandement, qui porte un accent sur la formation – c’est-à-dire la sélection pour l’École de guerre et l’enseignement de la langue française –, les études et la liaison avec les armées.

La présence militaire française au Tchad n’a pas pour seul horizon stratégique le Tchad. Elle permet aux forces françaises de se projeter dans l’ensemble de la région Sahélo-saharienne.

Mais N’Djamena a été retenue en raison de son positionnement stratégique. La capitale tchadienne tient donc lieu de rampe de lancement pour la défense des intérêts de la France et de ses ressortissants, bien au-delà du seul territoire tchadien. En retour, l’État du Tchad en tire parti pour la sécurisation de son territoire en termes de renseignement, d’aides diverses et pour la formation de son personnel militaire : « Le choix a été fait de centraliser à N’Djamena le commandement du dispositif militaire français « régionalisé » déployé dans la bande sahélo-saharienne », note ce même rapport d’information.

Il ne faut pas perdre de vue que combattre les terroristes de Boko Haram, c’est faire face à une guerre de nature asymétrique. Le principe d’une guerre asymétrique, c’est l’imprévisibilité de l’adversaire, la spontanéité de ses attaques. Combattre un tel adversaire, c’est faire usage d’outils stratégiques qui ne relèvent pas de la guerre classique. Les guerres qui mettent en difficulté même les armées les plus aguerries au monde sont de ce registre. Dans l’histoire militaire, les guerres d’Indochine et du Viêt Nam sont encore bien présentes dans les mémoires. Elles ont été d’immenses désastres, aussi bien pour l’armée française que pour l’armée américaine. Elles échappent aux sophistications technologiques de l’armement moderne, en ce sens qu’elles s’appuient pour l’essentiel sur le facteur humain.

Un déploiement de l’armée française au sol n’est pas envisageable dans un tel contexte. C’est sur le terrain du renseignement prévisionnel qu’il est possible de faire évoluer la coopération militaire entre la France et le Tchad. Et même sur ce terrain, celle-ci sera d’une efficacité discutable. Les terroristes de Boko Haram ont cette particularité criminelle de se fondre dans les masses au point de se rendre invisibles, insoupçonnables, donc bien plus redoutables que ce que l’on pourrait prévoir d’un ennemi dans un combat classique.

S’il y a un autre terrain sur lequel pourrait utilement s’investir cette coopération, c’est dans une aide plus conséquente au développement autour du Bassin du lac Tchad. La misère à laquelle sont confrontées les populations de cette région, en plus des déplacements suscités par le réchauffement climatique, constituent des terreaux fertiles pour ces entrepreneurs de la terreur ; ils peuvent ainsi facilement recruter les bombes ambulantes n’ayant pour seule mission que de répandre la terreur au sein des populations qui ne demandent majoritairement qu’à vivre en bonne intelligence et en paix.

Tout au plus, malgré sa présence militaire sur le territoire tchadien, la France ne pourrait intervenir qu'à la demande expresse du Tchad, qui est un pays souverain. Une telle demande, au moment où nous écrivons ces lignes, n'a pas encore été formulée par les autorités tchadiennes.

Enfin, la communauté internationale, particulièrement la France, se tient prête – et cette proposition a toujours été réitérée – à aider le Tchad à lutter contre le terrorisme, en réponse à l'appel lancé par le président tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, dans ce sens, juste après l'attaque de Boko Haram. Un éventuel appui militaire de la France devrait se faire dans le strict respect de la souveraineté du pays. Ni plus, ni moins.

Éric Topona Mocnga
Journaliste au Programme francophone de la
 Deutsche Welle

[I] Dominic Johnson, Que font les armées étrangères en Afrique ? Réflexions autour des interventions militaires internationales dans les pays africains en crise La guerre internationale contre l’Internationale djihadiste : aujourd’hui la Somalie, demain le Nigeria, et après ? Actes du colloque international organisé par Pole Institute Goma (RDC), du 1er au 4 juillet 2014

[ii] Rapport d’information déposé en application de l’article 145 du Règlement par la Commission nationale de la défense et des forces armées en conclusion des travaux d’une mission d’information sur l’évolution du dispositif militaire français en Afrique et sur le suivi des opérations en cours et présenté par les députés Yves Fromion et Gwendal Roullard.

L’annonce par l’Agence nationale chargée de la gestion des élections (ANGE) recalant le Secrétaire général du parti au pouvoir le Mouvement patriotique du Salut (MPS), Mahamat Zene Bada, des élections législatives a surpris les Tchadiens et la sphère politique. Personne ne l’a vu venir. L’Affaire continue de défrayer la chronique. Pourtant Zene Bada n’est pas seul, mais il est la tête d’affiche. Il y a 4 autres de ses compagnons qui ont subi le même sort. Il faut préciser que cette disqualification du SG est temporaire. Il a le droit de faire recours. Mais son entourage dit que « la bête politique est blessée ». Son amour-propre a pris un coup. Un coup dur. Il n’usera, peut-être pas, du droit de recours. L’obstacle judiciaire est insurmontable. Celui qui a prononcé le divorce du parti présidentiel de ses alliés de la coalition Tchad unie s’est fait à son tour divorcer des élections législatives par l’ANGE. Alors, comment Zene Bada n’a-t-il pas vu venir ce coup dur ?

D’abord, le père de la chansonnette improvisée « ial djidad kalamoum kammal » (les poussins sont achevés), « ial canards Kalamoum kammal » (les canetons sont achevés), faisant allusion à la défaite des candidats de l’opposition à l’élection présidentielle était trop sûr de lui. Tellement sûr de lui qu’il a oublié que son passé de condamné était son talon d’Achille. Qu’il a trop d’ennemis. Beaucoup trop. Il était difficile pour lui de tous les neutraliser. Ils sont partout, des entrailles de la présidence jusqu’au cœur de l’establishment du parti. Il était encerclé. Il était craint pour son ambition insatiable et ses capacités de tribun, mais aimé par les militants et surtout les militants N’djamenois pour sa générosité. Ses ennemis disent qu’il est brouillon, manipulateur, arrogant et méchant. Zene Bada dit un chef de parti sous le sceau de l’anonymat est à la fois tout cela.

Ensuite, le SG a commis plusieurs erreurs, dont 4 majeures

Première erreur. C’est d’avoir, après la mort de son ami, frère et compagnon le Maréchal Idriss Deby Itno, tenu la ligne dure durant les premiers moments de la naissance du Conseil Militaire de transition (CMT). Parti en France pour des soins, il a été éjecté de façon cavalière de son siège de SG du parti. Il revient, participe au Dialogue national et reprend son siège de SG pour être directeur de la campagne présidentielle sans assurer ses arrières.

Deuxième erreur. Au lendemain de cette élection présidentielle, en direct lors du banquet consacrant la victoire du candidat de son camp, le président Mahamat Idriss Deby Itno l’a rabroué publiquement sans mettre du tact au sujet de la chansonnette. C’était un désaveu et un avertissement. Comme on dit en pays peul « l’ami du papa n’est pas l’ami du fils ».  Ce que le Maréchal père Deby permettait à son ami et frère Zene Bada, le Général fils Deby ne le lui permet pas. Il a cru à la présidence qui le caressait à coup de « tonton ceci », « tonton cela » que la présidence de la future Assemblée nationale lui était réservée. Ce qui lui a fait pousser des ailes, affirment ses détracteurs.

Troisième erreur. C’est de n’avoir pas négocié son amnistie. Et surtout d’avoir été libéré provisoirement lors de sa détention à cause de décès dans sa famille. Le condamné s’est permis de sortir, mais n’est plus revenu. Une erreur incompréhensible, car il pouvait à tout moment être arrêté et remis en prison avant la grâce présidentielle. Et voilà que patatras il s’est fait prendre dans le « casier à homards »  par l’ANGE.

Quatrième erreur. Il a eu de la misère à se faire accepter à Bitkine au Guera, le berceau paternel. Il a fallu tordre des bras.

Question : À qui profite le « crime »? À beaucoup de monde. À commencer par la présidence qui se débarrasse de l’encombrant SG qui a cristallisé beaucoup de mécontentements de plusieurs candidats à la députation du MPS pour les législatives de décembre prochain. Cette disqualification permet aussi à la présidence de se donner une image de neutralité et de droiture face aux repris de justice qui encombrent les couloirs du parti. Et qui ambitionnent d’occuper des postes dans l’appareil de l’État et de la future Assemblée nationale. Les soutiens de Zene, eux, affirment en privée que cette disqualification n’est pas liée à sa condamnation. Elle n’est pas l’œuvre de l’ANGE, mais plutôt celle d’une main qui vient « d’en haut de l’en Haut »  et fait porter à l’ANGE le prononcé du divorce du « divorceur » au prétexte que son casier judiciaire est sale.

Enfin, « La grâce présidentielle ça sert à quoi? », lancent ses admirateurs. « Il n’a pas été amnistié », répliquent ses ennemis. Me Ahmat Idriss alias Lyadish avocat tchadien au Barreau Français exerçant hors du pays, affirme « il y a plusieurs motifs d’annulation de la décision de l’ANGE ». La saga Zene Bada est peut-être loin d’être fort clos comme disent les juristes.

Bello Bakary Mana

« Heureux qui, comme militaire, s’est arrogé le pouvoir en Afrique dans la décennie 2020 »[2], met l’État sous coupe réglée, nargue les institutions multilatérales, et ô surprise, avec les compliments. « Autres temps, autres mœurs » dirait Cicéron. Simplement, la parole d’officier et la colonne vertébrale des pouvoirs, plus que jamais autocratiques, semblent avoir fait des progrès notables, mais en vacuité.

Au long printemps des coups d’État constitutionnels de la décennie 2010 qui ont sclérosé la gouvernance de l’essentiel des États d’Afrique, se greffe désormais celui des coups d’État militaires en apparence salvateurs, mais aux dividendes tout aussi évanescents.  

Confusion, reniement et outrance

Bénéficiant d’un rare alignement des planètes, Abdourahamane Tiani du Niger, Assimi Goïta du Mali, l’héritier Mahamat Idriss Deby du Tchad, Ibrahim Traoré du Burkina Faso, Mahamadi Doumbouya de la Guinée et dans une moindre mesure, Olingui Nguema[3] du Gabon, peuvent allègrement chacun :

  • Soumettre, faire et défaire les institutions, la constitution, les lois et règlements du pays comme jamais un président, avec la plus forte légitimité démocratique, n’aurait pu le faire[4]. Ainsi au Burkina Faso, les putschistes respectifs de janvier et septembre 2022 ont tenu à prêter serment sur la constitution du 5 novembre 2015, qu’ils ont pourtant suspendu, en présence, excusez de peu, de la quasi-totalité des représentations diplomatiques accréditées, et sans que le conseil constitutionnel n’y trouve à redire. Il en est de même de la ratification du traité de création de la Confédération de l’AES par des assemblées nationales qui plus est, de non élus, en lieu et place d’un référendum. On ne peut faire plus dans la confusion de genre ;

 

  • Faire de l’appareil sécuritaire du pays, des instruments dévolus quasiment à la surveillance et à la répression des médias et journalistes libres, des membres de la société civile, et surtout des opposants politiques. Ceux-ci étant pourchassés, enlevés, torturés et détenus dans des prisons parallèles en dehors de toute procédure légale. Il s’agit d’une véritable de chape de plomb sur la vie civile, politique et associative digne de l’époque de la dictature des partis uniques. Qui plus est, en ce qui concerne les pays en guerre, ce tropisme des services sur le personnel politique et associatif non-courtisan, regardé comme le plus grave danger par les putschistes, se fait au détriment de la surveillance indispensable des organisations terroristes qui pourtant, ne cessent de prospérer sur le terrain ;

 

  • Fouler aux pieds les instruments juridiques internationaux régissant les transitions politiques, et ce, y compris la charte éponyme que chacun d’eux a fait adopter lui-même « souverainement » comme c’est désormais l’usage de dire. En ce sens et par métaphore footballistique, l’héritier Déby du Tchad, a été à lui seul, à la fois : équipe engagée, arbitre central, juges de lignes, commissaire du match, ramasseurs de balles et public dans les gradins applaudissant à tout rompre ses propres prouesses, lors du « championnat de la transition » tchadienne. Comme par hasard, il a été déclaré vainqueur de la phase aller dont seuls des sparring parteners étaient autorisés à concourir. Il sera évidemment vainqueur sans appel de la phase retour qu’il s’apprête à livrer le 29 décembre 2024 sans adversaire. Il affirmait pourtant qu’il se tiendra à son rôle d’arbitre central : parole d’officier supérieur. Il a fait tout le contraire. Et cela, bien sûr avec les financements et félicitations de la fameuse « communauté internationale » ; l’Union Européenne et la France en tête, dont - il s’est bien moqué. C’est un cas d’école particulièrement éloquent et inspirant pour les autres putschistes de la décennie, en attente dans les starting block;

 

  • Faire de la CEDEAO, le mouton noir des organisations multilatérales, simplement parce qu’elle a opposé aux putschistes des sanctions économiques sur le fondement des dispositions de son protocole additionnel relatif à la démocratie, alors d’une part, qu’elle demeure la plus efficiente des organisations sous-régionales du Continent et d’autre part, qu’à une autre époque, elle avait levé des armées (ECOMOG) sans réprobation générale, pour rétablir des Présidents déchus par des putschs, notamment en Sierra Léone et en Gambie ou faire la guerre aux rebelles au Libéria et en Guinée-Bissau sous la mandature d’un certain Alpha Oumar Konaré ; alors Président de la République du Mali. C’est un peu cocasse, il faut l’avouer ;

 

  • Dénoncer la soumission de la CEDEAO à une France plus que jamais impérialiste et refuser de sortir de l’UEMOA et de la BCEAO qui pourtant conservent, institutionnellement des liens plus ou moins organiques avec l’impérialiste France, contrairement à la CEDEAO ; C’est encore un peu plus cocasse ;

 

  • Refuser le soutien militaire de la CEDEAO ou de l’Initiative d’Accra et en même temps, dénoncer à grand renfort, le défaut de soutien de la CEDEAO et de ses pays membres dans la lutte contre le terrorisme islamiste, malgré les offres répétées de disponibilité de l’organisation et ses concours financier et humanitaire substantiels, comme le fait le putschiste Burkinabé ;

 

  • Invoquer le panafricanisme et le patriotisme pour dénoncer des partenariats politiques et militaires d’hier jugés impérialistes, mais pour vite, les substituer par de nouveaux, tous aussi impérialistes, mais il est vrai, peu regardants à la démocratie et aux droits de l’homme ;

 

  • Dénoncer le pillage des ressources naturelles et le service de la dette asphyxiant, par et à l’égard des impérialistes néo-colonialistes d’hier pour les brader aussitôt aux non moins impérialistes d’aujourd’hui (Chine, Russie, Turquie, Qatar, Émirats Arabes Unis, Iran, Arabie Saoudite, etc.), à l’égard desquels l’endettement public du pays, aux conditions souvent usuraires, s’accroît de manière démesurée ;

 

  • Être capable d’expulser sans ménagement et de manière compulsive, les représentants diplomatiques de certains États (Allemagne pour le Tchad, France et Suède pour les trois pays de l’AES, etc.) et continuer paradoxalement à laisser croire à une mainmise toujours ferme de ces États impérialistes sur la politique et l’économie du pays ;

 

  • Être capable d’expulser les forces armées étrangères parmi les plus puissantes, les mieux équipées et entrainées (USA, France, Allemagne notamment) sans opposition de leur part, et continuer à dénoncer des tentatives de coups d’État de ces États, si ce n’est leur imputer la situation sécuritaire délétère du pays, qu’on était censé pouvoir régler en trois mois comme l’annonçait Ibrahim Traoré du Burkina Faso.

 

  • Être capable d’expulser au forceps une mission spéciale des Nations Unies (le cas de la Minusma au Mali) ou son représentant résident (au Burkina Faso) sans une mise au ban du concert des Nations et, aller à la tribune de l’ONU barrir comme un éléphant en dépit des usages diplomatiques qui professent un langage tout en finesse, subtilité, sous-entendus et esprit ou maïeutique. Il est vrai que feux les présidents Vénézuélien et Cubain, Hugo Chavez et Fidel Castro, coutumiers du fait, ont fait des émules sur le Continent ;

 

  • Invoquer le souverainisme populaire et ne jamais consulter le peuple si ce n’est à travers des assises dont les participants sont habilement sélectionnés pour leur obséquiosité à l’égard du putschiste ;

 

  • Interdire les médias internationaux pour les rendre inaccessibles à la population et ne pas craindre de se dépêcher de démentir par des communiqués ronflants, les informations traitées sur les ondes de ces mêmes médias, si ce n’est leur reprocher la non-couverture de ses propres exploits ;

 

  • Dénoncer le FCFA comme l’instrument de soumission, de pillage et de financement de la France par l’Afrique et ne pas inscrire la sortie de cette monnaie en tête des priorités de son agenda politique. Pis, laisser dénoncer à tort ou à raison, la mainmise de la France sur cette monnaie et ne rien entreprendre, à l’image de la passivité des dirigeants de la CEMAC, pour mettre fin aux comptes d’opérations auprès du trésor français[5], mais aussi, à la présence des administrateurs français au conseil de la BEAC, alors même que les dirigeants de l’UEMOA y sont parvenus depuis 2019 avec effet en 2021 ;

 

  • Être reconnaissant à l’égard de la France et demander, même à faire « ami-ami » avec elle au lendemain du coup d’État pour ensuite subitement la vouer aux gémonies pour un prétendu impérialisme hideux, mais seulement lorsque celle-ci refuse son concours et condamne le putsch comme l’ont fait les généraux Tiani ou Goïta[6]

       

  • Commettre des massacres de masse sur la population civile et les opposants politiques sous des prétextes fallacieux et s’opposer à toute enquête indépendante en invoquant l’ouverture d’enquêtes par le parquet national. Des enquêtes dont les suites et les conclusions ne seront jamais connues car elles n’ont, à la vérité, jamais existé. Il en est ainsi notamment, des massacres du 20 octobre 2022 dits du « Jeudi Noir » et de l’assassinat de l’opposant politique Yaya Dillo en février 2024 pour le Tchad ; des massacres du 27 mars au 1er avril 2022 de Mourra au Mali ; de ceux de Soro en février 2024 ; de Nouna en décembre 2022 ; d’Ouahigouya en février 2023 et de Karma en avril 2023 pour le Burkina Faso.

Justement, la situation du Burkina Faso détonne dans ce printemps putschiste. Ibrahim Traoré semble avoir été inspiré et conseillé par Assimi Goïta du Mali sur les protocoles de neutralisation de toute velléité de contestation de son pouvoir ; de lutte contre le terrorisme, de renversement des alliances avec les Occidentaux et du rapprochement avec Poutine, et aussi de la conservation du pouvoir. Mais, comme qui dirait, l’élève semble avoir désormais dépassé le maître.  

Le cas Burkinabé

Les burkinabé ne nageaient pas dans le bonheur et la prospérité sous le Président Rock Marc Christian Kaboré, en raison de la corruption et de l’incurie d’une partie de la classe politique. Mais ils jouissaient d’une part, d’une sécurité relative et d’autre part, des libertés publiques et individuelles sans commune mesure. Depuis, le « putsch dans le putsch » de septembre 2022, ils n’ont toujours pas pris le chemin du bien-être et de la prospérité, à l’exception peut-être des seuls « Wayiyan[7] ». Mais ils ont perdu certainement et la sécurité et la liberté. La sécurité a quasi-disparu en raison de l’explosion et de l’expansion des attaques terroristes de plus en plus violentes et atroces ; des attaques dont les massacres de Barsalogho du 24 août 2024 sont le symbole. Mais ils ont aussi perdu la sécurité en raison des représailles de l’armée et des VDP[8], toutes aussi violentes, sauvages et atroces sur des populations simplement soupçonnées de complaisance à l’égard des terroristes[9].

Quant-à la liberté d’aller et venir, de conscience, d’entreprendre ou seulement de vivre, elle n’existe pas dans les territoires de plus en plus vastes de l’arrière-pays et même dans certaines grandes villes comme Djibo que les terroristes contrôlent effectivement ou par blocus, malgré les rodomontades et forfanteries du pouvoir à Ouagadougou.

Inversement, dans les grandes agglomérations (Ouaga et Bobo, notamment), les libertés politique, syndicale, associative et de presse ainsi que la justice, sont mises sous cloche si ce n’est réduite à celle de promouvoir, défendre et applaudir aveuglement jusqu’à l’absurde, Ibrahim Traoré et son régime. Les téméraires contrevenants sont voués aux gémonies pour apatridie et négritude de salon. Ceux qui sont présents sur le territoire, sont enlevés et disparaissent sans aucune forme de procès ou sont enrôlés de force dans les rangs des VDP. Quant - à ceux qui sont hors du territoire, leurs proches n’échappent pas aux représailles en vertu du nouveau paradigme juridique de la responsabilité pénale du fait d’autrui. Les Wayiyans et les services de sécurité veillent au grain.

C’est une véritable expérimentation grandeur nature des ouvrages « 1984 » avec son « Big Brother », mais aussi « La ferme aux animaux » de George Orwel. Ce tableau est à quelques nuances près, sensiblement le même au Niger, au Mali, en Guinée[10] et au Tchad[11] où l’espace démocratique et la liberté de presse s’amenuisent à vue d’œil. Mais il est vrai, qu’avec ces néo-putschistes, le patriotisme, le souverainisme, le nationalisme et le panafricanisme aussi incompatibles qu’ils soient, sont saufs, du moins en apparence.

Reste que, répéter à longueur de temps : « souverainisme », « patriotisme » ou « panafricanisme » procède de l’incantation destinée à masquer le vide bilantielle comme l’indique l’Indice Ibrahim de la Gouvernance en Afrique (IIGA) 2024[12] pour ces pays. Mais elle est aussi un cache-misère pour ne pas avoir à rendre compte et répondre d’une gouvernance défaillante et s’éterniser au pouvoir. Et puis que vaut le souverainisme quand les problèmes majeurs, sécuritaires, économiques, sociaux et migratoires sont d’essence globale et appellent des solutions supra et transnationales, même pour les plus puissants des États de la planète ?   

Comme le disait Charles de Gaulle à propos de l’Europe, « bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant : patriotisme, souverainisme, panafricanisme ! Mais ça n’aboutit à rien et ça ne signifie rien »[13] quand de surcroît on a simplement switcher une tutelle par une autre.  

Enfin, le patriotisme et à plus forte raison, le panafricanisme ne sont pas solubles dans l’exclusion d’une partie de ses concitoyens ou dans la complaisance à l’égard de sa famille, de son clan et de son ethnie ou de ses coreligionnaires. 

 

Abdoulaye Mbotaingar
Docteur en droit
Maître de conférences à l’université

[1] Cette tribune est la suite d’une première consacrée au même thème et intitulée : « Putschistes Et Vanité du Pouvoir Absolu », https://www.ialtchad.com/index.php/details/item/3333-putschistes-et-vanite-du-pouvoir-absolu

[2] Une paraphrase du célèbre poème « Heureux qui comme Ulysse » (1558) de Joachim du BELLAY.

[3] Olingui Nguema du Gabon est un cas à part. Même s’il n’est pas hasardeux de penser qu’il a conquis d’autorité le pouvoir pour le lâcher de sitôt, la transition qu’il conduit reste ouverte et il n’a pas rempli les prisons du Gabon d’opposants. Ceux-ci au contraire continuent de rentrer d’exil pour y prendre part et exercent librement leurs droits politique et civile.

[4] Encore que Faure Gnassingbé Eyadema du Togo, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Faustin-Archange Touadéra de la RCA, encore mieux Kaïs Saïd de la Tunisie et bientôt Felix Tshisekedi de la RDC, notamment n’ont rien à envier aux putschistes militaires en termes de pouvoir absolu et de tripatouillage constitutionnel et institutionnel.   

[5] Au demeurant généreusement rémunérés désormais.

[6] Pour ce dernier, à l’occasion du « putsch dans le putsch » contre le président Bah N’DAW le 24 mai 2021.

[7] Soutiens actifs d’Ibrahim Traoré. Ils sont physiquement présents sur les ronds-points de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, mais assurent aussi la veille en ligne et n’hésitant pas à désigner à la vindicte populaire ou aux services d’État, les cibles civiles à neutraliser. 

[8] Volontaires de la Défense de la Partie : des supplétifs de l’armée burkinabé.

[9] Les 53 morts et 20 disparus des massacres d’Inata du 14 novembre 2021 ayant justifié le coup d’État contre le président Kaboré font pâle figure devant les pertes militaires et civiles sous les deux régimes putschistes.

[10] Voir pour la Guinée : l’enlèvement et la disparition des opposants Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, ou encore les récentes dissolution, suspension ou mise en observation de la totalité des parties politiques, mais aussi la suspension des médias critiques.

[11]Voir, le journal Le Monde du 24 oct. 2024, « Au Tchad, les arrestations par les services de renseignement se multiplient » :https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/10/24/au-tchad-les-arrestations-par-les-services-de-renseignement-se-multiplient_6359190_3212.html 

[12] https://mo.ibrahim.foundation › files › 2024-10.

[13] Ch. de Gaulle, interview à l’ORTF, le 14 décembre 1965.

Le 3ème forum international annuel sur le développement de la région du Lac Tchad s'est ouvert ce mardi 5 novembre dans la grande salle du ministère des Affaires Étrangères dans la capitale tchadienne, N'Djamena. Il est placé sous le thème : « renforcer la gouvernance locale et la cohésion sociale pour le développement socio-économique et la sécurité alimentaire dans le contexte de changement climatique dans le Bassin du Lac Tchad.

Ce forum est organisé par la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) en collaboration avec les quatre États membres de cette organisation sous régionale et la Banque mondiale (BM) dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de Relance de Développement de la Région du Lac (PROLAC) et le Projet multisectoriel de Relèvement de Crise (MCRP). Cette rencontre vise à faire progresser la mise en œuvre de la stratégie régionale de stabilisation, de relèvement de la résilience des zones de bassin du lac Tchad affectées par la crise de Boko Haram.

Durant trois jours, des acteurs et décideurs locaux et internationaux et les délégations venues du Niger, du Nigeria, de Cameroun et du Tchad échangeront sur les questions et les défis que fait face cette région, de proposer des stratégies pour le redressement et la stabilisation de la région du lac Tchad entre autres. Le représentant de la BM au Tchad, M. Rasit Pertev affirme que son institution finance une trentaine de projets dans la région concernée. Ces projets, précise M. Rasit Pertev comprennent des interventions visant à améliorer les services sociaux économiques de base, des infrastructures, la collectivité, les moyens de subsistance, la résilience communautaire et la gouvernance locale. Seulement pour le Tchad, notre portefeuille est de 2,5 milliards de dollars, déclare le représentant de la BM. Ce montant estimé à 1, 4 milliards offre une opportunité au Tchad pour faire face aux défis dans cette région. D'après le secrétaire exécutif de la CBLT, l'ambassadeur Mamman Nuby le présent forum permet de capitaliser sur les résultats des précédents forums et de consolider les efforts visant à faire progresser les interventions globales de stabilisation, de redressement et de résilience dans la région du Lac Tchad à d'accélérer la mise en œuvre des solutions concrètes et pratiques pour renforcer la résilience et améliorer les moyens de subsistance des populations de la région.

Représentant le premier ministre, le ministre de l'Eau et de l'Énergie M. Passalé Kanabé Marcelin note les deux premières éditions de ce forum tenues à Abuja et à Niamey, ont proposé des nombreuses solutions allant dans le sens du développement socio-économique et culturel des pays membres de la CBLT. Ce forum se tient dans un contexte sécuritaire particulier pour notre pays. L'Armée Nationale Tchadienne s'est engagée depuis quelques jours, dans une opération de grande envergure pour lutter contre la secte Boko Haram qui ont attaqué une position de notre armée et ont tué une quarantaine de soldats, souligne le ministre de l'Eau et de l'Énergie. Selon lui, beaucoup reste à faire dans le sens de l'amélioration des conditions de vie de populations.

NDM

Les terroristes de Boko Haram ont commis une attaque sanglante (durant la nuit du dimanche 27 au lundi 28 octobre 2024) contre les forces de défense et de sécurité tchadiennes dans la région du lac, provoquant une indignation allant jusqu'au Vatican. Éric Topona Mocnga, journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle, analyse.

Le Pape Français dans sa prière de ce 1er novembre à l’occasion de la solennité de la Toussaint, a exprimé « (…) sa sympathie au peuple tchadien, en particulier aux familles des victimes du grave attentat terroriste d’il y’a quelques jours ». Le Tchad vient à peine de conclure un processus électoral apaisé dont les temps forts auront été l’adoption d’une nouvelle constitution par voie référendaire, et de l'élection présidentielle le 6 mai. Ces scrutins n’ont guère connu les soubresauts redoutés par certains analystes. Les regards étaient plutôt tournés vers l’organisation des prochaines élections locales (législatives, communales et provinciales), mais surtout et dans l’immédiat, la gestion des récentes inondations qui ont provoqué d’importants dégâts matériels et humains.

La décision du chef de l’Etat, Mahamat Deby Itno, de prendre la direction des opérations militaires à travers « l’opération Haskanite » pour neutraliser le serpent de mer qu’est devenu au fil des ans cette hydre terroriste du crime de masse, témoigne à suffisance de la gravité de l’enjeu pour la préservation de la stabilité des institutions nationales et de l’intégrité territoriale du Tchad.

Prendre du recul afin de poser un diagnostic du mal

Mais au-delà de la légitime indignation et du concert de condamnations, il y’a lieu de prendre du recul pour comprendre cet acte de barbarie innommable et les moyens de s’en prémunir.

Il faut d’emblée relever que les terroristes de Boko Haram, comme en 2020 sur la presqu’île de Bohoma (toujours dans la région du Lac dans l'ouest du Tchad) ont choisi de s’attaquer à une caserne militaire des forces armées tchadienne avec le même mode opératoire qui consiste à combiner surprise et une extrême barbarie. Il est manifeste qu’il s’agit d’installer dans l’esprit des populations riveraines du Bassin du Lac Tchad, où les déplacés se comptent déjà par centaines de milliers, la conviction selon laquelle les forces armées régulières, notamment celles qui sécurisent cette zone dans le cadre de la Force multinationale mixte (composée des forces armées du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun, ainsi que l'armée tchadienne), ne sont pas à mesure de leur garantir sécurité et quiétude.

Par ailleurs, le fait de commettre des meurtres de masse et de s’emparer du matériel militaire, révèle que le groupe terroriste a des difficultés à s’approvisionner en armement, parce que coupé de ses bases arrières, et par conséquent n’a guère d’autre choix que de reconstituer sa capacité de nuisance par des attaques asymétriques au cœur des casernes militaires. Ce butin de guerre est justement le moyen criminel par lequel Boko Haram renforce ses capacités de nuisance pour commettre des vols de bétail ou des kidnappings avec demandes de rançons dans les pays voisins, précisément à l’extrême-nord du Cameroun ou au nord du Nigeria.

Inquiétudes

Une fois ce diagnostic effectué, on ne peut guère faire l’économie d’un questionnement sur les conditions, voire les complicités qui ont rendu possible cet assaut terroriste. Il a sans doute bel et bien fallu que les terroristes de la secte soient bien renseignés pour planifier avec efficacité cette attaque. Sans exclure de possibles infiltrations au sein des forces de défense et de sécurité tchadiennes. Boko Haram tire avantage de sa capacité à se fondre au cœur des populations, à investir ses agents dormants qui passent pour de paisibles citoyens, ce d’autant plus qu’ils s’investissent dans les actes ordinaires de la vie sociale.

Au regard de l’immensité du Bassin du Lac Tchad et de l’enjeu géostratégique qu’il représente pour de nombreux pays qui font partie de l’environnement régional du Tchad et subissent tout autant les attaques terroristes de la secte islamiste, il est urgent de se tourner vers l’avenir et de se poser la question de savoir s’il n’y a pas lieu de changer de cap pour mener avec succès ce combat vital pour les peuples et les Etats.

 Appel à l'aide et changements politiques majeurs

Par ailleurs, l’appel lancé par le chef de l’Etat Mahamat Idriss Déby Itno en direction de la communauté internationale est plus pressant que jamais. C’est le lieu de se demander s’il n’y a pas urgence non seulement à réactiver le G5 Sahel, mais aussi à doter cet indispensable outil contre la menace terroriste de réels moyens qui lui permettrait d’y faire efficacement face. Or, force est de constater que le G5 Sahel, depuis sa création en 2014, n’a pas été doté de moyens à la hauteur de ses missions, en dépit du soutien affiché de la France et de l’Union Européenne.

Par ailleurs, la réactivation éventuelle du G5 Sahel et la redéfinition de ses missions, pourrait se heurter aux bouleversements géopolitiques récents dans la région, au premier chef, la décision du Niger, du Burkina Faso, du Mali de faire cavaliers seuls au sein de la nouvelle Alliance des Etats du Sahel (AES), devenu confédération.

Cette dispersion des énergies dans la lutte antiterroriste, cet émiettement de la puissance militaire pour des pays qui ont un ennemi commun à combattre, aussi redoutable qu’imprévisible, n’est-il pas de nature à réduire à néant leurs efforts ? Or l’article 4 de la Convention qui créé le G5 Sahel va explicitement dans ce sens et stipule : « Considérant les défis auxquels fait face la région du Sahel, notamment : le renforcement de la paix et la sécurité, la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière (…) »

L’heure est plus que jamais à l’urgence d’y réfléchir car, tous les Etats frontaliers du Tchad, au-delà des Etats sahéliens, font face à la même menace quasi-existentielle. Il est impératif pour neutraliser le serpent de mer djihadiste de converger plutôt, dans un mouvement centrifuge, vers une mutualisation des forces et non vers un mouvement centripète de dispersion, avec ses risques d’affaiblissement et d’inefficacité pour tous.

Eric Topona Mocnga, journaliste au service Afrique-Francophone de la Deutsche Welle à Bonn (Allemagne).

Le ministre de l'environnement, de la pêche et du développement durable M. Hassan Bakhit Djamous a annoncé ce lundi 4 novembre, la participation du Tchad à la 29ème conférence des parties de la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP29) lors d’un point de presse en présence de la ministre du Transport Mme Fatimé Goukouni Weddeve, vice-présidente du comité ad hoc de la préparation à la participation du Tchad à la COP29 qui se tiendra du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou en Azerbaidjan.

Selon le ministre de l'environnement M. Hassan Bakhit Djamous, le Tchad est l'un des pays fortement influencé par ces variations des températures et des conditions météorologiques. « L’année 2024 nous a tragiquement rappelé notre extrême vulnérabilité face aux changement : climatiques. Notre pays a été frappé par des vagues de chaleurs extrêmes en début de cette année, amplifiant les défis environnementaux et économiques pour une population déjà vulnérable. Cette forte chaleur a été suivie des inondations sans précédentes qui ont touché 119 de nos départements, affectant plus de 1,9 millions de personnes soit 10,2% de la population, causant près de 600 décès et des dégâts considérables sur nos infrastructures, notre agriculture et notre élevage. La recherche des solutions nous a conduit à mieux préparer la COP de cette année » informe-t-il.

Pour M. Hassan Bakhit Diamous, il s'agit d'une justice climatique car le Tchad qui contribue de manière minimale aux émissions mondiale de gaz est victime de la hausse des températures qui ont augmenté de 1,5 fois plus vite que la moyenne. Aussi, M. Hassan Bakhit Djamous affirme que la COP29 est annoncée comme la COP des finances et les attentes du Tchad sont claires et légitimes.

Au sujet du nouvel objectif collectif de financement climatique post 2025, nous nous alignons sur la position du groupe Afrique qui préconise un montant minimum de 1300 milliards de dollars US par an. Ce montant reflète les besoins réels des pays en développement pour faire face aux défis climatiques, dit-il. Pour le Tchad ces financements sont vitaux. « Nous appelons à une opérationnalisation rapide et efficace des fonds pour les pertes et préjudices créés lors de la COP25 à Dubaï. Notre pays qui subit de plein fouet les impacts des changements climatiques, doit accéder rapidement à ces financements sous forme de subventions », rappelle le ministre. Il plaide pour la création d'un fonds d'urgence spécifique, le développement des énergies propres, le transfert de technologies adaptées entre autres. Le comité est constitué essentiellement des membres du gouvernement et appuyé d'un comité des experts

NDM

Le Syndicat des Enseignants du Tchad (SET), section provinciale de N’Djamena a un nouveau secrétaire général. Il s'agit de Abdelkader Djibia. Il a été élu au cours du 6e congrès ordinaire tenu le samedi 2 novembre 2024 à la bibliothèque du lycée Félix Eboué. Le congrès a été placé sous le thème : « Tous, mobilisés pour développer le SET. Valorisons et transformons la profession enseignante ».

Les congressistes ont demandé au ministère de l'Éducation Nationale et de la Promotion Civique de signer les autorisations d'études en respectant les normes exigées et de mettre sur pied une commission de suivi des actes de carrière dans toutes les sections provinciales. Au gouvernement, ils demandent la prise en compte des notes des Épreuves Physiques Sportives (EPS) aux examens et concours et d'impliquer le ministère de la Jeunesse et des Sports dans l'organisation des examens et concours.

M. Abdelkader Djibia reconnaît les défis qui l’attendent. Il appelle ses camarades à se mobiliser pour défendre les intérêts des enseignants. « Les défis qui nous attendent sont nombreux. Mais je suis convaincu qu'avec la détermination et la solidarité de tous, nous pouvons les surmonter », souligne M. Abdelkader Djibia.

NDM

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