S’il est vrai que ce n’est pas la première fois que les tchadiens iront aux urnes pour choisir leurs représentants à l’Assemblée Nationale et leur Président de la République, les prochaines échéances électorales seront tout de même particulières. D’abord parce qu’elles se dérouleront dans un climat de sécurité et de paix, ensuite il y a l’importante adhésion politique autour de l’organisation de ces élections qui, il faut le dire, est une grande avancée pour notre démocratie. Une jeune démocratie qui a besoin d’être entretenue.
Ainsi, selon le chronogramme des élections générales 2011 émis par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), les tchadiens se rendront aux urnes le dimanche 06 février 2011 pour les législatives, le dimanche 03 avril 2011 pour le premier tour du scrutin présidentiel. Et le deuxième tour du scrutin présidentiel si nécessaire, est prévu pour le dimanche 26 juin 2011.
Comme dans tous les pays en développement, les défis de la prochaine législature et surtout du prochain quinquennat présidentiel seront principalement l’économie, le développement, l’éducation et la justice qui sont au plus bas. L’après élection augurera certainement une nouvelle ère, celle de l’émergence économique et du développement. Car, le désagréable retard dans lequel le Tchad baigne a d’abord été conditionné par la question de la sécurité. Mais la paix et la sécurité sont des préalables fondamentaux à l’existence d’un Etat de droit et il est commun, voir même juste que le chef de l’Etat en fasse ses priorités. Soulignons tout de même, alors que toute l’attention du pays était portée sur la question de la sécurité nationale, d’autres fléaux qui n’honorent pas le Tchad ont fait logis, singulièrement la corruption, les détournements des fonds publics et la gabegie. Présents par monts et par vaux, la corruption et les détournements sont les activités qui se portent le mieux dans ce pays, et d’ailleurs le Tchad excelle en la matière à l’échelle internationale. Le rapport 2010 de l’ONG Transparency International (TI) sur l'Indice de Perception de la Corruption, classe le Tchad au 171e rang sur 178 pays à côté des Etats comme le soudan, l’Irak, l’Afghanistan ou la somalie. Ces pratiques sont en réalité les tares qui gangrènent notre émergence et rendent dérisoires nos maigres efforts.
Aujourd’hui, l’instabilité tend à être classée dans les calendes grecques. La paix semble s’imposer. Le dialogue et le consensus sont continus. Sans doute, les prochains scrutins se dérouleront dans des conditions et dans un état d’esprit relativement meilleur que les précédents. Sans doute, dans la paix et la sécurité, le prochain Président de la République aura les coudées franches pour s’atteler aux urgents problèmes qui minent l’émergence du Tchad. La lutte contre la corruption et les détournements seront inéluctablement parmi les prochains engagements de la République. Oui, si on veut bien anticiper sur la déchéance de l’autorité de l’Etat. Oui, si on veut bien être porté au pinacle.
Moussa Yayami, Hamid