Il se dit l’un des précurseurs du rap au Tchad. Comme la plupart des artistes musiciens, il s’est formé à chorale de son église. Aujourd’hui il évolue en solo. Il nous parle de son choix de rapper. Entrevue.
Qui est Unik 13 ?
Je suis Asngar Madjitoloum Eric à l’état civil. Et Unik Eric 13 comme nom d’artiste. Je suis artiste musicien, rappeur. À part cela, je porte le chapeau d’un humanitaire.
Qu’est-ce que la musique pour vous ?
C’est une passion. J’ai reçu la piqûre à mon très jeune âge, 8 ans. Cette passion est née quand je venais avec mes aînés à l’église catholique de Kabalaye. C’est à cet endroit que j’ai rencontré un instrumentiste qui m’a donné le goût de la musique. À chaque fois que je rentrais de l’église, j’essayais de reproduire la scène avec les instruments que je fabriquais avec de l’argile. Ensuite, dans les années 1996, j’ai intégré une équipe des jeunes du quartier qui faisait de la danse organisée par le groupe Star Sao. J’ai apporté ma touche. C’est ainsi que j’ai créé mon premier groupe de rap en 2004 à Doba. Après le baccalauréat, il fallait venir à N’Djamena. Le groupe s’est disloqué et j’ai fondé un autre groupe à N’Djamena, en 2007 avec un autre ami. Là encore, le groupe s’est disloqué. Depuis 2010, j’ai décidé d’évoluer en solo.
Pourquoi avoir choisir le rap au lieu d’un autre genre musical ?
Le rap est un moyen d’exprimer ce que j’ai au plus profond de moi. Il permet aussi de conscientiser la population. Et surtout la jeunesse. Bref pourquoi le rap ? Parce qu’il permet tout simplement de très vite faire passer le message.
Face à la musique urbaine, le rap a-t-il un avenir ?
La tendance est en faveur de la musique urbaine. Le rap est menacé. Mais en tant que l’un des précurseurs du rap tchadien, je suis resté toujours assoiffé du rap et on cherche à lui redonner ses lettres de noblesse. On essaye de rester dans l’air du rap pour ne pas sortir du cadre, de rester toujours hip hop. Jusque-là ça va même si la musique urbaine s’impose.
Quelle est votre discographie à ce jour ?
À ce jour Unik Eric 13 totalise deux albums de douze titres chacun. Le 31 décembre 2016 le premier album, le 13 avril 2019, le deuxième album. À côté j’ai plusieurs singles.
Le public tchadien est-il encourageant ou démotivant ?
C’est un public un peu compliqué. N’importe quel artiste tchadien vous le dira. Mais les artistes ont une part de responsabilité dans ce comportement du public. Quelquefois on essaye de copier la musique occidentale pour l’adapter au contexte tchadien. Peut-être que c’est là la cause. Même si c’est le cas, il faut le dire : le public tchadien n’encourage pas les artistes locaux en venant à leurs concerts, en achetant leurs CD, écouter sur les sites de téléchargement.
Que dire de la musique tchadienne ?
La musique tchadienne est en pleine évolution. À l’ère du numérique, la musique tchadienne est écoutée partout. J’ai eu des retours de la part des amis qui sont à l’extérieur qui m’ont fait part de l’appréciation qu’ont donné les habitants de leurs villes en écoutant mes morceaux. Et ils nous encouragent. La musique tchadienne monte tranquillement. Aujourd’hui il y a des artistes tchadiens qui passent sur des chaînes internationales. Cela fait la fierté des Tchadiens.
Des projets, vous en avez ?
Oui. Et ils sont énormes. Cela fait 10 ans que j’évolue en solo et tous mes produits sont autoproduits. Je n’ai pas de producteur, mais j’ai un community manager qui travaille d’une manière bénévole. Le projet à court terme est la sortie imminente d’un single et son clip. Ensuite en 2021, on va lancer un autre clip sur le titre Dieu ne bénit pas les méchants. Il y a des projets des clips et des singles qui sont là. Le gros projet est un regroupement de quelques titres que je compte lancer en 2021.
Un message à vos mélomanes
D’abord, merci à Ialtchad Presse, vous faites un travail remarquable. Ici au Tchad on sait que ce sont les artistes qui courent derrière les médias pour pouvoir avoir de la visibilité. Mais la particularité chez vous est que c’est vous qui venez vers les artistes (il applaudit). J’invite mes fans à « liker » et à s’abonner aux différentes pages et sites d’Ialtchad Presse.
Propos recueillis par Christian Allahadjim