Le ministre de la Santé publique et de la solidarité nationale Dr Abdel-madjid Abderahim a reçu ce vendredi le représentant résident de la Banque mondiale (BM) sortant, Nicolas Rosemberg et son successeur Kofi Amponsah. C’est aussi l’occasion pour les experts de la BM d’échanger avec le ministre sur les perspectives du partenariat et recueillir les avis du ministre et ses collaborateurs pour renforcer la collaboration. Reportage.
Le représentant sortant de la BM au Tchad, Nicolas Rosemberg a présenté ce vendredi à N’Djamena son remplaçant Kofi Amponsah au ministre de la Santé publique et de la Solidarité nationale, Dr Abdel-madjid et ses collaborateurs. Au cours de cette rencontre, les experts de la banque mondiale ont échangé avec le ministre et ses collaborateurs sur le portefeuille de leur institution, les perspectives du partenariat, les actions futures. Ils ont aussi recueilli les avis et suggestions du ministre et ses chefs de service pour renforcer la collaboration. Le représentant sortant de la BM a présenté l’évaluation à mi-parcours de l’impact des investissements, la lutte contre la COVID 19, les opportunités et la continuité des activités. L’expert a aussi évoqué les difficultés et les stratégies pour apporter des réponses adéquates aux préoccupations soulevées. Il a également rassuré les responsables du ministère de la disponibilité de l’équipe de la BM à œuvrer sans relâche au côté du ministère de la Santé publique et de la Solidarité nationale pour améliorer les prestations de services.
Le ministre de la Santé publique et de la Solidarité nationale, Dr Abdel-madjid a mis l’accent sur la nécessité d’intensifier et d’élargir les activités pour couvrir les provinces qui éprouvent des difficultés en matière de ressources afin d’assurer la santé des populations. Il ajoute que son département a besoin de plus de ressources humaines, des infrastructures et d’équipements pour répondre aux sollicitations des patients. Dr Abdel-madjid Abderahim invite les responsables du ministère à travailler avec les experts de la BM pour traduire dans les faits la vision tendant à renforcer le système de santé. Le ministre exhorte ses cadres à décentraliser la conduite des activités d’assurer le suivi régulier et de coordonner les actions. Il a salué l’engagement de la BM et sa volonté de toujours renforcer la coopération et de diversifier les interventions selon les besoins exprimés conformément aux spécificités des localités du pays.
Au Tchad, la banque mondiale finance plus de 50 projets de développement visant à réduire la pauvreté.
Jules Doukoundjé
Tout est fini ce 12 mai au sujet du renforcement des capacités des médias en ligne et des quelques radios communautaires venues des provinces tchadiennes. C’était un rappel au professionnalisme et à la responsabilité des acteurs du digital. Objectif : un accompagnement apaisé du prochain dialogue national inclusif. Quelques recommandations ont été formulées par les participants à l’endroit du CODNI et ses partenaires, du gouvernement, des patrons de presse et des journalistes eux-mêmes. Reportage.
Une quarantaine des journalistes des médias en ligne et des radios communautaires provinciales ont été outillés du 11 au 12 mai 2022 dans un hôtel de la capitale tchadienne, N’Djamena. Il s’agit d’un renforcement des capacités pour un accompagnement apaisé au dialogue national inclusif (DNI), disent les initiateurs. Les hommes des médias ont remercié le comité d’organisation du DNI (CODNI) et ses partenaires techniques, Institut International en Assistance au Développement Électoral (IDEA) et l’Union européenne (UE) pour leurs sollicitudes. Ils ont aussi reconnu l’important apport des formateurs durant les sessions. Les participants ont aussi formulé des recommandations. Au CODNI, ils demandent les conditions nécessaires de couverture médiatique pendant le dialogue. Aux partenaires de continuer à renforcer les capacités des médias, aux patrons de presse de former les journalistes sur les règles du métier, aux journalistes de traiter l’information avec plus de responsabilité et d’objectivité.
Selon le président du comité technique du CODNI, M. Gambaye Ndjerakor Djegoltar, la dynamique d’implication des médias dans le processus du dialogue va se poursuivre. Il réitère son propos selon lequel, le digital est un atout, mais aussi un défi. Le représentant pays de IDEA International lui paraphrase un auteur : « la communication mène à tout à condition d’en sortir. » A son avis, la mauvaise manipulation de la communication à l’exemple de la « Radio Mille collines » a conduit le Rwanda au malheureux évènement génocidaire entre Hutu et Tutsi en 1994. Loin de comparer le Tchad au Rwanda, le représentant de IDEA appelle les journalistes tchadiens surtout du digital à plus de vigilance dans le traitement des informations avant, pendant et après le dialogue. Toujours selon lui, il est salutaire que les journalistes eux-mêmes s’instruisent pour un traitement responsable de l’information pour la paix et la stabilité du Tchad. Le gouverneur de N’Djamena, Adago Yacouba, rassure la presse du soutien du gouvernement le long de ce processus. Il insiste également sur le professionnalisme dans le métier pour bien informer les Tchadiens au cours de cette grande messe nationale.
Les thèmes abordés au cours des travaux ont été : le cadre juridique institutionnel de la presse digitale (la loi 31 de 2018), les règles de base en journalisme et l’aide à la presse (formateur Touroumbaye Geoffrey, chef de département formation et recherche de la Haute autorité des médias audiovisuels HAMA). L’ancien ministre de la Communication Betel Miarom a abordé la question de discours de haine dans les Médias ainsi que le code d’éthique et de la déontologie. Le dernier formateur Dr Francis Beninga Doroh, Expert en TIC à la Cour suprême, a entretenu les participants sur les techniques de vérification des « fake news » (fausses nouvelles), la sécurité numérique des journalistes (loi 09), le cyber espace de grand évènement (DNI), et le cyber presse tchadienne.
Moyalbaye Nadjasna
La présence de l’armée française à Ati, la capitale provinciale du Batha intrigue certains intellectuels et leaders de la société civile tchadienne. Ils craignent la création d’une nouvelle base militaire française dans le centre du pays. Mais l’ambassade de la France au Tchad dément le redéploiement de l’armée et l’implantation d’une nouvelle base militaire au Tchad. Reportage.
La France compte environ 4500 militaires répartis dans 3 bases militaires qui sont à N’Djamena, Abéché dans l’Est du pays et à Faya, dans le Nord. Mais la présence de quelques militaires français à Ati dans le centre du pays crée la polémique. Cette présence a été dénoncée par la plateforme de la société civile Wakit Tama qui craint la création d’une nouvelle base militaire française dans le pays.
L’ambassade de France au Tchad dément l’information. Le gouvernement tchadien par le biais de son ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Abderrahmane Koulamallah nie l’existence d’un nouvel accord militaire avec le gouvernement français. Il affirme que l’accord militaire entre le Tchad et la France existe depuis l’indépendance sous la gouverne du premier président François Ngarta Tombalbaye.
Pour le coordonnateur des associations de la société civile du Batha Ali Mamadia, la présence permanente de l’armée française à Ati n’est pas encore confirmée. Selon lui, le séjour des militaires français à Ati serait dû à une panne de leur avion qui a fait un atterrissage forcé. M. Mamadia dit avoir demandé aux militaires français les raisons de leur présence. Il estime que si l’armée française devait s’implanter au Batha, il faudrait demander l’avis de la communauté.
Pour le maire de la ville D’Ati, Abakar Moussa Kaidallah, ce n’est pas nouveau que dans la zone en question, les avions de l’armée française et tchadienne ont l’habitude de s’entraîner. « La zone d’Ati est plate et c’est depuis des années que l’armée française s’entraîne. Elle fait des exercices ». Le maire soutient que les militaires français sont là pour garder leur avion en réparation. Il affirme que les militaires français ont réuni les autorités de la ville pour leur expliquer cette présence. Il ajoute que beaucoup de gens font de la spéculation en disant que l’armée française est dans la zone pour chercher de l’or. Ce qui est faux, dit le Maire.
Dans son analyse, le Pr Ahmat Mahamat Hassan affirme que sous couvert de la sécurité, il y aurait une exploitation ou exploration minière qui ne dit pas son nom. Il explique que ce sont les mêmes phénomènes qui se sont déroulés au Mali et au Niger Et l’armée française met toujours la sécurité au-devant pour piller le sous-sol africain. Au sujet du démenti de l’ambassadeur de la France au Tchad, le Pr soutient que c’est normal, celui-ci nie parce qu’il n’y a pas de base française à Ati mais c'est couverts par les accords secrets de coopération. Il affirme que légalement l’ambassadeur a raison. Pour la panne technique de l’avion, l’enseignant-chercheur est formel, « c’est juste une couverture pour faire autre chose et que les entraînements des soldats français dans la zone n’est qu’une diversion, les vraies raisons sont ailleurs ».
Jules Doukoundjé
Ousmane Bello Daoudou
L’Association Internationale des Canadiens d’Afrique en abrégé « AICA » a procédé au lancement officiel de ses activités ce matin, jeudi 12 mai à l’hôtel Radisson Blu de la capitale tchadienne, N’Djamena. C’est aussi l’occasion de mettre sur pied son bureau au Tchad. Plusieurs autorités et cadres associatives ont pris à cette cérémonie. Reportage.
Après avoir entamé des démarches administratives auprès des autorités tchadiennes en 2021 en vue d’un accord d’établissement pour sa représentation au Tchad, l’AICA a obtenu un avis favorable de déployer pour l’ouverture d’une section.
Dans son mot d’ouverture, Aicha Yahya, présidente de l’Association International des Canadiens d’Afrique au Tchad se dit très contente de diriger cette toute première association canadienne au Tchad avec une équipe engagée pour traduire en actes la vision de l’AICA, une vision universelle qui favorise une meilleure intégration des peuples et des cultures entre le Canada et le Tchad. Elle ajoute que la problématique du développement du Tchad nécessite le soutien de plusieurs partenaires en l’occurrence de l’AICA qui apportera sa modeste contribution pour soutenir l’effort du gouvernement tchadien dans le progrès social. « Au partenaire du développement sur le terrain, nous voulons votre soutien pour un apprentissage dans le cadre de partenariat des actions conjointes », affirme-t-elle.
Commençant par la déclaration de Ralph Waldo Emerson « n’allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n’y a pas de chemin et laissez une trace », lance le président fondateur de cette association présent à cette cérémonie, Semoho Éric Agbemelo. Il affirme, « poser le premier pas au Tchad est une façon de créer le chemin à plusieurs autres organisations canadiennes qui désirent s’installer. Et je suis persuadé qu’aujourd’hui une grande porte de collaboration nouvelle s’ouvre au Tchad pour les ONG canadiennes. » Il ajoute encore que l’AICA créée à partir d’une initiative des Africains canadiens de la diaspora pour accompagner la société civile tchadienne et procéder à une évaluation objective des activités et des actions concrètes. Pour cela, l’AICA a regroupé toutes les associations de la société civile tchadienne autour d’une table de réflexion et de concertation pour trouver une solution réelle aux différents défis qui se présentent dans leur environnement immédiat et bien d’autres activités, a-t-il dit.
Enfin, Mabrouk Kalifa Faradj, Consul honoraire représentant l’ambassadeur du Canada au Cameroun explique que le Canada a toujours démontré son attachement aux différentes priorités en Afrique, notamment la promotion de la paix, du développement économique et surtout quand il s’agit de faire face à des situations du Genre. Selon lui, la politique de son gouvernement par le biais du fond canadien d’initiative locale a donné sa contribution aux programmes internationaux pour la sensibilisation sur les questions de paix, des droits de la femme, les questions sociales, éducatives, humanitaires, environnementales est une priorité de la politique canadienne au Tchad.
Haoua Adoum Ibeth
Abderamane Moussa Amadaye
Le monde célèbre ce 11 mai la mort du reggaeman mondial Robert Nesta Marley connu sous le nom Bob Marley. Pour donner un cachet particulier à cette célébration, celui qui suit ses pas, Achille Baldal, est rentré au pays pour organiser un festival du Reggae, le premier du genre. Le festival se déroule du 11 au 15 mai 2022 à l’espace Talino Manu à Moursal dans la commune du 6e arrondissement. L’initiateur de ce festival Achille Baldal nous parle de l’objectif qu’il veut atteindre. Reportage
« Notre rôle consiste à réconcilier notre peuple. Fraternité matin, on doit être uni, on est tous des frères. Uni par le même sang, il faut qu’on laisse cette histoire de politique, de division à côté. On est obligé de vivre ensemble et puis essayer de porter le pays à l’échelle internationale. C’est ça qui nous intéresse ». C’est la motivation de l’artiste Achille Baldal à travers l’organisation de ce festival.
Pour donner de la couleur au mouvement rastafari et aider dans l’atteinte de ses objectifs, Achille Baldal a invité des artistes reggaeman du Burkina Faso, de la Côte-d’Ivoire et du Cameroun. En plus de ceux-là, il sera accompagné aussi par quelques artistes tchadiens. Pour Achille Baldal, les reggaeman doivent fêter quand même l’anniversaire de leur King Marley. Il est fêté partout dans le monde, mais pourquoi pas au Tchad ? Il ajoute qu’ils ont des messages à envoyer au public à travers ce festival. « Il y a une crise qui sévit actuellement au Tchad donc on apporte notre pierre à l’édifice de la nation. Le reggae c’est la musique des pauvres, des gens qui souffrent. Donc l’œil, l’oreille et la bouche du peuple tchadien. J’essaye de dénoncer les tares de la société. Quand ça ne marche pas, je joue le rôle d’un arbitre et je siffle le hors-jeu », précise-t-il.
Le festival se déroule du 11 mai au 15 mai prochain avec l’ouverture des stands et une entrée libre pour le public. Achille Baldal se définit comme reggæman tchadien et vit depuis 2002 aux USA. Très engagé, il s’est construit une réputation grâce à ses textes. Pour la petite histoire, Robert Nesta Marley à l’état civil, est le père du reggae moderne qu’on fête sa mort ce 11 mai. Auteur-compositeur-interprète et musicien, Bob Marley est considéré comme celui qui a permis à la musique jamaïcaine et au mouvement rastafari de connaître une audience planétaire. Au cours de sa carrière, Bob Marley est considéré comme un symbole mondial de la culture et de l’identité jamaïcaine, tout en plaidant également pour le panafricanisme , le tiers monde et la réduction des inégalités et de la misère. Il est mort de suite de cancer généralisé le 11 amis 1981 à Miami à l’âge de 36 ans.
Kouladoum Mireille Modestine
Un renforcement de capacité des médias en ligne pour un accompagnement au Dialogue national inclusif a été ouvert ce 11 mai dans un hôtel ici à N’Djamena. C’est une initiative du Comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) et ses partenaires financiers et techniques, l’Union européenne (UE) et Institut international en Appui au Développement Électoral (IDEA International). Reportage.
Le CODNI et ses partenaires renforcent les capacités des journalistes des radios communautaires et des médias en lignes pour plus de professionnalisme pendant le dialogue à venir. Selon M. Abdoul Wahab BA, représentant pays de IDEA International, la recherche de dialogue inclusif et transparent est important dans le contexte politique actuelle au Tchad. A son avis, cette formation est une opportunité pour réunir les outils techniques dans la production, le contrôle de la circulation de l’information digitale. « Avec le digital, vous disposez d’un instrument puissant, que d’aucuns appelleront de destruction massive. Je préfère l’appeler un instrument puissant de construction massive. C’est un instrument à double tranchant. Il est important de diffuser la vraie information pour éviter la dérive susceptible de troubler la quiétude ambiante », déclare-t-il. Le représentant pays de IDEA soutient que la communication est l’une des clés de voûte de la réussite du DNI.
M. Gambaye Ndjerakor Djegoltar, président du comité technique du CODNI, considère le digital comme un atout, mais en même temps un défi. D’après lui en 1990 à la Conférence Nationale Souveraine (CNS), on parlait de la représentativité citoyenne, mais aujourd’hui, c’est la participation citoyenne. Il souhaite que ce renforcement des capacités doit calibrer le digital. Seule la valeur ajoutée, dit-il, va garantir l’atteinte de l’objectif de ce dialogue : définir un cahier de charge pour un nouveau Tchad. Selon lui, le Dialogue à venir ne concernera pas seulement ceux en salle, mais tous les concitoyens sur l’étendue du territoire et ceux de la diaspora. « Toiser le digital c’est asseoir une stratégie commune de contribution citoyenne du digital pour le DNI. Les suggestions issues de cette formation pourront sous-tendre une meilleure organisation en matière de communication pour réussir ces assises nationales », exprime-t-il.
Le Gouverneur de la ville de N’Djamena M. Adago Yacouba souligne que les médias sont des acteurs clés. Grâce à eux, soutient-il, on peut rapprocher les Tchadiens et leur faire percevoir le sens profond de l’unité nationale. Chaque jour, chacun doit promouvoir la cohabitation pacifique et le vivre ensemble, lance le gouverneur. « La tolérance et l’ouverture d’esprit seul peuvent nous guérir de ce mal qu’est la division. Le CODNI et ses partenaires ont bien choisi un thème pour attirer l’attention des médias sur les dérives de tout genre sur les réseaux sociaux. Le moment est bien indiqué de convier les journalistes à un traitement responsable des informations pour promouvoir la paix sincère des cœurs », affirme M. Adago Yacouba. Seul le professionnalisme peut faire porter une influence positive avant, pendant et après le DNI, conclut-il.
C’est demain que les travaux de renforcement des capacités des médias en ligne vont finir.
Moyalbaye Nadjasna
Le Tchad comme partout dans le monde a célébré le 3 mai dernier la journée mondiale de la liberté de la presse. Le rapport 2022 de Reporters Sans Frontière classe le Tchad au 104 rang sur 180. Et dis ceci: « La situation politique et sécuritaire du Tchad reste très instable et fait peser des risques importants sur l’exercice du journalisme. La mort, en avril 2021, du président Idriss Deby Itno n’offre pour l’instant aucune perspective nouvelle pour la démocratisation du pays. » Entrevue.
Alors où en est-on au pays avec la liberté de presse, en cette phase de transition? Comment se portent les médias? Dans quelles conditions travaille le journaliste tchadien? Vaste champ de questionnement. Nous recevons au plateau de notre émission Le Point et dans le studio Saleh Gaba l’ex-journaliste, politologue et enseignant chercheur Dr Évariste Ngarlem Toldé pour nous éclairer.
On est dans le studio Saleh Gaba, une grande figure du journalisme tchadien. On fête ce 3 mai la journée de la liberté de la Presse et on ne voit aucun signe qui parle de cet imminent journaliste. Qu’est que cela nous dit à nous tous, journalistes, citoyens, patron de presse, décideurs politiques sur l’état des médias au Tchad?
J’ai eu un pincement au cœur dès que vous avez prononcé le nom de Saleh Gaba (SG) que j’ai personnellement connu et je sais dans quelle situation il a disparu. Je suis dans un studio qui porte son. Je vaudrais vous dire merci d’avoir pensé à refaire vivre SG. C’est le prototype du reporter, le journaliste hors pair. Alors en cette journée qu’est que les Tchadiens et le journaliste tchadien on fait? À ma connaissance pas grand-chose. Une telle date devrait permettre de penser à ceux qui ne sont plus de ce monde, les premiers journalistes qu’on a eu à la radio dans les débuts des années 60. On m'a cité Khamis Togoï, Laou Djongosi ce sont des noms qu’on doit mettre ce 3 mai en valeur. Apparemment on n'a pas pensé à ces pionniers qui ont déblayé. le métier On devrait penser à ceux qui ont payé de leur vie pour que la liberté de la presse soit une réalité dans notre pays. Malheureusement on constate un relâchement par rapport aux années passées alors qu’on devait poser des actes pour marquer cette journée.
Pour rétablir les choses, il y a le prix SG institué par la Haute Autorité des Médias audiovisuels (HAMA) avec le président Djonabaye Dieudonné. Si j’ai bien compris, l’état de la presse est catastrophique. Elle n’a même pas de mémoire?
Absolument. Je ne vous le fais pas dire. J’étais même parmi ceux qui ont institué le prix de l’excellence en journaliste. À l’époque, on voulait même un studio qui porte le non SG. Il y a eu débat, mais nous ne sommes pas arrivés à le faire.
Un studio Saleh Gaba?
Oui, oui un studio SG
Malgré cette grande tour (télévision et radio, Onama), personne n’a pensé à SG?
Même pas. Personne n’a pensé à l’immortaliser malgré la proposition de Sy Koumbo Singagali. Elle représentait l’ATPE (agence tchadienne de presse et d’édition), moi j’étais président de l’UJT (Union des journalistes tchadiens) et les présidents des corporations, on avait pensé à ces genres d’initiatives.
Le Tchad est passé de 123e rang à la 104e place. N’est-ce pas une amélioration? Ou c’est juste en trompe-œil?
Il faudrait qu’on nous dise qu’est-ce qui s’est passé entre temps. Le rapport de Reporter Sans frontière (RSF) c’est chaque année. Qu’est-ce qui s’est passé entre 2021 et 2022? Entre temps on a vu les journalistes faire de la prison, entraînés en justice, à la barre pour un oui, pour un non. Ce sont des images qu’on ne voyait plus. Je me rappelle, l’UJT on se mobilisait pour voler au secours, avec la Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH), le directeur de radio Brakos de Moïssala qui était menacée par les militaires parce qu’il donnait libre parole aux auditeurs.
Dans une situation pareille, peut-on parler de la liberté de la Presse?
Oui, pourquoi pas. Cela a toujours existé. Vous savez au sortir de la Conférence nationale souveraine (CNS) en 1993, les journalistes, nous avons obtenu la Loi 19 sur le régime de la Presse, nous avons obtenu aussi la nomination d’Emmanuelle Touadé et la mise en place du Haut conseil de communication. Tout cela relève du domaine des textes juridiques qui régissent la presse au Tchad. J’ai aimé votre appréciation en disant « médias publics » et non des médias d’État. C’est tout à fait normal de nommer les journalistes qui sont fonctionnaires, agents de l’État. Moi mon problème ce que ces journalistes sont presque tous du même bord politique. Tous ceux qui arrivent là font les louanges du chef de l’État. Ils rament tous à contre-courant des idéaux du journalisme. Je ne citerai pas des noms, mais aujourd’hui, beaucoup des journalistes pour suivre sont obligés de passer par là.
Les médias privés travaillent dans la précarité, l’aide à la presse a tari, les publications respectent à peine les règles. Quelle solution faut-il proposer? Quel modèle économique proposer?
Vous savez nous nous sommes retrouvés en 2005 entre responsables des associations de journalistes à Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC). Nous avons concocté la convention collective des journalistes qui fixe un minimum pour le journaliste : salaire, congés, etc. Nous avons travaillé, 14 pays, dans le sens de la viabilité des médias en Afrique et surtout de l’Afrique francophone. Vous avez parlé de l’impression, oui. Mais la détaxation des intrants qui rentrent dans la production d’un journal. Il y a le loyer, le coût de l’électricité, etc. Nous avons dit voici le minimum. Il faudrait aussi que le journaliste soit bien traité. Les patrons de presse, directeur de publication roulent tous en voiture alors que le journaliste marche à pied. Nous-mêmes parfois les journalistes nous nous faisons du mal à nous-mêmes. La convention voulue devrait s’occuper du journaliste. Dès l’instant qu’on a sa carte de presse, on doit avoir des soins gratuits, se déplacer librement, voyager rapidement, etc. Plusieurs domaines évoqués, mais les gens ne veulent pas nous entendre. En 2002 l’Union européenne (UE) avait mis 200 millions de F CFA pour demander à l’État tchadien de nous donner un local et l’équiper avec ces 200 millions. L’État tchadien est resté muet. 2003 ce fonds sont ramenés à 125 millions, 2004 à quatre-vingts quelques millions, 2005 j’étais arrivé comme président de l’UJT. Et les fonds sont rapatriés. Quelles raisons ont été évoquées? Ils disent « on ne peut pas mettre des fonds aussi conséquents à la disposition des journalistes, « nos ennemis », ils deviendront pires que les partis politiques.»
Justement, est-ce que cette situation, maintenir les journalistes dans la précarité n’est pas voulue? N’est-ce pas la faute des journalistes?
Oui. Vous l’avez ébauché. En 1988-89, on a créé l’UJT sous la dictature, organisation faîtière des journalistes. Aujourd’hui vous allez compter combien des organisations qui défendent des intérêts partisans dans la profession? Tantôt c’est ceci, tantôt c’est pour cela. Donc nous avons creusé notre propre tombe. Vous arrivez à un reportage, on attend les gars de télé. On va même les chercher comme si la radio et la presse écrite ne sont pas des médias. Il y a même une division entre médias publics et privés. On estime que ceux des médias publics doivent être privilégiés au détriment du privé. On crée de ces distanciations. On est entré dans la division, cela a fait le lit de la division. Les journalistes doivent demander des comptes aux autorités.
A votre époque, il y avait l’âme du journaliste tchadien avec les Madjirangar Fakir Kana Sawa. Malgré la dictature, il y avait quelque chose et cela donnait envie d’être journaliste. Mais aujourd’hui c’est creux, ça sonne faux. Quels conseils donnerez aux jeunes journalistes qui montent en termes de prise de conscience?
Avant la libéralisation des médias, il n’y avait que les médias publics à part Tchad Culture. Et tous ceux qui venaient sortaient des écoles de formation, même si les premiers étaient formés dans le tas, parce que le journalisme est une science et une technique. Ce n’est pas pour rien qu’on a concocté une loi, rien que pour la presse. Il n’y a pas une loi pour les médecins. Pas une loi pour les juges.On a choisi de faire une loi pour les journalistes parce que c’est un métier à part. La loi dit que toute personne exerçant dans un journal, une radio, une télé et tirant ses revenus d’une entreprise de presse est journaliste. Celui qui a 30 ans d’exercice et celui arrivé aujourd’hui, rien ne vous distingue. Cette disposition ne fait pas référence à un diplôme. Elle a ouvert la porte à ceux que j’appelle les brebis galeuses. Ils sont entrés dans la profession. Ils ont terni l’image de la profession.
Faut-il donc nettoyer le métier?
Oui justement.
Comment faites pour nettoyer?
Pour la remise de la carte de presse, je crois que la Hama a exigé que les Directeurs de publication et rédacteurs en chef soient issus des écoles du journalisme. Il faut un minimum. On a découvert à un moment qu’il y a qui venaient avec leurs diplômes de pêche ou d’agriculture et qui devenaient journalistes. Pourquoi ils ne peuvent pas aller aux Douanes ou à la Police avec ses diplôme?. Pourquoi c’est le journalisme qui absorbe ces gens-là.
C’est peut-être parce que c’est un métier de liberté. Non?
Oui, mais…un métier de liberté parce que c’est laissé à merci de tout le monde alors que c’est la loi qui règlemente. Je dis, c’est la loi qui les autorise puisqu’elle ne fait pas mention de diplôme. Je reconnais comme beaucoup que les meilleurs journalistes ne sont pas ceux qui sortent des écoles de journalisme. Là je suis entièrement d’accord.
On est en période de transition. Depuis les journalistes sont invités à ne pas diffuser des propos haineux. Est-ce que c’est le rôle du journaliste? Est-ce que ce n’est une forme de censure?
Non. Ce n’est pas le rôle du journaliste.
Mais on n’entend pas le journaliste dirent que ce n’est pas leur rôle.
Ils ne peuvent pas le dire. Ils ne peuvent pas s’arrêter de passer l’information. On ne peut pas empêcher le journaliste de dire ce qu’ils voit. Mais c’est la façon de le dire et de l’écrire. Aujourd’hui, il y a des médias modernes ces choses se disent.
Quel est votre mot de fin par rapport à l’état des médias et des conditions de travail des journalistes?
Moi je sollicite le statut particulier pour ceux qui travaillent dans les médias. Il faut faire en sorte que les conditions de travail des journalistes s’améliorent. Il faut faire parvenir l’information partout. Je demanderais en cette journée qu’elle soit consacrée à la réflexion aux conditions de travail des journalistes avant de penser aux projets.
Réalisation Bello Bakary Mana
Un mois après la levée de la grève illimitée lancée par les magistrats tchadiens, les hommes de la loi se sont retrouvés le 6 mai dernier pour évaluer les démarches de leurs revendications. Pour plus de précision, la rédaction d’Ialtchad presse a contacté ce 10 mai le 1er Substitut General de la Cour d’Appel de N’Djamena, M. Bruno Taoka, Vice-président du syndicat Autonome des magistrats du Tchad pour faire un suivi. Reportage.
Selon le vice-président du syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT), M. Taoka Bruno, ils ont eu une rencontre pour voir l’état d’avancement de leurs revendications suite à leur Assemblée générale (AG) du mois d’avril. Selon lui, il y avait plusieurs points, entre autres, le déploiement en effectif suffisant des gendarmes en protection dans toutes nos juridictions. Sur cette première demande, le 1er Substitut General de la Cour d’Appel de N’Djamena affirme que des éléments de sécurité sont déjà déployés dans quelques juridictions. Il cite les juridictions de, Moissala, Fianga, Mongo etc. À son avis bientôt vont suivre d’autres pour le reste des juridictions. Concernant la dotation de cinq ordres de juridiction du Tchad en véhicule, M. Taoka Bruno assure que la commande a été déjà lancée. « Nous avons demandé aussi la dotation de stations wagon ou fourgonnettes qui vont assurer la liaison entre N’Djamena et les maisons d’arrêt et les différentes chambres d’audience », dit-il.
Au sujet du sensible dossier de dotation en armes de pointe, le vice-président du SYAMAT annonce que la commande est aussi faite. Plus de 400 armes, dit-il, sont disponibles et vont être distribuées aux magistrats. Le procureur général soutient aussi que le point sur la construction d’un palais digne de ce nom à N’Djamena avance également. Le marché est relancé et l’attributaire également, affirme-t-il.
Sur l’indice salarial, il y a une promesse, déclare M. Taoka. « Nous avons estimé que c’est globalement suffisant pour qu’on ne reparte pas en grève. Il faut donner du temps au gouvernement pour parfaire ce qu’ils ont commencé. C’est ainsi que nous avons décidé que la levée de la grève soit prorogée jusqu’au 6 juin 2022 ». Il explique qu’ils vont se revoir encore à cette date susvisée pour refaire une évaluation.
Rappelons que c’est le 22 mars 2022 que les magistrats ont déclenché leur grève illimitée. Ils évoquaient être fatigués des agressions physiques, de l’insécurité en milieu judiciaire, etc. Le 8 avril 2022 une autre AG a abouti à la suspension de la grève et un moratoire d’un mois a été accordé au gouvernement qui coulait du 11 avril au 6 mai.
Moyalbaye Nadjasna