Elle est jeune. Elle est artiste. Elle est chanteuse, mais une chanteuse à part. Pas comme les autres avec son concept de « dje noon pah », qu’elle a défini par « celle qui pleure » Entrevue.
Jeune chanteuse, vous démarrez dans ce métier. Qui êtes-vous ?
Je suis Matibeye Geneviève artiste musicienne, je ne suis pas une chanteuse ordinaire je suis « dje noon pah » celle qui pleure la chanson et Entrepreneur sociale parce que j’aime les gens. J’aurais facilement fait travailleuse sociale si on avait un pays mieux organisé pour venir en aide au plus fauché d’entre nous. Ceux dont la vie n’a pas souri et parfois même handicapés physiquement.
Votre parcours d’artiste ? Comment tout a commencé ?
Très jeune. J’ai commencé à la chorale de l’Église. J’ai toujours été fasciné par les harmonies et la musique. J’ai été choriste en studio et sur scène pour accompagner des artistes. C’étaient en 2012. J’avais envie de tracer mon chemin sans trop des tracasseries. Après réflexion, la seule façon d’y arriver c’est de commencer ma carrière solo. Cette décision m’a permis d’apprendre beaucoup de choses. Et d’assumer mes responsabilités. Si je ne réussis pas un coup, je ne chercherais pas à blâmer autrui. Cela sera ma faute. Et je continuerais à apprendre.
Quel est votre genre musical ?
Du Word beat ou Word musique ou encore musique du monde, c’est selon. C’est un mélange de la musique traditionnelle et de la musique moderne, du jazz & bleus sur un style Noon pah avec mes touches personnelles.
Votre discographie ?
J’ai enregistré plusieurs singles. Ils sont déjà en écoute sur les plateformes digitales, les radios et un album toujours en route faute de moyen. Au Tchad il n’y a pas un fort soutien à la culture, à l’artiste. Il n’a pas de statut donc c’est un inconnu. C’est comme un errant sans pièce d’identité. Alors que ce sont les artistes qui sont les meilleurs ambassadeurs. J’ai le sentiment qu’on déteste l’artiste dans ce pays du Tchad.
Quelle est votre opinion sur le milieu de la musique tchadienne en particulier et de la culture en général ?
Je dirais que la production est très satisfaisante. L’évolution a été très rapide et positive. Ces dernières années, il y a une grande révolution de la musique tchadienne avec un grand nombre d’artistes, un travail de qualité, un retour à la source, et une recherche identité. La musique tchadienne est prête à être exportée au-delà de nos frontières.
Si demain le ministère de la Culture vous convoque pour vous demander conseil sur la musique et la culture, qu’est-ce que vous leur direz ?
Déjà de penser au statut de l’artiste, Créer un fond d’accompagnements des artistes Créer une école des arts et de la culture, Créer des salles d spectacles aux normes internationales
Mettre en place une politique de diffusion et de valorisation de la musique tchadienne. On espère bien qu’avec notre nouveau ministère les choses font changer rire
Quels sont tes projets ?
Je travaille sur mon projet de recherche sur le « noon pah ou pleureuse de la chanson » qui est une recherche identitaire. J’ai pu grâce à cela rencontrer des griottes dans le sud et le nord. J’étais accompagné d’une musicologue française. J’ai monté une résidence de création en 2019. Elle a permis de réadapter les chansons. La deuxième phase du projet est en quête d’accompagnement et de financement rire. J’ai participé au marché des arts et des spectacles d’Abidjan en mars avec un projet Women Power. C’est un projet qui regroupe des chanteuses africaines et un groupe féminin marseillaises qui étais prêt à être lancé, mais Mme Covid-19 a décidé de tout arrêter. On attend que les activistes reprennent de sitôt.
Votre mot de la fin
Un grand merci à vous et tous ceux qui soutiennent la musique tchadienne et les arts. Il faut que les Tchadiens aiment et encouragent leurs œuvres en les consommant, en les partageant, l’exporter. C’est ainsi nous allons faire connaître notre culture.
Entrevue réalisée par Habiba Abdelhakim