Reportage

Reportage (1418)

À N’Djaména, capitale tchadienne, les disputes entre les transporteurs et leurs clients sont « monnaie courante ». Une équipe de la rédaction est allée à la rencontre des conducteurs et les clients pour constater le fait. Reportage.

Les causes des querelles entre les transporteurs des mini bus, appelés communément « Toyota Hayiche » (déformation du modèle Toyota Hiache), et leurs clients sont principalement la rareté des jetons. Selon nos informations le prix du transport du client d’un point A à un point B est soumis, lorsqu'un client présente un billet, à payer 50 F de plus que la somme prévue. Cela s’applique lorsque le client ne prévient pas à l'avance qu’il a un billet au lieu de pièce de monnaie.

Toujours selon nos sources, certains chauffeurs et leurs apprentis appliquent cette entente tacite autrement pour des raisons qui leur sont propres. Certains clients se rechignent face aux surplus d'argent « certains chauffeurs se cachent derrière la rareté des jetons pour se remplir les poches. C'est l’origine souvent de ces disputes », affirment des clients.

Des clients rencontrés s'expriment. « Ce matin j'étais victime de cela. J'ai pris le bus de Dembé pour le grand marché. J'ai bien précisé que j'avais 500 F. arrivés à la destination, l'apprenti m'a retiré 250 F au lieu de 100 F ou 150 F. Lorsque j'ai voulu savoir la cause, ce petit a failli me gifler. Les gens nous ont séparés à peine. Normalement quand on prend le bus et qu'on ne signale pas à l'avance l'apprenti au cas où on a un billet, on devrait subir un payement de 50 F de plus. Mais en ce dernier temps, beaucoup des apprentis en complicité avec leurs chauffeurs font semblant pour soutirer plus au client », raconte Alladji Derim, un citoyen rencontré au marché central de N’Djaména.

Ici nous sommes à l'axe marché de mil pour Dembé. Le prix est fixé à 150 F.   Au cas où nous avons un billet, on doit dire d'abord avant d'embarquer. Arrivés à la destination, certains sont honnêtes, mais d'autres sont malhonnêtes, agressifs et brutaux. Ils n'ont pas du tout pitié de la souffrance de la population. C'est vraiment compliqué, dit Remadji, une vendeuse au marché à mil de N’Djaména.

Les chauffeurs rejettent l'affirmation des clients et ne reconnaissent aucune responsabilité dans ce fait. Idriss Yaya, un chauffeur de mini bus explique. « Ici nous sommes à Souk khalla. Nous amenons les clients au marché de Dembé à 150 F et en suite au rond-point Hamama à 350 F. Si un client n'a pas de la monnaie, il nous prévient. Sinon, arrivé à la destination on peut lui couper plus si on a pas assez de la monnaie. Et ça dépend aussi des chauffeurs et de leurs apprentis ». Ici, nous sommes sur la direction de Farcha. Souk Khalla est le terminus. Le prix est à 250 F avec monnaie ou sans monnaie pour le rond-point Farcha, dit un autre.

Les disputes entre les transporteurs et leurs clients ne sont à la veille de s’estomper. Les deux parties disent toutes, « il faut mutuellement du respect. Les clients devront prendre la mesure d'informer à l'avance les apprentis en cas de billet, et les chauffeurs et leurs apprentis doivent se conformer aux principes afin et maintenir une bonne relation entre eux ».

Taïwa Félix Ngangué
Ousmane Bello Daoudou

Les enseignants ont tenu leur congrès du 5 au 7 septembre au Centre d’Étude et de Formation pour le Développement (Cefod). L’objectif est d’asseoir un nouveau bureau exécutif et réviser les textes réglementaires du syndicat des enseignants du Tchad (SET). Ce congrès est placé sous le thème : «  Tous mobilisés pour développer le SET, valorisons et transformons la profession enseignante ». Reportage.

Le  mandat du bureau exécutif sortant avait pris depuis un an et demi. Compte tenu des certains problèmes, le congrès a traîné. «  Le mandat électif du SET est de 4 ans, nous avons même dépassé une année et quelques mois. C'est donc un congrès ordinaire que le SET organise très régulièrement pour changer l’équipe et  lorsqu'on en avait besoin et lorsqu'on veut renouveler le bureau, il faut toujours aller au congrès pour le renouveler. Il faut que les enseignants soient soudés parce qu'il y a que le syndicat fort et uni qui peut défier son partenaire par rapport aux revendications », a martelé Ngartoïdé Blaise, secrétaire général sortant du Syndicat des enseignants du Tchad.

Pour madame Nekarmbaye Hélène membre du bureau exécutif chargée de la formation du SET « c'est un congrès qui vient remettre la pendule à l'heure. Nous avons la participation de tous nos collègues des provinces  qui sont présents et on a aussi l'appui de nos autorités au niveau de ministère de l'Éducation.  Nous pensons qu’au sortir de ce congrès le SET sera grandi. Pour la rentrée scolaire qui se pointe à l'horizon, il faut que l'État puisse s'investir pour pouvoir faire des sites pour  les sinistrés installés dans les salles de classe. Il y a également certaines écoles qui sont inondées », interpelle-t-elle.

 Alphée secrétaire général adjoint du SET de la province du  Mayo kebbi Est  a souligné que ce congrès va  relancer les activités et  redynamiser  le syndicat. «  Les causes de la crise au sein notre organisation syndicale seront débattues et des solutions seront trouvées. Pour la rentrée scolaire en vue, le gouvernement doit s'assumer pour préparer les conditions favorables aux élèves et aux enseignants. Il y a également les conditions qui sont défavorables par rapport au calendrier scolaire », a-t-il dit.  M. Alphée demande à ses collègues enseignants de mettre  de côté les intérêts égoïstes et personnels  pour le bien-être des enfants sinon, dit-il, ça joue beaucoup sur la formation de nos enfants « je demande également à nos collègues qui se sont retirés et veulent créer un syndicat de revenir à des meilleurs sentiments », plaide Alphée.

Toutefois, l’ex-comité de crise du SET informe qu’il détient l’autorisation de fonctionnement d’un nouveau syndicat, le Syndicat indépendant des enseignants du Tchad, mais les autorités communales de la ville de N’Djaména  ont annulé  la décision. Le futur président de ce syndicat mort-né M. Djimoudouel Faustin et ses partisans n’ont pas pris part au congrès. « Nous ne lâcherons pas prise », disent-ils.

Nadège Riradjim  

La rentrée scolaire 2024-2025 avance à grands pas. Les élèves, les parents et les enseignants de la capitale tchadienne, N’Djaména, se confrontent aux problèmes des inondations et de la cherté de vie. Reportage.

Le calendrier du ministre de l’Éducation nationale et de la Promotion civique a fixé la rentrée scolaire 2024-2025, le 2 octobre prochain et la rentrée administrative le 15 septembre. Mais, la plupart des  établissements scolaires de la capitale épargnés par les inondations sont  envahis par les sinistrés. Et la cherté de vie bat son plein. Cette situation ne facilite pas les préparatifs de la prochaine rentrée.

La majorité des parents d’élèves rencontrent des difficultés. Les élèves sont obligés se débrouillent avec les « petits boulots » comme les commerces ambulants aux détails  pour  devoir aider les parents à payer les frais de scolarité et les fournitures. «  Les parents sont  vivants, mais il faut qu'on se batte aussi pour les aider vu les temps difficiles. Il  n’y a pas de travail. Mes parents chôment et si je ne me débrouille pas,  je risquerai de passer une année blanche », dit Fané Michelle, élève en classe de seconde L, vendeuse ambulante des tubercules, rencontrée au grand-marché de N’Djaména. 

Les parents d'élèves pointent du doigt la cherté de vie qui rend la  situation intenable. «  Les difficultés sont très nombreuses. D'abord avec la cherté de vie, le sac du riz coûte 75 000 FCFA  et la rentrée ne sera plus facile. J'ai 6 enfants. Certains vont à l'école primaire et d’autres au collège. Il y a aussi ceux qui  sont à l'université à l’étranger. Je viens d'acheter trois blocs de cahiers de 100 pages à 6000 F, alors que je les achetais habituellement le même bloc à 1500 F. C’est la même chose pour les sacs des écoliers pour enfants. Les inondations sont également là, pour sortir de chez moi, il faut payer le transport par pirogue », se plaint  Gnan-né Édouard, habitant du quartier Toukra dans le 9e arrondissement.

Les commerçants, eux, affirment que les prix des fournitures scolaires sont restés intacts. « Les prix des cahiers, « bics » et autres fournitures scolaires n’ont pas changé. Ici nous vendons toujours aux mêmes prix qu'avant. Les acheteurs devraient  savoir que chaque commerçant  fixe son prix en fonction de ses sources de ravitaillement », se défend un commerçant du marché central.

Pour les enseignants, il serait difficile de respecter la date de la rentrée au privé comme au public. «  Les écoles sont occupées par les sinistrés. L'État n’a pas de solutions durables. Nous ne pouvons pas chasser les victimes. Nous devrons plutôt chercher à les aider. Donc, les conditions ne sont pas réunies pour que ce calendrier soit respecté »,estime un enseignant sous anonymat.

Aux inondations et à la cherté de vie qui semble hypothéquer  la prochaine rentrée, s’ajoute la crise au sein du syndicat des enseignants, leurs revendications, sont des germes de conflits qui pourraient entraver la rentrée 2024-2025 au Tchad.

Taïwa Félix Ngangué

Depuis  que le  ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Urbanisme et de l'Habitat, Mahamat Assileck Halata a annoncé la mise en place d’une commission de réflexion pour la création d'une nouvelle ville, annexe à N’Djaména, les citoyens s’interrogent sur l’urgence et la priorité de ce projet. Reportage.

Les autorités tchadiennes envisagent créer une nouvelle ville qui, selon elles, va permettre à la capitale de respirer. Les arguments qui justifient ce projet reposent sur la saturation de la ville de N’Djaména d’ici cinq à dix ans. Cependant, la création de cette nouvelle ville annexe à la capitale fait réagir les citoyens. Certains pensent que c’est du gâchis.   

Au quartier Sabangali dans le 3e arrondissement,  les discussions  vont bon train. «  S’ils veulent partir, il faut qu'ils partent et nous laisser. Nous  les autres, nous n’allons  nulle  part. Créer une nouvelle ville pour faire quoi avec ? Sinon je ne  vois aucun intérêt de la population pour la création de cette ville.  », fulmine Abakar Djamil. 

« La création d'une nouvelle ville ou capitale annexe est un non-événement, pourtant le peuple tchadien meurt de faim, il manque des centres de santé et des infrastructures éducatives. N’Djaména n’est  pas encore construite et nous voulons créer  une autre ville. Je pense que c'est un rêve irréalisable. La priorité de la population, c’est manger à sa faim, se soigner correctement, s’éduquer et avoir accès à l’électricité et à l’eau », dit, Ali  Osembeté Justin.

D’autres apprécient ce projet, mais ils demandent à l’État de  construire d’abord la capitale qui ne ressemble pas à une ville politique où siègent toutes les grandes institutions de la République. « Le programme de la création d'une nouvelle ville est louable, mais il faut bien aménager N’Djaména, la développer avant de parler de création d’une autre ville. A l’exemple de Lagos au Nigeria qui était bien développé avant d’aller à Abuja ou en Côte d'Ivoire  avec Abidjan qui est bien construite  avec des grattes ciels avant  Yamoussoukro », compare Belalem Touaré Bostin. Ce dernier continue en soutenant que les matériaux de construction sont aussi chers ne permettant pas à la population de se bâtir des maisons durables.  

« Il  faut reconstruire N’Djaména avec les canaux de drainage d’eaux, des caniveaux, aménager  les rues, régler  le problème d'électricité de la ville et réfectionner et construire de nouvelles infrastructures que de créer une nouvelle  ville », propose Lazare Djansarbé.

D’autres sont pessimistes quant à la réussite de ce projet. «  Le feu maréchal Deby avait parlé d’une transformation de la ville de N’Djaména en une vitrine de l’Afrique. Où en sommes-nous avec ? Ce projet est une occasion pour les autorités de se remplir les poches, c’est tout il n’y rien qui va améliorer les conditions de vie des Tchadiens  », clame un habitant de la capitale.

Ousmane Bello Daoudou

Au quartier Djougoulié à Farcha dans le 1er arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djaména, les pluies diluviennes ont déterré les câbles électriques branchés de manière anarchique. Le danger est permanent. Reportage.

De nombreux foyers de la capitale se sont branchés frauduleusement aux câbles électriques de la Société nationale d’électricité (SNE) pour se procurer l’électricité. Mais, cette manière anarchique de faire a des conséquences fâcheuses. Surtout en cette période de saison de pluie, les câbles font des dégâts énormes à travers la ville. Des personnes et animaux électrocutés au quotidien par les câbles qui traînent à même le sol. 

Au quartier Djougoulié, les files électriques branchées sous le sol sont déterrées par les eaux pluviales. Et, dans ces endroits les enfants font leur jeu de manière régulière. D’après quelques témoignages, ces câbles souterrains existent depuis longtemps et ils alimentent plusieurs maisons de la zone. « Ce sont des individus qui sont à l’origine de cette initiative. Ils prennent de l’argent chez les habitants du quartier. On ne se sait pas s’ils payent la SNE. C’est vraiment dangereux, mais parfois la pauvreté nous pousse à faire n’importe quoi  », a affirmé un riverain sous anonymat.

Les voisinages du quartier déplorent cette situation dangereuse, « tout à l’heure une chèvre a été électrocutée, ça pouvait être une personne. Regardez bien, il n’y a pas des poteaux électriques, mais visiblement il y a la lumière chez les gens. Comme  les services de l’État ou de la SNE sont absents, nous sommes obligés de mettre des câbles sous le sol pour avoir l’électricité » se justifie Ndikwé  Douksala.

Un autre habitant le quartier accuse les agents de la SNE d’être complices. « Dans cette affaire de branchement anarchique des câbles, figurent en premier lieu les agents de la SNE qui viennent au quartier offre leur service, les résidents  les paient pour avoir accès à l’électricité. C’est un grand risque ».

Interpellés, les agents de la SNE rétorquent d’une phrase lapidaire, « c’est à cause de l’incivisme des citoyens que les câbles électriques traînent au sol ».

 Taïwa  Félix Ngangué

A la fin de chaque mois, les fonctionnaires désertent leurs bureaux pour percevoir leurs salaires. En file indienne ils prennent d’assaut les guichets des banques de N’Djaména, la capitale tchadienne. Les raisons de cette affluence sont diverses. Une équipe de Ialtchad est allée à leur rencontre. Reportage. 

C’est une habitude devenue une coutume pour les fonctionnaires. Entre le 25, 26 27 du mois, dès que le virement bancaire des salaires passe, difficile de trouver un fonctionnaire ou agent de l’État à son poste. Cette habitude freine le fonctionnement des entreprises et paralyse l’administration.

Plusieurs raisons sous-tendent cette attitude. « Si vous avez vu l'attroupement devant une banque, c’est signe que c’est la fin du mois. Comme il y a le salaire,  les gens se bousculent de part et d'autre pour retirer leur dû », lance un client en rang devant une banque.

«  Il y a  tellement de soucis chez nous . Dès qu’on  quitte la maison, on va à la banque avant d’arriver au bureau et du bureau directement à la maison.  Les gens qui sont venus depuis quatre heures du matin parce que le système ne s’est pas amélioré. Si le système était  amélioré, il ne devrait pas y avoir des attroupements devant les banques. Nous sommes en face d’une grande voie de circulation, nous sommes parfois exposés à des risques d’accident. Depuis le matin, certains ont eu des problèmes financiers, tantôt le salaire n'est pas tombé, tantôt non. D’autres sont partis au niveau de la solde pour vérifier si le salaire est vraiment passé. On ne peut pas venir tester sans toucher notre salaire », dit Aïna-Ngoul Gilbert, agent de l’État.   

Pour d’autres,  la rentrée scolaire se profile à l’horizon, il faut la préparer. « Le salaire nous permet  de régler des problèmes parce que bientôt c’est la rentrée scolaire. Je suis enseignant et je suis en vacances si le salaire tombe aujourd'hui, je suis libre de venir le prendre. Mais le salaire pour un fonctionnaire est dans son compte, on devrait aller assumer sa responsabilité normalement avant de venir dans  l'après-midi retirer son salaire. »

Selon les fonctionnaires, au Tchad, généralement si le salaire tombe, il faut courir puisque le salaire ne nous suffit pas. Ils vont rapidement vider leur compte en banque pour s'occuper de la famille. « On est obligé de déserter le bureau à cause de nos soucis », renchérit un autre.  

Ils estiment que la situation du pays est instable à tel point qu’il faut toujours être aux aguets quand le virement est fait. « La situation du pays est critique, même s'il s'agit de fuir le pays là on va  fuir avec notre argent. Mais, s’il n’y a pas une urgence, il faut travailler avant de retirer son salaire », dit un autre fonctionnaire.  

Beaucoup de salariés demandent au gouvernement et aux responsables des banques de multiplier les guichets afin d’alléger le temps d’attente.

Taïwa  Félix
Kellou Daoula Adoum

La capitale tchadienne, N’Djamena, est victime des inondations chaque  saison pluvieuse. Ce phénomène cause des dégâts matériels et humains. L’urbaniste architecte, Roger Boriata Djasngar explique le « pourquoi » et le « comment ». Il propose des solutions. Reportage.  

Selon l’urbaniste-architecte Roger Boriata Djasngar, ne peut pas empêcher les inondations à N’Djamena.  « Autrefois la ville n’était qu’un petit poste militaire créé au lendemain de la bataille entre le conquérant Rabat et le Commandant Lamy. Un campement militaire pour loger les tirailleurs sénégalais qui étaient un champ naturel du sultan de Goulfeye en terre Kotoko. L’actuelle ville c’était le chemin où les eaux circulaient », dit-il.

Il explique qu’une fois la ville est devenue une agglomération, elle s'est développée avec quelques points exondés et marécageux. « La vraie ville se limitait au Canal Saint Martin, dans le 2e arrondissement, qui était un bras mort du fleuve Logone et Chari. Dans les années 1950 et 1960,  il y avait un bon réseau de drainage des eaux de la ville », renseigne-t-il.

Toujours selon l’urbaniste, l'inondation étant un phénomène naturel, on ne peut pas l'éliminer, mais le prévenir en construisant des grands caniveaux comme les premiers caniveaux des années 50 et 60. « Ils mesuraient  2m 50 de profondeur et 1 m 40 de largeur. Avec l'étalement urbain et les occupations anarchiques, les  eaux  ne trouvent pas d’issue. Elles sont bloquées et cela cause les inondations ».

M. Djasngar demande aux autorités de repenser la question d’urbanisation de la ville. Et d’appliquer les plans de canalisation des eaux conçus pour cela. « La ville de N’Djamena a eu plusieurs plans de canalisation. C’est un schéma de drainage des eaux. Le dernier date de 2 ans, mais personne ne veut appliquer ce schéma. Il y a un problème », dit-il. Il rajoute un autre problème : la coordination des actions gouvernementales qui est mal exécutée. « Par méconnaissance, la population charge la mairie pourtant certaine prérogatives ne relèvent pas des compétences des responsables communaux ».

Que faut-il faire face aux inondations ? M. Roger Boriata Djasngar propose la création d'une agence qui va s'occuper de l'extension de la ville, pour maîtriser l’étalement urbain, trouver une solution durable aux problèmes des inondations et les ordures, « le ministère de l'Aménagement du territoire et la mairie seuls,  ne suffisent pas », pense-t-il.  

Au sujet du projet ou mise en place d’un groupe de réflexion pour la création d’une nouvelle ville ou « ville nouvelle », le technicien apprécie, mais s’inquiète de la posture du gouvernement et de sa méthode qui souvent ignore les techniciens spécialistes de la conception à l’exécution des projets. « Il faut que l'État associe les urbanistes, les architectes, les lauréats des universités qui ont fini en Aménagement du Territoire. Et qui ne sont pas encore  intégrés à la Fonction publique pour que cette nouvelle ville soit une réussite et non un fiasco », propose-t-il.

Ousmane Bello Daoudou
Nadège Riradjim.

Dans la plupart des hôpitaux, districts et centres de santé de N’Djaména, l’état des toilettes publiques laisse à désirer alors que les structures sanitaires sont des lieux censés être propres.  Reportage.

Les hôpitaux et les centres de santé sont des endroits les plus fréquentés par la population. Cependant, les toilettes des certaines structures sanitaires de la capitale sont impropres. Par exemple dans le district sud de l’hôpital de l’Union appelé communément «  hôpital américain » et l’Hôpital central, les excréments humains aspergés des urines sont déposés sur les carreaux. A l’entrée de ces toilettes, les odeurs toxiques vous accueillent.  Ces lieux censés être propres  et offrir le confort aux  patients sont au contraire  très sales exposant les usagers à de nombreuses infections et mettant mal à l’aise les visiteurs. Des malades et gardes malades déplorent cela. «  Depuis le matin, je ne suis pas allée aux toilettes et je cherche à aller me laver et faire mes besoins au quartier parce que  les toilettes sont très sales ici. D’ailleurs  je me prive parfois de nourriture de peur d'avoir l’envie  d’aller aux toilettes. C'est très difficile pour nous qui sommes ici à l'hôpital, il faudrait que chaque personne ait la notion d'hygiène » se plaint une garde-malade à l’hôpital de l’Union dans le 7e arrondissement. « Les toilettes sont  malsaines  et dégoûtantes à l’hôpital, je n'arrive pas à en faire usage, parce les gens défèquent  en dehors des latrines », renchérit Missidjinard.

Certaines sources indiquent que, c’est aussi l’utilisation excessive des toilettes qui est à l’origine de l’insalubrité. D’autres posent le problème d’éducation civique.  « Nous avons au total trois toilettes, mais les deux sont hermétiquement fermées, j'ignore la cause, il n’y a une seule qui est accessible à tous, mais elle n’est pas bien entretenue. Il faut qu’on désinfecte ces toilettes sinon vous venez pour un problème de santé et vous risquez de contracter d’autres maladies. Et certaines personnes se plaisent dans cette saleté », fustige un autre patient.

Dans certains hôpitaux l’utilisation des toilettes publiques est payante. Mais l’incivisme des visiteurs sape les efforts des agents de nettoyage. 

« Ici, nous avons deux toilettes, une publique et l'autre privée. Les toilettes publiques sont gratuites, mais les gens n'en font pas bon usage, mais les toilettes privées sont payantes elles sont les plus utilisées. Je gère les toilettes privées, nous nettoyons ces toilettes 24h sur 24, et utilisons les  produits tels que le grésil, l’eau de javel pour le nettoyage. Souvent quand les visiteurs viennent faire leurs besoins, ils urinent dans les couloirs, sur les carreaux et jettent les serviettes hygiéniques dans les toilettes, on est obligé de faire le nettoyage au passage de chaque personne pour rendre les lieux propres », explique un agent d’entretien.

Kinga Baye Dogo

Au Tchad en général et  dans capitale  N’Djaména en particulier, les prix exorbitants  des matériaux de construction ne permettent pas aux citoyens aux revenus faibles  de se bâtir des maisons durables. Ainsi, chaque saison de pluie, les maisons construites en terre battue s’effondrent, causant des dégâts matériels et humains. Reportage. 

Dans la nuit du vendredi 23 août 2024, deux personnes ont succombé à leurs blessures dues à l’effondrement des maisons au quartier NDjari dans le 8e arrondissement de N’Djaména. Et, ce n’est pas pour la première fois. Que  ce soit à l’intérieur du pays ou à N’Djaména, l’écroulement des maisons est monnaie courante en saison pluvieuse.  Pourtant, le Tchad dispose d’une usine de ciment qui est installée à Baoré dans la province du Mayo Kebbi Ouest, le sable est en abondance  dans les fleuves et il existe plusieurs sites d’exploitation des graviers.  Le prix d'un sac de ciment varie de 8500F à 11000F CFA, le fer de 12 à 7500f et le fer de 10 à 5500f. Les graviers coûtent  entre 60.000F et  500.000F selon la capacité des véhicules. Aussi, ceci en fonction de distance à parcourir. Cette cherté des matériaux de construction laisse les familles aux revenus faibles dans une situation désastreuse.

« Cette année, il est en train de pleuvoir abondamment. Ce  qui  fait des dégâts dans certains quartiers en détruisant les maisons et qui cause même  les cas de décès. Pour développer un pays, il faut que l'État essaie de voir les prix des matériaux aux marchés et de les réduire. A chaque jour que Dieu fait les prix augmentent, comment  les pauvres aussi peuvent construire une  maison durable ? En 1998 le prix d'un sac de ciment  était  à 3000F et le jour où c'est augmenté à 3500F, des personnes ont crié. De nos jours un sac de ciment  est à 10000F ou 11000F. L'État seul ne peut pas construire le pays sans le concours des citoyens », déplore Mahamat Ahmet, un pétrolier admis à la retraite.

Pour Issa Ahmed Issa, vendeur du sable  et graviers au rond-point du pont à double voie, les prix du sable et graviers ont flambé  à cause des prix du gasoil et d’essence, qui a augmenté.

Il explique qu’il faut tenir compte de la qualité du gravier. « Il y a les graviers d’Engoura de  couleur blanche, le gros véhicule à 450.000F, celui de Hadjer-Lamis  à la couleur noire, le gros véhicule à 350.000F et celui de Dandi à la couleur rouge, le gros véhicule est à 350.000F . On vend le gros véhicule à 500.000F, le moyen  à 153.000f et le petit véhicule à 60.000f . Si le gouvernement  réduit  les prix du carburant, nous allons aussi baisser les prix des graviers et sable », tente-t-il d’expliquer.

Plusieurs citoyens demandent au gouvernement d’obliger les commerçants à baisser les prix des matériaux de construction pour permettre à tous d’avoir un logement décent ou construire des logements sociaux aux démunis. Certains affirment que l’État doit mettre sur pied une politique nationale de logement comme dans d’autres pays qui octroient des crédits de construction à la population. « A quoi sert la Banque de l’Habitat (BH) ? », s’interroge un citoyen sous le sceau de l’anonymat. Il répond lui-même « à rien du tout ».

Kellou Daoula Adoum

Suite aux pluies torrentielles qui ont fait effondrer les maisons  à N’Djaména, la capitale tchadienne, des milliers de ménages ont trouvé refuge au Lycée public de Gassi dans le 7e arrondissement. Et y vivent temporairement, leur nombre ne cesse de croître et leurs conditions de vie sont déplorables. Reportage.      

Depuis lundi 19 août, la pluie diluvienne a fait d’énormes dégâts à N’Djaména. De nombreux habitants se sont retrouvés sans abri, notamment ceux des quartiers Ambata, Boutalbagar  et autres. Ils ont trouvé refuge au Lycée de Gassi. Mais, il leur est difficile de subvenir à leurs besoins. Les sinistrés du Lycée de Gassi vivent dans une promiscuité totale qui risque de créer des maladies hydriques.

Le délégué des sinistrés du Lycée de Gassi, Djimet Pascal déplore la situation. « Depuis lundi 19 août dernier, nous sommes ici. L'organisation qui s'occupe de nous nous aidait au préalable, ce qui  a soulagé un tant soit peu les premiers arrivants, mais ensuite, le nombre des victimes n’a pas cessé de croître. Le peu qu'ils en ont  ne suffit pas pour prendre en charge tous les sinistrés. Ce qui veut  dire que ceux qui sont venus après n'ont pas reçu des moustiquaires et d’autres moyens nécessaires », s’inquiète-t-il. Et rajoute « nous manquons de quoi manger. Nous appelons les ONG de nous assister, bientôt c’est la rentrée scolaire ».

Selon le gestionnaire adjoint de secteur M. Nicolas Djimasbaye, ces sinistrés sont arrivés depuis une semaine. « On a enregistré 386 ménages, soit  2316 personnes. Le ministère de la Santé, le ministère de l'Action sociale et certaines ONG sont surplace pour assister les sinistrés. Ces sinistrés viennent généralement d'Ambata. C’est sur instruction de la ministre de l’Action sociale qu’on les a installés ici », explique-t-il. Il ajoute que le ministère les assiste en vivres et non-vivres. « Ils sont installés dans les salles de classe, chacune contient 11, 12, 13, voir 14 ménages.  Nous sommes submergés, donc nous sommes obligés de cesser l'enregistrement », dit M. Djimasbaye.

Il poursuit également que  le processus est en cours  pour leur  délocalisation. « Nous sommes dans une structure scolaire, priorité aux élèves, il faut délocaliser tout ce monde sur un autre site. La rentrée scolaire s’approche. Nous demandons à nos partenaires de venir au secours de ces sinistrés », lance-t-il.

Nadège Riradjim

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