On ne la présente plus tellement Kaltouma Nadjina (KN) est connue par tous. Elle est presque devenue l’emblème de l’athlétisme tchadien. Surnommée la gazelle, elle a pris sa retraite depuis un temps et partage sa vie de retraitée active entre le Canada et le Tchad. Entrevue.
Ialtchad Presse : Que devient Nadjina, la sprinteuse tchadienne la plus titrée ?
Kaltouma Nadjina : Excellente question. Presque une question existentielle. Oui la gazelle nationale est femme au foyer. Un rôle gratifiant … (rire). Je suis entre 2 pays, le Canada, un pays froid et le Tchad, un pays chaud. J’aime les extrêmes vous voyez. Je m’occupe. Je ne manque pas d’activités. Mes journées sont pleines tous les jours que Dieu fasse.
Ialtchad Presse : Vous êtes l’athlète la plus titrée. 5 médailles internationales. Les 3 sont en or, plus 2 records du Tchad au 100 m, 200 m, 400 m et 800 m. Vous assumez ?
Kaltouma Nadjina : Bien évidemment j’assume. J’attire votre attention, sans me tromper, que j’ai gagné en total 9 médailles dont 7 en or, 1 en argent et 1 en bronze. Et j’en suis fière.
Ialtchad Presse : Le 7 novembre prochain vous aurez 42 ans. À quoi ressemble votre nouvelle vie ?
Kaltouma Nadjina : Le temps file comme on dit. L’année prochaine j’aurai 42 ans. Je rends grâce à Dieu. Ma nouvelle vie est dans la droite ligne de mon métier d’athlète. Présentement j’interviens comme conseillère dans des centres de formations d’athlétisme au Canada et au Tchad. Ma nouvelle vie c’est aussi consacrer du temps aux miens. La famille s’est sacrée. Comme je l’ai mentionné plus haut, je suis mère, épouse et femme au foyer. Je fais la cuisine, j’accompagne ma fille et mon mari. J’adore faire la cuisine alors chaque jour est une découverte d’un nouveau plat africain. On voyage. On prend plaisir à la vie simplement.
Ialtchad Presse : De quelle façon votre profession d’athlète vous a-t-elle aidée dans votre dans votre vie aujourd’hui ?
Kaltouma Nadjina : Je ne peux pas répondre à cette question sans remercier le président Idriss Deby into. Il n’a ménagé aucun effort pour la réussite du sport tchadien en général et de l’athlétisme en particulier. Figurez-vous je suis actuellement Ambassadrice Itinérante à la Présidence de la République du Tchad. C’est à la fois un honneur pour ma personne. Et une reconnaissance de mon parcours.
Ialtchad Presse : On attend toujours la relève après votre retraite. Apparemment ce n’est pas chose facile. Pourquoi ?
Kaltouma Nadjina : Non la relève existe. Il y a des talents mais cachés. Il y a des jeunes pépinières à accompagner. Maintenant faute de moyens et par manque de volonté le résultat tarde à venir. L’athlétisme contrairement à ce que plusieurs pensent est un sport collectif qui demande beaucoup de travail individuel et trop de sacrifices.
Ialtchad Presse : Quel est l’avenir de l’athlétisme au Tchad ?
Kaltouma Nadjina : Le Tchad est un pays où le sport est en terrain florissant. Pour que ça fleurisse, il faut de la volonté et y mettre les moyens. Ce qui fait défaut et laisse à désirer. Malgré toutes les difficultés on voit ces derniers temps les athlètes qui gagnent des médailles pour le pays. Ce n’est pas facile. Pour que le sport en général marche, il reste beaucoup d’effort à fournir.
Ialtchad Presse : Un appel aux autorités face à cette situation ?
Kaltouma Nadjina : La solution est connue par tous. Il suffit de mettre les personnes qu’il faut, à la place qu’il faut. Et accompagner le tout par des moyens conséquents. Il n’y a rien de sorcier.
Ialtchad Presse : Vous Kaltouma Nadjina, que faites-vous pour aider l’athlétisme tchadien ?
Kaltouma Nadjina : Personnellement, j’assiste quelques athlètes locaux qui sont nécessiteux. Ceux qui sont le plus dans le besoin d’être appuyés techniquement et financièrement. Je prodigue des conseils. J’ai un projet avec plusieurs autres personnes qui vive à organiser des compétitions inter-établissement à N’Djamena. L’objectif est d’identifier des jeunes et de les former. Ils peuvent demain représenter le Tchad dans lors des grands rencontres sportives. Aussi, nous envisageons créer un Centre Sportif dans peu de temps. Il sera mis à la disposition des jeunes athlètes afin qu’ils améliorent leurs performances.
Ialtchad Presse : Avez-vous des contacts avec la Fédération Tchadienne d’Athlétisme ?
Kaltouma Nadjina : Oui. Avec la Fédération d’athlétisme et le Comité olympique sportif tchadien.
Ialtchad Presse : Avez-vous des projets en rapport avec le sport ?
Kaltouma Nadjina : Oui. Nous avons un club sportif en gestation. Nous avons également un projet. C’est le projet dont je vous ai parlé plus haut. La fédération est impliquée parce qu’elle est le premier répondant de la question de l’athlétisme tchadien.
Ialtchad Presse : Votre plus grande fierté ?
Kaltouma Nadjina : Celle d’avoir représenté mon pays dans les grandes compétitions et entendre retentir l’hymne national. Une sensation extraordinaire. Un mélange d’émotions et de fierté qui vous étreint où tout défile dans votre mémoire. C’est extraordinaire…
Ialtchad Presse : Votre plus grand regret ?
Kaltouma Nadjina : D’avoir manqué la finale des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, en Grèce. J’étais éliminée en demi-finale.
Ialtchad Presse : Pratiquez-vous toujours le sport ?
Kaltouma Nadjina : Non. Pas de manière professionnelle mais pour maintenir la forme.
Ialtchad Presse : Votre dernier mot ?
Kaltouma Nadjina : Il reste beaucoup de choses à faire pour le sport au pays. Beaucoup trop…