mardi 19 mars 2024

Entrevue Arts cultures & Cinéma

Written by  Juil 26, 2022

Le cinéma ou encore « le 7e art » est un domaine de transmetteur et de prometteur de culture sans frontière. Le cinéma est un art mourant au pays de Toumaï. Certains jeunes Tchadiens passionnés par ce métier se lancent dans la course du « sauvons le reste » pour que le cinéma tchadien vive. Intelligent, créatif et motivé, nous recevons aujourd’hui un jeune talentueux producteur et réalisateur de film, Habib Étienne.

Comment dire ? Bon allez, faisons simple et direct. Qui est Habib Étienne ?

Oui, c’est bien moi Habib Étienne, dans nom d’état civil c’est Étienne Djoguina Habib connu sous le nom ED Habib. Je fais tout comme métier fructueux qui a trait au cinéma, mais concrètement je suis réalisateur de film, de clips et de couverture médiatique.

Avez-vous étudié en cinéma ?

Non, en communication. Je n’ai pas fait des études de cinéma. C’est  à travers les réseaux sociaux que je me suis formé dans le 7e art. Je suis un autodidacte.  Je fais de recherches, je regarde des vidéos sur l’Internet et je lis des articles sur comment produire, réaliser un film et comment rédiger un scénario. J’ai appris tout ça sur le tas, sur le Net.

Quand est-ce le coup de foutre vous a-t-il foudroyé ?

J’étais en classe de troisième il y avait une miss du lycée de Koumra qui a demandé de faire avec elle un spot, quand elle a émané ce spot à la radio et que le responsable a écouté, il a envoyé quelqu’un me chercher, c’est comme ça que je suis devenu DJ. Quand mon père  a appris la nouvelle il était furieux, ma mère le calmait elle lui a dit « quand il était très petit il m’a promis de faire parlé de lui, qu’il laissera un héritage dont les gens vont parler ». Après l’obtention de mon baccalauréat, mon père m’a dit de venir à N’Djamena  pour continuer mes études. Quelque temps après j’ai abandonné les études  pour me concentrer sur mes films. Les parents ont mal pris cela, mais quand ils ont compris que je ne changerai pas d’avis et que je compte gagner bien ma vie ils ont fini par lâcher prise.

Depuis quand avez-vous commencé à réaliser des films ?

Je me suis retrouvé dans la production et la réalisation des films en 2015, c’est à cette année précise que j’ai commencé à produire. Au début je voulais être un DJ (disc joker). Mais quand tu voyages en bus généralement on regarde de films et quand c’est un film tchadien les gens disent « oh il faut passer ce pas intéressant, on connaît déjà la fin. C’est tellement basic » et  deuxième quand on regarde le début d’un film tchadien les téléspectateurs devinent immédiatement  la fin. Il faut donc du ménagement dans le style de réalisation et de production dans nos films. J’ai sorti mon premier court métrage en 2017, cela m’a pris beaucoup du temps comme c’est le premier court métrage, je jouais un peu sur la mentalité de gens. Les gens pensaient connaître la fin, mais je les ai surpris la fin du film était complètement différent de ce qu’ils s’imaginaient. Vu le manque de salle de cinéma dans ce pays, j’ai fait le lancement officiel de mon deuxième film dans un ciné-club de la maison de culture Baba Moustapha sinon mon premier film  « Laurie ». Je n’ai pas fait son lancement officiel.  « Laurie » est un film fiction. C’est l’histoire de 3 amis garçons qui draguent une même fille du quartier au même moment au lieu de céder la fille à l’un d’eux, ils vont faire appel au service d’un féticheur qui va mal tourner.

Êtes-vous chanceux et heureux d’être réalisateur ?

Oui je suis chanceux et heureux. À chaque fois que je tourne un film, je reçois de bons retours. Cela me donne du sourire aux lèvres. Je pense que je suis arrivé là pile au moment où le cinéma tchadien a besoin de prendre une bonne bouffée de souffle et changer un peu de cap. Je suis content de mes réalisations jusqu’à présent.

Quel genre de film fiction réalisez-vous ?

Des films politiques on n’a pas encore touché parce qu’il faut plus des moyens. Malheureusement on ne l’a pas encore, ces moyens. Je fais de film qui expose des forces mystiques, des énergies surnaturelles, mais je compte entrer dans le film dramatique. Il faut que les téléspectateurs pleurent un peu, on veut faire bouger les émotions. Le documentaire je l’ai réalisé pour le compte d’autrui et il y a un en cours, mais aussi un autre pour le compte d’une entreprise.

Avez-vous des sponsors ?

Non pour le moment pas de sponsors. On tourne avec nos propres moyens financiers et techniques. On a déposé des projets partout dans les ministères et les ONG, mais nos demandes sont restées sans suite. En général c’est moi qui produis les films et je réalise les clips vidéo. Ce que je gagne dans la réalisation de  clips je l’injecte dans le film. On a reçu un financement sur le projet  en collaboration avec un ami pour le film réalisé dans le camp de réfugiés « les larmes d’une orpheline». Actuellement j’ai un studio de production « Habib Film » qui regroupe tous les passionnés du 7e art.

Comment choisissez-vous vos scénarios ?

Avant c’était moi qui écrivais tous les scénarios, maintenant j’ai donné la possibilité à ceux qui travaillent avec moi d’écrire aussi. Ils écrivent et je corrige avec eux.

Les films que vous produisez répondent-ils à une pédagogie ?

Bien sûr que oui, je ne peux pas produire un film qui va à l’encontre de l’intérêt de la société. Je produis pour tous les Tchadiens et les Tchadiennes de tous les âges. Nous on respecte la vie sociale, notre société n’accepte pas certaines scènes, nous sommes Tchadiens et nous produisons pour les Tchadiens ensuite pour les autres nations. On n’est pas en Amérique où les acteurs sont devenus purement commerciaux.

Comment se fait la sélection des acteurs et actrices ?

Au départ c’était par gage, après on a commencé à sélectionner  par talent. Par exemple, le besoin d’un nouveau personnage se présente, je fouille voir dans les films qu’il a joué avant et s’il répond aux critères il sera sélectionné. Si on lance un casting, l’intéressé pense automatiquement qu’il aura un salaire pourtant ce ne pas le cas chez nous. On te sélectionne et si tu acceptes de jouer on te fait signer un papier et si on trouve un financement même après une certaine durée on te paye. Donc on a arrêté le casting ouvert au public. Souvent je travaille avec les employés de la maison puisque je les connais très bien.

Est qu’il y a de rôles où il faut un personnage précis ?

Oui évidemment, je cherche à tourner un film et je cherche un personnage qui doit avoir un beau physique, une taille de 1m 65, musclé, charismatique et qui sait conduire une voiture. Et si dans mon équipe, il y a un tel profil, mais qui ne sait pas conduire je ne la sélection pas, peut-être, il jouera le rôle secondaire.

Vos réalisations rencontrent-elles de succès ?

La réalisation du film « la roue tourne » qu’on a tourné au moment de la COVID-19 nous a réellement boostés. C’est un film qui nous a lancé, démarqué des autres, il nous a permis d’être sélectionnés dans les deux festivals : cinéma Paris, en France  et  de Bangui, en RCA, pour représenter le Tchad. Au fait au casting, ils ont demandé à chaque pays d’envoyer leurs courts métrages. Ils se sont retrouvés avec  environ 382 films pour retenir seulement 18 films. Et parmi le 18, on était présent donc c’est le Tchad. Malheureusement on n’a pas pu représenter le pays par faute de financement, c’était aussi pendant la période de COVID il était très difficile d’avoir le visa, on a toqué partout, on est même parti voir les anciens réalisateurs, mais hélas.

Un mot pour ceux qui veulent suivre le même chemin que vous ?

Je leur dirai d’emboîter mes pas, de ne pas avoir peur. Ça peut marcher tout comme le contraire, mais il faut essayer. Si tu échoues, ne dis pas que ce n’est pas fait pour moi, il faut plutôt changer de stratégie. Moi j’ai abandonné les études pour ça, il est impératif pour moi de réussir dans ce métier. Pour les acteurs et actrices du pays, je pense qu’ils doivent continuer à travailler dure qu’ils ne se lassent jamais parce que le terrain est encore vierge. Aujourd’hui ça ne paie pas bien certes, mais avec le temps j’espère que ça s’arranger. Même si c’est un petit rôle juste passer sans dire bonjour il faut l’accepter on ne sait jamais. Restez connectés sur IalTchad Presse.

Réalisation Mariam Mahamat Abakar

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