mardi 19 mars 2024

Arnaud Maksia Kississou, métier artiste peintre

Written by  Juil 18, 2022

Il n’y a pas que les mots pour s’exprimer, pour communiquer diraient les communicants. Certains utilisent la parole. D’autres des gestes. Et d’autres, plus originaux, utilisent les couleurs, la peinture pour s’exprimer. Arnaud Maksia Kississou est de cette catégorie. C’est un jeune peintre arrivé à ce métier par curiosité. Et a été happé par cette passion. Qui est-il ? Pourquoi a-t-il choisi cette mode d’expression ? Quel est son parcours. Entrevue.

Question directe Arnaud, qui vous êtes ? Votre parcours, comment êtes-vous arrivé à la peinture ?

Je suis Arnaud Maksia Kississou je suis diplômé de l’institut des beaux-arts, de l’École de Beaux-arts de Yaoundé 1 du Cameroun. J’ai ma licence en histoire de l’art et art plastique et je suis en face de la soutenance de ma mémoire en art plastique en master 2 à l’université de Yaoundé. Je suis donc artiste plasticien. Alors qu’est qu’un artiste plasticien ?  C’est celui ou celle qui a pour métier de faire de la peinture, du dessin, de la sculpture, de l’art contemporain. À travers la peinture je m’exprime en tant qu’artiste.

Quand est-ce que vous avez commencé à vous intéresser à ce métier ?

Depuis le collège et le Lycée, j’ai été très séduit par le métier artistique. J’étais passionné par les peintures, les dessins. Avec un père architecte, même s’il ne pratique pas ce métier, il y a un peu de l’art dans l’architecture et une maman couturière ça aide un peu. Je m’inspirais de mon milieu et c’est mes sources d’inspiration. Je copiais aussi chez les grands artistes tchadiens comme Mahamat Djimadibeye et beaucoup d’autres. J’ai commencé par là avant ma formation. Je me suis dit pourquoi ne pas être formé dans ce domaine, être professionnel et représenté le Tchad dans certaines instances. J’étais en deuxième année de sociologie et je dessinais sur le banc et mon professeur. Un jour, il me dit. Pourquoi tu n’es pas allé dans une école d’art ? En 2014, j’ai commencé mon parcours professionnel artistique, les parents n’étaient pas d’accord, mais c’est ce que je voulais faire. Ils ont fini par accepter mon choix cela m’a donné de force.

Si vous définissez l’art plastique, c’est quoi ?

C’est donné de la forme, modelé à travers la peinture à travers le dessin la sculpture, la céramique, etc. Je me suis spécialisé en peinture et sculpture. Je fais aussi la picto sculpture. C’est un procédé qui consiste à faire de la sculpture et de la peinture. On peut soit sculpter et peindre ou peindre et faire de modèle, de relief il est un mélange de peinture et de l’image. La sculpture taille donne de la forme à travers un support afin de passer un message.

Quel message transmettez-vous via la peinture ?

 À travers ma peinture j’aborde beaucoup de thématiques : le social et l’actualité. Par exemple le mariage dans toutes ses formes, l’exode rural, la scolarisation de femmes, le problème de migration. Pourquoi les jeunes Africains sont portés vers l’exile, le chômage, etc. Ça fait 2 ans et demi que je suis rentré au pays, je continue mon cursus en ligne déjà à travers la peinture. J’ai mon label qu’on appelle « black panther » pour imiter un peu Aimé César, mais quand je travaille, je crée une œuvre artistique sur l’actualité, le spectateur doit être à mesure de se reconnaître et communiquer avec l’œuvre. À défaut de prendre le micro pour chanter ou faire du cinéma, je m’exprime à travers les couleurs quand je vois du vert c’est le calme, le rouge, le rose, le blanc sont de couleurs chaudes. L’art pour moi c’est plus qu’un métier, c’est une passion. La peinture, c’est ma respiration, quand vous arrivé chez moi tout est peinture.

Comment choisissez-vous vos peintures et ses couleurs ?

Le choix de couleur de la peinture dépend de mon humeur, parfois je peux me réveiller content alors j’envoie de la couleur vive et si je me lève triste j’utilise les couleurs sombres. Mais arrivé à un moment je me suis dit que je sois content ou pas, je travaille avec une certaine idéologie. La peinture c’est la science. Je fais de la peinture mon credo pour un meilleur mode de vie. J’utilise la couleur pour la psychologie de la personne, par exemple je choisis un artiste musicien et je le peins avec des couleurs qui correspondent à son comportement. Il y a des couleurs chaudes et de couleurs froides, elles varient selon l’état d’esprit de la personne (captivant et apaisant).

Il y a-t-il une température idéale pour peindre ?

Tous les artistes du temps ont peint avec la lumière du jour. Pour mieux peindre, on choisit la lumière du jour, on peint dans des endroits comme le hangar, le jardin, on peut peindre dans un studio très beau comme celui de IalTchad Presse, le studio Saleh Gaba, un artiste de votre métier, le journalisme. Par exemple, il y a certain détaille, c’est-à-dire on ne peut pas faire dans la nuit avec la lumière électrique. Il y aura de la lumière dans la couleur. Moi je travaille avec la lumière ambiante jusqu’au petit matin.

Avez-vous déjà participé à une exposition des arts plastiques ?

Oui en deuxième année avec des étudiants d’arts plastiques au Cameroun. Il est impératif de montrer, d’exposer son travail à la fin de la deuxième année, j’étais le seul tchadien c’était une exposition collective. J’ai aussi fait d’autres expositions toujours au Cameroun. A mon actif j’ai 4 expositions. J’ai présentement un projet pour faire des expositions solos à l’étranger ou même collectives. Ici au pays je n’ai pas encore eu la chance de faire mes expositions seulement un petit show lors de l’évènement « Youth Connect ». J’étais très content de partager cette expérience, sinon zéro expo au Tchad.

Avez-vous vendu beaucoup de tableaux jusqu’aujourd’hui ?

C’était au Cameroun, j’ai offert un petit tableau en miniature à un directeur tchadien au Cameroun et bizarrement il m’a invité à la maison et parmi ses invités il y avait le petit fils de Momet Gandji à qui mon tableau a beaucoup plus, il a demandé à partir avec en Inde et le directeur dit « comme c’est mon petit qui l’a peint, il peut m’en faire un autre » ce fut un plaisir même si je n’ai pas reçu d’argent. J’ai fait un tableau de Casimir Ningar, quand il a vu il était content et m’a fait un chèque de 15000 Fcfa, c’est l’un de tableaux le plus chers que j’ai vendu au pays sinon à l’étranger j’ai pu même vendre à 200 et 25 0000 Fcfa. J’ai vendu presque une vingtaine de tableaux justement. J’ai beaucoup de projets et le manque de financement qui retarde de la réalisation de ces projets.

Avez-vous un galeriste ?

Non je n’ai pas de galeriste, ce qui est vraiment dommage. Tout récemment j’ai appris qu’il y a une galerie qui vient d’être créée en partenariat avec l’Institut Française du Tchad (IFT), qui est situé au quartier Abena. Bien que ce n’est pas quelque chose de grand, mais ça peut aider. Je pense faire ma propre galerie pour exposer les œuvres de tous les artistes, créer un espace d’exposition, de diffusion, de promotion et de valorisation parce que je suis arrivé à un constat selon lequel au Tchad, il n’y a pas d’École d’art digne de nom.

Quels sont vos autres hobbies à part la peinture ?

 J’aime beaucoup voyager, aller au cinéma et j’adore écouter de la musique, je fais de freestyle. Au Tchad il n’y a pas vraiment une institution qui réunit l’art c’est écœurant, ce qui fait que les œuvres ne sont pas valorisées. L’IFT est devenu le seul lieu de pèlerinage des artistes où ils peuvent  diffuser leurs œuvres dignement. Pourtant, il existe un ministère chargé des artistes et de leurs œuvres. C’est vraiment lamentable. En 2015 à Yaoundé, l’enseignant nous a donné un exercice à sculpter, on doit acheter une igname et donner la forme à cette igname. J’étais dans ma chambre et je me demandais où est ce que je peux trouver igname puisque je n’ai pas d’argent pour acheter alors j’ai pris le savon qui était sur la table, je me suis dit en tant qu’artiste il faut être créatif, je me suis mis à sculpter le savon j’ai eu le résultat demander. Le matin quand le prof a demandé ou est ton travail j’ai mis ma main dans ma poche et sorti mon œuvre il a dit ce l’exercice la qui est dans la poche et j’ai répondu oui. Il a pris observé et m’a dit « ah le petit tchadien est talentueux », il a fait le tour de classe avec et a dit prochainement il faut sculpter sur le savon. Mes camarades ont dit merde tu nous as donné du boulot compliqué. Présentement, on a inclus cette technique au baccalauréat en art au Cameroun. Dans ma concession vous pouvez remarquer j’ai peints les murs et accrocher de tableaux partout ce qui donne une valeur très esthétique.

Où vous vous procurez vos matériels ?

Les matières utilisées pour la peinture en manquent réellement au Tchad, il est très difficile de trouver les tissus, les voiles. Je suis obligé d’utiliser les peintures de bâtiments pour réaliser mes œuvres, ces peintures sont vraiment toxiques et un peu compliquées à travailler, mais comme j’aime mon travail je l’utilise. Pourtant au Cameroun, nous avons les peintures à eaux qui sont non nuisibles à l’environnement et moins encore pour l’artiste. Un artiste doit être toujours innovant, créatif, donc j’essaie de nouveaux matériels locaux pour les adapter à mon métier.

Aimez-vous la cuisine ?

La cuisine est aussi un art, j’aime faire la cuisine tchadienne surtout le èche (la boule). J’ai appris à cuisiner depuis le pays et à l’étranger comme je vivais seul, je cuisinais pour moi et parfois pour des amis que j’invite. Si je me marie un jour et que je tombe sur une femme qui ne sait pas cuisiner ce n’est pas grave je le faire moi. Je suis un excellent cuisinier (rire).

Vivez-vous de votre art ?

En priorité je vis de l’art par rapport aux aînés malgré les difficultés je m’en sors bien. En une semaine je pourrais avoir 30 0000 Fcfa. Je crois que les Tchadiens commencent à s’intéresser aux arts et il est de mon devoir d’amener les gens à aimer l’art. Certains valorisent l’art, mais n’ont pas le moyen d’acheter. Il faut toujours faire quelque chose pour « IalTchad », nous sommes les fils du Tchad on peut aller où on veut, mais on revient toujours au bercail pour apporter notre pierre à l’édifice pour un meilleur avenir.

Réalisation Mariam Mahamat Abakar

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