MATANIA : « Le don de chanter nous viens de Dieu »
Sorties de la chorale de l’Eglise Apostolique de Moursal, les cinq filles qui constituent le groupe Matania, le seul groupe musical féminin du Tchad confie dans Ialtchad Magazine la genèse du groupe, ses ambitions et les difficultés qu’il rencontre.
Ialtchad Presse : Bonjour les filles ! Présentez votre groupe à nos lecteurs.
Mariam Matania : Nous sommes les filles de Matania. Nous étions sept filles au départ. Actuellement, nous sommes restés cinq. Je suis Mariam Toufdi, notre leader vocale ici à mes côtés s’appelle Ménodji Clarisse, il y a Florence Toufdi, Brigitte Mbatalbaye, et enfin Patricia Tébébaye.
Ialtchad Presse : Y a-t-il une signification particulière à « Matania » ?
Ménodji Matania : Matania est un nom tiré de la Bible qui signifie le don de l’Eternel en Hébreux. Nous sommes vous et moi le don de l’Eternel. Puisque nous sommes crées à l’image de Dieu, il faille que nous lui rendons en retour louange et adoration d’où la genèse même de notre groupe.
Ialtchad Presse : Depuis combien d’années existe Matania et comment a été créé le groupe ?
Ménodji Matania : Matania existe il y a de cela neuf ans déjà. C’est à l’Eglise Apostolique de Moursal à partir de la chorale qui préparait les veillées de Noël. Après, on a concerté nos Pasteurs afin de créer une autre chorale au sein de l’Eglise. Leur réponse était catégoriquement NON, pour la simple raison que le groupe H’SAO (Hirondelles SAO) est parti de la même manière et qu’ils ne voudraient pas que le même scénario se répète.
Ialtchad Presse : Quelles sont les raisons fondamentales qui vous ont poussé a crée Matania ?
Mariam Matania : Mise à part Mounira Mitchala que nous connaissons à l’époque, et qui est la seule femme à faire de la musique, la gente féminine était quasiment inexistante sur la scène musicale tchadienne et nous avons décidé très jeunes déjà à nous imposer, parce que le talent, la volonté et tous les « ingrédients » sont réunis pour nous permettre de réussir musicalement.
Ialtchad Presse : Quel est votre genre musical ?
Ménodji Matania : Nous mélangeons les sonorités traditionnelles à celles modernes pour un genre dit world music. Notre musique est transfrontalière.
Ialtchad Presse : Des filles choristes qui changent de cap en faisant de la musique profane. Quelle est l’appréciation des membres de votre église ou de votre entourage ?
Mariam et Ménodji : Les membres de notre Eglise ont toujours dit que les filles qui font de la musique, sont des prostituées. Il faut prendre cela comme des préoccupations et l’instinct de protection des parents. Les pesanteurs socioculturelles sont très vivaces au Tchad jusque-là et il y a lieu de tolérer certaines prises de position catégorique des parents et de notre environnement proche. Cependant, le mieux serait d'orienter les jeunes que d’avoir de l’a priori à tout bout de champ sur eux. On a été traité de tous les noms, des oiseaux de mauvais augures mais nous prenons cela comme des challenges pour nous permettre de progresser.
Ialtchad Presse : Quelles sont vos réalisations musicales ?
Mariam Matania : Nous avons un album « Talou ni loumou » qui veut dire rassemblons nous. Cet album comporte huit titres qui parlent de la paix, de l’injustice, de la situation précaire des orphelins, de l’amour et nous nous insurgeons des affres des guerres. Nous avons remporté la médaille d’or au Niger lors des jeux de la Censad l’année dernière.
Ialtchad Presse : Quelles sont les difficultés que vous rencontrées ?
Mariam et Ménodji : Nous n’avons pas de structures et des cadres pour nos répétitions et éventuellement pour nos spectacles.
Ialtchad Presse : Quels sont vos projets ?
Ménodji Matania : Nous travaillons pour notre deuxième album et nos clips. Nous allons ouvrir un orphelinat et voyager partout dans le monde.
Ialtchad Presse : Votre dernier mot……
Ménodji Matania : Nous voudrons remercier notre mentor Hassan Sylla pour son soutien, nous voudrons aussi remercier tous fans et enfin toutes nos reconnaissances à Ialtchad Presse pour cette importance qu’il accorde aux artistes tchadiens.
Interview réalisée par Dingamnaïel Kaldé Lwanga