Il est chanteur. Il est musicien. Il est auteur compositeur et interprète. Il a un nom d’artiste spécial : Bâton Magic. Ça l’oriente. Ça le guide, semble-il. « C’est mon troisième pied. Il est à mon service et au service des autres », dit-il détendu. Souriant. Entrevue.
Ialtchad Presse : Baton Magic, vous êtes dit-on le prophète. Vous guiderez avec bâton la musique tchadienne vers un horizon meilleur. Alors comment vous présenter ?
Baton Magic : Simple. Je suis Betoudji KAGRO NGABA. C’est ce qui écrit sur mon état civil. Bâton Magic c’est la transformation de KAGRO qui veut dire Bâton dans ma langue maternelle. Pas n’importe quel bâton. Un bâton qui guide et qui oriente. Bref, c’est le troisième pied qui est à mon service et au service des autres.
Ialtchad Presse : D’où vous vient cette passion pour la musique ?
Baton Magic : De mon enfance. En écoutant à la radio, les artistes tchadiens de l’époque comme MASDONGAR, Me GAZOUGA. Ce sont eux qui m’ont donné envie de faire de la musique. Qui ont allumé la petite lumière en moi.
Ialtchad Presse : Alors c’est quoi votre parcours ?
Baton Magic : Je me suis intéressé à la musique quand j’étais à Sarh. Avec des copains nous avons monté un groupe de Rap. Tout de suite après j’ai compris que le Rap ne me permettais pas de m’exprimer comme je le voulais. Je suis partie à Moundou intégrer le groupe de LELBO. J’ai été formé par des grands frères. Plusieurs ne sont plus de ce monde. Ensuite, je suis monté à l’assaut de Ndjamena pour être avec le groupe de Soubyana Music. De là j’ai rejoins le groupe de Sahel Academy de CIDSON. En février 2008, je suis reparti à Moundou pour former mon orchestre Logone Stars. Et là j’ai enregistré ma première chanson « déception ».
Ialtchad Presse : Quel est votre genre musical ?
Baton Magic : Mon genre est en droite ligne issue de la musique africaine. Il y a certains rythmes de chez nous. D’autre que je développe. Par exemple : le Sai, le N’dala. Il y a la musique congolaise qui est une des mère des rythmes africains que vous connaissez, la rumba, le dombolo etc. Des rythmes qui tournent autour des mêmes tempos. Donc c’est la musique africaine.
Ialtchad Presse : Vos chansons parlent d’amour, de paix, de réconciliation, du social. D’où vous vient cette inspiration
Baton Magic : L’inspiration me vient de la vie que de tous les jours. De ce qui se passe avec les amis, la famille. Je tire des leçons des évènements qui se déroulent autour de moi.
Ialtchad Presse : Vous êtes auteur compositeur et interprète. Plusieurs vous considère comme l’Etoile montante de la musique. Vous assumez ?
Baton Magic : C’est flatteur. J’assume. Je pense sincèrement que c’est en rapport avec le travail que je fais. Je travaille jours et nuits pour être meilleur. J’ai encore beaucoup des choses à apprendre.
Ialtchad Presse : Vous avez 3 ou 4 albums déjà ?
Baton Magic : 4 en tout. Le premier s’intitule Audience publique. Le deuxième, CONSEIL et le troisième, LA FORCE DE L’AMOUR. Le quatrième vient de sortir. J’ai eu du mal à lui donner un nom. J’ai fini par lui donner le nom d’une de mes chansons DENE DJE. Une chanson dédiée aux femmes.
Ialtchad Presse : 4 albums en 10 ans, c’est impressionnant ?
Baton Magic : Ce n’est pas assez pour moi. On a des choses à dire au quotidien. C’est comme un journaliste ou un écrivain qui doit écrire tous les jours. On ne peut pas attendre 2 ans pour écrire quelque chose. La vie est dynamique et en action. Il y a des choses qui se passent tous les jours. C’est ça qui m’inspiration.
Ialtchad Presse : A qui attribuez-vous votre succès ?
Baton Magic : Particulièrement à ma mère. Elle ne m’a jamais été découragée. Mais aussi à ma deuxième mère Sarah Noudjialbaye. Elle était la première à s’engager pour que les choses aillent mieux. A tous mes proches qui m’ont encouragé. Je remercie tous ceux qui ont mis la main à la pate et ceux que j’ai oublié de citer ici.
Ialtchad Presse : Vos fans apprécient votre franc parlé. Qu’en pensez-vous ?
Baton Magic : Peut-être que ça me vient de mon signe astrologique. J’ai du mal à mentir. Je ne vois pas pourquoi taire la vérité. Il faut la vérité même si elle blesse comme on dit. Je préfère dire la vérité une fois que de la contourner par toute sortes d’exercices de contorsion intellectuels.
Ialtchad Presse : Comment se porte la musique tchadienne ?
Baton Magic : Elle avance très lentement. Vous savez c’est une musique de bonne qualité. Bon, elle n’avance pas comme chez les autres. Il y a un certainement un problème non décelé.
Ialtchad Presse : Dans nos medias on écoute plus souvent de la musique étrangère. Est-ce acceptable ?
Baton Magic : Avant je croyais que priorité doit être donnée à la musique tchadienne. Après réflexion, je me suis dit tant mieux. C’est à la musique tchadienne d’être bien jouée. La concurrence va la forcer à être meilleur. Si elle est bonne, le public va la préférer. Les diffuseurs seront obliger de suivre le goût du public. Quand on écoute les musiques étrangères, ça nous encourage, ça nous ouvre l’esprit. Il faut aussi dire que certains diffuseurs exagèrent. Ils poussent le bouchon un peu loin. Ils ne programment simplement pas la musique tchadienne. Ça c’est pas acceptable.
Ialtchad Presse : Des projets à court terme ?
Baton Magic : Mon projet est d’exporter la musique tchadienne, de la faire découvrir aux autres sur les médias internationaux.
Je suis sur un projet de clips. On est sur le troisième titre sur les 10. Ce n’est pas facile. Il nous faut des clips de qualité pour espérer les faire diffuser à l’international.
Ialtchad Presse : Avez-vous demandé de l’aide aux autorités compétentes ou aux mécènes ?
Baton Magic : Les autorités en charge de la culture sont à oublier. C’est difficile. C’est compliqué. Je préfère lancer un appel aux tchadiens de bonne volonté. Ceux qui peuvent encore nous faire confiance. Qu’ils s’ouvrent à nous. Les artistes peuvent écrire, chanter mais s’il n’y a pas de gens pour nous soutenir, c’est difficile que ça marche.
Ialtchad Presse : Votre dernier mot ?
Baton Magic : Nous sommes à la fin de l’année je remercie Dieu d’avoir fini cette année en santé. Bonne année à tous. Longue vie à IALTCHAD.