Les eaux de pluie entraînent des déviations, ici et là il y des trous et tas de terre. Des secousses infernales fatiguent le corps. Et les voyageurs arrivent en compote à destination. Tel est le vécu des voyageurs qui prennent la route reliant Mongo à Am-Timane. Alors que la province du Salamat est considérée comme le grenier du Tchad, le manque d’infrastructure routière handicape le développement de la région. Reportage.
Un calme de cimetière règne, les rues ne sont désertées, personne en vue. Pourtant, le beau temps et une température d’à peine 32°C sont au rendez-vous. Un espace paradisiaque, tantôt des montagnes apparaissent, tantôt les plaines s’étend comme un tapis verre sur lequel les animaux pâturent. Nous roulons, la nuit tombe. Nous arrivons à Mongo, la capitale de la province du Guéra.
C’est l’aube. Le muézin appelle à la première prière de la journée. Comme de coutume, le véhicule doit s’arrêter pour permettre aux uns de prier et aux autres de se dégourdir les jambes. Un geste, deux mouvements, tout est fin prêt et nous reprenons le chemin. Direction : Am-Timane, capitale de la province du Salamat.
Il est 6 heures du matin. Notre cortège se met en branle. 270 kilomètres sont à parcourir. L’engouement et l’enthousiasme chez les uns, la curiosité et des interrogations, chez d’autres. Soudain, le véhicule roule sur la terre battue. De petites secousses, ensuite des grandes. On s’interroge : pourquoi ? « C’est la fin de la route bitumée », répond Abdelmadjid, le chauffeur.
Ici, commence un long trajet d’épreuves. « Un chemin de croix », dit Senoussi, un quinquagénaire originaire de la province. Il est un habitué de cette route. Durant tout le trajet N’Djamena-Mongo, il raconte les merveilles d’Am-Timane. Mais à voir l’état de la route, l’incompréhension se lit aux visages. « Vous dites qu’Am-Timane est le grenier du Tchad et elle a une route pareille ? », s’interroge ironiquement Abdelmadjid. Senoussi tente de lui expliquer l’historique de la construction de cette voie.
La pose de pierre date de 2015 …
« C’est depuis 2015 que la pose de pierre pour la construction de la route Mongo-Am-Timane a été posée », explique Senoussi. Mais « jusqu’à présent, les travaux n’ont pas encore commencé pour des raisons que je ne sais pas », dit-il avec désarroi.
Un avis que partage Kaltouma, notre cheffe de bord. Elle est un ex-membre du Bureau Politique National du Mouvement patriotique du Salut (BPN-MPS), le parti au pouvoir. « La récession liée à la chute du prix du pétrole est la principale cause du coup d’arrêt de ce projet », dit-elle. Pendant ce temps, nous avançons lentement mais sûrement. Comme dirait le Roi Christophe, « Un pas, un autre pas, encore un autre, tenir à gagner chaque pas ». Nous faisons ici, un kilomètre, un autre kilomètre, encore un autre kilomètre et nous tenons à gagner chaque kilomètre. Il est 13 heures, nous arrivons à Aboudéya, ville à plus de 120 kilomètres de notre destination finale.
Le cortège s’arrête. C’est le Dhuhr, la deuxième prière musulmane. Abdelmadjid vérifie l’état de la voiture. Le soleil est à son zénith, la chaleur est accablante, les regards sont vides, les traits sont tirés de fatigue, c’est dans cet état que nous poursuivons notre chemin. Le dernier tour est, semble-t-il, amorcé. Du moins, l’on l’espère.
Crise financière et écroulement du grand pont
La seule crise financière due à la chute des prix du pétrole en 2016 n’explique pas tout, dit-on. Une autre raison explique le retard dans les travaux de construction sur l’axe Mongo-Am-Timane. Il s’agit de l’écroulement du grand pont d’Am-Timane.
Selon le chef de canton Hémat, Halata Attahir Hileon, l’écroulement du pont serait à l’origine de l’arrêt des travaux. « On m’a expliqué que l’écroulement du pont à l’entrée de la ville serait la cause. Ce pont aurait été la cause de la déviation des eaux. Conséquence : les eaux de pluie se déversent dans la grande voie. Impossible alors de continuer les travaux. » Le mauvais état de la route est un « handicap pour l’économie de la province », affirme le Chef Attahir.
Économie paralysée
Le développement passe par les routes, dit-on. Des routes construites et entretenues. Ce n’est pas la Province du Salamat qui fera exception. Le manque des voies praticables dans la province est une barrière à l’essor de l’économie locale. Pour rappel, la province est considérée comme l’un des greniers du Tchad. C’est la difficulté que rencontre Halimé, vendeuse de poissons. Elle exerce ce métier depuis une décennie. « Nous avons assez de poissons frais qu’on ne peut pas acheminer vers Mongo ou N’Djamena pour écouler. Ces produits ne peuvent pas arriver en bon état. On ne peut pas aussi les conserver ici parce qu’il n’y a pas d’électricité. Nous sommes obligés de les faire sécher. Et même ça, nous n’arrivons pas à les envoyer en dehors de la province vu le mauvais état dans lequel se trouve la route », dit-elle.
Il y a plusieurs Halimé Tidjani dans le Tchad profond. « Un appel est lancé aux autorités compétentes de sortir cette population de l’enclavement interne, de l’isolement », conclut le chef de canton Hemat.
L’heure tourne, le moteur aussi. Il est 15 heures. Nous arrivons enfin à Am-Timane.
Adelph Djekornondé
Décidé en 2009, le projet de construction de la Maison des médias du Tchad peine à se réaliser. Une initiative de la Présidence de la République décide de louer un siège temporaire, mais problèmes, il y a aujourd’hui cumul d’arriérés de loyer. Le propriétaire menace d’expulser les locataires. Reportage.
C’est dans une position inconfortable que sont les dirigeants de la maison des médias du Tchad. Ils croulent sous la pression des arriérés de loyers et d’expulsion manu militari.
Tout commence depuis les états généraux de la communication de 2009. Au sortir de cette grande messe des médias tchadiens, des résolutions ont été précises. Parmi laquelle celle de construire une maison de presse. « En 2009, les états généraux ont recommandé à l’État de construire une maison de Presse », dit François Dingames, ancien directeur de la Maison des médias du Tchad (MMT), proche du dossier.
Mais à cette époque, l’État n’avait pas construit cet édifice. Il ne pouvait pas. Seul alternatif : louer une maison pouvant servir temporairement de siège aux médias. « Depuis lors, c’est le président qui paie le loyer régulièrement. Chaque fois, on lui envoie une note de rappel et il paie », explique l’ancien directeur de la MMT.
Mais cette année (2009), des inquiétudes ont été émises çà et là. En effet, selon, Abderamane Barka, président du conseil d’administration de la MMT, lors de l’ouverture de la formation des filles et jeunes femmes journalistes, « un notaire a menacé d’expulsion les occupants ». La raison ?
Arriérés accumulés
« Cette année, nous avons envoyé la note, mais cela a coïncidé avec le Covid-19. Depuis lors, on a envoyé des lettres de relance, mais c’est resté sans suite. Normalement, chaque année, nous payons. Mais cette année, c’est l’absence de la subvention qui a fait défaut », dit François Dingames.
Le propriétaire est décédé. Et ses biens sont gérés par un notaire. Le notaire, après deux notes d’avertissement et un coup de fil, a opté en dernier recours à l’expulsion. « Ils nous a dit de nous acquitter des arriérés parce que les enfants du propriétaire ont des besoins financiers », affirme M. Dingames.
1 million de francs CFA par mois
C’est 1 million par mois qui est tiré du guichet unique afin de payer le loyer. Depuis le mois de janvier, aucune somme n’a été versée. Ce qui constitue un cumul d’arriéré de presque onze mois. Soit 11 millions.
En une année, 12 millions sont payés rien que pour le local. Fort de ce constat, l’on se demande où en est la construction du siège ?
Et le projet ?
Les résolutions des états généraux de 2009 ne sont pas jetées aux oubliettes. La preuve : 20% du fond pour la construction a été versé cette année au trésor public. Mais malgré cela, d’autres obstacles se dressent.
« Ce qui nous manque maintenant, c’est le ministère de l’aménagement du territoire et de l’habitat. Ils nous ont donné une lettre d’attribution de terrain. Mais il manque une lettre qui précisera les dimensions. C’est au vu de cette lettre que les appels peuvent être lancés et démarrer la construction », dit l’ex-directeur.
Mbaidangrao Djekornondé Adelph
L’Union nationale des Étudiant du Tchad (UNET), section de N’Djamena exige le départ du Directeur général du centre national des œuvres universitaires (CNOU). C’était au cours d’un point de presse fait samedi, 07 novembre.
Ce matin, on peut lire sur la pancarte de l’Union Nationale des Étudiants du Tchad (UNET) section de N’Djamena, « Dégage DG de CNOU ». Le Secrétaire Exécutif Adjoint de Azibert MALLOUA au cours d’une déclaration demande la démission de M. Hissein Mamai Khamis qui dirige le Centre National des œuvres universitaire (CNOU). Selon lui, le Directeur manipule un groupuscule d’étudiants pour mettre le bâton dans les roues de l’UNET. Aujourd’hui, s’inquiète l’UNET, les étudiants ne parlent pas le même langage.
Pour certains étudiants, les responsables du CNOU sont depuis un temps dans des promesses sans lendemain. « Ils nous endorment avec des promesses fallacieuses et se sucrent les doigts », disent les étudiants mécontents. Ils demandent le retrait immédiat des nouveaux bus. « Nous ne voulons pas de ces bus, les responsables de CNOU, nous ont affirmé que les bus commandés sont au Cameroun, mais pourquoi ils louent les bus de transport interurbain alors », affirment-ils.
D’autres étudiants se disent satisfaits de l’arrivée de ces bus, même s’ils sont amortis comme le pensent certains. « Pour nous, c’est un moyen de déplacement qui va soulager un tant soit peu notre souffrance quotidienne », ont-ils confié.
Rappelons que depuis 2012 avec la création de la cité universitaire de Toukra, l’État tchadien a mis à la disposition des étudiants des bus de transport. La crise financière de 2016, n’a pas épargné la cause des étudiants. La bourse d’études a été supprimée par le gouvernement pour investir cette somme dans les œuvres universitaires. Mais disent les étudiants, le gouvernement n’a pas tenu sa promesse. La bourse est coupée et rien n’a été investi dans les œuvres universitaires.
Djilel-Tong Djimrangué
Les sinistrés de crue du fleuve Chari vivent dans la précarité sur le site d’accueil des victimes de Walia. Comme un malheur n’arrive jamais seul, même le site est menacé d’inondation. Reportage.
Walia, 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Un air tempéré accompagné d’une brume de poussière souffle en cette matinée du 6 novembre sur cette commune située au sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. À l’intersection de la route nationale et de celle menant à la frontière camerounaise, deux véhicules de la Police sont stationnés. Le long de la voie nationale, vendeurs à la sauvette de pains, de carburant, de cigarettes, voyageurs, citoyens lambda faufilent entre véhicules et motocycles. Un peu devant, le lycée de Walia, vide, se dresse. Plus loin dans la même direction, le site d’accueil des sinistrés du débordement du fleuve Chari apparaît avec des tentes bleues et des abris de fortune. Deux types de sinistrés nous accueillent. Les anciens sinistrés installés sous des tentes construites par le HCR et les nouveaux sinistrés qui dorment sous les abris de fortune et à la belle étoile.
Assis devant sa tente construite aux normes requises, Nondjé Rachel converse avec ses voisines. Elle s’est installée sur le site il y a un mois avec son mari et leurs 11 enfants. Elle se réjouit d’avoir trouvé un toit (même si c’est une tente) où loger avec sa famille. Le même sentiment est partagé par les 100 familles logées sous ses tentes bien disposées et aménagées. Elles offrent un minimum de confort et de protection.
Sur le même site sont installées des victimes de crue du fleuve Chari. Leur camp est un véritable désordre d’abris de fortune. Faute de prise en charge adéquate, les victimes vivent dans une précarité indescriptible. Certaines dorment sous des tentes de fortune faites des rideaux, des pagnes, des draps, des nattes, etc. D’autres encore à la belle étoile sous les moustiquaires. Femmes et hommes ne sont désemparés. « La situation est alarmante. Regardez, nous sommes entassés comme des animaux », dit M. Yalengar Fulbert, enseignant retraité et victime de la crue du fleuve Chari.
Protection et alimentation
Si les victimes des inondations vivant sur le même site n’ont pas les mêmes logements, elles partagent par contre les mêmes conditions de vie. Pas de protection de police ou de l’armée ni d’alimentation sur ce site. Et les victimes sont en colère. « Nous sommes ici depuis cinq jours. La Mairie devrait s’occuper de nous, mais elle en est incapable », dit M. Djimasdé Djimadoum qui ne dissimule mal sa colère.
C’est la question de l’alimentation qui préoccupe le plus les sinistrés. Anciens et nouveaux disent avoir reçu de l’aide alimentaire qu’une seule fois. « Depuis le 6 octobre jour de notre installation ici, nous avons reçu des vivres une seule fois », insiste Mme Nondjé Rachel. Le kit était composé d’un sac de maïs de 50Kg, 25Kg d’haricot, 10 litres d’huile, 20 sachets de pâte alimentaire de l’Office national de la Sécurité alimentaire (ONASA). La distribution de ce kit a été source de fortes tensions. Certains sinistrés crient au détournement. D’autres accusent les responsables de la mairie du 9e arrondissement de verser dans le clientélisme et le népotisme. « Il y a des tickets qu’on partage, mais je ne sais pas comment ils procèdent. De plus, il y a des faux sinistrés couverts par des parents à la Mairie », affirme Djimasdé Djimadoum. « Ce qui m’énerve c’est quand ils commencent le partage, certains ajoutent des noms fictifs pour avoir plus que les autres », soutient un jeune sinistré. Heureux hasard. Le ministère de la Santé et de la Solidarité nationale à travers l’Office national de la Sécurité alimentaire (ONASA) est venu distribuer une deuxième vague de vivres ce 6 novembre. Comme d’habitude sous une forte tension. « Lors de la distribution des vivres, un véhicule de la Mairie plus un camion d’un particulier sont venus prendre une grosse part. Destination inconnue », dit Chem.
La protection n’est pas passée sous silence. En fait, l’harmatan se fait déjà sentir à N’Djamena. Et les sinistrés estiment qu’ils ne sont pas à l’abri faute de moyen de protection. Ils réclament des couvertures et des moustiquaires. « Nous sommes dans la période du froid. En plus il y a les moustiques. Il nous faut de quoi nous couvrir », dit M. Djimasdé Djimadoum. Des victimes mal équipées, mal-logées, mal nourries, le paludisme a commencé à sévir. Haoua Choum, une mère, est terrassée par le paludisme lors de notre visite. Elle déplore le manque d’une unité de prise en charge médicale sur le site. En plus, les sinistrés demandent la distribution des cache-nez pour éviter la propagation du Covid-19 sur leur site. « En résumé, nous avons besoin des couvertures, des moustiquaires, des couchages et des vivres. Que les autorités y pensent. Ce sont nos besoins les plus urgents », dit M. Djimasdé Djimadoum.
Une nouvelle menace
Le site d’accueil des sinistrés du 9e arrondissement est menacé par les eaux de la crue. Cela inquiète sérieusement les habitants des lieux. Si le site est inondé, les habitants seront doublement sinistrés. Déjà qu’ils ont abandonné leurs habitations pour trouver refuge là. Mais la Mairie du 9e arrondissement s’active déjà à faire barrage à cette situation. Des bennes de terre sont déposées à différents points comme barrage pour endiguer la menace. « Que Dieu nous épargne de cette deuxième catastrophe », dit M. Yalengar Fulbert. Il interpelle les autorités à venir rapidement recenser les victimes et leur construire en urgence des petites tentes.
Christian Allahdjim
On la voit partout sur les réseaux sociaux, elle est comme on dit au pays de «uncle Tom» (Etats-Unis), c’est une «happy girl». Toujours enjouée, bonne vivante Kadi est polyglotte. Elle parle français, anglais, arabe, hindi, chinois, etc. Elle illumine de son intelligence les réseaux sociaux tchadiens. Entrevue.
Jusqu’à tout récemment, vous étiez une parfaite inconnue. Vous voilà propulsée grâce aux capsules vidéo que vous produisez, mais qui est Kadi ?
Faisons simple. Je suis une Tchadienne qui vit loin du Tchad, mais qui n’oublie jamais d’où elle vient. Je suis une nostalgique. J’aime où je vis actuellement, mais il y a beaucoup de choses qui me manquent ici. Par exemple, « laham moutacha » (viande grillée), djarat (criquet frits) et l’hospitalité. Vous savez l’immigration est naissance et une mort en même temps. Partir ailleurs c’est tout recommencer. Quitter chez soi laisser derrière parents et amis est une façon de mourir un peu. Voilà pourquoi c’est une naissance et une mort. Les deux à la fois et en même temps. C’est dur.
Vous êtes si jeune, quel est votre parcours ?
Vous le dîtes vous-même que je suis si jeune. Je n’ai pas eu le temps de faire beaucoup de chose, mais InchAllah cela viendra. Ne dit-on pas que tout vient à celui qui sait attendre. J’attends. Je ne suis pas pressée. Bref, je suis dans la musique véritablement depuis un an seulement. Mais j’ai tout même commencé à chanter vers la fin de l’année 2017. Ce n’est pas si récent que cela ma vie d’artiste si je peux le dire ainsi.
Quelles sont vos réalisations ?
Je n’en ai pas beaucoup, mais j’ai quelques réalisations dans ma besace notamment dans des films de Bollywood. J’ai réalisé quelques tubes de chansons et de la traduction. En 2018, j’ai sorti mon premier solo en anglais. Les thèmes évoqués sont l’amour, la jeunesse et les problèmes de la vie en général. Par la musique, je passe des messages. Je s’inspire des modèles et icônes tels que Rihanna, Justin Bieber, Enrique Iglesias, Neha Kakkar et Nancy Ajram.
Votre genre musical ?
Le pop définitivement
À part la musique ?
En plus de la musique, je fais le mannequinat. Je l’ai commencé le mannequinat en Inde vers 2011. C’était du challenge à cause de la couleur de ma peau. Mais je n’ai pas abandonné, j’ai persisté. J’ai finalement gagné ma place dans le «fashion week» du PUNE, Inde. C’était magnifique.
Mannequin en Inde, quelles difficultés avez-vous eues à faire face ?
C’était très difficile. Être chanteuse et actrice n’est pas payant. Cela ne paye pas même votre loyer. Pas au début en tout cas. Il faut toujours avoir un autre emploi à côté. Les difficultés il y a en masse. Par exemple dans la traduction, il n’y a pas assez, car je maîtrise mieux les langues que je traduis. Mais dans le mannequinat, il faut toujours rester mince et manger certaines choses qu’on n’aime pas parfois juste pour ne pas prendre du poids. Pour la chanson, il faut avoir une belle et unique voix pour pouvoir avoir un contrat. Et la concurrence est féroce.
Un message pour les filles tchadiennes ?
Je leur dis simplement de s’éduquer. C’est trop important. Les études ouvrent les portes de l’impossible.
Propos recueillis par Habiba Abdelkerim
Le Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) de N’Djamena qui avait appelé ses membres, 26 octobre, d’entrée, a ordonné aux enseignants de reprendre les chemins des classes ce vendredi 06. Ce mot d’ordre est lancé par le Secrétaire Général de (SET). Reportage.
Depuis le lundi 26 octobre, les enseignants du public ont déserté les classes suite à la grève lancée par le SET. La cause selon les syndicalistes est le non-respect des promesses gouvernementales. Ce vendredi, au cours d’un point de presse, le SET appelle les enseignants à reprendre les cours.
Pour le secrétaire Général du SET, M. Mbairiss Ngartoide Blaise, « le gel des effets financiers des actes de carrières et les titres de transport de 2016 et 2019 sont tablés par les ministères de tutelle. Dès lors il est normal que les enseignants reprennent les chemins des classes. ».
Cet appel à la reprise des cours est mollement suivi par les enseignants et les élèves. Ce vendredi 6, IalTchad Presse s’est rendu dans quelques Lycées de la capitale, N’Djamena pour vérifier la reprise effective. Quelques élèves présents témoignent.
MENODJI Christine, élève en classe de seconde scientifique au Lycée Felix Éboué, « je suis ici pour reprendre les cours suite au mot d’ordre du syndicat des enseignants Tchad, mais les enseignants ne sont pas tous venus. Certains sont arrivés, mais ils ne veulent pas se présenter dans les classes. Cela m’inquiète puisque mon avenir en dépend ».
Un peu loin dans une salle, deux élèves de Terminal série D s’exercent en espérant que la reprise, si est nonchalante aujourd’hui, sera forte à partir de lundi, « nous sommes prêts pour la reprise. Rester à la maison ne nous avantage pas. L’année passée, les cours ont été perturbés par la pandémie. Pour cette nouvelle année, il faut que le Gouvernement prenne ses responsabilités pour nous puissions étudier dans des bonnes conditions », disent-ils.
Au Lycée technique commercial, le constat n’est pas le même. Un enseignant en introduction au Droit donne cours à deux (2) élèves. « Ces élèves sont nos enfants. Il n’est pas question de les punir. Nous devons retrousser nos manches pour leur éducation qui doit être notre priorité. J’appelle mes collègues enseignants de reprendre les cours rapides ».
Pour le proviseur du Lycée Technique Commercial Monsieur, Abdel Salam Idriss, il faut reprendre les chemins des classes « il est inadmissible de rester à la maison au moment où le SET nous ordonne de reprendre. C’est bien de revendiquer nos droits, mais il faut aussi penser à nos enfants qui vont perdre. Il faut assumer notre devoir d’enseignement », dit-il.
Le mot d’ordre du secrétaire général du SET, n’est pas suivi dans son ensemble, mais tout porte à croire que les cours sont déjà effectives à N’Djamena. Signalons que le SET, provincial, se dit non-concerné par ce mot d’ordre, mais tout sera décidé à la sortie de l’assemblée générale prévue ce 6 novembre 2020.
Djilel-Tong Djimrangué
Entrer dans les mœurs des Tchadiens, l’eau embouteillée appelée communément, l’eau minérale est produite par plusieurs sociétés. Elle se vend dans tous les coins et recoins de la capitale, N’Djamena. Les conditions de production, de conservation et de vente. Reportage.
L’eau potable est vitale à la santé. Elle est une question d’intérêt public et de santé publique. Un adulte en bonne santé consomme au moins 1 litre et demi de liquide par jour. Pour satisfaire ces besoins, la meilleure boisson est l’eau, qu’elle soit du robinet (filtrée ou non) ou en bouteille. Pour une bonne eau, plusieurs critères entrent dans sa production, sa conservation et sa commercialisation. La qualité de l’eau doit répondre à un protocole très sévère. Et à un contrôle qualité stricte. Elle convient normalement à tous et pour tous les usages. Malgré son prix élevé, l’eau en bouteille a ses adeptes.
Il y a une grande diversité des eaux en bouteille. Il y a 3 grandes catégories : les eaux de table, les eaux de source et les eaux minérales naturelles.
L’eau de table n’est rien d’autre que l’eau du robinet (ou de puits, de lacs...), mise en bouteille, après traitement, et parfois, ajout des minéraux.
L’eau de source provient d’une source souterraine. Elles doivent être bonnes à la consommation sans avoir subi d’autres traitements que la séparation des matières en suspension et des composés instables par des procédés physiques.
Paroles d’experts
Pour Akoïna Moursal, chef de service Bactériologie au Laboratoire National des Eaux, « toutes les eaux en bouteille ne sont pas des eaux minérales qui sont naturelles, car celle qui est naturelle est protégée de toute pollution. Et a des caractéristiques qui doivent être stables et de nature à apporter dans certains cas des propriétés favorables à la santé ». Pour ce qui est du contrôle de la qualité de ces eaux, le laboratoire national des eaux reçoit souvent des échantillons de la part des entreprises qui ont signé des conventions avec le laboratoire et procède ensuite aux analyses. En revanche, l’autocontrôle se fait par des entreprises en responsable de la production des eaux. Il arrive souvent et selon les protocoles que les techniciens du laboratoire descendent au terrain pour faire des prélèvements.
Selon M. Moursal, les fréquences de contrôle sont définies par le décret 616 portant procédure de contrôle et suivi de la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Pour les métaux lourds qui sont des éléments stables qui ne changent pas de temps en temps, leur fréquence est de 2 ans, mais pour les éléments majeurs, la fréquence est fixée à chaque production. Pour le cas des entreprises qui n’ont pas signé de convention avec le Laboratoire National des Eaux, c’est seulement sur instruction des chefs hiérarchiques du laboratoire que se font les contrôles de qualité des eaux au sein de ces entreprises. Akoïna Moursal précise que « le laboratoire à un rôle régalien de contrôler toutes les qualités des eaux sur le plan national ».
Consommateurs et vendeurs
Pour Jérémie Sava, un consommateur de ces eaux en bouteille, « leur conservation laisse à désirer ». Ces bouteilles d’eau sont exposées sous le soleil. Il trouve que ces eaux embouteillées sont chères. Saleh Issa, un autre consommateur de l’eau en bouteille est du même avis que Jérémie, « le fait de laisser ses bouteilles d’eau au soleil va certainement détruire certaines composantes de ces eaux », dit-il. Les commerçants de leur côté se disent conscients du risque qu’ils prennent en exposant ces eaux sous le soleil.
Akoïna Moursal estime « qu’il y a des eaux de bonne qualité tout comme des eaux de mauvaise qualité ». Mais, dans la ville de N’Djamena et de manière générale, la qualité physicochimique est bonne sauf quelques critères bactériologiques qui laissent à désirer. Ces eaux ont aussi une date de péremption qui va d’une année à deux ans et peuvent aussi perdre leur qualité suite à une mauvaise condition de conservation. Autrement dit, quand elles sont exposées pendant longtemps au soleil, elles peuvent perdre leur qualité.
Le résultat ou le rapport de tous ces contrôles, le laboratoire les envois prioritairement aux entreprises demandeurs dit le bactériologue. « S’il s’agit d’une campagne de contrôle, nous gardons les résultats à des fins de recherche, nous les publions ou les remettons directement aux autorités compétentes », soutient M. Akoïna Moursal.
Pour les sanctions à l’endroit des entreprises indélicates, Akoïna Moursal souligne « qu’il ne revient pas au Laboratoire Nationale des eaux de prendre des mesures coercitives. Il appartient donc à la Direction de Contrôle d’Hygiène au niveau du ministère de la Santé Publique de prendre des mesures à l’encontre de ces entreprises et ce, après un autre contrôle et qui se solde souvent par la fermeture de ces entreprises ». Le Laboratoire National des Eaux reste et demeure une institution d’appui technique qui aide à la prise de décision.
Akoïna Moursal appelle exhorte le public à consommer de l’eau de bonne qualité. Il demande au public de traiter l’eau en y ajoutant de l’eau de javel ou en la faisant bouillir avant consommation.
Si la production et la conservation respectent les normes, l’eau minérale naturelle est bénéfique pour la santé. Elle est aussi bonne pour la préparation des aliments des nourrissons, pour un régime pauvre en sodium, peut être laxative et diurétique et stimule la digestion. Il appartient aux responsables publiques de multiplier les campagnes de contrôle pour permettre aux citoyens de boire une eau de bonne qualité.
Ousmane Mahamat Alfahal
Elle est jeune. Elle est artiste. Elle est chanteuse, mais une chanteuse à part. Pas comme les autres avec son concept de « dje noon pah », qu’elle a défini par « celle qui pleure » Entrevue.
Jeune chanteuse, vous démarrez dans ce métier. Qui êtes-vous ?
Je suis Matibeye Geneviève artiste musicienne, je ne suis pas une chanteuse ordinaire je suis « dje noon pah » celle qui pleure la chanson et Entrepreneur sociale parce que j’aime les gens. J’aurais facilement fait travailleuse sociale si on avait un pays mieux organisé pour venir en aide au plus fauché d’entre nous. Ceux dont la vie n’a pas souri et parfois même handicapés physiquement.
Votre parcours d’artiste ? Comment tout a commencé ?
Très jeune. J’ai commencé à la chorale de l’Église. J’ai toujours été fasciné par les harmonies et la musique. J’ai été choriste en studio et sur scène pour accompagner des artistes. C’étaient en 2012. J’avais envie de tracer mon chemin sans trop des tracasseries. Après réflexion, la seule façon d’y arriver c’est de commencer ma carrière solo. Cette décision m’a permis d’apprendre beaucoup de choses. Et d’assumer mes responsabilités. Si je ne réussis pas un coup, je ne chercherais pas à blâmer autrui. Cela sera ma faute. Et je continuerais à apprendre.
Quel est votre genre musical ?
Du Word beat ou Word musique ou encore musique du monde, c’est selon. C’est un mélange de la musique traditionnelle et de la musique moderne, du jazz & bleus sur un style Noon pah avec mes touches personnelles.
Votre discographie ?
J’ai enregistré plusieurs singles. Ils sont déjà en écoute sur les plateformes digitales, les radios et un album toujours en route faute de moyen. Au Tchad il n’y a pas un fort soutien à la culture, à l’artiste. Il n’a pas de statut donc c’est un inconnu. C’est comme un errant sans pièce d’identité. Alors que ce sont les artistes qui sont les meilleurs ambassadeurs. J’ai le sentiment qu’on déteste l’artiste dans ce pays du Tchad.
Quelle est votre opinion sur le milieu de la musique tchadienne en particulier et de la culture en général ?
Je dirais que la production est très satisfaisante. L’évolution a été très rapide et positive. Ces dernières années, il y a une grande révolution de la musique tchadienne avec un grand nombre d’artistes, un travail de qualité, un retour à la source, et une recherche identité. La musique tchadienne est prête à être exportée au-delà de nos frontières.
Si demain le ministère de la Culture vous convoque pour vous demander conseil sur la musique et la culture, qu’est-ce que vous leur direz ?
Déjà de penser au statut de l’artiste, Créer un fond d’accompagnements des artistes Créer une école des arts et de la culture, Créer des salles d spectacles aux normes internationales
Mettre en place une politique de diffusion et de valorisation de la musique tchadienne. On espère bien qu’avec notre nouveau ministère les choses font changer rire
Quels sont tes projets ?
Je travaille sur mon projet de recherche sur le « noon pah ou pleureuse de la chanson » qui est une recherche identitaire. J’ai pu grâce à cela rencontrer des griottes dans le sud et le nord. J’étais accompagné d’une musicologue française. J’ai monté une résidence de création en 2019. Elle a permis de réadapter les chansons. La deuxième phase du projet est en quête d’accompagnement et de financement rire. J’ai participé au marché des arts et des spectacles d’Abidjan en mars avec un projet Women Power. C’est un projet qui regroupe des chanteuses africaines et un groupe féminin marseillaises qui étais prêt à être lancé, mais Mme Covid-19 a décidé de tout arrêter. On attend que les activistes reprennent de sitôt.
Votre mot de la fin
Un grand merci à vous et tous ceux qui soutiennent la musique tchadienne et les arts. Il faut que les Tchadiens aiment et encouragent leurs œuvres en les consommant, en les partageant, l’exporter. C’est ainsi nous allons faire connaître notre culture.
Entrevue réalisée par Habiba Abdelhakim