jeudi 19 septembre 2024

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Jeune, belle et joyeuse. Tout ce qu’elle touche lui réussit. Elle donne de l’éclat et de la visibilité à un événement quand elle participe. Le milieu de la mode africain se l’arrache. Son nom commence à circuler au sommet du mannequinat mondial. Sa fulgurante carrière semble partie pour ne pas s’arrêter…enfin peut-être…. Elle est presque irrattrapable tellement elle a creusé l’écart avec les autres mannequins de sa génération. Entrevue avec la fulgurante Claudia Mantangar, mannequin tchadienne en vogue. 



Mais qui êtes-vous Claudia ? Vous sortez d’où ?

Faire simple ou compliqué ?

À vous le choix.

Bon, écoutez, je suis simplement MANTANGAR CLAUDIA. Je suis tchadienne par mon identité civile et mes valeurs culturelles. Et dans la vie professionnelle, je suis mannequin. J’ai obtenu mon bac en 2017 (rire) c’est pourquoi je souligne le bac. Vous ne trouvez pas que c’est bête ? Alors, je continue, après mon baccalauréat j’ai participé à des petites activités non diplômantes : la gestion des projets et la gestion hôtelière. Je viens de m’inscrire en première année de licence en communication d’entreprise.

Comment êtes-vous arrivé dans le milieu du mannequinat

Enfant, je rêvais d’être mannequin depuis mon enfance. Vous savez je viens d’une culture conservatrice alors oui je rêvais en silence. Chemin faisant, j’ai fait mes premiers pas à l’agence de Samira Loubri At les « Gazelles du Sahel » de la nuit de la femme tchadienne en 2008. C’était un moment inoubliable.

J’ai fait ce choix parce qu’être mannequin est un métier glamour qui t’ouvre au monde. Aussi, c’est un métier avec a une forte exposition médiatique. Il est très exigeant. Il y a une grande concurrence, beaucoup de candidates au départ, très peu sont retenues à l’arrivée. C’est la règle du jeu. Sauf la crème des crèmes arrive à se faire leur place au royaume du mannequinat. J’avoue c’est dur.

Comment te définir ?

D’abord, ambitieuse. J’ai toujours eu cette ambition de porter haut le drapeau de mon pays dans le domaine de la mode. J’avance, il faut que je continue à avancer, de toujours avancer malgré les difficultés.

Ensuite professionnelle. J’adore bien faire mon travail afin de toujours exceller dans ce que je fais.

Enfin, ouverture d’esprit. Parce qu’il faut respecter les opinions des autres. Et je suis réceptive aux critiques. Cela me permet de m’améliorer.

Vous avez participé à des défilés hors du pays ?

Oui plusieurs d’ailleurs. Entre autres défilé à savoir : MASSA(Abidjan), le FESMMA(Benin), FIMOG (Guinée Conakry), FESTIA (Mali), NSA(Bénin), ELIMA(Togo). Je viens aussi de participer à un défilé au Congo organisé par Street Blooz Fashion.

Des prix, vous en avez gagné ?

Oui. J’ai commencé en tant qu’amatrice en 2008, j’ai été élue trois fois de suite miss des soirées de mode au Tchad (2011, 2012 et 2013). J’ai reçu le trophée de meilleur mannequin décerné par l’agence gazelle du sahel en 2015. Enfin, il y’a 2 mois il m’a été décerné le prix de top model africain de FESMMA au Bénin.

Peut-on vivre uniquement du mannequinat ?

Oui. On a des exemples. Le mannequinat est connu comme le métier le plus lucratif dans le domaine de la mode. Mais cet aspect ne peut être remarqué que sous d’autres cieux. En Afrique, surtout, on ne peut pas vivre du mannequinat, ce n’est pas bien rémunéré. Je pense que pour vivre pleinement de la mode, il sera préférable d’avoir aussi de petits projets liés à la mode. Cela permettra au mannequin de s’en sortir..

Propos recueillis par Habiba Abdelhakim

La ville de Koumra est créée en 1962. Elle est comme posée en pleine savane comme un cordon qui relie deux villes historiques, Sarh et Moundou, du grand sud. Le chef-lieu de la province du Mandoul est à 680 km de la capitale, N’Djamena. Ialtchad vous amène à la découverte de cette ville de 75 000 âmes réparties dans 10 quartiers.

Samedi 7 novembre 2020, Koumra accueille le chef de l’État, Idriss Déby Itno. La ville a changé de décor. Les grands axes sont aux couleurs nationales. Des effigies du Maréchal du Tchad et des banderoles sont placées sont partout : aux carrefours et devant certains bâtiments publics. Elles souhaitent toute bienvenue au président. La capitale provinciale du Mandoul est prise d’assaut par les forces de sécurités. A 10 heures tout s’accélère. Tout devient intense. Même la circulation. « La ville est devenue bizarre, il y a trop de mouvements, je préfère rentrer pour éviter les accidents », lance une habitante, visiblement habituée au calme de la ville.

A midi, la grande voie bitumée qui longe le marché moderne est prise d’assaut par les habitants de la ville, en majorité de jeunes. Placés des deux côtés du « goudron », tous attendent l’arrivée du président de la République. « Ce sont des jeunes qui se cherchent et qui sont toujours au-devant de la situation. Ici les femmes sont laborieuses. Elles ne baissent jamais les bras. La ville regorge plusieurs groupements féminins. Koumra est en train de s'agrandir. Nous avons bénéficié de 18 km de route bitumée. Une promesse de 12 autres km nous attend. Notre ville est une ville laborieuse, cosmopolite où il fait bon vivre », dit le maire de la ville, Guidimbaye Madjiro Christian.

Mais quelles sont les potentialités de cette ville qui accueille le chef de l’État ?

D’abord, il y a une myriade de groupements qui créent des activités génératrices de revenus. Elles sont d’excellentes gestionnaires de ces organisations. Les jeunes s’y accrochent et font pieds à pieds leur place. Ville agricole, Koumra est réputée pour son karité et son sésame de qualité supérieure. Même s’il n’y a pas de données officielles sur la capacité de production annuelle, il est reconnu que c’est la province du Mandoul qui approvisionne les autres provinces du pays, surtout en Karité. Le président Déby Itno, lors de son séjour, a promis aux femmes d’industrialiser ce secteur. Les cultures du karité et du sésame rapportent beaucoup de revenus à la population, même si l’exploitation de ces ressources est encore informelle et artisanale.

Longtemps caricaturée comme la ville « aux voleurs coriaces », aujourd’hui elle respire la quiétude. Le maire de la ville se veut rassurant, « C’était faux. Et même si c’était vrai cela est maintenant un phénomène disparu, parce que les forces de sécurité se mettent au travail. Il y a toujours des brigades qui font des patrouilles partout dans la ville, ce qui fait que l’insécurité est maîtrisée. Nous remercions beaucoup les forces de sécurité pour leurs efforts dans ce domaine. Nous, hommes politiques natifs de cette ville nous avons toujours demandé aux jeunes de travailler la terre plutôt que de voler ».

S’il y a bien un autre phénomène qui gangrène la ville de Koumra et toute la province du Mandoul, c’est l’excision. Le président Deby Itno, « je m’adresse directement aux chefs traditionnels, aux chefs religieux, aux cadres du Mandoul et particulièrement à nos sœurs et femmes exciseuses en disant : il faut arrêter. Il faut arrêter définitivement cette pratique moyenâgeuse ». Des instructions sont données séance tenante pour traduire en justice ceux qui se livrent encore à cette pratique.

Le lendemain, la ville s’est réveillée dans le calme. Plus d’agitations. Finie l’effervescence. Le président et sa délégation ont mis le cap vers une autre ville du pays.

Maurice N’gonn Lokaar

Le Projet d’appui aux réfugiés et communautés d’accueil (PARCA) a été lancé le 8 novembre dernier à Koumra, chef-lieu de la province du Mandoul, par le chef de l’État, Idriss Déby Itno.  Ialtchad Presse a rencontré le coordonnateur national du projet, Japhet Doudou Beindjila, revient sur le bien-fondé de l’initiative. Entrevue.

Bonjour, monsieur, le coordonnateur national ! Qu’est-ce que le Projet d’appui aux réfugiés et communautés d’accueil ?

C’est un Projet d'appui aux réfugiés et aux communautés d'accueil. C’est une initiative du gouvernement de la République du Tchad qui a bénéficié de l'appui financier et technique de la Banque Mondiale pour aider les ménages vulnérables qui sont autour des camps des réfugiés et également les réfugiés eux-mêmes. L'idée c'est de faire en sorte qu'il y ait un équilibre entre les réfugiés et les communautés hôtes. Depuis toujours, les réfugiés ont bénéficié de l'appui de tous les partenaires. La Banque Mondiale et le gouvernement ont réfléchi. Et ils ont constaté un déséquilibre. Il fallait corriger cela à travers le PARCA. Le but est de diminuer les tensions autour du partage des ressources naturelles entre les réfugiés et les communautés hôtes.

Pourquoi avoir choisi la province du Mandoul ?

C'est simplement parce que nous avons également des réfugiés dans le Mandoul, à Moïssala. Mandoul fait partie de la province qui appuie le projet. Comme je le disais, l'idée c'est d'amener le changement au sein des communautés hôtes qui sont autour des camps. Les Tchadiens ont beaucoup souffert de cette crise des réfugiés qui a envahi le Tchad depuis quelques années. Ils sont là sur le sol tchadien, on a utilisé les mêmes ressources, les Tchadiens ont tout donné pour les réfugiés. Maintenant ils sont devenus plus pauvres que les réfugiés. Donc il faut corriger ce déséquilibre. Et apporter un appui aux Tchadiens qui ont accueilli leurs frères réfugiés de la Centrafrique, du Soudan etc.

Quels sont les domaines d'intervention ?

Il y a deux composantes clés. La première composante est le renforcement des infrastructures communautaires. Le projet va investir dans la construction des écoles et des centres de santé, des châteaux d'eau pour renforcer la communauté hôte. Nous allons également construire des écoles dans les camps des réfugiés et là où il y a un besoin. S'il n'y a pas de besoins, nous allons faire tous ces investissements dans les camps donc ce sont les Tchadiens qui vont bénéficier de cet appui.

La deuxième complaisante est le transfert monétaire non conditionnel. Ce sont les filets sociaux. Sur la base des enquêtes que nous réalisons, nous arrivons à identifier les ménages vulnérables, c’est-à-dire pauvres. Dans le Tchad profond, vous trouverez des gens qui vivent dans des difficultés. Ce sont ces gens-là qui sont nos cibles. Le PARCA s’attaque à leurs problèmes, on essaie d'apporter des ressources financières directes. C'est de l'argent qu'on donne à la communauté, en raison de 45 000 FCFA par trimestre. On donne à chaque ménage qui est identifié et sélectionné. Nous avons une base de données, sur la base d'une enquête. Nous avons eu à la phase pilote. Les résultats sont très encourageants. Tous ceux que nous avons appuyés, 96% sont des personnes démunies. C'est l'étude qui a montré cela. Et c'est cela qui nous encourage. L'appui continu des plus hautes autorités est présent et nous exécutons leurs orientations.

D’autres provinces sont concernées par le projet ?

Nous intervenons dans 7 provinces du Tchad, là où il y a les réfugiés, dans un rayon de 25 kilomètres à savoir : Logone oriental, Ouaddaï, Lac, Wadi Fira, Ennedi Est, Moyen Chari et Mandoul. En ce qui concerne la proportion de financement, nous appuyons à 70 % la communauté hôte et 30 % pour les réfugiés.

Important à savoir : d’un montant global d’environ 67,5 milliards de FCFA, le PARCA couvre, à travers les programmes Filets sociaux, 130 000 ménages pauvres et vulnérables. Ces derniers sont bénéficiaires des transferts monétaires non conditionnels et des subventions d’activités productives, dont 18 800 ménages vulnérables de la province du Mandoul.

Entrevue réalisée par Maurice N’gonn Lokaar

Le décès de sa maman en 2018 lui a procuré le sens de l’entrepreneuriat. Entre ses études universitaires et la vente des criquets frits, elle se prend en charge. Portrait d’une jeune femme battante.

Mariam Djimidaga à 24 ans. Elle est étudiante en 3e année de Droit à l'université de Dschang, au Cameroun. Fille aînée d’une fratrie de 2 filles et 1 garçon, Mariam Djimidaga est une fille battante. 

Après le décès brusque de leur maman, Mariam a décidé de pérenniser l’activité de sa défunte mère : vendre les criquets frits. D’ailleurs elle aidait déjà sa défunte mère dans cette tâche. « Je faisais cette activité depuis mon enfance avec ma maman alors rien n'est nouveau pour moi », raconte-t-elle, joyeuse. Au Tchad, voir une jeune fille, de surcroît étudiante s’exposer à la fumée et aux rayons solaires toute la journée relève de l’extraordinaire.

Malgré les études à l'étranger, rien ne l’empêche de faire prospérer sa petite entreprise. « J’étudie au Cameroun, mais cela n’est pas une entrave pour moi. Chaque congé et vacance, je viens à N'Djamena pour le commerce et à mon absence, je confie tout à la petite sœur de maman », rapporte-t-elle. Aucun métier n'est facile, mais Mariam est loin d'abandonner cette activité qui lui génère des revenus. « Les bénéfices que régénère mon commerce allègent un peu les parents dans notre prise en charge et surtout pour nos petits besoins ».

Pour s'approvisionner, elle se rend au marché de Dembé situé dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Pour cela, elle doit être matinale chaque jour. Dès 6h, Mariam quitte son domicile à Ardep-djoumbal pour se rendre à Dembé. Et ensuite, aller à son stand de vente à Sabangali devant le Lycée Technique Commercial (LTC).

Les N’Djamenois sont des grands consommateurs en cette période. Les criquets sont vendus cher chez les grossistes. « En début de saison, la petite bassine coûte 10 000f. Lorsque la saison est bien entamée, on achète le même bassin à 8 000 f parfois 7 500f », dit-elle.

Avec son commerce, Mariam achète les criquets en fonction de l'argent qu'elle gagne. « Au début, je ne préparais pas beaucoup, mais depuis que les clients de ma maman ont su que je continue à faire malgré son absence, ils viennent chaque jour acheter et cela m'a permis d'augmenter le chiffre de mon commerce », se réjouit-elle. Elle ajoute qu'elle a commencé avec 20 000F. « Avec ça, je prenais les criquets pour 10 000f mais aujourd'hui, j'achète pour 30 000f et avec les condiments et d'autres besoins pour la préparation, parfois je dépense plus 35  000f ».

Elle affirme que le jour où elle a beaucoup de clients, elle réalise de gros bénéfices. « Je peux faire 10 000f ou plus de bénéfice par jour ». Mais comme chaque jour n'est pas dimanche, il arrive des jours où son fonds de commerce prend un  coup. « De fois je me retrouve avec 30 000f ou moins et avec le restant de ma marchandise à la fin de la journée ».

Entreprenante, Mariam Djimindaga a embauché quatre femmes pour l’aider. Elles sont les ex-employées de sa maman. Elle a décidé de les garder. Elle les paie par jour et en fonction de leur travail. Ces aides ont pour travail de nettoyer les criquets et les frire. Mariam se charge juste de les assaisonner et les servir au client.

M Madji est l'un des clients satisfaits. « J'achète les criquets ici depuis des années. Après le boulot, je passe ici pour acheter à mes enfants et à ma femme », dit-il.

Mme Solange, mère de 5 enfants, est aussi une fidèle cliente. Elle est venue accompagnée de ses enfants. « Après avoir récupéré mes enfants à l'école, on passe par ici pour acheter. Le jour où elle ne fait pas, je l'appelle comme j'ai son numéro, pour savoir ce qui ne va pas. Elle prépare tellement bien qu'on aime manger chaque jour », affirme Mme Solange.

Orthom L’Or

 

Les quartiers Walia et Toukra dans le 9e arrondissement ressemblent à des îles en plein cœur de N’Djamena. En cause la crue du fleuve Chari et du Logone.  Ialtchad Presse est allé le constater. Reportage.

Walia. Carré Ngonba dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Un silence de cimetière y règne sur ce carré qui abrite l’ex cimetière Sud de N’Djamena. Quelques maisons abandonnées se dressent au milieu des eaux. A l’entrée de l’ex cimetière, quelques jardiniers s’activent à arroser et planter des légumes. À côté d’eux, des manœuvres chargent une benne de sable.

L’air frais qui souffle en cette matinée du 13 novembre sur le carré Ngonba semble ne produire aucun effet sur Pabamé. Pantalon noir replié jusqu’aux genoux, t-shirt noir aussi, il s’active à renforcer le barrage autour de sa concession. L’eau y est déjà entrée, mais stoppée grâce à une petite digue faite des briques. Depuis le début de la semaine, les eaux du fleuve Chari ont débordé de leur lit et se sont déversées sur le carré. Ngonba s’est retrouvé brusquement inondé. 

Les eaux rendent l’accès difficile à la concession de Pabamé, notre conversation s’est tenue à distance comme au temps des Sao. La légende raconte que les Sao, hommes de grande taille, pouvaient communiquer entre eux sur des kilomètres. Selon M. Pabamé, depuis douze ans qu’il habite le coin, c’est la première fois que les eaux du fleuve ont débordé pour atteindre ce niveau. « Cela ne s’est jamais produit depuis que je vis ici. Les anciens du coin disent que c’est un phénomène qui se répète chaque 10 ans », dit-il. Les voisins de M. Pabamé se sont réfugiés dans d’autres quartiers. Même une partie de l’ancien cimetière s’est retrouvée sous les eaux. Malgré tout il est resté avec sa famille sous les eaux. « Je suis le seul à rester malgré l’inondation. Mais là je vois d’autres voisins qui ont commencé à regagner leurs demeures », fait-il observer.

Pour bloquer l’écoulement des eaux du fleuve au quartier, les habitants de Ngonba se sont mobilisés pour construire un barrage sur les berges du Chari. « C’est ce qui a ralenti la montée des eaux. Le niveau d’eau a commencé à baisser », affirme M. Pabamé. 

Toukra. Le même scénario se dessine. Les eaux du fleuve Logone ont débordé pour se déverser également dans les quartiers Dingangali, Ngueli, Ngoumna, etc. Les quartiers comme Dingangali et Ngueli ont été évacués simplement. Ses habitants ont été relogés sur le site de Toukra. A Ngoumna par exemple, la résistance s’organise encore grâce à des digues. Vers Toukra, les maisons qui ne sont pas inondées sont encerclées par les eaux obligeant les résidents à vivre comme sur une île.

Cohabiter avec les eaux

Madjirangué Aristide, habite Gardolé Djedid près de 3 ans déjà. Bottes au pied, il marche en direction du goudron. Il doit se rendre en ville pour quelques courses. Bien que sa cour ne soit pas inondée de l’intérieur, à la devanture déjà il faut plonger les pieds dans l’eau.  Chaque jour, il faut marcher dans les eaux pour rejoindre la grande voie. « C’est fatigant la marche dans l’eau. Mais on n’a pas le choix », se lamente-t-il. Lui aussi dit que ce phénomène se répète à chaque 10 ans. « Depuis 2012, c’est cette année que ça se reproduit ». Mais précise-t-il, ce n’est pas avec la même ampleur. « Pour la première fois, c’était à une faible intensité. Mais cette fois, c’est inquiétant. » Justement, le niveau d’eau ne fait qu’augmenter de jour en jour. Cependant, souligne Aristide, il n’y a pas des maisons écroulées dans son secteur. « Heureusement qu’ici il n’y a que des maisons en dur. Sinon cela allait très grave. »

Malgré le niveau d’eau qui ne fait qu’augmenter, certains habitants ont préféré être des insulaires en cohabitant avec les eaux. Ils refusent d’abandonner leurs maisons et leurs biens à la merci des voleurs. Le vol a augmenté dans les différents quartiers inondés. Pour assurer la sécurité de leurs biens, certains pères de famille évacuent les progénitures et gardent la maison à la nuit tombée.

Walia et Toukra sont pris en sandwich par les eaux du fleuve Chari et Logone plongeant les populations dans le désarroi.  Tout porte à croire que la fin de leur calvaire n’est pas pour demain.

Christian Allahdji

Le début du mois de novembre marque la période de fraîcheur au Tchad. Dans les marchés de la capitale, N’Djamena, les prix de vente des blousons et pulls grimpent vertigineusement. Reportage.

10h30 mn. Après la salubrité du samedi, à l'entrée nord du grand marché « Soukh Kabir » de N’Djamena, les commerçants s'agitent pour étaler leurs marchandises. À cause de la salubrité décrétée chaque samedi par la Mairie de la ville de N’Djamena, les marchés et les boutiques ouvrent à 10 heures seulement. Un peu plus loin, du côté ouest chez les vendeurs des friperies, on discute entre clients et vendeurs.

Ali est un commerçant des friperies. Il vient de déballer quatre ballots d’habits. Sur les quatre, trois sont uniquement pour les blousons et les pulls. Il explique que c’est la période et ces types de vêtements sont les plus sollicités. Femmes, hommes, et jeunes entourent son étal. D'un air joyeux, il fait la publicité pour attirer plus de clientèles, il vend à la criée « le froid arrive, venez chercher les habits pour vos enfants et pour vous, vous ne les trouverez pas demain. »

Prix en hausse

Les clients cherchent parmi les montagnes de blousons pour tirer le bon choix. Après avoir choisi, ils discutent le prix. Les clients crient à l’inflation des prix. « Il ne fait pas encore vraiment froid, mais le prix des blousons est très élevé », dit une mère. « Pour un enfant de 2 ans, le vendeur me dit, le dernier prix est à 2 500f. J'ai trois enfants de 2 à 10 ans, il me faut au moins 10 000f pour avoir leurs blousons. Je n'ai pas cette somme alors je laisse tomber », explique une mère de trois enfants rencontrées au marché.

Djabo Remy, un père de famille, est l'un des clients de M. Youssouf, vendeur des blousons au marché central. « J'ai deux petits garçons, l'aîné part à l'école et le petit a 1 an et demi. Pour cette période, je dois les habiller chaud ». Mais s'inquiète-t-il, « le prix est vraiment élevé, j'ai prévu acheter 4 blousons pour eux, mais là je n’ai pris que 2. Ça m'a coûté 6 000 f. »

Certains clients s’emportent à cause des prix « c'est toujours comme ça avec les commerçants. Ils sont prêts à profiter d'une occasion et comme ils savent que les clients sont dans le besoin, et qu’ils sont obligés d'acheter malgré le prix. Ce sont les profiteurs ». D’autres s’aventurent dans d’autres marchés de la ville. « Le grand marché est pour les riches. Moi j'irai voir ailleurs. Le prix n'est vraiment pas abordable ici », dit une jeune mère.

12h15mn. Marché de Dembé, dans le 6e arrondissement de N’Djamena. C'est un marché populaire très fréquenté. Dans les allées des vendeurs des blousons, il y'a un attroupement devant une boutique. Dans ce couloir, l’ambiance bon enfant y règne. Jeunes comme vieux fouillent dans le ballot des habilles. Dans le souci de faire un bon choix les demande l'avis des autres, « s’il te plaît madame, est-ce que mon choix est bien ? Est-ce qu'un enfant de tel à tel âge peut porter ? » Ce sont les questions que les clients se posent.

Après le choix, c’est l'étape de la discussion du prix au commerçant. Hamadou demande les prix de ces choix. Dans un visage serré, le commerçant lui communique les prix. Étonné par la hausse du prix, Hamadou réagit aussitôt « c'est parce qu'il commence à faire froid. C'est quoi le problème ? ». Déterminé à acheter, il discute longtemps avec le vendeur et pour finir, ce dernier a demandé à Hamadou d'aller voir ailleurs. « Pour trois blousons, j'ai dit 5 000f et il me dit d'aller voir ailleurs.  Je viens tenter ma chance dans d'autres boutiques ».

À côté de Hamadou, un père de 6 enfants dit n’avoir pas d’autres choix que d’acheter ces blousons. Il explique qu’il avait remis 10 000f à sa femme pour l’achat de ces habits contre le froid. Malheureusement madame est rentrée les bras ballants disant que le budget était insuffisant. « Je ne l’ai pas crue. C’est pourquoi, je suis venu au marché moi-même pour constater je suis face à la réalité. J'ai utilisé 15 000f pour avoir 6 blousons pour mes enfants », dit-il.

Comment se protéger du froid ?

Selon Dr Madjimbaye Todjimngar Séverin, coordonnateur à la Clinique La Melina, le froid est défini comme une baisse de la température ou absence de la chaleur. Toujours selon lui, ce phénomène naturel a son côté positif et négatif. 

Selon Dr Séverin, le côté positif ce que le froid aide à mieux dormir, à améliorer la circulation sanguine, à réduire la douleur dans le corps. Le côté négatif, Dr ce que le froid expose à des pathologies virales d’origine respiratoire. Il conseille aux personnes âgées différentes astuces naturelles qui consistent à : se couvrir tout le corps avec de préférence des habits en coton, porter des bonnets, des gants et des chaussettes. Il conseille également de s’hydrater suffisamment avec des boissons tièdes telles que les tisanes au détriment des jus de fruits. Pour Dr Séverin le sport est un bon moyen pour lutter contre le froid. La nuit, précise Dr Séverin, il est un impératif de bien fermer les portes et les fenêtres ainsi que tout trou pouvant permettre à l’air de pénétrer dans la chambre. L’utilisation des crèmes hydratantes empêche la pénétration du froid par les pores, dit-il. À ceux qui ont des enfants, Dr Séverin leur conseille d’appliquer des menthes à l’entrée des fosses nasales pour les empêcher d’inhaler de l’air frais. Mais également de les laver un peu tôt avec de l’eau tiède.

Pour les personnes vivant avec des maladies respiratoires, Dr Séverin leur demande de renforcer leur système immunitaire en buvant des tisanes et des boissons tièdes accompagnées de citron. Mais aussi de bien se couvrir le corps.

Christian Allahdjim
Orthom L’Or

Les eaux de pluie entraînent des déviations, ici et là il y des trous et tas de terre. Des secousses infernales fatiguent le corps. Et les voyageurs arrivent en compote à destination. Tel est le vécu des voyageurs qui prennent la route reliant Mongo à Am-Timane. Alors que la province du Salamat est considérée comme le grenier du Tchad, le manque d’infrastructure routière handicape le développement de la région. Reportage.

Un calme de cimetière règne, les rues ne sont désertées, personne en vue. Pourtant, le beau temps et une température d’à peine 32°C sont au rendez-vous. Un espace paradisiaque, tantôt des montagnes apparaissent, tantôt les plaines s’étend comme un tapis verre sur lequel les animaux pâturent. Nous roulons, la nuit tombe. Nous arrivons à Mongo, la capitale de la province du Guéra.

C’est l’aube. Le muézin appelle à la première prière de la journée. Comme de coutume, le véhicule doit s’arrêter pour permettre aux uns de prier et aux autres de se dégourdir les jambes. Un geste, deux mouvements, tout est fin prêt et nous reprenons le chemin. Direction : Am-Timane, capitale de la province du Salamat.

Il est 6 heures du matin. Notre cortège se met en branle. 270 kilomètres sont à parcourir. L’engouement et l’enthousiasme chez les uns, la curiosité et des interrogations, chez d’autres. Soudain, le véhicule roule sur la terre battue. De petites secousses, ensuite des grandes. On s’interroge : pourquoi ? « C’est la fin de la route bitumée », répond Abdelmadjid, le chauffeur.

Ici, commence un long trajet d’épreuves. « Un chemin de croix », dit Senoussi, un quinquagénaire originaire de la province. Il est un habitué de cette route.  Durant tout le trajet N’Djamena-Mongo, il raconte les merveilles d’Am-Timane. Mais à voir l’état de la route, l’incompréhension se lit aux visages. « Vous dites qu’Am-Timane est le grenier du Tchad et elle a une route pareille ? », s’interroge ironiquement Abdelmadjid. Senoussi tente de lui expliquer l’historique de la construction de cette voie.

La pose de pierre date de 2015 …

« C’est depuis 2015 que la pose de pierre pour la construction de la route Mongo-Am-Timane a été posée », explique Senoussi. Mais « jusqu’à présent, les travaux n’ont pas encore commencé pour des raisons que je ne sais pas », dit-il avec désarroi.

Un avis que partage Kaltouma, notre cheffe de bord. Elle est un ex-membre du Bureau Politique National du Mouvement patriotique du Salut (BPN-MPS), le parti au pouvoir. « La récession liée à la chute du prix du pétrole est la principale cause du coup d’arrêt de ce projet », dit-elle. Pendant ce temps, nous avançons lentement mais sûrement. Comme dirait le Roi Christophe, « Un pas, un autre pas, encore un autre, tenir à gagner chaque pas ». Nous faisons ici, un kilomètre, un autre kilomètre, encore un autre kilomètre et nous tenons à gagner chaque kilomètre. Il est 13 heures, nous arrivons à Aboudéya, ville à plus de 120 kilomètres de notre destination finale.

Le cortège s’arrête. C’est le Dhuhr, la deuxième prière musulmane. Abdelmadjid vérifie l’état de la voiture. Le soleil est à son zénith, la chaleur est accablante, les regards sont vides, les traits sont tirés de fatigue, c’est dans cet état que nous poursuivons notre chemin. Le dernier tour est, semble-t-il, amorcé. Du moins, l’on l’espère.

Crise financière et écroulement du grand pont

La seule crise financière due à la chute des prix du pétrole en 2016 n’explique pas tout, dit-on. Une autre raison explique le retard dans les travaux de construction sur l’axe Mongo-Am-Timane. Il s’agit de l’écroulement du grand pont d’Am-Timane.

Selon le chef de canton Hémat, Halata Attahir Hileon, l’écroulement du pont serait à l’origine de l’arrêt des travaux.  « On m’a expliqué que l’écroulement du pont à l’entrée de la ville serait la cause. Ce pont aurait été la cause de la déviation des eaux. Conséquence : les eaux de pluie se déversent dans la grande voie. Impossible alors de continuer les travaux. » Le mauvais état de la route est un « handicap pour l’économie de la province », affirme le Chef Attahir.

Économie paralysée

Le développement passe par les routes, dit-on. Des routes construites et entretenues. Ce n’est pas la Province du Salamat qui fera exception. Le manque des voies praticables dans la province est une barrière à l’essor de l’économie locale. Pour rappel, la province est considérée comme l’un des greniers du Tchad.  C’est la difficulté que rencontre Halimé, vendeuse de poissons. Elle exerce ce métier depuis une décennie.  « Nous avons assez de poissons frais qu’on ne peut pas acheminer vers Mongo ou N’Djamena pour écouler. Ces produits ne peuvent pas arriver en bon état. On ne peut pas aussi les conserver ici parce qu’il n’y a pas d’électricité. Nous sommes obligés de les faire sécher. Et même ça, nous n’arrivons pas à les envoyer en dehors de la province vu le mauvais état dans lequel se trouve la route », dit-elle.

Il y a plusieurs Halimé Tidjani dans le Tchad profond. « Un appel est lancé aux autorités compétentes de sortir cette population de l’enclavement interne, de l’isolement », conclut le chef de canton Hemat.

L’heure tourne, le moteur aussi. Il est 15 heures. Nous arrivons enfin à Am-Timane. 

Adelph Djekornondé

Décidé en 2009, le projet de construction de la Maison des médias du Tchad peine à se réaliser. Une initiative de la Présidence de la République décide de louer un siège temporaire, mais problèmes, il y a aujourd’hui cumul d’arriérés de loyer. Le propriétaire menace d’expulser les locataires. Reportage.

C’est dans une position inconfortable que sont les dirigeants de la maison des médias du Tchad. Ils croulent sous la pression des arriérés de loyers et d’expulsion manu militari.

Tout commence depuis les états généraux de la communication de 2009. Au sortir de cette grande messe des médias tchadiens, des résolutions ont été précises. Parmi laquelle celle de construire une maison de presse. « En 2009, les états généraux ont recommandé à l’État de construire une maison de Presse », dit François Dingames, ancien directeur de la Maison des médias du Tchad (MMT), proche du dossier.

Mais à cette époque, l’État n’avait pas construit cet édifice. Il ne pouvait pas. Seul alternatif : louer une maison pouvant servir temporairement de siège aux médias. « Depuis lors, c’est le président qui paie le loyer régulièrement. Chaque fois, on lui envoie une note de rappel et il paie », explique l’ancien directeur de la MMT.

Mais cette année (2009), des inquiétudes ont été émises çà et là. En effet, selon, Abderamane Barka, président du conseil d’administration de la MMT, lors de l’ouverture de la formation des filles et jeunes femmes journalistes, « un notaire a menacé d’expulsion les occupants ». La raison ?

Arriérés accumulés

« Cette année, nous avons envoyé la note, mais cela a coïncidé avec le Covid-19. Depuis lors, on a envoyé des lettres de relance, mais c’est resté sans suite. Normalement, chaque année, nous payons. Mais cette année, c’est l’absence de la subvention qui a fait défaut », dit François Dingames.

Le propriétaire est décédé. Et ses biens sont gérés par un notaire. Le notaire, après deux notes d’avertissement et un coup de fil, a opté en dernier recours à l’expulsion. « Ils nous a dit de nous acquitter des arriérés parce que les enfants du propriétaire ont des besoins financiers », affirme M. Dingames.

1 million de francs CFA par mois

C’est 1 million par mois qui est tiré du guichet unique afin de payer le loyer.  Depuis le mois de janvier, aucune somme n’a été versée. Ce qui constitue un cumul d’arriéré de presque onze mois. Soit 11 millions.

En une année, 12 millions sont payés rien que pour le local. Fort de ce constat, l’on se demande où en est la construction du siège ?

Et le projet ?

Les résolutions des états généraux de 2009 ne sont pas jetées aux oubliettes. La preuve : 20% du fond pour la construction a été versé cette année au trésor public. Mais malgré cela, d’autres obstacles se dressent.

« Ce qui nous manque maintenant, c’est le ministère de l’aménagement du territoire et de l’habitat. Ils nous ont donné une lettre d’attribution de terrain. Mais il manque une lettre qui précisera les dimensions. C’est au vu de cette lettre que les appels peuvent être lancés et démarrer la construction », dit l’ex-directeur.

Mbaidangrao Djekornondé Adelph

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