C’est quasiment 6 mois après le premier confinement du mois d’avril dernier que le décret du 31 décembre 2020 confine à nouveau la population N’Djaménoise. Une décision prise après la recrudescence des cas de coronavirus à N’Djamena. Reportage dans les principaux marchés de la place pour constater l’effectivité de la décision.
Du grand marché au marché à mil et celui de Dembé dans le 6e arrondissement, le constat est le même. Les boutiques des produits non alimentaires sont hermétiquement fermées. Les commerçants parfois très fâchés sont prêts à casser notre caméra lorsque nous tentons d’avoir les images des boutiques fermées. Plusieurs qui requièrent l’anonymat disent être choqués par cette décision brutale. Elle fait mal parce qu’ils viennent de se relancer après le premier confinement. « Cette décision est tombée sur nous comme un coup de massue. C’est vrai qu’il faut la santé d’abord. Mais franchement, c’est difficile pour un commerçant de voir ses chiffres d’affaires baisser chaque jour », signifient-ils.
Au grand marché central ou « Souk Kabir », au moins les boutiques qui vendent des articles alimentaires sont ouvertes, les étals des légumes et oléagineux aussi. Au marché à mil, tout ce qui est céréale et produits alimentaires sont vendus. Les ménages se ravitaillent autant que faire se peut. Une femme vendeuse de légumes au grand marché se plaint du coût des transports. « Depuis 3 jours maintenant, je dépense 2000FCFA pour me déplacer de Walia au grand marché aller-retour. Il n’y a pas de minibus pour nous amener. Il faut prendre le clando. Cela me revient cher. Je demande qu’on ait pitié des mamans que se battent pour faire vivre la maisonnée », dit-elle. Pour elle, il faudrait que le gouvernement autorise les minibus tout en limitant les places comme auparavant. « Au moins cela peut nous soulager », déclare-t-elle.
Femmes, hommes, tout le monde s’est abonné à la marche à pieds « la marche à pied, fait du bien. Sinon je prends le bus c’est pour rattraper le temps lorsque je suis en retard. Ce n’est pas grave ! Ce que je veux, comme on nous a dit qu’on doit apprendre à vivre avec la maladie, il faut qu’on fasse avec, le tchadien vit au quotidien », confie Kosbeye Firmin. Les minibus sont tous garés du marché à mil et au marché de Dembé.
Rappelons que le nombre de cas du coronavirus enregistrés ces derniers jours dans la capitale tchadienne est de 15 à 20 cas par jour. Alors qu’on dépassait rarement les 10 cas de début novembre.
Selon le ministre secrétaire d’État de la Présidence de la République, Kalzeubé Pahimi Deubet, il s’agit d’un confinement total de la ville. Personne ne doit sortir sauf cas de force majeure ou pour se ravitailler. Le couvre-feu en conséquence, était reconduit mais cette fois-ci de 18heures à 05heures. Son collègue ministre de la santé M. Abdoulaye Sabre Fadoul dit le contraire. Il affirme que c’est la ville qui est confinée. Ce n’est pas les habitants de la ville. Cette cacophonie met le gouvernement dans l’embarras. Les N’Djaménois ne cachent plus leur exaspération sur cette décision, « ils nous fatiguent », dit un citoyen.
Moyalbaye Nadjasna
Le ministre de la Santé publique Abdoulaye Sabre Fadoul a fait le point global sur la pandémie du coronavirus au Tchad. De mars à janvier 2021, 2 213 cas sont déclarés positifs.
Deux choses sont à retenir de cette communication du chef de département de la Santé publique. Primo, le bilan de la situation épidémiologique de la maladie à coronavirus au Tchad. Secundo, les mesures prises par le gouvernement.
Le bilan du 19 mars 2020 au 3 janvier 2021
Le bilan de la maladie s’élève à 2 213 cas déclarés positifs, selon le Pr Choua Ouchemi, coordinateur de la commission nationale de riposte sanitaire. Parmi ces cas, il y eu 104 décès et 389 patients sous traitement, la plupart à leur domicile.
D’après lui, pendant la première vague de contamination, la situation épidémiologique était maîtrisée. « De mars en juillet, on était arrivé à 11 cas ». Malheureusement, dit-il, entre mi-novembre et fin décembre, la courbe est remontée de façon exponentielle. « Rien qu’entre le 16 au 31 décembre, N’Djamena a enregistré 302 cas positifs ». Cela s’explique par un relâchement par tous des mesures barrières, a dit le Pr Choua Ouchemi. « Nous sommes encore loin de la fin de cette pandémie ».
N’Djamena est considéré comme l’épicentre de la propagation de cette maladie. Sur les 2 000, plus de 1 000 sont déclarés à N’Djamena avec 63 décès sur 104. C’est pourquoi le gouvernement cherche vaille que vaille à casser la chaîne de transmission en renforçant certaines mesures déjà en vigueur.
Les mesures « impopulaires »
Sur les mesures prises par le gouvernement, le ministre de la Santé publique Abdoulaye Sabre Fadoul a rappelé que celles prises lors de la première vague sont toujours en vigueur. Mais, fait-il constater, elles ne sont plus respectées, surtout les gestes barrières. Vu la montée de la courbe en fin décembre, le gouvernement a pris un autre décret pour réaffirmer ces mesures et en renforcer certaines.
Il s’agit du décret 2585 du 31 décembre 2020 portant confinement de la ville de N’Djamena et renforcement des mesures sanitaires. Ces mesures vont de la fermeture des frontières terrestres et aériennes aux établissements scolaires et services publics et privés non essentiels à l’interdiction de rassemblement de plus de 10 personnes, du transport interurbain et urbain. Sauf dérogation est faite aux services de santé, bancaires, stations-service, commerces des produits alimentaires, hôtels et vols cargo. Le couvre-feu est revu de 20 heures à 18 heures. Toutes ces mesures ne concernent que la ville de N’Djamena pour une durée d’une semaine renouvelable.
Dr Abdoulaye Sabre Fadoul reconnaît que ces mesures ne sont pas populaires. « Ces mesures, s’il faut être honnête et sincère, ne sont pas gaies et populaires. Elles sont même insupportables pour nos citoyens les plus fragiles socialement parlant », admet-il. Effectivement. Mais, se défend-il, le gouvernement n’a d’autres choix de prendre des dispositions qu’impose la situation sanitaire. « Toutes ces mesures ne visent qu’un seul objectif, celui de limiter le rythme de contamination en cassant la chaîne de transmission de personne en personne », souligne-t-il.
Actuellement, le Tchad dispose d’un seul laboratoire pour poser le diagnostic. Neuf sites de prélèvement sont installés en provinces et cinq à N’Djamena. L’hôpital provincial de Farcha, aménagé pour hospitaliser les cas positifs, dispose de 18 lits en réanimation et est doté d’une centrale de production d’oxygène. Bientôt les villes comme Moundou, Bongor et Abéché seront dotées de cette centrale.
Christian Allahadjim
Le président de l’Union des journalistes du Tchad (UJT) Abbas Mahamoud Tahir a fait un point de presse hier à la Maison des médias du Tchad. Cette sortie médiatique fait suite aux plaintes des journalistes brutalisés au lendemain du ré-confinement de la ville de N’Djamena. Reportage.
Le président de l’Union des journalistes du Tchad (UJT) Abbas Mahamoud Tahir constate le mépris avec lequel, les autorités en charge des mesures de riposte contre la covid-19 traite les hommes des médias. Selon lui, cette mésestime est visible depuis l’installation de la cellule de veille jusqu’à la dernière mesure du confinement de la ville de N’Djamena. Il rappelle qu’aux termes du dernier décret du 31 décembre passé, N’Djamena est à nouveau confiné pour une semaine renouvelable.
Pour lui, les effets directs de cet acte sont entre autres, la fermeture des établissements scolaires, des universités des lieux de cultes, des bars, des magasins et des grands marchés, des services publics non essentiels et l’interdiction des transports urbains et interurbains. Toutefois, dit-il, les autorités ont choisi d’autoriser certains services tels que les centres de santé, les cliniques privées, les hôpitaux, les boulangeries, les pharmacies y compris les étals de commerce, le transport des produits alimentaires, les services des pompiers, les services d’eau, d’électricité des hôtels et les vols cargo.
Selon Abbas Mahmoud Tahir, le 2 janvier, le ministre d’Etat, ministres secrétaire général à la Présidence de la République Kalzeubé Payimi Deubet a fait une communication en affirmant que la capitale, N’Djamena, est totalement confinée. Personne n’est autorisé à sortir. Mais, déplore-t-il, les médias privés comme publics sont ignorés. Or, déclare Abbas Mahmoud Tahir, les autorités ont fait appel aux médias pour relayer les informations au public. A la sortie de la rencontre, plusieurs journalistes des médias et techniciens ont été brutalisés, dit le président de l’UJT.
Le Bureau Exécutif de l’UJT, rappelle Abbas Mahamoud Tahir, en a assez de rappeler aux autorités les difficultés des journalistes à exercer librement leur métier. « Sans les médias, aucune action de lutte contre la pandémie ne réussira ». L’UJT, dit-il, ne peut se servir de caution morale pour les violations de la liberté d’exercer des professionnels des médias.
Selon lui, cette violation par les forces de l’ordre et les autorités du rôle des médias dans la lutte contre la pandémie est inadmissible. Il affirme que les journalistes bravent tous les risques pour informer la population sur les mesures prises par le gouvernement. « Par conséquent, nous en appelons au bon sens du gouvernement afin de prendre une autre décision permettant aux journalistes d’exercer leur métier en cette période d’exception faute de quoi, nous serons dans l’obligation de convoquer une rencontre d’urgence et appeler les médias, journalistes, techniciens et communicateurs à rester chez eux jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée », conclut le président de l’UJT.
Moyalbaye Nadjasna
Qu’est ce qui a pris le leader de l’opposition tchadienne Saleh Kebzabo lors de sa déclaration à Backchoro, un village perdu dans la région du Mayo-Kebbi? Je me pose encore cette question. Je cherche encore la réponse. Lui Kebzabo tenir un discours pareil. Je voulais lui poser la question avant d’écrire cette chronique. Je me suis ravisé en monologuant « il me fera une réponse de politique ». Je me suis assis devant mon ordinateur. Une fine neige tombait sur la ville. Une idée me traverse l’esprit et me suggère un titre qui résume cette sortie : Kebzabo a fait son bachibouzouk à Backchoro. Il vient peut-être de signer sa mort politique. Je dis bien peut-être. Mes premières phrases claquent sur le clavier de mon ordinateur.
Ils sont ainsi….
Je le croyais homme d’État, il se révèle homme de tribu avec son « moi aussi je suis un Banana ». Je le croyais homme politique d’envergure, il se révèle politicien provincial. Je le croyais esprit espiègle, il se révèle un esprit tribal. Je le croyais tchadien, il se révèle « Banana ». Je le croyais franc, il se révèle expert en double langage. Un pour les intellectuels « éduqués ». Un autre pour les villageois sans éducation. Il a déçu beaucoup des gens.
Donc Kebzabo prend fait et cause pour les agriculteurs. Serait-il tombé bas? Oui il est tombé plus que bas. Au fond d’un fossé. Dans les entrailles de l’incitation à la haine entre Tchadiens. Dans la détestation de l’éleveur. L’essentiel de son discours dans le village de Backchoro se résume à cela. Qui l’aurait cru? Faudra écouter et réécouter ce discours pour s’en rendre compte.
À l’entame de son discours, Kebzabo se décrit comme « Banana » en opposition au « non Banana ». Sublimement il suggère d’être contre l’autre, ceux qui ne sont pas « banana » et qui peuplent la région. Surtout les pasteurs peuls et autres. Les non Banana qui agressent, envahissent leurs champs et détruisent leurs récoltes. Où? Au Mayo-Kebbi. La zone la plus pacifique du pays. Pacifié depuis des générations. Même au temps les plus troubles du pays éleveurs et agriculteurs ont vécu en parfaite harmonie. Dans un esprit que beaucoup d’autres tchadiens ne comprennent pas. Le génie MK. Je me rappelle feu mon grand-père l’illustre Imam Modibo Soudy lorsque dans la panique de la guerre civile amis et disciples accouraient vers lui. Qui réclamant une prière pour la paix. Qui s’interrogeant sur la malédiction de la violence qui ravageait le pays. Assis sur sa natte et son tapis en peau de chèvre, il interrompait sa lecture du Saint Coran, relevait la tête et leur répondait inlassablement : « vaguez à vos occupations. Bongor et le Mayo-Kebbi seront tranquilles ». Et ce fut le cas. Rien de grave ne s’est passé dans la région, mais ça s’était dans le passé me rétorquera-t-on.
Les propos de Kebzabo, des propos aussi chargés, personne ne les comprendrait au Mayo-Kebbi. Surtout après une tuerie entre éleveurs et agriculteurs. Cette sortie manque de sagesse. Surtout qu’elle vient de la part de celui qui prétend diriger un jour ce pays. Ce n’est pas à la hauteur de l’homme. Quelles qu’en soient les circonstances, verra-t-on le défunt professeur Ibni Oumar tenir un tel langage après le sang versé? Il serait facile de dire que c’est la politique. C’est simpliste de dire que c’est précampagne électorale.
Dans sa diatribe, M. Kebzabo est allé loin. Trop loin comme aucun d’autre ne l’a fait. Est-ce de la frustration politique? Il y a quelques esprits retors qui tentent de justifier ces propos par la déliquescence de l’État. L’injustice du régime. Le comportement des généraux éleveurs. Faut-il pour cela s’attaquer à des paisibles citoyens? Pire, il semble que cette sortie est voulue, préparée et l’endroit pour le prononcer sciemment choisi. Si c’est un calcul politique, c’est une faute grave. Si c’est une stratégie délibérée, c’est une double faute politique. Kebzabo n’est, désormais, plus ce poids lourd politique reconnu par presque tous les Tchadiens. Il est, après sa sortie aux yeux de ceux qu’il appelle les « nordistes » sans éducation. Et qui ont des bons postes alors que les sudistes « clandoman éduqués » tirent le diable par la queue, un homme qui prône la haine.
« ..les éleveurs ont appelé au secours leurs parents de Kélo, de Moundou, de Laï, de Gagall. Ils sont venus de partout à cheval, à moto habillés en noir, ils crient partout Allahou Akhbar. Ils viennent égorgés. Tout ce qu’ils rencontrent, ils allument le feu ». Il rajoute, « …l’histoire des éleveurs avec les flèches doit s’arrêter. Pour l’arrêter, vous les jeunes, vous devez vous organiser, organisez-vous avec les sifflets. Ne dormez pas la nuit même par tour de garde organisez-vous avec les sifflets quand les bœufs s’approchent sifflez… » Cette phrase à elle seule suffit amplement. Ce n’est ni plus ni moins que d’appeler les villageois à s’organiser en milice d’autodéfense. Il relative tout cela en soutenant qu’ils n’auront pour toutes armes que leurs sifflets. Qu’est-ce qui garantit que ce sera le cas?
Kebzabo appelle aussi au nombre. Et donne la technique pour vaincre la horde des éleveurs venus envahir les terres des sudistes cultivateurs, les vrais propriétaires des terres, comme si être éleveurs est synonyme de citoyens sans droits, surtout sans droit à la terre. Cette histoire éleveurs agriculteurs est devenue un fonds de commerce pour tous. Kebzabo s’il était honnête devait expliquer l’origine de la rixe qui a vu les siens, « ces agriculteurs », égorger un paisible vieil éleveur rentré du marché à bétails avec une centaine de millions en poches. Plus quelques autres millions appartenant à ses proches parents qui, après des années de durs labeurs, se préparaient à aller à la Mecque, remplir leur devoir religieux. Non. Il passe tout cela entre pertes et profits politiques haranguant des gens qui ont vécu ensemble depuis la nuit de temps oubliant au passage que les éleveurs sont aussi de la région. Et peuvent aller, venir et s’installer où et quand ils veulent dans ce vaste pays.
Enfin, une épée de Damoclès pend sur la tête de l’ex-chef de file de l’opposition. Le ministre de la Justice a saisi l’Assemblée Nationale pour lever l’immunité politique du député Kebzabo qui a bien prêté le flanc. Certains de ses amis crient à la mise à mort politique. D’autres croient dur comme fer que c’est une cabale contre leur chef. Bref, ses adversaires politiques en profitent pour achever la bête politique. Kebzabo ne savait-il pas que la politique est une fosse à lions ? Même ses parents culturels, les Peuls, sont fâchés. Ils l’ont exprimé à travers leur association Tabital Pulaaku. Dommage. En bon bachibouzouk qu’il se débatte pour en sortir au plus vite. Sinon c’est peut-être sa mort politique…enfin, peut-être.
Bonne année.
Bello Bakary Mana
Il a commencé le leadership dans le milieu jeune dès son entrée à l'université de N'Djaména. Il a été membre de la Chambre des délégués, puis secrétaire général de l'Unet. En 2014, Abakar Dangaya a été élu président national de cette organisation faîtière des étudiants. Avec son master 2 en Psychologie, le jeune Abakar a été élu le 4 décembre dernier, président du Conseil national des jeunes du Tchad (CNJT). Dans une interview exclusive accordée à Ialtchad Presse, il revient sur son programme pour la redynamisation de ce conseil et aborde les questions liées à la jeunesse.
Après votre élection comme président du bureau exécutif du Conseil national des jeunes du Tchad, quel est votre sentiment ?
C'est un sentiment de satisfaction, de reconnaissance et de gratitude à l'égard de tous ceux qui m'ont porté à la tête de cette organisation. Je voudrais profiter pour leur réitérer encore une fois de plus mes remerciements.
Après plusieurs tractations, pour une fois, votre élection a fait l'unanimité. Qu'est-ce qui est à l'origine selon vous ?
Pour moi, c'est tout d'abord ce sentiment de désarroi de toute la jeunesse tchadienne qui était en manque de repère. Il était question de trouver une personne qui peut inspirer et aspirer un petit peu de confiance pour le futur. C'est pourquoi nous étions plusieurs candidats en lice. Je pense que ce n'est pas la personne de Abakar Dangaya qui a convaincu l'électorat, mais c'est le plan d'action que Abakar Dangaya a proposé. C'est donc cette quête perpétuelle de confiance, d'une issue pour la jeunesse qui nous a porté à cette responsabilité.
Le CNCJ a longtemps souffert d'une léthargie qui n'a pas permis son épanouissement. Selon vous quels ont été les réels problèmes de cette organisation ?
C’était un problème d'organisation du fait des dirigeants. Le fait de demeurer longtemps à la tête de cette structure la rend obsolète dans la mesure où ce sont les mêmes personnes avec les mêmes idées qui finissent parfois de devenir un peu contre-productives. Ce qui fait que les jeunes avaient perdu confiance en ce conseil. Comme vous le savez, le bureau sortant à fait plus de sept ans à la tête du conseil alors que le mandat est de trois ans. En matière de leadership à la tête des organisations, parfois ça crée des soucis quand un dirigeant met assez de temps. C'est ce qui a fait que le conseil a perdu ses valeurs et un peu ses prérogatives. La jeunesse a perdu confiance en lui. Mais aujourd'hui, avec la lueur d'espoir qui a prévalu lors de ce dernier congrès, nous nous disons que la jeunesse attend beaucoup de nous et nous nous devons d'être vraiment prudents, organisés pour pouvoir relever ce défi.
Sur quoi repose votre plan d'action ?
Nous avons proposé un plan d'action axé sur 14 piliers avec un accent particulier sur l'unité de la Jeunesse. Nous disons que sans l'unité, rien n'est possible dans la mesure où les jeunes aujourd'hui ont beaucoup de talents, d'énergie et de qualités, mais ils sont en manque de soutien, d'orientations. Ils n’ont pas de parrainage alors que, avec un conseil digne et crédible, nous pouvons parrainer, orienter, appuyer ces jeunes-là. Pour nous il nous faut d'abord l'unité. En dehors de l'unité, il y a des problèmes qui concernent la jeunesse telle: l'emploi, la perte de confiance entre nous les jeunes et les décideurs publics, le volontariat, l'éducation, la citoyenneté et tant d'autres.
La politisation du CNCJ a longtemps été décriée. Que comptez-vous faire pour dissocier la politique des actions de votre organisation ?
Il faut reconnaître que le conseil est un intermédiaire entre le pouvoir public et l'ensemble de la Jeunesse. Il est au-dessus de toutes les organisations politiques. Le conseil représente toute la jeunesse. Il n'y a pas une jeunesse de l'opposition, il n'y a pas une jeunesse de la majorité, il n'y a pas une jeunesse de la société civile. Ce que les gens ignorent, c'est qu'ils ont tendance seulement à limiter simplement le Conseil comme une organisation de la société civile. Maintenant, ce que doivent faire les membres du conseil c'est de ne pas prendre parti dans le cadre des positions politiques et autres.
En ce qui concerne la politisation, je pense qu'il y a une question des hommes. Ils n'ont peut-être pas compris les missions du Conseil. Celles-ci sont claires. En tant que représentants, on doit être dans la ligne même de ces missions. Le défi est grand. Sortir de cette bannière de la "politisation" dépend de toute la jeunesse. Il faut que la jeunesse soit simplement unie en dehors de toute opinion politique. Ça nous déchargerait nous tous de toute critique et ça nous aiderait plus à réaliser des projets en faveur de la Jeunesse.
Quelles sont les actions prioritaires que vous comptez mener pour la redynamisation du Conseil national des jeunes du Tchad ?
J'ai toujours mis l'accent sur l'unité de la Jeunesse. Cette unité ne saurait se faire sans une redynamisation. Il y a prioritairement l'installation de toutes les coordinations provinciales du Conseil. Car on a 22 Provinces plus N'Djamena. Cela nous rapprocherait de toute la jeunesse, urbaine tout comme rurale.
Quel message avez-vous, au nom du Conseil national des jeunes à l'endroit de la jeunesse tchadienne ?
Nous ne sommes pas un appât pour quelqu'un. Nous ne sommes pas une marionnette pour quelqu'un. Aujourd'hui la jeunesse est divisée parce que tout simplement les hommes politiques utilisent cette jeunesse à leur guise. Dans tous les discours on dit la jeunesse est le fer-de-lance. La jeunesse est fer de lance que lorsque ces hommes politiques ont besoin d'elle. La jeunesse devient un problème lorsque ces hommes politiques arrivent à atteindre leurs objectifs. Pour moi, il est grand temps que chaque jeune se dit : « je dois me construire, je dois construire mon pays », au lieu d'accepter aveuglément de suivre des gens qui ne vont jamais nous rendre la vie facile.
Propos recueillis par Maurice Ngon Lokar
Le président national de l'UNDR (Union nationale pour le développement et le renouveau), Saleh Kebzabo est testé positif au nouveau Coronavirus. Il l'a annoncé lui-même ce samedi 02 janvier 2021.
« De retour d’un voyage à l’étranger, mon épouse et moi avons subi un test volontaire au Covid-19 qui s’est avéré positif. Confinés à domicile, le protocole médical nous sera appliqué dès demain », a déclaré l'opposant politique tchadien via son compte Twitter. Selon nos informations, c'est depuis Cotonou que l'épouse de Saleh Kebzabo aurait été testée positive. L'opposant tchadien aurait donc fait pression pour embarquer avec sa femme afin de regagner le pays.
Dans une autre publication sur Facebook, il appelle la population à rester vigilante, car la maladie est d'actualité. Entre temps, certains militants de son parti qui avouent l'avoir côtoyé à son retour du voyage affirment ne pas être au courant de son état de santé. M. et Mme Kebzabo ont réussi à se faufiler avant de se déclarer positifs. « Les autorités sanitaires font les dures, mais sont laxistes. Kebzabo commet là presque un crime en se comportant de la sorte. Cela a commencé depuis Cotonou au Bénin. Il a fait pression pour embarquer son épouse et était la cause du retard du vol », affirme un passager du vol sous l’anonymat.
Ce cas intervient alors que le gouvernement durcit le ton quant aux mesures pour limiter la propagation de la pandémie. La capitale N'Djamena est mise sous confinement total.
Le chef de l'État, Idriss Déby Itno, a adressé un message à la nation ce jeudi 31 décembre 2020. Entre bilan et perspectives, les vœux du président de la République pour l'année 2021 sont déclarés. Un accent est mis sur la pandémie du nouveau Coronavirus.
« Je forme le vœu ardent que la nouvelle année consolide davantage la solidarité nationale et la cohésion fraternelle entre les filles et fils du Tchad ». C'est par ces mots que le président Deby Itno a entamé son discours. Pour lui, 2020 a été particulièrement éprouvante pour le pays. « Au choc pétrolier et aux contingences sécuritaires liées à la menace terroriste qui ont mis le pays à rude épreuve, ces dernières années, s’est ajouté un autre défi, tout aussi d’envergure considérable » dit-il. En effet, la pandémie de Covid-19 fait du ravage dans le monde. Elle n’a pas épargné le Tchad.
Le pays continue à enregistrer régulièrement de nouveaux cas de contamination. « La situation s’est même empirée depuis quelques jours notamment à N’Djamena », selon le président. Cette reprise épidémique peut entraîner des conséquences et des dommages incalculables si l’on n’y prend garde, selon lui. Dans ce sens, le Gouvernement est instruit à l’effet de prendre les mesures fortes qui s’imposent en vue de stopper la propagation de la pandémie.
Pour y parvenir, Idriss Deby Itno estime que la cohésion, la solidarité, et le civisme doivent en permanence dicter les attitudes individuelles. C'est pour bâtir une réponse collective efficace et durable dans cette lutte contre le coronavirus. « Je voudrais, à cet égard, insister sur le respect des mesures barrières. Elles sont indubitablement la première arme contre cette terrible maladie », insiste le chef de l'État.
Maurice N’gonn Lokaar
L’Association Tabital Pulaaka Tchad pour la promotion de la culture peule a, lors d’un point de presse tenu ce 31 décembre, réagi aux propos du député Saleh Kebzabo. Elle se dit indignée et qualifie ces propos d’incitation à la haine.
Selon Dr Sali Bakari, Secrétaire général de l’Association Tabital Pulaaka Tchad, les propos de Saleh Kebzabo tenus dans le Mayo-Kebbi et la Tandjilé sont hors de la République. Il qualifie ce discours d’un appel à l’extermination systématique des éleveurs, des propos incitant au massacre en appelant les jeunes et en leur conférant la responsabilité de sécurité au détriment de l’État, affirme le SG. Or, le député Saleh Kebzabo fait semblant d’oublier, indique-t-il, que seul l’État dispose la mission régalienne de sécurité des personnes et des biens. Pour Tabital Pulaaku, c’est un mode opératoire qui a déclenché morts, arbitraires et désolations partout à travers le monde.
En adoptant les mots Nord/Sud dans le contexte tchadien, nordistes / sudistes des mots chargés d’amertumes et des stigmates de la guerre civile passée est indigne de M. Kebzabo. Le débat Nord/Sud est colonial, dépassé et vénéneux. Cela ne doit pas être un credo de certains hommes politiques. Pour le SG de Tabital Pulaaka Tchad, le désarmement que le pays a connu s’est effectué sur l’ensemble du territoire national. Et les mesures relatives à l’interdiction de port d’armes s’appliquent aussi dans tout le Tchad, ajoute-t-il.
L’Association Tabital Pulaaka Tchad dit trouver irrationnel et hétérodoxe le raisonnement du président de l’UNDR. Pour lui, attribuer exclusivement les bœufs des éleveurs aux officiers de forces de l’ordre, aux administrateurs civils au sud du pays au-delà de la mauvaise foi, est un mensonge grossier. Dr Sali Bakari se dit désolé du fait que le député se fait une représentation imaginaire de profession éleveurs-agriculteurs. Il présente, dit-il, les éleveurs comme nordistes, détenteurs de pouvoir, bourreaux des sudistes dont la plupart sont agriculteurs.
Pour le SG, de tels propos ne sont pas dignes de Saleh Kebzabo, député et chevronné de la politique tchadienne, qui a pourtant toujours prôné l’unité nationale. « Kebzabo en tant que député, a un mandat national donc député des agriculteurs et des éleveurs », relève Dr Bakari. Il rappelle que dans cette région, les agriculteurs et les éleveurs ont toujours cohabité en harmonie depuis la nuit des temps. Ils se sont même mariés et par conséquent, condamnés à vivre ensemble, signifie-t-il.
Le SG appelle les jeunes de la région et au-delà, de ne pas céder à l’instrumentalisation par des esprits haineux et divisionnistes, « quel que soit le problème, ensemble, la solution est possible ».
Pour lui, l’Association Tabital Pulaaka Tchad pour la promotion de la culture peule condamne les propos haineux et d’incitation à la révolte du député Saleh Kebzabo qui compromet le vivre ensemble des Tchadiens.
Moyalbaye Nadjasna