Le musée national est, ces derniers jours, régulièrement visité par des élèves. Ce jour du mois de février, un groupe d’élèves de plusieurs établissements privés de la capitale, N’Djamena ont visité le prestigieux pavillon qui retrace l’histoire du Tchad. Reportage.
L’ambiance ce matin dans les pavillons du musée national était bon enfant. Les élèves des écoles privées, collégiens et primaires déambulent, les yeux écarquillés de curiosité, dans les couloirs et pavillons du musée. Ils sont à la découverte de leur patrimoine national. Les encadreurs et les guides ne les quittent pas d’un pouce. Et arrivent par toutes sortes d’astuces à captiver leurs esprits. À les amener à se concentrer sur l’objectif de leur visite.
Amdam Ahmed Béchir est instituteur et enseigne l’histoire au Complexe scolaire Dar Al Salem de Diguel. Selon lui, leur établissement a organisé cette visite pour rapprocher la théorie enseignée aux élèves à la pratique. « C’est un petit groupe qui est ici. Nous leur avions conseillé de suivre avec sérieux ce qu’ils voient et entendent afin de les rapporter auprès de leurs camarades », dit Amdam. Il rajoute que cette visite permet de faire découvrir aux élèves, le vécu de leurs ancêtres et émousser leur appartenance au pays.
Mbodou Brahim Adoum, technicien arabophone du musée est le guide du groupe mené par Amdam Ahmed Béchir. Dans le pavillon paléontologie, où se trouve le crâne de Toumaï, il explique aux élèves, « Toumaï signifie espoir de vie en Gourane, une des langues tchadiennes. Il a été découvert en 2001 par un Tchadien au nord du Tchad dans le Djourab du Tibesti. L’équipe était conduite par le Professeur Michel Brunet de l’Université de Poitier en France ». Selon lui, c’est important que les élèves comprennent que le plus ancien des crânes découverts est tchadien. Et que l’ancêtre de l’humanité est Tchadien, note-t-il.
Les élèves pour témoigner de leur intérêt ont commencé par répéter à haute voix. « Nous avons vu Abel qui date de 3 millions et demi d’années, Tchadanthropus de 1 million et demi d’années, et Toumaï 7 millions d’années. Toumaï a été découvert en 2001 par le Tchadien Aounta Oudalbaye. Le crâne est ramené au pays en 2005 », crient-ils à tue-tête. Satisfaction se lit sur les visages. « Je remercie notre encadreur Amdam qui nous a conduits ce matin au musée national. Nous avons vu beaucoup des choses. Je suis très émerveillée », affirme Hawa Djibrine Mahamat, élève au Lycée-collège Dar Al Salem.
Mbodou Brahim Adoum encourage les élèves à sensibiliser leurs camarades d’emboîter leurs pas. « C’est important que les établissements scolaires publics et privés fassent découvrir l’histoire du Tchad à travers les objets d’art ».
Dans une circulaire conjointe de l’année dernière, les ministères du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat et celui de l’Éducation nationale et de la Promotion civique ont commencé une campagne d’information sur la valorisation du patrimoine national. Cette note circulaire vise les élèves de la classe de 6e et 3e.
Moyalbaye Nadjasna
Une femme enceinte est vulnérable. Elle est exposée à plusieurs risques liés à son état. Un suivi sanitaire de la mère et du fœtus est indispensable. Selon les spécialistes une consultation prénatale est recommandée. Reportage.
Souvenir Pauline est Sage-femme et RCS du Centre de santé de 3 zones : Ardep-djoumal, Kabalaye et Sabangali (AKS). La cinquantaine, taille moyenne, elle est presque la doyenne des sages-femmes. Selon elle, le sujet est indispensable parce que la vie humaine en dépend. Elle signifie que, la consultation prénatale (CPN) est un processus de préparation d’une femme enceinte pour un accouchement probablement saint. La CPN dit-elle, s’étale sur quatre temps. « Le premier temps commence à partir de 4 mois quand on voit l’enfant bouger. La femme peut déjà prendre la fansidar, on lui fait un bilan de santé. Et elle se soumet à l’échographie pour voir l’évolution de l’enfant. Le deuxième temps, la femme est soumise au Vaccin anti Tétanique 2 (VAT2) puis revient 1 mois après. À 6 et 8 mois, elle revient voir son médecin. Enfin, au dernier trimestre si elle ressent des malaises elle doit revenir, même en dehors des rendez-vous », explique-t-elle.
Pour la sage-femme, la CPN est importante. Elle permet de débusquer certaines maladies chez les femmes enceintes. « Le premier, rendez-vous, c’est la CPN1, on lui fait le bilan surplace au centre de la santé », dit Mme Souvenir Pauline. D’après elle, toute femme qui veut que son bébé soit en bonne santé le fait. Lors du bilan de santé, plusieurs tests de dépistage sont effectués. Entre autres : VIH/Sida, hépatite, paludisme, tension artérielle et la glycémie pour le diabète. Pour le VIH/Sida, si le test se révèle positif, la femme enceinte est systématiquement soumise au traitement aux anti rétroviraux (ARV), déclare la Responsable du Centre de Santé. « Cela permet de diminuer le taux de charge du virus et préserver ainsi la vie de l’enfant. A l’accouchent, les nouveau-nés sont testés négatifs. On appelle cela la prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME) ».
Pour l’hépatite B, déclare-t-elle, si le résultat se révèle positif, les nouveau-nés sont vaccinés à la naissance. Cette méthode évite la contamination de l’enfant par l’allaitement. Mme souvenir note également que le groupage sanguin est aussi effectué. Pour Mme Souvenir Pauline, si le groupe sanguin de la femme est très tôt connu, elle peut échapper aux fâcheuses conséquences psychologiques de l’enfant mort-né, les enfants qui meurent à la naissance. Pour le cas de forte tension, la femme risque une crise d’éclampsie pendant l’accouchement. Pour la glycémie, dit-elle, la femme diabétique accouche d’un gros nourrisson.
Examens pas tous gratuits
Au centre de la santé, deux femmes sont assises. Elles attendent d’être consultées. Le centre est très calme contrairement à d’habitude. « Nous respectons les rendez-vous que les sages-femmes nous donnent » déclarent-elles. Une troisième femme assise derrière un pilier en béton du bâtiment. Elle affirme être venue sans rendez-vous pour consulter les sages-femmes pour des conduites à tenir. Elle a un malaise et fait du vertige.
Le Centre tourne à pleine capacité, mais les difficultés ne manquent pas. Certaines femmes dit-elle, respectent la CPN mais d’autres non. « Certaines femmes sont démunies. Et les examens ne sont pas gratuits à part le dépistage de VIH/Sida. Par exemple, elles ne font pas le bilan santé. Elles ne reviennent pas parce qu’elles ne peuvent pas payer les frais. D’autres ne le font pas par négligence. Des examens gratuits à la CPN, cela pourrait aider les femmes »
« Entre temps, Expertise France nous appuyait en nous livrant des vaccins contre les hépatites. Donc le dépistage et le vaccin sont gratuits pour les femmes. Maintenant, on n’a plus un partenaire qui nous appuie », plaide Souvenir Pauline. Elle demande à l’État et ses partenaires de rendre les examens de la CPN gratuits ou de les subventionner afin d’aider les femmes. « L’accouchement est gratuit, mais si cela nécessite des produits, la femme doit acheter les médicaments. On ne se comprend pas avec les femmes. Lorsqu’elles accouchent, elle croit que tout est gratuit. Or c’est l’acte d’accouchement qui est gratuit, les produits ne sont pas gratuits ».
Ce sont les produits les produits antipaludiques et les ARV qui sont gratuits. Il n'y a pas longtemps, l’État remettait des moustiquaires aux femmes, maintenant il n’y a rien. « En fait, une femme enceinte lorsqu’elle attrape le paludisme elle risque de tomber dans l’anémie qui provoquera l’avortement, ou un accouchement prématuré », dit-elle.
En attendant que l’État agisse, Mme Pauline demande aux hommes de prendre en charge les frais d’examens médicaux de leur épouse. « Je souhaite aussi que les époux accompagnent leurs épouses pour voir les réalités ».
Moyalbaye Nadjasna
Il est un enseignant à part. Il est le fondateur d’une école à ciel ouvert au campement des nomades à la sortie sud de N’Djamena, capitale tchadienne. Il y enseigne gratuitement parce qu’il ne supportait pas de voir les enfants nomades sans éducation. Qui est cet enseignant qui transmet gratuitement le savoir aux enfants nomades ? Qui fait pétiller de curiosité leurs yeux et met du baume sur le cœur de leurs parents nomades ? Ialtchad Presse l’a choisi comme le Tchadien de l’année (2020). Portrait.
Il ne porte pas de blouse blanche comme le font les enseignants. Et les salles de classe qu’il a créées n’ont rien d’une classe moderne. Elles sont sur un campement des nomades de fortune où il a installé son école sous l’ombre d’un nimier. Il est dévoué à sa tâche. Il est comme disent ces nomades « notre sauveur ». On l’appelle affectueusement « mésié ».
Il fait froid en cette matinée du mois de février. Un vent poussiéreux rafle le campement des nomades à la lisière de Walia, dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Gamaigué Watouing Léonard, vêtu d’un manteau noir enfilé sur une chemise blanche carrelée, est déjà en poste. 1m 80, teint noir, cheveux coiffés au ras et barbe taillée à la mode Fally Ipupa, Léonard prend place sur son bureau constitué d’une chaise et d’une table en caoutchouc. Il doit apprendre aujourd’hui à ses élèves à lire, compter et écrire les chiffres de 0 à 10.
Cela fait 2 ans que ce natif de Fianga, ville frontalière du Cameroun, tient cette structure de deux niveaux du cours préparatoire. Cette école « je l’ai créée par nécessité ». Il veut donner la chance aux enfants des nomades d’avoir accès à l’éducation. « J’ai été touché par le fait que ces enfants erraient sous ces arbres pendant que les autres sont en classe », affirme-t-il.
Né au milieu des années 1991, ce jeune homme a toujours le sourire. Son humilité, sa timidité et son sang-froid lui ont permis cahin-caha de mener ce projet. Son attitude d’écoute envers ses élèves bouillants et désordonnés lui permet surmonter les temps durs. Il a effectué ses études primaires et secondaires effectuées à Fianga puis a fait l’université de N’Djamena. Il est sorti avec une licence en Sciences de l’éducation en 2015. En 2017, il s’inscrit en master à l’université de Yaoundé 1 Il opte pour la Psychologie de l’éducation. Il attend la soutenance de son master 2.
Fort de ces acquis, celui qui est à l’aube de ses 30 ans n’a pas tardé à s’investir dans l’enseignement. Et à la base, l’enseignement fondamental. En novembre 2019 alors qu’il partait pour la bourgade de Toukra à motocyclette, il repère un groupe d’enfants nomades qui jouaient aux heures de classes. Il décide alors avec l’accord des parents d’implanter cette école. Il y enseigne bénévolement avec l’aide d’un condisciple, lui également diplômé en Sciences de l’éducation. « Ce qui me motive à venir enseigner ici chaque jour sont l’engouement des apprenants et la reconnaissance de leurs parents », se réjouit Léonard.
Malgré les difficultés, celui que ses élèves appellent « mésié » ne compte pas abandonner. Il veut pérenniser cette initiative. « Je suis tellement attaché à cette initiative qu’il m’est presque impossible de m’en séparer », dit-il. Et de conclure, « je crois que je n’ai pas d’autres rêves que de rester ici, même si c’est difficile ». Pour lui, avoir un gros diplôme est bien, mais c’est le savoir-faire qui compte. « Moi je ne tiens pas compte du diplôme, mais sur ce que je peux faire, ce que je peux apporter à ces enfants ».
Christian Allahadjim
Créée en 2019 par Gamaigué Watouing Léonard, l’école pour les enfants des éleveurs nomades a deux niveaux. Ialtchad Presse vous amène à la découverte cette école spéciale, dirigée par un homme à part dans la petite forêt de Walia. Reportage.
Elle n’a rien à envier à école moderne avec des salles de classe en béton, des tables-bancs, un terrain de sport, etc. C’est à l’ombrage d’un nimiers, un tableau adossé contre le tronc, une forêt d’arbres au milieu d’un campement d’éleveurs nomades à la sortie sud de N’Djamena, la capitale. Il est 8h. Sur le tableau il est écrit mercredi 3 février, M. Gamaigué Watouing Léonard, l’instituteur et fondateur est présent malgré le froid. Étudiant en Master 2 en Sciences de l’éducation, il est bien là fourré dans son manteau. Il est sur place depuis 8 heures. Les cours commencent à 8h30mn pour finir à 11h00mn du lundi au vendredi. Une table et une chaise lui font office de bureau. Un tableau est installé juste à sa droite. En face de lui, une soixantaine d’élèves du Cours préparatoire niveau 1 (CP1). Deux tapis, offerts par une ONG nationale, servent de tables-bancs. Assis pêle-mêle dans un brouhaha interminable, ardoises et cahiers de 32 pages en mains, les élèves du CP1 ont répondu présents à la séance du jour. Tant bien que mal, le maître Gamaigué Watouing Léonard tente de rendre moins bruyante la classe. Mésié, mésié, mésié, (mauvaise prononciation de monsieur) fusent de partout. Mais l’instituteur reste imperturbable.
La leçon du jour porte sur les chiffres de 0 à 10. Léonard les reproduit au tableau. Après plusieurs exercices de répétition vient le tour des écoliers de passer au tableau. « Qui va passer au tableau ? », demande Léonard. « Moi, moi, moi », répondent à la fois les élèves. Si certains attendent que le maître les désigne, d’autres se donnent volontiers. Puis arrive le moment de recopier sur les ardoises ou les cahiers. Un exercice délicat. Et enfin, le maître note.
Répondre à un besoin
Le fondateur de cette école spéciale pour les enfants d’éleveurs nomades explique que la création de cette école de fortune est partie d’une constatation. « Un matin je partais à Toukra. J’ai vu les enfants des nomades en train de jouer sous les arbres. Ils étaient nombreux », dit-il. Et rajoute « C’était vers 8h du matin. Cela m’a touché. Je me suis demandé pourquoi tous ces enfants traînent à la maison. Leur place est à l’école. Et l’idée de créer cette école à germer dans ma tête », lâche-t-il. Gamaigué Watouing Léonard a rencontré les parents des enfants, « je leur ai expliqué mon idée. Ils ont accepté sans condition. J’ai démarré ».
Le jeune instituteur s’est engagé, « j’avais un peu d’argent entre temps. J’avais acheté un morceau de plafond et de « lambour ». J’ai fabriqué un tableau. Et l’aventure a commencé et dure encore depuis 2 ans ». Les élèves issues de la première promotion sont maintenant au CP2. « Après évaluation, ceux qui ont un niveau de compréhension acceptable sont admis au niveau suivant », explique le fondateur. Malheureusement, cette école n’est pas encore reconnue par l’administration tchadienne. Donc aucun document n’est délivré aux apprenants. « L’essentiel est que ces enfants puissent apprendre à lire, écrire et compter en Français. Le droit à l’éducation est fondamental », dit l’instituteur avec fougue.
Les difficultés sont énormes de cette école à commencer par le cadre et les autres conditions d’études. M. Gamaigué Watouing Léonard ne compte pas abandonner « si nous avons tenu près de 2 ans, ce n’est pas demain qu’on va abandonner ». Bien que chômeur, Léonard dit accomplir cette tâche par passion et non par ce qu’il est en chômage. Il dit être fier de son œuvre bien que n’ayant ni un salaire ni un quelconque avantage « ma récompense est la reconnaissance des parents d’élèves et des élèves. Cela suffit à mon bonheur ».
Christian Allahadjim
Suite à un communiqué de presse signé par la Cellule SET de Walia, le 17 février, les activités pédagogiques au lycée et collège de Walia sont suspendues. Objectif, libération immédiate et sans condition des élevés, enseignants et responsables de cet établissement public arrêtés par la police, le 15 février passé. Selon janvier Adamou secrétaire général cette suspension, compte du jeudi, 18 au samedi 20 février. Ialtchad Presse est allé s’imprégner de la réalité du terrain. Reportage.
Lycée et collège de Walia, il est 11 heures passées. Un silence cimetière règne dans la cour. Tout est suspendu, cours et activités pédagogiques du jeudi 18 au samedi 20 février. Et les autorités administratives et la cellule des Syndicats des enseignants tchadiens de Walia ont tour à tour arrêté leurs activités. Selon le communiqué de presse de la cellule, c’est suite à la bavure policière du 15 février lors d’une manifestation qui ne concernait en rien les élèves. Pour le signataire, janvier Adamou, secrétaire général, les forces de l’ordre ont tiré de lacrymogène dans la cour du lycée, saccagé les salles et bureaux, bastonnés, arrêté et humilié les enseignants et le personnel administratif de l’établissement. « La cellule du SET demande aux autorités compétentes de protéger les enseignants de cet établissement dans l’exercice de leur fonction. Elle se réserve le droit d’engager les actions de grande envergure », conclut le communiqué.
Pour Beakba Gabgaroua, proviseur du lycée de Walia, tous les élèves étaient dans leurs salles en train de faire cour ce lundi 15 février. Du coup dit-il, aux environ de huit heures, un groupe d’individus marche le long de la grande voie en face de leur établissement. « Ils commencent à brûler les pneus et la police intervient pour les disperser à coup des gaz lacrymogènes. Une partie des gaz tombe dans la cour du lycée. Stupéfaits, les élèves sortent de leurs classes en débandade », explique-t-il. Selon lui, paniqués certains élèves ont escaladé les murs, ceux qui ont de malaise respiratoire ils se sont réfugiés dans le bâtiment de l’administration et d’autres encore dans les toilettes. Un moment après, témoigne-t-il, la police investit la cour et leur demande de leur livrer les élèves qui gémissent. « Nous nous sommes opposés en leur expliquant que nos élèves ne sont pas des manifestants. Ils ont seulement pris peur et ils sont sortis de leurs classes. Du coup, on nous brutalise devant nos élèves et nous embarque », confie le proviseur.
Pertes des heures, plus grande inquiétude !
Beakba Gabgaroua, de poursuivre que les forces de l’ordre leur demandent pourquoi pousse-ils les élèves à manifester ? Réponse : « Nous sommes des agents de l’État et par conséquent, nous ne formons pas des délinquants », dit-il. D’après le proviseur, ils ont arrêté les élèves filles et garçons puis, sur-le-champ, les filles ont été libérées. Mais les garçons jusqu’aujourd’hui, personne ne sait s’ils sont libérés ou pas, note-t-il. « Pour des raisons d’accalmie, les autorités administratives ont suspendu les cours mardi et mercredi et normalement nous devons reprendre jeudi passé. Mécontent, de la bavure policière, le syndicat suspend lui aussi les activités pédagogiques jusqu’au samedi », précise le proviseur.
Selon le 1er administrateur du lycée de Walia, il y a eu déjà une longue grève et le lendemain, un tel événement c’est bien dommage ! « Ce n’est pas un bon signe pour une éducation de qualité. C’est une perte des heures », déplore-t-il d’un air frustré. Il plaide pour que les cours reprennent le plutôt que possible, ce lundi comme prévu, afin de rattraper le temps perdu.
Moyalbaye Nadjasna
Le musée national est par définition un grenier rempli d’objets d’arts. Une maison connue où le présent fait parler les repères du passé. Un nombre important des objets culturels qui peuvent enrichir les pavillons du musée se trouvent en France. Des efforts sont-ils entrepris pour leur restitution ? Ialtchad Presse est allé chercher les réponses. Reportage.
Pour Gariam Philippe, le Tchad est un des pays concernés par la restitution des objets d’arts pillés par la France. Il est le premier pays avec 9296 objets d’arts conservés dans les musées français. « La restitution de ces biens culturels spoliés par la France est un long processus », dit-il. Selon le directeur Gariam Philippe, plusieurs conditions sont à réunir pour assurer le succès de la restitution. Il s’agit entre autres : de faire un inventaire technique de ces objets, de mobiliser des ressources humaines et financières, de réviser les accords de coopération culturelle entre la France et le Tchad. « Depuis 2019 le Tchad a donné sa position officielle à la France par voie diplomatique. Un travail technique est en cours afin de mettre en place un Haut Comité National chargé de la restitution des biens culturels spoliés par la France », dit le directeur.
« Le Musée National du Tchad contient de nombreux objets qui retracent la culture du Tchad et de l’humanité tout entière », déclare-t-il. Pour lui, le crâne de Toumaï, ancêtre de l’humanité datant de sept millions d’années, constitue l’exposition phare du Musée National. Le Musée National explique-t-il, réserve un espace convivial pour l’exposition permanente des biens culturels. Il est reparti en huit (8) pavillons. « Le Patrimoine religieux, le Pavillon Préhistoire, le Pavillon Archéologie de l’art Sao, le Pavillon Histoire, Pavillon Arts et Traditions populaires, Pavillon Paléontologie et le Pavillon du Patrimoine mondial », a cité
Adoum Gariam Philippe. Selon lui, le Musée National est couramment visité par le public tchadien et les touristes. Mais plus de 90% de visiteurs sont des élèves et étudiants. « Nous exhortons le public à s’intéresser au Musée National qui est un grenier de la culture tchadienne et de l’humanité », lance-t-il.
Qu’est-ce qu’une exposition permanente et une exposition temporaire ? Le technicien répond : une exposition, c’est un moyen de communication d'un musée, par extension, l'ensemble d’espace mural dédié. Elle réunit un ensemble d'objets, faisant ou non partie des collections du musée, autour d'un thème, d'une idée, d'un fil conducteur, précise-t-il. « L’exposition permanente c’est une exposition fixe qui peut durer tandis que l’exposition temporaire, comme son nom l’indique, est une exposition sur une thématique donnée et pour une durée déterminée ». Jusqu’aujourd’hui, les expositions temporaires réalisées sont celles sur Joseph Brahim Séid (2017), la marche du Tchad vers l’indépendance (2018), Kelou Bital Diguel (2019). Dans les différents pavillons, nous pouvons découvrir le moulage de Tchadanthropus uxoris, des collections d’arts et traditions populaires, de l’archéologie, de l’histoire, de la paléontologie et du patrimoine islamique.
La plupart des vitrines sont consacrées à la culture Sao. Toute une salle est réservée à la paléoanthropologie. On peut voir des moulages des fossiles de Tchadanthropus uxoris, d’Abel (Australopithecus bahrelghasali) et de Toumaï (Sahelanthropus tchadensis). On peut aussi voir les lacs Ounianga qui sont entrés déjà dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Le dossier du Lac Tchad qui avance. Ce sont-là, des potentiels touristiques favorables au développement du Tchad, conclut le directeur.
Moyalbaye Nadjasna
Ses débuts n’ont pas été faciles, mais il s’est accroché comme une teigne à son métier de gastronome. Il n’a pour le moment qu’un rêve : devenir l’ambassadeur de la gastronomie tchadienne. Portrait de ce chef cuisinier et pâtissier franco-tchadien, Hissène Mahamoud.
Il devrait enseigner les Lettres modernes. Mais il a tout laissé tomber pour se consacrer à sa passion l’art culinaire et la pâtisserie.
Né à Faya dans l’extrême nord du Tchad, Hissène Mahamoud est un amoureux de la cuisine depuis sa tendre enfance. Il ne pouvait pas parler de cette passion au vu et au su de tout le monde. Les préjugés sociaux et communautaires ne l’y autorisent pas. Dans le Tchad conservateur, la cuisine est réservée aux femmes.
Comme plusieurs jeunes, sa vie se partageait entre les études, sa ville natale Faya et la capitale, N’Djamena. Après son baccalauréat, Hissène Mahamoud s’est envolé pour l’Algérie. Il fait des études en Lettres modernes. À la fin de son cycle licence en 2007, le passionné de la cuisine immigre en France. Au pays du général De Gaulle Hissène échange de chemin. Il abandonne les Lettres modernes pour la gastronomie. « C’est le destin. Ce n’est pas ce que la famille attendait de moi, mais le destin en a décidé autrement. »
Début difficile
« Au début, je me cachais sous pseudonyme sur les réseaux sociaux pour faire mon métier », raconte Hissène Mahamoud. Les raisons, explique Hissène, sont les préjugés et la coutume du pays qui le pourchassait. Il vivait dans le déni et reniement de lui-même. « Chez nous au Tchad et précisément dans ma communauté c’était difficile de s’exprimer », dit-il presque la larme à l’œil. Mais la passion a fini par vaincre. Il a décidé de s’assumer et de s’afficher. « Un jour je me suis dit à moi-même : c’est un métier, je ne vole personne. Je vais le faire en public. Et le déclic est parti. Je me suis affiché avec mon propre nom de famille. Depuis lors, je suis le plus heureux des hommes ».
Son salut, il le doit à l’immigration et à son pays d’accueil, la France. Loin de sa famille et des pesanteurs sociocommunautaires, il s’est lancé à corps perdu dans ce métier qu’il aime tant. Et aujourd’hui, il est chef cuisinier et pâtissier installé en France. Il en est fier. Et sa famille aussi. « Ma mère est comblée ».
Des ambitions
Cela fait 12 ans qu’Hissène Mahamoud exerce son métier de cuisinier-pâtissier. En janvier 2021, il a organisé pour la troisième fois le Master class dénommée « journée gourmande » où des mets tchadiens sont en honneur. Mais le chef Hissène rêve grand. Il a un projet. Il veut créer une École de cuisine pour former des jeunes dans l’art culinaire. Et valoriser la gastronomie tchadienne dans le monde. Car, dit-il, cela manque au Tchad. Ce qu’il souhaite vraiment est que le ministère de la Culture valorise la gastronomie tchadienne à travers un festival à l’exemple du festival Dary. « Le Tchad est riche en la matière. Nous devrons créer un festival interprovincial », suggère-t-il. Aussi, il souhaiterait avoir le soutien du ministère. « Moi je me transforme déjà en ambassadeur de la gastronomie tchadienne dans le monde. Il faut que le ministère m’épaule dans cette tâche ». Il dit être prêt à revenir s’installer au bled pour transmettre son savoir-faire. Quand ? « Je reviendrai, inchallah », dit Hissein, dans un large sourire. Il est heureux, l’ambassadeur.
Christian Allahadjim
Le Tchad dispose d’un musée national. Il y a de nombreux objets qui retracent l’histoire et la culture du pays. Pour mieux connaître cette prestigieuse institution culturelle, Ialtchad Presse vous amène à sa découverte. Reportage.
N’Djamena, capitale tchadienne. Quartier Am-riguébé, au 5e arrondissement. En face du Palais du 15-janvier se dresse depuis le 28 novembre 2010, le siège du Musée National tchadien. Création : le 06 octobre 1962, « c’est le creuset de l’histoire et de la culture tchadienne, mais aussi de l’humanité », dit M. Adoum Gariam Philippe, directeur national du musée. Il dispose des annexes à Sarh et à Abéché. Avant cette bâtisse, le musée était logé dans un bâtiment colonial, construit en 1911. C’était l’ancien bureau du Gouverneur de l’Afrique Equatoriale Française (AEF). Le musée est géré selon la loi du 24 mars 2011 qui l’érige en établissement public à caractère administratif doté de personnalité morale et disposant d’une autonomie financière.
Selon le Directeur, la gouvernance du musée est le résultat des institutions fusionnées. Il s’agit de l’ordonnance, du 15 septembre 2016, créant la Maison des Patrimoines culturels du Tchad (MPCT). Cette maison affirme-t-il, est composée de la Direction de la Bibliothèque Nationale, de la Direction du Bureau tchadien du Droit d’Auteur, de la Direction du Centre National de Lecture publique et d’Animation Culturelle et la Direction de la Diffusion et de la Communication. Le musée a 3 services, « le Service administratif, le Service de l’Animation des Expositions et des Actions éducatives puis le Service de la Conservation et de la Recherche ».
Adoum Gariam Philippe explique qu’un musée comme celui du Tchad est une institution publique à but non lucratif au service public de la société. Pour lui, le musée est utile pour la recherche, les études, l’éducation et le tourisme. « La politique d’un musée consiste à protéger les œuvres patrimoniales, mais aussi, à les enrichir et à les diffuser dans le cadre d'une politique culturelle adaptée aux besoins », dit-il. C’est ainsi, précise-t-il, que le Musée National a toujours comme priorité l’accessibilité du public le plus large pour un égal accès de tous à l’éducation et à la culture. Enfin le musée a des difficultés comme « pas suffisamment des bureaux pour le personnel, pas de guides anglophones, pas assez de matériels, les finances sont à sec à cause de la conjoncture économique, etc. »
Moyalbaye Nadjasna