Un des premiers décrets est signé ce 20 avril 2021 par le nouvel homme fort de N’Djamena, le Général de corps d’armée, fils du défunt président Idriss Deby Itno et président du Conseil militaire de transition (CMT) Mahamat Idriss Deby est composé de 15 membres.
Général de Corps d’armée, Mahamat Idriss Deby
Général de Division, Djimadoum Tiraina
Général de Corps d’armée, Bichara Issa Djadalla
Général de Corps d’armée, Oki Mahamat Yaya Dagache
Générale de Corps d’armée, Mahamat Ismaël Chaibo
Générale de Division, Souleymane Abakar Adoum
Général de Corps d’armée, Tahir Erda Tairo
Général de Brigade, Azem Bermandoa
Général de Brigade, Amine Ahmat Idriss
Général de Brigade, Gamané Moukhtar
Général de Division, Saleh Ben Haliki
Général de Corps d’armée, Abakar Abdelkerim Daoud
Général de Corps d’armée Ahmat Youssouf Mahamat Itno
Général de Corps d’armée, Mahamat Nour Abdelkerim
Général de Brigade, Gueilé Hemchi
Blessé lors de la contre-offensive des rebelles du Front pour l’alternance et la Concorde au Tchad (Fact), le Maréchal Idriss Deby Itno est décédé dans la nuit du 19 avril. Retour sur les circonstances de sa mort.
Lundi 19 avril. Selon nos sources les rebelles du FACT informés de la présence du président Idriss Deby Itno sur la base de repli de l’armée tchadienne aux alentours de Nokou, a lancé une contre-offensive au lever du jour vers 5h du matin. C’est lors de cette attaque-surprise que le président Deby Itno est blessé, au front (partie de la tête) entre 7h et 8 heures. Il est évacué dare-dare par hélicoptère sur la capitale N’Djamena, vers 12 heures. Le même jour, dans la soirée, alors que la Céni le proclame vainqueur pour un sixième mandat avec un score de 79,32%, Idriss Deby Itno serait décédé quelques heures plus tard. La nouvelle de son décès est rendue publique aujourd’hui le mardi 20 avril aux environs de 11 heures, heure locale.
Dimanche 18 avril. Les combats entre les rebelles et l’armée tchadienne ont été très violents. Plusieurs sont morts. Un combat qui a duré 6h de temps, pas de vainqueur ni de vaincu. Les belligérants se sont repliés, chacun de son côté à la tombée de la nuit. Le Président Deby Itno vient nuitamment aux nouvelles à la base de repli de son armée. C’est là où il sera blessé.
Un jour avant. On est samedi 17 avril. L’armée tchadienne neutralise l’équipe de logistique des rebelles. La colonne a été complètement détruite. Plus d’une trentaine de morts, une cinquantaine de prisonniers.
Il faut le rappeler, la rébellion du FACT venant de la Libye, a fait une incursion sur le territoire tchadien le 11 avril. Ils ont progressé en direction de la capitale, N’Djamena. L’armée est entrée en action pour stopper les rebelles à Ziguey dans le Kanem.
Ce mardi, une équipe de généraux de l’armée tchadienne annonce la mort du président. La constitution est suspendue. L’Assemblée nationale et le gouvernement sont dissous. Deux semaines de deuil sont décrétées sur l’ensemble du territoire national. Une charte de transition signée est proclamée pour une durée de 18 mois. Des élections seront organisées.
Aux dernières nouvelles, les obsèques du défunt président Deby Itno auront lieu le vendredi 23 avril à Amdjarass après une cérémonie officielle à N’Djaména, capitale tchadienne.
Le Président de la République Idriss Deby Itno, est mort tard dans la nuit d’hier lundi 19 avril 2021. Ialtchad presse a recueilli les impressions de quelques citoyens. Vox pop.
« Je viens d’apprendre comme tout le monde la mort de notre Président de la République. C’est triste pour chaque mort, paix à son âme. Une page vient de se tourner. Il appartient à tous les Tchadiens de maintenir la stabilité. Mes condoléances à tous les Tchadiens et particulièrement à sa famille. »
« C’est triste, Deby est mort. Je crains que le pays sombre dans le chaos. Il faut rapidement une transition inclusive avec l’opposition civile, les militaires et la société civile. Condoléances. »
« L’homme est mortel. Je ne suis pas surpris. Maintenant, il faut une transition et organiser rapidement des élections libres et transparentes. C’est le chemin de tous. Condoléances à sa famille et au peuple tchadien. »
« J’attends une transition avec les civiles et non des militaires. Et puis il nous faut une période claire pour la transition. Courage à sa famille et condoléances à tous. »
« La mort est un droit. Il est mort comme il a vécu, c’est à dire dans la violence et par la violence. Sans hypocrisie, le Tchad doit repartir sur une nouvelle base, plus saine. C’est une chance à saisir. Qu’ Allah le pardonne. »
Le président tchadien Idriss Deby Itno est décédé ce mardi 20 avril de suite des blessures infligées à la veille par les rebelles aux alentours de la ville de Nockou au nord de la province Kanem. Retour sur la vie de cet officier rusé et violent qui a marqué l’histoire de son pays.
Naissance en 1952 à Berdoba, un puit pour certains, un hameau pour d’autres situé au sud Est de la ville de Fada au nord du Tchad. Idriss Deby Itno est un enfant du désert. Ses études le mènent au lycée franco-anglais d’Abéché puis au lycée Jacques Moudeina de Bongor où il décroche un baccalauréat scientifique. Il intègre l’école des officiers active de N’Djamena en 1975. En 1976, il décroche une licence de pilote professionnel (spécialité transport des troupes) à l’Institut aéronautique Amaury de la Grange (France).
Fidèle lieutenant de l’ancien président Hissein Habré
Il aime le métier des armes. Il aime le terrain. Il est mort comme il le voulait nous affirme un ex-compagnon. A notre question comment ? Il racle sa gorge, prend son souffle et dit « sur le terrain de combat ». 1979 marque le début de son ascension militaire. 1990 c’est celle de sa montée politique. L’année de la guerre civile. Idriss Déby collabore avec Hissein Habré, entré en rébellion en 1980 contre Goukouni Weddeye. Habré le nomme commandant en chef des Forces armées du nord (FAN). En 1982, Habré, aidé par Deby, renverse le régime tenu par Goukouni. Sa loyauté est gratifiée par le grade de colonel. Idriss Deby reprend le chemin de l’école. Direction France où il suit les cours à l’École de guerre interarmées. Il revient au pays en 1986 et est nommé conseiller de Hissein Habré pour la défense et la sécurité.
1989. Les relations entre l’homme fort de N’Djamena et son bras droit ne sont pas au beau fixe. Après une tentative de coup d’État le 1er avril 1989, Idriss Déby s’enfuit au Soudan avec quelques frères d’arme. Certains de ses compagnons trouvent la mort. Hassan Djamous, blessé est capturé. Idriss Deby réussit à gagner le Soudan puis la Libye. Il fonde le 11 mars 1990, le Mouvement patriotique du salut (MPS), un mouvement politico-militaire qui chasse Hissein Habré du pouvoir le 1er décembre de la même année.
De la rébellion à la présidence de la République
Le coup d’État réussi, Deby est porté à la présidence du Conseil d’État le 4 décembre. Il sera désigné président de la République par son mouvement devenu parti politique début 91. En 1996, une Constitution est promulguée. Le pays organise les premières élections pluralistes. 14 candidats étaient en lice. Idriss Deby est élu pour un premier mandat de cinq ans en 1996, (il recueille 43,82% au premier tour et bat Wadal Abdelkader Kamougué au second tour par 69,09%). En mai 2001, Idriss Déby brigue son second mandat. Il est réélu dès le premier tour avec 63,17% des voix.
La nouvelle constitution et la présidence ad vitam
Alors que son second mandat tendait à sa fin, le gouvernement fait modifier la Constitution de 1996 qui limitait le nombre du mandat à deux. La nouvelle Constitution promulguée en 2006 saute le verrou de la limitation des mandats. Le président est réélu autant de fois que le peuple le voudra. Ce qui permet à Idriss Déby Itno de rempiler pour un troisième mandat en 2006. Les pontes de l’opposition ont boycotté le scrutin. Deby se fait réélire aisément avec 64, 67% au premier tour.
Vers la fin de son deuxième mandat, Idriss Deby a failli perdre son fauteuil. Le 13 avril 2006, les rebelles du Front uni pour le changement (FUC) ont réussi à atteindre N’Djamena. Mais celui qui se réclame toujours soldat a réussi à les défaire. « Ce sont des enfants qui ne connaissent pas N’Djamena. Ils vont tomber dans leur propre piège », avait-il déclaré en son temps. En février 2008, au cours de son troisième mandat, les rebelles regroupés au sein du Commandement militaire unifié (CMU) ont encore failli de peu renverser son régime. Après deux jours de combats acharnés en pleine capitale, la situation se retourne en faveur du président Déby alors que tout le monde le croyait sur le départ. Le gouvernement pointe du doigt le régime de Khartoum, dirigé par Omar Hassan El-Béchir d’être derrière cette tentative de déstabilisation.
Le gendarme du Sahel
2013. Le nord Mali est envahi par des terroristes. Bamako et Paris sollicitent N’Djamena. Le président déploie 2 000 soldats avec à leur tête le général Oumar Bikimo. En 2014, il enchaine avec un déploiement au Cameroun puis au Nigeria et au Niger dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le Lac Tchad. Le président Deby est auréolé et s’impose comme un partenaire incontournable de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme. Sur le plan régional, il est vu comme un panafricaniste et le gendarme du Sahel.
2016. Le MPS investit le président sortant Idriss Déby Itno pour un cinquième mandat. Le candidat de l’émergence fait face aux candidats de l’alternance issus de l’opposition. Les grosses pointures de l’opposition à savoir Saleh Kebzabo, Mahamat Ahmat Alhabo, Laoukein Kourayo Médard, et l’ex-mpiste Joseph Djimrangar Dadnadji sont alignées contre Déby. Face à leurs stratégies qui consistaient à l’amener à un second tour et le battre, Idriss Déby Itno sort le fameux concept « un coup K.O ». Et effectivement le coup K.O au premier tour a réussi : le candidat du MPS est réélu avec 59,92% de voix. Son mandat qu’il consacre toujours au monde rural sera marqué par la censure des réseaux sociaux, les mesures d’austérité, les crises sociales marquées par les grèves et des manifestations, la réforme des institutions avec le fameux forum national inclusif 1 et 2. Avec le forum 1, une nouvelle Constitution instaurant la 4e République a été promulguée le 4 mai 2018. Le verrou de la limitation des mandats est remis. Mais cette fois, le mandat passe de cinq à six ans. Un an plus tard, un poste de vice-président et le sénat sont créés.
Le Maréchal du Tchad
2020. Le président de la République, chef suprême des armées Idriss Déby Itno retourne ses djellaba et vestes pour porter de nouveau la tenue militaire. Il dirige en personne l’opération « colère Bohoma » qu’il lance le 31 mars après la sanglante attaque des terroristes appartenant à Boko Haram contre une base de l’armée tchadienne dans le lac Tchad. L’armée perd près de 100 soldats lors de cette attaque. Un affront que le général cinq étoiles a décidé de laver. « Je refuse cette défaite et la réplique doit être foudroyante », avait-il martelé. Du 31 mars au 8 avril, le chef suprême des armées supervise les opérations depuis son quartier général qu’il a installé sur l’île de Kaiga Kindjiria. Résultat, la péninsule est nettoyée de tous les éléments terroristes. En juin, l’Assemblée nationale prend une résolution pour récompenser le soldat de toujours Idriss Déby Itno. La représentation nationale l’élève à la dignité de Maréchal pour « services rendus » à la nation. Le 11 août, date anniversaire d’indépendance du Tchad, il reçoit ses insignes et sa tenue de Maréchal.
Le 6 février 2021, le MPS investit pour la sixième fois Idriss Déby Itno, 69 ans, 30 ans au pouvoir pour un nouveau mandat, cette fois de six ans. Sa candidature est objet à contestation. Pour l’opposition, c’est un mandat de trop et réclame l’alternance. Pour la majorité présidentielle, leur candidat est l’homme qui peut garantir la stabilité et la paix. Sa candidature est déposée par sa formation politique auprès de la cour suprême. Le 2 mars, le domicile de Yaya Dillo, candidat déclaré et proche parent du président-candidat, a été attaqué par la garde présidentielle. La nouvelle a fait un boum que trois candidats déclarés à la présidentielle se retirent. Les appels au report de l’élection se multiplient sur le plan national. Le 13 mars, le Maréchal président-candidat lance sa campagne électorale contre vents et marées. Et là encore il promet un coup K.O au premier tour à ses six adversaires restés en lice. Selon les observateurs avertis de la scène politique tchadienne, sa victoire ne fera pas de doute. Si cela se confirme, le Tchad aura à sa tête Idriss Déby Itno, pour au moins jusqu’en 2027 sinon plus. Car, selon la Constitution du 4 mai 2018, il peut se représenter en 2027, pour un autre mandat de six ans.
Malheureusement le destin en a décidé autrement pour le président Déby. Il est décédé ce mardi 20 avril 2021 alors que la Céni l’a proclamé, la veille, vainqueur de l’élection présidentielle avec 79, 32%. En bon soldat, Idriss Déby Itno est allé mourir là où tout a commencé : le champ d’honneur, le front arme à la main. « Le Maréchal du Tchad, président de la République, chef de l’Etat, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno vient de donner son dernier souffle au front », a annoncé le porte-parole de l’armée, le général Azema Bermadoa à la télévision nationale. Le Maréchal est allé combattre au nord Kanem les rebelles du Front pour l’alternance et le changement au Tchad (FACT) dirigé par Mahamat Mahdi Ali. Blessé, il est évacué d’urgence à N’Djamena pour des soins. Il succombe de suite de ses blessures. Un conseil militaire de transition dirigé par son fils Mahamat Déby Itno est mis en place pour 18 mois. Un couvre-feu est instauré à partir de 18 heures.
Christian Allahadjim
Les affrontements au sol font rage dans le grand Nord tchadien depuis quelques jours après l’incursion des rebelles tchadiens venus de la Libye le jour d’élection le 11 avril dernier.
Un premier affrontement a eu lieu le 17 avril, il y a plus de 24h, entre les rebelles tchadiens du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) et l’Armée nationale tchadienne (ANT) à Ziguey au nord de Mao, capitale de la province du Kanem. La guerre des communiqués fait rage, les rebelles et les forces gouvernementales réclament chacun la victoire, mais des sources affirment que les combats ont été durs avec des pertes énormes. Toutefois aucune source indépendante ne peut vérifier ces informations.
Un second affrontement a eu lieu aux alentours Nockou le 18 avril. Cette bataille a été également rude. Selon nos sources, il y a eu plusieurs blessés et des morts de deux côtés. La situation est confuse et tendue. Seule de la nuit tombée a séparé les belligérants.
Cette rébellion du Fact était signalée depuis le 11 avril passé, jour d’élection présidentielle au Tchad où le président Deby Itno rempile pour un 6e mandat. Elle est dirigée par Mahamat Mahdi Ali ancien membre de la rébellion de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) de Mahamat Nouri.
Selon des sources, les rebelles étaient arrivés en plusieurs colonnes pour lancer des attaques à différents endroits. Cette stratégie fait dire à plusieurs observateurs que d’autres affrontements sont à prévoir dans les heures et les jours prochains.
Selon plusieurs spécialistes ce sont les défaites et de l’affaiblissement du Maréchal Khalifat Haftar qui ont provoqué le reflux des combattants tchadiens engagés à ses côtés. Des sources sécuritaires tchadiennes affirment à la rédaction que d’importantes troupes de l’Armée nationale tchadienne (ANT) ont été envoyées au front.
Rappelons que le président Deby Itno aurait sollicité l’appui aérien de la France dans le cadre des accords de coopération militaire bilatérale entre les deux pays. Selon nos sources, les autorités françaises ont souhaité ne pas s’impliquer directement dans ce conflit, mais ont timidement appuyé le pouvoir tchadien en logistique et en renseignements. L’avion tchadienne aurait mené plusieurs raids aériens. Le président Deby Itno serait depuis hier soir dans la ville de Mao.
Ce mardi 13 avril, la communauté musulmane du Tchad a entamé le début du mois de Ramadan. Comment les fidèles musulmans ont abordé cette première journée ? Reportage
Abdelmadjid Moustapha est un jeune musulman dans la vingtaine. Pour la 5ème fois, il jeûne en ce mois de Ramadan. En ce premier jour, il est venu acheter des fruits au grand marché de N’Djamena pour les consommer à l’heure de la rupture. « Tout début est difficile mais avec le temps je vais m’adapter », nous dit-il, l’air souriant.
Durant 30 jours, les fidèles musulmans sont appelés à communier avec Dieu, se repentir et demander pardon pour des péchés commis, accomplir des œuvres de bienfaisance. C’est un devoir religieux consacré par le Saint Coran parmi les cinq piliers de l’Islam.
Ousmane Goudja est gérant d’un parking pour moto au marché central. Il observe le mois de Ramadan depuis plus d’une vingtaine d’années. Selon lui, le début de ce mois sacré commence bien. « Il n’y a pas de difficultés encore. Même le climat est favorable. Aujourd’hui, il ne fait pas très chaud », dit-il. C’est bien pour le début. Peut-être des difficultés surviendront. Même si ce sera le cas, Issaka Mahamat Nour interpelle ses compatriotes de cesser de se plaindre de tout et de rien. « C’est un mois béni et tous les musulmans doivent le vivre dans piété ». Propos partagé Ahmat Barka, agent de parking. « Quand tu es engagé devant Dieu, tu es obligé de prendre le Ramadan. C’est un devoir quelles que soient les difficultés. Sauf dans les cas d’exceptions prévues par le Coran », rajoute-il.
Abdoulaye Hassan est vendeur de téléphone à la place du marché. Il souhaite un « bon début de Ramadan à tous. » Il dit remercier Dieu du fait que ce mois saint commence presque sans des règles édictées dans la lutte contre le Covid-19. En 2020, le Ramadan s’est passé dans le respect strict des mesures de prévention prises par le gouvernement (fermeture des lieux de culte, interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes, etc.)
Christian Allahdjim
Les marchés de N’Djamena, capitale tchadienne, grouillent de monde. C’est la veille du ramadan, l’un des cinq piliers de l’islam. Les fidèles musulmans tchadiens vont s’abstenir de nourriture et d’eau pendant un mois. Pour préparer la rupture du jeûne, chaque ménage s’approvisionne aux différents marchés. Reportage
Les fidèles musulmans seront en carême. Pour cette période, les fidèles font des provisions. Le constat dans les différents marchés de la capitale tchadienne le montre.
10h 35, à l'entrée Est du marché à mil, l'accès est difficile, l’embouteillage est monstre. A l'intérieur dans les allées l'affluence des grands jours empêche la circulation au marché. D’un côté, certains clients s’alignent devant les étals de gingembre sec, d’autres devant ceux du sucre, de la farine du blé, etc. Impatiente et fatiguée d'attendre, Fatimé Youssouf clame être arrivée avant tout le monde sans être servie. « Je suis ici depuis plus 10 minutes, mais tu ne me sers pas », dit-elle. Habiba, une autre ménagère, « les prix des denrées nécessaires à la rupture de jeûne ont monté. La boutique d’Abakar à des meilleurs prix. C’est pourquoi il y a cet attroupement », dit-elle.
« Depuis quelques mois, l'oignon est un peu moins cher à N’Djamena. Le « Coro » ou tasse était à 750 ou moins. À ma grande surprise, aujourd'hui il m’a coûté 1000 FCFA. Heureusement, c'est un vendeur que je connais. Sinon ailleurs, c'est même plus cher », affirme Mariam. Quelques mètres plus loin, c’est l’étal de Abdelkrim un vendeur d'oignons et d’ails. Selon lui, c’est la conséquence du prix de gros qui a flambé. Cela a obligé les détaillants comme lui, dit-il, de hausser le prix un peu sinon il n’a pas de marge bénéficiaire.
12h25 au marché Dembé devant les étals d’arachides nettoyés. Brahim, un client fait ses courses, « je fais de provisions pour ma maisonnée. J’achète de l’arachide pour la bouillie de mil », explique-t-il. Kadidja se lamente, « il y a quelques jours j’achetais le Coro d’arachide frit pour la pâte à 1000 FCFA. Aujourd’hui c’est 1500FCFA »
!4h 30 min, au marché central de la capitale aussi il y a achalandage dû aux préparatifs du début de ramadan. Il fait une chaleur torride. Dans les boutiques du marché, un balaie incessant des clients vont et vienne. Ici on achète en gros 2 à 3 sacs de sucre ou de farine, des cartons de spaghetti ou de macaroni, des bidons d’huile. C’est ce qu’a fait Mahamat. « J’ai trois femmes, je fais des achats pour les trois. Je n’ai pas pu le faire tôt faute d’argent. Là, les prix ont flambé. Je me limite à l’essentiel », dit-il.
Ustensiles pour mieux conserver le repas
Les vendeurs de tasses et des glacières font aussi des affaires. Hamidou, vendeur des glacières se frotte les mains, « le ramadan de cette année est tombé en période de chaleur. Avec les délestages au quotidien, les gens achètent les glacières pour conserver la glace. Depuis une semaine les clients ne manquent pas. Je vends jusqu’à 10 glacières par jour ».
Hawa Mahamat achète des tasses neuves qu’elle dit lui coûter cher, « mes tasses sont usées, il me faut d’autres bonnes tasses pendant la rupture de jeûne. Même si le prix est élevé je n'ai pas le choix. »
Rappelons que le ramadan est une période sainte, un moment de Pardon et de méditations pour les fidèles musulmans. Il est observé une fois chaque année et dure pour un mois.
Orthom L’Or
La Coordination des actions citoyennes (CAC) par la voix de son porte-parole, Barka Michel, a fait une sortie médiatique, ce lundi 12 avril dans la salle de réunion de la radio Oxygène à Kamnda, 7e arrondissement de N’Djamena capitale tchadienne. Reportage.
24h après le vote de la présidentielle, la Coordination des Actions citoyennes affirme que le mot d’ordre de boycott a été respecté par l’électorat tchadien. Selon M. Barka Michel, les Tchadiens ont montré le 11 avril, qu’ils rejettent Idriss Deby Itno, « il n’y a pas eu de vote, les bureaux de vote ont été désespérément vides », dit-il. Pour le porte-parole de la coordination des actions citoyennes, la lutte ne s’arrête pas ce 11 avril, elle se poursuit jusqu’au départ du pouvoir du président sortant Deby Itno. « Vous l’aurez constaté, ce qui s’est passé ce 11 avril est loin d’être une élection démocratique. Les forces des Défenses et de sécurité ont investi les rues et les bureaux de vote à N’Djamena qu’en province », affirme-t-il.
Pour M. Barka Michel toutes les lois sur le vote sont foulées au pied, « non-respect de l’isoloir, du caractère secret du vote, la non-distribution des cartes, des bureaux de vote secret. Tout cela présage des résultats fabriqués qui n’ont rien à voir avec la réalité de cette abstention massive », martèle-t-il. Le porte-parole de la coordination des actions citoyennes demande aux Tchadiens de demeurer mobilisés pour répondre à d’autres mots d’ordre dans les prochains jours. Il entonne ce ver de l’hymne national « Peuple tchadien debout et à l’ouvrage. Ta liberté naîtra de ton courage ».
Rappelons que l’opposition politique et quelques organisations de la société civile contestaient la tenue de cette élection. Elles organisaient chaque jour des marches pacifiques dispersées par les forces de l’ordre. Ces marches étaient souvent interdites par le gouvernement et se soldaient par des arrestations. Il faut aussi signaler que le vainqueur de cette élection va briguer un mandat de 6 ans renouvelable. Le président sortant est selon les experts grand favori en l’absence des grandes figures de l’opposition.
Moyalbaye Nadjasna