Après une trêve de 10 jours, la Coordination des Actions Citoyennes (CAC) annonce une grande marche pour le 8 mai.
« La lutte continue en mémoire de nos martyrs », a déclaré le coordonnateur de la CAC, Me Max Loalngar, dès l’entame de son point de presse. Depuis le 27 avril, date de la première manifestation de contestation de la prise de pouvoir par le Conseil Militaire de Transition (CMT), la plateforme a décrété une trêve. « D’une part pour enterrer nos morts et panser nos blessures, d’autre part pour honorer nos hôtes de la mission de l’Union Africaine (UA) », a dit M. Loalngar.
Pendant cette trêve, affirme Me Max, la junte militaire au pouvoir a étalé sa mauvaise foi en « formant un gouvernement fantoche en dépit de multiples appels au bon sens et à la raison. » « Ni le retour à l'ordre constitutionnel ni le schéma malien proposé par certains n'a trouvé grâce à leurs yeux », déplore-t-il. Aussi, indique le coordinateur de la plateforme Wakit Tamma, le pouvoir a usé de tous les moyens pour tenter de briser la dynamique populaire : trafic d'influence, achats de conscience, clientélisme, etc. « Tout y est passé. Mais le peuple est debout, la CAC reste mobilisée pour le bien-être de toutes nos communautés du nord au sud, de l'est à l'ouest », souligne-t-il.
Pour la plateforme, la junte militaire en ordonnant de tirer sur des civiles, a méconnu les libertés publiques. Et pour cela, elle est disqualifiée pour présider à la destinée du pays. « Parce que le sacrifice de nos chers martyrs n’est vain, les revendications populaires doivent s'intensifier », appelle Me Max Loalngar.
La plateforme Wakit Tamma dit maintenir son appel à la marche pacifique et invite toutes les organisations de la société qui ne se sont pas encore engagées dans la lutte à cette date, de se joindre sans délai à la mobilisation du peuple pour les actions citoyennes futures. « La toute prochaine marche pacifique est justement prévue pour le samedi 8 avril, sur toute l'étendue du territoire. Nous devons ensemble tracer nos sillons pour façonner le modèle tchadien que nous voulons inclusif, généreux et dynamique. Peuple tchadien, ta liberté naîtra de ton courage », lance Me Max Loalngar.
Il faut signaler que l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), le parti de Saleh Kebzabo dit suspendre sa participation aux activités de cette plateforme. « L’UNDR demande à ses militants et sympathisants de suspendre les marches et toutes autres formes de manifestations en attendant de voir clair dans les négociations qu’il faut engager avec les autorités de la transition pour la gestion de ces marches pacifiques », a instruit Célestin Topona Mocna, 1er vice-président de l’UNDR lors d’un point de presse fait ce 6 mai.
Avant d’annoncer son retrait, l’Undr a tenu à préciser que le secrétaire national administratif du parti, le Professeur Avocksouma Djona qui avait désapprouvé publiquement, dans un point de presse, la veille le choix de son parti et de son chef Saleh Kebzabo de faire partie du gouvernement de transition est du passé. Et que le professeur a reconnu son erreur d’avoir pris la parole publiquement pour contredire la ligne du parti. Il s’en est excusé.
Joint au téléphone M. Avocksouma a affirmé que son parti a raison sur la forme, car il devrait avant sa sortie en discuter en interne. Quant au fond du sujet, sa position n’a pas changé. Il affirme qu’il continuera à soutenir les actions de Wakitt Tamma comme citoyen tchadien.
Le ministre de l’Économie du Plan, et de la Coopération Dr Issa Doubragne et le Représentant résident de la BAD au Tchad, M. Ali Lamine Zène ont apporté un éclaircissement conjoint sur la question de la coopération Tchad-BAD sur la situation actuelle au Tchad. C’était ce, 06 mai 2021 en présence des journalistes au Cabinet du ministre de tutelle. Reportage.
Ali Lamine Zène, Représentant résident de la BAD au Tchad a précisé que la Banque Africaine de Développement (BAD) a entrepris d’évaluer la situation des projets qu’elle finance. Selon lui, aucun impact négatif n’a été relevé au niveau des ressources humaines, de l’Administration, des ressources financières et sur les biens de la banque. « En pareille circonstance, toutes les institutions multilatérales internationales marquent un arrêt évaluatif. C’est de ça qu’il s’agit. Et la BAD est dans son rôle. Elle a convenu avec le gouvernement du Tchad d’un traité, d’un accord de siège qui prévoit une disposition pour qu’en pareille circonstance d’évaluer la situation», dit le banquier. Pour lui le gouverneur de la BAD est informé qu’une deuxième étape d’évaluation est en route. Il rajoute qu’ils n’ont pas arrêté le travail, ils le font afin de permettre à ceux qui ont le monopole de la décision au niveau du Conseil d’Administration s’imprègnent de l’évolution de la situation. Le Représentant résident affirme que l’objectif est de donner le cursus nécessaire pour poursuivre la coopération et l’intensifier. «Cela se fera au niveau de notre diagnostic que nous partagerons avec le gouvernement. Ce qui importe pour la BAD, c’est de faire une lecture réelle de l’évolution de la situation sur le terrain. Nous avons vu ce qui s’est passé. Le CMT est mis en place, une charte et un gouvernement sont opérationnels, un calendrier est effectif pour une période de transition. Qui devrait en principe aboutir à des élections libres et démocratiques». D’après lui, la banque intégrera tous ses éléments pour se décider dans les jours ou semaines à venir. M. Ali Lamine Zène affirme que le gouverneur a donné les assurances qu’il faut pour qu’il traduise au président de l’institution Dr Adessinan, qui suit à distance cette situation. «Nous nous réjouissons de l’évolution positive de cette situation. Nous sommes une banque africaine appartenant à tous les pays qui la composent dont le Tchad. Toutes les opérations que nous finançons vont au bénéfice du peuple tchadien», conclut-il.
«Le Tchad ne fait pas l’exception de la procédure conservatoire…»
Intervenant à la suite du Représentant résident de la BAD au Tchad, Dr Issa Doubragne, ministre de l’Économie du Plan, et de la Coopération, gouverneur auprès des banques a fait le point sur leur réunion partenariale. Il note que leur réunion a été accès sur l’évaluation de la situation qui a prévalu au Tchad et qui a emporté tragiquement le président Idriss Deby Itno. Pour lui, dans une telle circonstance, les membres des institutions multilatérales de financement et du développement enclenchent des procédures conservatoires. Le Tchad ne fait pas exception, indique-t-il. « Le dernier cas avant nous c’était le Mali. Dans de telles situations, ce sont les éléments d’appréciation faite qui déterminent la normalisation de cette circonstance. La banque a juste déclenché la procédure conservatoire. D’autres banques institutions multilatérales l’ont aussi faite à l’exemple de la Banque Mondiale», explique Dr Issa Doubragne. Selon lui, ils sont depuis une semaine en pourparlers avec ces institutions pour évaluer les possibilités d’une reprise ou d’un retour à la normale. Il insiste en ne précisant qu’en ce moment, aucun programme, n’a été suspendu. «Tout est en marche, ce sont des principes normaux qui ne remettent pas en cause les engagements des uns et des autres. Nous avons bon espoir que le cas spécifique du Tchad n’est pas similaire à d’autres, puisse être rapidement évalué», signifie-t-il. Il informe que suite à la mission d’évaluation de l’Union Africaine (UA), la Francophonie envisage une mission, la CEEAC et le G5 Sahel. Pour lui, les partenaires du Tchad sont dans la dynamique d’observation objective de la situation sur le terrain.
«La situation est sous contrôle. Il y a tous les moyens de contrôle et de suivi pour que le Tchad puisse retrouver les équilibres. Ce qui va permettre à la transition d’être gérée dans l’apaisement et que nous aboutissions aux élections libres, transparentes et démocratiques souhaitées par tous », dit le ministre.
Les journalistes ont relevé l’Email de la BAD notifiant la suspension des décaissements, mais ils ont aussi cherché à comprendre la teneur de la directive mentionnant les conditionnalités à remplir pour que les décaissements reprennent.
Selon Dr Issa Doubrangne, cette suspension peut être de deux façons. Elle peut être de principe ou rentrer dans la phase opérationnelle à un niveau ou tout est gelé. Pour lui, présentement tous les projets financés par la BM et la BAD sont fonctionnels. La suspension de décaissement veut dire qu’aujourd’hui en cours d’évaluation, un nouveau décaissement ne peut se faire. Un nouveau projet ne peut pas être validé comme en temps normal, jusqu’à ce qu’un constat soit établi. Pour lui, il y a plus de peur que de mal. C’est la même chose dans toutes les banques institutions multilatérales. Elles respectent leurs principes internes parce qu’elles sont auditées. Ce que la banque a fait est un dispositif de sa réglementation et ne peut aller au-delà, car elle est apolitique.
Le ministre de l’Économie du Plan, et de la Coopération invite la presse la semaine prochaine à une réunion élargie à d’autres partenaires. Il s’agit de l’Union européenne, de la Banque africaine pour le développement, de la Banque mondiale et tous ceux qui de près ou de loin appuient le Tchad en matière de mobilisation de ressources. Car selon lui, sans les ressources, la transition en cours ne pourrait aboutir aux résultats escomptés. «Telle est l’option que nous allons renforcer dans les semaines et mois à venir».
Moyalbaye Nadjasna
Le ministre de la Défense, le Général Daoud Yaya Brahim a démenti les allégations selon lesquelles l’armée tchadienne s’est livrée à des actes inhumains sur les rebelles du Front pour l’alternance et le changement au Tchad (FACT) faits prisonniers.
Cette sortie médiatique du patron de la Défense nationale, le Général Daoud Yaya Brahim fait suite à la publication des capsules vidéo sur Facebook accusant l’armée tchadienne de traitements inhumains et dégradants sur les prisonniers de guerre. D’après Daoud Yaya Brahim, ce n’est que de la diffamation. Car, selon lui, l’armée tchadienne est une armée bien formée et instruite sur le droit international humanitaire. « L’armée tchadienne qui a été victime de plusieurs incursions terroristes s’est toujours comportée de manière humanitaire. Jamais un soldat tchadien n’a torturé un prisonnier moins encore le tué », affirme-t-il. Pour lui, ces informations sont de nature à ternir l’image du Tchad, du Conseil militaire de transition (CMT) et des forces de défense et de sécurité.
Pour couper court à la désinformation, le ministre Daoud Yaya Brahim a promis inviter la presse et la Croix-Rouge à visiter ces prisonniers. « La plupart des prisonniers de guerre sont aujourd’hui, entre les mains de la gendarmerie nationale, qui sont en phase d’enquête. A partir de lundi prochain, je demanderai à la Croix-Rouge, à la presse d’aller les visiter pour leur poser de questions et voir leur état de santé », dit Daoud Yaya Brahim.
Sur la question du dialogue souhaité par l’état-major du FACT, la réponse du ministre est sans ambages : « dialoguer avec des terroristes ? Moi je ne connais pas de rebelles, je ne connais que des terroristes ». A entendre le ministre le dialogue est exclu. Car, soutient-il, ces hommes armés qui ont fait leur incursion au nord du Tchad en avril ne sont même des Tchadiens. « La plupart d’entre eux sont nés en Europe, en Arabie Saoudite, en Libye. Et comme vous le savez la Libye est devenue un Etat néant, un bastion des terroristes », a-t-il-martelé.
Le ministre Daoud Yaya Brahim rassure que la situation sécuritaire est sous contrôle. « Il n’est point besoin de paniquer. Les forces de défense et de sécurité sont en situation de ratissage », informe-t-il. Il appelle les autorités en charge de l’enseignement de relancer les activités académiques. Egalement, le ministre félicite la population du Kanem pour sa collaboration avec les forces de l’ordre pour débusquer les rebelles déguisés en civil.
Chaque année pendant le ramadan, le besoin en glace pour la rupture du jeûne augmente de façon exponentielle . Cependant, la fabrication de la glace est sujette à beaucoup de spéculations. Ialtchad Presse s’est rendu en cette période de canicule dans une usine de fabrique glace de la place pour s'imprégner de ces réalités. Reportage!
Il est à peine 11h, notre équipe de reportage s’arrête devant une usine de fabrique de glace à Ardep-djoumal, dans le 3e arrondissement de la capitale tchadienne, N’Djamena. L’ambiance dans la salle de fabrique captive l’attention. Pas d’électricité, un géant groupe électrogène alimente l’usine. Un bruit infernal emplit l’usine. Les ouvriers sont constitués par équipe, chacun joue son rôle en exécutant une tâche précise. La procédure de fabrication va de la liquéfaction à la solidification. La glace est un solide formé à base d'eau qui peut se fondre sous l’effet de la chaleur.
La demande est supérieure à l’offre en ce mois de ramadan. Après des heures accablantes dues à la canicule, les fidèles musulmans s’en procurent pour soit conserver les aliments soit les diluer dans l’eau pour en consommer. Les alimentations, les boutiques, les vendeurs de viande, les vendeurs-détaillants, et les vendeurs ambulants de jus d'oseilles sont tous des clients. Selon le directeur général de l’usine de fabrique de glace d’Ardep-djoumal, M. Hamza Mahamat Maïna, son entreprise n’utilise que de l’eau naturelle pour fabriquer de la glace. «On mélange de l'eau avec du sel afin d'empêcher le dessous des moules de glace de se former», dit-il.
M. Hamza affirme qu’en ce mois de ramadan ils ont beaucoup de clients par rapport aux autres mois. «Les demandes sont nombreuses que nous ne parvenons même pas à les satisfaire. Dieu merci, nous vendons les grosses barres à 2000 FCFA et les petites à 1000 FCFA. Or, hors mois de ramadan les grosses barres sont à 1000 FCFA et les petites à 400 FCFA». L’entrepreneur se frotte les mains en cette période caniculaire de ramadan. Depuis l’amorce de la période de chaleur, la température oscille à N’Djamena, entre 40 à 45°C. Ce qui pousse à la demande accrue de la glace. Elle est fabriquée non seulement par des usines, mais aussi les particuliers en fabriquent de plus petites formes à partir de leurs réfrigérateurs. On peut voir de petites filles qui les mettent dans de petites plastiques à 50 FCFA et 100FCFA.
«Nous n’utilisons pas de produits chimiques toxiques comme pensent les gens. C’est simplement de l’eau et du sel. Notre glace est consommable soit directement dans l’eau pour rendre fraîche soit pour conserver les aliments. Que la population soit rassurée», conclut Hamza Mahamat Maïna.
Adam Oumar Adam
La Aïd-El Moubarak est pour très bientôt. Les petits vendeurs ambulants se disputent les trottoirs des avenues, artères autour des marchés de N’Djamena, capitale tchadienne pour exposer des marchandises. C’est le cas sur l’avenue El Nimery rendue difficile à la circulation. Reportage.
Très tôt le matin sur l’avenue El Nimery (Maldom Bada Abbass) des jeunes revendeurs installent leurs étals des divers articles. Des étals un peu partout. Ils se frottent les mains à quelques jours de la fête de fin de ramadan. Malgré une température qui oscille entre 40 à 45°c, un soleil ardent et accablant, rien n’arrête les petits vendeurs. Ils sont visibles aux abords de grandes voies publiques que nous avons côtoyées. À l’avenue El Nimery, 2e arrondissement par exemple, la chaussée est envahie d’étals. Les divers articles exposés sont composés de chaussures, des sacs, des ceintures, des parfums entre autres. Certains vendeurs ont étalé leurs marchandises à même le sol. D’autres par contre, utilisent des sacs. Véritable challenge lorsqu’un client apparaît. Ce qui n’est pas sans conséquences, perturbation de la circulation, embouteillage, difficile de stationner. Les techniques d’approche des clients sont divergentes. D’aucuns parlent en arabe local, d’autres en Ngambaye, d’autres encore en français.
Interrogé, certains vendeurs disent, « le fait qu’on s’installe sur l’avenue El Niméry n’est pas fortuit ». Selon eux, c’est l’avenue la plus empruntée et la plupart des usagers sont des musulmans. Ils peuvent s’arrêter et se procurer quelques articles, comme la fête de l’Aïd-El Moubarak s’approche, rajoutent-ils. «Depuis deux ans à l’approche de la fête du ramadan, je m’installe sur cet endroit pour vendre les chaussures. L’avenue El Niméry est le centre de la ville. La plupart de ceux qui habitent ici sont des musulmans. Raison pour laquelle je me pointe toujours ici», dit Béral, vendeur de chaussures. Quant à Serges, l’avenue El Niméry est un endroit idéal, il fait beaucoup de recettes par rapport aux autres endroits. « L’année dernière sur cet axe, j’ai fait beaucoup de bénéfices. Mais pour cette année, je ne sais pas comme il reste encore quelques jours. Ces différentes marchandises que vous voyez là, je les ai achetés à mes propres frais. Certains de mes collègues prennent aussi à crédit chez les Chinois juste à côté », explique Serges.
D’autres par contre, déplorent le comportement peu orthodoxe de certains agents municipaux qui les brutalisent. «Avant-hier, certains agents municipaux en contrôle ont failli nous fouetter, parce qu’on obstrue la voie publique, disent-ils. Ils ont renversé nos marchandises avant de nous vider du lieu», rapporte Simone, une vendeuse de jus. Un tenancier d’une quincaillerie nous recommande l’anonymat. Selon lui, il trouve encombrant les étals des marchands ambulants. Mais par la suite, indique-t-il, ces débrouillards sont installés que pour un laps temps comme la fête approche. Pour lui, il faut leur donner cette chance pour assurer leur quotidien.
Aboubakar Adraman, lui estime que ce marché de fortune crée énormément de problèmes à la circulation. Il conseille à ceux-ci de se tenir un peu loin de la chaussée pour des raisons de sécurité.
Allarassem Djimrangar
Le secrétaire national administratif de l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (Undr), le Professeur Avocksouma Djona a désapprouvé publiquement le choix de son parti et de son chef Saleh Kebzabo de faire partie du gouvernement de transition formé il y a 48h.
Au cours du point de presse tenu ce mardi 4 mai, le secrétaire national administratif de l’UNDR, Avocksouma Djona n’est pas passé par quatre chemins pour exprimer son désaccord quant à la participation de son parti au gouvernement de transition. D’après lui, les raisons pour lesquelles son parti n’était pas d’accord avec le MPS sont toujours valables. « Nous sommes pour l’alternance démocratique. Nous sommes contre la perpétuation dynastique du pouvoir. Nous sommes pour un dialogue inclusif », dit Pr Avocksouma Djona.
La composition du gouvernement de transition et la répression de la manifestation du 27 avril a été la goutte d’eau qui a débordé le vase. Pour Avocksouma, la participation de son parti au gouvernement de transition est synonyme de reconnaissance de facto du Conseil Militaire de Transition. « C’est dans ce moment de douleur que l’UNDR décide d’accompagner le Premier Ministre, de reconnaître le CMT et de participer à un gouvernement qui n’est d’un consensus paralysant », tonne-t-il. Il insiste sur sa désapprobation de la décision de son parti d’entrer dans le gouvernement. Et apporte son soutien à la Coordination des Actions Citoyennes (CAC) dénommées « Wakit tamma ». Malgré le désaccord avec son parti, le secrétaire national administratif n’a pas évoqué sa démission.
Pr Avocksouma Djona Atchénémou a fini son point de presse en interpellant le CMT sur la nécessité d’organiser un dialogue inclusif, préalable à la réconciliation nationale. De cesser toute répression des marches pacifiques et de dialoguer avec les politico-militaires pour un cessez-le-feu.
48 heures après la formation du gouvernement de transition, contestée par la plupart des membres de la Société Civile, la Coordination des actions citoyennes (CAC) réunie, ce mardi 04 mai sous l’égide de son porte-parole Barka Michel appelle à une marche pacifique le samedi, 08 mai sur l’entendue du territoire tchadien.
La coordination des actions citoyennes entend organiser une marche pacifique, le samedi, 08 mai sur l’ensemble du territoire national. Selon son porte-parole Barka Michel, par ailleurs, président de l’Union des travailleurs du Tchad (UST), le CMT et le gouvernement de transition n’ont pas fait cas de leur revendication. Pire, un gouvernement a été précipitamment mis sur pied. Pour lui, ils ne reconnaissent pas le Conseil Militaire de Transition (CMT), ni le gouvernement de transition. « On veut le départ du CMT et qu’un gouvernement civil soit mis en place», déclare-t-il. Il demande que l'ordre constitutionnel soit rétabli avec une transition dirigée par un civil. M. Barka Michel affirme que ce gouvernement civil débouchera rapidement à un dialogue inclusif de tous les Tchadiens de l'intérieur, de l'extérieur et les politico-militaires pour solutionner définitivement le problème du pays.
Rappelons que l'Union des syndicats du Tchad (UST) a réuni en urgence le mercredi, 21 avril dernier son bureau exécutif pour examiner la situation sociopolitique du pays. L'UST disait rejeter la transition militaire et demandait aux travailleurs d'observer un arrêt de travail jusqu'à ce que la situation soit clarifiée.
Il faut aussi le souligner que la quasi-majorité des acteurs de la société civile se disent écartés du gouvernement de transition. Alors que le président du CMT avait promis un gouvernement de transition de large ouverture.
Moyalbaye Nadjasna
Le gouvernement de la transition au Tchad est connu depuis le 02 mai. Pahimi Padacké Albert (PPA) est Premier ministre de la transition il y a une semaine. Il a composé un gouvernement de 40 ministres. La société civile n’est pas représentée dans ce gouvernement. Certains membres ne sont pas contents. Ils le font savoir. Reportage.
12 heures. Quartier Sabangali, 3e arrondissement de N’Djamena capitale tchadienne. Sur l’avenue rue de Corniche sur une plaque, il est écrit Coordination des Associations, sociétés civiles et des Droits de l’Homme (CASCIDHO). Mahamat Digadjimbaye, Coordonnateur de la CASCIDHO nous accueille. Nous échangeons la composition du gouvernement de la transition. D’entrée de jeu, M. Mahamat Digadjimbaye affirme que la CASCIDHO a pris acte de la mise en place du Conseil Militaire de la Transition (CMT). Selon lui, c’est une réalité qui est là et il faut faire avec. La CASCIDHO regrette que la société civile ne figure pas dans ce gouvernement de transition. Au départ, dit-il, il a été question d’une mise en place d’un gouvernement de large ouverture, impliquant la société civile, les acteurs politiques comme souhaité par toutes les forces vivent et également par la communauté internationale. «Malheureusement, ce gouvernement n’est composé que des acteurs politiques», dit-il. D’après lui, ce gouvernement n’est pas inclusif. Malheureusement, poursuit-il, la société civile est exclue. Le Coordonnateur de la CASCIDHO attire l’attention du CMT sur cette omission. Monsieur Mahamat Digadjimbaye soutient que c’est un mauvais départ et s’indigne, « les mêmes causes produisent les mêmes effets ».
Selon le coordonnateur, il est important de trouver une solution à ce problème dans une transition pacifique, apaisée et inclusive. Car, insiste-t-il, la société civile aujourd’hui ne se reconnaît pas dans ce gouvernement. « La société civile n’a même pas été consultée pour des échanges francs et sérieux. C’est en toute sincérité un faux départ, il faudrait que les autorités de la transition essaient de recadrer cela », rajoute-t-il. Pour lui, la politique d’exclusion a été toujours à la base de tous les maux au Tchad. D’après lui, si tout le monde accepte d’accompagner la transition, il faut impliquer tout le monde dans les organes de transition.
Nous demandons Mahamat Digadjimbaye : est-ce que la délégation de l’Union Africaine a déjà rencontré la société civile ? Il nous répond que c’est prévu pour le 4. Selon lui, ce gouvernement aurait dû attendre la fin de la mission de la délégation de l’UA. L’UA, dit-il, veut une transition apaisée, participative et inclusive. «Aujourd’hui, la société civile joue un rôle déterminant de même que les acteurs politiques. Elle ne quémande pas une place dans la transition, mais dans la transition on a notre place et notre mot à dire », martèle Mahamat Digadjimbaye.
Ben Saïd est secrétaire général de la Confédération des travailleurs du Tchad(CLTT). Pour lui, le gouvernement d’hier est composé que des partis politiques, la société civile ne fait pas partie. En principe, indique-t-il, dans ce gouvernement, il est prévu une large ouverture donc tout le monde doit s’y retrouver. « À mon avis, c’est peut-être très tôt de réagir et dire qu’il y a un échec, mais la formation du gouvernement de la transition interroge sans la participation de la société civile ». Selon lui, la Charte de transition prévoit une large ouverture de concertation et la société civile est une frange importe de la population qui ne devrait pas être exclue. Les erreurs commencent déjà à se faire remarquer dans la transition, affirme-t-il. D’après le syndicaliste, il faut corriger ces erreurs dans les prochaines formations des autres organes de transition afin qu’il n’y ait pas des mécontents et aller en avant. «Il faut qu’on construise un vrai Tchad réconcilié avec tous ses filles et fils».
Moyalbaye Nadjasna