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Les chefs d’États des pays membres du G5 Sahel se sont réunis ce 9 juillet 2021, par visioconférence pour évaluer la situation sécuritaire au sahel. C’est aussi l’occasion de faire un suivi des recommandations du sommet qui a eu lieu le 15 février dernier ici à N’Djamena, capitale tchadienne et de désigner un nouveau secrétaire exécutif de ladite institution.

Les chefs d’Etats Mauritanien, Malien, Burkinabé, Nigérien et Tchadien tiennent ce vendredi leur 5e session extraordinaire avec le président français Emmanuel Macron en visioconférence. Cette session extraordinaire a pour thème « la stabilité régionale ». Cette réunion a lieu sur l’invitation du Président du Conseil Militaire de la Transition  Mahamat Idriss Deby. Le président a participé par visioconférence depuis l’Élysée à ses côtés le président nigérien Mohamed Bazoum.

Selon le communiqué, la situation sécuritaire dans la région inquiète par la recrudescence de l’activisme terroriste au sahel et des menaces pesant sur les pays de la sous-région. Les chefs d’État ont salué l’adoption de la résolution du conseil de sécurité des Nations Unies du 16 avril dernier, demandant à toutes les parties au conflit en Libye de veiller à l’application intégrale de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020. Toutefois, ils ont relevé qu’une réunion du conseil de sécurité des Nations Unies sur les risques d’une dispersion dans les pays de la région des mercenaires présents en Libye qui s’est tenue le 27 avril dernier à la demande des membres africains du Conseil de Sécurité. Ces derniers ont décidé de renforcer la coopération avec les pays du golfe de Guinée en matière de lutte contre le terrorisme et de renforcement des capacités des forces de défenses et de sécurité pour contrecarrer l’expansion du terrorisme vers le sud.

Au sujet de l’adaptation du dispositif militaire français au sahel, les chefs d’État du G5 sahel ont pris note de la décision du président français de transformer le dispositif militaire français déployé au sahel s’inscrit dans le cadre des discussions conduites depuis le sommet de Pau en France, en janvier 2020 et poursuivi lors du sommet de N’Djamena en février dernier. Sur le suivi des engagements de N’Djamena, les chefs d’État ont souligné l’importance de poursuivre les efforts collectifs engagés dans le cadre de la coalition pour le sahel, conformément à la feuille de route adoptée le 19 mars dernier en matière de déploiement des services de l’État sur l’ensemble des territoires nationaux.

Pour la situation au Mali et au Tchad, ces derniers ont pris acte de la volonté du CMT de respecter ses engagements internationaux en matière de lutte contre le terrorisme et de son engagement à respecter la période de transition de 18 mois. A propos de la situation économique, les présidents du G5 sahel appellent leurs partenaires à soutenir la déclaration des chefs d’État du G5 sahel pour une restructuration de la dette des pays du G5 sahel. Dans le communiqué final de la 5e session extraordinaire de la conférence des chefs d’État du G5 sahel reçu à la rédaction du journal Ialtchad, les chefs d’État ont entériné la nomination de M. TIARE Yemdaogo Eric comme secrétaire exécutif du G5 sahel. Ils ont aussi adopté le principe de mandat unique et de rotation entre les pays pour le poste de Secrétaire exécutif.   

Jules Doukoundjé

Le collectif des impactés de la boucle 90KV a bloqué les travaux de réparation qu’entreprend la Société Nationale d’Électricité (SNE) sur le site de Gassi. En cause, le non-paiement de leur dédommagement.

Ils sont une trentaine à se masser devant la centrale électrique de la Société nationale d’électricité (SNE) de Gassi dans le 7e arrondissement de la capitale, N’Djamena. Depuis hier, 8 juillet, ces impactés du projet de construction de la boucle 90KV (ligne électrique haute tension de Djermaya) ont bloqué les travaux qu’entreprend la SNE pour réparer une panne.

Ces travaux sont perçus comme une provocation par les expropriés qui ont décidé de faire un sit-in sur le site des travaux. « C’est une provocation. Pendant qu’on attend qu’on nous indemnise, la SNE vient encore creuser devant nos concessions. On a trouvé cela inadmissible », fulmine le coordinateur du collectif, Nanglengar Tita Bertin. Pour lui, l’État tarde à les dédommager, cela les oblige à continuer par habiter dans leurs habitations sous la haute tension. « Vous connaissez les effets de cette ligne. Nous courons de grands risques. Nous avons même enregistré quelques cas de décès liés à cette ligne », fait-il savoir.

Selon le coordinateur de ce collectif, les victimes réclament une seule chose : le versement de leur indemnité qui s’élève à plus d’un milliard de francs CFA. D’après sa déclaration, c’est depuis 2012, année de la construction de la ligne haute tension, qu’ils attendent d’être indemnisés. « Normalement l’État devait nous payer avant de construire, même si c’est pour cause d’utilité publique. Mais ça n’a pas été le cas », dit-il.

Toujours selon lui, le gouvernement a procédé au recensement de ceux dont leurs habitations se trouvent sur-le-champ de passage de cette haute tension dès la même année. « Depuis lors que des navettes. Rien n’est fait malgré les instructions du défunt président Idriss Deby Itno », souligne Nanglengar Tita Bertin.

Le dossier a refait surface sur le bureau du Premier ministre de transition le 30 juin 2021. Dans une requête, le collectif a expliqué au Premier ministre les démarches entreprises depuis lors pour entrer dans ses droits. Selon le document, le dossier se trouve bloqué par le refus du ministre des Finances de contresigner l’arrêté apprêté par son collègue de l’Énergie pour la mise en place d’un comité d’étude de leur dossier.

Ils sont au total 2 203 victimes réparties dans quatre arrondissements de N’Djamena. Il s’agit du 1er, 7e, 8e et 10e

Christian Allahadjim

La direction générale de la Gendarmerie nationale a présenté le résultat des opérations qu’elle a menées durant le 1er semestre de l’année 2021. Un résultat satisfaisant, selon son directeur Djontan Marcel Hoinati. Reportage.

Klessoum, QG de la Direction générale de la Gendarmerie nationale du Tchad. La pluie fine de ce vendredi 9 juillet n’a pas empêché les éléments en tenue de se rendre à leur service. Dans la vaste cour, des hommes en treillis traînent çà et là. La cérémonie de présentation des présumés malfaiteurs appréhendés se prépare. Des engins récupérés sont rangés d’un côté, sur une bâche, des armes à feu et des armes blanches sont exposées. De l’autre côté, c’est la place de la cérémonie.

À l’étage, dans la salle de réunion, le directeur général de la Gendarmerie le Général Djontan Marcel Hoinati, fait face à la presse. Il présente le bilan des opérations menées sur l’ensemble du territoire au cours du 1er semestre de l’année. D’après le directeur, le bilan se présente comme suit : 230 présumés malfrats ont été appréhendés, 245 armes à feu et 231 armes blanches ont été saisies. Une grande quantité des produits psychotropes récupérés, 48 motos sans pièces justificatives saisies, 18 motos volées récupérées, trois véhicules volés, dont deux, appartenant à au ministère de la Justice sont retrouvés. Pour le directeur général de la Gendarmerie, c’est un résultat satisfaisant. Ce, grâce aux moyens que l’Etat a déployés. « Je remercie les plus hautes autorités pour les moyens mis à la disposition des éléments de la Gendarmerie pour l’accomplissement de notre mission », dit le Général Djontan Marcel Hoinati. Le patron de la Gendarmerie appelle la population à collaborer étroitement avec les forces de l’ordre afin de démasquer les malfrats qui écument les quartiers et ôtent le sommeil aux paisibles citoyens.

À la fin de la cérémonie, 18 présumés malfrats parmi lesquels figure un militaire ont été présentés à la presse. Des motos, des armes à feu et armes blanches, un minibus et des produits psychotropes saisis ont également été exposés. Ces présumés fauteurs de troubles seront remis à la Justice pour répondre de leurs actes.

À la question de savoir si la Gendarmerie a souvent affaire à des récidivistes, le maître de cérémonie répond que c’est exact. « La Justice a ses règles. Quelquefois pour raisons de preuve ou de qualification, certains présumés malfaiteurs se retrouvent en liberté. D’autres sont condamnés, mais à la fin de leur peine, ils reprennent avec leurs activités de banditisme ».

Christian Allahadjim

La négociation entre la direction d’Esso Tchad, le personnel d’Esso et le gouvernement piétinent. Les employés décident de poursuivre leur grève. Une décision prise ce 8 juillet 2021, à la Bourse du travail par le comité de négociation du personnel d’Esso Tchad.

Paiement intégral des contributions épargnes retraites, paiement d’une prime de séparation, paiement du solde de tout compte, assurance maladie internationale, remboursement des soldes de crédits des employés, convention sanitaire pour les retraites d’EEPCI, sont entre autres les 6 points de revendications du comité de négociation du personnel d’Esso Tchad.

Selon le secrétaire général du Syndicat national du secteur pétrolier du Tchad (PETROSYNAT), Noubaïssem Christian, le comité de négociation du personnel d’Esso Tchad, a mené de démarches auprès des plus hautes autorités d’où une rencontre avec le ministre du Pétrole et celui de la fonction publique et du dialogue national avait eu lieu. À la sortie de cette rencontre, il n’y avait pas eu d’avancée. Selon lui, quand cette rencontre a eu lieu entre les deux ministres et les délégués du personnel d’Esso Tchad, l’objet était de demander aux représentants du personnel d’aller discuter avec leur base pour la levée de leur grève. « En réalité, il n’y avait pas eu de dialogue entre la direction d’Esso et ses employés. C’était une pression que le gouvernement avait faite sur le personnel d’Esso Tchad parce que quand il leur demande de lever la grève avant toute négociation, c’est de la pression qu’il a faite », explique Noubaïssem Christian.

D’après lui, la présidente directrice générale est allée en congé et elle a fait croire aux deux ministres qu’elle laissera la délégation de pouvoir à son adjoint, mais malheureusement, les délégués du personnel sont allés voir l’adjoint de la directrice et ce dernier, leur a fait comprendre qu’il n’est pas habilité à prendre une décision sur les points de revendication des personnels d’Esso Tchad. « Jusqu’à présent, la grève des personnels d’Esso Tchad continue. La présidente directrice générale est en congé. Il semblerait que son adjoint n’a que le pouvoir de faire fonctionner l’administration. Donc, depuis lors, les négociations sont bloquées », informe-t-il.

Le secrétaire général du syndicat soutient que cette affaire oppose la direction générale d’Esso à ses employés, le PETROSYNAT et le secrétaire général de l’Union pour les syndicats du Tchad (UST) ont eu à rencontrer le ministre du Pétrole, mais rien de concret n’a été débattu à part la levée de la grève des personnels d’Esso Tchad. « Comme le gouvernement a dit aux employés que s’ils lèvent la grève, il va demander à Esso Tchad de revenir à la table de négociation. Les employés d’Esso Tchad à leur tour ont demandé une garantie de la part du gouvernement. Mais ce dernier n’était pas à mesure de donner cette garantie. Les employés d’Esso disent que la grève a trop duré. Ils ne peuvent lever la levée sans aucune garantie », dit Noubaïssem Christian.

Il souligne que la grève est la dernière arme du travailleur. C’est ce que les employés d’Esso Tchad ont fait parce qu’ils ont essayé de négocier et la présidente directrice générale leur a fait savoir que leur revendication est illégitime. Selon le syndicaliste, le plan épargne énuméré dans les ponts de revendications des employés d’Esso est une convention qui a été signée entre Esso et ses employés. « Nous, au niveau du PETROSYNAT, nous demandons que la direction d’Esso Tchad s’assoie et dialogue avec ses employés afin de trouver une solution pour la reprise des activités », conclut le SG du PETROSYNAT.

Il faut noter que le torchon qui brûle entre Esso Tchad et ses employés depuis le 2 juin passé. Date à laquelle cette société par le biais de sa présidente directrice générale a annoncé la vente de ses actifs à une jeune société britannique Savannah Energy.

Allarassem Djimrangar

Les magistrats suspendent pour une durée de 3 semaines leur grève illimitée lancée, le 28 juin dernier. La décision est prise hier vendredi 09 juillet à l’issue d’une Assemblée générale (AG) évaluative au palais de Justice de N’Djamena.

« Il y a un début d’exécution par les autorités par rapport à nos revendications. L’AG a décidé de suspendre la grève pour 3 semaines à condition de s’assurer que nos points de revendications soient satisfaits totalement », a déclaré Moussa Wadé Djibrine, président du Syndicat des Magistrats du Tchad.

Taoka Bruno, président du Syndicat autonome des Magistrats du Tchad(SAMT), ne dit pas le contraire. Pour renchérit ce qu’a dit son collègue, en précisant que c’est une décision unanime prise au cours de leur Assemblée générale. Selon lui, d’ici vendredi prochain, ils vont encore se rencontrer pour une autre évaluation. « Nos revendications ont eu de satisfaction donc nous ne pouvons maintenir la grève », dit-il.

Concernant les débuts de satisfaction de leurs récriminations, Taoka Bruno cite quelques exemples. Il s’agit entre autres : du renforcement de l’effectif des gendarmes en protection dans chaque tribunal, la poursuite de la ministre de l’urbanisme, dossier déjà entre les mains de la police judiciaire, et qui sera publié la semaine prochaine, la procédure de la poursuite des éléments de la police qui ont outragé les magistrats, est en cours, une enquête sur le meurtre du procureur de la République d’Oum-Hadjar en cours pour situer les responsabilités.

Rappelons que les magistrats dans leur première AG dénonçaient, l’insécurité en milieux judiciaires, la confiscation de procédure judiciaire par la ministre de l’Urbanisme et l’outrage aux magistrats par les éléments de la police nationale. Cette grève a eu beaucoup de répercussions sur le fonctionnement quotidien de la justice et des dossiers en instance de jugement. Les citoyens sont privés de casiers judiciaires, pas d’auditions des personnes gardées à vue, pas de procès.  La Justice est une chaîne, cette grève a perturbé sérieusement les activités notamment celles des avocats, des huissiers voire des notaires.

Le groupe de réflexion et d’action (GRA) pour l’appel du 1er juin a fait un point de presse jeudi 8 juillet sur l’urgente nécessité d’un redressement du processus de transition au Tchad.  

 L’Appel du 1er juin 2021 à un double objectif dit le communiqué. Il s’agit d’abord de favoriser une transition apaisée conduisant à des élections libres, transparentes et démocratiques, qui permettront enfin aux Tchadiens de choisir librement les dirigeants de leur pays. Ensuite, de contribuer à l’instauration d’une vraie paix et d’une vraie stabilité afin de trouver le chemin de la prospérité.

Selon le président du GRA-Appel, «  il faut une conférence nationale souveraine et inclusive où toutes les forces vives de la société tchadienne, sans exclusion, se retrouvent pour dialoguer au cours de celle-ci et décider ensemble de leur avenir, dans le cadre d’une légitimité consensuelle.... »

M. Bedoumra Kordjé affirme, « la voie actuellement choisie par le Conseil Militaire de Transition (CMT), de nommer seul les membres du Conseil National de Transition (CNT) et les membres du Comité chargé de conduire le dialogue national, n’est pas une solution qui peut ramener la paix au Tchad ». D’après lui «  L’actuel Gouvernement dont les membres sont nommés et révocable par la seule volonté du Président du CMT ne dispose d’aucune marge de manœuvre pour faire des propositions contraires à la volonté du Président du CMT.  Il en sera de même du CNT en gestation qui ne pourra que favoriser l’élaboration et l’adoption d’une constitution et des lois électorales taillées sur mesure, pouvant alors permettre l’organisation des élections frauduleuses aux résultats connus d’avance ».

L’ex-ministre Bedoumra Kordjé soutient qu’ après des décennies de gabegie, de népotisme, de clanisme et d’injustice, le peuple tchadien ne veut plus de cette démocratie de façade et n’acceptera plus les tripatouillages électoraux. « Le dialogue tel que voulu par le CMT que l’on se prépare à servir par la force aux Tchadiens ne sera inclusif que de nom, et certainement pas souverain. Ce qui se dessine est un remake des foras sans lendemain de 2018 et 2020... ».

La seule légitimité dont jouit le CMT est celle des armes et de ses appuis
extérieurs affirme le président du groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1er juin. D’après lui, « les Tchadiens veulent tourner la page de cette forme de légitimité qui fait de leur pays l’un des plus pauvres du monde. Tous les Chefs d’État qui ont présidé aux destinées duTchad ont soit été assassinés, soit ont connu l’exil. » Pour rompre avec ce mode infernal de dévolution du pouvoir au Tchad, le président du GRA-Appel estime que la seule voie de salut réside dans l’organisation d’une Conférence Nationale Inclusive et Souveraine (CNIS).

« L’organisation réussie de la CNSI est d’une nécessité absolue et est faisable dans un délai raisonnable n’excédant pas trois mois » dit l’ex-dirigeant de la Banque africaine du Développement (BAD). Il fait signifier que le Groupe de Réflexion et d’Action pour l’Appel du 1er juin 2021 a élaboré un projet de feuille de route qui déroule les différentes étapes et activités du processus
conduisant à la CNIS.

 Pour finir, M. Bedoumra Kordjé dit qu’ « il est plus qu’urgent pour le CMT de s’engager dans la voie de l’apaisement et de l’espoir pour laisser une trace positive dans l’histoire du Tchad, en suspendant la mise en place du CNT et le Comité chargé du dialogue national, en incluant clairement dans la Charte actuelle la CNIS, Charte dont la révision acceptable est revendiquée et attendue par la plupart des acteurs tchadiens et partenaires, y compris l’Union Africaine ».

Orthom L’Or

La Justice ne fonctionne pas sans ses auxiliaires notamment les avocats, les huissiers et les notaires. La grève illimitée lancée des magistrats lundi ne laisse aucun acteur judiciaire indifférent. Les auxiliaires pensent que les plus hautes autorités doivent s’assumer entièrement pour établir un climat serein de travail pour tous. Reportage.

11 heures, nous franchissons la cour du ministère de la Justice tchadienne sis à Diguel, dans le 8e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Derrière le bâtiment se trouve un joyau isolé. C’est le bureau du Bâtonnier Me Dionro Djerandi Laguerre. Très courtois, le Bâtonnier nous reçoit. Quelques minutes de familiarité, nous échangeons ensuite sur la colère des acteurs judiciaires après l’assassinat du procureur de la République du Tribunal de Grande Instance (TGI) d’Oum-Hadjar. « C’est une perte et c’est bien déplorable. En principe la vie humaine est sacrée. Elle ne devrait pas être ôtée. Vous voyez qu’il est assassiné dans l’exercice de sa fonction. C’est bien dommage. Cela rejoint les multiples cas d’insécurité constatés dans le milieu judiciaire que nous avons toujours dénoncé dans le passé », lance Me Dionro Djerandi Laguerre. Selon lui, ils ont toujours appelé les autorités à assumer leur responsabilité en assurant la sécurité des acteurs judiciaires dans leur ensemble.

Pour le Bâtonnier, le problème d’insécurité au Tchad est d’abord général. D’après l’avocat, déjà l’entrée au palais de justice de N’Djamena laisse à désirer. « Elle n’est pas normalement contrôlée. Les gendarmes se retrouvent-là sans minutions. Ils ne sont pas remplacés régulièrement. Ils sont les mêmes. Ils finissent par s’habituer au public ou aux justiciables qui viennent. Mais tous ceux qui y entrent ne sont pas forcément de justiciables qui ont un dossier au palais », dit-il. Me Laguerre démontre le phénomène en citant l’exemple des démarcheurs et des vendeurs ambulants et beaucoup de gens qui viennent pour d’autres intérêts. Il déplore la persistance de ces habitudes parfois cautionnées par eux-mêmes les acteurs judiciaires. « Il faut que je le dise pour le déplorer. Et s’il y a des démarcheurs, ils font du démarchage auprès de qui ? Est-ce auprès des avocats, des magistrats ou des greffiers etc. ? mais si c’est cela, et bien c’est déplorable. Il faut que cela change », dit-il.

Le Bâtonnier estime qu’il faut un climat serein de travail pour les acteurs judiciaires afin que les magistrats rendent des décisions dans de conditions de sécurité. « Imaginez qu’on abat lâchement comme ça un président de tribunal. Demain ça sera le tour d’un avocat, greffier, huissier ou notaire. Nous avons vu dans le passé les avocats et les huissiers être menacés. Nous appelons les autorités à plus de responsabilités et a créé des conditions de sécurité au palais de justice », confie Me Laguerre. Selon lui, l’État doit être construit un palais de Justice digne de ce nom avec de conditions normales de sécurité afin qu’il y ait un tri à l’entrée. « Aujourd’hui, les gens entrent avec des armes à feu et de couteaux sans être inquiétés, ce qui leur permet de faire ce qu’ils veulent et repartir en toute impunité. Quelquefois, ils sont arrêtés poursuivis et jugés et mis à la maison d’arrêt. Au bout de quelques jours, ils sont dehors pour narguer encore leurs victimes », affirme le Bâtonnier.

« Investiguer et dénicher les complices d’assassin du PR d’Oum-Hajar …»

L’avocat propose une investigation pour découvrir ce qui se cache derrière l’assassinat du PR d’Oum-Hajar. Pour lui, le phénomène de la corruption est réel dans le milieu judiciaire, il faut être inconséquent pour ne pas le reconnaître. « Cela touche tous les acteurs judiciaires. Nous travaillons à combattre cette pratique. C’est dans cette optique que j’inscris mon mandat en tant que Bâtonnier. Mais cela ne justifie en rien qu’un acteur judiciaire soit lâchement abattu. Il y a d’autres voies judiciaires pour la poursuite les corrupteurs et les corrompus qu’ils soient magistrats ou avocats ». D’après Me Laguerre, les acteurs judiciaires en leur sein doivent s’amender. Ils doivent revoir leur méthode de travail, de gestion des affaires judiciaires, pour plus de sécurité juridique et judiciaire. « Nos concitoyens doivent comprendre qu’il n’y a aucune raison pour qu’on puisse porter atteinte à la vie d’un être humain de façon générale d’un magistrat ou pour le cas particulier d’un autre acteur judiciaire », a-t-il ainsi terminé.

Me Djomia Germain est le Président de la Chambre Nationale des Notaires du Tchad.  « C’est avec une grande consternation et beaucoup d’indignation que nous avons appris l’odieux assassinat du Procureur d'Oum-Hadjer. C’ est le symbole de la force de l’État qui est nié. Et qu’il soit assassiné en service, au sein du palais de la Justice, on a l’impression que le contrat social est rompu », dit-il.

Selon lui, les notaires, officiers publics, auxiliaires de la Justice, sont également victimes d’agression. Il rajoute qu’un sérieux problème existe. « Je suis sidéré d’écouter certains compatriotes dire que les magistrats sont victimes de leurs propres turpitudes. Ce n'est pas sérieux. Il y a des magistrats très intègres qui font leur travail avec probité. Hamba qui vient d'être assassiné, son honnêteté et sa compétence sont de notoriété publique », s’insurge-t-il. Me Djomia Germain souligne que, même parmi les tomates pourries, on trie celles qui sont en bon état. Pour lui, il serait très aventureux de généraliser la corruption à tous les magistrats. « Et même là, quand un justiciable se sent lésé par une décision de justice, la loi lui offre des voies de recours : appel et pourvoi. Quant à se rendre Justice soit même en éliminant un magistrat, cela relève d’une sauvagerie inouïe ».

Moyalbaye Nadjasna

La coordination des actions citoyennes Wakit Tama se dit inquiète des prises de décisions unilatérales du Comité Militaire de Transition (CMT) dirigé par le fils du Président défunt Mahamat Idriss Déby. Elle appelle l’UA, l’ONU et la France à mettre fin à cette dérive. Aussi, elle demande aux Tchadiens de s’opposer par tous les moyens à cette grave atteinte à leur liberté et aspiration légitime.

La coordination des actions citoyennes Wakit Tama dénonce le décret signé par le Président du CMT le 2 juillet dernier, mettant en place une commission chargée de l’organisation du dialogue inclusif attendu par tous les Tchadiens. Dans un communiqué reçu à la rédaction du journal Ialtchad Presse, la coordination des actions citoyennes fait remarquer que le CMT procède par une démarche exclusive et unilatérale. Elle précise que le dialogue inclusif doit être régi par une démarche consensuelle. Selon le document, le CMT a obtenu l’aval de la communauté internationale, à la condition qu’un mécanisme de dialogue et de suivi de l’Union Africaine (UA) s’installe à N’Djamena, la capitale tchadienne. Cela suppose que le processus inclut dans son déroulé la non-objection de ce mécanisme. Pour le coordonnateur de Wakit Tama, Me Max Loalngar, le CMT n’a pas respecté cet engagement et opère en opposition avec l’UA. Me Loalngar estime que le lancement du processus de manière exclusive est une défiance à l’ensemble de l’opposition armée et un discrédit au processus de dialogue inclusif. Il souligne par ailleurs que le CMT est dans un processus de réarmement et de militarisation basé sur des considérations ethniques. Ce dernier ajoute que le CMT privilégie la voie des armes tout en maintenant l’option d’un dialogue politique. « La mauvaise foi du CMT est établie. Ceci ne présage nullement d’un dialogue inclusif, encore moins d’un dialogue sincère », affirme-t-il.

Selon le communiqué, la France qui a fortement soutenu « le coup d’État » garde un silence complice. Wakit Tama affirme que la junte accumule les conditions d’une crise encore plus grave qui justifierait la prolongation de la transition. Elle appelle l’UA à prendre ses responsabilités, la commission paix et sécurité de l’UA en particulier et les États membres en général afin qu’on mette fin à cette dérive sans délai dit le communiqué. La coalition appelle aussi la France à se rendre à l’évidence que son soutien inconditionnel au CMT ne peut pas conduire la transition aux résultats attendus par les Tchadiens. Elle regrette l’indifférence de l’ONU et souhaite qu’elle s’autosaisisse du cas tchadien.  

Depuis la disparition du Président Idriss Deby Itno, des réunions ont eu lieu plusieurs fois au Togo avec les groupes rebelles tchadiens pour préparer un dialogue national avec le CMT. Pour l’instant, la position de ces groupes rebelles semble inconciliable avec celle des autorités. Ils réclament une amnistie générale, la libération des prisonniers de guerre des prisonniers politiques, mais ils refusent en bloc de reconnaître le CMT. La junte au pouvoir refuse de considérer les groupes rebelles comme le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact) mouvement rebelle qui ont mené des attaques en avril passé. C’est lors de ces affrontements que le président Idriss Deby Itno est mort.

Jules Doukoundjé

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