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Donc le président du Conseil National de Transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby Itno vient d’accorder sa première grande entrevue à l’hebdomadaire Jeune Afrique (JA). Et JA, comme à ses habitudes, a servi au public une entrevue entre polissage d’image, flatteries, glorioles et mise en garde. Bref dans cet échange on apprend une chose : Mahamat Kaka se rebiffe. Prend-il de l’assurance en lui? Cette interrogation est une mauvaise nouvelle pour ses conseillers, ses alliés, les partenaires du pays et les Tchadiens qui aspirent au changement. Pourquoi? 

D’abord en début d’entrevue le PCMT fait le gentil garçon. Il plaide qu’il n’avait pas fait un coup d’État. Qu’il n’a jamais voulu le pouvoir. Qu’il n’a jamais été préparé par son défunt Papa de Maréchal à l’exercice du pouvoir pour lui succéder. Qu’il a été imposé par les généraux. Que le Président de l’Assemblée nationale (PAN) Haroun Kabadi a refusé d’assumer ses responsabilités. C’est pourquoi il a été forcé de devenir président de la transition. Il a aligné les raisons les unes après les autres pour faire étalage de sa bonne foi. Il apprend vite Deby fils. Il en a surpris plus d’un. Surtout ceux qui s’évertuaient, il y a quelques jours, à dire qu’il respectera sa mission de transition. Et qu’il se retirera sans armes ni bagages quelque part dans une caserne désinfectée où il vivra reclus, heureux et inoffensif. Voilà pour le côté cool et gentil du jeune général, président de la transition. 

Ensuite, c’est le méchant militaire ambitieux qui apparaît au fil de l’entrevue. 37 ans. Jeune général, né avec une cuillère d’or dans la bouche. Il a le pouvoir. Il concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Plus que son défunt père. Il n’a plus qu’à égrainer les conditions qui consolideront son maintien au pouvoir. Le pouvoir vient en l’exerçant. C’est pire que l’appétit qui vient en mangeant. Il met les petites conditions dans les grandes. 

Première condition : le délai de 18 mois (non, il ne reste plus que 16 mois) est lié à l’aide des partenaires. Il ne demande pas. Il impose. Une aide qui doit couler à volonté sinon pas de respect de la parole donnée. Par ricochet, pas de transition. Elle s’arrêtera. Lui, Mahamat Kaka sera toujours président. Plus président de la transition, mais président tout court. Président de la République. Il a déjà pris la mesure sans en avoir droit. Et tant pis pour les millions des Tchadiens qui veulent que cela change. Le Général de corps d’armée en a décidé autrement. Le destin du pays, c’est lui. Le pays c’est lui. Après le Maréchal, c’est Maréchal fils. Plus ça change, plus c’est pareil. 

Deuxième condition : Il suggère aux Tchadiens d’être unanime. Cette condition est passée presque inaperçue. In extenso il dit, sans sourciller, « La première est que nous, Tchadiens, soyons capables de nous entendre pour avancer au rythme prévu. ». Le président de la transition réclame-t-il l’unanimité sur la forme et le fond du Forum de dialogue national? Pourquoi l’unanimité ? 

Aussi, le président du CMT s’est inscrit à travers cette entrevue dans la droite ligne de l’ex-régime. Il fait et fera à l’avenir du « Débyisme ». Une méthode qui consiste à promettre monts et merveilles à tous. À accepter toutes les conditions préalables. À donner sa parole dans le seul but d’obtenir un avantage. Et une fois cet avantage acquis, changer de langage. Puis rajouter d’autres conditions verbales pour en rejeter tout à la fin. Tout bloquer. Mahamat Kaka prouve qu’il a bien été préparé pour exercer le pouvoir comme le Maréchal de son vivant. Il a bien été à l’école de l’ancien président. 

Enfin, il vient de déclencher un bras de fer avec l’Union africaine. Le CMT rejette la nomination du Sénégalais Ibrahima Fall comme Haut représentant de l’Union Africaine (UA) pour accompagner la junte au pouvoir. Une transition que l’UA a validé aux mépris de ses principes arguant du « contexte exceptionnel » du pays. Mahamat Kaka a visiblement oublié ce « contexte exceptionnel » qui a fait de lui président de la transition. On a envie de gratifier le jeune chef de la junte d’une tape dans le dos. Et lui souffler à l’oreille « bravo, bien joué ». Bientôt, peut-être, cela sera le cas de tous ceux qui ont joué aux « Échecs » avec le chef militaire. Ils seront bientôt « mat » . Ou comme disent les hockeyeurs canadiens-français, les Kebzabo, Acheikh, Alhabo et bien d’autres alliés de circonstance seront aussi mis en « échec ». S’ils ne le sont pas déjà. Ils expliqueront alors aux Tchadiens pourquoi le si docile jeune président de la transition s’est brusquement rebiffé. 

Bello Bakary Mana

Il est dans la lutte pour l’intégration des diplômés sans emploi depuis huit ans. Il est aujourd’hui le coordinateur du collectif des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration. Qui est Nanga Thierry, ce leader engagé pour la cause de ses camarades ? Portrait.

Crâne rasé, lunette de vue claire toujours aux yeux, Nanga Thierry préside pour la énième fois la réunion du collectif des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration. Voix pédagogique, d’un charisme et d’une éloquence remarquables, il coordonne les actions de ce collectif depuis 2019.

Titulaire d’un CAP/CEG obtenu à l’ex ISSED en 2010, Nanga Thierry attend toujours d’être intégré à la Fonction publique, malgré son âge. Il en a 42.  Dès l’année de l’obtention de son diplôme, l’Historien a déposé son dossier au ministère en charge de la Fonction publique. « Logiquement, le lauréat d’une école professionnelle n’a pas besoin de constituer son dossier pour l’intégration. C’est le procès-verbal et l’arrêté d’admission qu’on envoie à la Fonction publique et c’est tout », affirme sur ton posé Nanga Thierry. Malheureusement, dit-il, ce n’est plus le cas. Les lauréats déposent individuellement leurs dossiers. Et lui, il en a déposé jusqu’à six. Ce, à cause de « la négligence des bureaucrates de la Fonction publique qui perdent la trace des dossiers à tout temps », fait-il savoir.

L’intégration tarde à se concrétiser. Pour se prendre en charge, ce père de famille de trois enfants se rabat sur la vacation dans les établissements privés. « Là même c’est du pur esclavagisme », crie-t-il. Selon ses explications, les rémunérations dans ces établissements ne permettent pas de mener une vie digne. « Imagine on te paye 500F l’heure pour plus ou moins dix heures par semaine. À la fin du mois, tu te retrouves avec ce qui te permet de payer juste le loyer », dit-il, ému. Pour lui, dans ces conditions, ce n’est plus une vie, mais « une survie ». Pendant les vacances, il dépose les craies et prend la truelle. Nanga est aussi ouvrier dans le chantier de construction. Pendant cette période morte, il part à la recherche des travaux de construction. « Voilà comment je fais pour nourrir ma famille depuis 2010. C’est ça la vie que je mène », conclut-il, dans un demi-sourire.

En 2013, il s’engage dans la lutte pour l’intégration des diplômés en instance d’intégration. Il dirige un premier bureau. Puis un deuxième. Maintenant il en est à son quatrième. « Au départ c’était pour la cause de tous les diplômés. Mais les camarades se laissaient faire. C’est ainsi que je me suis retiré pour créer un autre collectif pour défendre la cause des lauréats des écoles professionnelles en 2016 », rapporte-t-il.

Dès lors, c’est un sacrifice. Pression sur pression, Thierry tient toujours. Certains de ses camarades de lutte sont intégrés. Mais pas lui. Aujourd’hui il a dépassé l’âge limite pour une intégration régulière. Il lui faut une intégration à titre exceptionnel. « Je suis juste une victime de mon engagement », estime-t-il. Car, soutient-il, les autorités avec lesquelles il était confronté savent qu’il est un « dur à cuir ». Et elles ont décidé de « me brimer », lâche-t-il.

Malgré tout, Nanga Thierry se dit fier du combat qu’il mène. « Grâce aux actions des bureaux que j’ai dirigés, certains camarades sont intégrés. Même si moi je suis toujours écarté, je suis fier », exprime-t-il. Son dernier combat qu’il veut mener s’il arrive à être intégré, c’est de poursuivre l’État en Justice. « Je vais tenter de le faire pour l’injustice qu’il m’a fait subir », laisse-t-il entendre.

Christian Allahadjim

Alors qu’ils ont annoncé la reconduction, probable, de leur grève de faim, les lauréats des écoles professionnelles y ont renoncé au détriment d’autres actions. Reportage.

Dernier jour de grève de faim pour les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration. Visages tristes, affaiblis, nerveux, les grévistes évaluent ce vendredi 2 juillet, la grève de faim qu’ils ont entamée depuis le 30 juin. « Je sais que c’est dur, mais soyons endurants. Il ne reste que quelques heures », dit Neuzilka Emmanuel, porte-parole du collectif, motivant ses amis grévistes. Tout en annonçant en même temps que cette action ne sera pas reconduite compte tenu du mutisme du gouvernement. « Nous n’allons pas continuer à nous priver de manger et de boire. D’autres actions sont envisagées », prévient-il.  

Dans la présentation faite par le porte-parole du collectif, deux propositions sont sur la table. La première est l’organisation des manifestations sporadiques et spontanées ; la seconde à quitter le pays. Le débat est ouvert. Dans les interventions des uns et des autres, l’idée d’aller manifester mains sur la tête devant la présidence de la République ou à la place de la nation ou encore à la Fonction publique est écartée au détriment des actions dans des arrondissements. « Nous sommes des intellectuels, nous n’allons pas faire la casse », conseille un lauréat. Cependant la base a ajouté un troisième point qui est celui de demander la démission du conseil militaire de transition et son gouvernement lors des actions qui seront menées.

Dans la synthèse présentée par Nanga Thierry, coordonnateur du collectif, un point a été retenu.  « Une action de grande envergure sans précédent sera organisée à l’issue de cette grève de faim jusqu’à satisfaction totale », déclare le patron du collectif. D’après lui, le bureau qu’il dirige n’est plus à mesure de contenir la rage de ses membres à partir de ce jour. « Nous n’avons plus de mot pour les convaincre », argumente-t-il. Cependant, le collectif accorde 48heures au gouvernement pour trouver une solution. Et selon Nanga Thierry, c’est « la signature de leur arrêté d’intégration ».

Toujours selon lui, cette conclusion est le résultat de la mauvaise foi du gouvernement. « Durant tout ce temps que nous avons passé ici, aucun membre du gouvernement n’est venu nous réconforter ni n’a pris attache avec nous », a fait-il savoir. Le coordonnateur du collectif accuse le gouvernement de vouloir résoudre leur situation par la violence : « nous avons en face de nous des inhumains,  des sanguinaires qui n’entendent plus les cris et préfèrent la violence. »

En attendant l’enclenchement de ces actions, le collectif des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration dit se joindre à toutes les forces vives de la nation pour libérer le Tchad, quel que soit le prix à payer.

En rappel, le jeudi 24 juin, les lauréats des écoles professionnelles (ENIB, ISSED, ENS) en instance d’intégration depuis une décennie ont tenté de quitter le pays en masse. Leur action a été vouée à l’échec avec l’intervention des forces de l’ordre qui les ont dispersés à coup de grenade lacrymogène. Le 30 juin, ils ont changé de stratégie pour entrer en grève de faim de trois jours. La grève est terminée au soir de vendredi 2 juillet. Elle n’a pas fait de victime. « Mais beaucoup ont de problème de maux de ventre », soutient Nanga Thierry.

Christian Allahadjim

Les dates de composition du brevet d’étude fondamental (BEF) sont encore modifiées. C’est pour la deuxième fois que le calendrier subit des modifications.

Raison évoquée par le directeur général du ministère de l’Éducation, Mahamat Seid Farah, la coïncidence de la date du début du déroulement du BEF avec celle de la fête Aïd Fitr (Tabaski).

D’après le communiqué publié le 1er juillet, les dates du déroulement sont ainsi modifiées : les épreuves de l’Éducation physique et sportive (EPS) et les  épreuves orales dérouleront du 12 au 16 juillet 2021. Et les épreuves écrites dans les deux langues nationales (français et arabe)  du 21 au 24 juillet 2021.

D’après le directeur général du ministère de l’Éducation, Mahamat Seid Farah, les délégués provinciaux et les inspecteurs départementaux de l’Éducation nationale, les directeurs des établissements scolaires et les parents des candidats sont tenus de prendre toutes les dispositions nécessaires pour la réussite de l’organisation de l’examen du BEF, session de juillet 2021.

Rappel, c’est pour la deuxième fois que le calendrier du BEF est modifié. Le premier calendrier a prévu le déroulement de cet examen du 9 au 19 août 2021 pour ramener du 19 au 28 juillet. Le deuxième a encore modifié les dates pour ramener la composition du 12 au 24  juillet en raison de la fête de Tabaski.

Orthom L’Or

La Banque Mondiale (BM) reprend ses activités au Tchad. Le ministre tchadien de l’Économie, de la Planification du développement et de la Coopération,  Issa Doubragne et Rasit Pertev, représentant de la Banque mondiale au Tchad ainsi que ses équipes ont échangé ce 02 juillet au sein dudit ministère. Ils ont évalué ensemble les meilleures façons d’accélérer le processus d’utilisation des ressources mises à la disposition du Tchad. Reportage.  

La Banque mondiale va poursuivre ses opérations au Tchad. L’annonce a été faite ce matin par son représentant au Tchad M. Rasit Perteven compagnie du ministre tchadien Issa Doubragne. « Comme vous savez, les opérations de la BM étaient suspendues il y a quelques mois. La rupture de l’ordre constitutionnel était à l’origine de cette pause pour respecter les normes internes de la BM. Cependant une mission d’évaluation a été réalisée il y a quelques semaines par nos équipes pour le gouvernement, les partis politiques de l’opposition, de la société civile et le secteur privé ont été consultés. À la suite de la mission d’évaluation, le management de la BM a décidé de reprendre ses opérations », rappelle le représentant du BM au Tchad. Selon lui, depuis le, 20 mars 2021, le Conseil d’Administration de la BM a approuvé la phase II du projet régional d’appuis au pastoralisme au Sahel (PRAPS). Pour lui, la signature d’accord de financement de ce projet donne corps a la décision du CA et marque un nouveau départ avec le Tchad.  « C’est une bonne nouvelle pour le pastoralisme au Tchad. À travers cette phase II, PRAPS va améliorer la résilience des acteurs opérant dans le secteur de l’élevage dans les zones d’intervention sélectionnées », note-t-il. D’après Rasit Pertev, ce projet ne va pas seulement améliorer la santé animale, mais aussi relever la qualité de prestation des vétérinaires et les infrastructures.

Le ministre de l’élevage et de Productions animales Abderahim Awat Ateib s’est dit satisfait. « Dans la première phase, il y a eu beaucoup de réalisations donc la phase II est la suite logique. Elle vient renforcer ce qui était fait et ajouter comme venait de le dire le Représentant de la BM le renforcement de la résilience et autres », rapporte-t-il.  La plus importante dit-il, c’est la mise en œuvre et la bonne gestion étant donné que le projet est accordé et le financement disponible. « Vous nous avez donné ce projet, mais nous allons faire tout pour sa bonne gestion afin d’atteindre notre objectif qu’est le développement de ce secteur d’Élevage » rassure le ministre de l’Élevage à la BM.

BM-BAD, près de 900 millions de dollars à injecter dans les projets au Tchad

« Après cette réunion, je puis vous annoncer que nous pouvons rapidement engager les projets en préparation à hauteur de 785 millions de dollars, près de 800 millions de dollars, ce n’est pas rien. Dans les secteurs stratégiques tels que l’énergie, les infrastructures, l’eau, l’éducation, le renforcement des capacités » dit le ministre Issa Doubragne.

Le réengagement de la BM soit une réalité dit-il, en remerciant l’équipe dirigeante au siège. Quand vous voyez la taille du financement de ces partenaires, trois mois sans la BM au Tchad nous ont déjà causé de problèmes, dit-il. « Les bonnes nouvelles ne viennent pas seules. Il y a quelques jours, la BAD s’est engagée dans le secteur de l’élevage dans le projet en préparation à hauteur de 20 millions de dollars plus 100 millions aujourd’hui. Nous pouvons préparer ce secteur à être le prochain secteur le plus rentable de notre économie », déclare le ministre. Bientôt nous allons vous soumettre la feuille de route de la transition une fois le processus de sa validation terminé, promet-il au partenaire financier.

Le ministre Doubragne affirme que depuis le 25 juin 2021, la BM s’est réengagée officiellement au Tchad après la BAD qui a observé le même processus. « Le Plan National de Développement (PND) 2017-2021 finit, nous sommes en élaboration d’un autre PND, 2022-2026. La Banque a été toujours un partenaire important et elle le sera davantage », affirme Issa Doubragne.

Moyalbaye Nadjasna

Le président du Conseil Militaire de Transition (CMT), Mahamat Idriss Deby Itno a accordé une interview au journal Jeune Afrique il y a quelques.  Il a évoqué la possibilité de proroger de la période de transition de 18 mois. Selon lui, pour organiser le Dialogue inclusif et les élections, les Tchadiens doivent s’entendre et il faut une aide financière des partenaires, car le trésor tchadien ne pourra pas supporter seul un tel coût. Pour avoir la réaction de la société civile et l’opposition politique, Ialtchad Presse s’est entretenu avec Mahamat Nour Ahmat Ibédou, fondateur de la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDH) et le président du parti les Transformateurs, Dr Succès Masra. Reportage.

Il est 12h 45 minutes lorsque M. Mahamat Nour Ahmat Ibédou, fondateur de la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDH) décroche notre appel téléphonique. Nous échangeons sur la sortie médiatique du président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby Itno dans une interview accordée à l’hebdomadaire « Jeune Afrique ». Selon le SG de la CTDH, le président du CMT annonçait la possibilité de prolongation de la transition en avançant des arguments faibles. « S’il faut attendre que tous les Tchadiens s’entendent avant d’organiser le dialogue, on attendra longtemps. Nous disons que le dialogue est une question de volonté. Et cette volonté doit émaner d’abord de ceux qui ont le pouvoir. Nous avons déjà au niveau de Wakit Tama envoyé un mémorandum au CMT leur demandant d’organiser un vrai dialogue exactement à l’image de la conférence nationale souveraine. Le cadre de ce dialogue doit être souverain et le reste viendra tout seul », déclare-t-il. Ils ne nous ont pas encore répondu, mais comme nous avons donné un ultimatum, nous serons obligés de recommencer les marches, dit Mahamat Nour Ahmat Ibedou.

Pour lui, le CMT bloque délibérément les contacts et montre déjà sa mauvaise volonté.  Il rajoute que, la question d’argent pour organiser le dialogue et les élections à venir est un faux problème. « Ils ont la possibilité d’acheter des chars, des recruter des militaires, de procéder a des nominations pléthoriques, fantaisistes et coûteuses, mais pour organiser le dialogue ils disent qu’ils n’ont pas d’argent. C’est ridicule de parler d’aides financières des partenaires internationaux. Les moyens financiers que dispose le CMT sont suffisants pour organiser le dialogue, c’est un manque de volonté manifeste de tenter de confisquer le pouvoir », dit-il. D’après lui, il revient au peuple de voir ce qu’il faut faire et prendre son destin en main.

Dr Succès Masra, « quand il y a un flou, il y a un loup »

« Je voudrais dire à cœur ouvert à mon jeune frère, le Gal Mahamat la même chose que j’ai dit à son défunt père. S’il est tenté de mettre sur pied de superflu pour se maintenir au pouvoir, il va finir comme de la même manière. Tous ceux qui avaient dit à son père à l’époque que tout ce qu’il faisait était bon l’ont enterré. Juste après ils sont passés à autre chose », affirme le président du parti les Transformateurs.  Selon lui, si le président du CMT est sage, il faut qu’il arrête avec sa fuite en avant. Il rappelle que le président de la transition a promis une transition non renouvelable. Cela est logique et dans tous les pays, la transition est toujours limitée, renchérit-il.

 « Le fait de rejeter la responsabilité financière sur les partenaires à qui on demande de centaines de milliers de dollars est une fuite en avant. C’est aux Tchadiens de trouver les solutions à leurs problèmes », dit Succès Masra.

Selon lui, s’il y a de l’argent pour mettre sur pied un gouvernement de transition pléthorique avec 40 membres avec une distribution de postes à tous azimuts. On peut fusionner et ramener à 20 membres, le Tchad peut organiser le dialogue sans l’aide financière extérieure. « Chercher des alibis autour de cela, il nous verra devant lui. Quand je dis-nous, c’est le peuple. Plus jamais on n’acceptera la conquête du pouvoir par les armes et sa confiscation par la force. S’ils veulent s’aventurer sur ce chemin, je leur dis que le Tchad va se saucissonner et non se diviser. Il faut que cela soit clair pour tout le monde. On doit organiser, cogérer le pouvoir avec tous les Tchadiens suivant les règles d’égalité », s’insurge-t-il.  D’après Succès Masra, ils ne boiront pas de ce lait. Il faudra que cela soit compris par tous. Il poursuit en disant que, c’est un avertissement direct sans détour, la transition doit être respectée. « Nous leur avions dit par écrit nous Transformateurs et Wakit Tama, de transcrire ce qu’ils disent oralement dans la Charte de transition qu’eux-mêmes ont écrit.  Mais quand il y a un flou, il y a un loup. Les gens qui sont capables de marcher sur la constitution sont capables aussi de ne pas respecter leurs paroles dites oralement », lance-t-il.

Aujourd’hui martèle-t-il, c’est l’exécutif entre guillemets qui veut nommer le législatif, drôle de manière de compromettre la démocratie de manière à commencer par un régime totalitaire. « Je demande au peuple tchadien de garder les yeux ouverts et de se mettre debout. Alors, chacun doit s’asseoir et pour qu’on définisse ensemble les règles de la transition. Nommer quelques Tchadiens pour faire le saupoudrage sans pouvoir réel, nous ne l’accepterons jamais ».

Moyalbaye Nadjasna

Selon la loi portant, code de l’organisation judiciaire du 17 juin 2013, et la constitution tchadienne, la justice est rendue au nom du peuple tchadien. Défense itérative est faite à toute immixtion dans les affaires judiciaires. Dans la pratique, la réalité en est autre. Pourquoi un dysfonctionnement notoire existe dans tout le système judiciaire tchadien? Ialtchad Presse a rencontré des avocats, des magistrats et des justiciables pour en discuter. Reportage.

Les Tchadiens ont, en majorité, une mauvaise opinion du fonctionnement de l’appareil judiciaire. Djibrine Moussa Alkhalil, est un justiciable, «j’ai horreur lorsque les journalistes m’interrogent sur la question du dysfonctionnement de la Justice au Tchad.  C’est un cachot de désordre, rien de sérieux ne se fait. C’est n’importe quoi. Ils sont tous corrompus, rien de bon ne sort de là », dit-il d’un air furieux. Un autre justiciable, lui c’est Guerdjita Solalbaye, « en toute sincérité il n’y a rien de bon à la Justice. C’est la raison des riches qui domine sur les pauvres. Bien sûr on ne peut mettre tout le monde dans le même sac, mais les tomates pourries ont pourri les autres », martèle-t-il. Il se désole pour les pauvres citoyens.

Pour Me Dainonet Fréderic, Avocat au Barreau, notre justice souffre de beaucoup de maux. C’est tout à fait légitime que les citoyens s’en plaignent, dit-il. Les problèmes sont nombreux, mais la lenteur dans le traitement des affaires décourage beaucoup les justiciables. D’après lui, la corruption est une véritable gangrène. C’est l’un des facteurs du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire, déclare Me Frédéric. Le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire est réel, confirme-t-il. «Les justiciables n’ont pas tort de dire que la justice va mal. De nos jours, plus personne n’a confiance à notre Justice», lance-t-il. Parlant de l’immixtion de l’Exécutif dans les affaires judiciaires, le technicien du droit dit que c’est anormal. D’abord, justifie-t-il,  la Constitution consacre trois ordres de pouvoirs notamment, l’exécutif, le législatif et le judiciaire.  «C’est une séparation rigide entre ces pouvoirs. En clair, l’un ne doit pas interférer dans les attributions de l’autre», dit l’avocat. Selon lui, rien n’est nouveau au Tchad, l’exécutif s’est toujours immiscé dans les décisions judiciaires. Voilà dit-il, une autre cause du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. Il informe que des correspondances politiques sont même souvent adressées aux juges. Un fait qui vient bousculer l’indépendance des magistrats, précise Me Frédéric. « À mon avis, il faut que les magistrats commencent à être jaloux de leur indépendance. Ils ne doivent pas avoir peur et se soucier  des « affectations sanctions », des « remontrances », etc…».

«Intime conviction du juge»

S’agissant de l’intime conviction des juges dans la prise des décisions, Me Dainonet nous rafraîchit la mémoire. D’après lui, certains juges courageux ont rendu des décisions selon leur « intime conviction », d’autres ont subi l’intrusion de l’exécutif. Me Fréderic Dainonet rappelle une petite anecdote : c’est l’histoire d’un magistrat qui a rendu par conviction un jugement suite à la fameuse affaire de phacochère contre Gali Gata Ngoté à la cour d’Appel de Moundou. Pour lui, même si cette décision courageuse s’est soldée par la radiation de ce magistrat cela prouve qu’il y en a qui sont courageux.

 «Je suis jaloux de mon métier d’avocat. Je n’admets pas qu’on piétine mon indépendance, et ma profession elle est libérale», assène-t-il. Chaque avocat fonctionne selon sa conscience pourvu que cela n’enfreigne pas les règles de la société, précise-t-il. Il se dit navré en tant qu’avocat, de voir les clients se plaindre de la lenteur dans le traitement de leurs dossiers, du classement sans suite de leurs affaires, des condamnations injustes entre autres choses.  Selon M. Moussa Wade Djibrine, président du syndicat des Magistrats du Tchad (SMT),  ils ont à maintes reprises, réagi à propos du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. Et ce à travers plusieurs communiqués et points de presse. Les agressions physiques, les outrages, l’assassinat des magistrats et auxiliaires de la justice, l’extirpation des détenus, etc. sont des causes de dysfonctionnement dénoncés par les magistrats.

Redonner à la justice tchadienne ses lettres de noblesse

Pour un bon fonctionnement du système judiciaire, Me Frédéric recommande, le respect à l’Institution. Les individus selon lui ne doivent pas être plus forts que l’État. « Car la justice c’est le dernier rempart des citoyens contre les forfaitures», note-t-il.  Dans la dynamique de solution, l’avocat dit qu’il faut arrêter les intimidations des magistrats, faire un bon suivi de la formation du recrutement des magistrats à l’École judiciaire. Il estime qu’il faut sanctionner les corrompus et corrupteurs,  car on ne peut pas demander à la fois justice et passer par des voies illégales.  Les citoyens ne doivent pas tourner le dos à la justice et se confier à la justice du quartier (gendarmeries, commissariats, arrondissements), indique l’avocat. « Ce ne sont pas des professionnels de droit et moins encore des justiciers. C’est du gangstérisme », signifie-t-il.  Certes dit-il qu’une justice privée notamment l’arbitrage, la médiation et la conciliation sont permises au Tchad. « Cependant, ce sont des modes alternatifs de résolution des conflits peu rependus sur l’ensemble du territoire national ».

Moyalbaye Nadjasna

Amina Ehemir Torna, ministre des Affaires foncières du développement de l’Habitat et de l’Urbanisme, a tenu un point de presse ce 1 juillet dans son cabinet, à Ndjari, dans le 8e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Elle explique les raisons du bras de fer engagé par son département contre les magistrats. Il s’agit, selon elle, d’une procédure judiciaire enclenchée dans son ministère qu’elle a trouvé non respectueuse de la procédure.

« Je voudrais juste rappeler que nous sommes dans un État de droit qui affirme une séparation de pouvoir entre l’exécutif et le pouvoir judiciaire. Ceci impose le respect des procédures lorsqu’il s’agit de communication et de partages de données entre les deux pouvoirs », dit Mme Amina Ehemir Torna, ministre des Affaires foncières du développement de l’Habitat et de l’Urbanisme. D’après elle, les informations relatives au règlement des conflits fonciers ne sont extraites et fournies qu’à titre personnel par des agents en respectant les procédures. « Alerter à plusieurs reprises, j’ai constaté au cours d’une visite inopinée le 22 juin dernier, la présence des membres de la première chambre du Tribunal de N’Djamena dans un bureau de la direction des cadastres. L’agent dans ce bureau n’a pas été instruit et ne disposait donc d’aucune prérogative pour fournir un quelconque renseignement », rappelle la ministre. Elle rajoute qu’elle a voulu s’assurer que cette descente respecte les procédures en la matière. « Après avoir entendu l’identité des visiteurs, je demandais l’acte qui leur permettait de consulter les informations qu’ils sollicitaient », explique-t-elle.

Amina Ehemir Torna, dit être juriste à la base, et à sa connaissance, pour chaque descente, un écrit est adressé au ministère. Ou alors se sont les magistrats qui se présentent directement avec un mandat. « Aucun document n’a été présenté malheureusement. En l’absence de document formel, j’ai jugé utile que cela soit réglé entre institutions. Cela n’était en aucun cas une intention d’outrage ni d’enfreindre une procédure judiciaire » précise-t-elle.  Pour la ministre, compte tenu de la sensibilité et du caractère confidentiel, les informations de la base de données de cadastres doivent être fournies si besoin y ait de manière fiable, officielle et certifiée par les services compétents. Elle note que la position du gouvernement à travers sa personne c’est d’entretenir une collaboration permanente et étroite dans le travail avec le corps judiciaire parce qu’il en va du bien-être des concitoyens tchadiens.

Pour Amina Ehemir Torna, son département est un ministère transversal. Le MAFDHU s’occupe de l’organisation, des occupations des sols et de leur répartition équitable afin d’assurer une gestion efficace des questions liées à la propriété foncière. « Nul n’ignore que les affaires foncières constituent 80% de conflits à la justice. Depuis ma prise de service à la tête du MAFDHU, parmi mes préoccupations premières, fut celle d’identifier les types de conflits, les procédures employées, le fondement juridique et bien entendu, les services compétents en charge de donner ou éclairer toute partie intéressée à la résolution objective de ces conflits », affirme la ministre. Elle rajoute que, par cette démarche scientifique, elle veut impliquer tous les acteurs dans la recherche des solutions à un problème qui est commun à tous les Tchadiens.

Le système judiciaire dans son ensemble incluant les magistrats est un partenaire indispensable dans le règlement des conflits fonciers, souligne la ministre. « Une absence de collaboration entre le MAFDHU et le corps judiciaire serait une porte ouverte à tous les conflits fonciers dont les conséquences seront énormes. Il m’importe donc qu’une collaboration permanente et réglementée puisse exister entre les tribunaux et les services techniques ».

Moyalbaye Nadjasna

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