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À la veille des élections législatives, l’Association des Médias en Ligne du Tchad (AMET) annonce une journée sans presse en ligne à partir de minuit ce samedi 7 décembre 2024 pour protester contre la décision de la Haute Autorité des médias audiovisuels (HAMA) qui dans une décision la veille interdit la production et la publication des contenus audiovisuels. On peut lire dans le communiqué, «  cette décision est une première réponse à la décision illégale et arbitraire émise par la  HAMA le 04 décembre 2024, interdisant la production des contenus audiovisuels par les médias en ligne ».

L’association qui regroupe quarante médias en ligne déplore, dit-elle, une mesure restrictive qui entrave la liberté d’expression, de la presse et d’information au pays. « Cette décision, non seulement muselle la presse en ligne, mais limite également le droit du public à accéder à une information pluraliste et diversifiée », martèle le communiqué.

Selon l’AMET, cette journée sans presse en ligne est une alerte à l’opinion nationale et internationale sur la gravité de la situation. Et pour exhorter les autorités compétentes sur l’absurdité d’une décision contre-productive pour l’image du pays.

Pour finir, l’AMET appelle ses membres à continuer après cette journée à faire de la production audiovisuelle d’ici à augmenter la cadence de la protestation. « D’autres actions sont à l’étude et seront activées dès la fin de cette journée sans presse en ligne », conclut le communiqué.

Il fallait à l’héritier, Président Déby un haut fait d’arme pour attester de sa bravoure et l’élever au mérite et à la dignité paternels à l’instar du rite de passage du jeune Massaï au Kenya et en Tanzanie dont la crinière et la queue du lion qu’il vient de vaincre, marquent l’entrée dans le cercle des guerriers et célèbrent la notoriété. Le scalpe des bases militaires françaises au Tchad que l’héritier Déby vient d’offrir au peuple tchadien paraît faire office d’acte de bravoure.

Mais il s’agit d’une bravoure de portée relative car sa dénonciation de l’Accord de défense avec la France qui aurait été éclatante il y a trois ans à sa prise de pouvoir, intervient après celles respectives d’Assimi Goïta du Mali, d’Ibrahim Traoré du Burkina Faso, d’Aboudouramane Tiani du Niger et même de quelques heures après celle de Diomaye Faye du Sénégal. C’est à une France, dont les deux genoux sont à terre en Afrique ; une France démonétisée, désacralisée qui n’est plus que l’ombre d’elle-même en termes d’influence dans le giron francophone et qui ne fait plus peur à aucun dirigeant africain que l’héritier Déby a porté ce 28 novembre 2024 une estocade vespérale. Mais il demeure que sa décision est incontestablement populaire.

Une Décision Populaire au Tchad mais aussi en France

Au Tchad, la dénonciation de la présence militaire française est manifestement populaire. Elle est saluée au-delà même des cercles intéressés des partisans du régime, faits d’entrepreneurs politiques, associatifs et intellectuels au réflexe pavlovien, applaudissant à tout rompre, jusqu’à l’absurde, le moindre clignement des yeux de l’héritier Président Déby.

Les raisons et les motivations de cette adhésion populaire ne sont pas toujours convergentes d’un camp à l’autre, quand elles ne sont pas purement et simplement fantasmagoriques ou pour cause des frustrations nées des difficulté d’obtention de visa Schengen. Mais le fait est indéniable.

Une Popularité tans-partisane

Il en est ainsi des opposants politiques de Wakit Tama qui ont toujours fait de cette dénonciation l’une de leurs principales revendications. De même, si l’appareil du parti Les transformateurs reste circonspect, il en va autrement de ses jeunes militants aux yeux de qui, l’héritier Déby semble trouver grâce par cette décision en dépit de son lourd passif à l’égard du parti.  Il en va d’autant aussi ainsi pour la masse des cadres arabisants et leurs troupes pour qui la France et tout ce qui la symbolisent et a fortiori son armée, constituent la cause unique de leur déconsidération dans l’administration et les entreprises publiques. Mais, il en va encore plus ainsi de la cohorte des docteurs en tout genre et ingénieurs formés dans l’ex-bloc soviétique ou dans l’actuelle Fédération de Russie, souffrant d’un déficit d’image et de crédibilité dans l’opinion publique par rapport à ceux formés en Occident et particulièrement en France. Ceux-ci espèrent de la perspective d’un éventuel rapprochement stratégique avec la Russie de Poutine, une bien meilleure ambassade dans la haute administration et dans l’opinion publique.

Ambivalence de la relation du clan familial et ethnique Déby à l’égard de la France

Ensuite, il y a surtout le clan Déby constitué des généraux, ministres, secrétaires généraux, directeurs généraux, directeurs administratif et financier des ministères et des entreprises publiques, ambassadeurs, grands opérateurs économiques et premières fortunes du pays, tous, au cœur du nucléaire du pouvoir tchadien, à qui la France a tout offert, mais qui entretiennent avec elle une relation éminemment ambivalente. D’un côté, le clan apprécie les faveurs institutionnel, politique, diplomatique, militaire et économique de la France, les facilités de voyages ou d’études dans les universités et académies militaires en France où vit désormais l’essentiel de la famille et de la progéniture ; des faveurs à  l’égard du clan qui constituent au demeurant le ressort de la détestation de la France par la catégorie des « Tiers-états »[1] de la population tchadienne » et qui expliquent la popularité de la dénonciation de l’Accord de défense auprès de ceux-ci.  Mais de l’autre côté, le clan Déby éructe dès que la France s’autorise à émettre la moindre observation ou critique, fut-elle non-publique, sur la gouvernance, la démocratie et les droits de l’homme. Ainsi, le clan paraît, a priori apprécier et soutenir la dénonciation de l’Accord de défense par l’héritier Président. Elle lui permet d’avoir à ne plus s’expliquer ou à répondre de ses oukases, même s’il n’en mesure pas encore toutes les conséquences et implications.    

Seul le GCAP fait exception

Pour ainsi dire, si jamais le pouvoir venait à autoriser une manifestation de soutien à la décision de l’héritier, il y aura incontestablement foule dans les rues non seulement de N’Djamena la capitale, mais aussi de toutes les grandes villes des provinces du Tchad. Contre une France qui cristallise toutes les frustrations et mécontentements, faisant d’elle, l’exutoire tout trouvé et partagé des opposants et partisans du régime, il n’y a plus grand monde pour plaider sa cause. Dans ces conditions, le GCAP autour de Max Kemkoye paraît bien seul pour faire entendre raison.

Une Popularité dans les rangs des entrepreneurs panafricanistes

Au-delà des frontières nationales tchadiennes, la décision de l’héritier Président est chaudement applaudie par la foule des entrepreneurs panafricains pour qui, l’étalon de la souveraineté ne se mesure qu’à l’aune de la seule rupture de ban avec la France, peu importe la sujétion à l’égard de tout autre puissance impérialiste. Et cela, même si, d’une part, personne au Tchad ne peut croire que la France ait jamais réussie à imposer la moindre décision à Déby père ou à son héritier de Président ; et d’autre part, les bénéficiaires de la coopération et de la présence militaire française au Tchad depuis 1990 sont pour l’essentiel les membres du clan Déby et non, la masse de la population. L’une des preuves parmi d’autres, de l’impuissance clinique de la France à l’égard du régime est fournie par l’héritier Président lui-même qui dans son autobiographie[2], laisse entendre qu’il a peu gouté aux tentatives répétées du Président Macron de le dissuader de se présenter à l’élection présidentielle à l’issue de la transition. Évidemment qu’il s’est présenté auxdites élections, qu’il a gagné haut la main et sans la moindre protestation publique de la France, sommée d’en prendre acte.   

Une Popularité en France aussi

Mais, et aussi paradoxale que cela puisse paraître, à l’exception des hiérarques diplomates et surtout militaires qui encaissent un nième naufrage en ce qu’ils n’ont encore rien vu venir malgré la forte présence de la DGSE comme ce fut le cas au demeurant pour les coups d’États au Mali, au Burkina Faso, et au Niger, la dénonciation de l’Accord de défense par Déby semble bien accueillie en France. Si l’on en juge par la réaction des lecteurs d’un certain nombre de grands et sérieux médias, la France n’a plus les moyens financiers et d’intérêts stratégique, diplomatique et économique d’entretenir une présence militaire en Afrique et en particulier dans les pays du Sahel. Il s’agit qui plus est, des ersatz des corps expéditionnaires de l’empire colonial, indéfendables désormais. Leur démantèlement procède de l’ordre des choses. Pour le commun des Français, les enjeux stratégiques et militaires du pays sont désormais en Europe avec la question Ukrainienne et la menace Russe ; les enjeux économiques en Afrique sont au Nigéria, Angola et Afrique du Sud, au Maghreb ou encore dans la protection des lignes d’approvisionnement en Mer rouge et dans le golfe d’Aden. Et sur le plan diplomatique, il y a belle lurette que les pays africains francophones qui faisaient le poids de la France dans les instances internationales ne la suivent plus dans les votes des résolutions à l’ONU par exemple. Ainsi donc, Le retour en France des militaires servant souvent d’assurance-vie aux potentats africains, est plutôt bien accueilli. Le seul reproche fait au Président Macron est celui de n’avoir pas tiré les enseignements des expulsions lancinantes par les pays de l’AES en ayant l’initiative de la fermeture des bases françaises au Tchad que de subir une nième humiliation. Comme l’écrit le Journal Le Monde dans son éditorial du 2 décembre 2024, « Emmanuel Macron a adopté, sous l’influence d’une partie des milieux politiques et militaires français, une stratégie de petits pas, peu lisible, visant le maintien d’une présence réduite et plus discrète », au lieu de poser « la perspective claire de retrait qu’impose la situation ». Il a tenté « de gagner du temps en nommant un « envoyé spécial », Jean-Marie Bockel, dont le rapport remis lundi 25 novembre, vient d’être largement balayé par les décisions de Dakar et de N’Djamena ». Résultat : « un camouflé d’autant plus cinglant qu’il est double » constate le Journal du soir.     

Bref, cette dénonciation de la présence militaire française au Tchad offre à l’héritier Deby son « quart d’heure warholien ». Mais pour populaire qu’elle soit sur les deux bords, il ne demeure pas moins qu’elle est manifestement inélégante dans la forme.  

Une Décision inélégante dans la forme

S’il apparaît que le plaidoyer du ministre français des affaires étrangères pour le report des élections législatives et locales du 29 décembre 2024 a été la causalité immédiate du courroux ayant conduit l’héritier Deby à décider de la rupture abrupte de la coopération militaire, il ne demeure pas moins que cette décision n’est pas spontanée. Elle ne l’est pas en raison d’une part de nombreux griefs que le Président tchadien reproche à la France et en particulier « l’affaire des costumes à prix d’or », et d’autre part, sa volonté d’émancipation d’une tutelle qu’il juge désormais encombrante. Mais alors, pourquoi ne l’avoir pas fait dans les formes que commandent une relation partenariale d’exception comme celle qui liait la famille Deby à la France ? Pourquoi l’avoir fait de manière aussi inutilement humiliante pour l’État français lui-même, son ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot qu’il venait à peine de recevoir en audience et surtout pour l’état-major de l’armée française qui a toujours été le meilleur avocat du régime dans les institutions françaises même aux pires moments ?    

Le coup de pied de l’âne

Car l’héritier Président Deby ne devrait pas oublier notamment que :

  • Sans la présence de Macron aux funérailles de son feu père, le parterre de chefs d’États africains ne seraient pas venus à N’Djamena l’adouber, et lui offrir la respectabilité et la reconnaissance des pairs en raison notamment de l’incertitude sur leur sécurité, consécutive à l’offensive des rebelles du FACT ;
  • Sans l’entregent et la flamboyance d’alors de Macron et de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le CPS de l’UA, aurait certainement mis au ban le Tchad pour cause de transition anticonstitutionnelle, entrainant les réactions en chaine d’ostracisme de la communauté internationale à son égard. Il en sera de même de la facilitation de la CEEAC qui aurait été non-complaisante à son égard.
  • Sans l’entregent du ministre des Finances Bruno Lemaire, le Tchad n’aurait pas pu bénéficier, en accès privilégié, du cadre commun du G20 permettant la restructuration de la dette asphyxiante pour ses finances, en particulier celle à l’égard de la société Glencore en 2023. Il n’aurait ainsi pas pu bénéficier de l’appui budgétaire des institutions de Bretton Woods ;
  • Sans le compagnonnage de la France, l’Union Européenne aurait suspendu sa coopération au développement pour coup d’État ou pour élection non transparente et non inclusive.

Certes le régime aurait survécu, mais sans la respectabilité et l’honorabilité et avec des difficultés de trésorerie pouvant infliger de lourdes souffrances et sacrifices à la population. Dès lors, la brutalité de la dénonciation unilatérale et sans information préalable du partenaire par les canaux diplomatiques de l’Accord de coopération et de défense, réalise, rien de moins qu’un véritable « coup de pied de l’âne ». Mais à y réfléchir, ce n’est pas si surprenant dès lors qu’elle a été mise en musique par le ministre des Affaires étrangères, Monsieur Abdramane Koulamallah dont le prédécesseur dans la fonction, Mahamat Saleh Annadif, ne croyait pas si bien dire lors de la passation de pouvoir, qu’il est taillé pour le job[3].  

Une Décision dont - il faut assumer les conséquences et implications

Côté français. Certes, en dehors de la prise d’acte de la dénonciation par le porte-parole du ministère des affaires étrangères, aucun officiel politique ou militaire ne s’est publiquement prononcé sur la décision du Tchad. La France gère d’autres priorités plus urgentes comme trouver une personne consensuelle pour former un gouvernement stable d’ici l’été prochain. Mais l’armée française, forte de ses expériences malheureuses au Mali, au Burkina et au Niger, a acquis un savoir-faire en matière de démantèlement express de ses bases. Elle quittera irrémédiablement le Tchad à l’issue du délai de préavis conventionnel de six mois à compter de la notification officielle de la dénonciation que la France n’a toujours pas encore reçue. Pour l’armée française, il n’y aura plus de terrain d’entrainement en conditions réelles pour ses pilotes et son infanterie. Plus d’argument d’Opex au Tchad pour promouvoir l’attrait de nouvelles recrues. Plus d’accélération de carrières pour ses officiers en Opex et d’indemnités d’Opex.  

Coté tchadien. Ne jamais oublier qu’à côté des intérêts, les États ont surtout de la mémoire. Ensuite, le Tchad est un pays ouvert aux quatre vents et qui a le bonheur doublé du malheur d’avoir notamment comme voisins la Libye et le Soudan d’où peuvent déferler en une seule journée des colonnes de rebelles sorties de nulle part pouvant fondre sur la capitale N’Djamena.  La surveillance aérienne, les renseignements et les tirs de barrage et de sommation de l’armée française qui en la matière ont fait toujours leur preuve au bénéfice du régime Déby, ne seront désormais plus là.

Sur le plan diplomatique et économique, la présence militaire française au Tchad qui était le déterminant du parapluie, toujours ouvert et de la perfusion continue de la France en dépit et malgré les turpitudes invraisemblables et innommables du régime, relèveront désormais du passé. La relation bilatérale passera de privilégiée et d’exception à banale et d’ordinaire comme avec n’importe quel autre régime autocratique pour ne pas dire dictatorial. De même le robinet de l’AFD dont un récent article, bien informé[4], mettait en exergue la variété des domaines et l’amplitude des interventions, cessera de couler à flot pour la même raison.

Pour la population, passer l’euphorie de la gloire, le départ de l’armée française ne changera pas un iota au quotidien. Il ne changera pas non plus la brutalité du régime qui au contraire, débarrassé de la présence ombrageuse de la France et de la courtoisie de devoir s’expliquer, donnera libre cours aux penchants qu’il a du mal contenir, de bannissement des libertés individuelles et publiques ou encore de la liberté de la presse. Quand-à la démocratisation du pays, le régime en prononcera purement et simplement le requiem. 

Mais il n’y aura plus la France pour alibi.

Abdoulaye Mbotaingar

Docteur en droit, maître de conférences à l’université      

[1] A. Mbotaingar, Ialtchad Presse - Découpage électoral ou la politique de la « Hougoura »,

https://www.ialtchad.com/index.php/details/item/3302-decoupage-electoral-ou-la-politique-de-la-hougoura

[2] Mahamat Idriss Déby Itno, De Bédouin à Président, Va – Éditions, 2024.

[3] Voir, Édito du Le Journal Le pays du 31 mai 2024, https://www.lepaystchad.com/36322/

[4] E. Topona Mocnga, Ialtchad Presse - Coopération Tchado-Française : polémique autour d'une aide, https://www.ialtchad.com/index.php/details/item/3353-cooperation-tchado-francaise-polemique-autour-d-une-aide

Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, l’Association des Médias en Ligne du Tchad (AMET) condamne la décision de la Haute Autorité des Médias Audiovisuels (HAMA) qui a décidé d’interdire à la presse en ligne la diffusion et la publication de contenus audiovisuels. « Cette décision constitue une atteinte grave aux libertés de presse et d’expression garanties par la Constitution tchadienne et la loi n°31 du 3 décembre 2018  en son article 25 qui régit la presse au Tchad », dit le communiqué. L’AMET affirme avoir, il y a quelques mois, dénoncé l’annonce de cette décision du président de la HAMA Abdramane Barka Doningar.

Le communiqué affirme aussi qu’en prenant ce qu’elle qualifie de mesure liberticide, « le président de la HAMA agit de manière outrageusement répressive et illégale. Ce mépris flagrant pour le droit à l’information menace l’avenir de la presse en ligne et compromet gravement la crédibilité de notre pays sur la scène nationale et internationale ».

Dans le même communiqué, l’AMET appelle la HAMA à la lucidité. Et dit ne reconnaît que la loi n°31 en son article 25. L’organisation appelle ses membres à continuer à diffuser des contenus audiovisuels. « L’AMET interpelle les plus hautes autorités du pays à mettre un terme à cette croisade inutile menée par le Président de la HAMA Abdramane Barka Doningar ».

A deux jours du début de la campagne pour les élections législatives, l’AMET met en garde le président de la HAMA et dit qu’elle entreprendra des actions de grande envergure pour défendre les droits de la presse en ligne.

Les Tchadiens l’appellent « Zembada » alors que Bada est son nom de famille et Zène son second prénom composé. Très peu utilisent son premier prénom Mahamat. Qui est celui qui, depuis des décennies par son verbe et son audace, s’est distingué de sa génération. Est-il mis hors du jeu politique? Lui qui croyait que son étoile avec les législatives brillerait plus fort a subi un second revers avec l’échec de son recours devant le Conseil Constitutionnel, mais son enterrement politique n’est pas pour demain.  Il faut compter avec le combattant Zène Bada durant cette campagne législative disent ses proches. Qui est Mahamat Zène Bada (MZB)? Portrait d’un « Lamyfortain » mû en redoutable homme politique.

Naissance biologique

« Zembada » est un enfant des indépendances. Il est né presque à la veille des celles-ci dans les années 59 à N’Djamena, capitale tchadienne. Ceux qui l’ont vu grandir au quartier Klémat (amis et parents) le décrivent comme un enfant turbulent qui a le don du verbe et le sens de la répartie. À chaque interrogation, il a souvent une réponse pertinente. Et qui parfois désarçonnant ses vis-à-vis. Le Secrétaire général (SG) du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) a aussi grandi sous l’aile de son grand frère Maldoum Bada Abbass, un militaire de carrière. Un frère qu’il admire. Qu’il affectionne et qui représentait la figure paternelle. Le grand frère aussi voue à son jeune frère un amour infini. Il l’amène avec lui dans presque toutes ses affectations. Ce qui a permis au jeune Zène Bada de suivre une partie de ses études chez les pères jésuites à Sarh dans le Moyen Chari, précisément au réputé Collège Charles Lwanga.

Naissance politique

La naissance politique du SG est survenue lors du déclenchement de la guerre civile le 12 février 1979 au Lycée Félix Éboué. Zène Bada était jeune lycéen et un des leaders de la « Jeunesse mobilisées » des Forces Armées du Nord (FAN) de Hissène Habré à l’époque Premier ministre du président Félix Malloum.  Le groupe de Zène Bada dirigeait cette grève dite « spontanée », mais hautement politique. Elle consistait, disent ses acteurs, à dénoncer le non-respect de la Charte Fondamentale signée dans la capitale soudanaise, Khartoum. Cette grève divisa les lycéens et servit de détonateur aux successives guerres civiles. Zène Bada joue un rôle déterminant. Il a été un des acteurs le plus impliqué et le plus en vue. Non pas par sa position, mais par son goût immodéré de l’audace. Le jeune activiste s’est alors sciemment ou inconsciemment engagé dans une lutte de pouvoir entre des civils, des politico-militaires, des militaires et des politiques. Depuis lors, il a fait de l’audace une philosophie politique et du goût du risque une arme L’intéressé lui-même n’est pas conscient par l’audace qu’il charrie ou qui le charrie. Sans s’en rendre compte, l’audace chez « Zembada » est une seconde nature. Une audace sans calcul politique. Sans forcer le destin. Sa vie d’homme politique se résume à cela. Parfois il gagne, parfois il perd, mais il ne change pas d’un iota.

Enivré par cette audace, Zène Bada prend fait et cause pour les FAN. Il est un fan du numéro deux des FAN, Idriss Miskine. Un homme aimé et adulé par des nombreux Tchadiens pour sa droiture, sa bravoure, son sens de la justice et de l’égalité. Il est « Miskiniste », mais tout en étant « zembadiste ». Il s’implique, s’active, son goût du risque impressionne au plus haut sommet.

Mars 1979, il s’intègre comme combattant de CCFAN durant l’autre Seconde Guerre civile, appelé par les Tchadiens « la guerre de 9 mois ». Habreiste convaincu, lui et quelques jeunes s’occupent d’inonder Kousseri, ville camerounaise voisine de la capitale, du Journal Al-Watan. Le choix de cette ville n’est pas fortuit.  Des milliers de jeunes réfugiés y vivent et constituent des relais dans la lutte anti-libyenne. C’est aussi durant cette guerre qu’il a perdu l’usage de sa main gauche. Il en porte aujourd’hui les séquelles sans jamais se plaindre.

Décembre 1979, les FAN sont chassés de la capitale. Zène Bada est évacué à Kousseri où il reçoit des soins. Après sa guérison, il reprend le combat par fidélité et par nationalisme face aux visées d’annexion de la Libye.

1er juin 1982. Les FAN d’Hissène Habré entrent victorieux à N’Djamena. C’est l’effervescence sur les bords du fleuve Chari. Enfin les FAN ont ce pouvoir tant recherché. Zène Bada est aussi de retour. Plus audacieux que jamais. Il anime le Rajeunir, l’aile jeunesse de l’Union Nationale pour l’Indépendance et la Révolution (UNIR), le parti au pouvoir. Quelques années plus tard, Idriss Miskine meurt, la rafale des Hadjarayes s’intensifie, son grand-frère Maldoum Bada Abbass se rebelle contre la dictature Habréiste. Il gagne le maquis et crée un mouvement politico-militaire le MOSANAT. Zène Bada est pisté par la redoutable police politique. Il est jeté en prison. C’est le temps de la noirceur.

Tout N’Djamena susurre l’arrestation de l’audacieux jeune révolutionnaire. C’était le temps de la suspicion et de la délation permanente. La révolution s’est retournée contre le révolutionnaire. Il n’aura la vie sauve qu’en décembre 1990 avec l’arrivée du MPS. C’est la fin de la dictature. Zène Bada se réengage en politique, mais reste en marge. Pas pour longtemps…

Animal politique

Depuis 1990 Zène Bada est dans le MPS avec ses hauts et ses bas. Il est « Baministe » par filiation, mais aussi par un mélange de conviction et d’opportunisme. Il l’est plus encore depuis la disparition de son grand-frère. Il assume ses actions politiques personnelles et veille sur l’héritage Maldom. Il est par la force des évènements devenu le patriarche tant par sa disponibilité et par un de ses atouts : sa générosité. Tour à tour, il a été Maire du 2e arrondissement, Préfet, ministre de la Jeunesse et du Sport, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, directeur des grands travaux à la présidence, Maire de la Ville de N’Djamena, etc.

Compagnon et ami du président Deby Itno, ce dernier aime lui confier les missions difficiles. « Le président sait que Zène Bada est audacieux et téméraire », dit un membre de l’entourage du président. Et rajoute, « partout où il est nommé, il fait le boulot, partout. Le boss l’aime pour son engagement sincère et sans calcul ». C’est sans doute pour cela qu’il a été nommé à l’époque à la Mairie avec pour mission de faire déguerpir les habitants du vieux quartier Gardolé et construire l’actuel Hôpital de la Mère et de l’Enfant. Le président Deby Itno était semble-t-il, à l’époque, désespéré par le blocage du projet. « Une fois nommé, Zène Bada y est allé à coup de tractopelles et avec son audace légendaire. Il a réussi ce que personne n’a osé faire », dit une de ses connaissances.

Comme SG du MPS, le président Deby Itno et les militants l’ont choisi pour sa légendaire audace. Il cadre. Il recadre. Il débat. Bat campagne, élections ou pas, corps et âme avec toujours le menton levé et le verbe haut. Lorsqu’on l’interpelle sur le parti Les Transformateurs, il dézingue ses adversaires, « quoi? Je ne connais pas un parti légal portant ce nom. Le MPS est dans la réalité, dans le réel. Nous ne sommes pas un parti virtuel ». Au Lac, à Boma, lors de la victoire de l’armée tchadienne sur Boko Haram, il épate le défunt président et le parterre d’officiers avec sa tirade « M. le président, dans les réseaux, c’est un boum ».

À la veille des élections présidentielles, Zène Bada est toutes les heures au QG de son parti comme un général qui prépare la guerre, mais une guerre électorale dont il veut mener avec une audace assumée et le verbe haut tant l’animal politique est redouté et redoutable. Le Maréchal meurt en 2021 dans une contre-offensive de l’armée face aux rebelles du Front pour l’Alternance et le Changement au Tchad (Fact), MZB boude la nouvelle transition. Il se réconcilie avec elle. Il se voit jouer un grand rôle comme président de l’Assemblée nationale à la fin des élections législatives qui démarrent bientôt. Il est disqualifié. Il use de son droit de recours, mais échoue. Pourtant le même citoyen Zène Bada est légalement inscrit sur la liste électorale, a légalement et publiquement voté à la présidentielle, est légalement général de Police, mais est légalement empêché de monter la dernière marche et de se percher sur le fauteuil du président de l’Assemblée nationale. La politique est un métier dur et ingrat.

MZB est aujourd’hui face à lui-même. Fait-il face à la redoutable solitude politique? À son avenir tout aussi politique? Se retirera-t-il de la politique active? « Ni retrait politique à l’avenir ni solitude au présent. Zène Bada, c’est Zène Bada, il a repris le combat », dit un militant lamyfortain. Donc le SG du MPS a déjà fini de ruminer ce qui est lui tombé dans l’estomac. Et est déjà passé à autre chose. Il a dirigé ce long week-end une importante réunion du Bureau Politique du parti en assurant qu’il serait présent rassurant ses fidèles et tétanisant ses ennemis dans le parti. Il a dénoncé les manigances et les intrigues qui ont conduit à sa disqualification. Le combattant Zène Bada est encore politiquement vivant. Il y aura donc des flammèches durant la campagne législative qui démarre bientôt.

Bello Bakary Mana

Le Tchad a annoncé la rupture des accords de défense le liant à la France. Vous avez tous été surpris comme moi par cette annonce, tard dans la nuit dans, du communiqué du ministre des Affaires Étrangère tchadien Abdramane Koulamallah. Cette phrase dans le communiqué a attiré mon attention, « il est temps pour le pays d’affirmer sa souveraineté pleine et entière ». Si vraiment, c’est l’objectif, c’est une excellente nouvelle.

Après la surprise a suivi la confusion. Combien d’accords il y a? Quels sont les genres d’accords? Lesquels sont concernés? Quelles sont les différences ? Dans ma curiosité effrénée, je me suis tourné vers des experts pour différencier un accord  de coopération de défense d’un accord de défense tout court. Je vous explique en français facile, rapide et « gourloum »

Un accord de coopération de défense est un accord qui permet à des experts d’un État étranger de venir faire de la coopération en matière de défense. Il ne permet pas d’intervenir en cas d’agression contre l’État tchadien.

Un accord de défense entre deux pays. C’est un accord qui permet aux forces françaises d’intervenir en cas d’agression contre le Tchad. Le contraire est aussi vrai. Il permet aussi au Tchad d’intervenir si la France est agressée par un autre pays.

Maintenant, le communiqué du gouvernement tchadien ne précise pas de quel accord il s’agit? Concerne-t-il tous les accords? Les bases militaires françaises doivent-elles être démantelées? Ce qui continue a suscité beaucoup de confusions. Rien n’a été clair comme la sortie du président sénégalais Bassirou Djomaye Fall qui a clairement demandé le départ de l’armée française de son pays et la fermeture de ses bases militaires.

La France a dit prendre acte. Sans plus. Cette attitude s’explique par la crainte que la classe politique du pouvoir ou de l’opposition ne fassent de la « récupération politique » avec ce dossier. Et sciemment ou inconsciemment, ne pousse la rue tchadienne à s’enflammer. Mais entre les lignes du communiqué on peut décrypter que la France est ouverte à d’autres négociations pour un nouvel accord.

Il faut signaler deux choses importantes : le « timing » de cette sortie tchadienne et le contexte.

Le « timing », c’est après la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot au pays. Y a-t-il eu des discussions qui n’ont pas fait plaisir aux autorités tchadiennes? Qu’est-ce qui a été discuté?

Le « contexte », le Tchad est convoité par des puissances rivales comme la Chine, la Russie et même la Turquie compte tenu de sa position stratégique au Sahel. Un Sahel qui bouge et fait bousculer avec lui intérêts et convoitises.

Alors je me permets d’évoquer quelques  hypothèses…

Première hypothèse : Fort probablement les autorités tchadiennes et françaises discutent sur comment renégocier, réadapter, adoptés, prolonger, rajouter, choisissez le mot qui vous convient pour parachever les accords militaires. Il faut rappeler que la France a bien annoncé son intention de réaménager en diminuant son dispositif militaire en Afrique. Le Tchad en fait partie. Dans les discussions et les explications entre pays, le Tchad n’est peut-être plus satisfait de la nouvelle reconfiguration. Et donc jugerait inutile voire gênant la présence militaire française au pays. Ou il y a eu, peut-être, une mésentente.

Deuxième hypothèse : Le conflit soudanais, ses répercussions et ses implications au Tchad pourraient avoir créé des divergences entre les deux partenaires.

Troisième hypothèse : Ce sont les possibilités d’offre le redimensionnement de la présence militaire française pour faire des accords avec d’autres puissances. Par exemple la Russie, la Turquie ou la Chine. Ou bien alors cette possibilité permet aux autorités tchadiennes de faire monter les enchères et obtenir de la France un plus « chouia ».

Les anglais disent, « it takes two to tango », ( ça prend deux personnes pour danser le tango). Je crois que c’est parti pour une longue danse de tango entre les deux pays. Et au moment de publier ma chronique, je crois que rien n’est encore joué.

Mon téléphone sonne, c’est un appel du service de la presse présidentielle m’invitant à assister à un point de presse du président de la République.

Dimanche soir, 1er décembre. Il est 20h 15 min lorsque le président de la République s’adresse à la nation. Il confirme la rupture de la coopération militaire entre la France et le Tchad au motif que le présent accord est désuet. Que les temps ont changé. Et que cet accord n’apporte aucune valeur ajoutée dans la lutte contre le terrorisme et la défense de la patrie.  La clarification que j’attendais n’est toujours pas au rendez-vous. Le président a été prudent. Il soutient qu’il ne s’agit pas de remplacer une puissance par une autre, mais que c’est une question de souveraineté. Je suis arrivé à la conclusion qu’il y aura fort probablement un nouvel accord dans les jours et les mois prochains entre les deux pays. Je suis toujours confus.

Bello Bakary Mana

Le Mouvement patriotique du salut (MPS) a organisé son 34e anniversaire à la place de la nation ce dimanche 1er décembre 2024. Une cérémonie présidée par le président d'honneur du parti, président de la république Mahamat Idriss Deby ITNO.

C’est une journée de la liberté et de la Démocratie. Une date qui a marqué un tournant décisif dans la marche et l'histoire politique du Tchad, disent les militants. « Le 1er décembre a été le terminus d'une lutte de patriotes tchadiens », dit un militant. Selon le parti, ces patriotes ont bravé l'adversité d'une dictature implacable pour libérer le pays. C'est ainsi, disent-ils, que le Mouvement patriotique du salut (MPS) a été créé le 11 mars 1990 à l'issue du premier congrès de Bamina, au Soudan. C’est durant cette phase difficile que le colonel Idriss Deby est désigné Président, Maldoum Bada Abbas vice-président et Djibrine Dasser chargé de la Défense. D'autres groupes armés dirigés par Ahmat Hassaballah Soubiane, Adoum Acyl, Abderamane Amir venue de la Libye se sont joints au MPS.

Toujours les militants, ils soutiennent que de 1982 à 1990 les Tchadiens ont vécu dans la peur, dans la crainte et la méfiance mutuelle. « Chacun se méfiait de l'autre parce que le pouvoir à l'époque a mis en place un système policier où chaque tchadien craint son compatriote ».

Le président de la République s’est plié au rituel du dépôt de fleurs aux martyrs. Un défilé militaire a mis terme à la cérémonie.

Ousmane Bello Daoudou

La polémique récente sur l’aide de la France aux anciens combattants tchadiens, vétérans de la Seconde Guerre Mondiale, relève de ces débats devenus récurrents sur le continent africain, notamment dans les ex-colonies françaises d’Afrique, depuis qu’a pris corps dans les opinions publiques africaines, des controverses sur la nécessité d’une seconde décolonisation en Afrique et qui ne cesse de prendre de l’ampleur. 

D’un montant de 300.000FCFA (environ 500€), de nombreux citoyens tchadiens considèrent qu’il s’agit d’un mépris à l’endroit de leurs distingués aînés, qui ont payé le prix incomparable du sang, afin que le pays du général de Gaulle et du général Leclerc, retrouve sa souveraineté perdue du fait de l’occupation allemande de 1939 à 1945. Toujours dans la même veine, certains considèrent qu’il ne s’agit pas seulement d’une injure à l’endroit de la « force noire » venue du Tchad, mais envers la mémoire de tous ces valeureux combattants partis d’Afrique, pour défendre les idéaux inaliénables de justice et de liberté.

Arrière-plan historique

Mais avant de s’appesantir sur les arguments convoqués par celles et ceux qui s’indignent face à ce qu’ils considèrent comme une attitude de mépris et d’ingratitude, il faut rappeler l’arrière-plan historique de cette polémique. En effet, il n’est pas superflu de rappeler que c’est du Tchad que sont parties les premières troupes d’Afrique, en réponse à l’appel du 18 juin 1940, conduites par le Gouverneur de l’Afrique Equatoriale Française, Félix Eboué. En outre, dans le chaudron des combats, le détachement tchadien des troupes africaines, s’est illustré par une vaillance et une bravoure décisives pour la libération de la ville de Strasbourg. Cet épisode décisif de la libération de la France, a par ailleurs donné lieu récemment à une manifestation commémorative à laquelle n’a pas été convié le personnel diplomatique de l’ambassade du Tchad en France. 

Si ces griefs ne manquent pas de pertinence, peut-on pour autant considérer que le tableau des relations franco-tchadiennes est aussi sombre que certains l’affirment dans l’opinion publique tchadienne ? On est légitimement en droit d’en douter.

Il faut d’ores et déjà rappeler que la France n’a pas attendu cette aide, certes anecdotique, pour venir en aide au Tchad. Pour revenir à l’histoire, il faut se souvenir qu’aussi paradoxal que cela puisse paraître, la présence militaire française a quelquefois été d’un apport décisif dans la défense de l’intégrité territoriale du Tchad et de la stabilité de ses institutions. Point n’est besoin de revenir sur le détail des entreprises de déstabilisation du Tchad, initiées depuis le territoire libyen sous l’impulsion du bouillant colonel Mouammar Kadhafi, qui ne faisait guère mystère de ses rêves de grandeur qui se sont traduits à plusieurs reprises par une boulimie d’expansion territoriale qui avait désigné le Tchad comme victime sacrificielle. Les opérations Manta, Épervier sont encore gravées dans les mémoires de ceux qui sont au fait de ces pages difficiles de l’histoire des relations tchado-lybiennes.

Assistance multiforme

S’agissant de la structuration de l’armée tchadienne, l’armée française a largement contribué et continue d’être aux côtés des forces de défense et de sécurité du Tchad pour la formation et la professionnalisation de son personnel, en plus d’une assistance en matériel et en renseignement militaire. Les anciens combattants qui sont au cœur de la polémique en cours, bénéficient d’une aide substantielle et multiforme de l’assistance militaire française. Celle-ci se matérialise aussi bien par la construction et l’équipement des maisons du combattant que par les soins que reçoivent les vétérans tchadiens de la Seconde Guerre Mondiale dans l’hôpital militaire français au Tchad.

Plus récemment, le personnel de la force Barkhane s’est considérablement impliqué dans les inondations qui ont endeuillé le Tchad. Cette aide comporte également un important volet civil, celui qui concerne notamment les investissements au Tchad de l’Agence Française de Développement (AFD).

En dix ans, précisément de 2011 à 2021, l’AFD a financé 82 projets, 500 000 personnes ont bénéficié d’un accès amélioré à l’eau potable ou à l’assainissement, 2,7 millions de personnes ont bénéficié d’un accès amélioré aux soins, plus de 200 000 enfants scolarisés au primaire, pour un montant total de 483 millions d’Euros[1].

S’agissant particulièrement de l’eau et de l’assainissement, l’AFD contribue de manière notable au renforcement du réseau en eau potable de la ville de N’Djamena, au financement de projets d’infrastructures aussi bien pour lutter contre les inondations que sur le plan de l’assainissement, notamment pour une gestion des déchets respectueuses des normes environnementales.

Pour ce qui concerne l’accès aux soins de santé, l’AFD apporte son aide en vue du renforcement de l’accès aux soins de santé maternelle et infantile, aux politiques publiques d’autonomisation des femmes, à l’équipement des centres de santé, aux campagnes de planification familiale. 

En conclusion, il faut noter que cette polémique s’inscrit dans une ère de volatilité de l’information qui est aussi celle de tous les abus, où un acte de communication sur les réseaux sociaux, passe parfois pour une information, alors même que celle-ci est bien éloignée de la réalité et charrie tous les abus. Un tel contexte exige des professionnels de la communication un devoir permanent de vérification et de rétablissement des faits.

Éric Topona Mocnga, journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle

[1] Agence Française de Développement, L’AFD et le Tchad, Agence de N’Djamena, 2021

Si certaines personnes choisissent de manifester physiquement ou verbalement leur intérêt pour la lutte contre la pollution de la planète causant le changement climatique, Mme Khadidja Ali Zakaria alias kadidreams styliste et artiste plasticienne, tchadienne a choisi l'art pour mener cette lutte. Portrait.

Née à N'Djamena, la capitale tchadienne, dans une famille modeste où aucun membre n'est artiste, cette jeune étoile de l'art plastique tchadien décide de tracer son chemin pour prouver son talent et montrer à ses parents et aux autres qu'ils ont tort de lui refuser sa chance de poursuivre son rêve de réussir autrement. Passionnée de voyage et de dessin dès son bas âge, elle n'avait fréquenté l'école que pour avoir l'esprit ouvert dit l’artiste. Selon elle, les études ne garantissent pas la réussite, il faut avoir de l'ambition et de la motivation pour suivre sa passion afin de réussir sa vie et réussir dans la vie. « J'ai arrêté l'école après avoir obtenu mon baccalauréat. Cela fait 5 ans que mes parents me demandent de reprendre les études, mais moi je me suis dit bon les études ne sont pas forcément payant, mais chacun a son destin. Grâce à mon métier, je subviens à mes besoins. On ne réussit pas tous en étudiant, on peut ne pas étudié et réussir. J'aime bien la vie que je mène je n'ai pas envie de laisser pour rien au monde. J'aimais déjà le dessin et la couture donc je me suis formée pendant un temps », dit-elle.

Pour mieux mener sa lutte, elle ramasse des fois les bouteilles, parfois case sont les enfants qui me les ramassent moyennant de pièces de monnaie, « cela leur permet d'éviter de voler ou  de mendier », explique Khadidja, Ali Zakaria. Elle pratique l'écoresponsabilité dans toutes ses œuvres artistiques, dans la conception de vêtement comme du tableau. « Je recycle de déchet puis je le transforme en de robe, jupe, pantalon. Je redonne la vie au plastique communément appelé leda, de bouteille d'eau et d'autres objets en plastique ». Elle se décrit comme une environnementaliste, l'idée de création avec les objets en plastique recyclé lui ai venue naturellement, « j'ai créé 7 tableaux en gros. Si cela ne tenait qu’à moi, je peignerais tous mes tableaux en noir, mais comme tout le monde n'est pas artiste et que c’est aussi un commerce j'en fais presque de tous les goûts et couleurs ». La couleur noire est-elle sa couleur préférée, qui selon elle représente l'élégance et la différence. « Mon objectif premier est de détruire ces bouteilles pour protéger les enfants en particulier les enfants communément appelés « mahadirine » et les enfants de la rue », souligne-t-elle. Pour Kadidreams, croire en son rêve n'est pas suffisant, il faut travailler fort.

NDM

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