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Dans une déclaration fait à l’adresse des diplomates accrédités au Tchad, le Ministre d'État, Ministre des Affaires Étrangères Abdramane Koulamallah demande à la communauté internationale de resserrer les rangs aux côtés du Tchad pour faire face à la nébuleuse secte Boko Haram.

Cette déclaration faite suite à l'attaque menée le 27 octobre dernier par la nébuleuse secte Boko Haram contre la position des forces armées tchadiennes au Lac causant la mort d'une quarantaine des soldats. « Les forces armées tchadiennes ont répliqué et mis en déroute l'ennemi. La situation est totalement sous contrôle », affirme le ministre. Il assure les diplomates accrédités au Tchad et les organisations internationales sur le terrain que leur sécurité sera toujours garantie.

NDM

À l'occasion des journées de sensibilisation suivie de dépistage gratuit du cancer de sein et du col de l'utérus par le programme de la lutte contre le cancer. Ialtchad Presse a fait une entrevue avec Mme Kaltouma Ramadan spécialiste en santé de reproduction à l'hôpital Tchad Chine.

Selon Mme Kaltouma Ramadan les premiers facteurs de risque c’est si la femme ne veut pas se faire dépister, le mariage précoce et les partenaires multiples. Ensuite pour elle l'homme est porteur sain, il n'a pas de vagin, ni d’utérus mais il peut contaminer et transmettre à la femme le virus HPV (Papillons virus humain) lors de rapport sexuel.

Mme Kaltouma Ramadan explique aussi le mode de transmission. Le rapport sexuel, l'accouchement sexuel, aussi l'introduction du doigt dans le vagin lors de toilette vaginale qui peuvent introduire le virus HPV (Papillons Virus humain) qui est responsable du cancer du col de l'utérus.

« C'est la raison pour laquelle que nous demandons aux femmes de venir se faire dépister. Le dépistage est gratuit ».

Elle termine ses explications en soutenant qu’au début, il n'y a pas de signe, ni des symptômes annonciateurs. « Le jour où elle a mal, elle a le cancer de l'utérus », lâche-t-elle.

Ousmane Bello Daoudou

Une soixantaine de volontaires du comité urbain de la croix rouge de la capitale tchadienne N’Djamena se sont mobilisés tôt, ce mercredi 30 octobre 2024, au Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) pour donner leur sang en faveur des soldats blessés suite à l'attaque de la secte Boko Haram contre les forces armées tchadiennes basées à Barkaram. « Ce que nous faisons entre dans le cadre de nos activités et ça fait partie de nos principes qui dit que l'humanité est avant tout. Nous avons l'obligation de donner du sang à nos frères blessés et qui sont certainement dans le besoin », déclare le président du comité urbain de la croix de la ville de Ndjamena, Moustapha Mahamat Modou.

Il souligne que le CNTS manque de sang et les volontaires viennent au secours pour donner un coup de main afin de répondre aux besoins urgents de toutes les personnes.

Jamais, l’exercice d’un pouvoir absolu, illégal et illégitime sur le continent Africain n’a bénéficié des circonstances aussi favorables.

En effet, les convulsions géopolitiques qui traversent la communauté internationale et dont les manifestations les plus parlantes sont la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine, la question Palestinienne et sa conflagration du moment (avec les guerres simultanées d’Israël à Gaza, au Liban, en Syrie et en Iran), le conflit latent de basse intensité de la Chine contre la Taïwan, la fièvre des crises migratoires qui donne des urticaires à l’Europe et à l’Amérique du Nord, l’émergence des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa) ou encore les poussées des partis extrémistes en Europe, ont entrainé non seulement, une perte de repères géostratégiques et des alliances, mais surtout un délitement de l’autorité des puissances, en particulier de l’Occident qui dictaient naguère la marche aux « petits » États.

Désacralisation des puissances Occidentales

Le délitement de l’autorité de l’Occident autrefois tout puissant, a pour corollaire, l’avilissement et la paralysie des institutions multilatérales (ONU, UA, CEDEAO, etc.) et des valeurs qu’elles incarnent notamment de démocratie, des Droits de l’Homme et de la bonne gouvernance, inspirées et garantie par l’Occident.

Contraint désormais de mettre sous le boisseau ses exigences de valeurs démocratiques et des Droits de l’Homme pour ne pas être mis hors-jeu diplomatiquement, militairement et économiquement par les régimes autoritaires de plus en plus nombreux et opportunément solidaires ainsi que la popularité transcendant les frontières nationales des hommes forts qui les animent, l’Occident qui n’impressionne désormais plus personne, subit, se détourne ou coopère lâchement.


Moralité, les putschs en Afrique ne suscitent plus la réprobation et encore moins la condamnation, si ce n’est du bout des lèvres lorsqu’ils ne sont pas purement acclamés comme dans la succession dynastique des Deby au Tchad. La Chine et la Russie qui d’ordinaire restaient passives, jouent désormais activement les béquilles financiers, militaires et diplomatiques des putschistes. Et pour se convaincre de l’impuissance désormais patente de l’Occident, il suffit de se rappeler le trésor d’imaginations en litotes, de la diplomatie et de l’armée étasuniennes pour ne pas braquer le général Tiani, président putschiste du Niger, qui venait pourtant de renverser Mohamed Bazoum, président démocratiquement élu et qui était leur allié de choix au Sahel. Peine perdue, Tiani finira par mettre hors du Niger les Boys en dictant le chronogramme et les modalités[1]. Les Boys seront également expulsés du Tchad dans les mêmes conditions. Il faudra se pincer pour le croire.

Quant à la France, sa prudence de gazelle à l’égard du capitaine Ibrahim Traoré qui venait de renverser le précédent putschiste, Sandaogo Damiba, n’a rien changé au destin de sa coopération militaire et de sa coopération tout court avec le nouveau Burkina Faso : ses forces spéciales Sabre ont dû faire leur paquetage et libérer fissa la base de Kamboisin à Ouagadougou le 18 février 2023 pour rentrer à Paris et ses diplomates sont expulsées du pays sans ménagement. Il est bien loin l’époque où l’armée française fait et défait les pouvoirs en Afrique. Elle pourrait toujours le faire du point de vue opérationnel, mais plus aucun politique à Paris n’acceptera d’en endosser la responsabilité politique et diplomatique. Preuve s’il en est, de la lente agonie de la France Afrique. Et tant mieux.

Il demeure cependant qu’en dépit de ces expulsions humiliantes et la présence de plus en plus marquée des Russes, chacune de ces puissances occidentales y compris la France, continuent de tendre la main aux néo-putschistes sahéliens qui pourtant la refusent bruyamment : soit par paranoïa, soit qu’ils ne veulent pas de témoins gênants sur le théâtre de leurs opérations militaires et politiques, mais surtout dans leur ménage avec Wagner hier et Africa Corps aujourd’hui.

Par ailleurs, le putschiste africain dont l’audience sous la géopolitique de la guerre froide, se limitait à l’un ou l’autre des blocs (soviétique communiste ou Occidental libéral), mais pas les deux à la fois, peut aujourd’hui revendiquer une double alliance et qui plus est, à ses propres conditions. L’héritier président Mahamat Deby Itno au Tchad avec sa double, triple ou quadruple alliances improbables (France, Russie, USA, Hongrie, Émirats Arabes Unis, Qatar, notamment) en est l’illustration.

Crépuscule de la Démocratie et des droits de l’Homme

Visiblement tout concoure au crépuscule de la démocratie libérale. Et pourtant, l’histoire en cours de l’humanité montre comme l’affirmait W. Churchill que celle-ci demeure « le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres ».  La preuve, même ceux qui font tout le contraire de ce que la démocratie induit, organisent des élections générales frelatées pour s’en attirer les faveurs et la reconnaissance. Ils invoquent par ailleurs, la légalité démocratique et institutionnelle fussent-elles cousues de fil blanc, pour s’opposer ou se prémunir contre toute remise en cause de leur pouvoir alors qu’ils ont eux-mêmes ouvert la boîte à pandore des coups d’État militaires ou constitutionnels. Que croient-ils qu’il se passera un jour dès lors que leur pouvoir absolu ne laisse comme seuls alternatifs aux citoyens et opposants que la soumission ou le putsch ?

Pour ainsi dire, libérés de la pesanteur démocratique et droit-de-l’hommiste de l’Occident et des instances multilatérales, le néo-putschiste dispose et exerce désormais un pouvoir absolu. Il n’est même plus sensible aux gémissements des Organisations Non Gouvernementale (ONG). Quant aux médias, soit ils sont censurés sur commande par les régulateurs plus que jamais zélés, soit, ils pratiquent eux-mêmes de l’auto-censure.

Mais pour autant qu’est-ce que les néo-putschistes sahéliens de la décennie ont fait de leur pouvoir absolu en termes de plus-value de progrès social et économique, de bien-être et de sécurité pour leur population ? La question se pose aussi pour l’indépendance, la souveraineté et le rayonnement du pays au-delà des narratifs et poncifs éculés sur la pseudo-souveraineté, un patriotisme frelaté et un panafricanisme de simple tribune ? Bien malin qui pourra y répondre. Mais une des explications plausibles serait dans leur impréparation à l’exercice du pouvoir.                      

Déficit béant de stature, de vision et de culture politique et idéologique

S’il existe un trait commun entre les néo-putschistes de la décennie 2020, et ce n’est pas leur faire injure que de le relever, c’est leur inculture politique et idéologique, voire leur inculture, tout court. Que pensent-ils du pouvoir politique et de son exercice ? Que veulent-ils faire du pouvoir ? Sur quel critère (économique, social, environnemental, diplomatique, politique, etc.) demandent-ils à être évalués un jour ? Que veulent-ils que l’Histoire retienne de leur exercice du pouvoir ? Quelle est leur vision politique intrinsèque au-delà de ce que les « spin doctor » leur mettent sous le nez devant micros et caméras et qu’ils ânonnent souvent scolairement ?

Ils se revendiquent pour certains de la révolution. Mais peut-on être un révolutionnaire accompli sans culture de ce courant politique ; laquelle ne peut être acquise que par la formation et une lecture assidue des penseurs émérites. Sans aller jusqu’à l’affirmation de Thomas Sankara lui-même, selon laquelle « un militaire sans formation politique n’est qu’un criminel en puissance », l’impression que les néo-putschistes donnent est qu’ils n’ont qu’un seul crédo, un seul idéal : rester au pouvoir et durer aussi longtemps qu’ils le pourront ; peu leur importe le prix à payer et le sacrifice pour la population, bref le sort du pays.

Mobutu Cessé Séko, Modibo Kéita, Houphouet Bogny, Hissein Habré, Ngarta Tombalbaye, Mathieu Kérékou, Sékou Touré, Julius Nyerere ; Jomo Kenyatta notamment, étaient tous autant qu’ils le sont, des dictateurs finis, accomplis et féroces. Mais, et ce n’est pas versé dans la réhabilitation que de leur reconnaître une stature d’homme d’État ; une vision du pouvoir, contestable sans doute ; et une culture politique dense et forte alors même qu’ils n’ont pas tous fait des études universitaires et encore moins fait science po. Si leur bilan en termes de démocratie et des droits de l’homme frise le néant et donne le frisson, ils ont, pour certains, développé économiquement et socialement leur pays, et pour d’autres, donner un nom à leur pays et la fierté à leurs concitoyens par l’aura de leur stature dans les cénacles internationaux. Peut-on en dire autant des néo-putschistes en particulier, sahéliens[2] ?

À chacun de se faire son opinion, mais une chose est certaine, si l’Afrique continue de sélectionner ses dirigeants par l’hérédité ou sur la seule foi du statut militaire, elle donnera encore longtemps raison à René Dumont qui prophétisait déjà en 1962 : « L’Afrique noire est mal partie ».

Abdoulaye Mbotaingar
Docteur en droit
Maître de conférences à l’université

[1] Tiani réservera le même sort à l’armée allemande. Seule l’Italie pour l’instant garde ses faveurs.

[2] Olingui Nguema du Gabon est un cas à part. Même s’il n’est pas hasardeux de penser qu’il a conquis d’autorité le pouvoir pour le lâcher de sitôt, la transition qu’il conduit reste ouverte et il n’a pas rempli les prisons du Gabon d’opposants. Ceux-ci au contraire continuent de rentrer d’exil pour y prendre part et exercent librement leurs droits politique et civile.

C’est dans un hôpital de Niamey que Hama Amadou a tiré sa révérence ce mercredi 24 octobre. Lorsqu’il rentre dans la fonction publique nigérienne en 1971, cet administrateur des douanes ne se destine pas à la politique. Il appartient plutôt aux premières vagues de ces hauts fonctionnaires qui ont pour mission de construire l’administration d’un pays indépendant depuis seulement onze années. À l’instar de nombre d’États africains, le Niger est indépendant depuis le 1er octobre 1960. Quatorze années plus tard, en 1974, le lieutenant-colonel Seyni Kountché renverse le premier président de la République, Hamani Diori. C’est le début d’une militarisation du pouvoir politique qui s’étendra sans interruption jusqu’à 1991. Car, après le décès de Seyni Kountché en 1987, le colonel Ali Saibou lui succède et dirigera le Niger jusqu’en 1993, période charnière pour l’histoire politique du Niger et de l’Afrique durant laquelle les partis uniques s’effondrent, les conférences nationales souveraines deviennent des constituantes, qui vont ouvrir la vie politique au pluralisme politique dans le cadre de processus démocratiques qui demeurent en cours.

Mahamane Ousmane est élu chef de l’État le 16 avril 1993 à l’issue de la Conférence nationale souveraine. Il dispose d’une majorité relative au parlement, ce qui limite considérablement sa marge de manœuvre pour gouverner sereinement le pays. En 1994, Mahamadou Issoufou, leader du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), quitte la coalition gouvernementale. Cette rupture contraint le président Mahamane Ousmane à dissoudre l’Assemblée nationale et à convoquer les Nigériens aux urnes pour de nouvelles élections législatives. 

Une carrière dense

À l’issue de ce scrutin, le chef de l’État sera contraint à une cohabitation.

Hama Amadou sera désigné président de l’Assemblée nationale tandis que Mahamadou Issoufou sera nommé aux fonctions de Premier Ministre, chef du Gouvernement. 

Hama Amadou fut au cœur des deux cycles politiques majeurs qui ont structuré la vie politique au Niger. Directeur de cabinet des présidents Seyni Kountché et Ali Saibou, il a su naviguer à bord du navire du parti unique comme du navire de la mouvance démocratique lorsqu’advint le multipartisme en 1991. Il fut opposé à Mahamadou Issoufou lors de la Conférence nationale souveraine tenue du 29 juillet au 03 novembre 1991 à Niamey. Deux décennies plus tard, en 2011, Hama Amadou apporta à Mahamadou Issoufou son soutien au second tour de sa présidentielle victorieuse. Mais ce fut de nouveau la brouille entre les deux hommes à la présidentielle de 2016, sur fond d’une histoire rocambolesque de trafic de bébés volés lors de laquelle l’ancien  Premier ministre  et ancien président de l’Assemblée nationale ainsi que son épouse, furent placés sous mandat de dépôt.

Morts et résurrection

De son parcours sur la scène politique nigérienne, l’on pourrait dire que celui de Hama Amadou a été jalonné de plusieurs vies et de plusieurs morts.

Parfois, vaincu ou défait, mais jamais politiquement enseveli. Il était de ces hommes politiques dont on pourrait dire que les défaites d’hier ou d’aujourd’hui sont le tremplin pour les batailles de demain, voire la motivation et le carburant des batailles à venir. Durant sa longue carrière politique, Hama Amadou a été aussi familier des palais et des ors de la République que des maisons d’arrêt ou du bannissement de l’exil. Suite au coup d’État du 27 janvier 1996 du général Ibrahim Baré Maïnassara, Hama Amadou exprime son opposition à ce coup de force. Sa formation politique le  Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara) matérialise son rejet du putsch en ralliant le Front pour la restauration et la défense de la démocratie (FRDD). Cet acte de défiance lui vaudra d’être interpellé par la police politique de son pays.  En 2008, incarcéré pour un chef d’inculpation de détournement de fonds publics, il bénéficie d’un non-lieu en 2012, après une mise en liberté provisoire en 2009. Comme Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan dans la querelle autour de la présidence du Front Populaire Ivoirien (FPI) en Côte d’Ivoire, Hama Amadou est évincé de la présidence du MNSD-Nassara pendant sa détention. Mais fort de son aura et du capital de sympathie dont il jouit au sein d’une bonne frange de l’opinion nigérienne, il créera le 12 mai 2009 une nouvelle formation politique à vocation panafricaine, le Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN/FA) qui parviendra à acquérir un ancrage national. En exil en France, Hama Amadou s’oppose à un troisième mandat de Mamadou Tandja dont il fut le Premier ministre durant sept ans et se félicite du coup d’État de Salou Djibo. En 2015, de nouveau incarcéré dans l’affaire du « trafic des bébés volés », il battra campagne du fond de sa cellule en 2016 et se qualifie pour le second tour contre le chef de l’État sortant Mahamadou Issoufou. Il sera de nouveau incarcéré le 18 novembre 2019 dans la même affaire pour purger une peine de huit mois de prison. En février 2021, suite à un mouvement de contestation des résultats de la présidentielle, il est de nouveau incarcéré puis libéré pour raisons médicales qui le conduiront de nouveau en France pour bénéficier de soins appropriés.

 L’infamie du « trafic des bébés importés du Nigeria »

Avec la disparition ce jour de Hama Amadou, l’ex-chef de l’État, Mahamadou Issoufou exprime son chagrin et dit « pleurer son meilleur adversaire ». Les observateurs de la vie politique nigérienne voudraient bien accorder du crédit au chagrin de l’ancien chef de l’État. Il y’a toutefois lieu de souligner qu’il n’aura rien épargné à son « meilleur adversaire ». C’est grâce au soutien décisif de Hama Amadou en 2011, que Mahamadou Issoufou fut élu au second tour de la présidentielle et devint président de la République. 

Mais en 2013, le parti de Hama Amadou, alors président de l’Assemblée nationale, rompt l’alliance politique qui le liait au parti au pouvoir du Président Mahamadou Issoufou, le  Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya). Il s’ensuivra un feuilleton judiciaire qui aura tout l’air d’une chasse aux sorcières, d’une instrumentalisation de la justice à des fins politiques contre l’allié politique d’hier, qui aura décidé de recouvrer sa liberté de pensée et son autonomie politique dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. La même année, il est inculpé dans une procédure judiciaire pour « trafic de bébés importés » du Nigeria en même temps que sa deuxième épouse. Il s’exile en France et à son retour deux ans plus tard, le 14 novembre 2015, il est placé sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Filingué, à 200 kilomètres de Niamey. Il sera condamné par contumace à un an de prison dans cette scabreuse affaire. Cette affaire n’entachera pas seulement la réputation et l’honneur de Hama Amadou. Sa vie familiale en sera profondément marquée et sa carrière politique aussi.

Cette accusation le suivra jusqu’à la fin de ses jours comme une ombre portée, tant et si bien qu’il n’aura eu de cesse de faire feu de tout bois pour rétablir son honneur.

 Hama Amadou et la junte actuelle à Niamey

À  son retour d’exil de France suite au coup d’État militaire qui aura renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023, Hama Amadou, au sujet de la situation politique dans son pays et le déclassement de la France, n’a pas fait mystère de son agacement sur ce qu’il considérait alors comme une politique étrangère française en Afrique à géométrie variable, une sorte de deux poids deux mesures de Paris face aux coups d’État militaires, selon que les putschistes étaient dans les bonnes grâces de la France ou non. Dans un entretien au Mondafrique, s’exprimant d’un ton libre duquel semblait poindre une rhétorique souverainiste, il dresse sans détours et en toute froideur l’état d’esprit des opinions africaines, que certains éditorialistes, diplomates et hommes politiques en France considèrent comme un sentiment anti-français :

« Les Nigériens n’ont aucune haine envers la France et envers les Français (…) S’il s’agit des intérêts de la France, le Niger n’a pas remis en cause, jusqu’à présent, les accords sur l’exploitation de l’uranium. Il n’a rien remis en cause. Il a seulement exprimé sa volonté de voir partir les bases françaises ». 

La liberté de ton de Hama Amadou est dans la juste continuité de ses prises de position antérieures sur les relations France-Afrique. À cet égard, on peut lui faire crédit d’une réelle cohérence.

Hama Amadou, le Niger, la France 

Hama Amadou n’a pas attendu la prise de pouvoir actuel des militaires à Niamey pour exprimer son souhait de voir advenir une refondation des relations entre la France et son pays. Déjà, en 2011, il estimait urgent et nécessaire de revoir la coopération entre les deux pays. D’une part en raison de l’insupportable déséquilibre qui caractérise cette relation bilatérale et qui n’a que trop duré, d’autre part du fait d’une mutation générationnelle profonde telle que la jeunesse nigérienne, comme la jeunesse africaine dans d’autres anciennes colonies françaises, ne comprennent pas que le logiciel des relations entre ces deux pays soit demeuré le même depuis l'accession du Niger à la souveraineté nationale et internationale : « Il n’est pas possible à long terme de continuer à avoir des relations dans lesquels l’un des partenaires gagne au détriment de l’autre. Je pense notamment à l’exploitation de l’uranium du Niger qui est réalisé depuis quarante ans par une société française, qui sert beaucoup les intérêts économiques de la France, mais dont l’exploitation n’a eu quasiment aucun impact financier sur le Niger, qui en est pourtant le propriétaire légitime. Il y a un ajustement d’intérêt, un rééquilibrage, à faire pour que la coopération soit profitable aux deux parties. Ce sont des choses que les plus jeunes, qui ont moins d’attaches sentimentales avec la France, vont de plus en plus mettre en relief, ce qui pourrait causer des problèmes. Il faut donc réajuster tout cela avec la France avant que certains ne veuillent les faire partir au bénéfice d’autres investisseurs étrangers »[1].

Dans le paysage politique nigérien, Hama Amadou n’était pas seulement une présence, c’était aussi une voix dont l’écho continuera de porter après sa disparition.

Éric Topona Mocnga, journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle, spécialisé dans les questions politiques et géopolitiques en Afrique et dans le monde.

 

[1] Hama Amadou, Premier ministre du Niger (1995-1996, 1999-2007), candidat à l’élection présidentielle (31 janvier 2011). L’ambition renouvelée du Niger.

Le SWEDD a organisé une table ronde avec des autorités politiques, traditionnelles, des leaders religieux, de la société civile et les organisations non gouvernementales, ce mardi 22 octobre dans un hôtel de la capitale tchadienne, N’Djamena. Une présentation d’un projet technique dénommé autonomisation des femmes et de dividende démographique en Afrique subsaharienne plus (SWEDD+) a été faite. 

L'objectif de cette table ronde est de partager les expériences des acteurs des différentes provinces du pays sur le projet SWEDD déjà exécuté, et échanger sur les difficultés rencontrées afin de proposer des nouvelles stratégies pouvant améliorer la mise en œuvre des activités du SWEDD+. Toute en remerciant les partenaires techniques et financiers, le directeur de la population et du développement Humain M. Narcisse Ndjimasra, souligne « le but spécifique de cette rencontre est de situer et présenter les rôles et responsabilités des acteurs impliqués dans la mise en œuvre, de développer les concepts liés aux thématiques SWEDD+, d'identifier de nouvelle stratégie pour une meilleure efficacité de mise en activité ». Selon M. Narcisse Ndjimasra, ce projet vise à maintenir l'élan développé par les premières itérations de SWEDD et à élargir l'impact sur les adolescents et leur communauté. SWEDD+ mettra davantage l'accent sur le renforcement de compétences sur la vie des adolescentes et des jeunes femmes et leur connaissance en matière de santé sexuelle et reproductive. Il va favoriser le maintien des filles à l'école, la création des débouchées économiques et prévenir davantage les violences basées sur le genre (VBG) en s'attaquant à leurs racines profondes précise le directeur Ndjimasra.

NDM

Le président de l'agence nationale de gestion des élections (ANGE) M. Ahmed Bartchiret a fait une tournée des différentes mairies des arrondissements de la ville de N'Djamena ce samedi 19 octobre pour constater les conditions mise en place pour la réception de candidature qui répondent aux normes.

« Tout est prêt pour recevoir les différentes candidatures qui correspondent aux critères, pour les élections », affirme M. Batchiret. L'organisation des élections couplées du 29 décembre 2024 a atteint sa vitesse de croisière avec la publication du chronogramme des activités et le dépôt de candidature qui a commencé. Pour M. Ahmed Bartchiret président de l'ANGE, une élection couplée est une nouvelle expérience pour le Tchad qui doit être respecté selon le cahier des charges de la transition qui ne doit pas dépasser l'année 2024.

Cependant cette élection couplée fait face à de véritables défis pour toutes les parties prenantes et surtout pour L'ANGE. « Pour réussir le pari de ce scrutin l'ANGE met tout en œuvre. Le dépôt de candidature qui est une phase clé du processus électoral va du 19 au 28 octobre. Il me plaît de rappeler au parti politique et groupement de parti politique que la participation aux élections exige le respect de critère fixée par la loi. A tous les candidats, l’ANGE vous demande de respecter les lois électorales » souligne M. Ahmed Bartchiret. Il rappelle aux partis et regroupement politique de bien s'assurer de remplir tous les critères de candidature et aux électeurs de s'assurer de leur inscription sur la liste. M. Ahmed Bartchiret demande aussi aux partenaires techniques et financiers du Tchad de s'engager davantage dans le financement et l’accompagnement technique du scrutin afin de donner au Tchad la chance de réussir.

NDM

L’information a été ébruitée en début de semaine et a fait le tour des réseaux sociaux et de la presse, africaine et française. Kémi Séba, le sémillant leader du mouvement néo-panafricaniste « Urgences panafricanistes » a été interpellé en plein Paris, le lundi 14 octobre 2024, par des agents cagoulés des services français de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) alors qu’il déjeunait avec un proche dans un restaurant.  Sa garde à vue a été levée mercredi en fin de journée. Selon le parquet, « les investigations sur l'infraction d'ingérence étrangère se poursuivent dans le cadre de l'enquête préliminaire ».

Notons que ce n’est pas la première fois que l’activiste panafricain est aux prises avec les forces de l’ordre et la justice française. Il a été plusieurs fois condamné par le passé pour incitation à la haine raciale.

Au demeurant, sa récente interpellation intervient dans un contexte tout à fait singulier. En effet, Kémi Séba a été déchu de sa nationalité française en juillet dernier, après avoir déchiré son passeport français sur la place publique, non sans dissimuler sa fierté de se voir ôter par la suite son statut de citoyen français. Dans la foulée, il se vit attribuer un passeport diplomatique nigérien par la junte au pouvoir dont il s’est rapproché et fut nommé conseiller spécial du chef de la junte militaire nigérienne, le général Abdourahamane Tiani.

Ce que fait courir Kémi Séba

Mais qu’est-ce qui fait courir le leader des Urgences panafricanistes, qui a trouvé au Niger une seconde patrie et est perçu par une certaine jeunesse africaine comme le rédempteur d’un panafricanisme authentique qui rendra aux peuples « afrodescendants » leur grandeur ?

Avant d’y répondre, il y a lieu de souligner que l’émergence véritable et durable de l’Afrique est une nécessité historique. Il ne fait guère de doute que l’Afrique contemporaine, comme celle de demain, après des siècles d’esclavage et de colonisation, de domination impérialiste et de néo-colonialisme, a besoin d’un supplément d’âme. Le berceau de l’humanité, pour y parvenir, dispose aujourd’hui du capital humain. Mais force est de reconnaître que l’Afrique demeure scandaleusement à la traîne et souffre d’une insupportable marginalisation, de politiques de prédation et de pillages qui se traduisent par un manque d’estime de soi de ses peuples, pis encore, d’un déclassement aux yeux du reste du monde, tant et si bien que dans les imaginaires s’est installé le préjugé selon lequel ce continent serait en proie à un déclin fatal.

Naissance de mouvements de la conscience noire

C’est pour déconstruire cette image d’Épinal et rendre aux peuples noirs en général cette estime de soi qu’en Afrique, aux Amériques et en Europe ont émergé, à l’aube du XXe siècle, des mouvements de la conscience noire, dont le point d’aboutissement en Afrique fut le mouvement panafricaniste avec ses pères fondateurs : Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Barthélémy Boganda, Hailé Sélassié, Ahmed Sékou Touré, Cheikh Anta Diop, entre autres.

Toutefois, le néo-panafricanisme actuel, dont le mouvement des Urgences panafricanistes se veut le prolongement en vue de la « continuité de la conscience historique » africaine chère à Cheikh Anta Diop, peut-il revendiquer une juste filiation intellectuelle avec le panafricanisme des pères fondateurs ? De quoi le néo-panafricanisme est-il le nom ?

Un début de réponse à ces interrogations plus actuelles que jamais réside dans le communiqué de la porte-parole des Urgences panafricanistes, Maud-Salomé Ekila, au lendemain de l’interpellation à Paris de Kémi Séba :

« Dans le cadre de ses activités politiques, Kémi Séba a commencé une tournée de sensibilisation des diasporas africaines sur la nécessité de soutenir et d’accompagner les processus souverainistes des peuples afrodescendants partout dans le monde. »

De l’exégèse minimale de cet extrait, il apparaît clairement que, dans sa posture messianique de porte-parole des peuples afrodescendants, Kémi Séba a initié la tournée qui l’a conduit à Paris, afin que les diasporas africaines fassent bloc autour des « processus souverainistes » des peuples dits « afrodescendants ».

Apologie des régimes militaires

Or, lorsque nous parlons de « processus souverainistes », il s’agit en réalité de quelques régimes d’Afrique de l’Ouest, et notamment de l’un de ceux pour lesquels il émarge actuellement. C’est le lieu de se demander en quel sens il s’agit de mouvements de « peuples afrodescendants ».  Tous ces nouveaux régimes militaires qui revendiquent aujourd’hui des « processus souverainistes » sont arrivés au pouvoir par des coups d’État militaires. Aucun de ces nouveaux pouvoirs, au moment de leur prise de pouvoir, n’a clairement affiché une idéologie panafricaniste, encore moins souverainiste. Ils ont plutôt essayé tant bien que mal de se conformer aux exigences de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) dont ils étaient membres, notamment pour un retour à la normalité constitutionnelle et à des pouvoirs civils. Ils s’y sont tenus jusqu’au moment où leur volonté affichée de conserver le pouvoir s’est avérée inconciliable avec l’agenda de l'institution sous-régionale qui, certes, n’est pas sans reproches.

Ces militaires en ont justement tiré parti pour emboucher les trompettes du combat contre le néo-colonialisme et pour la restauration de la dignité des peuples africains. C’est alors que s’est enclenché, dans les capitales de ces pays, un ballet de néo-panafricanistes venus leur apporter le vernis idéologique et la caution populaire qui leur faisaient tant défaut. Force est de reconnaître qu’à cette occasion le leader des urgences panafricanistes a su jouer sa partition comme il n’en avait jamais eu l’opportunité en terre africaine.

À l’heure du bilan, il y a lieu de se demander ce qu’il y a de « populaire » et de « souverainiste » dans les pratiques de pouvoir de ces régimes néo-panafricanistes.

 L'insécurité qu’ils se sont donné pour mission de combattre s’est accrue et menace la stabilité de ces États, comme c’est le cas actuellement au Mali et au Burkina Faso ; le respect des droits humains est en nette régression, l’opacité dans la gestion de la fortune publique et la corruption ne se sont jamais aussi bien portées, comme l’atteste le récent rapport de l’ONG Transparency International sur le Niger.

L'argent de Moscou

Mais le mouvement néo-panafricaniste et ses figures de proue ne sont pas à un reniement près. Ils ont tous en commun leur inféodation aux puissances de l’argent venu de Moscou. Ils ont ceci de singulier et d’effarant qu’ils sont alignés au garde-à-vous sur les positions de Moscou en matière de politique internationale et ne s’autorisent jamais la moindre critique, la moindre contradiction, même lorsqu’il y a lieu de porter de légitimes critiques sur la politique extérieure du Kremlin. À titre d’exemple, ils sont demeurés silencieux chaque fois que les mercenaires de l'Africa Corps (ex Wagner) se sont rendus coupables de multiples violations documentées de droits humains en République centrafricaine, au Soudan ou encore au Mali.

Tout aussi effarant, ils sont demeurés étonnamment silencieux au moment du décès dans des circonstances troubles de leur agent traitant Evgueni Prigogine, le truculent patron de l’entreprise paramilitaire Wagner, le 23 août 2023 à Koujenkino, dans un crash d'avion.

Ces silences coupables conduisent à se demander si le souverainisme de leur credo panafricaniste se limite à la dénonciation des abus de position dominante de l’Occident en Afrique. Plus grave, de quelle autonomie intellectuelle disposent-ils lorsqu’ils reçoivent leur pitance de la main de Moscou, comme l’a démontré récemment, preuves à l’appui, une enquête fouillée du magazine Jeune Afrique ?

Le temps des clarifications

Sur un plan strictement idéologique, il est grand temps de passer au crible les fondements culturels de ce néo-panafricaniste qui abuse parfois de concepts sans apporter les clarifications qui s’imposent. Vouloir faire croire qu’il existe une communauté de destin entre tous les afrodescendants à travers le monde est une escroquerie intellectuelle, historiquement et factuellement intenable. Quels intérêts politiques communs existent-ils entre une Kamala Harris, un Barack Obama et le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte au pouvoir à Niamey ? Le fait d’avoir en commun avec un Américain noir, un Britannique noir ou un Brésilien noir un phénotype, une couleur de peau semblable, impose-t-il l’appartenance à une communauté politique ? Le mouvement des Urgences panafricanistes, autrefois Tribu K, de revendication raciale (dissous en juillet 2006 par les autorités françaises), qui postule l’idée d’une essence nègre, prospère cependant et, c’est le moins que l’on puisse en dire, sur un racisme à rebours comme l’attestent les condamnations de son leader pour incitation à la haine raciale, à l’instar d’Éric Zemmour, son pendant hexagonal.

Or, selon les termes de la Déclaration sur la race et les préjugés raciaux du 27 novembre 1978, adoptée par acclamation lors de la 20e session de la Conférence générale de l'Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), article 2.1 : « Toute théorie faisant état de la supériorité ou de l’infériorité intrinsèque de groupes raciaux ou ethniques qui donnerait aux uns le droit de dominer ou d’éliminer les autres, inférieurs présumés, ou fondant des jugements de valeur sur une différence raciale, est sans fondement scientifique et contraire aux principes moraux et éthiques de l’humanité ». Pourtant, le panafricanisme originel des William Edward Burghardt du Bois, dit « W.E.B. du Bois », Kwame Nkrumah, Aimé Césaire, Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor ou Modibo Keïta est réellement de l’humanisme. Le kémitisme et le néo-panafricanisme actuels en sont fort éloignés.

Éclaireurs de conscience

Il y a donc urgence et nécessité, dans les cercles intellectuels et médiatiques, en Afrique comme dans sa diaspora, de déconstruire toutes ces idéologies factices qui sont devenues des fonds de commerce pour leurs promoteurs et contribuent à maintenir la jeunesse africaine dans une dangereuse impasse et dans l'obscurantisme. C’est à partir de l’observation froide, sans œillères envers le réel, que l’Afrique parviendra à se hisser à la hauteur des innombrables défis d’aujourd’hui et de demain et à les relever de manière urgente. On ne transforme guère la réalité historique sur la base des mythes, mais sur des réalités. La jeunesse africaine n’a pas besoin de messies, mais d’éclaireurs de conscience, afin qu’elle parvienne à la pleine maîtrise de son destin. Le développement de l’Afrique passe au préalable par la conceptualisation d’outils de pensée qui transforment le réel pour le bien-être des peuples.

Éric Topona Mocnga, journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle

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