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L'Union nationale des associations des personnes handicapées du Tchad (UNAPHT) demande au gouvernement  de respecter les textes nationaux et internationaux portant  protection et promotion des personnes vivant avec un handicap.

Pour Madjitelsem Séverin, secrétaire général adjoint de l’Union nationale des associations des personnes handicapées au Tchad (UNAPHT) et par ailleurs conseiller de la République au Conseil économique et social, la loi 007 qui date de 2007 n’est pas respectée.  « Cette loi traite la question de l'accessibilité des femmes, enfants et personnes handicapés  à la scolarité, à  l'emploi et aux structures sanitaires. Entre 2019 et 2020, un autre décret  d’application de cette loi a été pris, mais les défis de la protection et la promotion des personnes handicapées reste à relever car, aujourd'hui elles  rencontrent  des difficultés à avoir l'accès à l'éducation et à l'emploi, beaucoup sont formées dans les écoles professionnelles à l’intérieur comme  à l'extérieur du pays. Cependant, ils  se retrouvent à la maison abandonnés à eux-mêmes », regrette-t-il.

Toutefois, ajoute-t-il, le président de la République Mahamat Idriss Deby Itno et le Premier ministre ont réitéré la problématique d'emploi des jeunes comme une priorité. «  Donc,  nous rappelons  les plus hautes autorités au respect de leurs  engagements au niveau national et international sur la protection et promotion des droits des personnes handicapées et la disposition de l'article 27 de la convention relative aux personnes handicapées que le Tchad a ratifiée en juin 2019. Ces dispositions de l'article 27 parlent de l'emploi des personnes en situation de handicap  et c'est l'État qui a la première responsabilité d'agir en ce sens ».

Madjitelsem Séverin  indique que les personnes vivant  avec un handicap sont stigmatisées  au sein des communautés. « La plupart des Tchadiens pensent que les personnes handicapées sont incapables de bien travailler. Cette mentalité crée des injustices dans le monde du travail. Dans certaines entreprises au Tchad, les jeunes handicapés n'ont pas l'accès à l'emploi. Et, ceci constitue une violation des droits de l'homme. En dehors de la loi 007, il existe d'autres textes et décrets qui protègent  les droits des personnes handicapées mais malheureusement leur application pose problème. Notre pays le Tchad est un pays qui a des beaux textes, mais ces textes souffrent d'application, ils ne sont pas traduits dans les faits », fait-t-il savoir.

 Le conseiller de la République salue la volonté des hautes autorités du  Tchad avec la création d’une agence pour les personnes en situation de handicap  malgré le retard de la mise en place de cette agence qui est une recommandation du dialogue national souverain et inclusif. « Je crois que des voix se sont levées au niveau des associations des personnes handicapées via l'union nationale des personnes handicapées qui est la faîtière qui agit à l'échelle nationale, sous-régionale et continentale  pour la mise en place  effective de l’agence. Cette agence doit jouer le rôle d'interface entre l'État et les partenaires ou les organisions des personnes handicapées vivant au Tchad. J’interpelle les  gouvernants, les organisations non gouvernementales, les entreprises et  les Tchadiens en général d’accorder  une attention particulière aux  personnes vivant avec un handicap », clame  Madjitelsem Séverin.

Amadou  Voundia

C’est pour la deuxième fois que la France à travers son Parquet national financier (PNF) vise le président tchadien Mahamat Idriss Deby Itno.

La première enquête concernait l’achat des costumes et le 23 août dernier, le journal français Mediapart a révélé que le patrimoine immobilier de Mahamat  Idriss Deby et sa famille est évalué à au moins 30 millions d’euros.  Ces révélations fracassantes lèvent le voile sur la crise entre l’Élysée et le Palais Toumaï.        

Depuis que le président tchadien Mahamat  Idriss Deby Itno a effectué une visite à Moscou en Russie en janvier 2024 et la récente visite du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, les relations entre la France et le Tchad ne sont plus au beau fixe. « Au lendemain de la mort du Deby père, la France a adoubé Deby fils pour préserver certains de ses intérêts comme la lutte le terrorisme dans le Sahel et d’autres accords bilatéraux signés entre la France et le Tchad au temps du Maréchal Idriss Deby Itno. Mais, le déplacement de Mahamat  au Kremlin pour rencontrer Poutine a été vu par les Français comme une trahison. Sinon comment comprendre que Mahamat Idriss Deby arrive en Russie le 24 janvier et dès son retour au pays, la France sort une histoire que le président dépense un million d’euros pour l’achat de costumes », estime des sources au Palais Toumaï de N’Djaména contactée par Ialtchad.  Les mêmes sources font savoir qu’avec cette deuxième enquête, c’est une pression que l’Élysée veut faire sur Mahamat Idriss Deby Itno par rapport à son rapprochement avec la Russie et d’autres partenaires considérés comme ennemis de la France.

« A ce stade, ce sont des biens immobiliers, des appartements de prestige de haut standing de luxe et d’autres appartenant à plusieurs membres de ce qu’on pourrait appeler le clan Deby. Ce sont des achats qui datent au début 2000 et ça peut évidemment concerner également les pratiques de Deby père tué en 2021 et de son fils Mahamat qui a pris les rênes du pays et élu dans les circonstances dénoncées par les ONG et certaines chancelleries occidentales », a justifié sur les antennes de RFI Fabrice Arfi, coauteur de l’enquête de Mediapart.

Cette affaire semble prendre de l’ampleur. Et a, apparemment vexé, selon les plusieurs sources, le jeune président tchadien qui est tenté de faire plus de place au Tchad à la Russie, mais qui semble hésité de peur que la France ne nuise à son fragile pouvoir. Pour l’instant, il maintiendra sa ligne : faire cohabiter l’ours russe (Russie) et le coq gaulois (France). Il boude la France, mais n’ira pas à la confrontation et à la rupture, disent plusieurs observateurs. « Il sera mieux avisé de faire le dos rond pour laisser passer la tempête. Malheureusement l’Élysée ne peut rien faire pour lui. En France la justice est indépendante », affirme l’entourage du président français.

Amadou  Voundia

En paraphrasant l’ancienne devise Olympique : « Citius, Altius, Fortius », il est permis d’affirmer à l’aune du processus transitoire en cours au Tchad que le système Deby-fils va toujours « Plus Vite, Plus Haut, Plus Fort » dans la « Hougoura[1] », soit, un continuum de mépris, de défiance, d’effronterie, d’ostracisme à l’égard d’une partie de la population au demeurant, narguée, outragée, offensée, humiliée sciemment et à satiété. Une frange de la population dont l’interminable purgatoire, confinant à l’ogonie, ne suffira pourtant pas à expier les torts congénitaux aux yeux du régime.

Les marqueurs institutionnels et politiques de cette « Hougoura » sont perceptibles notoirement hier et aujourd’hui dans la composition significativement déséquilibrée des Gouvernements et du Conseil National de Transition ; dans les forfaitures de la CONOREC ; dans les oukases de l’organisation et des résolutions du DENIS ; dans les outrances des processus électoraux référendaire constitutionnel et de la présidentielle, mais aussi dans les anomalies organiques que sont l’ANGE et le Conseil constitutionnel dans leur constitution et fonctionnement. 

Ajouter à cela, qu’il suffit d’un instantané de la hiérarchie militaire (généraux et officiers supérieurs) ou administrative (SG, DG et DAF des ministères et des entreprises publiques ; gouverneurs, préfets et consorts sous-préfets) pour constater l’évidence de la prégnance et de la dynamique de la relégation que subit cette partie de la population, quoique non assumée publiquement par le régime.

Mais la promulgation par le désormais Président de la République, le 16 août 2024, des lois respectives n° 013, 014 et 015/CNT/2024 dont il résulte, notamment la cartographie des circonscriptions électorales, franchit le Rubicon en officialisant la formalisation de la population tchadienne en sociétés de classes, d’ordres (ou de castes) à l’image de l’Ancien Régime en France, avec pour déterminant la géographie du pays.

À rebours du progrès civilisationnel dont il résulte l’abolition des privilèges de la naissance, ou encore la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui d’une part, prescrit l’égalité des citoyens et d’autre part, proscrit la discrimination fondée sur l’origine ethnique ou le lieu de naissance, la couleur de la peau ou la religion. À rebours de la Constitution de la 5e République dont le régime Deby-fils est pourtant le seul commanditaire et auteur, sauf à considérer qu’il ne croit lui-même pas un traitre mot des dispositions, le nouveau découpage électoral consacre formellement et littéralement la rupture d’égalité entre Tchadiens sans pour autant avoir été motivée par un impératif d’intérêt général. Il en est ainsi désormais :

  • des « Supers-Tchadiens » aux Borkou-Ennedi-Tibesti (BET), Kanem, Lac et Biltine. En grossissant à peine les traits, on pourrait dire que ceux-ci ont dans l’inconscient collectif, les attributs et privilèges de la classe de la noblesse.
  • ensuite des « Tchadiens de droit commun » aux Batha, Ouadaï, Guéra, Salamat et Chari Baguirmi. En exagérant à peine, cette population mêle à la fois ce qui correspondrait à la classe de clergé (sans le privilège) et celle de la bourgeoisie, mais aussi beaucoup de la classe de tiers-état. Ils peuvent néanmoins prétendre à la noblesse des premiers mais à condition de n’avoir pas d’ambition politique, d’orgueil, de fierté ou d’amour propre.
  • et enfin, des « Sous-Tchadiens » aux Mayo-Kebbi, Tandjilé, deux Logones et Moyen-Chari. Ceux-ci relèvent essentiellement du domaine de la classe des tiers-état. Pour eux, les portes closes de la fonction publique et si certains ont la chance d’y être, ils subiront la loi d’airain du plafond de verre ou du simple collaborateur dévoué, voire soumis, y compris lorsque leur compétence et leur productivité en font des valeurs étalons. Pour d’autres, rien, si ce n’est simplement la vulnérabilité des fonctions sans statut.

Si l’objectif des concepteurs de cette loi, était d’assurer une représentativité des vastes territoires désertiques du Nord, l’institution sénatoriale prévue par cette même Constitution de la 5e République est plus appropriée pour en être l’instrument et le réceptacle comme en atteste le droit comparé. En effet, aux USA et au Canada, deux pays marqués par des disparités entre les États ou Régions à forte densité démographique et d’autres, à très faible densité, mais pourvus de vastes étendus de territoires comme le sont les régions du Tchad, c’est la chambre haute, autrement dit, le Sénat qui assure la représentation et la défense des intérêts des États ou régions et à certains égards, des groupes sous-représentés dans la population générale comme les peuples autochtones (les indiens par exemple au Canada).

En ce qui concerne, la chambre basse, dite encore l’Assemblée nationale, elle assure de manière universelle et intemporelle sous toutes les latitudes, une représentation démographiquement proportionnelle à la population. Et c’est là, sa seule raison d’être. Sa composition repose sur un ratio immuable d’un ou d’une député (e) pour un seul et même quantum de population, indistinctement sur l’ensemble du territoire national. Ceci justifie au demeurant le caractère national du mandat des députés et procède de l’équation :  un homme ou une femme = une voix.

Dès lors, d’où peut bien venir l’inspiration des têtes pensantes du régime pour proposer ce projet devenu depuis, une loi inique et scélérate, mêlant l’abjection à l’ignominie doublée de la fourberie, si ce n’est la « Hougoura » et son corollaire : le sentiment que le régime et ses affidés peuvent tout se permettre sans rien craindre. Pour eux, il n’existe plus de limite à l’indécence et à l’indignité morale, éthique et religieuse dans la conduite de l’action publique. Pas de peur du jugement de l’Histoire ; plus de crainte du délitement du fragile tissu de la cohésion nationale à moins que ce ne soit le but recherché. Foin de la bienséance politique. Comme diraient, les sbires de l’ex-dictateur Burkinabé, Blaise Compaoré, à l’époque de leur splendeur : « on vous fait, et il n’y aura rien ».

Car comment comprendre qu’en dépit des suppliques répétées et de la force de l’argumentaire juridique, politique, sociologique et anthropologique des personnes aussi raisonnables, averties et clairvoyantes que peuvent l’être Messieurs Laona Gong Raoul, Béral Mbaïkoubou, l’Abbé Madou et des milliers d’autres citoyens célèbres ou anonymes de tous les horizons géographiques du pays, tous mus, autant qu’ils le sont, par la sauvegarde de la fragile unité nationale, ce projet de loi a poursuivi ne varietur, son parcours législatif accéléré jusqu’à son aboutissement ce 16 août 2024. Le cours de science politique d’un Takilal Ndolassem (pour une fois, sorti de son rôle de « fou du Roi »), administré magistralement au ministre d’État de l’Administration, complètement groggy par l’évidente démonstration, n’y changera rien non plus. Soit !

Mais alors :

  • quel désaveu pour Messieurs J.-B. Padaré ; Issa Doubraigne et tous les chapeaux à plumes du MPS du Sud du pays, enfourchant le narratif soporifique des 12 chantiers du Président Déby-fils, et de sa coalition Tchad Uni ! Peuvent-ils encore écumer l’arrière-pays méridional en professant l’unité, l’égalité des citoyens et la non-discrimination quand leurs propres militants ne peuvent prétendre à une représentativité équitable à l’Assemblée nationale concurremment aux « camarades » du même parti au Nord du pays ?
  • quelle méfiance peut bien inspirer le système à l’égard du Sud du pays dès lors qu’il ressort des résultats de la dernière présidentielle que le candidat Déby-fils est arrivé premier dans toutes les provinces du Sud, sauf trois. À moins qu’il y ait comme un doute sur la sincérité et la fiabilité des résultats instrumentés par l’ANGE et validés par le Conseil constitutionnel !
  • quel mépris pour le tchadien, d’ascendance allogène ou du Nord, vivant au Sud comme on en trouve dans tous les coins et recoins les plus isolés, totalement intégré à la population locale et à qui cette loi fait subir la perte de chance d’espérer devenir député surtout dans les grands centres urbains cosmopolites comme peuvent l’être : Sarh, Koumra, Doba, Moundou, Pala, Laï, Bongor, etc. ?
  • quelle double peine pour le Sud du pays subissant, en raison de la rigueur climatique rendant peu hospitaliers certains territoires du Nord, les transhumances à la fois du bétail et des hommes, augmentant ainsi de manière exponentielle la pression démographique et conflictogène que d’être moins bien représenté à l’Assemblée par rapport aux territoires désertés du Nord ?
  • quelle sera la prochaine étape dans l’imaginaire débordant de la « Hougoura » des têtes pensantes du régime ? Sans doute, une loi sur le « statut du Sud » à l’image des lois du régime de Vichy de 1940 et 1941 sur le statut des Juifs ; ainsi exclus de la fonction publique, des mandats publics, des professions libérales, commerciales et industrielles ?

« Toujours plus vite, plus haut, plus fort dans l’exclusion et l’ignominie ». Telle pourrait bien être la devise du régime de la 5e République du Tchad.

Abdoulaye Mbotaingar

Docteur en droit, maître de conférences à l’université

[1] Une expresse de l’arabe darija tchadien, mais qu’on retrouve également avec la même teneur dans certains pays du Maghreb comme l’Algérie ou le Maroc. Le propos de l’article, dont le signataire n’est pas linguiste, est d’en donner des déclinaisons dans le contexte politique du Tchad.

Des nombreux jeunes bacheliers choisissent étudier à l’étranger malgré que le Tchad a plusieurs d’universités et d’instituts d’enseignement supérieur. Les raisons sont diverses et variées. Reportage.

Ces dernières années, des milliers de jeunes préfèrent poursuivre leurs études supérieures à l'extérieur du pays notamment au Cameroun, au Niger, en Guinée-Conakry, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, voire en Europe ou en Amérique. C'est un manque à gagner pour le pays. Qu'est-ce qui peut expliquer cette situation ?  Des jeunes et des parents donnent des raisons.

Ahmat Ousmane Mahamat Ali vient d'obtenir son baccalauréat, selon lui les conditions d'études au pays ne sont pas réunies. « Je veux aller étudier en France si les moyens me permettent. Étudier au pays, c'est trop des difficultés avec des grèves à répétitions, les problèmes familiaux, le rang des diplômés sans emploi qui grossit. Peut-être, aller faire ses études ailleurs peut ouvrir des portes et offrir des opportunités d'emploi », dit-il.

Le nouveau bachelier ajoute que la mauvaise gouvernance des dirigeants du système éducatif tchadien est un vrai problème.  « Il faut qu'il revoie le système de gouvernance et la gestion du pays. Il faut faire bouger les choses en intégrant les jeunes sans discrimination »

 Rasedjim Bruno est un parent qui a envoyé ses enfants étudier à l’étranger. « Nous envoyons nos enfants à l'extérieur pour diverses raisons », dit-il. Il affirme que les conditions sociales et politiques du pays impactent négativement sur la formation des jeunes, « ensuite les grèves répétitives dans les universités et Écoles supérieures au Tchad qui sont dû à la réclamation des meilleures conditions de travail des enseignants et étudiants, la rareté des spécialisations dans certaines filières, en particulier dans les domaines scientifiques, technologiques et médicaux ne sont pas disponibles ou peu développés au Tchad. Enfin, le manque d'infrastructures pédagogiques ».

Toutefois, certains préfèrent étudier au pays. C’est le cas de Marie Madjikem qui affirme avoir choisi de rester au pays pour sa sécurité. « Il y a plusieurs de nos compatriotes qui vont étudier à l'extérieur, souvent c'est leurs cadavres qu'on rapatrie. Cela me fait peur », dit-elle. D’autres ont préféré donner leurs explications hors micro. Ils soulignent que le système éducatif du pays est défaillant. Le problème de qualité d’enseignement et de qualité d’enseignant se pose. Ils affirment que le manque de volonté politique des gouvernants pour un enseignement de qualité est flagrant, « les gouvernants n’aiment pas l’École », disent-ils.

Ousmane Bello Daoudou
Nadège Riradjim

Depuis quelques jours, les conducteurs des minibus de la capitale sont soumis au contrôle de la police. Ce lundi 19 août, les minibus se font rares dans les rues. Les usagers ont eu des difficultés à se déplacer. Reportage.

A N’Djaména, la capitale tchadienne, la plupart des usagers de minibus sont pénalisés. Leur mode de transport à prix abordable et accessible est rare. L’opération de réglementation de la circulation en ville lancée par le ministère de la Sécurité publique a considérablement ralenti les activités.

Ce 19 août, les grands axes comme Gassi-grand marché, Koundoul-Toukra ou Koundoul-Dembé ou encore Rond-point Hamama-marché à mil ou Dembé, les minibus se font rares et les rares qui circulent n’arrivent pas à desservir tout le monde. « C’est vrai, on a un peu de souci concernant le contrôle des pièces à savoir : la fiche technique, le permis de conduire, la carte grise, le dédouanement et l’assurance. Parmi nous, certaines personnes n’ont pas tous ces papiers. Et ce problème, cause du tort aux passagers qui sont obligés de se déplacer parfois à pied. C’est également difficile pour nous les chauffeurs de minibus de pratiquer normalement nos activités avec ce mois d’août. Tout est compliqué, où allons-nous trouver  une somme de 500.000F CFA pour se procurer les pièces exigées ?», se lamente Ismaël Abakar, chauffeur de minibus rencontré au grand marché avec un air triste.  

 Les usagers de leur côté, impatients d’attendre s’adonnent à la marche à pied dans l’espoir de trouver un minibus en chemin, mais plus ils marchent, plus le temps passe. Certains se plaignent du retard accusé au travail et d’autres disent que les motos taxis sont chères. « Aujourd’hui, les minibus sont rares et c’est difficile pour nous les piétons qui habitons loin de nos lieux de travail. Je suis en train d’attendre le minibus depuis presque une heure, mais difficile d’en trouver », fulmine un usager. Ce dernier ajoute que certains conducteurs de minibus avec leurs convoyeurs qui sont en règle profitent de la situation pour augmenter le prix de transport. « En plus de cela, ils prennent au moins 4 personnes sur une chaise comme des sardines ».

 « Ce n’est pas facile pour nous les clients. Je me suis levée tôt le matin pour me rendre à l’hôpital, je n’ai pas pu trouver un bus en circulation et la pluie m’a bien trempé »,  renchérit Achta Oumar.

Mme Fatimé Mamie, une commerçante rencontrée sous le viaduc de Chagoua affirme, « du grand marché au rond-point de Chagoua, ils m’ont pris 200F au lieu de 100F lorsque tu as la monnaie. On leur demande, c’est quoi le véritable problème ? Pourquoi cette rareté de bus ? Pourquoi augmenter le prix ? Ils répondent qu’il y a  une opération de contrôle des minibus et ceux qui  ne sont pas à jour garent leurs minibus en attendant », dit-elle.

Nadège Riradjim
Kellou Daoula Adoum  

Le Tchad a enregistré de grosses quantités de pluies. Dans les provinces tout comme à la capitale, les dégâts sont énormes, laissant des ménages sans abris et dépourvus de tout. Les sinistrés appellent au secours. Reportage.

La forte pluviométrie qui s’abat sur la capitale tchadienne, N’Djamena, et dans toutes les provinces du pays a fait des dégâts humains et matériels énormes. Des maisons écroulées, des champs engloutis, des animaux emportés, des morts et des routes impraticables. Selon le Bureau des Nations-Unies pour la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA), plus de 340.000  issues de plus de 55.000 familles ont été touchées par les inondations causées par les pluies torrentielles au Tchad ces dernières semaines.  

À N’Djamena certains quartiers sont inaccessibles, les résidents sont obligés de  quitter leurs domiciles à cause des débordements des bassins de rétention. Certains ont envahi des établissements scolaires et autres lieux publics. D’autres sont hébergés chez leurs familles, les personnes sans soutien dorment à la belle étoile.

À Dembé, derrière le viaduc du le 7e arrondissement par exemple, un endroit appelé « Amkoundjara » carré 2, les eaux des bassins de rétention ont débordé et se sont déversées dans les concessions faisant écrouler des maisons. « C’est difficile pour nous comme vous pouvez le constater. Les eaux nous ont envahis de partout. On ne sait quoi faire et le gouvernement est incapable de faire normalement son travail. Cette inondation a fait beaucoup  de blessés, des maisons écroulées et des dommages des matériels. Le Premier ministre était venu pour constater les dégâts.  À l’entendre, les deux marigots qui ont débordé doivent être réunis  pour que les eaux soient drainées de l’autre côté, mais je crois que c’est encore plus risqué. Maintenant, beaucoup de personnes sont sinistrées et sont sans aide. Nous sommes dépassés, même le gouvernement a constaté qu’il ne peut rien faire », se résigne Ramadan Issa, l’un des sinistrés qui se démenait pour évacuer les eaux.

Selon M. Ramadan, pour trouver la solution à cette inondation, il faut un grand canal de drainage des eaux  jusqu’au fleuve, malheureusement déplore-t-il, ce n’est pas le cas. Sur le site de Dembé « Amkoundjara » les sinistrés ont créé un comité de crise. Abdoulaye Mbainakou est l’adjoint du comité, malgré l’appui de la mairie en motopompe pour évacuer les eaux  cela n’a pas empêché l’inondation. « La mairie centrale  nous a remis une moto pompe avec l’aide de la déléguée générale auprès de la commune du gouvernement rien n’y fait l’inondation continue, parce que c’est face au marigot et toutes les eaux de pluie qui viennent de tous les quartiers prennent ce chemin. Avant,  il y avait trois bassins de rétention d’eau qui étaient là. Le troisième bassin a été fermé par des individus qui ont bâti des maisons sur ces endroits. Il faut que l’État trouve une solution définitive, parce que ça se répète chaque année », interpelle-t-il.

Pour  l’instant, les autorités se contentent des visites sans apporter une solution au problème des inondations qui nécessite des actions urgentes disent les victimes de ces inondations. Les sinistrés exposés à toutes les intempéries appellent les organisations humanitaires et le gouvernement au secours. 

Amadou Voundia
Nadège  Riradjim

En cette période de soudure où le mois d’août est  appelé « chari tamané » qui signifie en arabe local de N’Djaména « le huitième mois » en sous-entendant que c’est un mois des difficultés accrues période durant laquelle les ménages souffrent. Il est difficile pour les  familles modestes d’avoir deux repas par jour. La rédaction de Ialtchad Presse vous fait découvrir le quotidien d’un couple vivant à Bakara, dans le 7e arrondissement de N’Djaména, la capitale  tchadienne. Reportage.

Le mois d'août est une période pendant laquelle de nombreux ménages à N’Djamena et partout au pays éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts. Les causes sont attribuées à la forte pluviométrie qui empêchent les uns et les autres à  vaquer  normalement à leurs occupations et qui créent la rareté des ressources exacerbées par la cherté de vie. Cette situation impacte le mode de vie de plusieurs  familles. Surtout celui des familles modestes . 

Chez  le  couple Missdjingardé Nathaniel et  Rangnal  Sidonie,  c’est une période de vache maigre. Les deux sont ceux qu’on surnomme les « débrouillards du quotidien » ou « rizikhal yom » : la femme est vendeuse  de poisson et le mari est diplômé sans emploi  ayant à leur charge 5 enfants. Ils affirment que  c’est difficile de manger à leur faim.  « C'est très difficile de gérer cette période de soudure, je suis un chômeur et encore avec ce mois d'août, il n’est pas facile de trouver un repas par jour.  Un « coro » de maïs coûte 1300F, celui de sorgho à 850F sur le marché. On vit dans la misère totale, on ne sait quoi faire », se plaint Missdjingardé Nathaniel.

Ce chef de ménage  qui vit dans un verger d’une autorité à Bakara renchérit en soutenant qu’auparavant c'était mieux, ils mangeaient deux fois par jour, mais maintenant ça ne tient pas. Il explique que tout cela est dû au sous-emploi au Tchad.  « Je suis enseignant de formation  et je suis en  chômage. Parfois je suis obligé d’aller labourer dans les champs des autres pour gagner de l'argent et subvenir aux besoins alimentaires de mes enfants. Ma femme aussi se bat à mes côtés. Souvent, je cherche du travail au chantier même, mais je n’en trouve pas », ajoute-t-il.   

Avec la rentrée scolaire qui se profile, l’époux  de Rangnal  Sidonie dit qu’ ils ne pourront peut-être pas inscrire leurs enfants à l’école. « C'est ma femme qui  paie souvent la scolarité de nos enfants avec son petit commerce. Si je gagne un peu l'argent,  je complète simplement », renseigne-t-il.

Leurs enfants disent vouloir les aider en s’adonnant aux petits commerces pendant les vacances scolaires, mais il leur manque un capital financier pour commencer. « Je veux bien donner un coup de main à mes parents en faisant le petit commerce pour m'acheter les fournitures scolaires à la rentrée prochaine, mais il n'y a pas d'argent  pour me lancer », soutient l’aînée de la famille  Ramadji Solange élève en cinquième année du primaire.

Kinga Baye Dogo

Dans un communiqué rendu public ce 19 août 2024, le Rassemblement des jeunes Africains (RJA) s'étonne de l'absence du Tchad lors de la commémoration du 80e de débarquement français le 15 août dernier en France, date de la libération de France de l’Allemagne nazis grâce à ses alliés dont les engagés tchadiens ont joué un rôle crucial.

Le communiqué rappelle l’histoire que le Tchad a été le premier pays à répondre Oui à l'appel du général de Gaule  pour la libération de la France occupée. Selon  Bechir Hassan Oumar, président du RJA dans cette guerre, le Tchad a perdu des centaines de ses fils morts pour libérer la France. « Mais depuis plusieurs décennies les efforts et les sacrifices des soldats tchadiens sont oubliés jour après jour ». Le RJA remercie le président Mahamat Idriss Deby Itno qui a échangé avec les tirailleurs tchadiens à la fin du défilé pédestre du 64e anniversaire de l'indépendance du Tchad. « c'était un échange patriotique avec les anciens combattants immortalisés par une photo de famille ».

« En ce jour commémoratif, le président français Emmanuel Macron a nié les efforts du Tchad tout en oubliant que c'est grâce à des sacrifices des soldats tchadiens qui sont morts pour liberté que la France est aujourd'hui libre. Quelles que soient les manœuvres des autorités françaises qu'elles sachent que l'histoire est déjà écrite en or et que les sacrifices de soldats tchadiens sont gravés dans nos mémoires », a conclu Bechir Hassan Oumar.

Ousmane Bello Daoudou

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