Au moment où j’ai fini d’écrire ma chronique, un coup de force s’est produit dans la capitale tchadienne, N’Djamena, à la présidence de la République. Des individus armés ont tenté de s’introduire, ils ont visiblement été neutralisés. Le ministre des Affaires Étrangères Abdramane Koulamallah en direct sur sa page Facebook, pistolet à la hanche, rassure en affirmant que tout est sous contrôle face à une tentative de déstabilisation. Des images vidéo montrant des corps sans vie et quelques blessés circulent sur les réseaux sociaux. Les alentours de la présidence ont été bouclés. On n’en sait pas plus pour l’instant. Qui sont ces têtes brulées? Comment ont-ils pu pénétrer dans le lieu le plus gardé du pays? 2025 commence visiblement mal.
Retour à ma chronique, je disais qu’il est scindé en deux parties. La première partie concerne 2024, le départ des troupes françaises du pays, du bras de fer entre, nous l’association des médias en ligne du Tchad (AMET) et la Haute Autorité des médias audiovisuels (Hama). Un combat, gagné en référé par l’AMET, qui marque un tournant dans la vie médiatique du pays. Dans la deuxième partie, il s’agit de 2025 et de ses perspectives.
Trois évènements ont marqué 2024…
L’armée française dehors
Bravo et merci M. le président Mahamat Idriss Deby. Je commence avec ces mots « bravo et merci » pour ma jouissance personnelle. Mais c’est plus que ça. Pourquoi? Parce que la décision a été surprenante et agréable. Un bon moment pour notre pays. Je dirais qu’enfin le président de la République a pris la bonne décision en abordant la « vraie affaire ». C’est quoi la « vraie affaire »? C’est le départ des troupes françaises du pays. Non pas parce qu’on aime détester nos amis militaires français, mais parce qu’il était temps. Le président a vu juste. Ses arguments sont non seulement recevables, mais…. D’ailleurs pourquoi j’emploie les mots « arguments et recevables »? Je ne sais pas. C’est sans doute les séquelles de l’esprit d’un colonisé, dans un pays pas vraiment souverain.
Je reprends… Cette décision du président Mahamat Idriss Deby est bonne. Elle relève de la souveraineté du pays, du fait d’être « maître chez soi », sans arrogance, ni chauvinisme encore moins par nationalisme. Le président français Emmanuel Macron ne semble pas l’accepter. Il a fait une sortie maladroite, mais dans la droite ligne d’un héritier de « l’esprit colon ». Il refuse de s’en départir en soutenant que c’est la France qui a décidé de partir tout en restant polie et en laissant au Sénégal et au Tchad, la primeur d’annoncer la nouvelle. Et, dit-il, ils ont oublié de nous dire « merci », « ingrats » qu’ils sont. La réplique du président tchadien n’a pas tardé. Elle est bien ciselée, polie et ferme rappelant à son homologue français que le temps des colonies est loin, très loin derrière nous. Les temps ont donc changé, il faudra s’y faire.
La Hama hors-sol
Le combat mené par l’AMET contre les prétentions injustes de la Hama a été un évènement important pour la liberté de presse, d’expression, d’information et de diversité de sources d’information. L’AMET s’est tenue droite et a fait plier, en première partie, la HAMA.
Depuis un temps déjà la HAMA s’est investie d’une mission : tuer la presse en ligne en le faisant avec un sourire en coin. Son président Abdramane Barka Abdoulaye Doningar, s’est donné comme objectif de réduire les médias en ligne du pays au silence, sous le faux prétexte de « mettre de l’ordre ». Pour atteindre ce but, la Hama n’a cessé depuis quelques années de nos harceler, de nous intimider par toutes sortes de messages : téléphoniques, verbaux et même par l’intermédiaire de certains conseillers pourtant élus par les journalistes. Jour après jour ils ont créé, nourri et fait grandir un problème qui n’existe pas. Ils lui ont fabriqué des pieds, des mains et un cerveau. Ils se sont obstinés à vouloir avoir raison contre le gros bon sens. Je ne l’ai jamais accepté comme président de l’association. Tous les membres de l’AMET, ne l’avons jamais accepté. Le combat s’est alors engagé à la veille des élections législatives. Après presque 3 semaines de combat, nous avons remporté la première étape. J’espère que la Hama, surtout son président ne fera pas de sa défaite juridique une question d’orgueil. J’espère que les conseillers de la Hama auront comme premier objectif en 2025 l’annulation de cette décision inique, illégale et injuste. Le droit a été dit par la Cour Suprême. Une leçon à retenir : ne cédez jamais lorsqu’intimement vous croyez avoir raison. Là où le droit avance, la démocratie se renforce et la liberté de la presse s’enracine.
Des élections législatives hors micro
Les élections législatives se sont déroulées sans grande visibilité par la faute de cette décision hors du temps de la Hama. Elle a poussé les médias en ligne, les médias les plus dynamiques, à la grève, au silence. Le silence nous a été imposé par la Hama. Nous avons rangé nos claviers, nos appareils photo, nos caméras, ce qui a plongé la campagne législative dans le silence et le pays dans un trou noir informationnel. Résultat des courses : une campagne législative terne qui va fort probablement crée des « embrouilles politiciennes ». À qui la faute? À cette Hama hors-sol, hors-la-loi. Et qui de surcroît a failli, par ses fiches mensongères, engluer la présidence dans une affaire de liberté de presse. La campagne s’est achevée comme elle a commencé : terne. Les Tchadiens étaient sous informés. Conséquence, ils ne se sont pas déplacés en nombre le jour du vote. Conséquence : un taux de participation faible pour quelle perspective.
Perspective 2025
La boucle de la transition est bouclée avec ces élections législatives, municipales et communales. Le Tchad est véritablement souverain avec le départ des forces étrangères du pays. Qu’est-ce que cela va donner? Beaucoup des nouvelles choses probablement…
Pour bien commencer, le président Mahamat Idriss Deby doit changer de méthode, changer de garde, faire table rase du passé. Il doit ramener tous les Tchadiens fâchés et armés au pays. Il ne doit plus accepter de se faire appeler « mon Maréchal » à tout bout de phrase, dans chaque discours courtisan, même s’il a accepté le titre.
Note au président Mahamat
Demain M. le président, les mêmes se battront pour vous faire « empereur », une coche au-dessus de celle du défunt maréchal père, Idriss Deby Itno. Ils en sont capables. Ma crainte ce que vous ne succombiez à leur discours envoûtant. Ils savent s’y prendre. Promettez-nous que vous ne succomberiez pas, faites cette promesse en ce début 2025. Il paraît que vous refusez de vous faire appeler « Excellence », vous préférez simplement, dit-on, « Monsieur le président ». Il est modeste notre président? Il est humble? Beaucoup de personnes le disent. Beaucoup, beaucoup attendent de vrais changements pour 2025.
Bonne année
Bello Bakary Mana