Le Tchad est l’un des pays du continent africain où le taux de violences faites aux enfants est trop élevé. C’est dans ce contexte que la représente spéciale du secrétaire général du système des Nations Unies en charge des questions de violence contre les enfants Dr Najat Maalla M’jid a séjourné pendant 7 jours au Tchad pour plaider pour la cause des enfants tchadiens. Pendant son séjour, elle a rentré plusieurs hautes autorités du pays, dont le président du Conseil Militaire de Transition, Mahamat Idriss Deby Itno et les associations pour la défense des droits des enfants. Reportage.
La situation de la violence reste une réalité quotidienne pour beaucoup des enfants (filles et garçons) au Tchad. Selon l’enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS) du système des Nations Unies de 2019, 85% des enfants de 1 à 14 ans ont subi la violente au Tchad. Il faut ajouter à cela, 7% des filles âgées de 0 à 14 ont subi une forme quelconque de mutilation génitale et 57 % des enfants d’âge primaire ne sont pas à l’école. Ce tableau sombre pour la protection des enfants tchadiens a fait bouger les lignes au siège du système des Nations Unies à New York aux USA.
Pour mettre fin à cette grave situation contre les droits des enfants, une mission dirigée par le Dr Najat Maalla M’jid, représentante spéciale du SG des Nations Unie, en charge des questions de violences contre les enfants a séjourné pendant 7 jours dans la capitale tchadienne, N’Djamena, pour faire de plaidoyer à tous les niveaux. Selon elle, cette mission vise à renforcer la coopération entre le gouvernement tchadien et le système des Nations Unies en vue d’accompagner le processus de transition en cours. Et d’assurer le bien-être et la protection des enfants contre toutes les formes de violences et d’exclusion. Au sujet du taux trop élevé de violences contre les enfants au Tchad, l’envoyée spéciale explique cette alarmante tendance du fait de la pandémie de la COVID-19, des disparités et inégalités sociales, de l’insécurité alimentaire, des crises humaines, des changements climatiques et des conflits qui affectent le continent.
Afin de prévenir et mettre fin à toutes les violences à l’égard des enfants, de manière définitive, l’équipe du système des Nations Unies au Tchad, en appui au gouvernement suivant le plan-cadre de coopération 2017-2022, met un accent particulier sur la question de violences faites aux enfants et la mutilation génitale féminine. « Avec le gouvernement, nous agissons sur plusieurs fronts à la fois afin d’investir dans l’accès équitable à des services intégrés inclusifs, protecteurs et de qualité, adaptés aux enfants et au genre, incluant l’éducation, l’analphabétisme, l’apprentissage numérique, la protection sociale durable pour les familles et les communautés », affirme Dr Najat Maalla M’jid.
Après 7 jours de travail au Tchad, en étroite collaboration avec la coordinatrice résidente du système des Nations Unies, la représente spéciale du SG du système des Nations Unies a eu des échanges fructueux avec les autorités du pays, la société civile, la plateforme interconfessionnelle et les ambassadeurs accrédités au Tchad. Elle a également visité des programmes et services dédiés aux enfants, et puis elle a participé au lancement de la campagne nationale visant à mettre fin aux violences basées sur le genre.
Jules Doukoundjé
L’Agence nationale de volontariat du Tchad (ANVOL-T) a échangé avec les élèves ce 28 novembre 2021 au Musée national du Tchad. Le thème du débat est, « La promotion et le respect des valeurs civiques et patriotiques en milieu jeune. » Cette formation-débat a mobilisé 63 jeunes issus d’au moins 13 établissements scolaires publics et privés de N’Djamena, la capitale tchadienne. Reportage.
Les violences et les actes de vandalisme en milieu jeune préoccupent L’Agence nationale de volontariat du Tchad. Pour le Directeur général (DG) cette agence Idrissa Abaté Abakar, DG de ANVOL-Tchad, cette formation-débat consiste à sensibiliser les jeunes et les responsables de l’Éducation. Cela permettre, selon les organisateurs, en retour de faire la promotion des valeurs civiques et patriotiques en milieu jeune a-t-il ajouté. Selon lui, les raisons sont liées au constat de violences et aux actes de vandalisme en milieu jeune. Dans une brève présentation du directeur de communication, M. Daoud Djeroua Abdelkerim affirme que l’agence a pour mission, « la mobilisation des énergies pour le développement économique et socioculturel du pays, la promotion du sentiment national et patriotique, le sens de la discipline, de la tolérance et de l’intérêt général. » M. Daoud Djeroua soutient que le volontaire est une personne qui travaille de manière désintéressée. Ce n’est ni un contrat de travail ni un contrat de service, dit-il.
Pour le ministre de la Culture Achta Djibrine SY, le thème choisi va bien avec notre hymne national. Elle explique qu’il y a 3 niveaux de citoyenneté. La citoyenneté civile, la citoyenneté économique et la citoyenneté politique, « lorsque nous disons être citoyens, nous devons connaître nos devoirs et nos droits. Je vous exhorte à commencer d’abord avec nos devoirs », dit la ministre. Pour elle, en cette période de transition, le pays utilise la charte, mais les responsables travaillent pour restaurer la République. Après cela, dit-elle, c’est la constitution qui va être rétablie après le dialogue national inclusif (DNI).
Selon Mme Achta Djibrine, l’autre axe de la citoyenneté civile set le patriotisme. Il est assez complexe dit-elle, parce qu’il faut plutôt être un constructeur qu’un destructeur de la cité. « Nous avons nos armoiries, le drapeau, cela a un sens. Le premier patriote pendant l’indépendance proclamée le 11 août 1960, aujourd’hui 61 ans a eu une vision transcrite dans notre devise. Il s’agit de « l’unité-travail-progrès ». D’après elle, les socioanthropologues disent qu’on a plus de 250 langues au Tchad. Elle précise que nous n’avons pas une langue, nous sommes en train de nous peiner pour asseoir l’arabe. Mais cela semble toujours difficile, car nous ne sommes pas encore bilingues comme il est le cas au Cameroun. « Nous avons beaucoup de défis à relever pour promouvoir le vivre ensemble. Cherchons l’unité de cœurs et des esprits. Ce qui nous permettra de fournir un effort commun, c’est le travail le 2e élément de notre devise. C’est de cet effort commun que nous obtiendrons le progrès », a estimé la ministre de la Culture.
Elle note que nos armoiries avec une chèvre et un lion sont un symbole très fort. Ce qui nous appelle à l’unité et à la préservation de notre mère patrie. Elle évoque que selon l’historien Mahamat Saleh Yacoub, c’est une expression de diversité pour préserver l’intégrité territoriale.
Pour la ministre de la Culture quand les enfants ne s’aiment pas, c’est la maman qui en souffre. Nous, Tchadiens par nos comportements négatifs nous avons tué notre mère patrie. Elle appelle les élèves à s’approprier les symboles du Tchad, et bien connaître leur signification. « Il y a un prix fort consenti qui a été payé par nos grands-parents pour 1284 000 km carrés en soutenant la France à la Seconde Guerre mondiale. C’est après ce sacrifice qu’il y a eu l’indépendance », dit-elle. Pour Mme la ministre, les jeunes, quel que soit leur milieu doivent se donner le temps d’apprendre. Ils ne doivent pas s’adonner à la facilité. « Si tout le monde est chef au haut niveau, qui va s’occuper des divisions. Il faut d’abord poser sa fondation et se débarrasser du sentiment de supériorité. Soumettre le cœur et l’esprit dans la qualité de travail. Car à travers vous, on voit votre pays ».
Au sujet de la citoyenneté économique, elle conseille les jeunes de rester souder et solidaires pour pouvoir payer les dettes étrangères du Tchad. Pour elle, tout ce que le Tchad des partenaires n’est pas gratuit. Abordant la question de la citoyenneté politique, Mme la ministre affirme que la démocratie est ouverte, mais beaucoup de partis politiques sont créés sans convictions. La plupart de ces partis sont des espaces de dénigrement et de propagation de la haine, déplore-t-elle. « Beaucoup de jeunes sont dans les partis politiques, non pas pour faire la différence, mais pour se positionner.», Pourquoi nous allons au dialogue, s’interroge-t-elle ? « Parce que le Tchad est une richesse naturelle qu’il faut ensemble préserver ».
Moyalbaye Nadjasna
Après la menace des responsables de la manufacture de cigarettes du (MCT), située à Moundou dans le sud, de fermer l’usine, si le gouvernement n’abandonne pas l’idée d’augmenter la taxe sur le paquet de la cigarette. Le secrétaire général (SG) de l’association pour la défense des droits des consommateurs (ADC), Daouda El Hadji Adam réagit contre les agissements de la MCT qui cherche, selon lui, à manipuler ses employés en menaçant de fermer l’usine. Il appelle les autorités à maintenir la taxe de 100 f sur chaque paquet de cigarettes. Entrevue.
Aux grands maux, il faut des grands moyens tels semble être la devise de l’ADC face à la Manufacture des Cigarettes du Tchad (MCT). L’association pour la défense des droits de consommateurs (ADC) bande ses muscles et va en guerre contre la MCT, implantée au Tchad depuis 1968. Le Secrétaire général (SG) de l’ADC réagit aux menaces des patrons de la MCT de fermer l’usine de Moundou si les autorités tchadiennes maintiennent leur décision d’augmenter la taxe sur les paquets de cigarettes made in Moundou. « Depuis quelques jours, nous constatons avec amertume et indignation que la MCT, filiale du Groupe Imperial Tobacco Brands se livre à des manœuvres de désinformation et de manipulation de l’opinion publique et des pouvoirs publics pour saper les efforts du Gouvernement dans la mise en œuvre de l’article 6 de la Convention Cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), traité de santé publique ratifié par le Tchad le 30 janvier 2007 », affirme Daouda El Hadji Adam. Selon lui, dans ce domaine précis, le Tchad a réalisé des avancées considérables, faisant du Tchad, l’une des premières Nations en Afrique. Ce qui est réconfortant, selon M. Daouda, dans l’engagement de l’ADC aux côtés du Gouvernement dans le domaine de la santé et particulièrement celui de la prévention sanitaire. « En tant qu'acteur de la société civile engagée dans la lutte antitabac, il est de notre devoir d’éclairer l’opinion publique et les décideurs sur ces agissements et les manœuvres fallacieuses orchestrés par ce loup qui se transforme en agneau », dit-il.
Le défenseur des droits de consommateurs souligne que l’opinion publique et les décideurs doivent comprendre que les arguments et stratégies développés par la MCT, malheureusement, relayés par certains organes de presse, ne sont pas nouveaux. Selon lui, les compagnies de tabac dans le Monde ont toujours fait usage du mensonge et de la manipulation pour vendre leur produit mortel aux consommateurs et à des prix faiblement taxés.
A son avis, le choix de la période n’est ni fortuit, ni une simple coïncidence. La MCT cherche à travers ses actions médiatiques et de chantages à influencer le processus budgétaire en cours au titre du projet de budget 2022 pour faire annuler ou réduire le montant de la taxe spécifique de 100f sur chaque paquet de cigarettes instituées par la loi des finances 2019, dédiée au financement de la couverture sanitaire universelle. « Nous demandons à la MCT de cesser d’instrumentaliser et de torturer moralement les quelques rares travailleurs tchadiens exploités pour servir sa cause », ajoute Daouda El Hadji Adam. Il rappelle que, selon l’OMS, le tabac est une cause majeure de décès, de maladie et d’appauvrissement. Le tabac fait plus de 8 millions de morts chaque année dans le Monde. Plus de 80 % du 1,3 milliard de fumeurs dans le monde vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire dont le Tchad. Selon le défenseur des droits des consommateurs, au-delà de la dimension sanitaire, la consommation de tabac est un véritable fardeau économique pour la collectivité. À cause du faible niveau de taxation des produits du tabac au Tchad, les maigres taxes collectées par l’État sur le tabac demeurent sont en dessous des coûts supportés par l’État et les fumeurs. À cela s’ajoutent les coûts liés aux pertes de productivité associées aux morbidités, ou encore les coûts environnementaux du tabagisme.
Toujours selon M. Daouda, pendant plus de 50 ans, la MCT a opéré au Tchad en position de quasi-monopole dans un marché hyper rentable qui lui a permis d’engranger d’énormes bénéfices. En dépit des dégâts énormes sur la santé des consommateurs tchadiens, de leur appauvrissement, elle se permet d’afficher son cynisme en faisant allusion au nombre d’emplois créés et le montant des impôts versés. « Nous tenons à préciser que ces impôts sont constitués essentiellement des taxes supportées par les fumeurs, victimes de cette compagnie. La MCT n’est qu’une collectrice pour le compte de l’État et non contributeur direct. Que la MCT cesse d’entretenir cet amalgame »..
Jules Doukoundjé
La malnutrition est un manque de nutriments dans le corps causé par un régime déséquilibré, des troubles de digestion ou une maladie. Cette maladie affecte beaucoup des enfants dans la capitale. Pour prendre en charge ces enfants qui souffrent de la malnutrition, les unités nutritionnelles thérapeutiques et ambulatoires sont installées dans les districts et les centres de santé de N’Djamena. Ces unités distribuent les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi aux mamans pour la consommation de ces enfants. Reportage.
Au centre de santé Place-Nord de Blabline, c’est tous les mercredis que l’unité nutritionnelle ambulatoire distribue l’Aliment thérapeutique prêt à l’Emploi, plus connu sous le nom de Plymplym, aux enfants. Cet aliment est destiné à la consommation des enfants malnutris. Il traite les formes de malnutrition simples, aiguës et sévères. À l’entrée on est accueilli par les cris et les pleurs des enfants. Les mères sont assises dans cette ambiance attendant patiemment leur tour.
Madame Haoua Kodbé est la responsable de l’unité nutritionnelle ambulatoire de Blabline. Son service prend en charge 335 enfants malnutris âgés de 6 à 59 mois avec 45 nouveaux cas enregistrés par semaine. Elle explique les critères d’admission à l’unité nutritionnelle. « Quand nous recevons un enfant, nous prenons sa taille, son poids, on fait la recherche des œdèmes bilatéraux et le test appétit avant de l’admettre ». Elle indique explique qu’après avoir pris toutes ces informations sur l’enfant, une fiche de ration est donnée à la maman et l’unité garde une copie et la fiche de suivi. Pour la responsable, 28 sachets de 92g contenant 500kcal sont donnés à chaque maman pour 2 semaines. Les sachets sont accompagnés de 14 comprimés d’amoxicilline de 250 mg pour prévenir les infections, précise-t-elle. L’équipe de madame Haoua distribue aux enfants 20 à 22 cartons de 150 Plymplym tous les mercredis. Selon elle, si les mères suivent normalement les consignes, les enfants vont sortir de la malnutrition après 4 séances de prise en charge. Madame Haoua affirme qu’après l’admission, l’enfant doit répondre aux critères pour sa sortie. C’est-à-dire que le périmètre brachial de l’enfant doit être supérieur à 125cm. C’est en ce moment qu’on peut dire que l’enfant est sorti de la malnutrition. Elle soutient que certaines mères vendent l’aliment aux marchands de la place. Pour ce cas de figure, la responsable de l’unité nutritionnelle ambulatoire de Blabline adopte une stratégie. « Je dis aux mamans que si à deux ou trois séances, on ne voit pas une évolution positive de la santé de l’enfant, on va t’exclure de l’unité. Elles ont peur d’être exclues donc elles donnent normalement l’aliment à leurs enfants », ajoute-t-elle. D’autres encore, inscrivent leurs enfants dans 2 ou 3 unités nutritionnelles à la fois pour se retrouver avec beaucoup de plymplym par semaine. On le découvre quand elles se trompent de fiche de ration. Madame Haoua affirme qu’en plus de la prise en charge nutritionnelle assurée par UNICEF Tchad, ces enfants sont aussi pris en charge gratuitement pour les soins au centre de santé Blabline.
Kouladoum Mireille Modestine
Pour assurer la sécurité de leurs enseignants, certains responsables des écoles publiques prennent de mesures en attendant les autorités en charge de l’Éducation nationale. C’est le cas des lycées publics champs de fils, lycée d’application et le lycée belle vue qui partagent le même local. Ils interdisent aux élèves le port de sacs à dos à l’école. Cette mesure permet de contrôler et d’empêcher les apprenants d’apporter les armes blanches, cause de l’insécurité en milieu scolaire. Reportage.
Après la mort du jeune surveillant tué par son élève au complexe scolaire Toumaï au quartier amriguebé, dans le 5e arrondissement de la commune de N’Djamena, capitale tchadienne, le 10 novembre dernier, les enseignants souffrent en silence dans la psychose. En attendant les mesures du ministère en charge de l’Éducation nationale, certains responsables des établissements scolaires ont pris des mesures pour leur sécurité. C’est le cas des responsables des 3 lycées publics qui partagent un seul local pour plus 4 000 élèves. Les proviseurs des lycées champs de fils, lycée d’application et lycée Belle vue, dans le 5e arrondissement. Ils ont interdit le port de sacs à dos dans leurs établissements. Cette mesure prise en commun accord avec des parents d’élèves va permettre de mieux contrôler les étudiants et assurer la sécurité de tout le monde.
Pour Mme Mamadjibeye Judith, proviseur du Lycée Belle vue, c’est pour la sécurité de tout le monde. Selon elle, la décision a été prise d’une manière collégiale par les responsables des 3 lycées publics pour mieux contrôler et assurer la sécurité. Les responsables de ces établissements publics ont aussi exigé le port de la tenue avec des logos de chaque lycée, sans cela, aucun élève ne peut accéder à l’enceinte des établissements. « Il y a des élèves qui viennent s’infiltrer dans nos établissements sans le logos de leur tenue », ajoute-t-elle.
A la place des sacs à dos qui sont interdits, les responsables des 3 établissements ont proposé les cartables aux élèves. Ils estiment que les cartables sont faciles à vérifier et à identifier si l’élève se permet d’y cacher une arme blanche. Abondant dans le même sens, le proviseur du Lycée d’application, Mahamat Haroun Mahamat, souligne qu’il y a 2 semaines il a surpris un élève qui fumait de stupéfiant. Il a arraché. Le proviseur explique qu’après cet acte, il a suggéré aux deux autres proviseurs l’idée d’interdire le port des sacs à dos dans ces 3 lycées. Lors de l’échange, le proviseur a sorti de son tiroir la poudre et quelques bâtons de cigarettes arrachés des mains des élèves. Selon lui, tous les responsables ont approuvé la proposition et ont convoqué les parents d’élève pour en parler. M. Mahamat Haroun Mahamat affirme que des séances de sensibilisations ont été faites à l’endroit des élèves pour leur expliquer l’importance de la mesure interdisant le port des sacs à dos. Il souligne que cela n’a pas été facile. Contrôler 3 lycées avec tenues scolaires de couleurs différentes et plus de 4000 élèves n’a pas été de tout repos. Pour ramener la sécurité, le proviseur fait appel par fois aux services de sécurité publique. Selon lui, la mesure a été bien appréciée par beaucoup de parents, mais aussi par les élèves eux-mêmes.
Les enseignants approuvent la mesure
Pour Alrassem Ezéchiel, professeur de chimie au Lycée Belle vue, la mesure est salutaire. Il estime que les enfants ont souvent tendance à cacher des armes blanches dans leurs sacs. Il faut donc bien fouiller pour qu’ils ne s’infiltrent pas avec ces armes pour semer de l’insécurité. Mais le professeur précise que ce n’est pas une solution durable. Pour pallier au problème d’insécurité en milieu scolaire, il suggère que les enseignants et les parents d’élèves, en collaboration avec les autorités en charge de l’Éducation nationale se réunissent pour trouver lancer des journées de formation et de sensibilisation pour changer la mentalité. « Franchement, on n’est pas en sécurité dans nos lieux de travail. On est tout le temps inquiet et ça peut avoir de répercussion sur le résultat », dit l’enseignant. Il souhaite que les autorités prennent l’affaire en main. Il exige que le ministère prenne de décisions fermes et ramène les enfants à l’ordre. Il propose aussi qu’on mette fin au nomadisme scolaire pour mieux contrôler les enfants. Même point opinion de son collègue Abdelkhassim Mahamat, professeur de géographie. Il rajoute que c’est une meilleure décision : interdire les enfants de porter des sacs à dos. Il note que le plus souvent les élèves cachent beaucoup de choses, y compris les armes blanches.
Les élèves adoptent une position mitigée à propos de la mesure. Certains sont pour et d’autres sont contre. Malgré cette position, ils sont unanimes qu’il faudra appliquer la mesure. Certains récalcitrants sont contraints pour le moment de faire profil bas, car la sécurité en vaut la peine.
Djimtonebey Richard, élève en classe de Terminale A2, approuve l’interdiction des sacs à dos dans les 3 lycées publics qui partagent le même local. « C’est une bonne mesure. Maintenant les élèves ne respectent pas les enseignants et nos sacs à dos contiennent beaucoup de choses qui peuvent nuire à notre sécurité et à celle de nos enseignants », reconnaît-il. Selon lui, certains élèves ont l’habitude de cacher les armes blanches dans leurs sacs et parfois même des stupéfiants comme le chanvre indien. Par contre, Hapsatou Gakna, élève en classe de Terminale A1 au lycée champ des fils, n’est pas d’accord avec la mesure interdisant le port de sac à doc à l’école. Elle estime que cette mesure n’arrange pas les élèves. « On ne peut pas porter nos fournitures à la main, sans sac. C’est difficile pour nous. Il faudrait que les proviseurs des 3 lycées emploient des gardiens pour fouiller les sacs et assurer la sécurité des enseignants et des élèves », propose-t-elle.
Jules Doukoundjé
Les établissements scolaires poussent comme de champions à N’Djamena, la capitale tchadienne. Difficile de contrôler ce que les élèves mangent dans ces établissements. C’est une préoccupation majeure de tous. Car, il s’agit des plus petits enfants. Un tour dans quelques établissements scolaires a permis à Ialtchad Presse de faire quelques constats. Reportage.
Dans la plupart des établissements scolaires de N’Djamena, capitale tchadienne, des petits marchés de fortune s’installent soit dans la cour, soit aux devantures de ces écoles. Diverses alimentations sont vendues aux élèves qui sortent en recréation après les premières et deuxièmes heures des classes. Il y a sur les étals, de la patate douce, des arachides grillées (pistaches), des criquets, des mangues sèches épluchées mélangées au sirop, des fruits du savonnier, du yaourt ou de glaçons crémés, des boulettes de haricots, des pommes de terre frites, etc. Des aliments que les élèves dégustent chaque jour.
Mme Djenom Anne Olga la vingtaine révolue, est une des vendeuses. Elle habite quartier Ardep-djoumal. Elle a choisi vendre ses aliments aux élèves de l’école Annexe d’Ardep-djoumal dans le 3e arrondissement, « écouter je me défends ici pour assurer la ration de mon enfant. Je vends des arachides, de la mangue séchée, de la patate et des criquets frits. Cela me rapporte par jour au moins, 2000 à 2500 F CFA », dit-elle.
Younouss Mahamat, élève en classe de cours moyen première année (CM1) est un habitué. Il achète du pain, des gâteaux, mais aussi des crèmes de glaçon, rarement de la mangue séchée. « Bon, je ne suis pas tombé encore malade. Les gens de notre école contrôlent quand même ce que nous achetons pour manger ».
Selon Mbaitessem Siméon, chef de personnel de l’IPEP III École Annexe d’Ardep-djoumal, l’inspectrice a convoqué tous les directeurs afin qu’ils veillent sur l’alimentation des enfants. Il précise que l’inspectrice leur a recommandé de prêter attention à ce que les femmes vendent aux élèves. Le chef de personnel ajoute qu’il se pourrait que les origines soient douteuses et cela peut causer des maladies aux élèves. D’après lui, les directeurs ont dit qu’ils ont commencé à faire ce travail avant même que l’inspectrice ne puisse les réunir. « Ils ont délégué certaines personnes pour veiller à ce que ces aliments ne nuisent pas à la santé des enfants. Grâce à ce travail fait par l’équipe au jour le jour, il n’y a pas d’inquiétude à l’instant. Depuis que je suis là, je n’ai pas encore été témoin d’une allergie d’un élève lié à l’alimentation dans notre école », dit le chef de personnel. Il relativise en affirmant tout de même qu’il y a certaines alimentations qui ne sont pas bonnes pour la santé des élèves. Pour lui, les mangues vertes et d’autres aliments avec trop de piments sans aucune condition d’hygiène en sont les illustrations. M. Mbaitessem Siméon affirme que c’est par rapport à ces aliments que l’inspectrice en fait allusion.
Moyalbaye Nadjasna
Le bureau du comité d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI) et les différentes délégations et missions pour le pré dialogue à l’intérieur et à l’extérieur du pays ont consacré 2 jours de conclave pour une restitution orale préliminaire. Les différentes missions viennent de finir de présenter les synthèses de leurs travaux. La rédaction Ialtchad Presse a recueilli les avis de participants à la fin de la restitution. Reportage.
Les 16 délégations et missions qui se sont rendues dans toutes les provinces du pays et à l’extérieur pour recueillir les préoccupations de tous les Tchadiens en vue de bien organiser le DNI ont présenté leurs rapports. Pendant 2 jours, ces dernières ont restitué tous les vœux et les suggestions pour la refondation d’un nouveau Tchad. Pour le ministre du dialogue et président du CODNI, Acheikh Ibn Oumar, des idées et des propositions riches ont été faites par les Tchadiens. Selon le ministre, la deuxième étape qui reste, c’est l’étape technique proprement dite. Il affirme que le comité technique du CODNI qui a déjà entamé le travail. Il est avancé et sera synthétisé sous forme de document, diffusé et remis officiellement aux autorités à la fin de ce mois. « Déjà, nous pouvons faire quelques constats provisoires. Il y a un engouement encourageant des Tchadiens. Nous avions rencontré de difficultés, mais nous avions l’essentiel de l’outil de travail. Tout le monde s’est exprimé et il n’y a pas de sujets tabous », a dit le président du CODNI.
Pour le rapporteur général du CODNI Limane Mahamat, globalement les restitutions ont permis d’avoir des informations sur l’ensemble des missions qui ont été menées à l’intérieur et à l’extérieur du pays. « Nous avons eu à peu près une idée sur les attentes et les propositions des forces vives de l’intérieur et de l’extérieur », estime le rapporteur général. Selon lui, la restitution est une opération qui a tout son sens. Elle permettra dans les jours à venir de parachever le travail de compilation et d’analyse dans les limites du temps imparti. Il ajoute que cela va leur permettre de déposer un rapport qui intègre toutes les préoccupations exprimées par les Tchadiens de l’intérieur et de la diaspora. « C’est un pas important qui vient d’être franchi avec l’organisation des concertations des forces vives et avec cette restitution, nous sortons confortés dans notre optimisme par rapport à ce dialogue nous le préparons sereinement. », estime Limane Mahamat.
Au sujet de la forme de l’État, le rapporteur général du CODNI, explique les rapports du pré dialogue montre clairement que les Tchadiens réitèrent leur volonté de voir la constitution de 1996 restaurée. Pour rappel, la constitution de 1996 prévoyait la forme d’organisation de l’État unitaire avec une forte décentralisation. « Ce sont les expressions de sentiments et des attentes qu’en ma qualité de coordonnateur, je ne peux pas à ce stade tirer une conclusion », précise-t-il. Il ajoute par ailleurs qu’il faut intégrer toutes ces attentes et ces préoccupations et ce qui est en train d’être fait par les équipes des experts. Il appartiendra aux participants de se prononcer aisément sur la forme de l’État et non les organisateurs.
Pour Dobian Asngar, membre du CODNI, rencontré à la sortie de la restitution, il y a des choses qui ne sont pas à leurs places. Ils ont, toujours selon lui, eu à critiquer et ont donné leur point de vue pour être intégrés. Le défenseur des droits de l’homme évoque les raisons du mécontentement en disant que c’est sur la forme de l’État que certains ne sont pas contents, mais tout est entré dans l’ordre. Le premier jour de la restitution, certains n’étaient pas contents sur la manière de décider sur la forme de l’État.
Le rapporteur général de la mission des provinces de l’Ennedi-Est et Ouest, Annour Djibrine Abdoulaye a exprimé sa satisfaction pour la restitution. Pour lui, toutes les délégations ont transmis fidèlement les conclusions des participants. Il précise que ces restitutions seront compilées et remises à qui de droit.
Jules Doukoundjé
Le débat sur la forme de l’État au Tchad ne cesse de faire couler de l’ancre dans le milieu intellectuel et politique. Dans notre série sur le Débat fédéralisme ou État unitaire, Ialtchad Presse est allé interviewer le professeur Ahmat Mahamat Hassan. Il recadre le débat en disant que ni la décentralisation ni le fédéralisme ne pourraient résoudre le problème du Tchad. Selon lui, il faut plutôt soigner la dévolution du pouvoir, la gestion de la gouvernance et le leadership. Entrevue.
Pour le professeur Ahmat Mahamat Hassan, ancien doyen de la faculté de droit de l’université Adam Barka d’Abéché et ancien ministre de la Justice, garde de sceau chargé des droits humains sous Idriss Deby Itno s’exprime sur la forme de l’État. Certains Tchadiens, soutient-il, insistent et persistent pour une nouvelle forme de l’État, le fédéralisme, dans le cadre du Dialogue national inclusif (DNI) qui s’annonce. D’autres disent non, restons dans un État fortement décentralisé. Le professeur Ahmat Mahamat Hassan estime que le débat sur l’État fortement décentralisé ou État fédéral cache l’absence de l’État et de la République égalitaire et citoyenne. Selon lui, le principe, c’est la dévolution du pouvoir où on ne trouve plus d’État régulant les rapports sociaux entre les groupes et les individus. « Il n’y a plus de République citoyenne où les individus sont égaux devant la loi en obligation et en droit », explique l’enseignant chercheur. Il souligne que c’est cette situation qui a poussé les gens à penser que la fédération pourrait être la solution.
Pour le professeur, la fédération est une alliance libre entre plusieurs États qui mettent ensemble leur destin en s’accordant sur un nouveau contrat, une constitution centrale faisant avec un partage de pouvoir. L’État fédéral s’occupe des questions plus générales : l’armée, la défense et de relations extérieures. Les états fédérés gèrent les affaires locales avec des exécutifs locaux et de parlements locaux votant des lois reflétant les réalités de chaque province. Il précise toutefois que le système fédéral ne veut pas dire l’autodétermination, ni la séparation, ni l’éclatement. L’ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux, chargé des droits humains au temps de Idriss Deby Itno affirme que ce n’est pas aujourd’hui que le débat se pose. Ce débat a commencé depuis 1972 à la conférence de Doyaba dans la banlieue de Sarh, au sud avec le premier président François Ngarta Tombalbaye. Il rappelle que le ministre d’État chargé de la coordination à la présidence, à l’époque, Antoine Bangui parlait à la conférence de Doyaba, des exécutifs locaux et des législatifs locaux. Selon lui, Antoine Bangui parlait déjà de la Fédération sans se rendre compte, mais que c’était la décentralisation qui avait été adoptée à cette époque-là. Ahmat Mahamat Hassan qui explique le chronogramme de l’histoire de la forme de l’État note qu’en 1975, après la mort du premier président, les militaires avaient organisé une conférence à N’Djamena en 1977 à laquelle ils ont aussi adopté la décentralisation. Mais, il ajoute que cette décentralisation n’a jamais été expérimentée. Le professeur affirme qu’en 1981, le président du gouvernement national de transition, Goukouni Weddey a organisé à Douguiya, à 80 km de la capitale, N’Djamena, une conférence sur le Tchad et son devenir. Et que cette conférence avait opté pour la décentralisation. L’enseignant chercheur est aussi revenu sur la conférence nationale souveraine de 1993 qui a aussi opté pour un État avec cette fois-ci le qualificatif « fortement décentralisé ».
A la question de la décentralisation, Ahmat Mahamat Hassan répond que c’est une forme de gestion de l’État à la française. L’État central est responsable de la gestion des compétences générales couvrant l’ensemble du pays et accorde à des collectivités territoriales décentralisées, dotées des organes, mais qui n’ont pas de pouvoir législatif. Selon lui, la décentralisation donne la primauté à l’État central. Il souligne qu’on a créé des régions par décret, des départements et des communes, mais on n’a pas adopté la décentralisation dans son sens strict. « Maintenant, nous sommes à la veille d’un dialogue inclusif, tout le monde s’accorde à dire, peut-être que le fédéralisme pourrait apporter une solution », estime le professeur. De l’avis du chercheur, le fédéralisme ne veut pas dire l’autodétermination des régions, des groupes ou des ethnies. L’ancien ministre évoque aussi la question de la dévolution du pouvoir qui devrait être par le moyen pacifique du vote et du libre consentement des citoyens tchadiens n’a jamais eu lieu contrairement aux pays africains.
« Ni la décentralisation ni le fédéralisme ne pourraient apporter une solution à la question du vivre ensemble des tchadiens. »
En décortiquant toutes les conférences, de 1972 à la conférence nationale souveraine de 1993 sur la forme de l’État, le professeur Ahmat Mahamat Hassan s’interroge si la forme de l’État pouvait régler le problème de vivre ensemble des Tchadiens dans le respect et surtout dans la justice sociale. « Je ne suis pas sûr que la forme de l’État pourrait régler tous ces problèmes », ajoute-t-il. Selon lui, chaque forme de l’État, que ça soit la décentralisation ou le fédéralisme ont leur logique et que cette logique a un niveau central qui contrôle la défense et l’armée. Il affirme que ni la décentralisation ni le fédéralisme ne pourraient apporter une réponse à la question du vivre ensemble des tchadiens.
Solutions
Le professeur suggère que pour régler le problème de vivre ensemble des Tchadiens, il faut soigner la dévolution du pouvoir, la gestion de la gouvernance et le leadership. Selon lui, le Tchad a manqué de leadership. Il propose qu’on arrête la prise du pouvoir par les armes. L’enseignant chercheur indique que la prise du pouvoir par les armes pousse les membres du clan de celui qui est au pouvoir à utiliser les biens de l’État comme leurs propres biens. Il précise que la constitution de 1996 interdit bien dans son préambule « tout groupe ou tout individu qui gouverne au Tchad par la violence, par le népotisme, le tribalisme ou la division » sans cela, le pays ne va pas trouver de solutions et la forme de l’État n’est pas une solution.
Jules Doukoundjé