Jusque-là rien n’a bougé dans le dossier du collectif des lauréats professionnels de l’éducation (ENIB, CAP\CEG et DIPES) en instance d’intégration à la fonction publique. Au cours d’un entretien avec leur porte-parole, M. Neuzilka Emmanuel demande que la loi des Finances 2022 les prenne en compte. Le secrétaire exécutif du SET national Ngartoïdé Blaise précise que la question des lauréats en éducation est bien prise en compte lors de la signature du pacte social. Reportage.
M. Neuzilka Emmanuel demande au Président du conseil militaire de transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby Itno qu’on prenne leur intégration en compte dans la loi des finances 2022. En 2020 rappelle-t-il, le défunt président Idriss Deby Itno a promis intégrer 20 000 jeunes diplômés à la fonction publique. Jusqu’à sa mort, même pas la moitié n’a pu être intégrée. Après son décès, les diplômés sans-emploi particulièrement les lauréats professionnels de l’éducation (ENIB, CAP\CEG et DIPES) en instance d’intégration méditent toujours sur leur sort. Leur porte-parole Neuzilka Emmanuel affirme qu’ils ont adressé des correspondances aux autorités qui sont restées sans une suite. Selon lui, aujourd’hui leurs arrêtés ne sont, toujours, pas signés. « La junte qui assure la transition semble faire la sourde oreille sur la question de recrutement à la fonction publique. Ce silence du Conseil militaire de transition (CMT) compromet l’espoir des nombreux jeunes qui attendent leur intégration », dit-il.
M. Neuzilka Emmanuel déclare qu’à travers toutes leurs démarches, seul le ministre de la Sécurité qui leur avait proposé de places dans l’armée lors d'une rencontre avec lui dans son bureau, le 03 septembre 2021. « L'année tant vers la fin et nous le savons tous que des milliers des fonctionnaires ont été admis à la retraite et certains sont décédés. Alors on se demande par quelle méthode ces derniers sont remplacés?», souligne le porte-parole des lauréats de l’éducation. Il plaide auprès du Président du conseil militaire de transition (PCMT) et son gouvernement de proposer des solutions adaptées à la souffrance des jeunes Tchadiens. « Les jeunes diplômés ne demandent pas trop. Ils veulent de l'emploi qui va leur permettre de se prendre en charge. Mais les autorités ferment les yeux et les oreilles. Une telle attitude risquerait de nous pousser encore dans les rues », dit le leader des lauréats.
D’après M. Blaise Ngartoïdé, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du Tchad (SET), ils ont toujours inscrit à travers leur lutte, la question d’intégration des enseignants formés. Pour lui, il faut des éducateurs qualifiés pour une éducation de qualité. « Tout est pris en compte dans le pacte social. Nous faisons beaucoup de choses, mais on ne peut pas à tout moment crier à tue-tête. On s’en tient aux maîtres communautaires parce que c’est une chasse gardée de ceux qui l’entretiennent. Même, le ministère de tutelle se sucre les doigts surtout que le projet est financé par la Banque mondiale », déplore M. Blaise Ngartoïdé. Sinon quelle est la qualité de l’enseignement que donnent les maîtres communautaires ? S’est-il interrogé.
Moyalbaye Nadjasna
Au cours d’une Assemblée Générale (AG) tenue le 17 novembre dernier, la cellule des Syndicats des Enseignants du Tchad (SET) des lycées et collèges de la Liberté exige la remise officielle et en état initial de la salle de cantine. L’ONG Technidev avait entrepris des travaux de construction d’un centre numérique à l’intérieur de la grande salle de cantine scolaire de l’établissement. Les travaux sont considérés comme une accaparation depuis le mois de septembre par la cellule SET de cet établissement. La cellule a protesté auprès de l’Inspection générale de service de l’Éducation. Les travaux ont été suspendus, mais Technidev refuse. Les protagonistes en sont venus aux mains. Reportage.
12h 00, Lycée de la liberté au quartier repos dans le 4e arrondissement de la capitale tchadienne. C’est la fin de la classe pour les élèves du matin. Ceux de l’après-midi s’empressent pour regagner les salles de classe. Nous tombons à pic, les membres de la cellule SET des lycées et collèges de la Liberté sortent d’une AG. Nous demandons à M. Ousmane Moussa Issa SG de la cellule SET, qu’est-ce qui a été décidé. « Nous avons décidé de la restitution officielle de la salle de cantine en son état initial. Cela doit s’effectuer avec une décharge en présence de l’administration des Lycées et collèges, de l’inspecteur général de service et du DG de Technidev dans un bref délai. » Il complète ses affirmations en disant que les enseignants veulent ce local pour continuer leurs activités pédagogiques. Selon lui, le SET provincial a envoyé une mission sur le terrain le 27 octobre passé pour constater de visu les travaux effectués par l’ONG Technidev. « Notre AG fait suite à notre rencontre avec l’inspection générale de service puisqu’on a donné le compte rendu de nos rencontres avec la base », explique Ousmane Moussa.
Nous allons voir le proviseur du Lycée littéraire. Selon M. Idriss Hassan Kabba, l’institut des technologies innovantes pour le développement (Technidev) dispose d’une autorisation provisoire qui date de 2015. Pour le proviseur du Lycée littéraire, d’après le DG de la Technidev Khalid Doutoum, c’est le ministère de l’Éducation nationale et son partenaire l’Unicef qui ont demandé de faire des aménagements dans la grande salle de la cantine scolaire pour en faire un centre numérique. « Or cette salle sert beaucoup le lycée. C’est un lieu de formation des enseignants, des élèves, sa capacité permet de contenir 2000 enseignements pour les enrôlements biométriques le même jour. Au moment de baccalauréat, la salle de la cantine fait a elle seule 3 salles d’examens », dit le proviseur. Chose curieuse relate-t-il, la grande salle est divisée en des petits bureaux. Et l’espace qui reste actuellement ne peut pas contenir 30 élèves.
M. Idriss Hassan Kabba se plaint, car l’inspection de pool leur a demandé de préparer la salle pour une formation de 3 jours à l’intention des enseignants. « À l’heure où je vous parle, on ne sait pas où tenir cette formation », poursuit-il. Le proviseur souligne que Technidev a profité de la période des vacances pour travailler nuit et jour. « Quand on a repris les cours, les travaux étaient avancés à 80%. Ils sont dans les finissons, le crépissage et la peinture. Et c’est l’inspection générale de service de l’Éducation qui a arrêté les travaux, il a fait sortir les manœuvres et m’a instruit de fermer la salle. C’est ce qui fut fait », dit-il.
Toujours selon M. Hassan Kabba, à peine l’IGES parti, que l’entrepreneur arrive et le verbalise. Il lui demande en qualité de qui a-t-il fermé la salle. « Je suis un chef de service. C’est mon supérieur hiérarchique qui m’a autorisé de le faire. Il me demande de lui fournir les papiers autorisant la suspension des travaux « sinon je prends ma responsabilité ». Sur-le-champ, j’ai appelé l’inspecteur pour lui dire que l’entrepreneur est arrivé et soutient qu’on n’a pas le droit de fermer la salle sans un papier motivant », témoigne-t-il. Pour M. Idriss Hassan Kabba, comme il s’entêtait pour poursuivre le chantier, le proviseur du lycée scientifique accompagné de quelques enseignants ont demandé le respecter de la décision de suspension des travaux.
Suite à cela, les tiraillements ont éclaté et les élèves sont venus l’alerter. Il s’est dépêché sur le lieu. J’ai pris le cadenas pour sceller. « Lorsque l’entrepreneur a appris que j’ai fermé la salle. Il est venu avec son téléphone pour me filmer. Quand je voulais arracher le téléphone, il m’a porté un coup et les enseignants nous ont séparés. Il me dit demain à 14h je ne serai plus proviseur. J’ai ri en lui répondant que j’ai 30 ans de service et non 3 jours. Et si en sa qualité d’entrepreneur, il peut me renvoyer en quelques heures, ce n’est pas grave, car j’ai servi déjà le pays. Je lui ai demandé de sortir de mon bureau », dit le proviseur.
Convocation au SNRJ
M. Idriss Hassan Kabba affirme que l’entrepreneur est sorti de son bureau pour revenir avec une convocation du Service national de renseignements judiciaire (SNRJ). Il informe ses collaborateurs. À la SNRJ le vendredi dernier, un agent me dit proviseur c’est la journée courte jusqu’à 12h, on va t’enfermer. « J’ai souri sans lui dire un mot. Dieu merci le responsable de la SNRJ après nous avoir écouté, a débouté le plaignant. Après conciliation, il a demandé qu’un huissier vienne évaluer les dépenses, il les déposer auprès de l’Unicef qui va payer le ministère. Le proviseur n’est qu’un exécutant », explique-t-il.
D’après le rapport du SET provincial, le DG de Technidev a opposé un refus systématique aux membres de la cellule SET du lycée de la liberté. Il leur a demandé de s’adresser à leur ministère de tutelle qui lui a donné l’autorisation. Les élevés dans un communiqué de presse signé le 25 octobre disent que, « si les enseignants n’arrivent pas à résoudre le problème, ils prendront leur responsabilité. » Le proviseur dit être prudent avec les élevés, car s’ils entrent dans le conflit cela risque de dégénérer.
« Maintenant on attend la réaction de la cellule SET du lycée la Liberté et le SET provincial. Tout ce que nous souhaitons c’est la paix », conclut M. Idriss Hassan Kabba.
Moyalbaye Nadjasna
La ville de Faya, chef-lieu de la province du Borkou est en ébullition. La population est les rues depuis le 16 novembre. Ils protestent contre les autorités provinciales pour la confusion et le non-respect des termes du communiqué officiel. La manifestation a fait un mort et des blessés.
Les manifestations à Faya, chef-lieu de la province du Borkou, nord du Tchad se poursuivent ce 18 novembre selon nos sources. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour tenter de disperser les manifestants qui sont majoritairement jeunes. En même temps, les tirs à balles réelles ont été entendus. Ces tirs ont coûté la vie à un jeune garçon et a fait des blessés dès le premier jour des manifestations.
Tout est parti d’une confusion des contenus et des délais des communiqués signés, l’un par le maire de la ville Herendji Abakar et l’autre par le Secrétaire Général Provincial, Pargue Dieudonné Jacques. Selon toujours nos sources, ces deux communiqués ont mis la population dans une confusion totale. Il se trouve que le communiqué du maire de la ville informe la population détentrice de véhicules de marque Toyota de couleur Kaki ou gris de les changer en couleur blanche pour différencier les véhicules civils des véhicules militaires.
Le communiqué précise également la sanction qui sera infligée aux contrevenants. Les mêmes sources indiquent qu’un délai de 1 mois a été accordé aux personnes concernées pour se conformer à la décision. Un autre communiqué tombe sur la tête de la population, cette fois-ci signé par le secrétaire général de la province. La note informe aux usagers de véhicules que « pour des raisons de sécurité, un contrôle se fait actuellement. Et concerne uniquement les propriétaires des engins qui n’ont aucune pièce et ne respectent pas la décision relative à l’interdiction des véhicules à vitres teintées et de couleurs similaires aux véhicules militaires qui sèment la confusion ».
Deux communiqués avec des contenus et délais butoirs différents. Ce qui a mis l’huile sur le feu est le délai butoir du 12 novembre 2021 donné par les autorités aux usagers. Confus d’abord et en même temps surpris de voir leurs voitures raflées par les autorités, les citoyens ont exprimé leur ras-le-bol. À travers leurs revendications, les manifestants réclament d’abord la restitution de leurs véhicules raflés par les forces de l’ordre. Ils exigent en même temps, le départ du gouverneur de la province de Borkou, Ismat Issack. Dans la foulée ils ont envahi les édifices publics et brûlé des pneus à travers la ville.
D’après nos sources, ce soulèvement de la population a causé la fermeture des marchés. Aux dernières nouvelles, les manifestants exigent non seulement le départ du gouverneur, mais aussi sa traduction devant les juridictions pour avoir attenté à la vie du petit garçon.
Kouladoum Mireille Modestine
C’est la suite de la première chronique : Les grands perdants de la transition. Ce second papier je l’ai intitulé : Les grands gagnants de la transition. Le titre s’est imposé de lui-même. Alors qui sont les gagnants de cette première manche de la transition? J’ouvre la boîte aux enveloppes. Je saisi la première enveloppe.
Je l’ouvre ….
C’est Mahamat Idriss Deby Itno dit l’agneau-loup. Surnommé affectueusement « Mahamat Kaka », Kaka un sobriquet qui signifie au Tchad fils de grand-mère. Presque tous ceux élevés par une grand-maman, le porte. Subtilement cela veut dire enfant dorloter, enfant gâté, etc. Ces enfants sont souvent curieux, ou turbulents, intelligents, sages, et taiseux à force de côtoyer les personnes âgées qui leur consacre beaucoup d’attention, d’affection et leur donne la liberté d’expérimenter la vie réelle dans l’enfance. Le président de la Transition semble être dans la catégorie des taiseux. Plusieurs le prenaient pour un agneau de sacrifice. Je parie ma langue aux chats qu’ils mordront la poussière comme on dit.
À 37 ans le pouvoir lui est tombé sur la tête, dit-on. Il était un fils parmi d’autres. Je me suis renseigné sur le « pourquoi lui » ? Pourquoi en République cela est-il possible de s’accaparer du pouvoir par la force, quelles que soient les circonstances? J’ai reçu les mêmes réponses : « il est mieux que les autres », comme si cela lui revenait de droit. Aussi, je me suis rendu compte que le Tchad n’est une République que de nom. La République s’est « monarchisée ». Les esprits aussi. Je relance ma question sous une autre forme. Qu’est-ce que le président de Transition a de plus que ses autres frères ? Il semblerait, selon les mêmes sources, qu’il n’est pas flamboyant. Qu’il est simple, courtois, reconnaissant, calme, etc. C’était un jeune général qui recevait tout le monde sans distinction. Il écoutait les doléances de tous ses soldats, les aide à trouver des solutions, etc. J’avais envie de leur répondre : et alors? Aucun des arguments avancés ne répondaient à des critères objectifs.
Bon voilà, il est président de la transition parce qu’il est le plus gentil. Parce qu’il est le « fils de l’autre ». C’est tout. Et la République et sa Constitution alors ? Il y a même une source qui me répond en disant, sans sourciller, que le pays est au-dessus de la Constitution. Bizarre. Moi qui croyais naïvement que le pays, c’est un territoire, ses habitants et sa Constitution. J’ai lâché prise en concédant que la première manche du rendez-vous historique est remportée par le président du Conseil Militaire de Transition (PCMT). Peut-être même malgré lui.
Les jours passent, l’agneau du sacrifice cravache dur durant cette seconde manche. Il est transformé. Il est désormais un jeune loup. Il tente de mordre. De s’imposer. La démonstration a été faite lors de son entrevue à la télévision française France 24. Sur le fond, il ne s’est pas amélioré. Ses réponses sont courtes, sans entrain et presque sans argumentations. Elles sont pointées par des « oui », des « non », des « on verra ». Elles finissent presque toujours abruptement. Il semble répéter des réponses apprises par cœur au grand dam du journaliste. Il invoque Allah en justifiant son fauteuil et la légitimé en jurant la main sur le cœur que c’était le contexte sécuritaire qui l’a propulsé président. Il a, par contre, gagné en assurance. Il refuse de dire clairement comme, par exemple, le président de la transition de la Guinée Mamady Doumbouya qu’il ne se présentera pas. J’invite les partisans de Mahamat Idriss Deby Itno de regarder et d'écouter ce autre jeune président de transition, éloquent dans ses propos, clair dans ses pensées et juste dans ses actions. J’envie les Guinéens. Le nôtre, le PCMT, est resté flou. Et quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup disent les Français. Il confirme par ce flou qu’il sera bel et bien candidat. L’agneau est devenu loup. Les autres agneaux dans l’enclos sont avertis. Toutefois, il faut toujours espérer qu’il a le temps de changer et d’être clair comme Doubouya. S’il s’exécute, en organisant les élections sans se présenter, il sera un grand gagnant. Le Tchad aussi. Il évitera ainsi une autre tragédie au pays. Il a sa jeunesse pour lui. Il lui faut droiture et conviction pour tenir. Un pari difficile, mais pas impossible.
Ensuite, je saisi la seconde enveloppe et l’ouvre…
C’est Succès Masra dit l’ambitieux gourou. Tel un pasteur méthodiste il applique sa stratégie avec de la méthode. Il trace son chemin vaille que vaille et bouscule tout sur son passage. Beaucoup des Tchadiens l’ont regardé commencer presque seul. Le pouvoir du défunt Maréchal et ses amis le prenaient pour un illuminé mais rien n’y fait. La politique c’est comme une religion pour lui. Et son parti Les Transformateurs est pour lui presque une révélation divine. Lui, le gourou presque messianique y croit. Il a construit son parti comme une foi religieuse : croire, croire et croire. Le salut est dans la croyance. Et le Tchad transformé par les Transformateurs est la Terre promise aux enfants d’Israël, les Tchadiens. Il fait souvent référence à cette histoire religieuse. Le chef des Transformateurs fascine et fait peur en même temps. Comme journaliste, j’étais curieux de l’évolution de ce jeune politique. Je suis allé le rencontrer, échanger avec lui en lui proposant une entrevue « One to One », il a marqué son accord de principe. Avant cette rencontre, j’ai même écrit une chronique lorsque le défunt président l’a invité au palais pour lui serrer les mains, faire des photos. Une rencontre surprise qui a fait couler beaucoup d’encre et de salives. Un proche conseiller a même quitté le parti, clamant être trahi par le simple fait que son chef a rencontré le défunt président. Cette histoire a fait ruer dans les brancards comme on dit. Succès a fait le dos rond. La tempête a passé avec elle Idriss Deby Itno. Une nouvelle donne s’est installée. Masra est sorti des bois, ragaillardi. Il est jeune. Il incarne la nouveauté, la rupture avec le passé. Surtout avec tous ses vieux collègues qui soit se sont précipités dans les bras du CMT, soit sont dépassés par la méthode Masra. Il parle aux jeunes. Il sait les dénicher dans les réseaux sociaux. Cette stratégie à l’avantage de reléguer les autres politiques dans l’Ancien Monde.
Succès a donc du succès. Il s’est imposé sur la scène politique. Il a su garder le cap et est resté cohérent. Il a refusé d’embarquer dans la transition sans qu’on accepte ses préalables. Il réclame entre autres choses la modification de la charte en écrivant noir sur blanc que les membres de la junte ne se présenteront pas aux futures élections. Il exige un dialogue inclusif et souverain. Au sujet du Conseil national de transition (CNT), il a une formule lapidaire « pas de charrue avant les bœufs ». Masra c’est aussi l’Ancien Monde avec ses meetings sous le balcon devant le siège de son parti. Souvent, c'est après que la foule soit chauffée à blanc qu’il apparaît tel un messie haranguant ses jeunes militants majoritairement du sud du pays. Ils slament en s’interrogeant en Arabe locale « mâla mâa bi dorouna? » (Pourquoi ne veulent-ils pas de nous?) Cette « méthode Coué », version Transformateur, hypnotise ses militants et fait peur ses adversaires, les railleurs d’hier. Ce qui les terrifie c’est lorsque le leader s’adresse à cette foule compacte en affirmant, « plus rien ne se fera comme avant. Plus rien ne se fera sans nous. On rendra ce pays ingouvernable », en ces temps où l’option du Fédéralisme commence à contaminer le septentrion, les esprits en haut lieu commencent à s’interroger.
Enfin, les meetings des Transformateurs ont déjà transformé la façon de faire de la politique. Une gaieté contagieuse au rythme des pas de danses et du son du tam-tam traditionnel. Cela annonce, je l’espère, la naissance d’une nouvelle génération d’hommes et des femmes politiques intrinsèquement démocrates. Elle n’annonce pas, je le souhaite, la naissance des leaders politiques obtus, calculateurs et sectaires que le pays a connus depuis le matin de l’Indépendance. Succès a, également comme le PCMT, gagné la première manche de cette transition. Il gagnera encore plus en implantant son parti dans le septentrion tchadien. Et en intégrant dans son organisation beaucoup de jeunes militants nordistes. Le Tchad y gagnera.
Bello Bakary Mana
L’abattoir frigorifique de Farcha est partiellement fermé depuis plus de 7 mois. Les employés de ce grand abattoir qui ravitaille toute la région d’Afrique centrale réclament 5 mois d’arriéré de salaire et leurs droits sociaux. Depuis plusieurs mois, les employés se battent pour la réouverture de leur entreprise, mais sans une réponse favorable du ministère tutelle. Reportage.
L’abattoir moderne, appelé communément abattoir frigorifique de Farcha, situé dans le 1er arrondissement de la commune de N’Djamena, ne fonctionne plus depuis plus de 7 mois. Cette fermeture inquiète les employés qui réclament plusieurs mois de salaire et leurs droits sociaux. Créé en 1958, cet abattoir moderne avait la capacité d’abattage de plus 5 000 têtes de bovins par jour. Aujourd’hui c’est à peine à 400 têtes. Il est partiellement fermé. Le personnel crie à la mauvaise gestion par les responsables. Certains soupçonnent cette fermeture parce qu’une société arabe chercherait à reprendre les activités avec un autre personnel. Plus de 200 employés et leurs familles sont ainsi contraints à vivre sans salaire depuis plusieurs mois.
Pour Tahir Ali Brahim, membre du collectif des employés de l’abattoir de Farcha, la société les a laissé tomber, mais les responsables ne savent pas quoi faire pour faire fonctionner l’abattoir. Il rappelle que l’abattoir frigorifique de n’a jamais rencontré une si grande difficulté depuis sa création. Selon lui, le ministre de l’élevage a fermé l’abattoir pour rien. Le porte-parole du collectif des employés estime que parmi ce personnel, plusieurs sont des chefs des familles et sont abandonnés dans la nature. « On leur demande de faire quelque chose pour nous, mais rien. Ils ne font que nous donner les rendez-vous fallacieux qui n’apporte rien de concret », dit un employé la rage dans la voix. Selon lui, l’abattoir marche bien, toutes les machines fonctionnent normalement, il est fermé pour des raisons que les employés ignorent.
Selon les employés, c’est le ministre de l’Élevage qui est la cause de leurs souffrances. C’est lui, selon eux, qui a donné l’ordre de fermer l’abattoir. Le personnel est inquiet par la fermeture d’un grand abattoir qui alimentait toute l’Afrique centrale en viande. Pour trouver une solution idoine à ce problème, les employés ont rencontré le ministre de tutelle en juillet dernier, puis celui des Finances, mais sans une suite favorable. Pour les employés, cette fermeture partielle est à l’origine de la création de 6 aires d’abattages dans la ville de N’Djamena. Ces aires illégales et non contrôlées par les services vétérinaires ravitaillent les marchés de la capitale en viandes, mais ces viandes. Tahir Ali Brahim ajoute par ailleurs que l’abattoir de Farcha fournit de meilleures viandes sous le contrôle qualité des médecins vétérinaires. Cette viande est distribuée partout dans les provinces du pays et même exportée.
Ali Issa Abba un autre employé est aussi inquiet. Il accuse le ministère d’avoir délibérément mis au chômage des pères des familles . « C’est le ministère qui veut fermer la maison sur nous. On travaille, et on fait des recettes et ils refusent de nous payer », dit-il. Il va plus loin dans les accusations en indexant le ministre de l’élevage d’être à l’origine de la création des aires d’abattage qui font une concurrence déloyale à l’abattoir de Farcha. M. Ali Issa Abba confie que sur les 22 chambres froides de l’abattoir, 12 seulement fonctionnent.
Un autre syndicaliste qui s’exprime sous couvert d’anonymat affirme que l’État accorde une ligne budgétaire de plus 300 millions des F CFA pour le fonctionnement de l’abattoir de Farcha. Selon lui, l’abattoir même génère de recettes de plusieurs millions par mois. « Au début, c’était 8 mois de salaire, l’État a payé 3 mois et il reste encore 5 mois », explique l’ex-employé et membre d’une plateforme syndicale des employés de l’abattoir.
L’abattoir frigorifique de Farcha compte 121 personnels directs et 168 personnels indirects. Si rien n’est fait dans les jours à venir pour sauver l’emploi de ces 289 employés et leurs familles, ils menacent de continuer d’organiser les marches devant le ministère tutelle. Pour réclamer 6 mois d’arriéré de salaire et leurs droits sociaux, les employés de l’abattoir de Farcha ont organisé un setting devant le ministère de l’élevage hier, 16 novembre. Mais ils ont été violemment dispersés par la police, 4 manifestants sont grièvement blessés.
Jules Doukoundjé
N’Djamena vit depuis quelques semaines au rythme des coupures intempestives d’électricité. La Société Nationale d’Électricité (SNE) ne fournit pas en journée le courant. Cela cause un préjudice aux activités de petites et moyennes entreprises (PME). Reportage.
N’Djamena, la capitale tchadienne est privée d’électricité depuis quelques semaines. La SNE peine à alimenter les N’Djamenois durant la journée. Et ce, malgré le fait que la ville est alimentée par 3 centrales électriques 2 à Farcha dans le 1er arrondissement et la 3e sur le site de la mini raffinerie de Djarmaya à environ 30 km. Malgré ces sources d’énergie, l’électricité reste une denrée rare.
L’électricité est fournie tard dans la nuit et reprise très tôt le matin tous les jours. Cette façon de faire de la SNE affecte négativement les activités génératrices de revenus de petits entrepreneurs. Pour Saleh Mahamat coiffeur, la société ne fournit pas l’électricité pendant les heures de travail alors il est difficile pour lui de faire de recettes. « Imaginez qu’on paye la maison, et on doit aussi payer les factures de l’eau et d’électricité qu’on n’utilise même pas. Cela fait mal », affirme-t-il. À son avis, certains clients ne supportent pas la chaleur et repartent faute d’ électricité. Il faut débourser au moins, 10 000 mille francs par jour pour assurer le carburant du groupe électrogène, explique le coiffeur. Malheureusement pour lui, les recettes journalières tournent autour de 2500 et 5000FCFA par jour. « On sait qu’avoir de l’électricité en continu dans ce pays est impossible. Mais au moins, qu’on nous donne pendant les heures de travail pour exercer nos activités génératrices de revenus », dit-il.
Un peu devant, nous rencontrons Djoudallah Abakar Bachar dans son cybercafé. Avec un groupe électrogène alimenté à travers une bonbonne de gaz, M. Bachar nous raconte comment ses activités tournent au ralenti par manque d’électricité. « On dirait que la SNE n’existe plus. Un cybercafé ne peut pas fonctionner sans électricité. Cette coupure intempestive fait que le rendement journalier est faible ». Il explique que l’alimentation du groupe électrogène par le gaz butane est un risque. Selon le gérant du cyber café, ils sont obligés d’intégrer ce risque pour satisfaire les clients. D’après Bachar, certains usagers de leurs services viennent de loin alors ils sont contraints de démarrer le groupe électrogène. Peu importe, même si c’est pour faire une photocopie de 25f, ajoute-t-il. Pour lui, le besoin vital pour qu’un entrepreneur excelle dans ses activités c’est l’électricité. Il déplore que l’électricité devienne un luxe au point de saper leurs activités. « Les autorités ont dit aux jeunes d’être audacieux et entreprenants. Mais lorsqu’on entreprend, le problème d’électricité se pose. Franchement on dirait que ce pays n’est pas fait pour nous autres. Nous accompagnons seulement ceux qui vivent bien », se plaint-il l’air désespéré.
À 100 m du cyber café d’Abakar, se trouve un restaurant. Ousmane Ali est le propriétaire. Il fait tourner son entreprise avec un groupe électrogène toute la journée. Selon lui, tout doit marcher dans un restaurant avec de l’électricité. Le manque de lumière ralentit énormément leurs activités et les recettes journalières sont en baisse. « On ne peut pas conserver les fruits, moins encore, les préparer à nos clients sans électricité. Parfois, certains de nos fruits pourrissent parce qu’ils ne sont pas mis au frais », dit le restaurateur. Lorsqu’on n’a pas d’électricité il fait chaud à l’intérieur et certains clients refusent d’y rester, c’est une perte, déplore Ousmane, la voix triste.
Kouladoum Mireille Modestine
88 nouveaux cas de Covid-19 sont détectés, ce 8 novembre. Le Président du Conseil Militaire de Transition (CMT), le général Mahamat Idriss Deby après son retour de Paris, capitale française, a décidé de se mettre en quarantaine alors qu’il a été testé négatif. Selon plusieurs sources, les tests de ses proches collaborateurs se sont révélés positifs. Les autorités sanitaires appellent la population au respect de mesures barrières. Reportage.
Ce matin dans la capitale tchadienne, la plupart des usagers de la route à pied ou sur leurs engins portent des masques. Certains regrettent le retour de la Covid-19 et surtout au port de masques. D’autres estiment que la vie humaine est sacrée et cela vaut le prix de la préserver. Le plus grand souci de la population, c’est la peur du réconfinement. Ils ne souhaitent pas arriver à cette décision. Car, disent-ils, le confinement passé est un mauvais souvenir. Surtout pour les plus démunis.
88 nouveaux cas de Covid-19 détectés, ce 8 novembre a indiqué Abderrahmane Koulamallah, ministre tchadien de la Communication, dans un communiqué. Il affirme que cette hausse est enregistrée dans les 6 provinces du pays. M. Koulamallah ajoute, « en fonction de l’évolution du contexte pandémique, d’autres mesures pourraient être prises. Elles sont, entre autres, l’obligation du port du masque dans tous les lieux de rassemblement fermés, les marchés, lieux de culte, places mortuaires, etc. »
Le chef de l’État en quarantaine après un séjour à Paris, capitale française. « À notre arrivée ce soir en provenance de Paris, quelques membres de l’équipe de mes proches collaborateurs ont été testés positifs au covid-19. Bien que je suis testé négatif, je me mettrai en quarantaine par précaution », a-t-il déclaré dimanche soir. Pour plus de prudence, il demande aux Tchadiens d’être vigilants. « La covid-19 continue à se propager et à faire de victimes, j’exhorte vivement mes compatriotes à se faire vacciner et à respecter les mesures barrières », a dit le président de la transition Mahamat Idriss Deby.
Depuis le 4 juin passé, date de l’opérationnalisation de la vaccination contre la Covid-19, moins de 200 000 personnes ont été vaccinées. Autrement dit pour les autorités sanitaires, plus de la moitié n’a reçu que la première dose. Selon les informations sur la toile livrée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 14 novembre, le Tchad totalise 5 107 cas de coronavirus, dont 175 décès dénombrés depuis le début de l'épidémie en mars 2019.
Moyalbaye Nadjasna
L’association des personnes handicapées de N’Djamena s’est réunie dimanche dans l’après-midi pour peaufiner leur stratégie pour revendiquer la réouverture du pont de N’gueli. Elle donne une semaine aux autorités pour répondre à leur exigence, sinon ils vont ramper jusqu’à la primature. Reportage.
Les personnes handicapées de la ville de N’Djamena ne supportent plus la fermeture du pont de N’gueli. L’association qui réunit toutes ces personnes handicapées qui vont à Kousseri, au Cameroun voisin, en tricycles pour transporter des marchandises dit que ces personnes à mobilité réduite ne peuvent plus subvenir à leurs besoins. Et si les autorités publiques ne sursoient pas leur décision et de ne pas rouvrir le pont, elles vont ramper jusqu’à la primature.
Pour leur porte-parole, réfugié à Kousseri, Ali Ossignbédé Justin, c’est depuis 4 mois qu’ils sont en train de lutter pour la réouverture du passage de Kousseri pour leur permettre de reprendre le trafic des marchandises. Selon lui, les personnes handicapées étaient à Kousseri mais la police camerounaise les a expulsés. Le 4 novembre dernier, ils ont rampé devant l’ambassade des États-Unis pour exiger la levée de cette mesure. Pour le porte-parole, les personnes à mobilité réduite ne demandent pas le départ du président du Conseil Militaire de Transition, le Général Mahamat Idriss Deby, ni le départ du Premier ministre de la transition Pahimi Padacké Albert. Elles demandent simplement la réouverture de la route vers Kousseri pour reprendre leurs affaires. Les personnes handicapées de la ville de N’Djamena demandent la clémence du président du CMT pour subvenir aux besoins de leurs familles. « Nous voulons aller à Kousseri, nous ne faisons pas la politique, nous n’avons que nos tricycles et nos tricycles ne sont pas les chars de combat », disent les personnes handicapées. Le porte-parole promet si rien n’est fait qu’ils vont s’organiser avec les badges, les numéros de leurs tricycles pour assurer la sécurité. « Notre lutte est noble et juste. Nous voulons juste nous battre pour prendre en charge nos familles. Nous ne sommes pas contre les autorités de la transition », crient les personnes handicapées. De l’avis de leur porte-parole, Ali Ossignbédé Justin, les personnes à mobilité réduite ne vont pas à Kousseri pour s’adonner aux trafics de drogues.
Toutefois, elles ont été reçues par le ministre de la Sécurité publique la semaine dernière pour discuter des modalités de réouverture du pont de N’gueli. En attentant la décision gouvernementale, l’association des personnes handicapées de la ville de N’Djamena a suspendu la manifestation pour dialoguer avec les autorités. Ils menacent, si rien n’est fait, d’ici une semaine de ramper jusqu’à la primature.
Pour rappel, des personnes handicapées ont manifesté le 4 novembre dernier. Ils réclament la libre circulation des tricycles sur le pont N’gueli afin de leur permettre de faire le commerce entre N’Djamena et Kousseri, la ville camerounaise située de l’autre rive du fleuve. Mais ils ont été dispersés à coups des tirs de gaz lacrymogène.
Jules Doukoundjé