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Suite à la manifestation organisée le 2 décembre dernier devant la faculté des sciences de la santé humaine, pour réclamer 33 mois d’arriérés de bourse, plusieurs étudiants sont arrêtés puis libérés. Mais 5 sont mis sous mandat de dépôt et seront entendus par le procureur le 27 décembre prochain. Reportage.

Les étudiants de la faculté des sciences de la santé humaine de N’Djamena, capitale tchadienne, ne supportent plus de continuer à accumuler des mois de bourse sans être payés. Pour réclamer 33 mois de bourse non payée, ils ont organisé une manifestation le 2 décembre dernier devant leur faculté. Plusieurs d’entre eux ont été violemment dispersés par la police. Certains arrêtés puis libérés, d’autres sont mis sous mandat de dépôt et seront entendus par le procureur le 27 décembre prochain. Certains leaders des étudiants rencontrés ce samedi à la faculté continuent d’exiger la libération sans condition de leurs camarades transférés à la grande prison de Klessoum, située au sud de N’Djamena.

Adoumbaye Sylvain, président de la chambre des délégués des étudiants de la faculté des sciences de la santé humaine, résume leur revendication. Il affirme que c’est suite à l’accumulation de 33 mois d’arriérés de bourses que les étudiants ont décidé de se faire entendre. Selon lui, les étudiants ont entrepris plusieurs mois de démarches auprès des autorités, mais sans satisfaction. « Nous avions convoqué une réunion pour faire l’état des choses. Le 2 décembre dernier, la rencontre a tourné en manifestation et il y a eu des débordements. Cette manifestation s’est soldée par les arrestations et de la violence faite par les forces de l’ordre ». Adoumbaye Sylvain affirme que 59 de ses camarades ont été arrêtés et repartis dans plusieurs commissariats de la ville de N’Djamena. Quelques-uns ont été libérés dans la soirée, puis un autre groupe libéré le 3 décembre.

Le président de la chambre des délégués des étudiants regrette malheureusement que 5 autres camarades sont conduits à la grande prison Klessoum, dans la banlieue sud de N’Djamena. Ils seront entendus par le procureur le 27 décembre prochain. Il dit que si leurs 5 camarades ne sont pas libérés, la tension va monter. Et il faudra s’attendra à des grandes manifestations pour exiger leur libération.

Dans un communiqué, le bureau exécutif de l’ordre national des médecins du Tchad condamne cet acte de violence dans l’enceinte de la faculté. Et demande au gouvernement de prendre ses responsabilités pour éviter de pareilles pratiques. Dans le même ordre d’idée, le vice-président de l’ordre national des pharmaciens du Tchad, Dr Haroun Badawi Mahamat exige la libération de tous les étudiants mis sous mandat de dépôt. Il demande aussi l’ouverture d’une enquête judiciaire pour condamner les agents de la police coupables des actes de violation des droits humains.

Jules Doukoundjé 

La vaccination de routine est destinée aux enfants âgés de 0 à 9 mois. Pour se protéger contre les maladies évitables par le vaccin, les enfants doivent se faire vacciner 5 fois dans les hôpitaux et centres de santé. Malheureusement, certaines mères négligent et ne respectent pas le calendrier vaccinal. Et cette négligence ne permet pas de lutter efficacement contre certaines mortalités néonatales et infantiles. Reportage

Le gouvernement et ses partenaires ont mis gratuitement des vaccins à disposition des enfants pour prévenir certaines maladies. Tous les centres de santé, les districts et les hôpitaux disposent des services de vaccination. Selon le calendrier vaccinal, l’enfant doit être en contact avec un centre de santé afin de recevoir toutes les doses de vaccins de la naissance jusqu’à l’âge de 9 mois. Ces vaccins protègent les enfants toute leur vie contre les maladies telles que la poliomyélite, la rougeole, le tétanos, la fièvre jaune, les hépatites, la méningite et autres.

Mme Ngomnalta Monique est la responsable du programme élargi de vaccination de l’hôpital Sultan Kasser. Elle vient de recevoir deux nouveau-nés. Elle leur a administré des doses des vaccins BCG et polios zéro. Les mamans des nourrissons madame Kadjidja Moustapha et Djaba Younouss affirment qu’elles ont été sensibilisées depuis qu’elles sont affectées à la consultation prénatale. « Les sages-femmes nous disent à chaque rendez-vous de nous rendre dans un centre de santé le plus proche pour accoucher. Elles nous recommandent de venir avec le nouveau-né pour la vaccination ». Pour les deux dames, le bien-être de l’enfant dépend de la vaccination. Pour elles, quand l’enfant est en bonne santé, sa maman l’est aussi donc le mieux est de le faire vacciner, ajoutent-elles.

Pour madame Ngomnalta Monique, il y a un travail de fond qui se fait par rapport à la vaccination des enfants. Elle affirme qu’en plus de la sensibilisation pendant les consultations prénatales, les relais communautaires font le porte-à-porte pour inviter les femmes à venir avec leurs enfants à la vaccination. Mais, son équipe n’atteint toujours pas le nombre voulu dit-elle. Madame Monique déplore par le comportement de certaines mères qui ne facilitent pas le travail. « Nous appelons au téléphone les mamans pour les rappeler leur rendez-vous. Elles nous grondent quelquefois, d’autres nous donnent de faux numéros de téléphone. Mais on insiste pour retrouver les enfants qu’on a perdus de vue pour les faire vacciner ». À son avis, certaines mères ont compris l’importance de la vaccination de routine donc respectent normalement le calendrier vaccinal. « Beaucoup de femmes quittent les banlieues comme Koundoul pour se présenter avec leurs enfants dans notre service. D’autres sont à N’Djamena, mais refusent d’amener leurs enfants. Donc, c’est une question de volonté ».

La responsable du service vaccination lance un appel aux mères de faire vacciner leurs enfants. Cela va de la santé de l’enfant. Madame Monique demande au ministère de la Santé publique de lui fournir les carnets de vaccination, son service est en rupture de carnets depuis plus de 4 mois.

Kouladoum Mireille Modestine

Notre série d’articles sur l’hygiène alimentaire en milieu scolaire se termine. Nous avons donné la parole à la direction d’Alimentation, de la nutrition et de la santé scolaire, mais aussi à l’Association pour la défense des droits de consommateurs (ADC). Ces points de vue ont permis d’étayer les préoccupations relatives aux aliments vendus aux enfants dans les écoles. Reportage.

La qualité des aliments vendus aux élèves dans les établissements scolaires à N’Djamena et dans les provinces préoccupe. Selon M. Daouda El hadji Adam, SG de l’Association pour la défense des droits de consommateurs (ADC), c’est un souci en même temps un défi commun. C’est un problème de prévention alimentation saine, dit-il. « Au niveau de l’ADC, nous avons constaté que beaucoup de maladies dont souffrent nos populations sont dues au manque de prévention sanitaire », affirme le SG de l’ADC. Pour lui, le Tchad dispose un code d’hygiène. Malheureusement, les textes d’application ne sont pas toujours appliqués. Il rajoute que la police sanitaire qui devrait jouer le rôle d’éducation et de sensibilisation des prestataires pour le respect des normes n’est pas opérationnelle.

M. Daouda El hadji Adam, soutient qu’au niveau du ministère de la Santé publique, il y a un manque des techniciens dans le domaine de la prévention sanitaire ou d’hygiène alimentaire. « Vous constaterez que même dans les différents arrondissements de la ville, il n’y a pas assez des techniciens. Cela fait que les gens vendent les produits alimentaires n’importe comment. Il n’y a pas une autorité qui contrôle la tessiture du produit, sa qualité, sa péremption », insiste-t-il. Le SG de l’ADC estime que c’est un laisser-aller total. Cela fait qu’aujourd’hui les enfants sont exposés à toute forme d’insécurité alimentaire dans les établissements scolaires. D’après lui, ce ne sont pas seulement les enfants, mais tout ce qui est vendu dans la rue et dans les marchés qui est douteux. « Les risques sont à tous les niveaux. Parfois, ces produits sont mal conservés et perdent même leur valeur nutritive. Ce qu’il faut c’est de voir avec les structures de cantines scolaires avec l’appui de PAM et de l’Unicef comment faire pour sécuriser ces aliments », dit M. Daoud El hadji. Il affirme que c’est des pistes pour lesquelles, l’ADC voulait s’investir en synergie avec d’autres acteurs pour régler ce problème. Selon lui, il faut que les aliments soient bien présentés dans de conditions d’hygiène et de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Des équipes formées

Pour le directeur d’Alimentation de la nutrition et de la santé scolaire Taha Hamid Mahamad, des équipes d’hygiène scolaires sont mises en place. Il précise que, ces équipes composées de 10 à 15 jeunes formés sont des élèves. C’est, selon lui, une approche qui va être appuyée par l’Unicef et le PAM. Ce sont des clubs qui vont travailler pour le maintien de l’hygiène et de la salubrité dans chaque établissement scolaire, confie-t-il.

« Il s’agit des élèves des cours moyens 1re et 2e année. Les parents d’élèves sont aussi impliqués et jouent le rôle des encadreurs. Pour les mécanismes de suivi, on a des cadres qui effectuent des missions de suivi de façon périodique », explique M. Taha Hamid Mahamad. Au cours d’un contrôle, si un technicien découvre une vendeuse avec des aliments sans condition d’hygiène, on la met dehors, dit-il. « On sensibilise certaines vendeuses en attirant leur attention sur les aliments qu’elles vendent. Il faut des aliments appropriés aux enfants. Vous savez, nous mettons du paquet surtout sur la question de l’hygiène scolaire ».

Le directeur reconnaît tout de même que certains aliments qui ne sont pas protégés constituent de problèmes. « Jusque-là on n’arrive pas à maîtriser les femmes vendeuses. Elles viennent de partout. Et la mentalité des élèves nous surprend toujours. Souvent, ils préfèrent acheter de petites choses telles que les criquets. Alors c’est aussi un problème d’éducation, d’environnement et du milieu ». M. Taha Hamid affirme que lui et son équipe font souvent des campagnes de sensibilisation sur le changement de comportement. Il souligne que des cas d’intoxication alimentaire ne sont pas encore signalés. Les enfants sont aussi déparasités, voire vacciner, évoque le directeur en terminant son propos.

Moyalbaye Nadjasna

L’élévation du président du conseil militaire de transition (PCMT), du général du corps d’armée Mahamat Idriss Deby, au rang et grade de général d’armée 5 étoiles  suscite l’indignation dans le milieu politique et intellectuel. Plusieurs Tchadiens pensent que cette élévation est de trop et pourrait entraver la bonne organisation du dialogue national inclusif (DNI) en vue. Reportage

Le président du Conseil Militaire de Transition (PCMT), le général du corps d’armée Mahamat Idriss Deby est apparu lors de la célébration de la fête de la démocratie le 1er décembre dernier avec une étoile de plus. Les Tchadiens étaient curieux et surpris de ce changement. Ils ont aussitôt réagi. Et la nouvelle a fait de buzz dans le pays. Mais ce changement brusque n’est pas du tout du goût de tous les compatriotes du président de la transition. Certains voient dans ce grade, un signe de continuité du père défunt. Ils s’inquiètent des conséquences que cette autoélévation pourrait avoir sur la transition en cours. Dans le milieu politique et intellectuel, on estime que le PMCT ne devrait pas s’autoproclamer général d’armée, puisque le pays est en transition et attend impatiemment un dialogue qui devrait unir les Tchadiens.

Évariste Ngarlem Toldé, enseignant chercheur et politologue, estime que le pays est en train d’aller vers une mégalomanie. Ce qui signe le désir du PCMT de se maintenir au pouvoir. « Il est en train de s’enraciner. Ce qui est sûr, il n’est pas prêt à lâcher prise. Les Tchadiens doivent se battre pour obtenir un changement démocratiquement par le dialogue », dit-il. Il affirme qu’il faut arrêter cette manière cavalière de dévaloriser les choses. A son avis, les nominations, les Tchadiens en ont vu d’autres. Mais s’autonommer à cet âge général d’armée est exagéré. Dr Toldé ironise en se demandant ce qu’a fait le président du CMT en 8 mois pour obtenir ce grade. « Il est sur le chemin de son père et les Tchadiens n’ont pas oublié qu’on est passé de la République à la monarchie et peut-être bientôt il va s’autoproclamer lui aussi Maréchal », s’indigne le chercheur.

L’ancien ministre de la justice, Garde des Sceaux, chargé des droits humains, le Pr Ahamat Mahamat Hassan va dans le même. Il précise que ce n’est pas pour la première fois au Tchad qu’un président s’autoproclame général. Selon lui, le défunt président Idriss Deby Itno s’était fait signer le décret le nommant le général d’armée, 5 étoiles. Le juriste affirme que  la logique voudrait que ce genre de décision impliquant des effets militaires doit se faire de manière collégiale en conseil des ministres. « Je suis désolé, Idriss Deby l’a fait, son fils vient de le faire. Surtout qu’il est en transition, il est conscient, il prend le devant par ce que le dialogue politique qui est en vue va évoquer la question de la réforme de l’armée », regrette-t-il. Selon l’ancien ministre, beaucoup de Tchadiens pensent que leur pays ne dispose pas une armée nationale et que cette question devrait être discutée par les délégués pendant le dialogue. Pour le Pr Ahamat, au Tchad l’armée est utilisée comme un instrument de prise d’otage des autres tchadiens. « Je suis surpris que Mahamat Idriss Deby s’autoproclame général d’armée. C’est dommage. Ça peut être mal perçu par les Tchadiens et ça va être débattu dans le prochain dialogue politique de réconciliation ».

Pour Dr Sitack Yombatinan Béni, Pr de Droit constitutionnel, n’importe quelle élévation ou n’importe quel avancement obéit à des procédures. On ne peut pas se lever un matin et s’autoproclamer général d’armée 5 étoiles.  Selon lui le PCMT réimprime les actes de son défunt père. L’enseignant chercheur et l’homme politique que cette élévation n’intéresse pas les Tchadiens. Selon M. Sitack, les Tchadiens sont impatients de voir le dialogue tant souhaité apporter le changement pour sortir de la souffrance et de la misère imposée par un clan qui s’accroche au pouvoir depuis plus de 30 ans. « C’est inopportun de s’autoproclamer général d’armée 5 étoiles. Le fils entouré de mêmes conseillers de son père fait les mêmes erreurs . Et cela le conduira à la mort comme son père », affirme cinglant Dr Sitack Yombatinan Béni.

Jules Doukoundjé

Les 2 projets de loi d’amnistie ont été adoptés en conseil de ministres extraordinaires le 29 novembre dernier. Le premier d’amnistie concerne des faits d’atteinte à l’intégrité de l’État et des faits de délits d’opinion. Le deuxième vise des faits d’acte de terrorisme, de complicité de recrutement et d’enrôlements de mineurs de moins de 18 ans dans  les forces armées. Ces projets de loi divisent l’opinion publique tchadienne. Certains affirment que cette amnistie devrait attendre les conclusions finales du Dialogue National Inclusif. Reportage. 

Au cours de ce conseil des ministres extraordinaire, 2 projets de loi ont été adoptés. Le premier projet d’amnistie porte sur les faits d’atteinte à l’intégrité de l’État et des faits de délits d’opinion. Le second projet, lui aussi adopté, concerne des faits d’acte de terrorisme, de complicité de recrutement et d’enrôlement de mineurs de moins de 18 ans dans l’armée. Le conseil des ministres estime que pour parachever les conditions d’une réconciliation nationale de tous les Tchadiens, il est indispensable de faire table rase des années sombres du pays en accordant une amnistie générale. Mais, ces 2 projets font réagir beaucoup de nos compatriotes, tant dans le milieu intellectuel et dans le milieu politique.

Pour l’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, chargé des droits humains, sous le défunt président Idriss Deby Itno, le professeur Ahamat Mahamat Hassan, l’amnistie est un pardon qui se prend par un acte législatif, du parlement et dans le cas exceptionnel, par ordonnance du président de la République, si le parlement est en vacances.  L’ancien ministre et professeur de droit, soutient que l’amnistie a des effets politiques, économiques, juridiques et sociaux. Selon lui, elle efface l’existence de l’infraction. « Nous avons connu au Tchad, plusieurs fois des lois d’amnistie selon les différents régimes », dit-il. Le côté néfaste de l’amnistie, c’est selon le juriste,  d’y faire régulièrement recours parce qu’elle crée une impunité dans la société. « Si on fait tout le temps recours à l’amnistie, elle fait échapper à la rigueur de la loi et à la peine attendue, à la sanction de la société et donc affaiblie la République et le droit », regrette le professeur. A son avis, l’amnistie met en difficulté l’égalité des citoyens devant la loi. Économiquement, il explique par exemple que les politico-militaires n’ont pas seulement demandé l’amnistie générale, mais aussi la restitution de leurs biens. Selon lui, cela prive l’État, dans le cadre de crime économique, de récupérer ses biens pour l’intérêt de la société.

Le politologue et enseignant chercheur, le Dr Évariste N’garlem Toldé souligne que l’amnistie ne peut arriver qu’après la justice. Selon lui, il est trop tôt d’imaginer un processus de réconciliation qui commence par l’amnistie.  « L’amnistie ne peut intervenir que lorsque ceux qui sont condamnés et qui se reprochent quelque chose passent par la case: vérité, justice, ensuite réconciliation. Ce n’est qu’après cela que l’amnistie peut intervenir », dit Dr Évariste N’garlem Toldé. Il estime qu’on ne peut pas amnistier quelqu’un qui a du sang sur les mains sans une réconciliation. A son avis, cette amnistie est proclamée trop tôt et est trop sélective. Le chercheur dit qu’il faudrait décider au cours du DNI pour amnistier, mais pas avant le dialogue. Il évoque l’exclusion de certains politico-militaires qui constitue un autre souci pour l’avenir du dialogue. « Il faut normalement amnistier tout le monde, depuis les indépendances jusqu’à nos jours », affirme Dr Toldé. Selon lui, cette exclusion ne permet pas à tout le monde d’être au tour d’une table pour dialoguer.

Jules Doukoundjé

C’est lors d’un conseil de ministre extraordinaire que le président du Conseil Militaire de Transition (PCMT) Mahamat Idriss Deby Itno a annoncé la nouvelle : l’amnistie. Le moment, la solennité de l’endroit (Conseil extraordinaire) et la volonté du jeune président de la transition ne sont pas fortuits. C’est un bon pas dans la bonne direction. Pourquoi?

D’abord parce que l’amnistie est la principale clé de la réconciliation et de la réussite du Dialogue National inclusif (DNI). Même si, bien sûr, ce n’est pas la seule clé. Sur cette question, le PCMT a pris la bonne décision. Il a été bien inspiré. Alors, faisons un peu de pédagogie, en français facile. Que veut dire amnistie? Quelle est la différence entre amnistie et grâce présidentielle? Certains ex-rebelles n’ont bénéficié que de la grâce présidentielle. Vont-ils être inclus dans la loi d’amnistie? Cette amnistie générale englobera-t-elle le passé et le présent?

Selon les juristes, l’amnistie est un acte qui a des fondements politiques. Il est pris par le parlement et devient une loi. Cette loi permet de sceller une réconciliation parce que des actes graves ont été commis. L’amnistie est plus solide et large. Elle efface le casier judiciaire de ceux qui sont concernés. Par contre, la grâce présidentielle est plus limitée et relève du pouvoir discrétionnaire du président de la République. Il peut prendre un décret pour pardonner à une personne condamnée pour une infraction de droit commun. C’est-à-dire un délit qui n’a rien à voir avec la politique. La grâce présidentielle arrête la peine de prison, mais n’efface pas le casier judiciaire.

Ensuite, parce que les rencontres de Paris (France) et celle de Doha (Qatar) entre les politico-militaires et Comité Technique Spécial (CTS) ont été un déclic. Organiser un dialogue sans les politico-militaires est un échec. Aussi, les leaders politico-militaires ont été unanimes à réclamer une loi d’amnistie avant de s’engager à participer à un pré-dialogue, en dehors du pays et sous l’égide d’un parrain et de la communauté internationale. Les réclamations des politico-militaires sont certes variées, chacun rajoutant son grain de sel, mais le principe de base est le même : l’amnistie d’abord. Selon nos sources, le président de CTS, l’ex-président Goukouni Weddeye et son équipe ont joué des coudes et mis leur crédibilité en jeu pour faire comprendre au PCMT et lui faire admettre qu’une vraie réconciliation doit passer par une loi d’amnistie. Ce n’était pas une demande impossible à honorer. Et il ne faudrait surtout pas la noyer par toutes sortes d’entourloupes. Le PCMT a compris les enjeux au grand dam « des tenants de la ligne dure » de son entourage et celui du défunt président qui continuent à tirer les ficelles. Ce cercle voulait plutôt un retour des politico-militaires à la carte et à la tête de l’opposant suivant 2 critères : la capacité de nuisance et la popularité de chaque leader. Le désir de ce cercle a pour l’instant échoué. Et c’est tant mieux pour le pays.

Aussi, le Conseil National de transition (CNT) et le ministre de la Justice sont déjà, disent plusieurs sources, au travail pour sortir les deux projets de loi. L’adoption du principe de l’amnistie est un bon coup du PCMT. C’est sérieux pour l’avenir du pays. Et c’est définitivement un bon pas vers la paix même s’il faudra attendre les détails de la loi. Les Anglais ne disent-ils pas que « le diable est dans les détails »? Déjà, la rébellion la plus active, le Front pour l’Alternance et la concorde au Tchad (Fact) dit être exclu de ce projet d’amnistie. Normal. Pour être concerné par l’amnistie, il faut avoir été condamné. Le cas du Fact doit être à part, leur retour relèvera des négociations et des garanties de sécurité que le CMT leur proposera. Le ministre de la Réconciliation et du Dialogue, Acheikh Ibni Oumar tempère en assurant qu’il n’y a pas d’inquiétude à se faire. Reste que le projet d’amnistie est une bonne nouvelle qui mérite d’être soulignée et portée au crédit du président de la transition Mahamat Idriss Deby Itno. Il montre aux Tchadiens son côté « Mahamat Kaka », le côté sage de son sobriquet. Espérons qu’il y tienne. Qu’il surprenne les Tchadiens en allant plus loin. Par exemple, en restant arbitre sans être tenté par le pouvoir. Peut-être que sa petite phrase anodine, passée presque inaperçue,  « ..ma personne n’est pas importante.. » lors de sa dernière entrevue sur France24 a un sens plus profond qu’il n’a laissé paraître. C’était peut-être un message subliminal. Vous connaissez l’histoire des « taiseux »? Ils surprennent toujours… enfin, pas tous.

Aux dernières nouvelles, hier 1er décembre : journée de la Démocratie et des Libertés, le PCMT a été élevé au rang de Général d'Armée 5 étoiles. À 37 ans en avait-il besoin pour mener à bien sa mission? Les Tchadiens espèrent qu’avec 5 lourdes étoiles sur son épaule, le jeune président de la transition ne bifurquera pas, à grands pas de militaire, vers une mauvaise direction.

Bello Bakary Mana

 

 

 

L’ère de la liberté et de la démocratie a sonné, selon les partisans du défunt président Deby Itno le 1er décembre 1990. Le jour où le Maréchal renversa son mentor, Hissène Habré, lui aussi défunt, ne verra pas le défilé à sa télévision de son pays d’accueil le Sénégal. La roue de l’histoire tourne. Ce matin à la place de la Nation de N’Djamena, capitale tchadienne, un défilé militaire en présence du général Mahamat Idriss Deby Itno fils du Maréchal, qui lui a succédé au trône pour la période de transition est élevé au grade de General d’Armée 5 étoiles. Reportage.

Cen ce matin du 1er  décembre, les différents corps militaires sont tous présents pour honorer la journée de la Liberté et de la Démocratie. Presque toutes les personnalités publiques, les corps diplomatiques et les représentants des institutions internationales et les hautes autorités du pays pour rendre hommage à la mémoire du Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno mort au combat le 20 avril dernier.  La cérémonie de prises d’armes est marquée par le dépôt des gerbes de fleurs au monument des martyrs, des défilés militaires. Une importante foule a fait le déplacement de la place de la nation. Le Président du conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby Itno est élevé au grade de général d’Armée.

Rappel : le 1er décembre 1990, le Mouvement patriotique du salut (MPS) a renversé le régime dictatorial de Hissène Habré. « Je ne vous apporte ni or ni argent, mais la liberté », a promis Idriss Deby lors de son premier discours à la nation. La mort du premier Maréchal tchadien a pris de court les Tchadiens. Avant son décès, le maréchal a mis un accent particulier sur la paix, l’unité nationale et la cohabitation pacifique. Selon plusieurs sources, il a été déclaré vainqueur des élections 2020 dès le 1er tour  alors qu’il serait déjà mort ce 20 avril 2021.

Depuis cette date, le Tchad est entré en transition dirigée par une junte militaire très contestée par certains mouvements et partis politiques de l’opposition. Afin de permettre aux Tchadiens de tous les horizons de rebâtir leur nation, un dialogue national inclusif.

Ce 29 novembre 2021 un Conseil Extraordinaire des ministres a été animé par le Président du Conseil Militaire de Transition (CMT) le général Mahamat Idriss Deby Itno. Deux projets de loi portant amnistie générale. Le premier porte sur des faits d’atteinte à l’intégrité de l’État et de délits d’opinion. Cette amnistie devrait bénéficier à 39 détenus. Et le second projet de loi porte sur des faits d’acte de terrorisme, de complicité, de recrutement et d’enrôlement des mineurs de moins de 18 ans. Ce projet vise à absoudre 257 membres des groupes armés des condamnations prononcées par la Cour criminelle de N’Djamena qui a siégé en urgence à Korotoro le 22 août 2019. L’intérêt de ces 2 projets d’amnistie générale est de réconcilier les Tchadiens.

Moyalbaye Nadjasna

Le jeudi 25 novembre 2021, les employés d’Esso Tchad mis au chômage ont répondu à l’assignation de leur employeur devant le Tribunal de grande Instance de N’Djamena. Esso-Tchad, selon l’Avocat des employés, réclame une somme faramineuse de 30 milliards FCFA. Cette somme selon Esso représente la perte qu’elle aurait subie pendant la période de grève et des dommages et intérêts assortis d’une provision à hauteur de 500 000 F CFA représentant les frais de procédure. Or le 5 novembre dernier, l’UST a réagi contre les intimidations de Esso. Reportage.

L’assignation de Esso-Tchad contre les membres de comité désignés par les salariés pour négocier avec la direction générale selon Me Mouné Koudangbé est vide de sens et inédite. Il affirme que Esso réclame devant le tribunal que ses employés soient condamnés à lui payer la faramineuse somme de 30 milliards de nos francs. « Cette somme selon Esso représente la perte qu’elle aurait subie pendant la période de grève et des dommages et intérêts assortis d’une provision à hauteur de 500 000 F CFA  représentant les frais de procédure », explique Me Mouné.  Pour lui, une procédure comme celle-là ne peut prospérer au regard de la loi. Cela n’a aucun fondement juridique, ajoute-t-il. « Même la juridiction saisie pose véritablement problème. Je pense qu’on aura le temps de discuter de différents moyens de défense devant cette juridiction et nous obtiendrons gain de cause à mon avis parce que trop légers ».

Me Mouné Koudangbé soutient qu’il y a deux notions : la grève et le lock-out. Pour lui, la grève est une chose et le lock-out déclenché par Esso en est une autre. « La grève nous sommes dans un État de droit, elle est reconnue par notre loi fondamentale qui est la Constitution et même le Code du travail régit la grève. Il s’agit d’un droit fondamental que les employés ont exercé dans le respect de la légalité. Concernant le lock-out, c’est l’employeur Esso qui l’a déclenché. C’est une sanction prévue par le Code du travail pour pouvoir réprimer une grève illicite ». Seulement précise-t-il que dans le cas d’espèces, on ne peut aucunement parler d’une grève illicite .

La procédure conduisant au déclenchement de cette grève a été scrupuleusement respectée jusque-là, note-t-il.  Pour l’avocat, le lock-out déclenché par Esso est illicite. « Cela a été décidé lorsqu’il y a eu déjà reprise de travail. Or la loi dit que c’est en répression a une grève. Ce qui explique qu’il faudra que les employés soient d’abord en grève avant de déclencher le lock-out. En l’espèce il s’avère que, les employés avaient décidé de la levée de la grève 24h plus tôt avec une notification à la direction. Et les activités ont même repris sur le site pétrolier de Komé dans la journée du 7 octobre », dit-il. Curieusement, en pleine journée de travail, l’employeur a pris la décision de mettre les travailleurs en lock-out, ce qui est contraire à notre loi, soutient Me Mouné.

Le 5 novembre 2021, l’UST la plateforme syndicale des travailleurs au Tchad à travers un communiqué de presse s’est insurgée contre cela. Selon l’UST, Exxon Mobil ne respecte pas la préinscription légale des textes en vigueur. Elle demande que la Direction générale d’Esso arrêter ses menaces et intimidations et les sanctions disciplinaires (blâmes, mise à pied et licenciement massif…) contre les employés.

L’UST regrette aussi, les démarches entreprises par la direction générale d’Esso pour un recrutement massif des expatriés au détriment des nationaux. Elle déplore aussi le manque de réaction du gouvernement, « face à ces déviances comportementales, ces sentiments de supériorité exagérés, ces zèles hors norme, en face desquels le devoir d’une action exigeante s’impose. L’UST appelle à la responsabilité du gouvernement devant ces violations flagrantes du code de travail tchadien », précise le communiqué. L’UST demande des sanctions appropriées pour restaurer la légalité.

La suite de la procédure judiciaire de Esso Tchad contre ses employés est attendue d’ici au 9 décembre 2021 au palais de justice de N’Djamena.

Moyalbaye Nadjasna

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