C’est le troisième article sur notre série sur l’Éducation. Les établissements scolaires privés poussent comme des champignons dans la capitale tchadienne. C’est devenu presque une anarchie, mais les partisans de ces écoles soutiennent que leur présence se justifie par le fait qu’ils aident l’État dans sa tâche d’assurer l’éducation pour tous. Est-ce vraiment le cas ? Répondent-ils aux normes ? Plusieurs de ces établissements scolaires privés ne possèdent ni bibliothèque, ni de toilettes acceptables, ni de l’espace pour les activités sportives (éducation physique). Reportage
Les établissements scolaires privés dépassent le nombre des établissements publics. À N’Djamena, capitale tchadienne, ils sont partout, presque à chaque coin de rue. Ces établissements privés sont créés dans le but d’appuyer l’État à répondre au besoin de l’éducation. Seulement, certaines de ces structures éducatives ne répondent pas aux normes fixées par l’État. Ces écoles privées ne possèdent pas de bibliothèques ni de toilettes et moins encore de l’espace pour l’épanouissement des élèves.
Sur les quatre lycées privés visités, aucun d’entre eux ne possède une bibliothèque. Certains élèves utilisent leurs téléphones portables pour faire des recherches. « Nous demandons parfois à nos aînés de l’aide pour traiter nos exercices. Par exemple les exposés sur les œuvres littéraires ou les exercices scientifiques. Sinon notre lycée n’a pas une bibliothèque. », disent unanimes les élèves. Ces manquements ont amené le ministère de l’Éducation nationale à procéder à la fermeture des 167 établissements scolaires privés en septembre 2019.
Contrairement aux établissements privés, les lycées de confession religieuse disposent des bibliothèques bien garnies. Au lycée Sacré-Cœur, situé à Chagoua, dans le 7e arrondissement, il existe une bibliothèque pour les enseignants et les élèves de la 6e jusqu’en classe de terminale. Cette bibliothèque existe depuis 1964. Elle a plus de 5000 livres et manuels scolaires. Pour le bibliothécaire Palou Étienne, ce sont les enseignants qui proposent les livres qui sont dans le programme d’enseignement et l’établissement les mettre à leur disposition. Il explique que la bibliothèque est divisée en deux parties. Une partie pour les élèves de 6e et 5e, et l’autre partie va des 4es en terminale. « À cause de l’étroitesse de la salle de lecture, les élèves emportent les livres et les ramènent deux semaines plus tard », dit le bibliothécaire.
C’est aussi le cas au lycée et collège évangélique qui dispose d’une bibliothèque avec de la documentation riche et variée. Sur les rayons il y a des documents de culture générale, science sociale, théologie, encyclopédie, des œuvres littéraires et scientifiques, mais aussi des journaux. L’établissement possède aussi une grande salle de lecture.
Pour Madame Mallouma Taopili Chantal, gérante de la bibliothèque, tout élève du lycée évangélique entre à la bibliothèque sous présentation de sa carte scolaire et consulte gratuitement les ouvrages. Selon elle, la bibliothèque est fournie par les anciens élèves, l’administration et le comité de gestion. La gérante ajoute qu’en plus de la bibliothèque classique, il y a aussi une bibliothèque numérique. « Les élèves et les enseignants font la liste des livres dont ils ont besoin et l’administration s’en occupe. Le Centre National de Curricula nous envoie aussi des ouvrages à la demande de l’administration », ajoute-t-elle.
Le vice-président de l’association des fondateurs des établissements privés laïcs secondaires et professionnels du Tchad, Djékorodé Thomas, précise que c’est un décret de 2015, qui donne les conditions de création des établissements scolaires privés. Selon lui, c’est l’État qui a délégué une partie de son pouvoir aux personnes de bonne volonté pour l’appuyer. À son avis, il revient à l’État de mettre de l’ordre. « Plusieurs fondateurs ont créé ces établissements avec leurs propres moyens. Certains établissements font un bon travail, mais d’autres sont très limités », dit-il.
Une convention a été signée entre l’État et l’association depuis le 22 janvier 2021. Cette convention permet à l’État d’avoir le droit de regard sur les manuels utilisés par ces établissements privés, mais aussi de leur venir en aide en matériel didactique.
Kouladoum Mireille Modestine