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Les personnes handicapées tchadiennes vont célébrer le 7 février 2022, leur journée nationale. Plusieurs activités commémoratives vont se dérouler à Mao, chef-lieu de la province du Kanem. En prélude à cette fête, le secrétaire général de l’Union nationale des associations des Personnes handicapées du Tchad M. Djimnayel Robkedji donne le film de l’évènement.

« Responsabilisation et implication des personnes handicapées pour un développement inclusif et durable après covid-19 », c’est le thème de la journée nationale des personnes handicapées du Tchad. C’est la ville de Mao, chef-lieu de la province du Kanem qui accueille la fête. Mao, ancien Royaume du Kanem Bornou est une ville de Kanouri, Kanembou et Tedaga selon l’histoire. Sa population est estimée à 35 468 en 2009. Selon le SG de l’Union nationale des associations des Personnes handicapées du Tchad (UNPHT) Djimnayel Robkedji, dès dimanche, des activités vont commencer. Il y aura, dit-il, des exposés-débats sur des sous-thématiques, la vulgarisation sur la loi 007 pour sa mise en œuvre (cette loi dispose déjà son décret d’application), la responsabilisation de personnes handicapées, la professionnalisation des organisations des PH etc. La fête est prévue pour le 7 février.

La particularité de cette année, l’UNFPA, (fonds de nations unies pour la population) va faire une offre de service gratuit de santé de la reproduction au profit des femmes et personnes handicapées. L’objectif de cette célébration vise à l’amélioration de conditions de vie de personnes handicapées. L’enjeu c’est d’amener les personnes handicapées à développer leurs potentialités conformément aux objectifs de développement à travers des activités génératrices de revenus.

La Loi du 09 mai 2007 détermine les principes fondamentaux en matière de protection des personnes handicapées. Selon cet instrument, la personne handicapée « est toute personne se trouvant dans l'incapacité d'assurer par elle-même en tout ou partie des nécessités d'une vie individuelle ou sociale normale du fait d'une déficience congénitale ou acquise, de ses capacités physiques, sensorielles et mentales ». La loi 007 distingue cinq (05) catégories des personnes handicapées. Il s’agit de personnes handicapées physiques/motrices, de personnes handicapées auditives, de personnes handicapées mentales, de personnes handicapées visuelles et de personne polyhandicapées.

Cette loi garantit aux personnes handicapées les mêmes droits reconnus par la Constitution de la République à tous les citoyens tchadiens. La prévention, le dépistage du handicap et les soins des personnes handicapées nécessitent une attention particulière de l'État, précise la loi 007. Toujours selon cette loi, les personnes handicapées détentrices d'une carte d'invalidité ont droit à une assistance constante à la réduction des frais de soins et de rééducation dans les centres sanitaires publics. Bref, ces personnes à mobilité réduite bénéficient des Droits à l'Éducation et à la Formation, à l'insertion socio-économique, à la culture, aux sports, aux loisirs et à la communication, au transport, à l'habitat et à la sécurité. À peine 48h, le gouvernement venait de lever la mesure leur interdisant de traverser le pont de Ngueli pour aller à Kousserie, ville camerounaise, frontière avec le Tchad.

Moyalbaye Nadjasna.

Le collectif des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation en collaboration avec sept autres organisations organise un forum ce 5 février à N’Djamena. C’est la cour de la bourse du travail qui a servi de cadre à ce forum. Plus de 500 participants venus des provinces et ceux de N’Djamena vont réfléchir toute la journée sur la question de l’employabilité au Tchad. Reportage

C’est autour du thème « diplômés tchadiens face aux défis de l’employabilité » que les participants à ce forum vont discuter. Ils vont étudier, débattre, et examiner ensemble tous les maux concernant le problème de l’emploi au Tchad et  proposer les solutions. Aussi, ils produiront un document et formuleront des recommandations au gouvernement et aux partenaires à la fin des travaux.

Dans son mot de bienvenue, le président du comité d’organisation Neuzilka Emmanuel salue la solidarité, la détermination et l’endurance des diplômés sans emploi dans la lutte pour leur insertion socioprofessionnelle. Car selon lui, il est difficile de revendiquer son droit et de cheminer avec des autorités sourdes et aveugles. M. Neuzilka réaffirme leur motivation quant à la tenue de ce forum. « Notre plus grande motivation à organiser ce forum est de prouver au gouvernement qu’il ne suffit pas seulement d’avoir de l’argent et les armes pour se dire capable de gérer le pays, mais plutôt d’avoir une jeunesse pleine de connaissance et capable de la transmettre d’une manière constructive de génération en génération », a-t-il indiqué. Il rappelle au gouvernement que c’est une richesse pour le Tchad d’avoir une main-d’œuvre qualifiée rare recherchée dans les pays des autres.  Malheureusement, poursuit-il, cette main d’œuvre est chiffonnée par les autorités.

Le coordonnateur du collectif des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation Nanga Thierry,  parle lui du degré de la douleur que peuvent ressentir tous les diplômés sans emploi dans leur corps. À son avis, l’un des facteurs les plus importants dans le développement d’un pays à l’heure de la mondialisation est le capital humain. Mais les autorités tchadiennes ne tiennent pas compte de ressources humaines formées. « Au Tchad, malgré la diversité des ressources naturelles disponibles, le problème de l’emploi se pose avec acuité. Tous ces problèmes s’expliquent par la mauvaise politique et de gouvernance de nos dirigeants qui se sont succédés depuis l’accession du Tchad à l’indépendance sans oublier la politique du colonialisme et néocolonialisme », a-t-il précisé. Il déplore également le fait que les enseignants formés chôment, mais cela n’empêche pas le gouvernement de former encore. Nanga Thierry explique cette manière de faire du gouvernement dans le seul but de bénéficier du financement des bailleurs de fonds. Il n’a pas perdu de vue l’épineux problème des maîtres communautaires. Pour lui, ces maîtres communautaires ont un niveau douteux, mais le gouvernement les priorise au détriment des instituteurs formés dans les Ecoles Normales d’Instituteurs Bacheliers ENIB. Il invite enfin  ses camarades au bon sens dans le respect, la convivialité et la maturité pour la réussite de cette assise.

Kouladoum Mireille Modestine

La société tchadienne des Eaux (STE) a fait l’extension du système d’adduction d’eau potable à Guinebor 2. Cette extension va permettre aux habitants de ce quartier situé dans le 1er arrondissement de la commune de N’Djamena d’avoir de l’eau potable. Ces travaux sont accueillis avec beaucoup d’espoir par ceux-ci. Reportage.

Depuis plus de 10 ans que les habitants du quartier Guinebor 2 peinent à avoir de l’eau potable pour leur consommation. Certains qui ont de moyens, se font forer les puits à pompe, d’autres, dépendent de la générosité des voisins bienveillants. Mais en ce début d’année 2022, la société tchadienne des eaux (STE) a décidé de faire des travaux d’extension du système d’adduction en eau potable. Et cela vise à améliorer les conditions de vie des habitants grâce à un meilleur accès à l’eau potable dans les zones urbaines et périurbaines de la capitale tchadienne.

Pour la directrice générale de la STE, Mme Koubra Mahamat Itno, l’amélioration des conditions de vie des populations demeure une priorité pour les autorités. Au cours d’une cérémonie de l’extension du réseau d’adduction, elle a annoncé plusieurs projets, entre autres : l’amélioration de l’accès à l’eau potable, le renforcement des services de santé, à l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes. Selon elle, ces projets pourront au Tchad d’accélérer sa marche vers les objectifs de développement durable.

De l’avis du délégué du quartier Guinebor 2, Adam Ousmane, les habitants de Guinebor 2 sont soulagés et accueillent avec beaucoup d’espoir l’extension du réseau en eau potable dans leur quartier. Selon lui, depuis des années, les femmes et les jeunes font longs déplacements pour aller chercher de l’eau potable pour la consommation et les ménages. « Pour être sincère, c’est depuis longtemps que nous attendons que les autorités viennent faire ces travaux d’adduction. C’est désormais fait, nous sommes très heureux », a exprimé avec satisfaction le délégué de Guinebor 2. Selon lui, grâce à cette extension, les populations de son quartier auront de l’eau potable et se porteront beaucoup mieux, surtout sur le plan sanitaire. Adam Ousmane a aussi rappelé le calvaire qu’ont connu des habitants de Guinebor 2, par rapport au manque de fontaine d’eau. Le représentant du quartier a exprimé, au nom de tous les habitants de sa circonscription leur soulagement pour ce joyau qui tombe à point nommé. Le délégué a indiqué que la STE leur a promis un prix raisonnable pour permettre à tous les ménages d’avoir accès à l’eau potable. Il estime que la balle est maintenant dans le camp des habitants qui souhaitent avoir de l’eau de la STE d’exprimer le besoin en formulant une demande adressée à la société. Pour lui, c’est une question de temps, car ce moment est attendu pendant des années et les habitants ne tarderont à faire des démarches dans les jours à venir.

Il y’a de cela un an et demi que le gouvernement tchadien et ses partenaires avaient signé deux conventions de financement d’un projet de réhabilitation et d’extension du système d’adduction d’eau potable dans la ville de N’Djamena.

Jules Doukoundjé 

L’activiste Ahmat Larry défi le Maire Ali Haroun pendant que les membres du Collectif des Associations et Mouvement des Jeunes du Tchad CAMOJET lui ont rendu visite ce 04 février à la maison d’arrêt de Kléssoum. C’était, disent-ils, pour lui apporter soutien et encouragement. Larry est détenu pour une affaire de diffamation qui l’oppose au maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun. Reportage.

Après avoir passé 48h à la maison d’arrêt de Kléssoum, les camarades de lutte d’Ahmat Haroun Larry lui ont rendu visite ce 04 février. Ils sont plus d’une vingtaine de membres avec dans leurs mains des palettes d’eau, du jus et de la nourriture. Objectif: relever le moral de leur camarade incarcéré à la maison d’arrêt depuis le 2 février. Aussi, ils viennent faire comprendre à M. Larry qu’il est injustement incarcéré selon leur propre terme. Et qu’il a tout le soutien des leaders de la société civile. Les compagnons du détenu ont eu à échanger avec lui des paroles d’encouragement et de réconfort.

Selon nos sources, M. Larry a refusé de céder lorsque des proches du Maire Ali Haroun lui ont proposé de faire des excuses publiques en contrepartie du retrait de la plainte. D’autres sources affirment à la rédaction que dans cette affaire Larry se cache une lutte à finir entre le Maire et ses opposants. Je ne céderai pas a-t-il dit à ses amis de la CAMOJET.

Le chargé de communication du CAMOJET Hassane Issa Abba, affirme que leur camarade a le moral haut et la lutte pour sa libération vient de commencer. Toutefois, Il dénonce les vices de procédures dans cette affaire qui l’oppose au Maire de la ville de N’Djamena, M. Ali Haroun. « En matière de procédures judiciaires, il y a des normes à respecter, mais dans cette affaire, les procédures pour son arrestation et son incarcération n’ont pas été respectées. Le directeur de la police judiciaire a appelé Larry au téléphone. Il s’est présenté, il a été mis en détention préventive. Ce n’est pas normal » a indiqué le chargé de communication du CAMOJET. Selon lui, la plainte du Maire n’a jamais été vue et signifiée. Et directement un procès-verbal a été dressé et l’accusé est déféré à la maison d’arrêt.

M. Hassane Issa Abba apporte des éclaircissements sur la vidéo de M. Larry. Pour la CAMOJET, leur camarade a dénoncé le déguerpissement ségrégationniste des occupants des espaces publics. « M. Larry a déploré le fait qu’il existe deux poids, deux mesures dans le déguerpissement. Il a aussi dénoncé la mauvaise gestion de la mairie de N’Djamena dans ses vidéos. Et le maire a fait de cela son problème personnel », a-t-il précisé. Il ajoute que Larry est un militant de la société civile qui contribue d’une manière ou d’une autre à la vie publique par rapport à la gestion de l’argent public. Il poursuit que les gens comme Larry sont facilement incarcérés pour des motifs fallacieux. Le chargé de communication appelle les autorités à s’impliquer dans cette affaire pour faire triompher le droit.

Pour rappel, il est reproché à M. Ahmat Haroun Larry d’avoir diffamé le maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun à travers les vidéos qu’il poste sur sa page Facebook. Il comparaîtra devant les juges le 17 février prochain.

Kouladoum Mireille Modestine

Le président du parti « Les transformateurs » Dr Succès Masra dénonce ce vendredi le refus des autorités de la transition d’autoriser la tenue d’une formation des jeunes en leadership et entrepreneuriat dans un hôtel de la place. Il estime que ce refus est contraire à la politique de l’État en matière de création d’emploi pour les jeunes. Reportage.

Plus de 800 jeunes venant de toutes les provinces du pays devraient pendant 2 jours suivre une formation en entrepreneuriat et en leadership sous le thème « entreprendre2022 ». Prévue du 4 au 5 février dans un hôtel de la capitale, les autorités ont refusé la tenue de cette formation pour l’autocréation d’emploi pour les jeunes. L’opposant Dr Succès Masra, président du Parti « Les transformateurs », l’un des formateurs de cette 4e édition de ce rendez-vous du donner et de recevoir des jeunes en quête d’expérience en matière de l’entrepreneuriat exprime son incompréhension par rapport à ce refus. « J’ai été invité en tant que cadre de ce pays qui a un minimum d’expérience internationale pour venir former mes jeunes frères et sœurs qui viennent de partout », explique Dr Succès Masra à la presse. Selon lui, il y a des jeunes tchadiens, brillants qui ont organisé cet évènement et aimeraient faire partir des formateurs pour donner leur modeste contribution. Le jeune politicien révèle que 800 jeunes doivent être formés sur les méthodes de création de richesses pour promouvoir le « made in Tchad » et faire consommer le « made in Tchad ».  Dr Succès Masra précise aussi que ce serait l’occasion d’expliquer aux jeunes tchadiens qui ont soif d’apprendre à se prendre en charge de bénéficier des techniques et des expériences des aînés. « Nous sommes dans un pays où on ne veut pas que la jeunesse se prenne en charge. Une jeunesse qui a transformé sa vie, qui a fait de sa vie une entreprise, qui est capable de s’occuper d’elle-même, n’est pas une jeunesse qu’on peut acheter sa conscience », estime-t-il.

Au sujet de la bavure des forces de l’ordre sur les habitants d’Abéché, l’opposant exprime sa tristesse et condamne ces brutalités inouïes qui ont causé des morts.  Succès Masra rappelle autorités de la transition que la seule raison pour laquelle les Tchadiens ont accepté qu’elles soient là, parce qu’ils ont promis d’assurer la sécurité. Il ajoute que sur la question de la sécurité, ils sont en train d’échouer et leur demande de se ressaisir.

Le jeune opposant a aussi expliqué les raisons de sa tournée en Europe. Il affirme que cette tournée a pour but d’expliquer aux diplomates, aux militaires et aux économistes européens, le souhait des Tchadiens de choisir leurs dirigeants de manière démocratique. Selon lui, le Tchad n’est pas un pays isolé et n’a pas l’intention de s’isoler, mais a besoin d’avancer avec l’ensemble de ses partenaires.

Jules Doukoundjé

Depuis hier jusqu’aujourd’hui 4 février 2022, les élèves du lycée de Gassi dans le 7e arrondissement de la capitale tchadienne N’Djamena boudent le remplacement d’un enseignant vacataire par un titulaire décidé par l’Administration. Le débordement de cette manifestation a conduit la police à faire l’usage de gaz lacrymogènes pour les disperser. Il y a eu quelques blessés et des arrestations affirme un de censeur rencontré dans l’établissement. Reportage.

Vendredi 4, 11h. Un silence de cimetière plane le lycée de Gassi. Un vieux gardien vient à notre rencontre. Nous déclinons nos identités : journalistes. Il nous accueille et nous montre les bâtiments de l’administration. Il nous dit que le proviseur est absent. Au coup d’œil, toutes les portes de salles de classe sont fermées. Nous sommes chanceux, Luwheta Moïse, censeur chargé de la classe de 2d littéraire est là. Il nous rapporte les faits.

Selon lui, un enseignant vacataire a été recruté pour donner des cours aux classes de 1re S et 2d L2. Il avait remplacé une collègue titulaire absente pour maladie, précise-t-il. Sur instructions de médecin dit-il, elle a bénéficié de deux mois de repos. En attendant, le proviseur a décidé de faire appel à ce vacataire, explique le censeur. Un arrêté d’affectation a été signé récemment. « Deux chargés de cours de Français et un chargé de cours de philosophie ont été mis à la disposition de l’administration. « Naturellement, l’administration a décidé de retirer l’emploi du temps du vacataire et le confier au titulaire. Les élèves se sont opposés et ont dit qu’ils ne veulent plus d’un autre professeur », dit M. Luwheta Moïse.

Selon le censeur, les élèves disent s’être habitués au vacataire et qu’il est hors de question de le remplacer. Le nouveau venu devrait avoir cours hier, mais les élèves refusaient, soutient l’administrateur. Sur des bouts des papiers, les élèves ont écrit le nom de l’enseignant vacataire et criaient « Éric, Éric! » « On a essayé de les calmer et de leur demander de regagner leurs salles en vain », souligne M. Luwheta. À son avis, les élèves semblent se préparer d’avance à cet évènement. « Alors qu’on se démêlait pour mettre certains en salle, d’autres nous jetaient des pierres. Quelques minutes après, ils se sont retrouvés sur la route entrain de troubler l’ordre public. La CSP 16 juste à côté les a aperçus et elle a appelé le proviseur avant de venir les disperser à coup de gaz lacrymogène », dit le censeur. Hier matin rappelle le censeur, un élève a eu une fracture au bras et dans l’après-midi, un autre s’est fracturé la jambe. Il rajoute qu’un élève était blessé, il a été conduit à l’hôpital par ses parents. « Une vingtaine d’élèves sont arrêtés et gardés au CSP16. Ce matin, nous sommes allés les voir. Nous allons vérifier d’ici là leurs identités pour nous rassurer s’ils sont réellement nos élèves avant que le proviseur n’intervienne », assure le censeur de la 2de.

M. Luwheta signale l’absence du proviseur du lycée littéraire qui se serait rendue à la délégation ce matin. Seulement, déclare le censeur, leur souci est de libérer ces élèves à temps pour ne pas susciter d’autres problèmes. Il insiste et précise que le proviseur n’a pas frappé les élèves. « C’est un chef d’établissement, c’était juste une intimidation pour les faire regagner leurs salles de classe. Naturellement il est dans son rôle », conclut le censeur.

Moyalbaye Nadjasna

Au Tchad, les chefferies traditionnelles s’organisent autour de la figure emblématique du chef, désigné selon les régions. Dans le Nord, totalement musulman, le monarque porte parfois le titre de sultan et dans le sud, animiste et chrétien, c’est l’appellation Mbang ou Gong. Mais ces dernières années, la question des chefferies traditionnelles peinent est sources de tensions. A la vieille du dialogue national inclusif (DNI) Ialtchad Presse lance les débats à travers deux personnalités publiques. L’enseignant-chercheur Dr Sitack Yombatina et sa Majesté Tamitah Djidingar chef de canton Donomanga, dans la province de la Tandjilé et président de l’association des autorités coutumières et traditionnelles du Tchad (ACTT). Reportage.

Les chefs traditionnels sont des auxiliaires de l’administration. Ils sont placés sous la tutelle du ministère de l’Administration du territoire. Représentants légaux de l’État, ils sont chargés de certaines tâches telles que la collecte des impôts. Mais ces dernières années les chefs traditionnels tels que le sultan et le chef de canton rencontrent d’énormes difficultés dans l’exercice de leur fonction. Mal compris, les chefs traditionnels sont parfois bafoués et contestés par leurs sujets, rejetant leur autorité.

Pour l’enseignant chercheur, Dr Sitack Yombatina Béni qui fait l’historique de la chefferie traditionnelle, explique que le canton est une subdivision administrative d’un pays. Pour ce qui concerne le sultanat, il précise que le sultanat a une connotation religieuse musulmane surtout et est légèrement au-dessus du canton. Pour le juriste, le canton est un découpage territorial qui comprend plusieurs communes qui sont réglementées par des textes. Selon lui, le sultanat est un regroupement de plusieurs cantons, une coche au-dessus du canton. 

Au sujet du rôle du chef de canton et du sultan, M. Sitack affirme que les deux jouent pratiquement les mêmes fonctions, mais le sultan est une appellation musulmane. Il est considéré comme le commandeur de la religion, donc en même temps un guide spirituel. Alors que le chef de canton peut être un animiste. Toujours selon M. Sitack, le point commun entre les deux est le pouvoir héréditaire chez le sultan comme chez le chef de canton. Le chercheur souligne aussi que le sultanat existe depuis le 14e siècle. C’est un pouvoir qui se transmet du père en fils comme le chef de canton. M. Sitack Yombatina Béni précise que c’est à partir de la Conférence nationale souveraine (CNS) de 1993 que le débat sur la chefferie traditionnelle s’est posé et jusque-là, aucune solution n’a vu le jour. A son avis la chefferie traditionnelle pose problème dans un pays qui se veut démocratique. Pour lui, la chefferie traditionnelle n’obéit à aucune règle démocratique. Il estime que le mode de désignation est contraire aux règles démocratiques. Et propose qu’on annule la chefferie traditionnelle au Tchad, comme dans certains pays africains. Dr Sitack voudrait qu’on inscrive le problème de chefferie traditionnelle au débat lors du dialogue national inclusif prochain.

Pour le chef de canton de Donomanga, province de la Tandjilé et président de l’association des autorités coutumières et traditionnelles du Tchad (ACTT) Sa Majesté Tamitah Djidingar, on ne peut pas supprimer la chefferie traditionnelle. Ce influent chef de canton affirme qu’il est impensable de parler de la suppression de l’autorité traditionnelle. Il estime que supprimer la chefferie traditionnelle, c’est oser supprimer nos us et coutumes, car la chefferie traditionnelle est l’identité d’un peuple. Sa Majesté souligne que depuis la nuit des temps, les chefs traditionnels ont joué et continuent de jouer un rôle majeur à chaque étape décisive de l’évolution politique du Tchad. « Tantôt adulés, tantôt honnis suivant les périodes et les régimes, les chefs traditionnels sont incontestablement les piliers de l’administration du territoire parce qu’ils connaissent mieux que quiconque les populations dans leur vie profonde », dit le président. Tamitah Djidingar. Il soutient qu’aucun des régimes qui se sont succédé de 1960 à 1990 n’a pris à bras le corps le problème de la chefferie traditionnelle au pays.  Mais poursuit-il, c’est avec l’avènement de la démocratie en 1990 que les chefs traditionnels naguère confinés au rang de simples auxiliaires chargés d’aider l’administration publique sont projetés à l’avant-scène de la vie publique.

Jules Doukoundjé

Le savonnier ou l’arbre à savon produit des fruits délicieux. Les fruits de cet arbre sont appelés savonnes. Ils sont appréciés diversement par les consommateurs tchadiens. C’est la saison, il est vendu un peu partout en ville. Les nutritionnistes estiment que même si les avantages de la consommation du savonne est démontré les risques n’en manquent pas. Reportage.

Il s’appelle Mahamat Salib. Il a 25 ans. Il est vendeur détaillant de savonnes. Très tôt le matin, il remplit sa brouette des fruits du savonnier (ou l’arbre à savon). Il parcourt de grandes distances chaque jour pour écouler ses produits. « J’achète le sac de savonnes à 7500 F CFA. Je vends le Koro entre 500f et 300f selon les périodes », dit-il. Selon le jeune marchand, les savonnes viennent de Gelendeng, Linia, du sud-est de la capitale, N’Djamena. En plus d’être vendeur de savonne, le jeune vendeur est un connaisseur de l’arbre à savon. « Vous savez, le savonne a plusieurs vertus. Ceux qui en consomment connaissent le secret. Ce fruit peut soigner le mal de ventre, le rhumatisme, la fièvre jaune », dit-il. Mahamat Salib, affirme aussi que du grain du savonne on peut extraire de l’huile ou le manger comme du pistache.

À peine la conversation achevée, un conducteur de mototaxi l’appelle, « taal, ni doraa hidjilidje » en arabe local. Ce qui signifie, « vient, j’ai besoin du savonne ».  « Je ne peux m’en passer des fruits du savonnier. C’est mon bonbon depuis mon jeune âge. Lorsque je vais au village voir mes grands-parents, nous partons en brousse cueillir les savonnes », soutient Mahamat Idriss. Selon lui, il souffre d’hémorroïde et lorsqu’il ressent les symptômes, il consomme le savonne et ça le soulage. Un autre conducteur de mototaxi  témoigne, « quand j’en consomme, je passe toute la journée aux toilettes. Même l’odeur me fait vomir. Ce n’est pas du tout de mon goût. Pourtant cela ne fait rien à mes amis qui en consomment », dit-il.

M. Olbom Jean, doctorant en Nutrition, alimentation et Sciences des Aliments à l’Université Abdou Moumouni de Niamey affirme que les fruits du savonnier à des avantages, mais aussi des risques. Selon lui, ce fruit de son nom scientifique, Balanites aegyptiaca, appartient à la famille de Zygophyllacée. C’est une plante, dit-il, appréciée dans plusieurs régions d’Afrique (Tchad, Sénégal, Niger, Mali). « Les feuilles, et fruits entrent dans l’alimentation de certaines communautés. Les autres parties comme les écorces, racines, tiges, noies, fruits et voire les feuilles entrent dans la médecine traditionnelle à cause de ses vertus thérapeutes », dit le nutritionniste. Il soutient que lorsqu’on consomme le fruit du Balanites aegyptiaca (savonnier), on obtient une graine oléagineuse. « Cette graine est très riche en huile exploitée pour plusieurs intérêts (médicinale et cosmétique) semblable à l’huile d’arachide», dit M. Olbom Jean. Le diététicien précise que le fruit du savonnier contient le sucre complexe, de l’acide linoléique, acide oléique, a plusieurs vitamines, des propriétés antivirales et microbiennes de qualité. Ces vertus souligne-t-il, lui procurent le pouvoir anti-inflammatoire, effet asphyxiant, effet émétique, diurétique, antirhumatismal et fébrifuge. En plus des valeurs soulignées ci-haut, M. Olbom soutient que le savonnier a un pouvoir dégraisseur, très important pour les personnes obèses. Il peut contribuer à l’amélioration de la santé en cas d’hypertension artérielle, de dyslipidémie, assure le nutritionniste.

Les risques sont évidents

Le doctorant en Nutrition explique aussi le côté sombre du savonnier.. « Les fruits sont généralement ramassés par terre, là où les animaux urinent, défèquent et marchent. Le risque d’infection à la fièvre typhoïde, à la diarrhée, à la dysenterie causée par les microbes (Salmonella, …) », soutient M. Olbom.

Le fruit contient selon lui, des saponines triterpenines et diosgenines. Ces composés sont dangereux pour la santé. À une certaine dose, le savonne peut causer des flatulences, des troubles digestifs voire une intoxication alimentaire en cas de forte ingestion.

Moyalbaye Nadjasna

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