Suite aux évènements de Faya, d’Abéché et de Sandana qui a abouti par mort d’Homme, les avocats, huissiers de justice et notaires ont organisé une marche pacifique ce lundi 21 février 2022 pour exiger le respect des droits humains et la justice au Tchad. La marche est partie de la Cour Suprême pour finir au Ministère de la Justice. Reportage.
Ils sont descendus dans la rue pour dire non à la prolifération des armes. Non à l’impunité. Non à l’esclavage et à la traite des êtres humains. Non à la violence institutionnelle : ce sont les messages écrits sur les pancartes. Ils sont destinés au pouvoir exécutif. Selon les manifestants, tous ces maux ont fait que la balance de la justice n’est plus dans sa position initiale. C’était une marche silencieuse. Elle est partie de son point de départ, la Cour Suprême pour se disperser devant le palais de Justice de la capitale, N’Djamena. Arrivée au ministère de la Justice, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Le portail du ministère est fermé pour empêcher les marcheurs d’entrer. Tout de même, ils se sont tenus debout devant le ministère pour exprimer leur message. Tour à tour, les présidents de la Chambre des Huissiers (CH), des notaires et des avocats disent exprimer leur mécontentement face à l’injustice galopante. Prenant la parole, Maître Eldjimbaye Mbaïhodoum Élysée président de la CH du Tchad, demande une minute de silence en mémoire des concitoyens qui ont perdu la vie de manière gratuite selon ses termes. Pour lui, le Tchadien ne peut pas contribuer à acheter des armes pour qu’elles se retournent contre lui faisant allusion aux tueries de Faya, d’Abéché et de Sandana, Me Eldjimbaye affirme que l’injustice crée l’insécurité. « Dans un État de droit, le règlement de conflit se fait par la justice, quel que soit le degré de ce problème. C’est comme ça que fonctionne l’État de droit. Nous sommes au regret de voir autre chose dans notre pays. Alors nous voulons exprimer notre désaccord total pour ce qui se passe maintenant ». Me Eldjimbaye d’ajouter que les décisions de justice sont rendues tous les jours, mais ne sont pas traduites dans les faits. Il n’y a que la justice qui élève une nation et l’État doit se soumettre aux décisions de justice. A-t-il souligne. Aussi, il signale que le Tchad tient la queue sur le plan de développement parce qu’il n’existe pas de justice équitable pour tous.
Maître Djomian Germain président de la chambre des notaires lui, explique le contexte de leur marche. Selon Me Djomian, il est rare de voir les avocats habillés en toge pour réclamer Justice. Ils se disent dépassés par la recrudescence de la barbarie et de la violation du droit à la vie. Et que la noirceur de leur robe ne suffit pas pour exprimer cette douleur. « Tous les Tchadiens ont droit à la vie. Quand leur vie est menacée, ils doivent faire recours à la justice. Mais les auxiliaires de justice ne peuvent pas faire normalement leur travail parce que l’État ne lève pas le petit doigt pour les protéger », affirme-t-il. De son avis, beaucoup d’auxiliaires de justice sont menacés au quotidien. L’État tchadien nous manque de considération poursuit-il, en faisant miroiter la séparation des pouvoirs exécutifs, législatif et judiciaire. Il réaffirme le vœu de tous qui est celui d’exercer librement le métier des professions judiciaires sans l’injonction du pouvoir exécutif.
Le dernier intervenant était Me Djerandi Laguerre Dionro président de la chambre des avocats. Il appelle l’État à assumer ses responsabilités. Il affirme que ce n’est pas une demande, moins encore une prière, mais une obligation pour l’État de prendre ses responsabilités vis-à-vis des situations. « La justice que nous vivons maintenant n’est pas celle que nous voulons. Il y a l’impunité totale, certains Tchadiens se croient supérieurs aux autres. Nous voulons un nouveau Tchad ou tout le monde est égal devant la loi », dit-il. Plus loin, il demande à l’État de prendre ses responsabilités en nommant des administrateurs formés et compétents dans les postes de responsabilités et non des analphabètes et des semi-lettrés. Me Djerandi conclut en disant que quand l’État est faible, nous périssons et nous avons peur de nous retrouver dans l’état de nature. Le ministère de la Justice qui a fermé son portail aux marcheurs a fini par envoyer son secrétaire général et son directeur des ressources humaines à la rencontre des marcheurs. Ces derniers ont reçu de la main des auxiliaires de justice, un mémorandum de 6 pages destiné au président du Conseil Militaire de Transition (CMT) Mahamat Idriss Deby Itno. La marche est suivie de 3 jours d’arrêt de travail.
Kouladoum Mireille Modestine
Une déclaration de Me Jacqueline Moudeïna soulève l’indignation, et un enregistrement audio, non authentifié, de l’opposant Timane Erdimi suscite la controverse.
D’abord, les propos de Me Jacqueline Moudeina. L’avocate et militante des droits humains affirme dans une vidéo, en marge des manifestations du 15 février au sujet du massacre de Sandanan, qu’il y a un plan pour exterminer tout le sud. Me Moudeïna a dérapé. Cette déclaration est grave. Il faut être clair. Ce qui s’est passé à Sandanan comme à Abéché est inadmissible. Le problème de Jacqueline Moudeina ce qu’elle a enfourché ce drame pour le sortir du cadre de la dénonciation des violations des droits humains. Me Moudeina doit clarifier ses propos. Plus grave, elle date ce plan d’extermination à partir de la guerre civile de 1979 qui avait opposé schématiquement le nord musulman au sud chrétien et animiste. Si Me Moudeïna a des preuves, qu’elle les met sur la place publique. Sinon ces affirmations relève de la mythomanie. Elle doit tourner 7 fois sa langue avant d’avancer une pareille ânerie.
Ensuite, dans un enregistrement non authentifié, on entend une voix attribuée à M. Timane Erdimi discuter avec un inconnu. Dans la conversation M. Erdimi planifie de renverser le président de la transition Mahamat Idriss Deby. Et de faire partir la France du pays. Une sortie qui a agaçé les autorités de la transition qui demandent la disqualification de M. Erdimi du pré-dialogue de Doha.
Apparemment M. Erdimi a jeté son dévolu sur la Russie du redoutable Vladimir Poutine et sur Wagner pour l’aider à prendre le pouvoir. Le Conseil Militaire de transition (CMT) a-t-il le droit de disqualifier un des principaux chef rebelle de ce rendez-vous ? Si cette information est confirmée, elle est maladroite. Elle est d’autant plus maladroite que M. Erdimi, affirme que même s’il se réconcilie, il a la ferme intention de déclencher la guerre. Décidément, M. Erdimi est obsédé par le pouvoir pour le pouvoir même après la mort du Maréchal avec qui il a eu maille à partir. Exclusion ou inclusion ? Le CMT doit continuer à privilégier le dialogue inclusif. Sinon, cette inclusivité n’est que factice.
Enfin, les Tchadiens sont lassés de cette génération d’hommes et des femmes politiques souvent chefs de coterie, toujours chef de guerre, jamais hommes d’État. Ils sont aussi fatigués de ces leaders d’opinion qui ont le menton toujours levé et les propos incendiaires.
Bello Bakary Mana
La saison 2012-22 de la ligue de football pour la province de N’Djamena tarde à démarrer. Djibert Younouss, porte-parole de la coordination des clubs affiliés évoque, lors d’une conférence de presse, le jeudi, 17 février dernier, le problème du tirage, de décision non concertée, de remboursements des dépenses engagées par les clubs pendant la saison blanche de 2020-2021. Le président de la ligue de Ndjamena affirme que ce sont des allégations sans motivation. Il promet que d’ici le 25 février, le championnat va commencer. Reportage.
La saison du championnat de N’Djamena de football, 2021-2022 n’a pas démarré. Les amoureux du ballon rond comme depuis quelques années déjà ne suivent ce sport qu’à travers leurs petits écrans. Certains déplorent le sort du football tchadien. Badawi Abdraman, un fan de football rencontré au quartier Sabangali. Il se dit asphyxié par la léthargie dans laquelle est plongé le football tchadien. « Nous sommes quelle nation je ne comprends pas. Je versais de larmes en regardant certains pays qualifiés à la CAN 2021 au Cameroun. S’il vous plaît épargnez-moi je ne veux plus parler pour augmenter ma tension », lance-t-il d’un air fâché. Haroun Djidda, à côté de lui estime pour sa part que ces responsables du football au lieu de s’unir pour relever ce défi se livrent la guerre. « Ce n’est pas du tout responsable de parler des choses sans enjeux pour notre football. Vous savez ce qu’on a regardé lors de la CAN au Cameroun nous a beaucoup énervé », dit-il.
Le président de la ligue de Ndjamena Ahmed Maïna Ahmed pour répondre à la coordination des clubs affiliés rappelle une réunion du 25 janvier 2022 avec le Comité de normalisation (CONOR). Au cours de cette rencontre, ils ont fait des observations, « ils ont dit si d’aventure on prend de décision, qu’on les avise. J’ai pris acte en tant que président de la ligue, si je fais quelque chose sous tutelle ou pas, je vais saisir le CONOR par le biais du secrétariat de la fédération », reconnaît-il. Selon lui, tous les documents que la ligue a fournis à la Fédération tchadienne de football association (FTFA), la présidente du CONOR n’a reçu aucun document sauf celui des 28 clubs qui ont signé pour le départ de la ligue. En juriste, dit-il, elle affirme s’en tenir aux documents à sa disposition. « Or les 25 et 26 janvier, 18 clubs de la 1re et de 2es divisions et le football féminin ont écrit à la ligue pour le démarrage. J’ai encore transféré le document à la fédération, mais le CONOR ne l’a toujours pas reçu. Avant-hier, j’ai photocopié tous ces documents pour les mettre à la disposition de la présidente du CONOR », explique le président. Seulement avise-t-il que ce qui se passe est un sabotage, une manipulation pour que le championnat ne se déroule pas à Ndjamena. D’après lui, ces pratiques qui gangrènent le football tchadien.
Le Tirage n’est pas une décision
Ahmed Maïna Ahmed affirme avoir envoyé une correspondance au CONOR via la fédération pour annoncer le tirage le 14 février. Pour lui, un tirage n’est pas une décision, si on convie les clubs c’est pour des questions de transparence. Il affirme qu’on peut faire le tirage sans les clubs, mais en présence de la presse. Mais comme la FIFA et la CAF le font, il faut convier les intéressés, soutient-il. « 10 clubs sont venus prendre les invitations que nous avions disposées avant le tirage. Le 14 février, sur les 12 clubs de première division, 6 étaient présents. Le tirage a inclus les 12 clubs et chacun connaît ses adversaires. Dans nos textes statutaires, ce qui nous lie aux clubs c’est l’affiliation », dit le président.
La ligue de N’Djamena, assure-t-il, a promis aux clubs qui ont cotisé à 60% en 2021 de réactiver leurs cotisations pour le compte de l’année 2022. Ce qui va leur rester à compléter c’est le 40%. « La date du démarrage du championnat est prévue le 25 février. Dès lundi, je vais déposer une correspondance auprès du CONOR via FTFA. Sur le plan technique et administratif, les licences sont déjà prêtes. Du au retard du tirage, les différentes commissions seront prêtes dans les jours qui suivent pour le lancement du championnat de la ligue de N’Djamena ». Ahmid Mela Ahmid plaide auprès de l’État pour les soutenir, surtout le sponsor des sociétaires.
Ce que nous déplorons, dit le président de la ligue, ce sont les infrastructures footballistiques. Elles nous font cruellement défaut. Aujourd’hui, à N’Djamena seul on a plus de 200 clubs avec plus de 2000 joueurs et 10 sous-ligues, sans oublier les centres de formation, dit Ahmed Maïna Ahmed. Mais. Ceux qui prennent part au championnat c’est 36. Il trouve encourageant la réfection du stade Idriss Mahamat Ouya et la construction de celui de Mandjaffa. Pour cette année, précise-t-il, le championnat va se dérouler sur quatre stades (Diguel, Paris-congo, Académie de Farcha et le stade municipal de Farcha).
Moyalbaye Nadjasna
L’université de N’Djamena a organisé une conférence-débat sur le thème État importé, territorialité tourmentée et sociétés complexes face aux conflits africains contemporains ce samedi 19 février à l’amphithéâtre de la faculté de médecine. C’est professeur Bertrand Badié, émérite des universités des sciences politiques de Paris qui a animé la conférence. Reportage.
Le conférencier Bertrand Badié retrace dans sa présentation, l’histoire politique de certains Africains colonisés par la France. Pour lui, d’une manière ou d’une autre, les colonisés et les colons ont marqué l’histoire. Cette histoire est marquée par l’importation de la culture occidentale vers l’Afrique qui ne s’adapte pas aux réalités de la région. « Les Africains se trouvent confus dans la confrontation de ces deux cultures même après la colonisation. Il est difficile pour les Africains d’afficher leur identité culturelle aux yeux du monde. Je pense qu’il est temps pour l’Afrique de réécrire son histoire et d’arrêter de se consoler sur le dos du colonisateur », a-t-il précisé. Plus loin, le professeur parle de la victimisation des Africains. Selon lui, les Africains doivent arrêter de se victimiser. Si la culture que le colonisateur a imposé aux Africains ne les convient pas, ils peuvent valablement travailler pour le changer après les indépendances. Indique-t-il. Il prend l’exemple des problèmes de réconciliation entre l‘Algérie et la France qui à son avis, ne le concerne pas. Bertrand Badié se sent mille fois proche de l’Algérie dans sa quête pour sa dignité et sa liberté.
Quelques participants sont intervenus pour donner leurs contributions à l’exemple de Dr Ngariera Rimadjita et Dr Mahamat Fouda Djourab. Pour le chirurgien Ngariera, la compréhension du présent et du futur découle du passé. Il invite les jeunes à lire pour découvrir les choses qu’ils ignorent. Vous risquez de prendre des décisions inadaptées si vous ne vous référez pas au passé et c’est seul par la lecture que vous allez le découvrir. Insiste-t-il. « Nous avons été incapables de corriger les effets de la colonisation qui ne correspond pas à nos réalités culturelles. C’est une question d’intérêt. Je ne vois pas pour quel intérêt le colonisateur viendra nous demander de changer la culture qu’il nous a importée si on ne le fait pas nous-même», a-t-il souligné. Intervenant à son tour, Dr Mahamat Fouda Djourab s’appuie sur la sociologie pour étayer son intervention. De son avis, les sociétés évoluent, se transforment, s’adaptent se nouent des relations et les dénouent aussi. Alors ce qui se passe depuis le soleil des indépendances jusqu’à nos jours, est pire que ce que le colon a fait, a-t-il ajouté. Pour lui, les Africains sont étrangers à leur propre culture donc elle ne peut pas se développer avec des étrangers culturels. « Dans nos rencontres, nous reproduisons ce qui a été déjà fait sans les contextualiser. Aussi longtemps que nous serons incapables de définir un modèle de gouvernance, nous allons toujours attendre des autres qui viendront nous donner leur modèle », argue-t-il. Pour finir, le professeur Bertrand Badié reprend la parole pour dire qu’il ne comprend pas ce qu’on appelle démocratie universelle et qui peut décider de son applicabilité dans le monde. Pour lui, personne ne peut proclamer une soi-disant démocratie universelle, aux autres, conclut-il.
Kouladoum Mireille Modestine
Le parti socialiste sans frontière PSF a organisé une marche pacifique ce 18 février 2022 à N’Djamena pour réclamer la justice aux victimes de massacre d’Abéché et de Sandana. La marche est partie du rond-point Dembé à la bourse du travail. Reportage.
Ils sont quelque 300 militants et sympathisants à répondre présents à l’appel du président du Parti Socialiste sans Frontière Yaya Dillo Djérou Béti ce 18 février. Les militants sont habillés aux couleurs du parti. À 08h 12 min, le cortège se lance, mais sans le président Yaya Dillo. C’est arrivé non loin du Centre National de Traitement de Fistule qu’il est arrivé avec une escorte de trois véhicules. Pas à pas, les marcheurs arrivent au point d’arrivée de la marche : la bourse du travail.
Tour à tour, les veuves des militaires montent au podium pour dénoncer les injustices dont elles font l’objet après le décès de leur mari. Elles accusent les autorités de n’avoir rien faire pour elle depuis la disparition de leurs maris il y a 14 ans. Yaya Dillo intervient à son tour. Il déplore d’abord le nombre insignifiant des militants qui sont sortis pour la marche avant d’aborder les raisons de la marche. Il a qualifié la tuerie d’Abéché de terrorisme d’État, « comment les autorités qui sont censées protéger leurs populations leur tirent dessus, les tuant. C’est un massacre. C’est du terrorisme et de l’irresponsabilité de nos gouvernants. Nous n’allons pas accepter cela », a-t-il martelé.
Aussi, il demande le limogeage du gouverneur de la ville d’Abéché. Il appuie sa thèse par le fait que les autorités sont incapables de gérer les problèmes. Pour le cas de Sandana, le président du PSF parle de conflit intercommunautaire entretenu. « Ces communautés vivaient ensemble depuis longtemps. Quand il existe un différend entre eux, les autorités locales prennent parti. C’est cela qui crée les tensions. Sinon comment comprendre qu’une communauté peut tuer une dizaine de personnes innocentes parce que 1 seul des siens est mort », regrette-t-il.
Faisant allusion aux veuves des militaires, Yaya Dillo demande aux forces de l’ordre de ne pas soutenir un régime qui opprime le peuple. Il s’adresse aux forces de l’ordre en leur disant de ne pas mourir pour rien, « ne mourrez pas pour la jouissance des individus qui s’en foutent de votre mort, de l’avenir de vos enfants. Cessez d’opprimer le peuple. Ne participez pas à la mauvaise gestion du pouvoir. Si vous les accompagnez, voilà le sort qui sera réservé à vous enfants après votre mort ». Il a émis le vœu de voir en les forces de l’ordre, des citoyens responsables et des forces de l’ordre républicaines. Le chef du PSF déplore la réaction de certaines personnes qui prennent des positions communautaristes face aux évènements d’Abéché et de Sandana. Selon lui, c’est une question nationale et relève de la mauvaise gouvernance. Il invite ses concitoyens à se lever pour combattre le système en place. De même, Yaya Dillo demande aux Tchadiens de cultiver le respect de la différence des uns envers les autres. La marche a été encadrée par les forces de sécurité. Aucun incident n’a été signalé. Une autre marche est annoncée par le président du PSF pour le mois de mars prochain avec un itinéraire à définir.
Kouladoum Mireille Modestine
La marche de la plateforme de la coordination de la société civile prévue pour ce samedi 19, est reportée pour le 26 février prochain. Au cours d’une rencontre avec la presse pour annoncer la marche qui était autorisée pour le 12 février dernier, mais à cause des évènements de Sandanan, celle-ci a été reportée. Les organisateurs annoncent encore un autre report. Raisons de ce report : les autorités de la sécurité publique exigent que les responsables de Wakit Tama signent la condition de porter la responsabilité en cas de casses pendant la marche. Reportage.
La marche de la plateforme de la coordination de la société civile Wakit Tama de ce samedi 19 février n’aura pas lieu. Les responsables de Wakit Tama qui étaient en train d’échanger avec la presse sur la marche de ce samedi avaient reçu de leurs camarades qui étaient au ministre de la Sécurité publique pour les modalités de la marche une autre condition. Selon Wakit Tama, les autorités exigent de signer un engagement de porter la responsabilité des casses en cas de débordements. Les dirigeants de Wakit Tama se sont excusés auprès de la presse pour aller se concerter à huis clos dans une salle de la bourse du travail. Au retour du huis clos, les mines étaient tristes. Ils annoncent pour la 2e fois le report de cette marche.
Pour le coordonnateur de Wakit Tama, Me Max Loalngar, cette marche était autorisée, mais reportée pour des raisons de massacres perpétrés sur les populations de Sandana. Selon lui, Wakit Tama avait reporté la marche qui était prévue pour le 12 février dernier pour montrer aux autorités de la transition leur volonté pour un dialogue sincère et inclusif. « Nous ne comprenons pas que les autorités du Ministère de la Sécurité publique attendent à quelques heures de la marche pour changer de veste », s’indigne-t-il. Me Max explique que l’un des deux camarades chargés de suivre le dossier était absent. Il s’interroge s’il n’avait pas subi des pressions. Le coordonnateur de Wakit Tama souligne qu’il fallait deux signatures pour autoriser la marche.
À son avis, il est inadmissible de poser de conditions pour une marche qui était déjà autorisée. Il ajoute que la plateforme a juste reporté le délai pour des raisons humanitaires pour partager la douleur avec les populations de Sandana. « Nous avons le regret de vous annoncer qu’en toute responsabilité, nous reportons cette marche d’une autre semaine », annonce Me Max Loalngar. Il promet également d’introduire dès le lundi prochain une autre demande. Il soutient aussi que la plateforme se tient mobilisée pour que le samedi 26 février prochain soit réussi. C’est l’occasion selon lui de dénoncer les exactions perpétrées contre les paisibles populations d’Abéché et de Sandana.
Pour permettre aux Tchadiens de comprendre leur droit à la manifestation, l’avocat affirme qu’il y a deux régimes de liberté : le régime préventif et le régime répressif. Selon lui, le régime répressif est le plus libéral possible, parce qu’il permet au peuple d’organiser les manifestations sans prévenir les autorités. Il précise néanmoins que s’il y a des casses, les organisateurs seront devant leurs responsabilités. Concernant le régime préventif, Me Max ajoute que, c’est une lettre d’information qui est adressée aux autorités pour leur permettre de prendre des mesures pour encadrer la marche.
Pour le cas du Tchad, dit-il, c’est un régime hybride qui n’est ni préventif ni répressif.
Jules Doukoundjé
Le cinéaste tchadien résidant en France, Mahamat Saleh Haroun vient de présenter son deuxième livre ce 18 février 2022 à la Bibliothèque nationale de N’Djamena, Tchad. L’ouvrage intitulé, « Les Culs-reptiles » se veut un outil de réflexion pour la société tchadienne. Il qualifie les littéraires des donneurs d’alerte. Publié en France, l’auteur a utilisé un style simple pour peindre le mensonge comme une honte, nuisible à la cohésion sociale. Reportage.
Pour le modérateur M. Nocky Djedanoum, lui aussi écrivain, « Les culs-reptiles » est un livre pays. Il énonce que le profil littéraire de Mahamat Saleh Haroun était perceptible surtout qu’il dispose d’une importante bibliothèque chez lui. L’auteur d’après lui, en tant professionnel du cinéma, n’a fait aucunement allusion au cinéma. Le livre, dit-il, est purement et simplement littéraire « Les Culs-reptiles » est le deuxième ouvrage du cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun.
Selon l’analyste critique de ce roman Dr Ngaou-Dengdé Laobélé, Enseignant chercheur à l’Université de N’Djamena, le livre compte 226 pages structurées en 16 plans. Ces plans assurent la continuité et la cohérence du récit dans le temps et dans l’espace. L’œuvre, dit-il, est classée dans le genre romanesque. « Les Culs-reptiles » sont deux mots composés d’un emploi métaphorique soutient-il. Il affirme que c’est une image d’un groupe d’individus bien connus qui vit dans l’immobilisme (jouer aux dames, cartes à la longueur de la journée sans rien faire). A son avis, ce roman est une fiction écrite en prose. Le livre d’après lui est conçu sur le récit d’un narrateur qui met en scène de personnages connus comme réels. Ce sont, dit-il, des gens qui combinent la narration, la description de la réalité et des paroles rapportées. Cet ouvrage n’est pas seulement imaginaire, mais descripteur des réalités sociales, a-t-il souligné. « Deux personnages clés ressortent de cette analyse : Bourma, le narrateur principal et Remadji, agent de l’État du ministère des Sports. Donc l’auteur met en exergue le musulman du nord et chrétien du Sud. Autrement dit, le stéréotype fabriqué de toute pièce n’est pas fondé. Des jugements hâtifs sans un fondement scientifique ». L’universitaire soutient que ce choix de l’écrivain, c’est pour briser ce mythe, casser cette barrière injustifiée qui gangrène la société. « C’est un frein au vivre ensemble et à la cohabitation pacifique ».
Dr Ngaou-Dengdé Laobélé, remarque que c’est un roman à thèse qui dénonce le concept de mensonge des gouvernants, le ras-le-bol des laissés pour compte et des marginalisés de la société. Il rajoute que ce livre d’aventure touche tous les sujets de la vie. « Ainsi, « Les Culs-reptiles » est un livre d’analyse ou psychologique qui permet de connaître les personnages. C’est un ouvrage réaliste et naturaliste qui expose les inégalités sociales ». L’auteur dit Dr Ngaou-Dengdé, se fait un enseignant qui initie un expatrié à une culture qui lui est étrangère. D’après lui, l’écrivain tire son inspiration du milieu africain. Ces individus sont comparés aux reptiles qui rampent dans le sol comme s’ils n’ont rien à faire dans la société. Il indique que c’est un récit qui tombe au bon. Il tombe à un moment ou tout le Tchad prône le vivre ensemble. « Ce lingui légué par nos ancêtres doit être entretenue pour le bonheur de tous. Les Tchadiens doivent se débarrasser de toute étiquette qui attise la haine et entretiennent les clivages ethniques, religieux sans fondement », dit M. Ngaou-Dengdé. Pour lui, l’essentiel ne suffit pas de lire ce roman, mais de l’adapter aux réalités pour opérer un réel changement de mentalité.
« Les culs-reptiles » est publié en France en janvier 2022. Selon l’auteur, la parution de l’ouvrage devrait être effective en septembre 2021. Selon L’écrivain et cinéaste tchadien, il a écrit son roman au moment de confinement suite au covid-19 en France. Mahamat Saleh H dévoile l’objectif de son ouvrage qui est de, « pousser la société à la réflexion et penser à notre destin commun. Pour l’auteur, le mensonge est dangereux pour la vie en société ». Il déconseille les Tchadiens à attendre l’aide. Il estime qu’il faut être talentueux, car le talent ne se cache jamais.
L’écrivain pousse les Tchadiens à l’éveil de conscience pour booster le changement de comportement dans nos sociétés. Il conseille plus à la lecture et ne jamais faire éloge de la médiocrité. La présentation de cet ouvrage a été faite en présence de la ministre tchadienne de la Culture.
Moyalbaye Nadjasna
Les cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports sont mécontents des nominations de certaines personnes extérieures aux postes de responsabilités techniques. Selon le bureau de la Section Académique de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (SACJS), c’est un clientélisme qui n’obéit nullement aux critères de compétences. Ce 17 février, Ialtchad a rencontré le personnel syndical en pleine concertation sous la houlette de son SGA, Netel Mianwodjim. Reportage.
Ce matin 17 février 2022, le personnel syndical du bureau de la Section Académique de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (SACJS) se sont concertés. Selon le SGA du SACJS Netel Mianwodjim, l’équipe a planché sur « les nominations aux postes de responsabilités dans les services centraux, les délégations provinciales et les organismes sous tutelle du Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Promotion de l’Entrepreneuriat. » Lors de son point de presse hier, le syndicat reste intransigeant sur sa position notifiée dans ces différents communiqués de presse. Selon les syndicats, ces nominations sont basées sur des considérations purement subjectives. Pour le SG, elles laissent cours à des pratiques de types clientélistes. Ce sont des nominations, dit-il, qui ne respectent ni les compétences internes du ministère encore moins l’esprit de la circulaire du 08 septembre 2021. Il précise que cette circulaire détermine les critères de nomination portant sur les valeurs telles que la compétence, l’expérience et l’équité.
Sur un ton dur, les syndicalistes frappent du poing sur la table. Selon eux, cette situation n’a fait que perdurer. Cette fois-ci, les cadres demandent l’annulation pure et simple des décrets incriminés, ceux. du 14 janvier 2022. « Sur soixante (60) postes techniques de responsabilités proposés, plus de 60% sont confiés aux personnes externes au Ministère. La plupart n’ont pas d’expériences techniques, ni professionnelles. Et ce, sous prétexte que le Ministère ne dispose pas de compétences internes capables de remplir les obligations et missions liées à ces différents postes », dit le SGA Netel Mianwodjim. Il s’interroge si les compétences internes au ministère manquent. Mais aussi se demande si ce n’est pas la mauvaise volonté des auteurs de ces actes. « C’est à dessein qu’on refuse de considérer les compétences internes au ministère au détriment des copains, amis et frères. La plupart ne sont même pas agents de l’État comme le stipule les dispositions de l’article 5 de la loi N°017 portant statut général de la Fonction publique », évoque le syndicaliste.
Le SACJS interpelle les autorités de la République. Le syndicat estime que celles-ci doivent prendre toutes des dispositions pour annuler ces nominations proposées par le ministre.
M. Netel Mianwodjim attire aussi l’attention du ministre sur la situation des lauréats issus de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports qui attendent depuis longtemps leur intégration à la Fonction publique.
Moyalbaye Nadjasna