Le Tchad regorge des femmes qui ont des ambitions et de visions pour son développement. Mme Bourkou Louise Ngaradoumri l’une de ces femmes. Elle est présidente du parti Rassemblement pour le Progrès et la Justice Sociale (RPJS). Activiste politicienne, Bourkou Louise est aussi une exilée politique qui a bénéficié d’un asile en France. Qui est cette femme qui voit le Tchad grand avec d’innombrables potentialités à exploiter ? Portrait.
Teint clair, élancée, toujours souriant, Mme Bourkou Louise est une femme très politique, très patriote. Sur de ses convictions, maman Louise déteste l’injustice et la méconnaissance de droit de la femme. Ne pouvant supporter les incongrus et les violations des droits humains, elle va quitter le Tchad pour s’exiler en France où elle bénéficie d’un asile en 1999. Mme Bourkou Louise est une activiste environnementale et militante pour la démocratie. Elle a occupé le poste de vice-présidente de l’Assemblée nationale du Tchad en 1990. Elle a créé son parti Rassemblement pour le progrès et la justice sociale (RPJS) en 1996. Le RPJS est présent dans 12 provinces du Tchad sur 23. En 2016, Maman Louise a porté sa candidature aux élections présidentielles au temps du maréchal du Tchad, Idriss Deby. « Malheureusement quand j’ai donné ma candidature en 2016, le défunt maréchal ne voulait pas que les femmes participent. Or, c’est quand même une toute première histoire d’une candidature féminine aux élections présidentielles au Tchad. C’est comme ça que j’ai dit bon je viens de rentrer de la France peut-être que les gens auraient peur que la France me soutienne », confie-t-elle. La présidente du RPJS évoque qu’elle donnait sa candidature par amour pour sa patrie. S’il s’agissait de vendre mon pays, je suis capable de le faire, mais j’aime sincèrement mon pays, dit-elle. « J’aime le peuple tchadien. J’ai quitté la France, un pays de luxe d’où je vivais à l’aise. J’ai neuf (09) enfants que je les ai amenés en France tout petits. Ils sont aujourd’hui devenus des hommes et des femmes responsables. Même si je restais en France, mes enfants vont s’occuper très bien de moi. Qu’est-ce qui m’amènerait ici pour souffrir sous cette chaleur caniculaire sans électricité ? », s’interroge la politicienne.
Selon la présidente du parti RPJS tout est simplifié pour elle en France. Mais à cause de l’amour du Tchad, elle fut convaincue de son retour au pays. « Je le crois bien pour les élections à venir ma candidature ne sera pas rejetée. Avec le maréchal je me suis montrée un peu récalcitrante, les choses n’ont pas marché, mais cette fois-ci, je reste sur ma position et toujours têtue. Toutefois je crois que les choses vont aller autrement », rapporte Maman Louise. Elle explique que les époques ne sont pas les mêmes. A son avis, le temps évolue, 2016 n’est plus 2022. Actuellement, relate la politicienne, le numérique est en vogue. On peut même faire de campagnes sans se présenter aux électeurs en utilisant les Réseaux sociaux, note-t-elle. Elle rappelle que l’Éducation nationale reste sa priorité. « Dans un pays ou l’Éducation nationale est en baisse, son développement va poser problème. C’est l’Éducation qui fournit des élites et de ressources humaines compétentes pour le pays », signifie-t-elle. Elle se dit préoccupée des conditions d’études liées à l’épineux problème de pléthore dans les salles de classe. Pour elle, c’est son cheval de bataille. Maman Louise estime que la santé et l’alimentation entrent aussi dans sa vision. D’après elle, les Tchadiens mêmes les plus démunis ne doivent pas trimer avant de trouver à manger. « À défaut d’une bonne alimentation, la maladie peut facilement nous emporter. Il faut bien manger pour prendre des médicaments », soutient la politicienne.
Le Tchad n’est pas pauvre
Mme Louise énonce que c’est dommage qu’on dise toujours que notre pays est pauvre. Elle souligne que nous avons 1 284 000 km2 de terre cultivable et notre pays est une île entourée de beaucoup d’eaux. La présidente du RPJS informe qu’à Ouadi-doum, lorsque le Tchad était en guerre, Kadhafi cultivait son blé en se servant d’eau jaillissante des sources des montagnes. « Il avait installé de motopompe pour alimenter 60 000 hectares de blé. Or on s’entretuait et lui faisait tranquillement ses récoltes et les vendre au niveau international. Nous disposons vers le nord des lacs qui sont salés qui n’existent nul par ailleurs », affirme-t-elle.
Mme Bourkou Louise est unique enfant à ses parents. Elle raconte que sa mère avait beaucoup de difficultés pour mettre au monde. Mais son père aimait bien sa mère à cause de sa beauté extraordinaire. Ses parents dit-elle, se sont mis toujours ensemble. « Même moi je suis arrivée par hasard, avec beaucoup de trouble et conséquences. Ma mère a failli mourir, moi aussi. Dieu merci on a survécu. Malheureusement, mon père était décédé quand j’avais l’âge de trois ans sans voir le produit de sa progéniture. Autrement, je suis sans frère ni sœur. Ce sont mes enfants qui sont actuellement mes sœurs, frères et mes confidents. Et voilà la vie continue pour attendre moi aussi mon destin », rapporte Mme Louise. Elle est orpheline de père et de mère.
Mme Bourkou Louise déteste la solitude. Elle aime partager et rigoler avec les autres. « C’est la convivialité des Tchadiens, notre façon de vivre ensemble, qui m’a donné la nostalgie de venir », signifie-t-elle. Selon maman Louise, elle a adressé une correspondance au président français à l’époque François Hollande qui a facilité son retour. C’est ainsi note-t-elle que Hollande a saisi feu maréchal tchadien Idriss Deby pour qu’elle rentre. « C’est le Tchad qui m’a envoyé un billet d’avion pour rentrer. J’étais bien accueillie et j’ai retrouvé mon esprit après la prison à ciel ouvert chez le blanc. J’aime le Tchad, j’aime les Tchadiens. Je visite les uns les autres pour causer, boire du thé avec des cacahouètes et renouer ainsi à mes instincts tchadiens », rigole-t-elle en concluant.
Moyalbaye Nadjasna
Les réfugiés centrafricains composés des femmes et des enfants et quasi totalement des Peuls Mbororo (fallata), arrivés au Tchad depuis plus 3 mois sont abandonnés à leur triste sort. Pour survivre, elles sont contraintes de mendier dans les rues de la capitale tchadienne, N’Djamena. Pour mettre fin à cette situation dèshumaine et humiliante, l’ONG nationale Al-NAHDA les recense et lance un appel aux autres organisations humanitaires à leur venir en aide. Reportage.
Les réfugiés centrafricains arrivés au Tchad, et surtout ceux qui sont arrivés à N’Djamena, ne peuvent plus supporter le poids de la misère. Pour subvenir à leurs besoins, ils sont contraints de tendre les mains dans les rues de la capitale tchadienne pour trouver à manger. Selon l’ONG AL-NAHDA, ces réfugiés constitués majoritairement des femmes et des enfants sont issus de la communauté peule Mbororo. Arrivés au pays depuis plus de 3 mois déjà, celles-ci ne vivent que de la mendicité. Et pour mettre fin à cette situation déshonorante, l’ONG AL-NAHDA a procédé à un recensement afin de connaître leur nombre exact pour un éventuel recasement. Elle lance un appel aux autres ONG et organisations humanitaires résidants au Tchad de les appuyer pour prendre en charge ces vulnérables personnes.
Pour le vice-président de l’ONG AL-NAHDA, Anour Abba Djaourou, ces réfugiés qui traînent dans les rues de N’Djamena souffrent beaucoup et ont besoin d’aide et d’assistance. Selon lui, l’organisation humanitaire qu’il préside a pris l’initiative de leur venir au secours en les regroupant. Il souligne que vu la situation difficile que vivent ces réfugiés, il y a urgence que les autres ONG agissent vite pour les assister. « Ils ont quitté leur pays en laissant dernière eux leurs bétails et certains ont tout perdu. Ils ont besoin d’un soutien social », explique-t-il. Anour Abba Djaourou indique que ces réfugiés ne sont pas seulement ici à N’Djamena, mais dans les autres localités du pays. A son avis, plus de 500 réfugiés peuls centrafricains sont dans les rues de N’Djamena, en train de mendier et cette situation est inadmissible qu’il faut stopper. Ces réfugiés, constitués quasi totalement de femmes et des enfants ont besoin de l’aide humanitaire. Selon lui, le gouvernement a été informé la semaine dernière de la situation. L’ONG AL-NAHDA a eu la promesse de la croix rouge tchadienne pour les assister. Abba Djaourou souligne que son ONG a apporté quelques aides, mais c’est insuffisant. Il craint qu’avec le ramadan qui s’approche et avec les canicules, ces personnes vulnérables ont vraiment besoin de secours permanent. En attendant une éventuelle relocalisation de la part des autorités et les autres associations humanitaires, AL-NAHDA a regroupé plus 500 réfugiés au lycée public de Diguel.
Pour cette femme, à un âge avancé, les Peuls bororo ne savent pas mendier, mais la situation les a contraintes à tendre la main. Selon elle, ce n’est pas de gaieté de cœur que les réfugiés peuls mendient, mais elles sont dépassées. Khadidja souligne aussi que les Peuls ne connaissent pas la ville, ils sont des éleveurs, mais à cause de la guerre en Centrafrique, ils ont tout perdu et sont obligés de s’exiler. Elle explique que là où elles étaient, il n’y a ni eau ni nourriture, mais grâce à l’ONG AL-NAHDA, elles ont à manger et à boire. La vieille dame craint qu’avec l’arrivée du ramadan et la chaleur, leur situation ne se dégrade. Elle souhaite que la paix revienne pour qu’elle retourne chez elle pour revoir sa famille et reprendre ses activités.
Jules Doukoundjé
Plusieurs associations qui militent dans la défense des droits humains ont lancé une nouvelle coalition dénommée coalition de la société civile contre l’impunité au Tchad (CCI) pour lutter contre l’imputé au Tchad. Le lancement a eu lieu en présence de plusieurs leaders des associations de défense des droits humains et de la société civile. Reportage.
L’imputé est devenue de plus en plus une banalité au Tchad, selon plusieurs associations. Et pour lutter contre cette pratique néfaste, ces associations ont décidé d’unir leurs forces pour créer une coalition. Le lancement a eu lieu en présence de plusieurs leaders de la société civile et de certains intellectuels. Au tour de l’avocate Jacqueline Moudeina, six autres organisations de la société civile ont rejoint la coalition.
Justifiant les raisons de la création de cette nouvelle coalition, l’avocate souligne que cette initiative est le fruit d’une observation attentive des dérives sécuritaires caractérisées par une impunité totale d’une catégorie de personnes proches du pouvoir, qui se croient tout permis. Selon elle, depuis des décennies, des auteurs de ces exactions jouissent d’une impunité et certains sont promus à des postes de responsabilité comme si le permis de tuer leur est délivré. Elle ajoute que les derniers évènements survenus à Faya, en passant par Salamat, Abéché et Sandana les ont confortés dans l’idée de mettre en place cette coalition unie et solidaire.
La présidente de cette coalition Me Jacqueline Moudeina promet de défendre les citoyens contre les dérives sécuritaires et les violations des droits de l’homme qu’a connu le pays depuis 1990 et encore récemment avec les drames survenus à Sandana, dans le sud du Tchad, et à Abéché dans l’Est. Pour elle, la coalition a pour objectif de lutter contre l’impunité des auteurs, complices et instigateurs de crimes graves, notamment le génocide, les crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Elle va aussi lutter contre les tortures et traitements inhumains et dégradants. L’avocate et ses camarades promettent aussi de lutter contre la corruption sous toutes ses formes et œuvrer en faveur de la promotion de la bonne gouvernance et la transparence dans les institutions publiques. La présidente de cette coalition ajoute que cette nouvelle institution va aussi sensibiliser la population sur la nécessité de promouvoir la justice et l’égalité devant la loi et la lutte contre l’impunité et l’injustice. Au cours de la cérémonie Me Jacqueline Moudeina a insisté sur la nécessiter d’engager des poursuites judiciaires et toutes autres formes de recours devant les instances nationales et internationales en cas de crimes et de délits graves.
Répondant aux préoccupations de la salle, sur la pléthore de coalitions au Tchad, elle dit qu’isolé rend faible, et le champ est vaste et que ce n’est pas une coalition de trop. Me jacqueline et ses camarades souhaitent aussi travailler avec la Cour Pénal Internationale (CPI) sur les violations des droits de l’homme. « L’impunité chez nous est créée et entretenue et c’est ça qui fait que ces violations des droits de l’homme continuent », affirme-t-elle. Elle ajoute que cette impunité est la cause principale de toutes les violations des droits de l’homme au Tchad. Elle reconnaît un manque cruel de moyens financiers, mais elle s’engage à aller jusqu’au bout.
Jules Doukoundjé
La ministre de transport et de la sécurité routière a annoncé des séries de sanctions à l’agence de voyages Abou Hamama dont le retrait provisoire de son agrément. C’était suite à l’accident des deux bus de la compagnie survenu le dimanche 27 février 2022 sur l’axe Oum-Hadjer Mangalmé. Cet accident a fait 39 morts et 47 blessés. Nous avons fait un tour à l’agence Abou Hamama de Dembé pour constater le respect de cette mesure. Reportage
Tout se passe normalement ce 04 mars à l’agence Abou Hamama au lendemain de la décision de la ministre de transport et de la sécurité routière Fatimé Goukouni Weddeye. Tous les services notamment ceux de transactions, de colis et de voyage fonctionnent. Les passagers payent les tickets de voyage et attendent dans l’enceinte de l’agence pour quitter N’Djamena vers le sud du Tchad. Quelques passagers interrogés dénoncent la politique de deux poids, deux mesures.
Pour cette dame Nodjidéné Hermine qui vient de faire des transactions, les autorités ne pèsent plus 1kg. « Les autorités ont retiré l’agrément de voyage, mais c’est le contraire que vous voyez. Ces mêmes autorités qui retirent l’agrément sont les détentrices des agences de voyages. Comment voulez-vous qu’on respecte une décision dans ce cas de figure», s’interroge-t-elle. Selon elle, il existe des Tchadiens qui sont hors la loi et ceux sur qui la loi sévit. Au nom de toutes ces personnes décédées pour rien, l’agence doit au moins respecter ces mesures pour soulager la douleur des parents des victimes, a-t-elle ajouté.
Un autre passager Djimasra Théodore rencontré, cites-en pêle-mêle, les causes des accidents de circulation. À son avis, la dégradation des routes bitumées et le non-respect du Code de la route sont à l’origine de ces accidents. Pour lui, beaucoup des voies bitumées sont dégradées et les chauffeurs filent à toute allure. « Les chauffeurs conduisent de manière exagérer comme si c’était une compétition et oublient qu’ils transportent des vies humaines. Au moindre danger, le chauffeur ne sera pas à mesure de l’éviter », a-t-il, affirmé. M. Théodore déplore le fait que les forces de sécurité routière sont impuissantes face à la vitesse avec laquelle les chauffeurs roulent sur les routes. À cela s’ajoute l’usage du téléphone au volant, la consommation des stupéfiants par les chauffeurs et le tout couronné par la fatigue des longues distances sans repos. M. Djimasra Théodore propose des pistes de solutions. Pour lui, il faut deux chauffeurs pour de longs voyages. Ils vont se permuter de temps à autre. Il faudra aussi interpeller sur les routes les conducteurs qui roulent à grande vitesse. Et ceux qui ne respectent pas les panneaux de signalisation.
Ousmane Bello Daoudou
Au Tchad, beaucoup de femmes se débrouillent dans le « petit commerce » au quotidien sur les différents marchés de la capitale, N’Djamena, pour trouver subvenir aux besoins de leur famille. Elles se sont très présentent dans les activités génératrices de revenus. Nous sommes allés au marché de Dembé pour rencontrer quelques-unes afin de savoir ce que la Semaine Nationale de la Femme tchadienne représente pour elles. Reportage.
Les femmes constituent à peu près 80% de l’effectif des personnes qui exercent les activités génératrices de revenus dans les marchés. Parmi elles, madame Memdingui Léonie. Des étoffes de pagne à l’épaule, au bras et sur la tête, elle se démène tous les jours pour la faire vivre ses orphelins. Sous un soleil ardent, elle propose son produit aux clients. Mme Léonie est loin de la SENAFET, surtout celle de cette année. Pour elle, les autorités feraient mieux de faire quelque chose qui sera bénéfique pour toutes les femmes que de réduire les prix des pagnes de 08 mars. « Si c’était le prix du « coro » de maïs que le président du Conseil Militaire de Transition (CMT) a subventionné, j’allais applaudir, mais réduire le prix des pagnes cela ne me dit absolument rien. J’ai des enfants à ma charge et la cherté de vie m’empêche de les nourrir normalement », explique-t-elle. Mme Léonie d’ajouter que si le gouvernement veut réellement aider toutes les femmes, qu’il lutte contre la cherté de vie. Comme dans toute autre activité, il arrive des jours où madame Léonie rentre les mains bredouilles. Pour elle, il n’y a rien au monde qui fait mal à une femme que de voir ses enfants affamés, alors elle s’endette à la boutique d’à côté. Au milieu de tout cela se trouve la santé de cette femme battante. Tellement qu’elle est exposée au soleil, elle doit absolument avaler quelques comprimés pour se tenir sur ses deux pieds le jour suivant.
Tout comme madame Memdingui Léonie, d’autres femmes se battent au quotidien à l’exemple de Mme Zara Moussa. Elle est détentrice d’un restaurant dans une agence de voyages de la capitale. Mme Zara est assise en train de couper en morceau le poisson pour le menu du jour à son restaurant. Pour elle, la SENAFET ne signifie rien du tout. « Cette fête du 8 mars est faite pour les femmes qui travaillent dans les bureaux. C’est tellement festif que nous autres, nous nous sentons exclues d’office. Tout ce qui importe pour nous c’est d’avoir la santé pour mener normalement nos activités génératrices de revenus », a-t-elle précisé. Aussi, elle souligne qu’elle n’achète pas pagne 08 mars à moins que quelqu’un le lui offre. Mme Zara ne voit aucun intérêt d’aller défiler « c’est une perte de temps » a-t-elle conclut.
Kouladoum Mireille Modestine
Au cours d’une audience publique ce matin 3 mars 2022, le tribunal de grande instance de N’Djamena, statuant en matière correctionnelle de simple police déclare l’activiste Ahmat Haroun Lary, non coupable pour infraction non constituée. Il condamne la partie civile aux dépens. En janvier 2022, le maire de la ville de N’Djamena Ali Haroun, a déposé une plainte contre sieur Lary pour diffamation, injures et outrage. Reportage.
L’activiste tchadien monsieur Ahmat Haroun Lary poursuivi pour diffamation, injures et outrages contre le maire de la ville de N’Djamena M. Ali Haroun est désormais libre. Il vient d’être déclaré non coupable pour infraction non constituée. Une décision judiciaire rendue suite à une audience publique ce 3 mars par les juges de 1ere première instance, statuant en matière correctionnelle de simple police. Ce matin vers 9h30, plusieurs dossiers ont été parcourus par les juges. L’affaire Ali Haroun contre Lary a été abordée à partir de 13h et close vers 14h et demie. Des parents, amis et sympathisants ont rempli la salle d’audience.
Du côté du prévenu comme du plaignant, les avocats ont plaidé en collectif. Ils ont fait la démonstration de leur talent en matière de la défense. De temps en temps, le président du Tribunal maintenait le calme dans la salle d’audience. Un procès accrochant, les avocats se reliaient au fur et à mesure pour défendre leurs clients. Le collectif des avocats du maire de la ville de N’Djamena, citant les articles 143, 340 et suivants du Code pénal, note deux éléments matériels de l’infraction reprochée au sieur Lary. Ils évoquent les vidéos incriminées pour lesquelles ils ont fait une analyse séquentielle d’une part, et d’autre part, le procès-verbal prélevé. Selon eux, sieur Lary accuse le maire d’être à l’origine de l’arrestation du maire déchu Foullah, d’un détournement d’un fonds, etc. ils énoncent que c’est à force de répétition des vidéos que M. Ali Haroun a déposé une plainte. Ils disent qu’ils réclamaient le rétablissement de l’honneur de leur client, en tant que père de famille, commis de l’État. Les défenseurs du maire ont demandé aussi une condamnation pécuniaire modeste d’une somme à hauteur de seulement 1FCFA.
A leur suite, la parole a été remise à Mme le procureur. Dans sa réquisition, elle a signifié que tout ce qui a noté est au conditionnel. La parquetière a souligné que le conditionnel n’est pas une affirmation, mais une supposition. A son avis sieur Lary n’a pas diffamé, le travail d’un activiste c’est de soulever les débats autour d’un intérêt public. Le maire étant une autorité publique et a de compte à rendre aux publics, car l’argent de la mairie est généré par les contribuables. Selon elle, l’activiste n’a pas diffamé. « Nous sommes dans un pays démocratique et la dénonciation est une arme de la démocratie », a soutenu Mme le procureur.
Pour Me Djatto Aimé, un des avocats de sieur Lary, les juges ont dit le droit et ont relaxé leur client pour infraction non constituée. C’est la chose la plus normale à son avis. « Je pense qu’on ne doit pas utiliser la justice pour rendre compte. La justice est là pour réglementer la vie en société dans le bon sens. Il n’y a pas de super citoyen, ils sont tous égaux devant la loi. Ce que les juges viennent de faire c’est un message fort envoyer à l’intention de ceux qui se croient être au-dessus de la loi », a confié l’avocat.
Pour Me Djatto, nous sommes en démocratie et rien ne va empêcher à sieur Lary de dénoncer, car il a une carte rose. Selon lui, il faut critiquer pour qu’il y ait la bonne gouvernance et une gestion saine des choses publiques. C’est une mission de tous, mais si très peu le font, il faut les encourager. Il estime que leur client n’a pas des excuses à demander, ce sont de chantages il ne se reconnaît pas fautif. Il souligne que la parquetière était à la hauteur de son travail, c’était loyal.
Moyalbaye Nadjasna
Le ministre de l’environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat Lazina a promis au cours d’une rencontre avec les femmes vendeuses de charbons dans les marchés de N’Djamena, une somme de 100.000 F CFA à chacune si elles abandonnent le commerce de ce produit. Il leur donne une semaine pour liquider le reste de leurs marchandises, après ce délai elles seront passibles de poursuite judiciaire. Cette proposition du ministre est diversement appréciée par les vendeuses. Reportage.
Une semaine après une décente musclée sur le terrain et soldée par une importante saisie des sacs de charbon de bois dans les marchés de la capitale tchadienne, N’Djamena, le ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat Lazina propose une somme de 100. 000 F CFA à chacune des 64 femmes vendeuses de charbon de bois pour pouvoir changer d’activités commerciales. Il a fait cette proposition au cours d’une rencontre avec les femmes vendeuses de charbons de bois dans les marchés de N’Djamena. M. Mahamat Ahmat Lazina donne une semaine à celles-ci pour liquider le reste de leur charbon. Après ce délai, la garde forestière fera le tour des marchés et celles qui continuent cette activité, seront poursuivies. Au sujet des sacs de charbon saisis la semaine dernière, le ministre annonce qu’il va mettre à la disposition de la maison d’arrêt de Kléssoum et dans quelques hôpitaux de la capitale.
Mais cette proposition du ministre de l’Environnement divise les femmes vendeuses de charbon de bois. Celles du marché Goudji, un quartier situé dans le 8e arrondissement, au nord de la capitale, se sont résignées en acceptant la proposition du ministre Lazina.
Une vendeuse rencontrée dans ce marché qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat, explique que les 100. 000 f CFC proposés par les autorités, ne se suffisent pas pour commencer une activité génératrice de revenus. Selon elle, les femmes vendeuses de charbon du marché de Goudji sont contraintes d’accepter la proposition de l’État, parce qu’elles ne veulent pas simplement désobéir à l’autorité. Elles affirment avoir conscience de la difficile décision qu’elles ont prise, mais s’en remettent à Allah le Tout Puissant.
Dans la plupart des marchés des quartiers sud de la capitale tchadienne, leurs consœurs, aussi vendeuses de charbons de bois, rejettent de manière unanime la proposition du ministre. Du marché Dombolo en passant par les marchés de Dembé et Taradona du quartier Chagoua les femmes vendeuses de charbon sont unanimes, il faut résister à la décision ministérielle.
Pour Dorkemdéné Marie-Jeanne, veuve et vendeuse de charbon de bois au marché Dombolo, c’est grâce à ce commerce qu’elle élève seule ses 5 enfants depuis plus de 3 ans. Elle souligne qu’elle est l’épouse d’un militaire qui a perdu sa vie au front en défendant la patrie. Et aujourd’hui c’est en monnaie de singe que les autorités la remercient. La jeune veuve dit qu’elle a une dette de plus 100.000 francs à rembourser à son fournisseur de charbon résidant à Kousseri au Cameroun. Mme Marie-Jeanne estime que les 100.000 F CFA proposés par le ministre de l’Environnement sont insuffisants et ne peuvent pas éponger ses dettes. Elle suggère au ministre Lazina de recenser d’abord les besoins réels des femmes vendeuses de charbon, tout en prenant compte leurs énormes dettes avant de faire une proposition. Mme Larbiih, vendeuse de charbon aussi, accepte la proposition du ministre, mais affirme aussi que la somme proposée par le ministre est dérisoire. Selon elle, il faut que le ministre paye leurs colossales dettes avant de faire de propositions. Elle estime que les femmes de Goudji qui ont accepté la proposition ne vivent peut-être pas les mêmes réalités que les autres vendeuses de charbon. Certaines vendeuses affirment qu’elles ne vont pas arrêter ce commerce. Car disent-elles, le Tchad est un État de droit et que chacun est libre de choisir le genre de commerce pour exercer. Elles exhortent au ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Ahmat à déployer ses agents dans les forêts pour contrôler ceux qui abattent les arbres. Elles soulignent enfin qu’elles vont à Kousseri au Cameroun pour se procurer du charbon de bois et non de la coupe abusive des bois provenant du Tchad.
La décision du ministre d’allouer 100.000 francs aux 64 vendeuses de charbon de bois dans les marchés de N’Djamena a suscité beaucoup de suspicions et des interrogations. De nombreux analystes et défenseurs des droits humains s’interrogent sur la provenance de l’argent que le ministre doit payer ces vendeuses. Ils estiment que dans le budget du Ministère, aucune ligne budgétaire n’a mentionné une somme pareille pour les femmes vendeuses de charbon de bois.
Jules Doukoundjé
La foire SENAFET appelée village de la femme s’est ouvert à la maison nationale de la femme juste après la cérémonie de lancement des activités. Dans ce village, les stands sont ouverts pour l’exposition des produits des femmes. Quelques entreprises de la place, des associations et des groupements de femmes exposent leur produit fabriqué localement et ceux importés. Reportage.
C’est un véritable marché ou l’on trouve un peu de tout. Des produits cosmétiques, des vêtements, des chaussures, des bijoux, des perles et des objets ornementaux. De plus, on découvre également des ustensiles de cuisine, et des produits alimentaires. Des nombreux produits sont fabriqués au Tchad et d’autres sont importés. Ils sont exposés et vendus dans ce village. Le village de la femme est un peu terne. Les femmes ne sont pas motivées comparativement aux années passées. Beaucoup de stands sont inoccupés.
En faisant le tour, nous sommes tombés sur le groupement des femmes potières de Gaoui. Ce groupement est représenté à la foire par la coordinatrice Zénaba Mahamat Hassane avec ses produits. Dans le stand du groupement, on trouve les objets d’ornements, les ustensiles de cuisine, des jarres et autres. Tous ces objets d’art sont fabriqués de manière artisanale à base d’argile. Pour la coordinatrice, en 13 ans d’existence le groupement doit grandir sur tous les plans si les autorités sont réellement intéressées par le problème d’autonomisation de la femme. « En temps normal, les autorités doivent nous donner des crédits pour mener d’autres activités en plus de la poterie. Et mettre sur pieds un comité de suivi de nos activités génératrices de revenus qui fera un bilan trimestriel. C’est dans ce cadre qu’on va parler de l’autonomie de la femme sinon les discours ont en a assez écouté», a-t-elle indiquée. À son avis, si le groupement des femmes existe, c’est pour contribuer au développement social. Mais c’est difficile pour les autorités de comptabiliser les efforts qu’on fournit tous les jours afin de nous donner un appui conséquent.
En plus de l’aspect autonomisation, Mme Zenaba évoque aussi l’impérieux problème sur la scolarisation des filles de sa localité. Victime de mariage précoce et forcé, la coordinatrice du groupement des femmes potières de Gaoui en garde un mauvais souvenir. Elle préfère que le débat sur la scolarisation et le maintien des filles à l’école soit au cœur des conférences-débats en cette semaine. « Beaucoup de filles sont envoyées en mariage très tôt et cela retarde le développement de la fille et celui de sa société également. Il faut les autorités fassent quelque chose pour empêcher cette pratique sinon réduire un peu le taux du mariage des filles de Gaoui. Cela me fait mal », dit madame Zenaba.
Au côté des femmes potières de Gaoui se trouve un jeune sculpteur qui fait des merveilles. C’est pour la première fois qu’il fait une exposition de ses œuvres sculpturales à la foire. Il a fait la sculpture des objets ornementaux destinés pour le salon. À base du ciment, moule, sable, peinture, et vernis, il fabrique cet objet d’art appelé fefadine en arabe. Pour le sculpteur Moussa Goudja, après la fabrication, il introduit un compresseur électrique et de l’eau pour fonctionner. « Avec un tuyau placé du haut vers le bas, le compresseur électrique envoie l’eau dans les tuyaux à différent niveau. Tout tourne autour du compresseur électrique et il ne peut pas fonctionner sans électricité », explique-t-il. Il précise que les objets sont fabriqués en fonction des commandes lancées. En plus de la sculpture, le jeune Moussa Goudja fait aussi dans la décoration et le dessin.
Kouladoum Mireille Modestine