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L’Ordre des avocats du Tchad(OAT), a fait un point de presse ce matin, 29 janvier 2022 à son siège, au Ministère de la Justice à N'Djamena. Le Barreau du Tchad déplore les violations des droits humains ce dernier temps sur l’ensemble du territoire national. Les avocats tchadiens notent les actes de tortures, de traitements cruels, inhumains et dégradants. Le Bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionro, président du conseil de l’Ordre, doigte aussi, l’élan usurpateur ou d’abus de pouvoir de certaines autorités traditionnelles et coutumières. Le point !

Le Barreau du Tchad dans sa communication s’est attaqué d’abord aux actes de tortures, des traitements inhumains et dégradants. Pour le Bâtonnier Me Djerandi Laguerre Dionro, le caractère sacré de la vie humaine est bafoué. Il constate le manque de respect à l’égalité de tous en droits, dignité et principes de la vie en société inhérent au contrat social. Le président du conseil de l’Ordre s’indigne du retour à la loi de la jungle ou ‘’l’homme est loup pour l’homme’’. Selon lui, tout porte à croire que les plus forts pourraient avoir un droit de vie et de mort sur les plus faibles. « Ces malfaiteurs filment leurs forfaitures, réalisent des vidéos et les partagent sur les réseaux sociaux. Certains érigent illégalement des cachots de détention dans lesquels sont gardés les citoyens », martèle le Bâtonnier.

Me Djerandi Laguerre Dionro affirme que ces actes inhumains sont des affronts à la loi et à l’État. Il soutient que ce sont des actes qui constituent une grave atteinte à un État de droit. Les avocats tchadiens appellent à la responsabilité de l’État de diligenter une enquête pour identifier les auteurs de tels actes. L’ordre des avocats du Tchad, souligne que ce sont des malfaiteurs qu’il faut les juger conformément a la rigueur de la loi. Le barreau du Tchad rappelle au gouvernement ses engagements internes et internationaux du point de vue en matière de protection des droits humains. Le Barreau révèle avoir mis sur place un comité ad hoc de suivi de ces situations.

Les avocats tchadiens expriment leur préoccupation suite à la situation d’Abéché, province du Ouaddaï à l’Est du Tchad. Le Barreau évoque que les vidéos sur la toile, montrent que les forces de sécurité se sont comportés comme sur un champ de bataille. « Alors qu’elles ont à faire à une population civile qu’elles doivent sécuriser, protéger et encadrer s’il s’agit d’une manifestation pacifique », note Me Djerandi Laguerre Dionro, président de l’Ordre. Pour le Barreau, l’ordre et la sécurité publique ne sauraient justifier des violations flagrantes des droits de l’homme, causant la perte en vies humaines. Le barreau insiste sur une enquête sérieuse et indépendante soit faite. Selon le Bâtonnier, signe que les membres des forces de sécurité à l’origine de ces actes doivent après l’enquête être traduit devant la justice. « Le Barreau n’exclut pas l’option de saisine de juridictions internationales, notamment la cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour ces violations massives de droits de l’homme », signifie-t-il.

Le Barreau du Tchad, regrette qu’un cas emblématique se produise dans la province du Ouaddaï. Selon Me Djerandi Laguerre Dionro, or, les avocats avaient prévenu le gouvernement à travers leur point de presse du 21 octobre 2021 sur la question de l’usurpation ou d’abus de pouvoir par des certaines autorités coutumières. L’ordre des avocats a cité comme exemple, le sultan de Dar-Billiat, province de l’Ennedi Est qui s’est arrogé le pouvoir, de légiférer, de juger et d’exécuter les décisions.

Le Bâtonnier se félicite de la prompte réaction des autorités mais les interpelle à s’assurer de l’effectivité de la non-application dans une certaine mesure malgré son annulation. Pour les avocats, tout désordre de cette nature doit être combattu avec fermeté pour que force reste à la loi pour un État de droit que les tchadiens appellent de leurs vœux.

Moyalbaye Nadjasna

L’association socioculturelle et éducative pour le développement du Ouaddaï (ASCEDO) a organisé ce vendredi à N’Djamena une conférence débat pour sensibiliser les ressortissants de la province du Ouaddaï et informer l’opinion nationale et internationale sur les exactions perpétrées par les forces de l’ordre sur les manifestants contre l’intronisation d’un nouveau chef de canton Bani-Halba. L’ASCEDO a présenté un bilan de 21 morts et plus de 84 blessés. Reportage

Plusieurs milliers des ressortissants de la province du Ouaddaï, composés majoritairement de jeunes ont assisté à la conférence débat organisée par l’association socioculturelle et éducative pour le développement du Ouaddaï (ASCEDO). Cette rencontre d’échange a lieu à la maison de la Femme de N’Djamena, située dans le 7ème arrondissement de la commune de N’Djamena a pour objectif d’abord de sensibiliser sur les exactions perpétrées par les forces de l’ordre sur les manifestants. Le 24 janvier dernier, des milliers d’Abéchois ont manifesté contre l’intronisation d’un chef de canton de la communauté arabe Bani-Halba, résidant dans les féériques d’Abéché. Cette manifestation a été sévèrement réprimée par les forces de l’ordre, avec un bilan provisoire de 21 morts et 84 blessés.

Pour éclairer la lanterne de l’opinion nationale et internationale, l’ASCEDO a fait recours à des leaders de la société civile, les défenseurs des droits de l’Homme et les avocats qui ont tour à tour condamné les évènements malheureux qui se sont déroulés dans la capitale provinciale du Ouaddaï. Les conférenciers ont exigé une enquête neutre et transparente pour situer les responsabilités et punir les auteurs de ces incidents.

S’exprimant à propos des évènements qui ont ensanglanté les habitants d’Abéché, Anouar Mahamat Mustapha, secrétaire général de l’ASCEDO, explique que la rencontre permet de rendre visible les exactions commises par les autorités sur les citoyens les 24 et 25 janvier dernier à Abéché. Selon lui, il faut clamer haut et fort que l’Etat a failli à ses obligations vis-à-vis des habitants qui étaient sortis à mains nues pour exprimer leur point de vu par rapport à une chefferie. Le SG qualifie ce qui s’était passé dans la capitale du Ouaddaï de massacre qui ne doit pas rester impuni. « Nous les ressortissants du Ouaddaï géographique, nous disons que nous ne sommes pas d’accord des agissements contre les citoyens et pour réclamer justice pour les victimes », exige Anouar Mahamat Mustapha. Le SG de l’ASCEDO estime que ce qui s’est passé à Abéché doit susciter la réaction de tous les humains. Il ajoute qu’il est inadmissible que l’on vienne au cimetière pour traquer les gens qui enterrent leurs morts. Il en appelle à la solidarité de tous les tchadiens pour demander tous ensemble que la justice soit faite et que la dignité humaine soit respectée.

 Me Max Loalngar, coordonnateur de la plateforme Wakit Tama, exprime son indignation. Pour lui quel que soit les motifs ayant occasionné ces manifestations qui étaient pacifiques, la répression qui s’en est suivie ne se justifie nullement. « Puisque la vie humaine a été bafouée et banalisée, nous sommes ici pour exprimer notre solidarité aux frères du Ouaddaï, mais aussi exprimer notre attachement à un Tchad véritablement démocratique », souligne l’un des leaders de Wakit Tama. Selon lui, il faut une enquête de façon impartiale de manière à documenter pour que la justice soit saisie et que les vrais coupables soient condamnés.

Abondant dans le même sens, Me Coudé Mbaïnaissem, président de l’association tchadienne la libre parole à la jeunesse, dit ajoute que cette injustice que la population d’Abéché a subie, est un complot d’Etat contre la population et personne ne peut rester indifférent, il faut être solidaire. Pour l’avocat, les hautes autorités ont pris un acte pour diviser les enfants de la localité, mais encore aller tirer sur eux à balles réelles. « Nous interpellons les plus hautes autorités de l’Etat afin que les différents ministres tels que les ministres de la sécurité publique, de la Justice, de l’Administration du Territoire et de la Défense soient interpelés à sujet », propose Me. Il dit qu’il est disponible pour aider l’ASCEDO jusqu’à devant les juridictions pour que la vérité soit dite.

De l’avis de Mahamat Nour Ibedou, secrétaire général (SG) de la Convention tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (CTDDH) qui suivait avec beaucoup d’intérêt le débat, il faut que tout le monde connaisse les tenants et les aboutissants de ce qui s’était passé. Le défenseur des droits humains appelle à la retenue. Pour lui, ces évènement malheureux d’Abéché sont une négligence des autorités. Mahamat Nour Ibedou a aussi dénoncé la brutalité des autorités locales qui ont ordonné de tirer sur la population. Selon lui, ces autorités qui ont donné des ordres à l’armée de tirer sur la population doivent être sanctionnées.

A la fin de la conférence débat, les responsables de l’association socioculturelle et éducative pour le développement du Ouaddaï ont fait de recommandations aux autorités de la transition le limogeage et la radiation de l’effectif de l’armée nationale du gouverneur et ses complices.

Jules Doukoundjé

Le Premier ministre de la transition Pahimi Padacké Albert a annoncé ce 27 janvier 2022, le report de la tenue du dialogue national inclusif. Au lieu du 15 février comme prévu, le DNI va se tenir le 10 mai prochain. Cette notification est faite à la suite d’une rencontre avec les membres du comité d’Organisation du dialogue national inclusif CODNI et autours du Président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby aujourd’hui au palais présidentiel. Reportage !

Le dialogue national inclusif(DNI) au Tchad vient d’être repoussé pour le 10 mai 2022 au lieu de 15 février. C’est ce qu’a déclaré Pahimi Padacké Albert, Premier ministre de la transition. Selon lui, le Qatar a proposé de réunir les politico-militaires à Doha à partir du 27 février 2022. « Nous voulons avoir un dialogue national inclusif où personne ne sera laissée de côté. La tenue de ce dialogue des politico-militaires devient comme un préalable avant la tenue du DNI », exprime le chef du gouvernement. Le PM justifie que le pré-dialogue des politico-militaires qui devrait commencer ce 27 février, induit naturellement un glissement de l’agenda du DNI. Le CODNI évoque-t-il, a fait un travail de simulation de délai. Le premier ministre précise qu’à l’issu des échanges autour du chef de l’État, il est convenu que toutes les dispositions seront prises à l’issu du pré-dialogue de Doha. « Dans le chemin d’organisation de ce DNI, il fallait comme les autres pré-dialogue celui des politico-militaires soit demain. Il se trouve que dans les préparatifs, le pays hôte a constaté, la dispersion des politico-militaires dans le monde et les questions logistiques. Beaucoup d’entre eux n’ont pas le titre de voyage. Le Tchad devrait se mettre en ordre de bataille pour leur trouver de documents de voyages », clarifie le Premier ministre.

 Il énonce qu’à partir de 10 mars, le Comité Technique Spécialisé(CTS) va préparer son rapport. « Lequel rapport va intégrer le rapport général du CODNI. Tout ce temps pour mettre les choses en forme, afin de mieux rassembler les tchadiens », relate Pahimi Padacké Albert. Il informe que le CODNI propose déposer auprès du chef de gouvernement, le rapport général incluant les conclusions de Doha le 15 avril 2022. C’est à partir de ce moment poursuit le premier ministre que, le DNI pourra être convoquée le 10 mai 2022.

Pahimi Padacké Albert signifie que le DNI est le cœur du dispositif de la transition. « Le président du CMT dans son adresse à la nation, lors de sa prise de pouvoir a voulu que le dialogue ait un caractère totalement inclusif. Où les tchadiens et tchadiennes se retrouvent pour refonder notre nation et trouver un nouveau contrat social », rappelle le chef du gouvernement. C’était dans cette perspective dit-il, que le CODNI a organisé à l’intérieur du pays dans les 23 provinces et dans la diaspora à l’extérieur des pré-dialogue. Dans le même sillage, le CTS, s’est investi dans le pré-dialogue avec les politico-militaires, souligne Pahimi Padacké Albert.

Moyalbaye Nadjasna

Pour calmer la tension des manifestants, les autorités de la transition ont pris la décision de suspendre le sultan d’Abéché et le nouveau chef de canton à l’origine de la contestation. Mais cette suspension est critiquée par certains intellectuels et défenseurs des droits humains. Reportage

Le sultan du Dar Ouaddaï Abdelhadi Mahdi et le nouveau chef de canton de Bani-Halba sont suspendus de leurs fonctions par le ministre de l’Administration du Territoire. La note de suspension a été signée hier mercredi 26 janvier dans l’après-midi. Ces suspensions sont la conséquence de la manifestation des habitants de la ville d’Abéché contre la cérémonie d’intronisation du nouveau chef de canton de la communauté des arabes Bani-Halba. Ce chef contesté était nommé par décret depuis 2019 par le défunt président Idriss Deby Itno, mais il n’a pas été intronisé pour des raisons de la covid19. 

Beaucoup d’analystes voient en cette suspension une solution provisoire par les hautes autorités de la transition qui cherchent à calmer la situation. D’autres pensent toutefois que c’est la conséquence de l’ingérence des autorités politiques aux affaires des chefferies traditionnelles.

 Pour le professeur Ahamat Mahamat Hassan, ancien doyen de la faculté de droit de l’université Adam Barka d’Abéché et ancien ministre de la Justice, garde de sceau chargé des droits humains sous le défunt président Idriss Deby Itno, ce qui se passe à Abéché est déplorable. Selon lui, c’est une situation malheureuse qui s’est produite dans le Ouaddaï. L’ancien ministre estime que c’est une caractéristique dans laquelle tout le Tchad se retrouve et la province du Ouaddaï en particulier. Le professeur explique qu’il s’agit d’un repli identitaire et l’affirmation de l’identité. Pour Ahamat Mahamat Hassan, les arabe Bani-Halba et le royaume du Ouaddaï sont une même famille depuis des siècles et le royaume en lui-même s’appelait le royaume Abbassit du Dar Ouaddaï, c’est-à-dire descendant de Abbas l’oncle paternel du prophète Mohamed. Il souligne qu’il n’y avait pas de différence entre les deux communautés, c’est la politique qui s’est insérée pour diviser pour régner. L’ancien ministre de la justice dit précise que la manifestation contre la cérémonie d’intronisation, n’est que le côté superficiel de l’affaire. A son avis, le profond, c’est une question d’affirmation entre le nouveau sultan qui a un déficit de légitimité à la base et le nouveau chef de canton qui est contesté par rapport à une question de territoire.

Au sujet de la suspension du sultan et du chef de canton, il note que ce sont des mesures conservatoires pour voir au clair. L’enseignant chercheur ajoute aussi que ces mesures ont pour objet d’éviter les troubles et gérer les conséquences, telles que les morts, les blessés et les arrestations. Selon lui, la suspension permet de contrôler la communauté mabba, ressortissants du Ouaddaï qui ont fermé les boutiques à N’Djamena pour soutenir leurs parents à Abéché. « Ces mesures conservatoires sont des paracétamols pour soigner une typhoïde, il faut plutôt trouver les vrais médicaments. Pour les vrais médicaments, il faut revoir l’intronisation du sultan qui a un problème de légitimité d’origine héréditaire », propose l’ancien ministre de la Justice. A propos du chef de canton, il souligne qu’on n’installe pas un chef de canton sans territoire et sans population. c’est juste une manipulation, ajoute-t-il. Il demande au gouvernement de se rattraper pour redresser les choses profondément, ça pourrait rétablir la stabilité et l’ordre dans chaque canton. « Le problème de chefferie, le caractère coutumier et traditionnel est héréditaire. Il faut revenir aux origines », suggère le chercheur.

Pour le président de l’Alliance tchadienne universelle pour la Défense des Droits de l’Homme (ATUDDH), Acheikh Ben Said, la suspension du chef de canton et du sultan n’est pas normal. Le président de l’ATUDDH, ces 2 autorités traditionnelles sont nommées par décret et le décret est resté toujours valable. A son avis, ce n’est pas une manifestation qui faire annuler un décret. Pour faire partir une autorité, il faut écrire au ministre de tutelle et non par une manifestation.

Pendant ce temps, la délégation de l’Union européenne et les missions diplomatiques au Tchad expriment leur préoccupation à la suite des informations faisant état de plusieurs morts et de blessés le 24 janvier à Abéché, causés par des tirs à balles réelles contre les manifestants.

Elles appellent au retour au calme et au rétablissements des réseaux internet et de communication dans les meilleurs délais.

Jules Doukoundjé

Depuis quelques jours, la ville d’Abéché était le théâtre des manifestations violemment réprimées par les forces de sécurités. Cette répression musclée des manifestants ayant entrainé de pertes en vies humaines, fait réagir certains citoyens tchadiens. Vox pop !

Je m’appelle Tikri. « Gouverner c’est prévenir, a-t-on dit. Ce qui se passe à Abéché c’est la conséquence du désordre engendré par le ministère de l’Administration et du territoire. Ils ne font que multiplier les cantons ou certains ne disposent même pas de territoire.  Au Tchad actuellement, chaque communauté veut avoir un canton. Abéché est l’incarnation d’une vieille histoire des royaumes. C’est le royaume du Ouaddaï entre temps. Je vous rappelle que ça a débuté avec Sarh. Heureusement les sara-mandjingayes ont su prouver leur maturité sinon cela allait tourner en vinaigre comme c’est le cas actuellement à Abéché. Je pense que l’État doit répondre à ces actes. Il faut ouvrir une enquête afin que tous ceux qui sont impliqués soient jugés. Ce qui s’est déroulé à Abéché était prévisible, c’est une défaillance de la part des autorités locales. Merci ! »

Je suis Abdelaziz Débaïbé. « En réalité, ce qui se passe à Abéché est un peu grave. A moins que je me trompe, mais Abéché dans le passé est considéré comme un empire. Seules certaines tribus sont censées être sultan. Cependant si c’est une autre tribu qui devait être intronisée, il y aura certainement problème. Toutefois, je pense que la population d’Abéché doit se ressaisir. C’est dommage ce qui est arrivé mais c’est cela aussi la vie en société. Sauf que les autorités ne doivent pas dormir sur de telles situations. »

« Entant que citoyen, ce qui s’est passé à Abéché m’inquiète. Sincèrement, ce sont mes compatriotes tchadiens qui sont morts. Vous voyez que cela a atteint N’Djamena avec la fermeture des boutiques. Cette fermeture n’est pas négligeable du point de vue économique. Ce que je déplore, nous nous approchons d’une grande retrouvaille des tchadiens pour la réconciliation nationale, des choses pareilles se produisent », un citoyen sous couvert de l’anonymat.

« Ce qui touche le Ouaddaï à mon avis touche le pays en général. Il faut que les autorités fassent très attentions dans la gestion des choses traditionnelles. Je pense que le gouvernement doit mettre sur place des mécanismes qui puissent permettre aux gens de parler entre communautés. Il faut vraiment de autorités locales compétentes, capables de discuter et prendre en compte les préoccupations de la population. Souvent ce sont des gens imbues de leur personnalité et de la recherche des gains. C’est ce qui amène ces genres de situations. », s’impressionne un autre citoyen lui aussi sous l’anonymat.

Moyalbaye Nadjasna

Après le lycée de Walia, c’est le tour des élèves du lycée d’Abena situé dans la commune du 7ème arrondissement de la ville de N’Djamena de manifester. Les élèves sont descendus dans la rue ce mercredi 26 janvier pour exprimer leur mécontentement. Ceci pour revendiquer le retour de leur enseignant de mathématique parti en grève depuis une semaine. Cette manifestation a perturbé la circulation et s’est soldée par la mort d’une élève et un minibus commercial brulé. Reportage

Les portes du lycée d’Abena sont hermétiquement fermées ce jeudi 27 janvier 2022. Par un communiqué affiché à l’entrée du lycée, l’administration informe  aux élèves et enseignants que les cours et les activités pédagogiques sont suspendus jusqu’à nouvel ordre. Tout est parti de la grève lancée par les enseignants contractuels scientifiques de l’Etat. Ces enseignants scientifiques du lycée d’Abena observent une grève sèche depuis une semaine. Ayant constaté l’absence de leur enseignant de mathématique, les élèves de la classe de 1ère décident de se faire entendre autrement. Le proviseur du lycée d’enseignement secondaire général d’Abena Agdy Bandja Appolo, voulant régler ce problème avec les élèves à l’amiable s’est heurté à une résistance de ces derniers. Pour lui, les élèves veulent un enseignant de mathématique séance tenante et refusent de faire cours avec leur enseignant de SVT. « Je leur ai dit qu’ils ne sont pas les seuls à avoir le problème des enseignants scientifiques. Qu’ils patientent  et une solution sera trouvée mais ils ont refusés. C’est ainsi qu’à leur demande, j’ai libéré tous les élèves », explique-t-il. Il indique que c’est une fois libérés que les élèves ont commencés à barricader la route perturbant ainsi la circulation. Au même moment, un minibus commercial passait et les élèves voulaient tous monter à bord. Souligne-t-il. « L’élève Yanlom Reine de la classe de 1ère L est tombé en voulant monter elle aussi dans le bus et s’est fait marcher dessus malheureusement. C’est en route vers l’hôpital qu’elle a succombé. C’est ainsi que les élèves ont eu à bruler le minibus », A-t-il ajouté. Le proviseur précise que les cours sont suspendus jusqu’à nouvel ordre le temps d’organiser les obsèques de l’élève décédée.

Monsieur Agdy Bandja Appolo proviseur du lycée d’Abena déplore cette situation tragique. Il présente au nom de l’administration, les condoléances à la famille de l’élève Yanlom Reine. Par la même occasion, il met en garde tous les élèves de son établissement en ces termes : «  Que cela ne se reproduise plus. Le problème des enseignants scientifique est général et ne peut en aucun être l’apanage d’un seul lycée. Certains élèves réagissent comme si on les enseigne la violence à l’école et c’est regrettable » a-t-il insisté. Il appelle cependant les parents d’élèves à causer avec leurs progénitures.

Kouladoum Mireille Modestine

Le prix du Concours régional « Regards croisés 2021 » a été remis aux lauréats, ce 26 janvier à N’Djamena, capitale tchadienne. C’était au cours d’une cérémonie à l’initiative du ministère des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et des Tchadiens de l’étranger, en collaboration avec la représentation internationale de l’Organisation internationale de la francophonie pour l’Afrique centrale(REPAC-OIF) de Libreville (Gabon), ainsi que le Bureau de l’Unesco au Tchad. Reportage.

Le jury international, dirigé par l’humoriste Mamane, a retenu trois vainqueurs. Ce sont le lycée et Collège Notre Dame de Moundou (Tchad), suivi du lycée National de Sao-Tomé et Principe et du Lycée Saint Gabriel de Mouila (Gabon). Les récompenses sont décernées aux lauréats, par ordre de mérite.

Le Tchad décroche le 1er prix. C’est un lot en nature composé des livres, matériel promotionnel, etc. Et un chèque de 2500 euros. Sao-Tomé et Principe gagne le 2ème prix. Il s’agit d’un lot en nature notamment, les livres, matériel promotionnel et d’un chèque de 2000 euros. Le Gabon se contente du 3ème prix avec les mêmes lots en nature mais d’un chèque de 1500 euros. M. Caleb Ebiang Ngoulou, représentant du président du Jury a précisé que les lauréats se sont talonnés. 14,60 de moyenne pour le Tchad, 14,40 pour le Sao-Tomé et Principe et 14,20 pour le Gabon, clarifie-t-il. Selon lui, les scénarii des établissements participants se sont articulés autour du thème  « La violence en milieu scolaire. » Il affirme que ce concours s’est déroulée sous la forme d’une compétition interscolaire de théâtre. Le Concours régional « Regards croisés 2021 » s’effectue en deux phases, explique-t-il. Pour le représentant du jury, la première phase est organisée par les Correspondants nationaux de chacun des 10 pays membres de l’OIF en Afrique centrale. Ces pays sont, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Congo RD, le Gabon, la Guinée-Équatoriale, le Rwanda, le Sao Tomé et Principe et le Tchad. Sur ces dix pays, quatre pour des raisons de Covid-19 n’ont pas pu participer à ce concours. Finalement six seulement ont concouru dont un pays disqualifié pour la qualité de sa vidéo. Au total, c’est 5 pays qui se sont affrontés.

Selon M. Éric Voli Bi, représentant régional de l’Unesco, la violence en milieux scolaire est une violation des droits des enfants et des adolescents. C’est un fléau réel dans les établissements scolaires en Afrique centrale voire dans d’autres pays, dit-il. Ce sont des facteurs nuisibles à une bonne éducation. « L’Unesco plaide pour une approche complète de santé scolaire qui englobe les politiques pour aider le système. Afin d’offrir un cadre d’apprentissage sûr et accessible à tous », signifie-t-il. Le représentant régional de l’Unesco évoque que les secteurs éducatifs nationaux doivent adopter et mettre en œuvre des mesures pour prévenir et traiter les violences et la discrimination. Car selon lui, il faut une jeunesse saine et citoyenne.

M. Alphonse Waguena, représentant régional de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour l’Afrique centrale (REPAC-OIF). Selon lui, le Concours régional « Regards Croisés » est une compétition intellectuelle et littéraire. Cette compétition dit-il, vise à promouvoir la langue française et à capitaliser les meilleures idées. C’est aussi des occasions de réflexions et de contributions des jeunes d’Afrique centrale, en vue d’enrichir le débat sur un enjeu stratégique pour la Francophonie. « Faire face a la question de violence en milieu scolaire est un projet collectif. Il faut encourager les jeunes à promouvoir la culture de la paix », affirme M. Alphonse.

M. Oumar Daoud, secrétaire d’État tchadien aux Affaire étrangères félicite le lycée Notre Dame de Moundou qui a hissé haut les couleurs nationales. Il encourage les autres établissements perdants de se mettre résolument au travail pour une prochaine Édition.

Moyalbaye Nadjasna

La Ligue tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH) condamne la violence perpétrée par les forces de l’ordre sur les manifestants dans la capitale provinciale, Abéché, située dans l’Est du Tchad. Une manifestation contre l’intronisation d’un nouveau chef de canton Bani-Halba a mal tourné faisant plusieurs blessés et de morts. Le gouvernement s’est réuni et a dépêché une délégation à Abéché. Reportage. 

La ville d’Abéché située dans l’Est du pays à plus de 850 km de la capitale tchadienne N’Djamena est coupée du monde, depuis mardi dans l’après-midi.  Pour mieux contrôler la situation, les autorités provinciales ont fermé l’entrée de la ville. Depuis hier mardi, il n’y a ni entrée ni sortie. La ligne téléphonique et la connexion Internet ont été coupées.  C’est depuis plus de 4 jours déjà que les habitants de cette vieille ville exigent l’annulation de la cérémonie d’intronisation du chef de canton Bani-Halba, une tribu arabe nomade installée dans les féériques d’Abéché. La manifestation a mal tourné et faisant plus de 4 morts et de blessés à balles réelles.

Le président par intérim de la LTDH, Me Adoum Mahamat Boukar dénonce, « ce qui se passe à Abéché est grave ». Selon lui, la manifestation a été réprimée d’une manière disproportionnée par les forces de l’ordre. Le défenseur des droits humains affirme que des arrestations continuent jusqu’à présent. « C’est la désolation totale. C’est incompréhensible, le travail de l’administration c’est de prévoir et de prévenir », dit-il.  Me Adoum Mahamat Boukar affirme que c’est l’administration qui a créé ce conflit et le gouvernement est totalement responsable de ce qui se passe en ce moment. À son avis, ce sont les autorités qui poussent la population à un soulèvement populaire. Le président par intérim de la LTDH craint le raidissement de la communauté Nidjilim et demande la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour situer les responsabilités.  « Nous demandons au gouvernement de cesser la création des chefferies traditionnelles de façon anarchique. Ce sont les causes des conflits », tempête-t-il.  Pour lui, si la population manifeste, il y a des méthodes pour mettre de l’ordre en utilisant juste des grenades lacrymogènes et non tirer à balle réelle.  Il soutient que les forces de l’ordre se sont rendues au cimetière pour disperser les parents qui inhumaient les leurs.

Le président national du Parti Union nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo a exprimé sa tristesse sur le nombre de morts. Il a condamné la répression en dénonçant, lui aussi, l’usage brutal et disproportionné de la force contre la population civile. M. Kebzabo est aussi vice-président du comité technique d’organisation du dialogue national inclusif (CODNI). Il demande au gouvernement de mettre fin à cette violence dont la responsabilité lui incombe, du fait de son ingérence continue dans les affaires coutumières et traditionnelles.

Le gouvernement sort du silence en organisant une réunion de crise hier autour du Premier ministre de la transition Pahimi Padaré Albert pour examiner la situation et trouver une solution. Déjà, une délégation gouvernementale a été dépêchée sur place pour rencontrer les acteurs et prendre des mesures pour la quiétude.

Le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication Abderaman Koulamallah condamne fermement les actes de violence et invite les populations à s’inscrire dans le processus de dialogue, de réconciliation nationale et du vivre-ensemble. M. Koulamallah regrette les pertes en vies humaines et présente ses condoléances aux familles endeuillées.

Il a appelé au calme et à la responsabilité de chacun en attendant les conclusions de la mission et les mesures qui en découleront.

Jules Doukoundjé

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