Depuis le vendredi 18 mars, le prix du pain a grimpé dans les boulangeries de la capitale tchadienne sans une explication de la part des boulangers. Malgré cette augmentation, les consommateurs prennent d’assaut les boulangeries pour se ravitailler. En plus de l’augmentation du prix de la baguette, trouver du pain devient un casse-tête pour les revendeurs. Nous avons fait le tour de quelques boulangeries de la capitale. Reportage.
Les N’Djamenois se sont réveillé ce 18 mars avec une augmentation du prix du pain. Les pains sortent de la boulangerie au prix de 100FCFA la baguette, au lieu 70FCFA. Il se vend à 125 voir 150FCFA dans les quartiers et par endroit. Devant les boulangeries, il y a des longues files d’attente. Chacun attend son tour pour être servi. À la boulangerie, Ziad au quartier Blabline, les consommateurs font la queue pour se procurer du pain. Quelques-uns dénoncent cette augmentation inattendue du prix de la baguette.
C’est le cas de Béchir Saleh qui ignore les raisons de l’augmentation du prix du pain. Pour lui, c’est un manque de respect à l’endroit des consommateurs. « Les boulangers savent très bien que le pain est entré dans nos habitudes de consommation. Augmenter le prix de cet aliment sans prévenir est vraiment un manque de considération », dit-il. Il déplore l’incapacité de l’État à réguler les prix des produits sur les marchés. Il accuse l’État d’être complice parce qu’il laisse les commerçants faire à leur tête.
Le directeur de la boulangerie Ziad, qui préfère garder l’anonymat, donne les raisons de cette hausse de prix. De son avis, elle est due à l’augmentation des prix des matières premières dans la fabrication du pain, dont la farine de blé. « Le prix de la farine a augmenté et cela est dû au conflit russo-ukrainien. Ces deux pays nous ravitaillent en farine de blé et comme ils sont en guerre, cela a des répercussions sur nous », précise-t-il. Il ajoute que la Russie n’a pas retrouvé son élan de production de blé après Covid 19 et la guerre vient s’ajouter.
À la boulangerie Hybah située en face de la bourse du travail, ce sont les revendeurs de pain qui voient leurs activités baissées à cause du prix du pain qui a grimpé. Younouss Moucktar est un revendeur. Il est installé devant la boulangerie avec les autres. Aujourd’hui, sa caisse qui autrefois était remplie de pain est vide. Ses clients viennent et repartent sans le pain. Interrogé, il affirme que la boulangerie ne les fournit pas le pain depuis que le prix est revu à la hausse. « Cela fait plus de 10 ans que nous sommes dans cette activité. Nous achetons plus de 400 pains par jour à la boulangerie pour revendre. Mais depuis que le prix a augmenté, personne ne veut nous vendre même un pain. A 18h par exemple si tu veux acheter le pain au prix de 200FCFA la baguette même tu ne vas pas trouvé », se lamente-t-il. Selon lui, la boulangerie doit prioriser ses anciens clients, mais c’est le contraire qui se passe. Il souligne que cette hausse brusque du prix du pain freine leurs activités quotidiennes.
Kouladoum Mireille Modestine
Ousmane Belle Daoudou