Le président du Conseil militaire de la Transition (PCMT), le général du corps d’armée, Mahamat Idriss Deby a dit le contraire du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah qui affirmait que les déclarations audio du chef rebelle Timane Erdimi suffisaient pour l’exclure du pré-dialogue de Doha. Le PCMT a tranché en affirmant que personne ne doit être exclu au prochain dialogue national inclusif (DNI). Reportage.
Le président du conseil militaire de la transition (PCMT), le général du corps d’armée, Mahamat Idriss Deby prend le contre-pied de son ministre de la communication porte-parole du gouvernement Abderaman Koulamallah. Dans un entretien accordé à la télévision nationale, le PCMT a clairement affirmé que personne ne doit être exclu au prochain DNI. Par cette sortie, le président a pris le contre-pied de son porte-parole, Abderaman Koulamallah.
La semaine dernière, le ministre de la Communication avait déclaré que le chef rebelle Timane Erdimi, en cherchant à coopérer avec le groupe paramilitaire russe Wagner s’est auto-exclu du pré-dialogue des politico-militaires, prévu pour le dimanche 27 février prochain. Le PCMT est sorti de son silence pour non seulement recadrer son ministre qui semble avoir parlé sans l’aval de sa hiérarchie, mais a affirmé que le pré-dialogue avec les politico-militaires à Doha au Qatar aura bien lieu le 27 février.
Pour le professeur Ahamat Mahamat Hassan, ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux et ancien recteur de l’université d’Abéché, la réponse du gouvernement ne devrait pas être de la sorte. Selon le juriste, c’était une réaction à « la va vite », et passionnelle. « Un gouvernement n’a pas les mêmes réactions par rapport à un politico-militaire ou un parti politique. Un gouvernement a la gestion de la nation en main, donc il doit être posé », dit le professeur Ahamat Mahamat Hassan. L’ancien ministre indique que c’est le gouvernement qui a lui-même opté, après la disparition brutale du président Idriss Deby Itno, pour un dialogue inclusif. Pour l’analyste, l’assise même de la légitimation du Conseil militaire de la transition (CMT), est le DNI qu’il a annoncé dès son installation au pouvoir. Ahamat Mahamat Hassan souligne que le mot « dialogue inclusif » veut dire « pas d’exclusion ». A son avis, le gouvernement, quelle qu’en soit la déclaration de Timan Erdimi, devrait dans sa logique continuer à prôner le dialogue. Il explique que c’est depuis une vingtaine d’années que M. Timane Erdimi cherche le pouvoir par tous les moyens. Il note aussi que cela ne devrait pas surprendre le gouvernement. L’analyste estime que le porte-parole du gouvernement n’a pas bien réagi et le PCMT lui-même a recadré le ministre. Selon lui, ce travail devrait être fait par le Premier ministre qui n’a pas parlé. L’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux affirme que par rapport au recadrage du PCMT, Timane Erdimi a écrit un communiqué pour exprimer son souhait de participer au dialogue de Doha. Le politologue indique que, le chef rebelle, malgré sa position, réitère son désir ardent de participer au dialogue qui est d’ailleurs ouvert à tous les politico-militaires. L’enseignant chercheur reconnaît que les choses sont en train de se rétablir pour donner priorité au dialogue. Il précise que c’est sur la base du dialogue national inclusif que le CMT est accepté.
Jules Doukoundjé
La coopérative des fleuristes « Stop désert », située à côté de l’Institut Français du Tchad, à N’Djamena, dans le 3e arrondissement, menacée de déguerpissement le 17 décembre 2021 bénéficie de la clémence de la Mairie centrale. Instruits à quitter les lieux par une ordonnance judiciaire au profit d’un particulier détenteur d’un titre foncier, ils continuent d’exercer en attendant une éventuelle autorisation. Ialtchad Presse est reparti sur les lieux ce 23 février 2022 rencontrer le secrétaire général des fleuristes Bagargué Oueina Dabei. Reportage.
23 février 2022, il est 11heures sur le site de la coopérative des fleuristes. Tout est calme, les fleuristes vaquent à leurs occupations. Les uns arrosent les fleurs, les autres préparent les pots de fleurs remplis de terre sélectionnée. M. Bagargué Oueina Dabei est assis. Il est Secrétaire General des fleuristes. « Aucun problème n’est survenu encore depuis la menace de déguerpissement par ordonnance judiciaire du 17 décembre 2021 brandit par un particulier détenteur d’un titre foncier. Nous travaillons, pour l’instant, normalement, sur instructions du maire de la ville de N’Djamena » affirme, le SG. Suite à ce problème dit-il, le Maire était venu rencontrer les membres de la coopérative. Après concertation, il leur avait demandé de rester. M. Bagargué Oueina Dabei soutient que la mairie a assuré qu’elle va traiter le problème à son niveau. « Le maire nous a toutefois instruit d’adresser une correspondance au ministre de la Justice. Chose faite donc notre correspondance est au niveau du ministère de la Justice pour examen avant toute éventuelle autorisation si possible » dit le SG des fleuristes.
Pour l’instant, les fleuristes travaillent sur la recommandation verbale du maire de la ville de N’Djamena, sans aucune autorisation selon M. Bagargué Oueina Dabei. Il soutient que ce qui a été détruit et constaté par le maire le 17 décembre dernier est déjà remis à sa place. Selon les fleuristes, la mairie entend transformer ce lieu en un lieu d’activité publique.
Il faut rappeler que les fleuristes membres de la coopérative « stop désert » ont étés installés à cet endroit depuis 2000, par la Mairie de N’Djamena. Ils ont un million et demi de plants. Le terrain a été vendu à un commerçant qui veut faire un parc de vente d’automobiles. L’affaire a été traduite en justice 2 fois avec 2 acquéreurs différents. Le premier procès avait été gagné par les fleuristes, mais ils en ont perdu le second au profit d’un de deux acquéreurs. C’est ce qui a entraîné, le propriétaire, à brandir une ordonnance judiciaire demandant aux fleuristes de vider les lieux. La coopérative « Stop-désert » a 250 membres.
Moyalbaye Nadjasna
Ousmane Bello Daoudou
Le bureau national de l’Union Nationale des Étudiants tchadiens (UNET) a organisé un point de presse hier 23 février au campus universitaire de Toukra. Le bureau dénonce les conditions précaires d’études, celles des étudiants dans les universités, instituts et écoles supérieures du Tchad. Par la même occasion, il demande la restauration de la bourse. Reportage.
Les étudiants des universités du Tchad disent faire face à beaucoup de difficultés liées au transport, à la restauration et à la bibliothèque. Ils soutiennent également que les universités ne disposent pas de centre de santé, de réseau Wifi et une bonne sonorisation dans les amphithéâtres. À tous ces manquements, s’ajoute l’inexistence des salles informatiques. Lassé d’envoyer des multiples correspondances aux autorités les étudiants réclament la restaurer de la bourse. Une demande qui selon eux est restée sans suite. L’UNET donne un moratoire d’une semaine au gouvernement de la transition et au Conseil Militaire de Transition (CMT) pour se prononcer sur leurs revendications.
Pour le président du bureau national de l’UNET Mahamat Saleh Ahmat Ali, la bourse des étudiants est suspendue depuis 2016 pour cause de crise financière. Ce fond qui doit normalement être reversé dans les œuvres universitaires a pris un autre chemin, a-t-il dit. « Le CMT et son gouvernement lors de leur sortie médiatique ont fait comprendre à la nation que leur mission consiste à assurer la continuité de l’État dans toutes ses formes, mais nos revendications sont restées sans suite. Nous appelons le gouvernement de transition de prendre acte de nos revendications ». Le président de l’UNET ajoute que les autorités de transition ont eu la bonne volonté de respecter leur engagement vis-à-vis des partenaires sociaux. Alors il est hors de question que la bourse des étudiants soit jeté aux oubliettes, a-t-il souligné. La représentation nationale des étudiants rappelle que les bus mis en circulation ne sont pas effectifs dans les sections d’universités d’Abéché, de Doba, de Pala, de Sarh et de Moundou.
Il déplore aussi l’attitude, selon lui, de non-considération du Directeur général (DG) du Centre National des Œuvres Universitaires (CNOU). Pour lui, le Directeur ne collabore pas avec les représentants des étudiants et s’est permis d’utiliser les biens destinés aux étudiants pour d’autres fins. M. Mahamat Saleh rappelle au DG de CNOU que les biens destinés aux institutions universitaires appartiennent uniquement aux étudiants.
Les étudiants donnent un délai d’une semaine au gouvernement pour trouver une solution à leurs problèmes. Passé ce délai, une marche pacifique sera lancée sur toute l’étendue du territoire par le bureau national de l’UNET pour se faire entendre.
Kouladoum Mireille Modestine
Après un préavis de grève sans une suite favorable, la section provinciale de N’Djamena du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) décide de sécher les cours pour 3 jours, à partir de ce mardi. Cette grève a aussi pour objet de soutenir les professeurs des matières scientifiques en grève depuis plus d’un mois pour réclamer leur reversement. Reportage.
Le SET, section provinciale de N’Djamena met en exécution sa menace de préavis de grève. Dès ce mardi tous les établissements publics de la ville de N’Djamena ont fermé leurs portes. Le SET, provincial affirme que cette grève a pour but de soutenir les enseignants des matières scientifiques en grève depuis janvier dernier pour réclamer leur reversement à la fonction publique. Ils réclament aussi plusieurs mois d’arriérés de salaire.
Pour le secrétaire général provincial adjoint pour la province de N’Djamena, Dion-Nadji Moise, le gouvernement n’a pas honoré ses engagements. Selon lui, c’est une grève de 3 jours pour avertir le gouvernement. Les enseignants de la province de N’Djamena ont inscrit dans leurs réclamations plusieurs revendications qui sont les primes de craies qui devaient être payés depuis la fin de l’année dernière, mais rien n’est fait. Le syndicaliste explique aussi qu’il y’a des enseignants dont leurs salaires ont été reversés au trésor public, parce que leur situation administrative était confuse. Mais, il ajoute qu’après vérification, on s’est rendu compte qu’ils n’ont pas de problème. Le SGA de la province de N’Djamena exige qu’on leur reverse leurs salaires. « Du moment où la situation administrative est clarifiée, il faut payer leur argent. On n’a pas besoin de négocier », dit Dion-Nadji Moise. La section provinciale exige aussi le payement sans condition des arriérés de salaires des nouveaux intégrés à la fonction publique. Le SGA du SET, section de N’Djamena dénonce aussi le refus du gouvernement de payer les jetons de présence des membres de la CAP des ministères de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle et des Métiers, de la Jeunesse et des Sports, de la Culture et de la Promotion et de la Diversité, et en fin de l’Enseignement supérieur.
Selon Blaise Ngartoïdé, secrétaire général national du SET, les autorités font la sourde oreille lors qu’on les alerte sur les situations tendues. Ils laissent pourrir. « On ne nous écoute pas. Ce mouvement fait suite à un préavis de grève lancée par la section provinciale de N’Djamena en solidarité avec les professeurs scientifiques qui sont en grève depuis le retour des congés de Noël », explique Blaise Ngartoïdé. D’après lui, dans le règlement intérieur du SET, les grèves sectorielles sont permises et la section provinciale a le droit d’aller en grève, surtout lorsqu’elle constate le nom respect des engagements. Pour le syndicaliste, c’est un problème d’équité et de justice sociale. Il estime qu’il n’est pas normal que certains reçoivent leurs primes et d’autres ne reçoivent rien. Au sujet de retard des cours des professeurs scientifiques, le SG national souligne que si leur situation est réglée, en commun accord avec les responsables des lycées, ils trouveront des solutions pour organiser les cours de rattrapage.
Toujours dans le chapitre des grèves, les enseignants de l’Institut national de la Jeunesse et des Sports (INJS) qui étaient en grève depuis une semaine, durcissent le ton. Au cours d’une assemblée générale (AG), organisée ce mardi à N’Djamena, ils ont exhorté leurs camarades qui ont été décrétés par le ministère de tutelle à ne pas reprendre le chemin du travail.
Les agents du Ministère de la Jeunesse et des Sports étaient en grève depuis une semaine pour protester contre les nominations fantaisistes faites par leur ministre. Ils reprochent au ministre de la Jeunesse et des Sports de nommer aux postes de responsabilités ses amis qui ne sont pas du ministère et dont on ignore les compétences en la matière.
Jules Doukoundjé
Ce lundi 21 février 2022, le secrétaire d’État tchadien à l’Éducation a situé les efforts qu’a consentis le Tchad dans le processus de la valorisation des langues maternelles (LM). L’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture(UNESCO) a institué cette journée commémorative des langues maternelles le 21 février 2000. Au-delà de l’aspect festif, c’est un véritable défi pour les pays, membres de l’UNESCO, de promouvoir les langues maternelles afin de développer l’éducation multilingue pour un apprentissage de qualité pour tous. Reportage.
Pour le secrétaire d’État tchadien à l’Éducation Saleh Bourma, le thème de la journée internationale des langues maternelles met l’accent sur le rôle potentiel de la technologie pour le développement de l’Éducation multilingue. Il soutient que non seulement la technologie va améliorer la qualité de l’éducation, mais est un levier d’ouverture au monde pour une cohésion des sociétés. Le secrétaire d’État rappelle par exemple, la mise sur pied d’un comité scientifique pour asseoir un dispositif d’enseignement à distance en Réponse éducative au Covid-19. Cela, précise-t-il, par le canal des médias et du numérique dont les cibles étaient le monde rural. Seulement, M. Saleh Bourma soutient qu’il faut des mesures d’accompagnement.
Le SE de l’Éducation affirme que le Tchad compte plus de 130 langues qui cohabitent. Il souhaite que cette diversité linguistique et culturelle serve au développement du pays. « Les langues véhiculent des systèmes de valeur, d’expression culturelle et constituent un facteur déterminant d’intégration, d’identité et d’unité. Les langues maternelles constituent le socle du succès à travers le monde. Au Tchad, les expériences ont montré les résultats concluants », dit Saleh Bourma. Il soutient que pour le bilinguisme, il est constitutionnel et sa mise en œuvre est sans incidences négatives sur les langues maternelles(LM).
A son avis, les langues officielles doivent s’appuyer sur les langues maternelles pour qu’elles soient apprises en un temps record. Il affirme qu’avec l’appui des partenaires, le Tchad a conçu et diffusé de nouveaux manuels et guides en langues maternelles dans les centres d’Alphabétisation et les centres d’Éducation. « Les effectifs des apprenants pour la dernière campagne d’alphabétisation dans les langues maternelles s’élèvent à 155 210 dont 104 816 femmes. L’encadrement était assuré par 4 132 animateurs des centres d’alphabétisation. Cela prouve la dynamique de la stratégie de faire-faire mise en œuvre par le gouvernement en matière de l’Alphabétisation et d’Éducation », dit Saleh Bourma.
Le secrétaire d’État à l’Éducation plaide pour la mobilisation de tous les acteurs en faveur de l’Alphabétisation dans nos langues maternelles. Laquelle synergie dit-il, permettra de réduire progressivement le taux d’analphabétisme qui est de 78% dont 86% sont des femmes.
Rappelons que la journée internationale des langues maternelles cette année est marquée par l’urgence de « la préservation de la diversité linguistique, la défense et la conservation de toutes les langues parlées par les peuples à travers le monde », dit l’UNESCO. Le thème cette année est « l’emploi de la nouvelle technologie pour l’apprentissage multilingue : défis et opportunités ». Selon l’Organisation des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), l’éducation multilingue basée sur la langue maternelle est un élément clé de l’inclusion dans l’Éducation. L’Agence des Nations Unies remarque que les langues maternelles sont menacées par la mondialisation ou par leur disparition pure et simple. Toute les 2 semaines, une langue disparaît pour toujours, a précisé l’UNESCO. Elle ajoute que, c’est plus de 43 % des 6700 langues parlées dans le monde sont menacées. Lorsque les langues disparaissent, elles emportent aussi la diversité culturelle, la richesse de l’humanité, dit l’agence onusienne qui rajoute que les langues constituent un mode de pensée et d’expression.
Moyalbaye Nadjasna
Mécontents que leurs enseignants les aient libérés ce matin pour cause de grève, les élèves du lycée Hillé Leclerc, dans la commune du 4e arrondissement, ont manifesté contre cette grève de soutien de 3 jours aux enseignants scientifiques contractuels de l’État. Reportage.
Ce sont des élèves visiblement en colère qui exprimaient leur ras-le-bol. Des pneus brûlés, des magasins fermés, bref la circulation est perturbée sur la voie bitumée qui passe devant le lycée jusqu’au marché à mil. Quelques minutes après, la police débarque. À leur arrivée, la fumée du gaz lacrymogène et celle des pneus s’entremêlaient. C’était le sauve-qui-peut. Les élèves fuyaient de partout pour se sauver. Les commerçants qui vendent les habits aux alentours du lycée, ramassaient leurs produits et détalaient eux aussi.
Du côté des policiers, l’action ne manquait pas. Par exemple en voulant lancer une grenade lacrymogène vers les manifestants, l’étui est finalement tombé dans leurs véhicules. Les policiers sont tous descendus du véhicule en fuyant pour revenir 30 min plus tard pour chercher le véhicule. Un monsieur habillé en tenue militaire qui passait à moto a failli être capturé par les élèves. Il a eu la vie en faisant demi-tour. Interrogés sur le mobile de leur manifestation, quelques élèves affirment ne rien savoir. D’autres disent qu’ils sont en cour quand le Directeur est venu leur demander de rentrer sans donner d’explication. Cette information est confirmée par le Directeur administratif du collège Hillé Leclerc Seïd Podda.
Pour lui, c’est le Syndicat des Enseignants du Tchad SET qui a demandé à tout le corps enseignant d’observer une grève de soutien de 3 jours à compter de ce 22 février. Seulement, le SET a informé la base que ce matin. D’autres enseignants l’ont écouté à la radio. « C’était ce matin qu’on est informé de la grève. Entre temps, les élèves étaient en plein cours déjà. Alors l’administration a fait passer l’information suivie de la libération des élèves. C’est cela qui les a mécontentés », explique-t-il. Il reconnaît l’erreur que le SET a commise en informant tardivement la base. Normalement, le syndicat doit informer les inspecteurs qui doivent saisir les responsables des établissements à la veille. Selon lui, cela pourrait éviter la manifestation des élèves dans la rue s’ils étaient informés la veille. Cette manifestation est organisée dans presque tous les établissements scolaires publics de la capitale. Pour ceux du collège Leclerc, les policiers sont fatigués de les disperser donc ils sont partis les laisser. Ces derniers ont pris alors la direction du lycée de la liberté pour se joindre aux élèves de ce lycée.
Kouladoum Mireille Modestine
Les propos du ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, parlant de la disqualification du chef rebelle Timane Erdimi du pré-dialogue des politico-militaires de Doha, au Qatar, fait réagir de nombreux analystes et leaders de la société civile. M. Timane Erdimi aurait échangé avec un ex-conseiller politique centrafricain de sa volonté de s’allier au groupe paramilitaire russe Wagner pour renverser le régime du Conseil militaire de la transition (CMT), dirigé par le général du corps d’armée, Mahamat Idriss Deby. Reportage.
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, avait exprimé la semaine dernière, l’intention du CMT d’une probable exclusion de Timane Erdimi du pré-dialogue des politico-militaires prévu pour le 27 février prochain à Doha, au Qatar. Le ministre avait réagi suite à la fuite d’un document sonore où l’on aurait entendu Timan Erdimi faire part de sa volonté de coopérer avec le groupe paramilitaire russe, Wagner pour renverser le président du conseil militaire de la transition (PCMT) et ses alliés français.
Mais, ses propos ont fait réagir plusieurs analystes et certains leaders de la société civile tchadienne. Beaucoup qualifient la position du porte-parole du gouvernement Abderaman Koulamallah de va-t’en guerre. Ils estiment que le ministre devrait adopter une position de rassembleur. Pour eux, le ministre devrait se retenir.
Critiquant les propos de Abderaman Koulamallah, l’enseignant chercheur de l’université de N’Djamena, le Dr Évariste Ngarlem Toldé estime que l’interception de cette communication ne peut pas être à l’origine d’une exclusion. Pour lui, même s’ils n’avaient pas intercepté cette communication, ils savent que tout mouvement politico-militaire a des alliés ou il est à la recherche des alliés. « À ce que je sache, cette interception ne doit pas pousser le gouvernement à prendre une telle décision », ajoute, l’analyste. Selon lui, il n’y a aucun accord avec le politico-militaire et le gouvernement, moins encore avec le comité technique spécial. À son avis, le fait de chercher à suspendre Timane Erdimi du dialogue va pousser les autres politico-militaires à lui apporter leur soutien. L’enseignant chercheur de l’université de N’Djamena estime que la position du ministre porte-parole du gouvernement pourrait faire rétracter plusieurs de politico-militaires. Evariste Ngarlem Toldé explique qu’il devait avoir lieu le 15 février dernier à Doha, une rencontre entre Timane Erdimi et les autres groupes politico-militaires, mais c’est reporté. Mais, précise-t-il, le CMT avait appelé les responsables qataris à ne pas abriter cette rencontre. Pour lui, si les gens prennent les armes, c’est pour conquérir le pouvoir. Selon l’analyste, s’il n’y a pas de dialogue avec les politico-militaires, il n’y aurait pas de dialogue national inclusif. « Il faut éviter de prendre des décisions sur un coup de tête, ce n’est pas important », dit-il.
Abondant dans le même sens, le coordonnateur de la plateforme des organisations de la société civile Wakit Tama, Me Max Loalngar, souligne que c’est une opinion, mais provenant du Ministère de la Communication, qui s’avère être celle du gouvernement, c’est grave. Selon lui, on dialogue avec les personnes qui ont une opinion contraire à la nôtre. L’avocat estime que dans le cadre de la recherche de la paix au Tchad, personne ne doit être laissé sur le quai. Pour le coordonnateur de Wakit Tama, quelle que soit la position de Timan Erdimi, en tant que membre d’une faction rebelle, devrait être convié à ce dialogue. Selon lui, la position de ce politico-militaire ne devrait pas surprendre les autorités, puisqu’il a pris les armes pour s’opposer. De l’avis de l’avocat, le gouvernement devrait jouer le rôle de conciliateur en appelant tout le monde à la table de négociation, quelles que soient les positions des uns et des autres. « C’est irresponsable de la part du porte-parole du gouvernement de faire une telle déclaration », dit-il. Me Max Loalngar souligne que personne ne sait absolument rien des autres groupes politico-militaires et de leurs partenaires. Il précise que le plus important, c’est de faire asseoir tout le monde autour de la table pour trouver des solutions durables aux problèmes tchadiens. Selon lui, ceux qui sont là et qui ne parlent pas sont en train de dîner avec Wagner, mais personne ne le sait. Le coordonnateur de Wakit Tama exhorte le porte-parole du gouvernement à se ressaisir et maintenir la dynamique pour la tenue d’un dialogue inclusif et sincère pour tourner la page noire du pays.
Jules Doukoundjé
La grève des cadres du ministère de la Jeunesse, des Sports et de la promotion de l’Entrepreneuriat est effective ce lundi 21 février 2022. C’est une décision de la cellule syndicale de la jeunesse et des sports de la province de N’Djamena, le samedi 19 février à l’issue d’une Assemblée générale extraordinaire tenue à son bureau à l’école du centre. Le syndicat revendiquait l’annulation des actes de nomination aux postes techniques par le ministre sans tenir compte des compétences internes. Reportage.
La rencontre de la section Académique de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (SACJS) avec le ministre de tutelle le samedi 19 février 2022 a accouché une souris. Les cadres du ministère à N’Djamena sont en grève ce lundi 21 février. Le ministre leur a demandé de déposer leurs curriculum vitae pour audit, d’instaurer les réunions mensuelles ou bimensuelles et de reconstituer leurs bases de données, a noté le SGA de la SACJS Netel Mianwodjim. Dans certaines entités sous tutelle, cette grève n’est pas totalement observée. Au sein du ministère également certains bureaux techniques sont fermés, mais la plupart sont ouverts.
À l’Institut national de la jeunesse et des Sports (INJS), certains enseignants sont en salle avec leurs étudiants. Le Directeur des Études de l’INJS, Loumingué Nganansou précise que la grève n’est pas suivie totalement dans leur institution. « Vous avez vous-même constaté qu’il y a des enseignants qui sont en salle avec les élèves. Il nous reste qu’une semaine pour finir l’année. Nous avons appelé la cellule qui est consciente des efforts que les étudiants ont consentis pour arriver jusqu’à la fin de cette période. Sans bourse d’ailleurs et nous pensons qu’il ne sert à rien de les sacrifier de cette manière », évoque-t-il. Selon lui, ils se concertent en équipe pour solliciter auprès leur syndicat une dérogation. Il soutient que les examens devraient commencer le lundi 28 février. Cette grève tombe à un mauvais moment même si les motivations des uns et des autres diffèrent, dit le directeur des Études. Nous tenons à négocier avec la cellule, insiste-t-il. « L’INJS compte plus de 400 étudiants avec une trentaine d’enseignants. Les niveaux deux et trois ont déjà fini et sont en vacances. Actuellement c’est la première année qui tend aussi vers la fin. Nous sommes en termes de l’année académique en cours et je pense qu’ils nous comprendront afin qu’on termine et d’ici la semaine prochaine procéder aux examens finaux », dit l’académicien.
Le secrétaire général adjoint de la SACJS, Netel Mianwodjim estime que c’est un problème général et ça concerne tous les cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports de la province de N’Djamena. Ceux qui sont à l’INJS sont aussi leurs camarades. « On ne peut pas leur faire une dérogation spéciale. Il n’y a pas de raisons que les autres passent par les mailles pour organiser les cours. Dans un groupe, il y a toujours de brebis galeuses. Nous avions décidé unanimement cette action le samedi de la semaine passée donc on ne doit pas chercher des arguments pour s’écarter des autres », a déclaré M. Netel. Il estime qu’il ne faut pas que la lutte prenne un coup. À son avis, si d’ici deux jours un compromis se dégage la grève pourrait être levée et les activités reprendront.
Une rencontre qui accouche une souris
M. Netel Mianwodjim confie qu’ils ont rencontré le ministre malheureusement, ils sont restés sur leur soif. « Notre insatisfaction est liée au décret paru depuis le 14 janvier. C’est notre 3e rencontre avec le ministre, mais on n’avance pas. Le ministre nous a proposé de constituer une base de données. Cette base de données va lui permettre dans l’avenir qui il doit nommer. À notre avis, ce qu’il nous demande aurait dû être fait depuis longtemps et non en ce temps de revendications », souligne le SGA. Il précise que pour des nombreux cadres il faut reconsidérer ces différentes nominations. M. Netel soutient que si le ministre va dans ce sens, les cadres pourraient l’accompagner. Mais rien de clair de sa part, regrette le SGA. Selon lui, constituer une base de données nécessite la mise sur pied d’une commission. Or, il y a un acte qui existe déjà et que les cadres attaquent. « Il faudrait qu’il effectue des nominations en tenant compte de compétence interne. Nous attendons, s’il y a des propositions dans ce sens, nous sommes disposés à lever la grève et revenir aux bons sentiments. Si c’est le contraire, la grève va continuer avec une ambition de l’étendre sur le territoire national. Nous ne le souhaitons pas, mais il faudrait que la solution soit trouvée le plus tôt que prévue », affirme-t-il.
Moyalbaye Nadjasna