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La manifestation du 20 octobre qualifiée par le gouvernement de transition d'insurrection populaire armée n'a pas seulement causé des dégâts matériels, humains, mais aussi et surtout a remis en cause la liberté de Presse. Depuis ce jour plusieurs journalistes ont été arrêtés, d'autres torturés et un cas de décès signalé. L'équipe d'Ialtchad Presse a baladé son micro chez quelques professionnels du métier ce 24 octobre. Reportage.

Le 20 octobre dernier, une manifestation a été sévèrement réprimée par les forces de l'ordre. Certains partis politiques, des ADH et autres déplorent plus d'une centaine de morts, dont un journaliste, Orédjé Narcisse. Depuis lors, plusieurs journalistes ont été victimes de violence dans l’exercice de leur métier.

Yo-Hounkillam Jules Daniel, Directeur de Publication du journal Le Libérateur affirme qu'il a été victime de torture le samedi 22 octobre à 17h sous le viaduc de Chagoua, à quelques mètres de l'Ambassade des États-Unis. Il souligne qu'il partait voir son neveu fauché par balle réelle à l'hôpital. Toujours selon lui, à sa grande surprise, des policiers lui obstruent la route. ‹‹ Je me suis arrêté, avant que je me présente, des policiers appartenant au GMIP ont commencé à me tabasser ››, a-t-il déclaré. Il ajoute, ‹‹ c'est grâce à l'intervention d’un autre élément du GMIP qui était descendu du véhicule que j'ai eu la vie sauve », dit-il. M. Jules laisse soutient qu'après être sauvé, il a voulu s'arrêter, mais son sauveur lui a demandé de quitter les lieux sinon, ces policiers pourraient lui tirer déçu, a-t-il confié avec une voix fatiguée et un visage rempli de frustration. Le cas de Jules n'est pas le seul. Le Réseau des Journalistes Reporters tchadiens (RJRT) dénombre un nombre plusieurs cas des journalistes arrêtés, torturés, menacés ou encore tués.

Pour Leubnoudji Tah Nathan est Secrétaire Exécutif du RJRT, il dénonce le fait que les journalistes sont devenus la cible privilégiée des forces de l'ordre à chaque manifestation. Tout d'abord, le Secrétaire Exécutif du RJRT déplore l'assassinat du journaliste Orédjé Narcisse de FM CEFOD. Selon lui, Orédjé a été tué par balle qu'il suppose être délibérément tiré. ‹‹ Nous ne pouvons pas comprendre que ce soit une balle perdue dans la mesure où il en a reçu deux ››, a-t-il lâché. Il poursuit, ‹‹ dans ce cas, tout porte à croire que ce n'est pas une balle perdue, mais délibérément tirée par des gens qui l'ont visé et atteint ›› .  Le Secrétaire Exécutif du RJRT dénonce également l'arrestation d'un journaliste du journal Le Pays. Il affirme, ‹‹ Ayi Nathan a été arrêté alors qu'il observait la manifestation dans son secteur ››, a-t-il confié. Toujours selon lui, Ayi avait présenté ses pièces, mais les forces de l'ordre l'ont torturé. ‹‹ Il a été obligé de ramper sur des cailloux ›› précise-t-il. M. Nathan dénonce aussi l'arrestation de Ousmane Azarag, journaliste de Le Progrès. Il a été arrêté, torturé avant d'être relâché, dit M. Nathan. En province, M. Leubnoudji dénonce l'arrestation et la torture de deux confrères. L'une de la radio Lotico et l'autre de l'ONAMA. Selon le Secrétaire Exécutif du RJRT, plus de 10 journalistes ont été torturés. Il lance un appel aux autorités, qui doivent selon lui, prêcher l'apaisement, la retenue et le respect de la liberté de Presse et des hommes et des femmes de presse.

Signalons que malgré la dérogation spéciale accordée aux journalistes, ils sont toujours exposés à des maltraitances ou à des violations de leur droit depuis les évènements tragiques du jeudi 20 octobre.

Abderamane Moussa Amadaye

Le débordement des fleuves Chari et Logone n’ont pas épargné le quartier Farcha Milezi. Un site des sinistrés, les réfugiés des eaux est établi dans la forêt de Melezi depuis quelques jours. La rédaction s’est rendue sur les lieux ce samedi 22 octobre 2022. Reportage

C’est dans une ambiance bruyante, pointée de cris, très animée au cœur de la forêt urbaine où sont installés les réfugiés. Au milieu des hangars fabriqués à l’aide des morceaux de tissus et de fouloir attaché des unes aux autres que l'équipe des volontaires enregistre les sinistrés. Certains se font photographier, d’autres, des femmes sont couchées à même le sol. La croix rouge s'active, ses volontaires sont mobilisés pour encadrer les sinistrés.

Maman Azamto Solange, sinistré, expliques, « nous sommes arrivés avec mes enfants et mes petits-fils ici il y a 6 jours à cause du débordement du fleuve qui a atteint nos maisons. Elles sont détruites, nos moutons et nos chèvres sont emportés. Nous sommes chassés par ce phénomène naturel pour venir habiter dans cette forêt qui plein d’excréments. Nous sommes sous le soleil et nous avons faim avec nos enfants. Nous n’avons rien du tout ».

Une autre Tchikemi Eve dit avoir 5 enfants, « je suis ici depuis 5 jours, mais l'équipe d'enregistrement refuse de m'enregistrer alors que nous sommes des vrais sinistrés. Certains amènent leur famille pour les faire enregistrer, ils font semblant alors qu'ils ont des bonnes maisons viennent se faire photographier ».

Mme Haoua Mahamat Abakar chargée de la protection de l'enfance au site de Melezi donne les chiffres, « nous avons enregistré 4872 enfants en totalité répartie en genre 2000 garçons et 2872 filles en quatre tranches d'âge de 0 à 3 mois 1000 enfants. De 3 mois à 5 ans, ils sont à 172, de 6 à 11 ans ils sont à 1400 et de 12 à 17 ans sont 1300. L'enregistrement continue pour les nouveaux sinistrés. Deux espaces dénommés ami des enfants ont été créés pour prendre en compte le volet préscolaire. Pour Mme Amné Ahmat la Coordonnatrice adjointe, affirme que les activités sur le site consistent d’abord à d'identifier les sinistrés, ensuite les enregistrer et enfin leur distribuer les cartes.

Les réfugiés ont commencé à venir depuis le jeudi 13 octobre « jusqu’à présent nous avons enregistré 1173 ménages. Les bailleurs sont en train de construire les tentes ». Après cela les responsables du site logeront chaque ménage dans une tente. Dr Jules Gabrigo chargé des urgences au Médecin sans frontières indique MSF s’occupe du volet médical et d'assainissement. « Au niveau du site, nous avons une équipe sur place chargée de la consultation. Pour la journée d'hier, nous avons consulté 1116 patients parmi lesquels 44 cas positifs au paludisme, puis nous avons implanté 8 points d'eau et envisageons construire 32 toilettes et 32 douches. Nous avons distribué le nécessaire comme les nattes, moustiquaires, savons ».

Ousmane Bello Daoudou

La crue des eaux de Logone et Chari ne cessent de gagner de terrain dans certains arrondissements de la capitale tchadienne. Le 9e et 7e sont les plus confrontés par les inondations. Face à l'inefficacité de la mairie et les lourdes conséquences, le Président de la transition a décrété l'état d'urgence de catastrophe naturel en République du Tchad. Pour faire face la Direction Général de Génie Militaire (DGGM) est déployée pour secourir les sinistrés. L'équipe d'Ialtchad Presse était ce 22 octobre dans leur QG et quelques sites aménagés pour le constat. Reportage.

Il est 11h passé quand l'équipe d'Ialtchad est arrivée au Quartier Général du génie militaire installé à Walia, à une centaine de mètres du cimetière Ngondba aux abords de l'axe n°1 non loin du Campus Toukra. Un mini digue a été construit tout autour formant une île campant le QG. Des gros engins notamment des poclains et des chargeuses, des gros camions y sont mobilisés. Certains sont aux arrêts, d'autre par contre font des navettes. Des camions de sapeurs-pompiers du DGGM acheminent de l'eau potable dans les sites aménagés. Les camions font des voyages vers la population sinistrée afin de leurs aidés à déménager. Weré Stéphanie, une sinistrée (enceinte) de Walia Djigingali, résidente au camp de Toukra relève qu'elle est reconnaissante envers le génie militaire qui n'ont ménagé aucun effort pour la sauver des eaux. Elle souligne aussi que c'est grâce à eux qu'elle a trouvé les premiers soins, de l'eau potable etc. Toutefois, Stéphanie explique qu'il y'a des insuffisances tant sur le plan alimentaire, sanitaire que social. Elle invite les personnes de bonne volonté à leur venir en aide, a-t-elle laissé entendre. Un autre, éleveur occupant l'espace forêt, devant le cimetière Ngondba, durablement touché par les eaux affirme qu'ils manquent de tout. Selon lui, n'eût été l'intervention du génie militaire, personne d'eux ne sortira avec quelque chose de ses eaux.

Pour le Colonel Guerdi Abakar Adoum, Directeur Général de Génie Militaire, son équipe a été déployée depuis le 13 octobre dans le but d'assister les sinistrés. Il souligne qu'ils sont instruits par les plus hautes autorités du pays pour venir en aide aux vulnérables. Selon le Colonel, chaque jour, son équipe fait déménager des ménages des zones inondées vers le site aménagé. A l'heure actuelle, le Directeur Général de la DGGM affirme qu'il y'a plus de 60 000 personnes déplacées à cause des débordements de deux fleuves. Il soutient que malgré les travaux d'envergures entamés, le Chari et le Logone ne cessent de gagner de terrain. Il n'a pas oublié de souligner quelques difficultés, entre autres, des matériaux adéquats et des engins. Le Colonel Guerdi Abakar Adoum soutient aussi que la population est sous informée et le convaincre à quitter les zones de risque n'est pas chose facile, a-t-il indiqué.

Rappelons que les eaux de Logone et Chari ne cessent de prendre de volume importante. Chaque jour que Dieu fait, elles ne cessent de gagner de terrain malgré l'action gouvernementale. La quasi-totalité des digues ont lâché. Tous les quartiers situant entre le croisement de deux fleuves ne sont pas épargnés d'une éventuelle inondation générale, dont les conséquences seront fâcheuses.

Abderamane Moussa Amadaye

Je croyais qu’après le dialogue, après la formation du gouvernement d’union nationale, le Tchad ne deviendrait certes pas un paradis, mais il se rapprochera un peu de la paix, un peu de l’accalmie, un peu de l’écoute entre Tchadiens. Et surtout il y aura beaucoup de tolérance. Beaucoup d’amour malgré les divergences. Rien de tout cela n’a eu lieu.

Il n’y a eu que de la violence. Que de la casse. Que des invectives. Que du « ce n’est pas ma faute », « c’est la faute de l’autre ». « C’est une insurrection », « ils étaient armés », etc. Que du négatif pour justifier l’interdiction d’un droit inaliénable : le droit de manifester.

Ce jour de jeudi triste et sanglant, une partie des Tchadiens n’est pas d’accord avec le résultat du dialogue et de la seconde phase de la transition. Ils sont frustrés. Ils s’organisent et décident de l’exprimer en manifestant. Rien de mal à cela. Il fallait autoriser cette manifestation. L’encadrer pour éviter ce jeudi sanglant où des Tchadiens ont tiré sur d’autres Tchadiens. Où des Tchadiens ont cassé les biens d’autres Tchadiens.

Ce jeudi triste des vies sont fauchées. Le bilan est lourd. Certains s’amusaient à parler d’une cinquantaine de morts et d’une centaine de blessés. D’autres répliquaient en soutenant que c’est plutôt une centaine de morts et plus de 300 blessés par balles. Tous avançaient des chiffres pour faire peur le camp d’en face. Alors que tous sont perdants. Tout est tristesse, mais ils s’obstinaient à faire de la politique alors que les corps des victimes sont encore chauds. Jeudi triste. Jeudi sanglant. Statistique macabre. Avenir funeste? En tout cas, il ne s’annonce pas joyeux. La refondation, semble-t-il, a commencé. Refonder quoi? Pour qui? Alors qu’oser manifester peut entraîner la mort.

Ce jeudi sanglant j’ai compris que les Tchadiens n’ont pas des dirigeants. Ils n’ont pas des grands hommes et femmes politiques. Ils n’ont que des « ambitieux obsédés par le pouvoir pour le pouvoir ». Sinon pourquoi interdire aux Tchadiens mécontents de marcher? Pourquoi tirer sur eux? Et aller aux chevets des lits des blessés? Il fallait juste les laisser manifester. C’est plus commode. Moins cynique.

Ce jeudi triste j’ai écouté le nouveau Premier ministre lors de sa conférence de presse. Dans ces propos ne transparaissaient que des mots durs : « coup d’État », « insurrection », etc. Un pathétique sketch de gros bras. Aucune compassion dans ces premiers mots aux victimes. Comme si la centaine de morts méritent la mort. Il avait le couteau entre les dents, Kebzabo. Il avait le menton levé, la voix perchée, ce n’est pas l’homme que je connais. Ce n’est pas le Kebzabo retenu, à l’écoute, prudent et tempéré. Il était en feu. Ce qui n’aide pas à l’apaisement. Le couvre-feu, l’État d’urgence me semble des décisions hâtives et injustes. La majorité des Tchadiens ont supporté des années de privations. Ils ont soif de s’exprimer comme les autres peuples. Ils ont une insatiable envie de manifester sur des choix qu’ils considèrent injustes pour leur avenir. Ils veulent être libre et dans un pays où la démocratie les protège. Il faut le concéder, ils sont épris de justice et d’égalité comme les autres peuples.

Ce jeudi a été sanglant. Ce jeudi a été triste. Il ne sert à rien d’employer la méthode dure. Il ne sert à rien de réprimer. Il ne sert à rien de suspendre des organisations politiques et de la société civile M. le président de transition, M. le Premier ministre de transition. C’est un recul pour le pays. On ne gouverne plus par le sang. C’est révolu. Rien ne justifie de massacrer les tchadiens. Il faut plutôt être à l’écoute des mécontents, peut-être que vous comprendrez pourquoi vous ne les écoutez pas. Cela évitera le sang versé. Et éloignera la tristesse des cœurs des Tchadiens. Vous leur devez au moins cela.

À toutes les familles endeuillées, nos attristées condoléances.

Bello Bakary Mana

Au lendemain de la manifestation qualifiée par le gouvernement d'insurrection populaire armée, un calme précaire est revenu dans la capitale tchadienne. De Chagoua à Walia, d’Abena à Kambda en passant par Amtoukouin, les routes sont barricadées par les briquaillons, du cendre des pneus et quelques autres objets. Ialtchad Presse a fait un tour dans les différents quartiers de N'Djamena. Reportage.

Ce matin, vendredi 21 octobre, les forces de l'ordre confondues composées de militaires, des gendarmes, des nomades, de la police GMIP et de la mairie ont occupé tous les grands carrefours, les ronds-points ainsi que les coins et les recoins des quartiers sud de N'Djamena, capitale tchadienne. Ces forces lourdement armées sont en position de tires. La peur se lit sur les visages de la population. Les écoles, certains boutiques, marchés et restaurants sont fermés. Du siège de Parti Socialiste sans Frontière (PSF) en passant par l'ancien pont, la voie était dégagée et nettoyée par la mairie. L'on constate les navettes des véhicules de la police et des militaires toutes les 5 minutes. Une autre unité de l'armée est stationnée sur le terrain Festa Africa.  

De quartier Abena en passant par Walia, des barricades avec des dalles sont érigées, des cabines des parieurs, des pneus brûlés, des bricaillons au bord de la voie bitumée barrant les voies et obstruant la circulation des engins sur les voies publiques.  Plusieurs édifices et biens privés ont été saccagés, brûlés et réduits en cendre en l'occurrence le pont à péage et un bar à Walia. Au siège de RNDT le Réveil, les manifestants ont saccagé le lieu, cassé le mur et les portes, des documents sont consumés par le feu. Dans le siège de l'UNDR (l'Union Nationale Démocratique et de Renouveau) au quartier Abena, les manifestants ont brûlé le local, plus d'une dizaine de chaises et des nattes, certains bureaux ont changé de couleur après avoir été consumés par la fumée.

A l'hôpital le bon Samaritain de Walia plus précisément à la chirurgie, le constat est lourd, les victimes des tirs à balles ont occupé pratiquement toute la salle. Selon l'infirmier chargé aux urgences Klarangué Christophe, «parmi ces manifestants, notre hôpital a accueilli 46 manifestants blessés, dont 8 cas de décès», déplore-t-il. Il ajoute que «l'hôpital a pris tous les dispositifs nécessaires pour accompagner les blessés». Au quartier Abena, la cité est silencieuse comme morte où les populations sont en deuil. Le siège des Transformateurs est quadrillé par des militaires, cette zone est devenue quasiment inaccessible pour les civils.

La manifestation d'hier 20 octobre a laissé les traces sur les routes, dans les hôpitaux, personne n'est épargné. 24h après, un calme précaire règne sur la capitale, N’Djamena.

Noël Adoum

Après 24h de la manifestation du jeudi violemment réprimé par les forces de l'ordre, l'équipe de IalTchad Presse s’est rendu dans le quartier Moursal et Dembé pour constater l'ambiance d’après manifestation Reportage.

Il est 11h passé, ici le siège du Parti socialiste sans Frontière (PSF), les portes sont ouvertes un silence de mort y règne. Tout est calme. A l’intérieur tous les bureaux sont grands ouverts, les matériels sont saccagés, tout est à terre : matériels informatiques, documents déchirés, objets cassés traînent sur le sol. Aucune présence humaine sur les lieux sauf des cris des oiseaux animent les lieux. Après le bureau du PSF nous continuions, quelques personnes vont et viennent. Les camions Toyota remplis des militaires bien armés circulent, certains passants observent. Le service d'assainissement de la mairie de commune du 7e arrondissement est à pied d'œuvre pour le nettoyage des restants de pneus brûlés.

Dans le quartier un sentiment de frustration, de douleur sévit « nous avons perdu des amis, ils continuent toujours à nous massacrer, mais nous cherchons seulement la justice et l'égalité. Nous avons encore le temps de pleurer nos morts, soigner les blessés », disent les résidents. Pour eux, la suspension des partis et des organisations de la société civile n'attendent pas moins. Selon les habitants du quartier, le nouveau Premier ministre Saleh Kebzabo n’est qu’une marionnette, peu importe sa décision. « Nous avons pris conscience, il y a une lieur d'espoir qui vient de voir jour. Si les anciens ont failli, il faut se remettre en ordre de bataille. « Nous sommes dans la tristesse, les gens sont endeuillés, la manifestation est légale et autorisée par la charte de transition, nous ne voulons pas des assassins à la tête du pays », disent-ils. Ils poursuivent en soutenant que la déclaration du Premier ministre est une déclaration de guerre. « Nous manifestons pour une cause juste. Ce n'est pas pour le plaisir de manifester. Ce que nous avons fait est une introduction. Les gens sont morts ne sont pas morts gratuits ».

Du côté des commerçants et des vendeurs, « nous ne sommes pas de manifestants, mais hier il y avait un bouleversement sur nos activités à cause de manifestations », disent-ils. Selon eux, les autorités devaient sécuriser la manifestation, mais ce n'est pas le cas. Les forces de l'ordre ont maltraité et tué des simples manifestants à main nue, « nous ne sommes pas d'accord avec cette manière de faire » affirment-ils. Les commerçants dénoncent le couvre-feu. « Par ici nous sommes inondés, par là ils nous tuent ». Alors nous allons faire comment ? Pour cette vendeuse hier était douloureux, c'était très difficile. Nous avons enregistré des pertes, une grande partie est pourrie puisque nous sommes de débrouillard. Pour aujourd'hui il n'y a pas d'engouement comme avant, les gens ont peur de venir au marché. Si les clients ne viennent pas pour acheter, c'est compliqué pour nous, racontent-ils.

Ousmane Bello Daoudou

Après les  manifestations dans la capitale tchadienne et dans certaines provinces au sud du pays violemment réprimées par les forces de l'ordre, le Premier ministre du GUN, Saleh Kebzabo accompagné de quelques autres ministres ont animé cet après-midi une conférence de presse au cours de laquelle, le Chef du gouvernement qualifie la manifestation d'insurrection populaire armée et annonce quelques mesures. Reportage.

Démarré avec un léger retard, le point de presse du Premier ministre, Saleh a été transformé en une conférence de presse. Pour lui, cette situation exceptionnelle leur a été imposée à la suite des événements graves qui ont eu lieu ce 20 octobre. Le nouveau chef du GUN rejette en bloc les contestations des organisateurs de cette marche et le qualifie de coup d'État.

Saleh Kebzabo a qualifié les leaders de ce qu’il appelle « insurrection armée » des assoiffés du pouvoir. « Pour eux, seuls eux sont qualifiés pour assumer le pouvoir, même aux prix d'une rivière de sang de leurs compatriotes », a-t-il dit.  Toujours selon le Premier ministre, les organisateurs de cette manifestation ne sont jamais mis d'accord sur une marche pacifique et ont passé par un parti politique quasiment inconnu pour demander une autorisation, mais la réponse fut non, déclare-t-il. Il souligne que les manifestants dispersés en sous-groupes ont des gourdins, des machettes, des lance-pierres et autres. Il ajoute que certains disposaient même d'armes à feu, « utilisées pour en porter la responsabilité aux forces de l'ordre », a-t-il lâché froidement. Il souligne que ces insurgés ont fait plus d'une cinquantaine de morts et de près de 309 blessés surtout à N'Djamena, mais aussi à Moundou, Doba et Koumra.

Selon lui, il y a des morts de trop pour assouvir la soif de pouvoir des MM. Succès Masra et Yaya Dillo, a-t-il affirmé. Entouré du nouveau ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Aziz Mahamat Saleh, celui de la Justice, Alhabo, etc.

Le Premier ministre a déclaré très clairement que le gouvernement ne laissera plus des individus de ce genre mettre à mal la sécurité des citoyens ou porter atteinte aux institutions. Il a annoncé deux mesures : l'instauration d'un couvre-feu de 18h à 6h du matin jusqu'au rétablissement de l'ordre à N'Djamena, Moundou, Doba et enfin Koumra. M. Kebzabo a d'une manière inattendue annoncé la suspension de toute activité politique du parti Les Transformateurs, le Parti socialiste sans Frontière (PSF), parti Al Takadum et la coalition citoyenne Wakit Tamma. Il a également parler d'éventuelles poursuites qui seront engagées suite aux cas de décès, vols d'armes de guerre et enfin la destruction des biens publics et privés, a-t-il confié. Il conclut que son gouvernement mettra de l'ordre sur l'ensemble du territoire et qu'il ne toléra plus aucune dérive d'où qu'elle vienne.

Abderamane Moussa Amadaye

Prévu pour ce jeudi 20 octobre et interdite par le ministère de la Sécurité et d'immatriculation des centaines des Tchadiens ont manifesté dans plusieurs quartiers de la capitale tchadienne, N’Djamena. Reportage.

C'est dans une ambiance animée par le chant de l'hymne national et des coups de sifflet que les manifestants ont envahi les rues des quartiers Chagoua Taradona en passant par Chagoua FDAR que des jeunes munis des morceaux de pierres, des pneus, des lances, des bâtons et autres ont déferlé dans la zone. Ils ont continué à tenir tête aux forces de l’ordre jusqu'aux environs de 12h.

Les manifestations disent réclamer justice et égalité. « Notre objectif n'est pas de faire du mal ni encore contre une communauté, nous ne cherchons pas le pouvoir. Nous démontrons notre colère aujourd'hui, nous ne voulons plus que ce régime reste au pouvoir. Cela fait 30 ans que nous souffrons, nous sacrifions nos vies aujourd'hui ». Les jeunes manifestants soutiennent être fatigués de la maltraitance de la France et du Conseil Militaire de Transition. « Nous sommes des diplômés sans emploi », disent-ils. Ils affirment être contre ce système installé au Tchad. « Notre but est de changer le système de gouvernance. Nous voulons la paix totale, c'est difficile, mais nous sommes déterminés à aller jusqu'au changement. Nous résistons », soutiennent-ils. Le calme est revenu en début d’après-midi.

Des affrontements ont eu lieu par la suite. La police et l’armée tirent à balles réelles sur les manifestants. Pas de bilan complet pour l’instant. En recoupant les différentes sources on se retrouve à plus de 60 morts et plus de 500 blessés. Beaucoup des arrestations sont rapportées. On commence à parler de massacre, il y aurait plus de 100 morts selon certaines sources qui parlent de documentation en cour. Des vidéos et des images des civils armés tirant sur des manifestants circulent également sur les réseaux sociaux. Un 20 octobre très rouge et sans précèdent.

Ousmane Bello Daouda

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