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Les eaux de Chari débordent dans les 3e, 4e et 5e arrondissements de la ville de N’Djamena. Reportage.

Il est 11h passé au bord du fleuve où les uns se lavaient et d'autres construisent, des enfants jouent et des femmes lavent leurs ustensiles à un mètre des eaux et de leurs domiciles. Pour les habitants, ces derniers ont été un véritable calvaire. « Toutes nos maisons sont par terre. Nous dormons dans la cour à la merci de la fraîcheur et des moustiques avec des maladies. Mes enfants et moi tous sont malades »,  dit Denebel Carmelle. Un autre résident Banago Abel affirme qu’ils se sont organisés pour boucher tout le long de leurs devantures. « Nous nous sommes cotisés pour acheter les sacs vides pour les remplir de sable et les placer pour empêcher ce débordement ». Un troisième résident dit, « la montée des eaux est trop puissante. Les couches vulnérables de la population souffrent, certaines maisons sont tombées, des résidents ont préféré quitter les lieux. Certains résistent pour lutter et survivre puisqu'ils n'ont pas un autre endroit pour aller se réfugier ».

Selon les résidents, la majorité des victimes viennent des provinces pour une meilleure vie à N'Djamena. Ils font face à cette situation sans aucune aide. « Nous demandons aux autorités de penser à nous. Nous avons peur d’attraper des maladies telles que le choléra. Le risque de catastrophe existe, il peut arriver à tout moment. Je d'amande au gouvernement via ses partenaires de venir au secours de cette population ». Un habitant sous couvert de l’anonymat dit que certains délégués vendent cet espace qui est situé au bord du fleuve qui n'est pas sensé être habitable, ils le remplissent l’espace avec toutes les poubelles de la ville et ensuite construire. Comment l'eau ne peut pas s’infiltrer pour envahir les maisons.

Au marché à Mil, les commerçants sont dépassés. « Nous n’avons que nos yeux pour voir. Nous sommes impuissants. Nous passons toute la journée sans rien vendre. Pas de clients. L'eau suit le passage de caniveau depuis le fleuve, certains sont bouchés, au début de la saison pluies la mairie est venue touchée par endroit, mais aujourd'hui voilà les conséquences », Mahamat Matar.

Pour Mahamat Adam Moussa, ils sont devenus comme des sentinelles. Aucun client ne traverse cette eau pour venir acheter. « Nous demandons à la mairie de nous venir en aide en évacuant cette eau qui bloque tout et tue nos commerces à petit feu ».

Ousmane Bello Daoudou

Dans un contexte complexe et inattendu, le vice-président du parti Les Transformateurs, Moustapha Masri a annoncé ce 26 octobre à l'hôtel Radisson Blu sa démission de sa formation politique lors d'un point de presse. Il évoque une trahison de conviction et idéaux du Parti.

6 jours après le jeudi noir où plusieurs manifestants ont été abattus à balle réelle, d'autres blessés, arrêtés ou même certains leur trace reste inconnue. Le Vice-président de l'un des Partis organisateurs de cette contestation a annoncé devant la presse nationale et internationale sa démission de sa base politique, Les Transformateurs. Il n'est rien d'autre que Moustapha Masri, militant de l'ancien parti au pouvoir, le MPS.

Prévu à 11h, qui au départ annoncé comme un communiqué important du MPS, d'ailleurs même confirmé par l'un des organisateurs qui a affirmé, ‹‹ un militant du parti MPS va annoncer sa démission ››, le point de presse a démarré avec une heure retard. Grande est la surprise de toute la presse présente, Moustapha Masri, le numéro 2 de Succès Masra fait son entrée en blanc et une lunette teintée.

Dès sa prise de parole, le  vice-président Masri compatit avec les familles endeuillées lors des évènements tragiques du 20 octobre passé. ‹‹ Je m'incline devant la mémoire des disparus et adresse mes sincères condoléances aux familles et au peuple...et souhaite un prompt rétablissement aux blessés ››, a-t-il souhaité. Il a ensuite rappelé les raisons de son engagement en politique. Il relève, ‹‹ au nom de la justice, de l'égalité et de l'équité ›› qu'ils se sont engagés. Pour lui, les idéaux qui incarnent leur ambition et celle de la quête du pouvoir sont pacifiques et dans le respect des lois. ‹‹ Notre ADN est pacifiste et nos actions sont pacifiques ››, a-t-il déclaré. Il estime que ces idéaux ont été dévoyés et détournés sous le poids de plusieurs facteurs endogènes et exogènes. Masri pense au nom des valeurs de base du parti qu'il ne pourra plus faire chemin et rejette en bloc cette nouvelle voie et dit qu'il ne se reconnaît pas dedans. Il invite les militants des Transformateurs au nom des idéaux, qui sont la paix, l'unité, la fraternité de se désolidariser. Il appelle le Président de la Transition à privilégier la voie du dialogue et du consensus, qu'il estime nécessaire.

Par la suite, le Vice-président Masri a annoncé sa démission de son poste et aussi du parti. Il justifie, ‹‹ j'ai informé de ma décision le Président Succès Masra qui connaît d'ailleurs très bien mes convictions et mon attachement à la lutte pacifique ››, a-t-il martelé. À la fin de la lecture de son communiqué, un organisateur proche du MPS avait interdit aux journalistes à poser des questions. Un autre à côté avait lâché, ‹‹ telles sont les instructions ››.

Abderamane Moussa Amadaye

Depuis les événements tragiques du 20 octobre dernier, les internautes tchadiens et surtout ceux de la capitale, N’Djamena, accèdent difficilement à Internet. La censure touche   certaines zones alors d’autres sont brouillées et tournent au ralenti. Le coordonnateur du collectif des internautes  que nous avons interrogé ce mercredi 26 octobre 2022 se prononce.

Ahmat Boulama Achamane  coordonnateur du Collectif des internautes tchadiens, salut cette  mesure de sécurité que le gouvernement a pris pour stopper la propagation de messages de haines et de division à travers les réseaux  sociaux. « Je salue cette mesure, mais  le  fait de couper la connexion dans certains quartiers et de laisser d’autres  ne résout pas nos problèmes. C'est une sorte de discrimination », dit-il. Il ajoute que si le gouvernement veut censurer Internet, il doit le faire dans tous les quartiers de la ville. « Je demande au gouvernement de rétablir la connexion le plus vite possible avant que les contestations ne se lèvent », a-t-il  signifié. Il soutient que la majorité des Tchadiens sont des jeunes parmi lesquels il y a quasiment que des étudiants et des élèves qui utilisent Internet  pour faire des recherches, explique-t-il.

Ahmat Boulama affirme que le fait de censurer Internet et de laisser la ligne des appels et des messages ne sert à rien . « Les gens peuvent passer des appels où envoyer des SMS pour faire passer leurs messages », dit-il.  Si le gouvernement veut réellement stopper la propagation des messages haineux qu’il se rapproche de  l’agence nationale de cybercriminalité. « Cette agence va permettre au gouvernement de  détecter tous ceux qui envoient des messages de division, de haines et mettra la main sur eux au lieu de punir tout le monde chaque fois qu’il y a des manifestations », suggère-t-il.

Haoua Adoum Ibeth

Le président de la transition s'est prononcé hier soir sur les ondes de la télévision et la Radio nationale. Il s'est apaisent sur l'événement tragique appelé jeudi noir. Plusieurs sujets tels que sur les violences, les victimes,  la justice, situer la responsabilité et autre. Dr Évariste Toldé décrypte le message à la nation du président de transition.

Dr Évariste Toldé affirme que c'est bien qu'un deuil national soit décrété pour une semaine, les Tchadiens attendaient la réaction du chef de l'État. C'est très sage de sa part, si le drapeau est mis en berne à moins que certains détails puissent être introduits dans cette allocution pour situer le citoyen lambda. Le deuil collectif sera organisé par l'état ou bien par les parents? Cela n'a été pas précisé, beaucoup de personnes s'interrogent si cela doit être une fosse commune ? Remettra-t-on les corps aux parents ou non? Normalement un dernier hommage est à rendre aux victimes pour leur offrir des obsèques dignes. Et charge sera prise par l'état ou par les parents ce point n'a pas été clarifié dans le  discours.

Dans son allocution, il a souligné que les politiques et les organisations de la société civile ont pris en témoigne le peuple, mais les cités nommément, les dévoilés reviennent à soumettre à la vindicte populaire. Cela revient à dire qu’ils sont les ennemis du peuple « ce sont eux qui ne veulent pas de la paix au Tchad », dit-il.  Selon M. Toldé les négociations et des rencontres ont eu lieu c'est tout à fait normal, cette communication du président de transition est complètement ratée. Ce n'est pas diplomatique de rejeté en posture des échanges d’ordre confidentiels. Ce n’est pas l'honneur de la personne du président. Et de la fonction, du titre même.

Pour Dr Toldé, à la sortie du dialogue les résolutions fortes ont été prises pour la refondation du pays, mais la manifestation a eu lieu le premier jour du conseil de ministre. Donc le premier gouvernement d’union nationale, celui de la refondation a été sous-pression, a agi en réprimant. « Cette refondation commence dans le sang, sur les cadavres, avec le couvre-feu. C'est très mal parti pour la transition phase deux ».

Ousmane Bello Daoudou

Cinq (5) jours après la manifestation contre la prolongation de la transition. Certains établissements publics sont déserts dans le 6ème, 7ème et 9ème arrondissement dans la ville de N'Djamena. La population vit dans une psychose et la peur au ventre. Quelques heures après la déclaration du président de la transition Mahamat Idriss Déby sur le deuil national, l'on constate dans toutes les écoles privées et publiques des drapeaux en berne. L'équipe d'ialtchad presse s'est rendue dans quelques établissements de la ville pour faire le constat. Reportage.

Le lycée la concorde, le lycée Félix Eboué, lycée d'enseignement technique commercial en passant par le lycée d'Abena tous sont presque déserts. L'on constate une absence totale des élèves. Au lycée de la concorde, l'administration est ouverte avec quelques enseignants sous les arbres. L'on observe une absence brillante des élèves et quelques-uns sont présents avec des visages remplis de peur. L'enseignant et inscripteur de cet établissement réagit, « l'école publique est une machine lourde qui commence difficilement, mais par rapport aux événements qui se sont déroulés, nous n'avions pas suspendus les cours mais avec la manifestation qui a commencé à l'aube, puisque le 20 c'était la journée chaude et les enfants étaient restés chez eux à la maison pour des raisons de sécurité. Jusqu'aujourd'hui ces élèves ont peur de venir au cours ». Après la concorde, c'est autour du Lycée de l'enseignement technique commercial, la cour était déserte mais l'on constate la présence des quelques enseignants et élèves. Ils ont repris lentement avec les cours notamment ceux de la classe de la terminale qui était dans la salle. Selon un responsable de cet établissement, « Depuis le début de ces événements, les cours n'ont pas été suspendus », a-t-il affirmé. Il ajoute que, « par peur, certains parents d'élèves empêchent leurs progénitures de venir à l'école pour des raisons de sécurité » a-t-il dit. Selon lui, les cours ont repris d'une manière effective depuis le lundi 24 octobre, dès 7h précise et finissent à 14h à l'exception de la classe de 3e qui finit à 13h. Quant au lycée Félix Eboué, les élèves se comptent au bout de doigts, la cour est presque vide, les tables bancs poussiéreux. Quelques salles de classe et bureaux administratifs cadenassés sauf la présence de quelques élèves, commerçants et enseignants dans la cour. Pour, Noumaïssei Sylvie, directrice administrative du collège Félix Eboué 1, les cours n'ont jamais été suspendu seulement que depuis les troubles du 20 octobre, les élèves ne se présentent pas souvent par peur où de l'inondation qui a engloutie certains quartiers dans la commune de 9e arrondissement. Elle appelle les parents d'élèves à inciter leurs enfants à reprendre le chemin de l'école dont leur avenir et celui du Tchad en dépend, a-t-elle affirmé. Au lycée d'Abena, la cour est également vide. On y voit que des salles vides comme au premier jour de la manifestation, aucun élève n'y est présent.

La manifestation du 20 octobre dernier a eu un impact négatif sur le pays d'une manière générale et particulièrement sur l'éducation nationale. La perturbation des cours pourrait impacter d'une manière négative le calendrier établi par le ministère de l'éducation nationale et de la promotion civique.

Abderamane Moussa Amadaye
Noël Adoum

Après la manifestation du jeudi 20 octobre dénommé « jeudi noir », violemment réprimé par les forces de l'ordre causant plusieurs pertes en vie humaine, des blessés et des biens matériels endommagés, Ialtchad presse a promené son micro pour entendre les avis des N’Djamenois. Vox pop.

Ngaramal Jacques. « Ce qui s’est passé est imaginable. C’est une sauvagerie sans pareille. Rien ne peut qualifier ces actes des hommes en tenue. Ils sont censés protéger le peuple, pas tirer à balles réelles sur les gens qui manifestent et après chercher toutes les qualifications pour nommer cette situation. Je me pose la question : est-ce que passé que les Tchadiens ont un cœur humain ? Ou bien nous avons dépassé le cap humain pour atteindre l’instinct animal? C’est animal de poser des tels actes aux yeux de monde, au 21e siècle. On ne peut pas dire que les bavures commissent par les forces de l'ordre à donner à une connotation ethnique. Ce qui s'est passé à rien à voir à une connotation ethnique ni une fibre religieuse. Les manifestants expriment leur ra-bol pour dire non à certains nombres d'injustices. Je me pose la question est-ce que je suis sur terre ou bien je suis sur une autre planète ? Alors ça fait plaisir aux uns et aux autres cette situation ? Je pense que si on est un humain cette situation ne nous fait pas plaisir et si on est autorité on doit être interpellée ou faire interpeller sa propre conscience sur ce qui s'est passé ou bien ceux qui l'ont fait veulent imputé la responsabilité au président de la transition sans qu'il le sache. Comment peut-on sortir dans cette transition de 24 mois dans la paix et d'organiser les élections pérennes ? Comme une commission sera mise en place, je souhaite que cette commission fasse son travail dans l’impartialité pour que les responsabilités soient situées ».

Abakar Gadou Goudja. « Nous déplorons les pertes de vies humaines, la répression policière n'est pas bonne. Dans la Charte de Transition, la manifestation est autorisée, ils doivent l’encadrer au lieu de massacrer ses compatriotes. S’ils nous tuent tous, ils vont gouverner qui ? Pourquoi alors tourner son canon contre cette population ? C'est inacceptable ».

Enonck Mberbe. « Le gouvernement de la transition avait sorti une note à la veille empêchant cette marche pacifique. Pourtant, elle-même n'a pas l'adhésion des forces vives de la nation. Le dialogue n'a pas eu aussi l'adhésion de tout le monde, donc toutes ces préoccupations ont poussées ces organisations à la manifestation. Celle du 20 octobre n'est pas différente de septembre noir que le Tchad n'oublie jamais. Le gouvernement de la transition porte entièrement la responsabilité, même s'ils ont sorti un gros mot qui les protège ».

Delphine K. Djiraibé. « À mon avis ce qui s'est passé est désastreux. Le 20 octobre les Tchadiens de tout le bord est sorti pour manifester pour réclamer par rapport aux pasteurs et l'équité, la réponse à cette manifestation est complètement inadmissible, les forces de l'ordre et les personnes en civil tire de gaz lacrymogènes et des balles réelles tuant une centaine de personnes dans un seul jour cela nous rappelle la période sombre du feu Hissène Habré, il y a un amalgame autour de la question qui a fait quoi. Le gouvernement lui-même dit qu'ils vont ouvrir une enquête qui situera la responsabilité, mais pourquoi de mettre la charrue avant les bœufs. Tout le monde a intérêt que cette situation soit clarifiée ».

Ousmane Bello Daoudou

La manifestation du 20 Octobre, lancée par une partie de l’opposition et les organisations de la société civile contre la prolongation de la transition est mal interprétée par les manifestants à Moundou dans la province du Logone occidental. Les hommes de médias au terrain, leader de droits humains et les victimes que nous avons interrogé expliquent comment les choses se sont déroulées à Moundou. Reportage.

Pour Mbaiwanodji  Adrien journaliste reporter à la radio Nada FM et correspond de la radio FM liberté c’est  pour la 1ère fois que Moundou connaît de tél problème. « Les jeunes sont sortis, il y a eu 25 morts d’après  les sources hospitalières sans compter ceux qui sont tombés aux quartiers suite aux balles perdues, 127 blessés sont abandonnés après les premiers soins d’urgence sans prise en charge. Et c’est  avec l’appui  de la plateforme de la société civile et les pompes-funèbres que  les gens ont pu enterrer leurs morts », dit-t-il.

Selon notre confrère, la manifestation a été très mal interprétée à Moundou, « on était aux premières heures quand les manifestants de doumbeur étaient sortis. Certains se sont violemment pris aux biens privés. Ils ont saccagé une boutique au quartier doumbeur, une boulangerie a été incendiée au quartier Gueldjeme et bien d’autres dégâts », explique-t-il.

Il poursuit que les manifestants ont pris en otage une boulangerie, « la première vague est allée prendre du pains et quelques bouteilles de jus et est parti. Un autre groupe est arrivée, c’est à ce moment que le propriétaire a cherché à défendre ses marchandises. Il a d’abord tiré trois balles en l’air et ça dégénéré ». Il ajoute qu’une autre équipe de manifestants est allée à Doyon pour saccager le marché, il y a eu de la résistance qui a causé 3 morts. « Mais le fait de dire que cette manifestation a pris une tournure communautaire, c’est  les dire des gens. Certes, il y a des messages de haines sur les réseaux sociaux qui appellent les uns à se soulever contre les autres » dit-il. Il assure que la mauvaise interprétation de la marche est à l’origine des débordements mais vite le calme est revenu. « A l’heure  où je vous parle les musulmans et chrétiens sont tous au marché » conclut-il.

Djikoloum Ngardinguina coordinateur de la LTDH du Logone et Tandjilé affirme « les gens ont profité de la situation pour agresser les autres parce qu’il y avait des gens qui se sont habillés en civile pour tirer sur les manifestants, cela a causé une confusion totale. Sinon il n’y a pas une guerre dirigée contre une communauté » martèle -t-il. Il ajoute que la manière dont les gens se comporte qui laisse les autres croire que les gens préparent quelques choses les uns contre les autres. « Les hommes politiques donnent de enflures aux choses, ils veulent tout simplement détourner  et diviser les gens », dit-il. Cette manifestation concerne tout le monde. Elle n’est  pas dirigée vers une communauté. Pour le moment, les boutiques sont ouvertes, les marchés aussi ouverts, il n’y a pas de tension. Le calme est revenu, conclut-il.

Nasradine Ahmat responsable de la boulangerie Nanou. Il explique comment les choses se sont déroulés « pour nous, cette manifestation est comme les  manifestations. Nous n’avons  pas pensé que les manifestants ont une autre idée derrière la tête. Nous avons ouvert nos portes comme d’habitude et à notre grande surprise un groupe des manifestants a pris d’assaut  notre boulangerie. Ils ont tout saccagé, tout brûlé » , explique-t-il. Selon M. Nasradine, la boulangerie est partie en fumée avec les matériels de travail : groupe électrogène, une voiture et quelques motos. « Une boutique à côté de nous est aussi partie en fumée. Si  forces de l’ordre  n’avaient pas vite intervenue, nous allons aussi enregistrer des pertes des vies humaines » explique-t-il.  Les manifestants ont demandé, semble-t-il, à leur frère chrétiens qui travaillent dans boulangerie de sortir pour éviter d’être  brûlés et ils ont refusé de sortir. « Je me demande si cette manifestation est antimusulmane ? Ils attaquent les musulmans et leurs biens pourtant tout le monde est concerné, ils ont tout saccagé mais ce n’est pas grave, Dieu est grand. Nous allons nous en sortir » se lamente-t-il-t-il.

Haoua Adoum Ibeth

Au lendemain de la manifestation du lieu jeudi 20 octobre dernier appelé encore «jeudi noir» par les militants de la société civile et des partis politiques.  Plusieurs personnes ont été arrêtées et déportées, d’autres sont portés-disparues. Les arrestations se multiplient chaque jour dans la capitale tchadienne et dans d'autres villes de province. Selon les Associations des Droits de l'Homme, certains sont placés dans des commissariats de la ville de N'Djamena, pendant d’autres sont déférés à la maison d'arrêt de Moussoro. Ces arrestations se déroulent souvent dans la soirée et dans la nuit semant la peur chez les habitants de certains quartiers précisent les mêmes associations. Reportage.

Après la manifestation de jeudi 20 octobre dernier, les forces de l'ordre ont procédé à des arrestations des manifestants en faisant du porte-à-porte, dans les quartiers sud, pour arrêter des individus. Les condamnations viennent des certaines Associations des Droits de l'Homme. 72 heures après,  c’est la chasse à l'homme ou  « la chasse à la sorcière sans pitié », clament les associations. Cheikh Saïd Secrétaire Général National de l'Alliance Tchadienne Universelle pour la Défense des Droits de l'Homme (ATUDDH) se dit horrifié par les violences extrêmes survenues lors des manifestations du 20 octobre. Il s'indigne devant le nombre élevé de pertes en vies humaines et des blessés qui ne se justifient nullement même si ces manifestations ne sont pas autorisées. L'ATUDDH dénonce les brutalités et l'usage inacceptable des armes de tout genre lors des manifestations supposées être pacifiques. L'ATUDDH affirme qu'elle suit de près l'évolution de la situation et l'instauration de l'état d'urgence et les résultats de l'enquête annoncée par le gouvernement.

La Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH), elle aussi se dit préoccupée par la mort de plus de 50 Personnes, plusieurs blessées aussi bien à N'Djamena que dans d'autres villes du Tchad. Elle déplore que certains manifestants aient succombé à des blessures causées par des tirs à balles réelles provenant des forces de l'ordre et principalement de civils à bord de véhicules aux vitres fumées et sans plaques d'immatriculation. La CNDH exige du gouvernement la mise en place d'une commission d'enquête indépendante et crédible en vue de situer les responsabilités, de démasquer, d'arrêter, de juger et de condamner les auteurs de ces crimes odieux et inacceptables qui ont endeuillé des familles tchadiennes. Le président de la CNDH Mahamat Nour Ahmed Ibedou demande aux hautes autorités en charge de la sécurité de veuillez à interdire formellement aux agents des forces de l'ordre de porter des armes létales dans leur mission de maintien de l'ordre. Il exige également l'arrêt immédiat des arrestations des jeunes traqués dans leurs maisons et qui sont pour la plupart des innocents. Compte tenu de la situation, la CNDH entend diligenter  elle-même une enquête en vue de situer les responsabilités, a-t-il conclu.

Noël Adoum

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