Produit pour les engins vendu exclusivement à la station, la vente au détail d’essence à N’Djamena est de plus en plus informelle dans la capitale tchadienne, N’Djamena. Nouveau phénomène ce secteur informel est détenu à plus de 60 % par des femmes qui proviennent de milieu défavorisé ou précaire. Beaucoup d'entre elles s'estiment heureuses de bien gagner leur vie à travers cette activité à risque. Ialtchad Presse s'est rendu ce mardi 13 novembre dans quelques quartiers de la N'Djamena pour constater ce phénomène. Reportage.
La vente d'essence informelle devient un véritable business pour des milliers des femmes à N'Djamena, précisément aux bords des grands axes où les engins à deux ou quatre roues les empreintes. De Walia en passant par Chagoua ou encore Sabangali, chaque 40 à 50 mètres il y des bouteilles de demi ou un litre d'essence exposées par terre ou sur une table et où des femmes en sont à majorité vendeuse. Très réactives, le regard est toujours fixé sur ceux qui passent, guettant le moindre geste d'un motocycliste ou d'un chauffeur de voiture, elles se jettent pour livrer leur produit et empocher quelques pièces ou billets pour subvenir à leur besoin.
Koumayta Flore, 27 ans mère de 4 enfants est vendeuse d'essence. Elle a commencé à faire cette activité depuis bientôt 3 ans. Flore affirme que son mari est titulaire d'un master en psychologie de l’Université de Maroua, ville camerounaise, mais est toujours sans emploi. Elle s'est lancée dans cette activité pour soulager les charges familiales du père de ses enfants, qui exerce le métier de mototaxi communément appelé « clandoman ». Et qui a de la peine à joindre les fins du mois. « Je suis obligée de vendre du carburant pour s'occuper des petits besoins », dit la jeune maman. Mme Flore souligne qu'elle achète l'essence à la pompe puis le revend. « 1 litre et demi, je l'achète à 750F et je le revends à 850 F », a-t-elle indiqué. En ce qui concerne la vente journalière, la maman de 4 enfants souligne, « entre 30 à 40 bouteilles d'½ sont vendues », affirme-t-elle. Leurs clients, dit-elle, sont la plupart des conducteurs de moto et quelques rares automobilistes. Selon elle, cette activité leur permet d'assurer les besoins de sa famille. A la question du risque et des conséquences de l'essence, elle soutient prendre ses dispositions pour éviter tout malheur.
Mme Saada Haoussou, une autre vendeuse de carburant, dit être diplômée en santé, Agente technique de Santé (ATS), divorcée et accoucheuse, mais elle est sans emploi. Elle affirme s’être lancée depuis 2017 pour s'occuper d'elle et de ses enfants. « Je me débrouille pour subvenir à mes besoins et inscrire mes enfants à l'école. Dieu merci, je m'en sors bien » a-t-elle confié. À la question de traque des agents de la mairie, Saada révèle, « avant les agents municipaux passaient de temps en temps, mais depuis février nous vendons sans tracasserie », dit-elle.
Si la vente d'essence informelle est devenue une source de revenus pour plusieurs personnes notamment les femmes, Dr Tidjani Abounassib, médecin-chef à l'Hôpital affirme que la vente de carburant exposée à des impacts sur la santé. Selon lui, l'essence contient des substances chimiques qui sont très nuisibles. Parmi ces effets néfastes, «l'irritation de la peau, la démangeaison, l'inflammation jusqu'à causer du cancer de la peau », dit-il. Le médecin ajoute que l'essence peut être à l'origine de la nausée, de maux de tête, de vue ou encore la perte de connaissance. Toujours selon Dr Tidjani, l'essence peut entraîner même la mort. Il affirme que le carburant contient une substance appelée le benzène. Elle est cancérigène, a-t-il déclaré. Il affirme que le fait de tirer l'essence à travers un tuyau est nocif pour la santé, « par accident la personne peut avaler et cela va entraîner l'inflammation au niveau des poumons».
Abderamane Moussa Amadaye