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Il a marqué les actualités de ces derniers jours. Yaya Dillo (YD) est une énigme pour certains. Et un mélange d’ambition personnelle et d’âme rebelle pour d’autres. Qui est Yaya Dillo? Quel a été son parcours? Quels sont ses liens avec le pouvoir du président Deby Itno? Portrait d’un neveu ambitieux qui adore braver ses oncles.

Dans les années 2000, mécontent Yaya Dillo disait à un compatriote étudiant à l’Université d’Ottawa, suite à l’emprunt d’un manuel et à la manière de sa remise, « tu devais me remettre l’ouvrage main à main. Il ne fallait pas remettre à mon cousin. Non, il ne le fallait pas. Tu sais il ne faut pas me mettre au même rang que ces jeunes. Je suis appelé à jouer un grand rôle dans l’avenir de notre pays ». Ces propos prononcés il y a une dizaine d’années sonnent aujourd’hui comme un programme politique, avant l’heure, dont seul l’auteur était convaincu. Il exigeait déjà de la considération de la part d’un ami. Et surtout d’un compatriote. L’histoire de Yaya Dillo, c’est l’histoire d’un neveu timide, téméraire, sûr de son destin politique, mais dont personne n’accordait de crédit. Il devait donc se construire un parcours dans l’adversité familiale. Et en engageant le bras de fer avec des oncles trop envahissants.

Comme la plupart des enfants du désert, il est difficile de dire avec précision où et quand est né Yaya Dillo. Dans son dossier de candidature déposé à la Cour Suprême, il est, selon cette institution, mentionné dans son acte de naissance établi par jugement supplétif qu’il serait né en 1974 à N’Djamena. Dans l’interprétation de l’arbre généalogique Tchadienne, il est par le sang, neveu des frères jumeaux Tom et Timane Erdimi parce que fils de leur cousin germain. Et par sa mère et son père, le neveu et petit-fils du président Deby Itno. Ce lien expliquerait peut-être les difficultés de freiner les ardeurs de ce neveu un peu trop ambitieux. Un peu trop rebelle.

En 1989, alors adolescent âgé de 15 à 16 ans, il rejoint la rébellion de nul autre que l’actuel président Deby Itno. Yaya Dillo était ce qu’on appelle aujourd’hui un enfant soldat. Sur le terrain, il piaffait d’impatience d’assister au combat dans la lutte contre la dictature de l’ex-président Hissène Habré. Ses supérieurs hiérarchiques, ses parents et ses amis ne voulaient pas le laisser participer aux combats. Ils lui confiaient l’ingrate tâche de garde malade et de gardien des soldats ennemis faits prisonniers. Le jeune combattant ruminait sa frustration jusqu’à l’entrée triomphale des rebelles dans la capitale tchadienne, N’Djamena.

1er décembre 1990. Après la chute de la dictature, Yaya Dillo se débarrasse de sa tenue d’enfant soldat. Il reprend le chemin de l’école sous les conseils de son entourage à la tête duquel ses oncles les jumeaux Erdimi. Assidu et studieux il est admis au baccalauréat série C scientifique.

Dans les années 98, l’immense espoir démocratique qu’a suscité l’arrivée du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) commence à s’estomper face aux réalités du pouvoir. C’est le temps de la déception et de la remise en question. L’exercice du pouvoir est difficile. Dans un pays sans grandes ressources, c’est encore mille fois plus difficile. Arriva le moment du grand départ de jeunes vers l’ailleurs. Une grosse vague d’immigration quitte le pays. Certains pour les études, d’autres pour simplement fuir une société sans espoir. Yaya Dillo choisit de partir pour le Canada. Il a la ferme intention de continuer ses études universitaires. Il s’inscrit en Génie Électrique et télécommunications à l’Université d’Ottawa. Il sort ingénieur avec deux profils.

2005-2006. C’est le retour au pays. Auréolé de ce diplôme d’ingénieur d’une prestigieuse université nord-américaine Yaya Dillo croyait être accueilli les bras ouverts par le régime. Il est surpris d’être ignoré. Pis, une pluie de reproches lui tombe dessus pour avoir écrit quelques articles critiques envers le pouvoir. Un régime qui, selon lui, prenait des décisions souvent injustes et impopulaires. Il encaissait le coup sans broncher. Sans laisser filtrer sa colère, lui qui a sacrifié son adolescence pour installer un oncle au pouvoir.

2007. Le clan au pouvoir se divise. Ses oncles, les jumeaux Erdimi sont accusés de coup d’État. Une grosse partie des militaires se rebellent. Ils gagnent le maquis aux confins du Darfour au Soudan. Yaya Dillo est parmi la troupe. Il sent son heure arrivée. Il s’impose comme porte-parole des insurgés. Il est partout sur les ondes radiophoniques, surtout la radio française RFI. Il prend goût. Il profite selon les acteurs d’antan pour créer le Socle pour le changement l’unité nationale et la démocratie (Scud), mais en réalité il est, dit-on, le faux nez des tontons Erdimi. Les vrais leaders de cette rébellion ce sont eux. Sur le terrain, un bras de fer s’engage entre lui et ses oncles. Dillo refuse de céder et réclame la paternité du mouvement. De conciliabule en conciliabule, il est éjecté. Un autre mouvement le Rassemblement de Forces pour le Changement naît sur les cendres du Scud. La bravade est faite. Elle est assumée. Yaya Dillo est arrêté. Il est prisonnier de ses oncles dans la jungle du Darfour. Il est soupçonné de vouloir saboter la rébellion en informant son autre oncle, le président Deby Itno, des faits et gestes des rebelles. Les sages de la communauté apprennent la nouvelle, ils se rendent sur le terrain et négocient. Ils n’obtiennent pas sa libération, mais il est remis aux alliés soudanais. Il est transféré à Khartoum, la capitale soudanaise. Le président Deby Itno envoie des émissaires, négocie et obtient sa libération. Il est rapatrié à N’Djamena. Et brandi comme un trophée arraché aux rebelles. Comme une preuve que la lutte armée est une aventure sans lendemain.

2008-2009. En contrepartie de son ralliement, Yaya Dillo est nommé ministre d’État au ministère de l’Agriculture, ensuite ministre des Mines et de l’Énergie. Plusieurs fois conseiller à la présidence. Il s’attelle à sa tâche, prend de l’assurance et est convaincu d’avoir un destin politique. Son étoile palie, il est éjecté du gouvernement. Il chôme quelque temps. On lui trouve un point de chute comme Représentant Résident de la Commission économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Il ne semble pas s’épanouir à ce poste. Certaines sources affirment qu’il a démissionné de cette responsabilité. Alors que d’autres disent qu’il a été remercié.

Yaya Dillo avait un objectif : légaliser le parti qu’il a créé disent ses proches pour se présenter aux élections d’avril prochain. Ils affirment que les autorités n’ont jamais voulu légaliser ce parti. L’intéressé s’est alors trouvé une mission via les réseaux sociaux (RS) : il critiquait violemment la Fondation Grand Cœur (FGC) de la Première dame Hinda Deby Itno et par ricochet dénonçait la mal gouvernance et n’épargnait pas le Maréchal Idriss Deby Itno. Cela hérissait le Palais Rose qui, selon des indiscrétions, échafaudait des plans pour le faire taire.

Ces dernières années Yaya Dillo s’est réfugié dans la pratique rigoureuse de l’islam rigoriste sans décrocher de son dada de toujours : la politique. Ceux qui le connaissent disent que la religion l’a changé. Et qu’elle lui a donné ce qui lui manquait : de la sincérité et de la détermination. Il y quelques jours il dépose sa candidature à l’élection présidentielle et alimentait sa page Facebook par ses sorties virulentes à l’encontre de la FGC. C’était trop pour le Palais.

Samedi 27 février, un scout de sécurité constitué de blindés est envoyé au domicile pour arrêter ce neveu rebelle et ambitieux. L’opération tourne au fiasco. Dimanche matin 28 février, Yaya Dillo annonce sur les RS que son domicile est attaqué. Quelques minutes plus tard, il récidive « ils viennent de tuer ma mère et plusieurs de mes parents ». Cette mort crée un chiisme et un séisme au sein du clan. Internet est coupé. La capitale tchadienne, N’Djamena est isolée du monde. Le neveu rebelle n’est pas arrêté. Il est exfiltré. Personne ne sait où il se trouve. Le Maréchal serait furieux suite à la mort de sa cousine, la mère de Yaya Dillo. Ce dernier, dit-on, brave le président soutenu par des gradés du clan. À la place mortuaire, la peine est lourde. Les N’Djamenois s’interrogent. Et lâchent dans les causeries, « Dillo serait-il le lionceau ? » La ville bruisse des rumeurs. Une seconde, Internet est encore coupé. Une seconde fois, il est encore rétabli. Les rumeurs courent toujours. Cette bravade du neveu rebelle réserve encore des surprises.

 Bello Bakary Mana

BEBZOUNE BONGORO Théophile est vainqueur des primaires de la coalition Alliance Victoire de 16 partis politique de l’opposition. Il a fait chuter le « vieux renard » de la scène politique tchadienne, Saleh Kebzabo chef de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR). Qui est celui qui osa affronter Kebzabo? Et qui lui ravit la place qui revenait naturellement à son ainé. Portrait  

Depuis un certain temps, le leader de l’opposition Saleh Kebzabo sentait un vent mi chaud, mi- frais lui souffler au cou. Il n’osait le dire mais les remontés de son fief le Mayo-Kebbi lui faisait savoir que le parti nouvellement créé par Me Bongoro chassait sur les mêmes terres que l’UNDR. L’affrontement entre les deux n’était qu’une question de temps. D’autant que Me Bongoro est lui aussi né en 1966 à Léré dans la même région que le vieux leader. L’éventuellement affrontement n’était qu’une question de temps. Kebzabo fort de son expérience et de l’implantation de son parti était sûr de lui. Me pas sûr de lui tissait sa toile dans dans la bonhommie en cachant sa détermination. Lorsqu’on l’interpellait il disait en privée que le temps du changement est arrivé.

Le parcours académique de Me Bongoro a été ordinaire comme plusieurs de sa génération. Étudiant, il est admis au baccalauréat série G1 en 1989 au Lycée Technique Commercial de N’Djamena. Il s’inscrit sans enthousiasme à la Faculté de Droit et Science juridiques à l’université de N’Djamena. En 1992, il réussi sa licence en Droit Privé Fondamental. Il se découvre une passion le Droit. En 2006, il bénéficie d’une formation de la première Université du Notariat d’Afrique Francophone de Lomé au Togo. En 2010, il décroche son Master II en Droit des Affaires.

De retour au pays, le natif de Mayo-Kebbi se consacre à sa carrière de juriste comme Notaire tout en flirtant avec la politique. Ironie de l’histoire, il fait ses premières armes à l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) dirigée alors par Dr Ramadane Weidou qui se trouve être son beau-père. Vite il prit ses distances et s’intéressait plus aux activités de la société civiles jusqu’à la fonda de sa propre formation politique en 2018, Parti pour le Rassemblement et l’Équité au Tchad (PRET), dont il en est le président. « Je n’ai jamais adhérer à l’UNDR. J’aurais dû le faire quand mon papa Ramadane Weidou était le président »

Deux ans après la création, du PRET, il intègre la coalition de 16 partis politiques de l’opposition dénommée « Alliance Victoire (AV) » le 03 Février 2021. Il est élu, à la surprise générale, candidat de cette coalition le 09 Février 202, au détriment du principal opposant Saleh Kebzabo. Pour Me Bongoro, son élection à la tête de l’AV donne une leçon à l’Afrique et apporte de corrections aux erreurs passées des opposants africains. Quelques heures après son élection des divisions ont apparu. Certains, soutiens de l’UNDR de clament l’inexpérience du candidat. Et le soupçonne d’être un satellite du parti au pouvoir.  Me BONGORO réplique, « c’est honteux de voire un parti politique de cette réputation avec un président qui à cette compétence et cette autorité puisse laisser ses militants dire des parait choses, » déplore-t-il.  Selon lui, la classe politique tchadienne, a besoin des nouveaux visages, la primaire s’est déroulée dans la transparence et sous l’égide d’un huissier de la justice. Il faudra se prendre au sérieux parce que diriger un parti, ce n’est pas rien. « Il faut une ambition à toutes épreuves pour diriger une nation », ajoute-t-il.

La politique, la notoriété, Kebzabo

« L’homme politique, c’est celui qui choisit son moment pour agir », déclare Bongoro Théophile. Pour lui, la nature humaine n’aime pas la défaite. Selon le président les personnes adultes de bonne foi qui ont décidé en leur âme et conscience de s’assoir autour d’un programme commun. Ils ont choisi librement le mode de désignation du candidat qui va les représenter, c’est du sérieux. Et ses primaires étaient libres et transparentes, dit-il. Critiqué sur le Net d’être un inconnu, le candidat de l’AV crispe son visage et lâche des coups, « je suis à la une des presses nationales et internationales. Se faire connaitre sur la scène politique n’est pas synonyme d’être présent en permanence sur les réseaux sociaux mais c’est être actif sur le terrain », dit le benjamin de la politique tchadienne comme on le surnomme. Il rajoute, « ils auraient dû commencer avec les tintamarres à N’Djamena, mais ce qu’ils ignorent faut qu’ils se renseignent pour savoir si Bongoro n’est pas connu, » ajoute-t-il.  

Interrogé sur ses rapports avec M. Kebzabo, il répond avec diplomatie « Kebzabo est pour moi, comme un papa. Il a tous mes respects, » affirme-t-il. Selon lui, gagné les primaires face à lui n’est pas un manque de respect. C’est plutôt un honneur. Pour Me Bongoro, l’opposant Kebzabo est une référence sur l’échiquier politique. « Kebzabo est une notabilité dans ma communauté qui est aussi la tienne mais il faut dire que la politique a ses réalités et comme maintenant on chasse sur le même terrain je peux être gênant pour lui un jour mais ce respect que je le voue restera toujours »

Au-delà de ses rapports avec M. Kebzabo, pour lui, le paysage politique est ouvert à tous. Chacun arrive avec son projet et ses arguments. C'est projet contre projet pour sortir notre pays de la situation dans laquelle il végète depuis des décennies. Aux dernières nouvelles, Me Bongoro a retiré sa candidature des prochaines élections présidentielles.

Djilel-tong Djimrangué

La liste des candidats à l'élection présidentielle au Tchad prévue pour le, 11 avril prochain, à été publiée, le 03 mars dernier. Sur les 17 dossiers de candidature déposés, seulement 10 ont été retenus. Cependant, au rang des candidats retenus, quelques-uns se retirent. Ialtchad s'est intéressée aux partants et non partants pour comprendre leurs raisons. Reportage

Selon le candidat de l'Union nationale pour le Renouveau et la Démocratie (UNDR), M. Saleh Kebzabo, les motivations du retrait de leur candidature sont nombreuses. Il déclare avoir envoyé une lettre de retrait  à la cour suprême avant la publication de la liste. D’après lui, la cour suprême a retenu sa candidature soit pour leur faire perdre les 10 millions de caution soit le dénigrer.  «La cour suprême est tenue de respecter le chronogramme qui s’impose à tous. Selon la CENI, la date de publication de la liste des candidats est fixée pour le 09 mars. Ce que la cour suprême vient de faire n’est pas loin d’un parjure, sinon une forfaiture», indique le candidat de l'UNDR. De son avis, c’est un désordre politique créé.

Pour le président de l'UNDR leur retrait fonde beaucoup de raisons. En réalité, dit-il, les militants du Bureau politique national (BPN) ou Bureau exécutif savent depuis un an que la participation de l’UNDR allait être hypothétique. Kebzabo affirme que le régime MPS à tout ficelé  a son avantage. L'organisation donnant lieu à la 4ème République, la création de 50 départements et 23 régions, la modification du code électoral, l’élévation de Deby au rang du Maréchal sont entre autres les motivations de notre retrait.  « On s’insurge contre toutes ces causes», note-t-il. D'après lui, la date arrêtée pour les campagnes c’est le 11 mars. «Nous avons Il y a une dizaine de jours, publié un mémorandum en douze points afin de discuter avec la CENI et le gouvernement pour qu’on se mette d’accord sur les termes d’une élection transparente. Ils n’ont pas répondu à nos doléances», informe le présent de l’UNDR.

«Candidature avec un schéma de retrait à un moment précis »

Saleh Kebzabo souligne qu’il y a eu tentative d’assassinat d’un candidat à l’élection à la personne de Yaya Dillo, le dimanche dernier. C’est la 1ere fois, déclare-t-il, en 25 ans d’élections, qu’on assiste à une telle barbarie. A partir de ce fait-là, nous irons à quelle élection s’interroge-t-il ? Selon lui, l'UNDR n’a jamais fait d’accompagnement. Depuis 2016 poursuit-il, il n’y a pas d’améliorations et la situation politique s’empire. «J’ai déposé ma candidature avec un schéma de retrait de la course à un moment précis. Mais les gens ont précipité notre décision de retrait que nous ne regrettons pas notre retrait d’une fausse élection, une mascarade électorale qui va amener des résultats catastrophiques », martèle-t-il. Sur le plan politique, l’avenir de notre pays est de plus en plus hypothétique et notre démocratie est en danger, a-t-il signifié. «Je ne suis pas candidat de l’alliance mais de l’UNDR. J’ai représenté l’UNDR dans toutes les échéances et n’ont une alliance. L’accident de l’alliance qui s’est produit, la page est tournée. Nous avons été victime d’un complot mais les militants de l’UNDR ont très tôt compris et ont décidé que l’UNDR se retire donc c’est terminer», conclut-il.

Se retirer de la course c'est aller très vite au besoin

Romadoumngar Nialbé Félix est candidat du parti Union pour le Renouveau et la Démocratie (URD). Lui contrairement à Saleh Kebzabo, estime pour sa part que, le retrait d'une candidature respecte la procédure à laquelle on a été investi. « J'ai été investi  par un congrès extraordinaire qui a regroupé les militants de l’union pour le Renouveau et la Démocratie (URD) des 23 provinces du pays. Donc s'il fallait que je me retire  il va falloir que le congrès le décide», dit-il. Selon lui, Il s'est produit le 28 février, un problème judiciaire mal géré.

C'est tragique, les tchadiens en ont encore perdus leurs vie, regrette-t-il. C'est déplorable note-t-il que cela se passe au domicile d'un candidat qui, malheureusement n'a pas été retenu. «Mais il y a eu des événements plus grave que ça au Tchad qui n'ont pas empêché l'organisation des élections. L'arrivée de la rébellion en 2006 au cœur de N'Djamena en est une illustration», argumente, Nialbé Félix. Pour lui, dit-il, se retirer de la course suite à un problème judiciaire très mal géré, c'est aller très vite au besoin. «Ceux qui sont investis  par le bureau exécutif c'est facile de se retirer mais mon cas, il n'y a pas de raison pour me retirer», a terminé le candidat partant de L’URD.

La France demande qu’une enquête publique soit ouverte sur l’incident qui s’est produit au domicile de Yaya Dillo afin de situer les responsabilités. La RFI suggère qu’il y ait une couverture médiatique équitable des candidats. L’ONU pour sa part appelle au dialogue pour une meilleure organisation des élections libres et transparentes au Tchad.

Moyalbaye Nadjasna

L’incident qui s’est produit au domicile de l’opposant et candidat à la présidentielle d’avril 2021 Yaya Dillo fait l’objet de toutes les supputations. L’opposant accuse le pouvoir de vouloir l’éliminer. Le gouvernement l’accuse de rébellion armée en ville. Reportage

La première réaction du gouvernement venait du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement Cherif Mahamat Zene. Sur les ondes de la RFI le 28 février, le ministre parle d’une interpellation qui a mal tourné. D’après lui, les éléments de la police, venus pour interpeller Yaya Dillo Djerou Betchi, ont essuyé des tirs venant de l’intérieur de son domicile. « Les forces de l’ordre ont agi en légitime défense », dit-il. Il donne un bilan de 2 morts sans préciser leurs identités. L’opposant Yaya Dillo, lui, parle de 5 membres de sa famille tués, dont sa mère.

La deuxième réaction est celle du procureur de la République près du tribunal de grande instance de N’Djamena, la capitale tchadienne, M. Youssouf Tom. Dans sa déclaration faite le lundi 1er mars, il affirme que M. Yaya Dillo fait l’objet d’une procédure correctionnelle orientée en citation directe depuis octobre 2020. « Ce dernier n’avait pas daigné comparaître », précise le procureur. Il affirme que le concerné se trouvait dans une zone difficile d’accès. Il a fallu attendre son retour à N’Djamena. Le samedi 27 février, les forces de sécurité sont allées exécuter le mandat d’amener, « n’ayant pas atteint leur objectif, le dimanche 28 février, les officiers de la police judiciaire chargés d’exécuter les mandats ont renforcé leur sécurité pour se rendre au domicile de Yaya Dillo. Ce dernier a opposé une résistance et il y a eu des échanges de tirs qui ont causé quelques morts, des blessés et des dégâts matériels, » déplore le procureur. Une enquête judiciaire est ouverte pour meurtre, coups et blessures volontaires et complicité de meurtre et de coups et blessures volontaires contre tous les auteurs, coauteurs et complices de ces infractions, informe le procureur.

La troisième et la dernière version est celle du patron de la diplomatie, M. Abba Siddick. Détails à l’appui, le ministre des Affaires étrangères a voulu convaincre les diplomates. Il a qualifié l’événement de rébellion en pleine capitale. « Les autorités judiciaires sont confrontées à une rébellion de M. Yaya Dillo qui a refusé d’obtempérer aux injonctions de la police venue lui présenter, le 27 février un mandat d’amener » dit-il.

Ensuite, il est revenu sur les faits reprochés à l’opposant. « Yaya Dillo est visé par deux plaintes déposées contre lui, pour refus de restituer trois véhicules de service après avoir quitté ses fonctions de représentant de la CEMAC, et de diffamation et insulte à l’égard de l’épouse du Chef de l’État », dit le patron de la diplomatie tchadienne aux ambassadeurs présents. Puis il est revenu en détail sur le déroulement de l’opération qui a mal tourné. 

Selon l’ambassadeur, Abba Sid Dick, au premier jour de son interpellation, Yaya Dillo, entouré de 5 hommes armés de fusil d’assaut, s’est montré hostile et menaçant. Face à ce comportement, les officiers de la Police judiciaire ont quitté son domicile. Après leur rapport à la hiérarchie, les autorités judiciaires ont instruit la Police de faire cesser cette rébellion de fait dans la capitale. C’est ainsi que le 28 février, les forces de l’ordre se sont présentées à nouveau à son domicile avec des moyens conséquents. À leur arrivée, dit le ministre, Yaya Dillo a directement ouvert le feu, blessant 3 agents des forces de l’ordre, tout en se protégeant derrière les membres civils de sa famille. Un tir de l’intérieur, précise le gouvernement, visant les forces de l’ordre a mortellement atteint la mère de Yaya Dillo. Une enquête établira les faits, promet le ministre. Le chef de la diplomatie tchadienne dit également que 3 agents des forces de l’ordre ont été blessés et 2 autres sont tués lors de l’opération.

Pour le ministre, il n’y a pas de doute. L’objectif visé par Yaya Dillo, candidat à la présidentielle, est de saboter la tenue de cette élection. « En réalité, l’objectif de Yaya Dillo n’est pas de se présenter à l’élection présidentielle, mais d’empêcher sa tenue », accuse Abba Siddick. Enfin, il rassure que le gouvernement tchadien ne laissera pas perdurer cette situation insurrectionnelle menée par un récidiviste qui refuse d’obéir aux lois. Il défie les forces de l’ordre et cherche, vis-à-vis de la communauté et la presse nationales et internationales à légitimer sa situation en se présentant faussement comme une victime. Et à provoquer des troubles graves.

Qui croire ? En attendant l’enquête ouverte pour situer les responsabilités, N’Djamena reste toujours coupé du monde. Pas d’internet, pas de SMS. Sauf les appels qui passent difficilement.

Djilel-tong Djimrangué
Allahadjim Christian  

Tôt dans la matinée du 1er mars, le domicile de l’opposant et candidat à la présidentielle d’avril 2021 M. Yaya Dillo a été le théâtre d’un incident qui a causé la mort 5 personnes. Reconstitution des faits. 

Ce matin du samedi 27 février des policiers selon le gouvernement, la garde prétorienne selon l’opposant ont fait irruption au domicile de l’opposant et candidat à la présidentielle 2021 Yaya Dillo Djerou Betchi. Sur sa page Facebook, Dillo alerte le public, « j’ai entendu des tirs devant ma porte à 3 heures du matin. À 6h des policiers entrent dans mon domicile et me demandent de les suivre. J’ai refusé, car il s’agit d’une intimidation suivie d’une violation de domicile. » Il n’a pas précisé l’objet de cette interpellation. Un peu plus tard dans la soirée, il est intervenu dans un direct Facebook pour éclaircir les motifs de cette tentative d’interpellation.

Il s’agit de l’action intentée par la première dame Hinda Deby Itno pour diffamation et injure.

Lendemain 28 février. 5 heures 14 minutes. Yaya Dillo alerte encore sur Facebook que « sa demeure est encerclée par l’armée et la police » puis « un blindé de l’armée a défoncé mon portail » et enfin « ils viennent de tuer ma mère et plusieurs de mes parents. » Selon l’opposant, 5 personnes sont mortes dans cet incident. La nouvelle s’est répandue très vite sur la toile.

9h 00. Les réseaux téléphoniques et Internet sont coupés. La capitale tchadienne, N’Djamena, est coupée du monde.

Quelques heures avant. Yaya Dillo parle sur les ondes de Radio France Internationale (RFI). Le candidat à la présidentielle accuse le pouvoir de vouloir l’assassiner. « Plusieurs éléments de l’armée appartenant au corps d’élite de la présidence ont tenté de pénétrer chez moi vers 5 heures du matin en défonçant le portail tout en tirant à balle réelle », fait-il savoir. « Ils veulent me tuer », affirme Yaya Dillo.  Pour lui, le pouvoir cherche à l’empêcher de dénoncer les systèmes qu’il a mis sur place pour truquer les élections présidentielles. Faux, rétorque le gouvernement qui parle d’une rébellion et un défi à l’autorité à l’État.

À N’Djamena, la situation est confuse après la coupure des réseaux téléphoniques et d’internet. Aucune information ne filtre. Le quartier Karkandjié dans le 5e arrondissement où réside l’opposant est quadrillé par les éléments de la Direction générale de la Sécurité et de la Surveillance Institutions de l’État (DGSSIE) et la Police. Plus tard dans la journée, la rue N’Djamenoise parle d’une médiation communautaire menée par des sages afin d’éviter un bain de sang. Jusqu’à là aucune intervention des autorités à part celle du ministre de la Communication porte-parole du gouvernement M. Chérif Mahamat Zène soutenant que M. Dillo refusait de se rendre à une convocation du Procureur de la République.

Lundi 1er mars. 16h. Le ministre des Affaires étrangères M. Amine Abba Sidick convoque un point de presse.  Il affirme, « malheureusement M. Yaya Dillo a refusé de se rendre ».

Dans la soirée, le lourd dispositif sécuritaire dans le quartier où résidait l’opposant est allégé. Plusieurs sources affirmaient que Yaya Dillo s’est exfiltré. Comment ? Mystère.  « Yaya Dillo s’est probablement échappé profitant de l’évacuation des civils. À l’heure actuelle, il n’est plus localisé et a déclaré sur les réseaux sociaux s’être caché ailleurs », dit le ministre Abba Sidick aux ambassadeurs.

Avant le ministre Abba Siddick, le procureur de la République a tenu presque les mêmes propos.

Djilel-tong Djimrangué

Le musée national est, ces derniers jours, régulièrement visité par des élèves. Ce jour du mois de février, un groupe d’élèves de plusieurs établissements privés de la capitale, N’Djamena ont visité le prestigieux pavillon qui retrace l’histoire du Tchad. Reportage.

L’ambiance ce matin dans les pavillons du musée national était bon enfant. Les élèves des écoles privées, collégiens et primaires déambulent, les yeux écarquillés de curiosité, dans les couloirs et pavillons du musée. Ils sont à la découverte de leur patrimoine national. Les encadreurs et les guides ne les quittent pas d’un pouce. Et arrivent par toutes sortes d’astuces à captiver leurs esprits. À les amener à se concentrer sur l’objectif de leur visite.

Amdam Ahmed Béchir est instituteur et enseigne l’histoire au Complexe scolaire Dar Al Salem de Diguel. Selon lui, leur établissement a organisé cette visite pour rapprocher la théorie enseignée aux élèves à la pratique. « C’est un petit groupe qui est ici. Nous leur avions conseillé de suivre avec sérieux ce qu’ils voient et entendent afin de les rapporter auprès de leurs camarades », dit Amdam. Il rajoute que cette visite permet de faire découvrir aux élèves, le vécu de leurs ancêtres et émousser leur appartenance au pays.

Mbodou Brahim Adoum, technicien arabophone du musée est le guide du groupe mené par Amdam Ahmed Béchir. Dans le pavillon paléontologie, où se trouve le crâne de Toumaï, il explique aux élèves, « Toumaï signifie espoir de vie en Gourane, une des langues tchadiennes. Il a été découvert en 2001 par un Tchadien au nord du Tchad dans le Djourab du Tibesti. L’équipe était conduite par le Professeur Michel Brunet de l’Université de Poitier en France ». Selon lui, c’est important que les élèves comprennent que le plus ancien des crânes découverts est tchadien. Et que l’ancêtre de l’humanité est Tchadien, note-t-il.

Les élèves pour témoigner de leur intérêt ont commencé par répéter à haute voix. « Nous avons vu Abel qui date de 3 millions et demi d’années, Tchadanthropus de 1 million et demi d’années, et Toumaï 7 millions d’années. Toumaï a été découvert en 2001 par le Tchadien Aounta Oudalbaye. Le crâne est ramené au pays en 2005 », crient-ils à tue-tête. Satisfaction se lit sur les visages. « Je remercie notre encadreur Amdam qui nous a conduits ce matin au musée national. Nous avons vu beaucoup des choses. Je suis très émerveillée », affirme Hawa Djibrine Mahamat, élève au Lycée-collège Dar Al Salem.

Mbodou Brahim Adoum encourage les élèves à sensibiliser leurs camarades d’emboîter leurs pas. « C’est important que les établissements scolaires publics et privés fassent découvrir l’histoire du Tchad à travers les objets d’art ».

Dans une circulaire conjointe de l’année dernière, les ministères du Développement touristique, de la Culture et de l’Artisanat et celui de l’Éducation nationale et de la Promotion civique ont commencé une campagne d’information sur la valorisation du patrimoine national. Cette note circulaire vise les élèves de la classe de 6e et 3e.

Moyalbaye Nadjasna

Une femme enceinte est vulnérable. Elle est exposée à plusieurs risques liés à son état. Un suivi sanitaire de la mère et du fœtus est indispensable. Selon les spécialistes une consultation prénatale est recommandée. Reportage.

Souvenir Pauline est Sage-femme et RCS du Centre de santé de 3 zones : Ardep-djoumal, Kabalaye et Sabangali (AKS). La cinquantaine, taille moyenne, elle est presque la doyenne des sages-femmes. Selon elle, le sujet est indispensable parce que la vie humaine en dépend. Elle signifie que, la consultation prénatale (CPN) est un processus de préparation d’une femme enceinte pour un accouchement probablement saint. La CPN dit-elle, s’étale sur quatre temps. « Le premier temps commence à partir de 4 mois quand on voit l’enfant bouger. La femme peut déjà prendre la fansidar, on lui fait un bilan de santé. Et elle se soumet à l’échographie pour voir l’évolution de l’enfant. Le deuxième temps, la femme est soumise au Vaccin anti Tétanique 2 (VAT2) puis revient 1 mois après. À 6 et 8 mois, elle revient voir son médecin. Enfin, au dernier trimestre si elle ressent des malaises elle doit revenir, même en dehors des rendez-vous », explique-t-elle.

Pour la sage-femme, la CPN est importante. Elle permet de débusquer certaines maladies chez les femmes enceintes. « Le premier, rendez-vous, c’est la CPN1, on lui fait le bilan surplace au centre de la santé », dit Mme Souvenir Pauline. D’après elle, toute femme qui veut que son bébé soit en bonne santé le fait. Lors du bilan de santé, plusieurs tests de dépistage sont effectués. Entre autres : VIH/Sida, hépatite, paludisme, tension artérielle et la glycémie pour le diabète. Pour le VIH/Sida, si le test se révèle positif, la femme enceinte est systématiquement soumise au traitement aux anti rétroviraux (ARV), déclare la Responsable du Centre de Santé.  « Cela permet de diminuer le taux de charge du virus et préserver ainsi la vie de l’enfant. A l’accouchent, les nouveau-nés sont testés négatifs. On appelle cela la prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME) ».

Pour l’hépatite B, déclare-t-elle, si le résultat se révèle positif, les nouveau-nés sont vaccinés à la naissance. Cette méthode évite la contamination de l’enfant par l’allaitement. Mme souvenir note également que le groupage sanguin est aussi effectué. Pour Mme Souvenir Pauline, si le groupe sanguin de la femme est très tôt connu, elle peut échapper aux fâcheuses conséquences psychologiques de l’enfant mort-né, les enfants qui meurent à la naissance. Pour le cas de forte tension, la femme risque une crise d’éclampsie pendant l’accouchement. Pour la glycémie, dit-elle, la femme diabétique accouche d’un gros nourrisson.

 Examens pas tous gratuits

Au centre de la santé, deux femmes sont assises. Elles attendent d’être consultées. Le centre est très calme contrairement à d’habitude. « Nous respectons les rendez-vous que les sages-femmes nous donnent » déclarent-ellesUne troisième femme assise derrière un pilier en béton du bâtiment. Elle affirme être venue sans rendez-vous pour consulter les sages-femmes pour des conduites à tenir. Elle a un malaise et fait du vertige.

Le Centre tourne à pleine capacité, mais les difficultés ne manquent pas. Certaines femmes dit-elle, respectent la CPN mais d’autres non. « Certaines femmes sont démunies. Et les examens ne sont pas gratuits à part le dépistage de VIH/Sida. Par exemple, elles ne font pas le bilan santé. Elles ne reviennent pas parce qu’elles ne peuvent pas payer les frais. D’autres ne le font pas par négligence. Des examens gratuits à la CPN, cela pourrait aider les femmes »

 « Entre temps, Expertise France nous appuyait en nous livrant des vaccins contre les hépatites. Donc le dépistage et le vaccin sont gratuits pour les femmes. Maintenant, on n’a plus un partenaire qui nous appuie », plaide Souvenir Pauline. Elle demande à l’État et ses partenaires de rendre les examens de la CPN gratuits ou de les subventionner afin d’aider les femmes. « L’accouchement est gratuit, mais si cela nécessite des produits, la femme doit acheter les médicaments. On ne se comprend pas avec les femmes. Lorsqu’elles accouchent, elle croit que tout est gratuit. Or c’est l’acte d’accouchement qui est gratuit, les produits ne sont pas gratuits ».

Ce sont les produits les produits antipaludiques et les ARV qui sont gratuits.  Il n'y a pas longtemps, l’État remettait des moustiquaires aux femmes, maintenant il n’y a rien. « En fait, une femme enceinte lorsqu’elle attrape le paludisme elle risque de tomber dans l’anémie qui provoquera l’avortement, ou un accouchement prématuré », dit-elle.

En attendant que l’État agisse, Mme Pauline demande aux hommes de prendre en charge les frais d’examens médicaux de leur épouse.  « Je souhaite aussi que les époux accompagnent leurs épouses pour voir les réalités ».

Moyalbaye Nadjasna

Il est un enseignant à part. Il est le fondateur d’une école à ciel ouvert au campement des nomades à la sortie sud de N’Djamena, capitale tchadienne. Il y enseigne gratuitement parce qu’il ne supportait pas de voir les enfants nomades sans éducation. Qui est cet enseignant qui transmet gratuitement le savoir aux enfants nomades ? Qui fait pétiller de curiosité leurs yeux et met du baume sur le cœur de leurs parents nomades ? Ialtchad Presse l’a choisi comme le Tchadien de l’année (2020). Portrait.

Il ne porte pas de blouse blanche comme le font les enseignants. Et les salles de classe qu’il a créées n’ont rien d’une classe moderne. Elles sont sur un campement des nomades de fortune où il a installé son école sous l’ombre d’un nimier. Il est dévoué à sa tâche. Il est comme disent ces nomades « notre sauveur ». On l’appelle affectueusement « mésié ». 

Il fait froid en cette matinée du mois de février. Un vent poussiéreux rafle le campement des nomades à la lisière de Walia, dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Gamaigué Watouing Léonard, vêtu d’un manteau noir enfilé sur une chemise blanche carrelée, est déjà en poste. 1m 80, teint noir, cheveux coiffés au ras et barbe taillée à la mode Fally Ipupa, Léonard prend place sur son bureau constitué d’une chaise et d’une table en caoutchouc. Il doit apprendre aujourd’hui à ses élèves à lire, compter et écrire les chiffres de 0 à 10.

Cela fait 2 ans que ce natif de Fianga, ville frontalière du Cameroun, tient cette structure de deux niveaux du cours préparatoire. Cette école « je l’ai créée par nécessité ». Il veut donner la chance aux enfants des nomades d’avoir accès à l’éducation. « J’ai été touché par le fait que ces enfants erraient sous ces arbres pendant que les autres sont en classe », affirme-t-il.

Né au milieu des années 1991, ce jeune homme a toujours le sourire. Son humilité, sa timidité et son sang-froid lui ont permis cahin-caha de mener ce projet. Son attitude d’écoute envers ses élèves bouillants et désordonnés lui permet surmonter les temps durs. Il a effectué ses études primaires et secondaires effectuées à Fianga puis a fait l’université de N’Djamena. Il est sorti avec une licence en Sciences de l’éducation en 2015. En 2017, il s’inscrit en master à l’université de Yaoundé 1 Il opte pour la Psychologie de l’éducation. Il attend la soutenance de son master 2.

Fort de ces acquis, celui qui est à l’aube de ses 30 ans n’a pas tardé à s’investir dans l’enseignement. Et à la base, l’enseignement fondamental. En novembre 2019 alors qu’il partait pour la bourgade de Toukra à motocyclette, il repère un groupe d’enfants nomades qui jouaient aux heures de classes. Il décide alors avec l’accord des parents d’implanter cette école. Il y enseigne bénévolement avec l’aide d’un condisciple, lui également diplômé en Sciences de l’éducation. « Ce qui me motive à venir enseigner ici chaque jour sont l’engouement des apprenants et la reconnaissance de leurs parents », se réjouit Léonard.

Malgré les difficultés, celui que ses élèves appellent « mésié » ne compte pas abandonner. Il veut pérenniser cette initiative. « Je suis tellement attaché à cette initiative qu’il m’est presque impossible de m’en séparer », dit-il. Et de conclure, « je crois que je n’ai pas d’autres rêves que de rester ici, même si c’est difficile ». Pour lui, avoir un gros diplôme est bien, mais c’est le savoir-faire qui compte. « Moi je ne tiens pas compte du diplôme, mais sur ce que je peux faire, ce que je peux apporter à ces enfants ».

Christian Allahadjim

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