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L’Union Nationale pour le Renouveau et la Démocratie (UNDR), parti de l’opposition a donné rendez-vous à ses militants et aux Tchadiens à la bourse du travail, lieu du départ, pour une marche pacifique pour dénoncer la tenue des élections présidentielles en avril. Reportage.

 8h du matin ce 20 mars devant chez le député et président du parti UNDR, Saleh Kebzabo sis au quartier Paris-Congo, 6e arrondissement de N’Djamena. Objectif, le voir sortir de son domicile privé et se diriger vers l’itinéraire de sa marche pacifique annoncée la veille. Mais le patriarche politique serait parti plutôt. Le parti avait fixé l’itinéraire de la marche avec comme point de départ la Bourse de Travail. Arrivée : rond-point de l’Union.

Nous prenons la direction de la Bourse du travail en passant par l’avenue Goukouni Weddey, quartier Ardep-Djoumal, 3e arrondissement. Au virage du rond-point « Oiseau », un dispositif anti-émeute est bien installé. Chemin faisant, au feu rouge de Kabalaye, nous rencontrons quelques marcheurs déroutés par la police, mais identifiables par leur casquette orange avec le symbole de la calebasse de l’UNDR. On les interpelle pour avoir des informations.

Un marcheur, militant de l’UNDR s’arrête. Question : comment la marche s’est déroulée ? Il raconte : « La police a investi la Bourse de Travail et puis a empêché l’accès. Elle s’est mise à tirer au gaz lacrymogène. On ne pouvait rien faire », dit-il. Où se trouve votre président Saleh Kebzabo en ce moment ? « Il est à la Bourse du Travail. On ne sait pas s’il a été pris ou pas », dit-il inquiet. Y a-t-il des cas d’arrestations? « Je ne sais pas, comme nous avons été dispersés, chacun s’est sauvé de son côté », explique-t-il.

Les forces de l’ordre toujours visibles devant les entrées de la Bourse du travail. Nous avons tenté en vain de joindre au téléphone M. Saleh Kebzabo. La rédaction a pu échanger avec lui par message texte. M. Kebzabo n’est donc pas arrêté.

Moyalbaye Nadjasna

C’est fait, le PARTI Coq blanc est désormais de plein pied dans la campagne électorale pour la présidentielle d’avril 2021. C’était hier soir 19 mars au stade Idriss Mahamat Ouya de N’Djamena que candidat du RNDT-Le Réveil, le parti à l’emblème Le Coq blanc a fait cocorico devant ses militants, sympathisants et alliés venus nombreux applaudir leur champion Pahimi Padacké Albert.

Cavaliers, danseurs traditionnels Gourna du Mayo-Kebbi, cris et youyous, c’est dans une ambiance festive qu’une foule de militants et alliés ont rempli le stade Idriss Mahamat Ouya. Il était 16h moins, lorsque le cortège du candidat du RNDT-Le Réveil, Pahimi Padacké Albert (PPA) franchit la piste d’athlétisme du stade. Devant, des nombreux jeunes militants empêchent le cortège d’avancer. La police est intervenue pour permettre au président du parti Coq blanc de faire le tour du stade.

Sur l’estrade, PPA, dit en arabe tchadien « nascroukou kattir, man nanssa tap hanakou al alyom», « je ne vous oublierai jamais pour votre sacrifice sous cette chaleur ». Pour lui, leur parti prône l’alternance sans vengeance. Les Tchadiens attendent la justice et l’égalité, rajoute-t-il. « Nous sommes là pour les Tchadiens qui disent dans les quartiers Iyina, trop c’est trop. Je vous ai entendu. Je vous demande de vous lever et de vous joindre à nous parce que le temps du changement est arrivé », clame, le candidat du Coq blanc. Il se dit surpris qu’au 21e siècle, dans une ville les enfants cris et acclament comme un évènement, lorsque l’électricité arrive après un long délestage. Il soutient que le gouvernement a adressé une lettre aux candidats pour leur dire qu’il y a des hélicoptères militaires à louer.  3 millions par heure, plus 750 mille francs CFA pour le pilote. « C’est un stratagème pour permettre à un seul candidat d’utiliser les moyens de l’Etat. Je demande au gouvernement de retirer immédiatement cette lettre. Sinon ce sont des biens publics à la disposition de tous les candidats », dit-il. D’après lui, il faut être courageux dans ce pays pour s’engager dans un processus électoral comme celui qui se passe actuellement. Selon M. Pahimi, le boycott ne peut mener au changement souhaité par les Tchadiens. « Sur cette terre, rien n’est éternel. Même le souffle que Dieu nous a donné sera retiré un jour. Aucun pouvoir n’est éternel et aucun homme n’est irremplaçable ».

Innovations et perspectives du RNDT-Le Réveil

Dévoilant son programme politique, il dit que les Tchadiens ne veulent pas une paix armée. Mais une paix où le tchadien du nord et son frère du sud sont main dans la main, sans conflit. Il dit rassembler le peuple tchadien autour de la valeur de justice et égalité citoyenne. PPA veut résoudre le problème des fractures sociales et du système de gouvernement. Il suggère que le vice-président soit élu au même titre que le président et le gouvernement approuvé par le parlement. Cela, afin d’éviter aux ministres d’être des simples garçons de courses. L’armée nationale sera reformée pour prendre en compte tous tchadiens de toutes les contrées du pays, une véritable armée nationale avec une mission républicaine. PPA affirme que l’emploi des jeunes est sa principale préoccupation. « Je commencerai avec les formations liées aux besoins du marché de l’emploi ». Une autre innovation dit-il, l’anglais qui sera intégré comme 3e langue officielle au Tchad. Car affirme-t-il, c’est une langue internationale.

L’ancien premier ministre affirme qu’il fera les états généraux de l’Éducation, il réévaluera les moyens d’études des étudiants tchadiens. Il entend redéfinir les conditions d’attribution des bourses. Car relève-t-il, les 16 mesures de 2016 ne sont pas éternelles. Des campus universitaires seront construits. L’accès à la Fonction Publique se fera par voie de concours, aménager les impôts des entreprises qui génèrent des emplois aux jeunes. La femme sera au cœur de l’action publique, promouvoir la femme rurale, améliorer ses conditions de vie, encourager la scolarité de la jeune fille. La femme doit être une citoyenne pleine et forte, déclare le candidat du parti le Coq blanc. Sur le plan économique, il promet de réinstaurer le climat des affaires pour attirer les investisseurs. « Investir les revenus des minerais dans les secteurs prioritaires notamment, l’éducation, la santé et diversifier l’économie », dit-il. Ces revenus permettront de créer des chaines de valeurs dans le domaine agropastoral.

Moyalbaye Nadjasna

 

Le président et candidat du parti UNDR Saleh Kebzabo ne compte toujours pas participer à l’élection présidentielle d’avril prochain malgré son maintien par la Cour suprême. Conséquence, son parti boycotte cette élection. Reportage

« Je proclame haut et fort que je ne suis pas candidat à cette élection bidon ». C’est par ces mots que le candidat de l’Union nationale pour le renouveau et le développement (UNDR) Saleh Kebzabo a, une fois encore, fait part de son retrait de la course à la présidentielle d’avril 2021.

Lors de la conférence de presse dont il a animé ce 19 mars 2021, le président et candidat de l’UNDR est revenu sur les conditions qui ont conduit à son retrait. Il a aussi annoncé les actions que son parti entend mener. Sur le retrait de sa candidature, Saleh Kebzabo explique que celle-ci a été assortie de 12 conditions qui n’ont jamais été examinées par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ni par la Cour suprême et moins encore par le gouvernement. L’attaque du domicile du candidat déclaré Yaya Dillo est devenue le point majeur qui a cristallisé sa décision. « La lecture de cet événement est claire : le président Déby ne lésinera sur rien pour conserver le pouvoir, y compris de tuer, fut-il, un proche », dit le président de l’UNDR. Rien ne garantit une élection libre, selon le leader de l’UNDR. « Dans des conditions pareilles, peut-on parler d’une élection transparente, sincère, loyale et inclusive. La réponse est non », a martelé M. Kebzabo.

Une forfaiture de la Cour Suprême selon Kebzabo

Suite à l’événement au domicile de Yaya Dillo, M. Kebzabo dit avoir décidé de se retirer définitivement de la course. Malheureusement la Cour suprême n’a pas tenu compte de sa lettre de retrait estimant qu’elle est adressée trop tard. La Cour a décidé que Kebzabo reste bel et bien en lice. La Céni à son tour imprime les spécimens. Kebzabo ne s’y reconnaît pas et qualifie de « forfaiture » la décision de la Cour suprême. « Je ne comprends pas pourquoi la Cour veut m’obliger à participer aux élections alors que je ne le veux pas », s’est agacé le candidat. Il affirme que la Cour Suprême poursuit un objectif inavoué. Pour ses avocats, la Cour a violé plusieurs dispositions de la Constitution et du code électoral. « Le fait que la Cour suprême s’empresse de publier la liste des candidats avant la date indiquée est déjà contraire à la loi portant code électoral », affirme Me Frédéric Dainonet. 

Un appel au boycott et à la marche pacifique

Déterminé dans un premier temps à empêcher la tenue des élections, le candidat de l’UNDR a modéré son langage lors de la conférence de presse qu’il a organisée. « C’est un mandat de trop. Notre souhait est que ces élections n’aient pas lieu. Mais il n’est pas question d’en empêcher sa tenue par la violence », dit l’opposant historique. L’UNDR affirme privilégier le dialogue. En attendant, le mot d’ordre est de boycotter la présidentielle comme elle l’a fait en 2011. « Au-delà, nous menons une campagne de boycott en demandant à la population de ne pas participer à ce simulacre qui ne mérite aucune considération ».

Le chef de l’UNDR a invité les candidats encore en lice de se retirer de ce cirque électoral. Pour lui, le président sortant doit écouter son peuple qui a soif du changement. « Prenez le temps d’organiser une vraie élection et passez pacifiquement les commandes à votre compatriote qui sera, une fois dans notre histoire, démocratiquement élu », conseille Kebzabo à Déby.

Ce 20 mars, le candidat de l’UNDR dit répondre à l’appel des jeunes qui sont déjà dans les rues. « Nos enfants nous invitent à les rejoindre. Nous répondrons à leur appel », affirme Kebzabo. Sur son compte Facebook, il définit l’itinéraire de sa marche. Départ : bourse du travail. Arrivée : rond-point de l’union. Cette marche, initiée par une coalition des partis politiques et d’associations de la société civile est interdite par le ministère de la Sécurité publique.

Pendant la période des questions-réponses, une question est posée au leader de l’UNDR : « Si à la proclamation des résultats, vous arrivez 2e au second tour, allez-vous vous jeter dans la course ? » Réponse : « C’est une situation improbable ».

Saleh Kebzabo semble déterminé à ne pas participer à l’élection présidentielle d’avril prochain.

Christian Allahadjim

 

Lorsque j’ai vu les images du président candidat Deby Itno, une seconde après sa publication, coude contre coude avec le chef des Transformateurs Succès Masra, je l’ai montré à un cousin. Il me répond : « Non, ces images sont truquées ». Je lui réponds, « non, elles sont authentiques ». Une autre personne entre dans la pièce. Il regarde les images, il a la même réaction, « non, c’est un montage ».

Un débat s’engage. Je leur dis « a priori, un président qui rencontre son compatriote, il n’y a rien de plus normal. Sauf que le timing est mauvais pour le jeune leader. Et excellent pour le Maréchal ».

Mes deux interlocuteurs lâchent, « tu as raison », mais ils avaient l’air sonné. Pourtant ils ne sont ni membres ni sympathisants des Transformateurs. Ils aimaient simplement l’audace de M. Masra. Ils sont déçus. « Il est comme les autres politiciens, je le présentais. », conclut une troisième personne qui s’est jointe à la discussion.

Voilà. Le génial Maréchal tacticien et stratège, président et candidat sortant vient de réaliser un coup fumant en s’appuyant avec succès sur Succès. Il vient d’effacer son « Damboula présidentiel » et a atténué « la bavure Dillo »

Le chef des Transformateurs vient par cette rencontre de rentrer dans la catégorie de « tous les mêmes », enfin peut-être...

Ensuite, la toile apprend la nouvelle et s’enflamme. Les internautes ont pris d’assaut les réseaux sociaux (RS) pour, en majorité, dénoncer M. Masra. Dans la précipitation, les Transformateurs ont tenté de faire barrage face au feu des critiques. C’était du parler pour parler.

Le lendemain : Conférence de presse au QG des Transformateurs. J’ai écouté et j’ai regardé avec beaucoup d’attention M. Masra accompagné de son Bureau Exécutif sur les RS. Certains ont la tête du mauvais jour. Il y a visiblement du gène dans les regards. La communication du chef était dispersée et surtout elle ne disait rien de plus que la veille. C’était de la redite. J’ai eu le sentiment qu’il parle trop. Il parle tantôt comme un gourou. Oui le gourou de la secte des transformateurs. Tantôt, comme un nationaliste entonnant les premiers mots du premier ver de l’hymne national tchadien : « Ta liberté… ». Et les autres membres du parti complètent le ver « …naîtra de ton courage ». Il y a quelque chose d’hallucinant.

Je ne le comprenais pas. Si j’étais là, je l’aurais certainement interpellé sur sa méthode de presbytérien. Une nouvelle religion est-elle née?

Il enchaîne son introduction avec des « la Terre promise », « Moïse », « Desmund Tutu », « Mandela », « De Klerk », « Martin Luther King » et tutti quanti pour nous convaincre que les Transformateurs ne sont pas un parti comme les autres, mais des « dialogueurs, des solutionneurs ». J’étais perdu. Succès et ses lieutenants sont sur leur comète. Ils parlent d’eux. Pour eux. À eux.

Les Tchadiens veulent qu’il explique le « pourquoi maintenant ? » de cette rencontre. Et s’il reconnaît avoir commis une erreur en acceptant de rencontrer le président Deby à ce moment précis. Mais tout cela lui passait par-dessus la tête.

Pourtant, les erreurs de Succès Masra sont nombreuses. Mais le public lui donnait l’avantage du doute. Et surtout donnait la chance au coureur parce qu’il représente la relève comme Yaya Dillo d’ailleurs.

Il en a commis des erreurs….

Première erreur : adopté la ligne dure avec ses marches et ses critiques acerbes. Aller rencontrer le président presque en catimini, il ne fallait pas. Il devait au moins annoncer la nouvelle avant d’aller à cette rencontre. Cet oubli voulu ou pas, a laissé un goût amer à ses admirateurs et aux Tchadiens.

Deuxième erreur : à quel titre est-il allé rendre visite à celui qui tire les ficelles de la non-reconnaissance de son parti?

Troisième erreur : Masra dans sa communication dit que le président le reconnaît enfin. Il affirme que le président demande qu’on arrête d’emmerder son parti. Il cherche donc la légalité et la légitimité à la présidence. Est-ce la bonne adresse? J’en doute…

Quatrième erreur : le jeune leader dit demander le report de l’élection présidentielle. Très bien. Est-ce qu’il faut le faire à la présidence? N’est-il pas plus indiqué de revendiquer l’annulation de cette élection devant les institutions en charge et devant les médias?

Cinquième erreur : cette rencontre précipitée avec le président et candidat Deby Itno a semé le doute chez les autres chefs de parti. Surtout dans le rang de la nouvelle génération qui demande un dialogue inclusif.

Enfin, après la conférence de presse, les Transformateurs et leur chef ne mesurent toujours pas les dégâts de cette rencontre improvisée. Une rencontre qui a permis au Maréchal d’apaiser les tensions. De baisser les pressions diplomatiques de plus en plus fortes sur son régime. Succès Masra a commis une boulette pour parler vulgairement. Il a servi sciemment ou inconsciemment d’oxygène à un pouvoir à bout de souffle, en bout de course. Pis, il n’en a même pas conscience.

Masra fait comme si rien ne s’est passé en appelant à une nouvelle marche. Sortez de votre bulle M. Succès. Le doute s’est installé. Il faut maintenant le dissiper en donnant des solides gages. Les Tchadiens n’en peuvent plus. Et n’en veulent plus de cette pratique « politicienne » de la politique.

Bello Bakary Mana                                                                                  

La Hama a, par décision, rappelé à l’ordre la direction de l’Onama pour violation des règles encadrant la couverture de la campagne électorale.

C’est le premier avertissement de l’organe régulateur dans le cadre de la couverture médiatique de la campagne électorale. Et l’organe visé n’est pas n’importe lequel. L’Office national des médias et de l’audiovisuel (Onama), un regroupement des médias d’État.

En fait, la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama) reproche à l’Onama de faire la propagande du candidat de l’alliance consensus Idriss Déby Itno, par ailleurs président de la République. Pour preuve, la Hama cite les comptes-rendus diffusés aux journaux télévisés du 11 et 12 mars.

Ces comptes rendus ont porté sur la cérémonie de remise des chèques d’un philanthrope aux jeunes entrepreneurs, sur la visite des chantiers du gouverneur de la province de Guerra, sur la rencontre des cadres du MPS du Chari-Baguirmi, sur le point de presse du chef de mission de la campagne du MPS de la Tandjilé ainsi que la déclaration du parti Alnassour. Le 12 mars 2021, l’Onama récidive en diffusant les comptes rendus sur l’érection en commune du village Wargala dans la sous-préfecture de l’Ennedi, et sur le lancement des travaux de bitumage de l’axe Diguel-Angabo dans le 8e et 10e arrondissement de N’Djamena.

Vu ces griefs, la Hama conclut que l’Onama a violé l’article 18 de la décision portant respect des principes d’équité, de pluralisme et d’équilibre de l’information par les médias publics et privés pendant la période de la campagne électorale pour la présidentielle d’avril 2021. Ledit article dispose que : « Sont interdites pendant la période de la campagne la programmation et la diffusion et/ou publication par les médias publics et privés des manifestations publiques, des cérémonies solennelles, de tournées, de cérémonies officielles d’inauguration ou de remise de dons organisées par des personnalités publiques, des chefs de partis, militants de partis et/ou candidats, des associations ou ONG dont les activités sont susceptibles d’être assimilées à de la propagande électorale. »

En décidant de rappeler à l’ordre l’Onama sous peine de sanction, la Hama dit agir conformément à l’article 10 de la loi portant ratification de l’Ordonnance portant attributions, organisation et fonctionnement de la Hama.

Par cette décision, l’Onama est le premier organe à être dans le viseur de la Hama dans ce contexte électoral.

Christian Allahdjim 

Les médias privés menacent de se retirer de la couverture de la campagne électorale. En cause, le manque d’un accompagnement de la part du gouvernement. Gambaye Armand Djegoltar donne des précisions.

Le communiqué date du 14 mars. Dans ce communiqué, le consortium des télévisions privées, l’union des radios privées et le patronat de la presse menacent de se « retirer purement et simplement de la couverture médiatique de la campagne électorale ». Raisons évoquées : le manque d’un appui quelconque aux médias pendant cette période et le non-versement du fonds d’aide à la presse depuis des années.

Ce lundi 15 mars, Gambaye Armand Djegoltar, point focal de ce regroupement, a fait des précisions sur leurs points de revendication et a donné un premier aperçu des démarches menées.

Le fonds d’aide à la presse, a tenu a rappelé le point focal, est une résolution de la conférence nationale souveraine de 1993. « Au sortir de cette conférence, il a été décidé de donner un souffle nouveau à la presse. D’où le fonds d’aide à la presse comme subvention de l’État », a-t-il fait mention. Malheureusement, souligne Gambaye Armand, ce fonds n’a pas été versé aux bénéficiaires depuis quelques années. Malgré cela « nous avons continué à fonctionner à nos manières », poursuit-il.

Sur la question d’appui aux médias en cette période électorale, Gambaye Armand souligne que la couverture de la campagne électorale nécessite des moyens colossaux. Et que laisser les médias pour compte est absolument grave.  Plus grave, dit le point focal, il y a une ségrégation qui se pratique. « Nous ne pouvons pas accepter qu’un média encaisse 120 millions, un autre 60 millions et même pas un 10 000f à une radio qui est plus proche de la population », peste-t-il.

Autres précisions, le point focal de ce regroupement reconnaît que leur cri de cœur ne s’adresse pas à la Hama, mais plutôt au président de la République. « Nous avons choisi délibérément de nous adresser au président de la République estimant que la situation nécessite une réaction urgente », précise-t-il. Sur la période choisie pour brandir des revendications, Gambaye Armand trouve que l’événement vaut la mesure. « Il est question de prendre des dispositions avant et non après la campagne », justifie-t-il. Le point focal balaie d’un revers de main l’idée de boycott de la campagne électorale. « Nous n’avons pas l’intention de boycotter, mais si nous n’avons pas les moyens nous ne pouvons faire autrement », se défend-il.

L’ultimatum de 48 heures accordé aux autorités de satisfaire les différentes revendications court jusqu’au 16 mars. Et là déjà, les choses bougent dans le bon sens selon Gambaye Armand. « Des contacts ont établi avec les responsables de la Hama. Et ces contacts disent que des démarches sont en cours et que très rapidement les fonds seront débloqués », communique Gambaye Armand.

Les médias sont certes des entreprises. Même s’ils ont à perdre en se retirant de la couverture de la campagne électorale, Gambaye Armand affirme que revendiquer un droit est un devoir. « Les médias sont des entreprises. C’est absolument vrai et clair. Mais n’empêche de réclamer un droit qui est légalement accordé pour le développement de la presse ».

Christian Allahadjim

Le président du parti les Transformateurs, Dr Succès Masra a rencontré la presse, hier 17 mars dans son QG sis à Abena. Cette conférence de presse fait suite à sa rencontre la veille avec le président Idriss Deby Itno au Palais présidentiel. Cette rencontre a soulevé un tollé sur les réseaux sociaux tchadiens. Reportage.

Il est 10 h passé lorsque le président des Transformateurs commence sa conférence de presse en entonnant « ta liberté naîtra de ton courage » un ver de l’hymne national tchadienne. Ses militants reprennent en chœur la phrase. C’est la plus belle phrase du monde et s’applique dans tous les domaines, précise-t-il. Nous ne négocierons pas, le samedi prochain nous allons marcher, lance Dr Succès Masra. Pour illustrer leur lutte, Masra raconte l’histoire de prophète Moise, en mission en Égypte pour libérer les enfants d’Israël en esclavage. Selon lui, il a eu plusieurs dialogues avec Pharaon en lui infligeant des plaies. Cela est impossible jusqu’à ce que cela soit fait, dit Nelson Mandela, rajoute Masra.

Selon Dr Succès Masra, l’objectif de la rencontre avec le président Idriss Deby a consisté à parler de la transition et de l’alternance. « Pour être transparence, nous avons publié sur notre page Facebook l’information. Pour moi c’est de l’humilité, mais aussi de la grandeur. Le président Deby Itno a dit qu’il est un humain, qu’il peut mourir à n’importe quel moment. Bref, qu’il n’est pas éternel. Pour lui, la discussion a commencé par un constat et le président Deby a avoué qu’il suit régulièrement les Transformateurs sur les réseaux sociaux. « Je lui ai répondu que les transformateurs le suivent aussi littéralement. »

D’après le président des Transformateurs, le Tchad a des problèmes et eux (les transformateurs) de « solutionneurs ». « Nous sommes allés avec une bonne foi pour écouter. Il a juré la main sur le cœur dont il n’a jamais reçu les correspondances qu’on lui a envoyées. Nous lui avons cité les noms des membres de gouvernement qui ont reçu la correspondance avec décharges, explique-t-il.

2h d’horloge entre Deby Itno et Masra pour se parler. Pour M. Masra, jamais au Tchad on a combattu un parti pour sa reconnaissance comme c’est fut le cas des Transformateurs, dit-il. « Nous avons dit au président qu’il est le garant de la loi et séance tenante il a dit devant nous tous que les Transformateurs sont un parti totalement légal et personne ne doit nous emmerder ». Il déclare que son rôle en tant que président des Transformateurs est d’inscrire le parti dans la durée. « Nous ne sommes pas naïfs, il faut croire aussi qu’il le dit avec bonne foi ». Dr Succès affirme que les transformateurs ont insisté sur le dialogue national, la réconciliation, la protection de l’avenir de tous les Tchadiens y compris les anciens présidents, etc.

Le chef des transformateurs a souligné avoir demandé au président de surseoir à la campagne et reporté les élections. Il rajoute avoir demander de dialoguer, de définir un nouveau calendrier avec des nouvelles institutions pour créer des conditions ou tout le monde peut conquérir aux élections.

Libérer les militants

Dr Yombatinan Sitack Beni, Vice-président, c’était rendu à Krim-krim et Donia dans le Logone occidentale pour s’enquérir de l’arrestation de certains de leurs militants.  Le leader a demandé que les jeunes de Moundou arbitrairement gardés en prison. Pour le président des Transformateurs, le droit de marcher c’est le premier droit après le droit de ramper.

 Aux questions des journalistes, pourquoi n’avez-vous pas proposé un autre candidat plus âgé pour vous remplacer? Le poste de vice-président ne vous a-t-il pas été proposé? Pourquoi vous n’avez pas annoncé publiquement votre invitation par Deby? En résumé, le président des Transformateurs clame la discrétion. À l’en croire, même s’il devient président il ne dirait pas certaines choses. Même pas à son épouse. Et si elle est mécontente, elle peut être libre de le quitter. En conclusion, il affirme être allé dire au président Deby Itno que le temps de l’alternance est arrivé.

Moyalbaye Nadjasna

Donc la campagne électorale a commencé officiellement depuis quelques jours. Le candidat et président sortant Idriss Deby Itno rempile pour la 6e fois. Oui, vous l’avez bien lu. C’est la 6e fois. Dans un autre pays, le débat sur la candidature du candidat Deby Itno aurait fait débat. Pas au Tchad où l’attentisme et la paresse intellectuelle en sont les ADN. Bref la précampagne était injuste. Et la campagne électorale actuelle est terne et déséquilibrée. Pourquoi?

D’abord, la précampagne. Elle a duré quelques semaines. Il n’y avait que pour le président Deby Itno. Il a fait le tour du pays, posant une seconde première pierre sur la première pierre d’il y a 5 ans. Promettant les mêmes routes et les mêmes infrastructures d’il y a 6 ans. Le même disque rayé. Les mêmes endroits. Le même discours. Le Kaftan et le turban du raïs dépassaient un peu trop. Personne ne croit. Ces promesses sont insensées parce qu’électoralistes. Et tenez-vous c’était en pleine période de la Covid-19 et du couvre-feu. Seul, le Maréchal et son parti, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) étaient autorisés à braver le méchant coronavirus. Un film tragicomique où le scénario étaient écrit d’avance avec des acteurs qui s’affranchissaient allègrement des toutes les règles du plateau. La mise en scène était tellement grossière que le premier quidam aurait compris que c’était une campagne électorale avant l’heure. Une campagne déguisée en tournée présidentielle. Elle était injuste et inéquitable. Surtout que les médias publics comme des enfants de la chorale du dimanche étalaient sur les ondes, payés par tous les Tchadiens, cette grossière campagne. Tant pis alors pour les esprits naïfs qui croient qu’il suffit d’être président candidat pour réaliser des miracles. Simplement parce que même si le Maréchal Président Candidat veut, il ne peut rien, car les caisses de l’État sont vides.

Ensuite, la campagne officielle a démarré depuis le 11 mars. Le paysage politique est terne. Plusieurs poids lourds politiques se sont retirés de la campagne. Quelques poids légers sont dans la course. Pour combien de temps? Peu d’entre eux ont les moyens de continuer à battre campagne. La plupart sont, comme le disait un politologue, « des accompagnateurs ». Bien avant le déclenchement officiel la tension sociale avec la plateforme syndicale revendicative était un caillou dans la chaussure du président. Le caillou s’est métastasé. Il est partout dans le corps du candidat. Deby Itno ne s’est surtout pas aidé en continuant à verrouiller l’espace public empêchant l’expression de la société civile, de certains acteurs politiques et comme si cela ne le suffisait pas il a double-verrouillé Internet. L’affaire Yaya Dillo a été la gaffe de trop qui a permis de tout déverrouillé tellement la bavure était indéfendable. Le Maréchal s’est retrouvé, dans cette affaire, à découvert et sans troupe tout en offrant à Dillo une stature de brave opposant. Cette aventure montre deux grandes faiblesses du président : soit il n’a pas de bons conseillers autour de lui. Soit il n’écoute que lui-même. C’est là le danger d’un pouvoir seul. Et d’un système sclérosé par l’usure du pouvoir. Deby Itno apparaît alors comme le dirigeant d’un système qui n’a toujours pas compris que le bébé né en 1990, à son arrivée au pouvoir, est un adulte de 30 ans. Un adulte qui n’a aucune perspective devant lui à part être militaire et avec un peu de chance être fonctionnaire de l’État. Mais de quel État?

Le 13 mars. Jour de lancement de campagne du candidat du consensus Idriss Deby Itno. Lieu : au stade Idriss Mahamat Ouya. Les Tchadiens ont vu et entendu un candidat véhément, presque martial. Il a arrosé d’une insulte vulgaire ses adversaires politiques. Et a qualifié certains hommes politiques des officines au service de l’étranger. Une sortie qui donne le ton d’une campagne sans relief où les arguments ont laissé la place à l’improvisation. C’est à se demander si le candidat a un programme. Elle a parasité 1h de discours. Le public ne parle que cette injure. Elle semble être la seule vilaine idée restée gravée dans la mémoire du public. Tout le Tchad en parle. Les internautes tchadiens tournent le tout en dérision.

Enfin, le parti au pouvoir le MPS ne semble pas être un vrai parti. C’est un assemblage d’hommes et de femmes qui ne produisent aucune réflexion après 30 ans au pouvoir. Cela se sent. Cela se voit. Cela s’entend. Il suffit de discuter avec ses leaders pour comprendre qu’ils sont dans une impasse. Le MPS n’est finalement qu’une bannière où les plus opportunistes écrasent les plus travaillants. Et les plus roublards enfarinent les plus honnêtes. Plus personne ne sort du lot. Les uns par crainte d’être écartés. Les autres sont occupés à meubler la taverne du Maréchal à coup des « présidents fondateurs » et des « grâces à votre clairvoyance ». Ce manque de débat patent au sein du parti fera-t-il, enfin, revenir le Maréchal sur la confiance qu’il accordé à ses amis politiques incapables de lui proposer un programme et de le défendre. Ils sont fort probablement en train de conduire le candidat Deby Itno vers l’abîme. Parce qu’il n’y a aucune tête pour réfléchir et produire des idées innovantes. Ils préfèrent produire des éloges « gondwanaises » à la Mahamane. Entre temps, les Tchadiens ont évolué. Ils n’attendent rien du candidat président. Ils ont appris à le connaître depuis 30 ans. Il a désappris à les connaître depuis 30 ans. Dans cette élection, le candidat Deby Itno doit regretter n’avoir en face de lui que des poids plumes de la politique. Il compte certainement sur un fort taux de participation pour se consoler. Les Tchadiens se bousculeront ils le 11 avril devant les bureaux de vote? Surtout que plusieurs organisations politiques et de la société civile s’organisent pour appeler au boycott. Le Maréchal fait le pari de gagner cette bataille électorale avec un fort taux de participation. Cible presque inatteignable tellement cette campagne est terne et morose.

Bello Bakary Mana 

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