Mahamat Nour Ibedou Secrétaire Général de la Convention tchadienne de défense des droits de l’homme (CTDDH), est réhabilité dans ses fonctions, par une décision de la Cour d’Appel de N’Djamena, ce 21 mai. Qu’est-ce qui a motivé cette suspension?
Mahamat Nour Ibedou dans un échange téléphonique a relevé à la rédaction qu’il n’a pas été suspendu pour cause de malversation financière. « L’organisation n’a même pas d’argent. Il y a de cela une année, M le défunt président Idriss Deby a demandé à son ministre de la justice de m’arrêter. Pour qu’il arrive à organiser ses élections, il faut que je sois destituée de la CTDH. Le ministre ne sachant que faire a demandé au juge de me suspendre sans raison », explique-t-il. Selon le SG de la CTDDH, l’ancien Garde de Sceaux M Djimet Arabi s’est décarcassé pour monter un membre de la CTDDH, « détourneur » du fonds la CTDDH contre lui. « Ce monsieur a porté plainte contre moi à la justice, un prétexte. En principe quelqu’un qui a été chassé d’une organisation ne peut pas porter plainte. Et les juges du Tribunal de la grande Instance ont pris une ordonnance, nous avons fait opposition d’appel avec notre avocat, mais l’ordonnance a été encore confirmé et nos avocats ont interjeté l’appel de la Cour d’Appel », dit M. Ibedou. Il rajoute, comme le système judiciaire est dans la poche de feu Deby Itno, le président de la Cour d’Appel M. Timothée a préféré retarder le dossier pour ne pas se prononcer jusqu’à ce que la décision de réhabilitation soit prise ce 21 mai 2021.
« Pour ma réhabilitation, disons que le premier argument, c’est d’abord le fait que les gens qui donnent de l’ordre n’existent plus. Donc le juge avec l’arrivée de M. Ahmat Mahamat Alabo, qui a dit que les juges sont libres de dire le droit, le juge de la Cour d’appel a dit le droit sans crainte et sans un ordre quelconque », affirme le SG de la CTDDH. Selon lui, sa réhabilitation n’est pas un évènement, car il travaillait toujours comme SG de la CTDDH malgré sa suspension. « Je n’avais pas accordé de la considération à quoi que ce soit. Pour moi, ils ont réparé la bêtise de ceux qui ont fait ça », confie Ibedou.
Autre sujet, autre position. D’après lui, dans leur nouvelle organisation Wakim Tama, ils ne reconnaissent pas le Conseil militaire de transition CMT. Pour lui, le système Deby est toujours-la. « Je suis sûr qu’il va y avoir une reprise en main de la Justice. Il faut vraiment du temps pour que les choses se remettent au niveau de la justice. A mon avis, les membres de gouvernement n’ont pas assez de pouvoir avec ce CMT-là. M. Alhabbo avait dit qu’il faille libéré les manifestants arrêtés, mais jusque-là ils ne les ont pas été libérés, ce qui prouve que le CMT est tout puissant », martèle-t-il. Espère que les juges vont respirer, poursuit-il.
De la politique à la société civile
Mahamat Nour Ibedou est né en décembre 1956 à Mongo dans la province du Guera au centre du pays. Du mouvement politico-militaire à la défense des droits humains. Préoccupé par la dictature d’Hissène Habré, Ibedou intègre alors le Mouvement politico-militaire Mosanat, le Mouvement pour le salut national du Tchad qui s’est opposé au régime de Habré.
Huit mois plus tard, Mosanat signe un accord avec un groupe rebelle dirigé par le colonel Idriss Deby Itno pour former le Mouvement patriotique du salut (MPS). Ensemble ils chassent Hissène Habré du pouvoir un jour du 1er décembre 1990. Mahamat Nour Ibedou sera le tout premier chef de mission du président Deby. Mais deux ans plus tard, en 1992, Bledou n’aperçoit aucun changement. Il claque la porte du MPS.
En 2011, il décide d’abandonner la politique pour militer dans la société civile en créant avec quelques autres personnes la CTDDH, une organisation de défense des droits humains. Il milite et préside à sa destinée depuis plus de 10 ans.
Moyalbaye Nadjasna
Toukra, banlieue sud de la capitale tchadienne, N’Djamena. Sur le site des sinistrés du 9e arrondissement, les victimes d’inondations et du débordement des eaux des fleuves Chari de 2020 sont encore présents sous quelques tentes de fortunes. Et pourtant, le gouvernement avait demandé à la mi-janvier 2021, à chaque sinistré de regagner son domicile. Que disent ceux qui sont encore sur ce site et qui disent être des sinistrés? Que répondent les autorités responsables du dossier? Ialtchad Presse est allé rencontrer les deux parties. Reportage.
Ici c’est Toukra, un des quartiers du 9e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. Ce 21 mai, l’horloge indique 10 heures passées d’une trentaine de minutes. Une brume de poussière enrobe la ville alors qu’on roule vers le site des sinistrés. Non loin se trouve une station de pompage. Tout autour, c’est calme. Sur place, pas de doute qu’un nombre important de personnes sont présents. Sont-ils de vrais sinistrés? En effet, la plupart des sinistrés après un périple dû à l’inondation et au débordement des eaux des fleuves Chari en 2020 ont quitté le site pour retourner chez eux.
Mais le calvaire des infortunés n’est pas totalement tourné. Des tentes de fortunes sont toujours visibles. Des familles y vivent. Ils reconnaissent la décision des autorités leur demandant de quitter le site, mais disent-ils, « nous ne savons où aller. Et à quel Saint nous vouer. » Ce séjour prolongé met les sinistrés dans des réelles difficultés. Ils s’organisent tant bien que mal pour trouver de quoi manger pendant la journée, affirment-ils. « Nous vendons des produits variés tels que l’arachide, les gâteaux, le carburant, juste pour notre quotidien. » Désespérés et désemparés, d’autres sont pliés en deux sous leurs tentes ou allongés à la longueur de la journée sous l’ombre des arbres. « Ce n’est pas un plaisir pour nous de continuer à y rester, nous sommes dépourvus de moyens financiers. C’est vraiment difficile comme vous le constatez. Nous sommes peut-être même abandonnés », se lamente un sinistré. D’après lui, ils attendent toujours les autorités municipales de la commune du 9e arrondissement qui ont promis leur trouver où les loger. Denis Kaigo, un sinistré soutient pour sa part qu’ils ont eu la semaine dernière, la visite du maire de la commune du 9e arrondissement. « Lors de sa visite, les agents communaux ont fait le recensement de tous les ménages qui sont restés encore sur le site. Mais depuis ce jour, il n’est plus revenu », confie-t-il.
« Ce ne sont pas de vrais sinistrés… »
Selon le maire du 9e arrondissement, M. Mahamat Saleh Kerima, la plupart de ces personnes soient disant sinistrés, ne sont pas de vrais sinistrés. « Ce sont des personnes sans-abri, des locataires qui ont profité de la situation pour bénéficier avec les sinistrés de plusieurs dons, vivres et autres aides octroyés par le gouvernement et les ONG. La dernière fois, une ONG de la place leur a fait un don des matériels de construction pour les accompagner, mais ces personnes sont toujours là », dit-il. D’après lui, cette situation peut être une source d’insécurité. « Au niveau de la commune du 9èmearrondissement, en commun accord avec notre département sous tutelle, nous avons recensé 237 ménages. À l’issue de ce récemment, nous avons décidé d’accompagner ces personnes, mêmes si elles ne sont pas des sinistrés afin qu’ils quittent ce site », conclut-il.
Allarassem Djimrangar
La vente du carburant à la sauvette est très répandue à travers les grandes artères de la ville de Ndjamena, capitale tchadienne. Fait nouveau : une activité génératrice des revenus investie de plus en plus par les femmes. Reportage
Le nombre des femmes vendeuses du carburant dans la ville de N’Djamena va croissant depuis un temps. Elles ne sont pas cachées. Elles sont très visibles aux abords de grandes voies publiques. Il n’y a pas de critère d’âge. Elles sont de toutes les catégories d’âges. C’est avec détermination et courage qu’elles se livrent à cette activité risquée sous un soleil très accablant. Certaines vendeuses s’approvisionnent à Kousserie, dans la ville camerounaise voisine, d’autres s’approvisionnent aux stations en ville. Le prix de la bouteille vari proportionnellement au prix d’achat. Un litre et demi est vendu entre 750, 800 et 900 FCFA, et le litre à 600FCFA.
Khadîdja Acheik, la vingtaine révolue, a plus de 4 ans dans la vente du carburant notamment l’essence. Elle prend le risque pour s’approvisionner depuis Kousserie, dit-elle. « Là-bas, nous prenons le litre et demi à 750 et nous le revendons à 800 FCFA pour un bénéfice de 50 FCFA par litre. Je vends par jours 10 à 20 bouteilles. Je le fais tout pour assurer la ration de ma maisonnée ». Une autre vendeuse qui requiert l’anonymat, affirme qu’elle n’a jamais pris le carburant de Kousserie. Elle souhaite que le prix à la pompe soit revu à la baisse comme celui de Kousserie, « les clients cherchent toujours le moins cher ».
Bebi Dassou exerce ce métier depuis trois ans. Elle habite au quartier Abena, dans le 7e arrondissement. Selon elle, son mari est malade, elle s’adonne à cette activité ici à Farcha pour pouvoir joindre les deux bouts. « Ce qui me fait mal, c’est la mairie qui n’a pas pitié de nous. Leurs agents viennent ramasser parfois toutes nos bouteilles. C’est difficile, mais on se remet entre les mains de Dieu, car nos vies dépendent de lui seul.» Addjidé, la plus expérimentée a commencé à vendre le carburant depuis 17 ans. Pour elle, c’est difficile d’amener le carburant de Kousserie, les douaniers sont toujours à leurs trousses. Depuis lors dit-elle, elle préfère s’approvisionner sur place dans les stations. Elle gagne 50 à 100 FCFA pour assurer la survie de sa famille.
Nous redescendons à l’avenue Charles de Gaule, nous rencontrons une dame d’environ 60 ans, elle s’appelle Denise. « Cela fait presque deux ans que je vends les carburants. Si c’est cher ou pas, nous cherchons les bénéfices pour répondre à nos besoins. Je gagne 1000 ou 2000 par jour c’est l’essentiel » explique-t-elle. Pourquoi ce dernier temps les femmes semblent plus nombreuses que les hommes dans cette activité. Denise affirme que les agents de la mairie voire la douane lorsqu’ils voient les hommes avec le carburant c’est de la fraude et ils arrachent systématiquement. Les femmes au moins sont un peu favorisées, c’est pour cette raison peut-être que certains hommes se sont retirés.
À en croire ces femmes, il n’y a pas de sot métier pourvu qu’il nourrisse son homme ou sa femme. « C’est pénible avec la chaleur, mais nous n’avons d’autre choix que de nous battre pour nourrir nos familles », disent-elles.
Younous Sidick Abakar
Dans une interview accordée à Ialtchad Presse, l’écrivaine camerounaise Djaili Amadou Amal, lauréate du prix Goncourt des lycéens 2020, décline son identité et retrace le chemin de sa victoire littéraire. Entrevue.
Qui est Djaili Amadou Amal?
Je suis écrivaine, camerounaise et lauréate du prix concours des lycéens 2020. Je suis venue qu’aujourd’hui à Ndjamena pour présenter mon roman intitulé « Les Impatientes » publié au Cameroun sous le titre de Mougnal, la patience.
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez été déclarée gagnante du prix littéraire du concours lycéen?
Vous savez durant tout le pré concours a été un processus. Il y a d’abord eu une présélection sortie en septembre et j’étais la seule africaine sur la liste mais aussi la première fois qu’un africain est sur la liste du Goncourt. Ce n’était plus moi seule mais je me suis dit c’est notre Goncourt. Et on peut être fier de nous lorsqu’on arrive jusqu’en finale. Je suis une preuve vivante que la littérature africaine qui est une littérature de qualité quand bien même que nous n’avons pas assez de moyens. Mais nous sommes honorés en termes de qualité et il faut qu’on continue à écrire. Nos gouvernements doivent avoir une vraie politique du livre. Avoir des imprimeurs, des vraies maisons d’édition, un vrai circuit du livre, des libraires en Afrique centrale, on n’a pas encore ce dispositif. Et cela freine la distribution des livres et sa disponibilité. Partout en Afrique on continue de dire que les africains ne lisent pas. Mais comment voulez-vous qu’on lise si on n’a pas de livre sur le terrain. Surtout en zone CEMAC, pour faire rentrer les livres au Tchad ça a été très compliqué. Or les livres devraient circuler librement et être moins chers pour que nos enfants puissent se les procurer. Ça ne doit pas être un produit de luxe mais de première nécessité.
Un mot sur les valeurs peules
La communauté Peule est une communauté très chaleureuse. L’association international des peuls Tabital Poulaaku a toujours encouragé tous les peuls et ceux qui se démarquent positivement. Ce prix-là, il est d’abord africain mais aussi la fierté de tous les Peuls. Nous avons de valeurs très nobles, de fraternité, d’accueil, de pudeur, de patience, de dignité, de maitrise de soi, du don positif de soi et des autres.
Qu’est-ce qui a joué à votre faveur pour rempoter ce prix?
La sensibilité, l’authenticité du texte et la gravité du sujet, mais peut-être la simplicité aussi. Mais dans tous les cas, les lycéens ont beaucoup aimé le livre et la preuve est que dans d’autres pays aussi nous avons gagné le choix du concours de la Tunisie, la Serbie de Royaume Uni
Les impatiences, est-ce une autobiographie?
Ce n’est pas vraiment une autobiographie, mais mon livre est inspiré de la réalité mais aussi de ma propre histoire et celle des autres.
Qu’est-ce que vous mettez en exergue dans votre roman?
Un message particulier, il faut que les femmes connaissent leur place, savoir identifier leurs problèmes et apporter des solutions pour que le monde change afin d’arrêter les violences faites aux femmes.
Quel message entendez-vous passer aux jeunes lycéens que vous avez côtoyés pendant votre séjour au Tchad?
C’est l’Institut français au Tchad IFT qui m’a invité. J’ai eu ensuite une rencontre avec les lycéens et collégiens au CEFOD. C’était juste un appel à une prise de conscience sur la situation de la femme et de la jeune fille. Comment prévenir les violences faites aux femmes. Le premier mari de la femme, c’est son diplôme.
Vous venez de dire que vous êtes invitée par IFT, comment appréciez-vous votre séjour au Tchad?
J’ai répondu tout de suite oui à l’invitation parce que c’est d’abord un pays voisin et frère. Je me sens chez moi et cela me fait vraiment plaisir. Je ne regrette pas du tout d’être là. Mes livres sont désormais disponibles à la librairie la Source. Certains lycées les ont déjà achetés pour leur bibliothèque. J’espère que les jeunes filles voudraient bien me prendre comme un modèle positif. Une fille peut avoir des rêves et peut bien les réaliser.
Quel plaidoyer pouvez-vous faire des femmes ou filles victimes des violences ?
Je dirai aux parents de ne pas envoyer leurs petites filles en mariage trop jeunes. Elles risquent de revenir à leur charge. Laisser les filles continuer leurs études, les prévenir de toutes formes de violences. Je propose beaucoup de sensibilisation et de causeries éducatives au Tchad pour faire passer le message. Pour les jeunes filles, je pense que nous avons reçu une éducation à respecter nos ainés et les parents. Ce sont des très grandes valeurs. On doit les conserver, instaurer le dialogue avec les parents. Et ça ira pour le mieux. A l’État, je crois que des lois existent déjà au Cameroun comme au Tchad. Le mariage est fixé à la majorité qui est de 18 ans. Il faut que sur le terrain, cette loi soit appliquée et que l’État ne doit pas tout permettre. C’est à cause de l’impunité qu’il y a beaucoup de victimes.
Propos recueillis par Moyalbaye Nadjasna
Le ministre de la Défense, Daoud Yaya Brahim et le procureur de la République Youssouf Tom ont rendu visite ce vendredi aux prisonniers de guerre détenus à la maison d’arrêt de Klessoum.
C’est une visite d’imprégnation que le ministre de la Défense, Daoud Yaya Brahim a effectué ce vendredi 21 mai à la maison d’arrêt correctionnel de Klessoum. Accompagné du procureur de la République près du tribunal de grande instance de N’Djamena, Youssouf Tom, le ministre de la Défense est allé constater les conditions de détention des prisonniers de guerre du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact).
9h16mn début de la visite. Dans le carré des détenus mineurs, des éléments du Fact faits prisonniers sont regroupés en deux groupes. Habillés certains en civil, d’autres en tenue militaire, ces prisonniers apparaissent les visages fatigués. Bien que le lieu dans lequel ils sont détenus soit propre, il se dégage tout de même des odeurs nauséabondes. Sous un hangar, le personnel soignant s’active à panser les plaies des blessés.
Prenant la parole, le ministre de la Défense indique que cette visite est la résultante de la promesse qu’il avait faite aux hommes des médias de les inviter à venir constater de visu les conditions de détention de ces prisonniers de guerre. « Aujourd’hui c’est chose faite », déclare-t-il, face à la presse. Selon lui, cette visite permettra de balayer les accusations portées contre l’armée tchadienne pour des cas de bavure ou d’élimination systématique des rebelles faits prisonniers. « Notre armée a été dénigrée sur les réseaux sociaux. Mais c’est le lieu de confirmer ici qu’elle est respectueuse du statut de prisonnier de guerre. L’armée tchadienne est respectueuse du droit international humanitaire », affirme le Général des corps d’armée Daoud Yaya Brahim.
En tout, 494 prisonniers de guerre sont détenus à la maison d’arrêt correctionnel de Klessoum, selon le décompte. Parmi ceux-ci, 95 mineurs sont dénombrés. « Respectueux des accords signés entre le Tchad et l’Unicef, ces mineurs seront immédiatement à leurs familles pour leur réintégration sociale », a fait le Général des corps d’armée Daoud Yaya Brahim (applaudissements des prisonniers). Pour le reste, ils seront remis à la disposition de la Justice, confie le ministre.
D’après des sources sanitaires de la maison d’arrêt de Klessoum, près de cent blessés reçoivent des soins réguliers sur le site. « Des cas jugés préoccupants sont référés à l’hôpital militaire à N’Djamena », dit un personnel de l’infirmerie. Selon le procureur Youssouf Tom, deux cas graves sont actuellement hospitalisés à la garnison. Il faut, malheureusement, déplorer trois morts, dont deux naturels et un de suite des blessures, a indiqué le procureur. D’après lui, la procédure enclenchée et le droit sera dit.
Rappelons que, ces prisonniers de guerre ont été capturés lors des opérations dans le nord-Kanem entre le 18 et le 26 avril.
9h40, fin de visite.
Christian Allahdjim
La ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’innovation, Lydie Béassoumda, a effectué jeudi 20 mai, une visite inopinée au campus universitaire de Toukra. Lors de cette visite, elle a failli être lynchée par les étudiants. Chronique d’une visite qui a mal tourné.
Ce vendredi 21 mai, à 9h d’horloge, une brume de poussière sur la capitale tchadienne, N’Djamena. Nous sommes à Toukra. À l’entrée principale, les forces de l’ordre sont visibles, « l’accès au campus est interdit », nous dit un policier en dirigeant son arme sur nous. Après une discussion, l’homme en treillis, nous permet d’entrer. Un silence de mort règne sur le campus. Rien ne bouge, à l’entrée de décanat, l’on voit des vigiles, des policiers, des carcasses de véhicules cabossés et calcinés, des morceaux de pierres, et de bâtons. La violence avait fait rage. Les stigmates sont encore visibles. Une scène inouie de désolation.
11h, c’est l’alerte. Les étudiants se mobilisent du côté d’Ardebdjoubaml et Farcha, ils revendiquent la libération de leurs amis arrêtés par la police hier lors des de la manifestation. La police descend sur le terrain et les disperse à coups de gaz lacrymogène.
L’Union Nationale des Étudiants du Tchad (UNET), section de N’Djamena, par son secrétaire Exécutif Adjoint Azibert Malloua anime un point de presse pour dénoncer cet acte qu’elle qualifie de barbarie. Selon le Secrétaire Exécutif de l’UNET, l’Université doit être un exemple de savoir et un foyer des promotions de la non-violence. Ce comportement peu orthodoxe dit-il, « l’UNET exprime son regret et promet œuvrer pour la restauration de la quiétude en milieu universitaire,» rassure le secrétaire Exécutif Adjoint. M. Azibert Malloua met en garde ceux qui se cachent derrière les étudiants pour atteindre leurs objectifs. Pour permettre la restauration de la quiétude en milieu universitaire et la relance des cours, il demande la libération des étudiants arrêtés.
Chronique de la veille…
Tout est parti d’une visite de madame la ministre de l’Enseignement supérieur de la recherche et de l’innovation dans les locaux du campus universitaire de Toukra. Il est 12 heures passées, lorsque le cortège du ministre a fait son entrée. Reçu par les doyens, la ministre et sa suite sont montées au décanat. Informés, les étudiants très vite se concertent et lance d’assaut. « Obligeons la ministre de nous signer l’ordre de rétablissement de notre bourse, » clament les étudiants. Très vite, les choses prennent de l’ampleur. Ils, les étudiants, commencent par dégonfler les pneus de la voiture du secrétaire d’État du ministère de l’Enseignement, s’en suit de celle du ministre. Alertées, les forces de l’ordre ont fait une descente musclée sur les lieux pour essayer de calmer la situation. Le président des Universités de N’Djamena arrivé sur le théâtre de la scène est violemment accueilli par les manifestants, sa voiture est partie en fumée, raconte l’un des délégués de la chambre des étudiants de Toukra présent au moment des faits.
Cet acte a fait réagir les autorités à suspendre les cours jusqu’à nouvel ordre sur le campus universitaire de Toukra. Le porte-parole du gouvernement de transition M. Abdramane Koulamallah, dans un communiqué paru hier dans la soirée, condamne ces actes inadmissibles dans un État de droit, dit-il. Selon le gouvernement, les auteurs de cet acte de forfaiture seront identifiés et poursuivis. « D’ores et déjà, les forces de l’ordre ont appréhendé certains individus impliqués dans ces actes scandaleux et elles continuent leurs investigations pour retrouver leurs complices, » dit le porte-parole. Selon lui, une plainte sera déposée auprès du procureur de la République. « Le gouvernement tient ce fait comme extrêmement grave et ne saurait tolérer ces dérives. Il resterait ferme vis-à-vis des casseurs, » conclut le porte-parole.
Le Syndicat national des Enseignants Chercheurs du Supérieur (SYNECS), condamne ces actes tout en s’indignant de la violation de ses locaux par les forces de l’ordre.
Il faut le rappeler que cette situation n’est pas pour la première fois au campus de Toukra. L’on se souvient du cas de l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur, Mackaye Hassan Taisso qui a failli il y a quelques années être lynché par les étudiants qui lui imputent la paternité de la suppression de la bourse.
Djilel-tong Djimrangué
Allarassem Djimrangar
Depuis le 17 mai 2021, la lauréate du prix concours des lycéens 2020, Djaili Amadou Amal de nationalité camerounaise séjourne au Tchad. Invitée par l’Institut Français du Tchad IFT, elle a eu des échanges avec plusieurs entités au cours de son séjour. Hier, 20 mai elle était à la Librairie la Source, dernière étape de séjour et séance de dédicace de son roman intitulé « Les Impatiences ». Beaucoup de personnes présentes se sont procuré les livres. Reportage
« Les impatientes », est un roman de 252 pages paru à édition Emmanuelle Collas. Ce livre de l’écrivaine camerounaise âgée de 45 ans, traite du mariage forcé et précoce, du viol conjugal et de la polygamie à travers le destin des trois femmes. Djaili est Peule, musulmane originaire de Maroua dans la région camerounaise de l’extrême nord où elle a situé son roman. Elle a quitté en 1998 un milliardaire de 50 ans qui l’avait épousé lorsqu’elle n’avait que 17 ans. Son rêve premier c’était de devenir journaliste.
Selon Ngartara Ngaryangué Marius, Directeur de la Librairie la Source, la Librairie la source c’est un lieu privilégie normalement de dédicace des livres. Il affirme que le choix du lieu pour la dédicace du livre de Mme Djaili à double sens. D’abord le déplacement du public, qui connaît déjà Mme Djaili Amadou Amal à travers son premier livre, « L’art de partager un mari », et aujourd’hui avec « Les Impatientes ». Deuxième chose, pour certains c’est la première fois de découvrir la librairie. « Nous pensons qu’ils seront nos potentiels clients. Mme Djaili a écrit déjà trois livres, « L’art de partager un mari », « La mangeuse d’âmes » et l’actuel primé de Gonconcourt des lycéens 2020, « Les Impatientes », dit-il.
D’après M. Mahamat Alhadji Abba Nana, 1er vice-président de l’association Tabital Poulaaku Tchad, Djaili Amadou Amal est pour lui, une sœur. « On s’est organisé pour venir voir cette séance de dédicace et acheter son œuvre littéraire. Ces livres sont titrés en langue peule. Le Mougnal qui signifie patience, le waaldé qui signifie le tour, lorsque vous êtes un polygame, ça fait le tour de chacune de vos femmes. Le troisième c’est Mistiridjo qui veut dire sorcier. On est très honoré », explique-t-il, tout souriant. Pour le vice-président de l’association des Peuls, elle a remporté un prix très important pour une jeune dame de son âge. C’est un honneur pour son peuple, pour les Africains et tous les Peuls, se réjouit-il. « Les femmes souffrent et malgré cela, elle supporte avec patience. Cela fait partie de quatre qualités du peuple peul. Le peul de nature est patient », déclare Mahamat Alhadji. Il fait observer qu’avant les gens s’abonnaient beaucoup dans les bibliothèques, mais aujourd’hui, l’Internet et la télévision ont ralenti cet engouement à la lecture. Selon lui, le livre est très nécessaire, « il nous véhicule notre histoire et maintient notre identité africaine. Je conseille aux jeunes de s’adonner plus à la lecture », conclut-il.
Un exemple positif à suivre…
Un étudiant de l’université HEC-Tchad. Mahamat Bar Ali, a aussi le goût de la lecture. « Je suis venu acheter le livre de Djaili et lui souhaité bon arrivée au Tchad. Je n’ai pas l’habitude de lire les romans, mais c’est seulement cette année que je m’intéresse au livre. C’est très intéressant. J’encourage les jeunes tchadiens à lire » confie-t-il-t.
Kodjineloum Toidibaye Grâce, Miss Littérature Tchad 2020 n’est pas du reste. Pour elle, « Les impatientes », est un roman captivant en contenu. C’est un exemple d’engagement littéraire pour la cause féminine dans la zone subsaharienne, dit-elle. La Miss Littérature Tchad 2020 rajoute que, Mme Djaili est une voix forte des femmes qui subissent les violences basées sur le genre. « J’ai lu tout le roman, il traire des thèmes tels que, le mariage précoce, le mariage forcé, le viol, la situation de la femme dans le sahel », démontre Mademoiselle Grâce. Elle encourage les jeunes filles à se battre pour leurs rêves, à être indépendantes. C’est un véritable plaidoyer pour l’ autonomisation de la femme, affirme la Miss littérature Tchad 2020. Kodjineloum Toidibaye Grâce envisage emboîter les pas de Mme Djaili qui est, selon elle, un exemple positif.
Moyalbaye Nadjasna
Les pensionnaires de la Caisse Nationale des Retraites du Tchad (CNRT) ont campé ce 21 mai devant le Ministère de Finances et du Budget, pour exiger le paiement leurs primes de transport, leurs primes départ et les arriérées des pensions. Ils ont été reçus par le ministre Tahir Hamid Nguilin qui a promis de régulariser leurs pensions et ses avantages dans les jours à venir.
Ce sont des personnes du 3e âge qui tiennent à peine sur leurs deux jambes qui ont bloqué les entrées du ministère de Finances ce matin. Certains assis à même le sol d’autres, plus courageux s’appuient sur leurs cannes. Déterminés, ces anciens fonctionnaires sans activités et qui ne vivent que de leurs pensions demandent à rencontrer le ministre de Finances pour discuter de leur sort. Il s’agit de retard de paiement des primes de transport et les arriérés de pensions qui sont à l’origine de leur mécontentement. Pour certains, le ministre de finances doit être clair sur les conditions et la durée de paiement de leurs primes et pensions. Pour d’autres c’est le retard répétitif observé dans le paiement. « Nous sommes fatigués de la lenteur dans le traitement des dossiers des pensions des retraites. Cette manière de faire nous accable. Cela fait déjà des années où certains retraités n’ont pas perçu leurs primes de départ. Pourtant leurs dossiers sont réguliers. Le ministre doit nous dire clairement aujourd’hui les raisons qui motivent ce retard » dit un retraité.
Selon le témoignage des pensionnés, une discussion houleuse avec les forces de l’ordre à l’entrée a forcé le ministre à les recevoir en audience. Pour le porte-parole des retraités, Alladoumngar Tédengarti, le ministre de Finances leur a signifié que les frais de transport ne regardent pas la Caisse nationale des retraités du Tchad. C’est plutôt, au ministère de Finance et du Budget de s’en occuper, et cela, dans les meilleurs délais. « Vous savez, il a fallu faire le une occupation des lieux ce matin pour rencontrer le ministre. Nous lui avons parlé de nos frais de transport et des indemnités de départ . La situation sociale des retraités n’a pas été aussi perdue de vue dans nos échanges. Le ministre nous a rassuré que ça serait payé. Et il va instruire la direction de la solde d’essayer toutes nos situations », explique-t-il.
D’après le porte-parole des retraités, ils ont demandé au ministre que leurs pensions soient payées chaque mois. M. Alladoumngar Tédengarti rajoute que le ministre leur a rassuré que leurs doléances seront aussi prises en compte.
Les retraités disent rester vigilants, car disent-ils, entre la parole et l’acte il y a un grand écart. Leur lutte mentionnent-ils, va être menée jusqu’à la satisfaction totale.
Ils demandent en conséquence aux autorités de tenir a leurs paroles afin d’améliorer les conditions des retraités qui sont à un pas de la mort. « Écoutez, dès qu’il y aura une fausse note, nous ne manquerons pas de rafraîchir la mémoire des autorités responsables de nos dossiers en l’occurrence le ministre de Finances et du Budget », conclut le porte-parole des retraités.
Une Assemblée générale est prévue demain dit-il pour rendre compte de leur audience avec le ministre de Finances et du Budget a la base.
Mitan Maxime
Younous Sidick Abakar