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Le film « Lingui » du cinéaste tchadien, Mahamat Saleh Haroun a été retenu pour la 74e édition du Festival de Cannes du 6 au 17 juillet 2021. Le long-métrage sorti en 2020 a été retenu parmi les 24 films en lice pour la Palme d’Or et la sélection officielle. Retour sur ce film avec Ialtchad Presse.

« Lingui, les liens sacrés », est un film qui raconte l’histoire d’Amina, mère d’une adolescente, nommée Maria. Celle-ci, âgée d’une dizaine d’années est tombée enceinte précocement. Dans les faubourgs de N’Djamena au Tchad, Amina vit seule avec Maria, sa fille unique de 15 ans. Son monde déjà fragile s’écroule le jour où elle découvre que sa fille est enceinte. Cette grossesse, l'adolescente n’en veut pas. Dans un pays où l'avortement est non seulement condamné par la religion, mais aussi par la loi, Amina se retrouve face à un combat qui semble perdu d’avance.

Dans ce film, on retrouve l’acteur fétiche du cinéaste, Youssouf Djaouro avec qui il a remporté la Palme d’Or ainsi que, Achouackh Abakar, Rihane Khalil Alio. Le film sera dans les salles en  janvier 2022.

Qui est Mahamat Saleh Haroun ?

Mahamat Saleh Haroun est un réalisateur tchadien, le tout premier, vivant à Paris en France depuis 1982. Il est né en 1961 à Abéché, dans la province du Ouaddaï. Mahamat Saleh Haroun a fait des études de cinéma à Paris au Conservatoire libre du cinéma français. Il a aussi une formation en journalisme à l’Institut universitaire de Technologie (IUT) de Bordeaux. Ce qui lui a permis de travailler pour plusieurs quotidiens régionaux de France. En 1991, il réalise son premier court-métrage « Tan Koul », mais c’est son second film « Maral Tanié » réalisé en 1994 qui le révèle au monde. Ce film raconte l’histoire du mariage forcé de la jeune Halimé avec un homme d’une cinquantaine d’années. Contrainte par ses parents au mariage, la jeune femme se refuse à son mari. Mahamat Saleh Haroun réalise son premier long-métrage « Bye Bye Africa » en 1999.

En 2001, il réalise « Letter from New York City », un court-métrage avec lequel il obtient la même année le prix de la meilleure vidéo au 11e Festival du cinéma africain de Milan. Le second long-métrage « Abouna », en 2002 a remporté le prix de la meilleure image au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).

Le cinéaste tourne ensuite un documentaire « Kalala ». Ce film est le portrait intime d’Hissein Djibrine, un proche du réalisateur décédé en 2003 du Sida. Hissein Djibrine avait produit les deux premiers longs-métrages du cinéaste, et Mahamat Saleh Haroun est profondément touché par cette disparition.

En 2007, il réalise « Daratt » l’histoire du jeune Akim, âgé de 16 ans qui quitte son village pour N’Djamena, dans le but de venger son père. Ce film remporte, l’étalon de bronze de Yennenga, ainsi que le prix de la meilleure image au Fespaco. En 2008, il reçoit le titre de chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.

Son quatrième long-métrage réalisé en 2010 s’intitule « Un homme qui crie ». Le film est sélectionné en compétition officielle lors du Festival de cannes et remporte le prix du jury. Ce long-métrage raconte l’histoire tragique d’un homme et de son fils que la guerre civile au Tchad va séparer. Pour ce film, Mahamat Saleh Haroun reçoit le prix Robert-Bresson à la Mostra de Venise. Ce prix récompense les cinéastes ayant une œuvre significative par sa sincérité et son intensité en faveur de la recherche du sens spirituel de notre vie. En 2016, il est à nouveau à Cannes pour présenter son film de témoignages « Hissein Habré, une tragédie tchadienne » qui donne la parole aux victimes du régime d’Hissein Habré, président de la République du Tchad de 1982 à 1990.

Mahamat Saleh Haroun a été ministre du Développement touristique de la culture et de l’Artisanat du Tchad du 5 février 2017 au 8 février 2018. Le mois du livre et de la lecture est à mettre à son actif. Tout le mois du novembre est dédié à la lecture. Il a écrit son premier roman « Djibril ou les ombres portées » publié en 2017 chez Gallimard.

Allarassem Djimrangar

Une délégation de l’Union africaine (UA) conduite par le président de la commission Justice, Paix et Sécurité séjourne dans la capitale tchadienne, N’Djamena. La mission a été reçue par le ministre des Affaires étrangères ce jeudi.

À défaut de l’arrivée du Haut représentant de l’UA, Ibrahima Fall, c’est une délégation de la commission Justice, Paix et Sécurité de l’UA qui est arrivée ce. Elle est conduite par l’ambassadeur Bankolé Adoeye, et a été reçue par le ministre des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene ce vendredi 8 juillet. Au menu des discussions, le processus d’accompagnement de l’UA à la transition en cours au pays.

Le président de la commission Justice, Paix et Sécurité, Bankolé Adoeye a réaffirmé la volonté de l’UA à épauler le Tchad en cette période difficile. La rencontre était à huis clos, personne ne sait pas si la question du Pr Ibrahima Fall a été évoquée lors de cette rencontre. Celui qui a pour mission d’assister la transition en cours au Tchad attend toujours le feu vert de N’Djamena pour venir prendre contact avec les autorités de la transition.

Le 25 juin, ce haut représentant de l’UA devait séjourner au Tchad. Mais N’Djamena a présenté une fin de non-recevoir à sa demande arguant qu’il n’a pas été consulté sur ce choix. Les rapports se sont refroidis ces derniers jours entre la commission de l’UA et les autorités de N’Djamena. Pour le ministre tchadien des Affaires étrangères, il n’y a aucun problème entre l’institution panafricaine et le pays de Toumai ni même avec la personne d’Ibrahima Fall. « Il est question de préalable », a-t-il indiqué au micro de la Deutch Wellen. Apparemment la venue de cette délégation est de nature à apaiser la tension.

 

La cohabitation semble difficile entre les chefs de carrés 14 et 35 du quartier Ngone Baah village, situé derrière le cimetière chrétien de Toukra, dans le 9e arrondissement de la ville de N’Djamena. Raison de leur litige : un terrain appartenant à une tierce personne sous-loué à un commerçant entrepreneur, vendeur du sable et de remblais. Reportage.

Les chefs des carrés 14 et 35 du village Ngone Baah, dans la commune du 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, sont à couteau tiré. La pomme de la discordance :  un terrain appartenant à une dame, utilisé par un entrepreneur pour stocker du sable et de remblais. Pendant des années, ce terrain privé était utilisé par les jeunes du quartier pour jouer au football. Mais cette année, avec l’approche de la saison des pluies, un commerçant entrepreneur s’est approché du chef de carré 14 pour lui demander l’autorisation de stocker sa marchandise. Ce dernier obtient l’aval du chef carré, mais l’autorisation est aussitôt contestée par le chef de carré 35. Pour le chef de carré 14, le commerçant qui cherchait un terrain vide s’est approché de lui pour avoir l’autorisation d’utiliser le terrain pendant cette saison de pluie en contrepartie d’une somme d’argent ou de remblais. « Le terrain appartient à une femme, c’est son mari qui le lui a acheté. Le commerçant était venu me demander l’autorisation pour stocker son sable, j’ai appelé la dame pour l’informer et elle a accepté », explique le chef de carré 14, monsieur Bételem Jérémie Béssingar.

Monsieur Béssingar se dit surpris du comportement de son collègue, du carré 35. « C’est la propriétaire du terrain qui a donné l’ordre au commerçant pour utiliser le terrain, ce n’est pas moi », précise ce dernier, avant d’ajouter que ce n’est pas un terrain de l’État. Le chef de carré 14 balaie du revers de la main les allégations de son collègue du carré 35. Au sujet de l’insécurité que ce tas de sable pourrait éventuellement constituer, monsieur Bételem Jérémie Béssingar, affirme que le stockage du sable ne constitue pas un danger pour les habitants du quartier. « Pour tirer au clair la situation, j’ai demandé au délégué du quartier de venir faire le constat, et c’est fait. Le délégué lui a intimé l’ordre de cesser de perturber les gens », explique-t-il. Les habitants de Ngone Baah, surtout ceux du carré 14 et 35 ont toujours vécu en harmonie pendant des années, mais avec le stockage du sable et de remblais, la mal-compréhension semble opposer leurs deux chefs.

 « Je cherche une collaboration pacifique avec les autres chefs de carrés du village Ngone Baah, c’est moi-même qui ai proposé au délégué le jeune frère pour être le chef de carré 35. Jusqu’à présent, il n’a pas encore obtenu le document, mais il agit dans l’illégalité », s’offusque-t-il. Monsieur Béssingar indique que le chef de carré 35 a une mauvaise réputation dans le village Ngone Baah, et que le délégué du quartier se plaint tout le temps de son écart de comportement. Selon lui, sur les 12 chefs de carrés que compte le quartier Ngone Baah, le chef de carré 35 est le seul type qui a un écart de comportement et cela lui a valu le sobriquet de « mal garé ».

Pour le gardien et beau-frère de la propriétaire du terrain qui est à l’origine du différend entre les deux chefs de carrés, c’est un problème de manque de communication. Il estime que le chef de carré 35 n’a pas cherché à se renseigner avant de mobiliser les gens. « Ce terrain est acheté depuis 1988, c’était la brousse, c’est moi qui utilisais pour labourer avant que les services cadastraux ne viennent tracer les routes » dit le gardien monsieur Mbaihamné Christoph. Ce dernier relate que le commerçant et la propriétaire se sont entendu avant que les camions Benz ne viennent déposer le sable. « Le commerçant et ma belle-sœur se sont entendu et qu’en contrepartie, le commerçant doit déposer trois Benz de terre d’une valeur de 105.000F CFA. » précise-t-il. Monsieur Mbaïhamné souligne que c’est lui-même qui a montré les limites du terrain au chauffeur, tout en lui disant de les respecter.

Le contre-pied du chef de carré 35

Le chef de carré 35 M. Mbaïro Kiramian prend le contre-pied en indiquant que le stockage dans un quartier qui n’a pas de canalisation ne doit pas être géré par les chefs de carrés. « C’est la mairie du 9e arrondissement qui doit donner l’autorisation et non un chef de carré, moins encore un individu », rétorque-t-il. Selon lui, c’est un stockage anarchique qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour les populations dans les jours à venir. Monsieur Mbaïro a par ailleurs précisé que, la démarche entreprise va certainement léser les riverains si l’on ne se dépêche pas de creuser une canalisation pour permettre à l’eau de pluie de circuler normalement. Toutefois, il faut préciser que les reporters du journal ialtchad ont constaté que le stockage n’a pas obstrué la voie publique.

Le village Ngone Baah, un quartier de la commune du 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, serait créé en 1930 par les pêcheurs Ngambaye venant des villages de Béladja et de Mbaouroï dans le Logone Occidental. Ngone Baah qui signifie petit fleuve en Ngambaye. C’était le bras du Chari qui s’est asséché et devenu une carrière derrière le quartier Ngone Baah village.

Jules Doukoundjé

Nommé le 2 juin haut représentant de l’Union africaine (UA) auprès du Tchad, Pr Ibrahima Fall s’est vu refuser d’accès au Tchad. Motif, les autorités de N’Djamena arguent que l’UA ne les a pas officiellement notifiés sa nomination. Qui est ce diplomate sénégalais qui semble faire peur aux autorités de la transition ? Portrait.

Il a pour mission « d’accompagner la transition au Tchad ».  Pour cela, il devrait être « les oreilles et les yeux de l’UA ». Mais cela semble être compromis par le refus de N’Djamena de le voir fouler son sol.

Ibrahima Fall, diplomate sénégalais, a été nommé le 2 juin, haut représentant de l’Union africaine auprès des autorités de la transition au Tchad par le président de la Commission de l’UA Moussa Faki Mahamat. Le 25 juin, il a prévu se rendre au Tchad pour une prise de contact avec les autorités de la transition. Mais celles-ci lui ont refusé l’entrée, le déclarant ainsi persona non grata. Officiellement, N’Djamena brandit comme argument qu’il ne lui a pas été notifié la nomination de ce haut représentant par la présidence de la Commission de l’UA. Un bras de fer s’engage sur fond de suspicion.

Diplomate de carrière

Ibrahima Fall est un diplomate chevronné. Il est né en 1942 dans la région de Thiès. Il trimbale une riche carrière. Sous-secrétaire général des Nations-Unies aux droits de l’Homme puis aux affaires politiques chargé de l’Afrique, représentant spécial des Nations-Unies et de l’UA pour la Région des Grands Lacs, envoyé spécial de l’UA en Guinée, ministre des Affaires étrangères du Sénégal sous Diouf, Pr Ibrahima Fall a tant servi à l’international que dans son Sénégal natal. Cette riche carrière, il la doit à ses études en Droit effectuées au Sénégal et en France et au Pays-Bas.

Licence en Droit à l’université de Dakar (1964), diplôme d’études supérieures (DES) de droit public de l’Université de Paris I Panthéon (Sorbonne), puis, en 1969, diplôme d’études supérieures (DES) en Sciences politiques, de la même institution académique. En 1970, il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, avec une spécialisation en relations internationales. De 1972 à 1974, il obtient un doctorat d’État en droit public (Université de Paris I Panthéon–Sorbonne), puis le diplôme de l’Académie de droit international de La Haye (Pays-Bas) et l’agrégation de droit public et sciences politiques des universités françaises, à Paris.

Pr Ibrahima Fall a été le corédacteur de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, coauteur de l’hymne de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue Union Africaine, coordonnateur et porte-parole de l’Afrique à la session spéciale des Nations-Unies consacrée à la situation économique critique de l’Afrique (1986), coordonnateur du projet de rapport du secrétaire général des Nations-Unies sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique. Il s’est aussi essayé en politique en se présentant en 2012 à l’élection présidentielle qui a vu la victoire de Macky Sall.

C’est sur cet homme au parcours imposant que la Commission de l’UA a porté son choix pour cette mission au Tchad conformément à la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA lors de sa 996e réunion.

Christian Allahadjim

Sur invitation du président français, Emmanuel Macron, le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Deby, a effectué du 4 au 5 juillet, une première visite d’amitié et de travail à Paris en France. Plusieurs sujets ont été abordés au cours de cette rencontre. Retour sur cette visite avec Ialtchad Presse.

Coopération bilatérale, transition en cours au Tchad et lutte contre le terrorisme dans le Sahel constituent le mobile de la visite d’amitié et de travail du président du Conseil militaire de transition (CMT), Mahamat Idriss Deby Itno à Paris en France.

Dans leur communiqué conjoint, la France a rappelé son attachement à l’intégrité territoriale du Tchad et sa présence aux côtés du peuple tchadien dans cette période sensible.

Le président du CMT, Mahamat Idriss Deby a salué la promesse des efforts financiers que la France va consentir au bénéfice du Tchad. Le président Macron a réitéré son soutien à la transition et annoncé la mise en œuvre, à échéance rapprochée, d’une nouvelle aide budgétaire. Les deux présidents ont appelé à un traitement rapide de la dette tchadienne, au sein du cadre commun de la dette.

M. Macron a précisé les objectifs de la transformation du dispositif militaire français au Sahel. Il a salué le maintien par le Tchad de ses engagements internationaux, en particulier dans le cadre du G5 Sahel. Le président du CMT a salué l’engagement réaffirmé de la France de rester aux côtés des armées sahéliennes pour poursuivre la lutte contre les groupes terroristes, en les accompagnant tant sur le plan bilatéral que dans le cadre d’engagements multilatéraux via les missions PSDC de l’Union européenne et la Task Force Takuba.

Le président du conseil militaire de transition et le président de la République française ont souligné la nécessité de doter la force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) d’un financement pérenne et prévisible. Ils ont aussi réaffirmé leur soutien à la demande des pays du G5 Sahel de passage de cette force sous le chapitre VII (7) de la charte des Nations Unies.

Face à l’expansion de la menace terroriste dans le bassin du Lac Tchad, le président du CMT a souligné l’urgence d’intégrer la problématique sécurité du Lac Tchad dans une approche globale sahélienne. Le président du CMT et le président français ont réaffirmé leur condamnation de l’attaque perpétrée contre le poste-frontière de Sourou en territoire tchadien, non loin de la frontière centrafricaine. Notant l’impact de la crise libyenne sur l’ensemble du Sahel, ils ont appelé à un encadrement du départ de Libye des bandes armées incontrôlées et des mercenaires pour éviter toute déstabilisation des pays voisins.

Il faut noter qu’en marge de cette visite en terre parisienne, le président du CMT, Mahamat Idriss Deby s’est entretenu avec  le ministre français  de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian et une délégation du groupe français SOGEA-SATOM, conduites par son président, Jean-Michel Guelaud. La coopération bilatérale et les différents chantiers exécutés au Tchad par cette entreprise française étaient au menu de cet échange.

Le président du CMT, Mahamat Idriss Deby s’est aussi rendu au siège de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) pour discuter avec la secrétaire générale de l’OIF, Mme Louise Mushikiwabo sur le processus de la transition au Tchad et a sollicité l’appui de cette institution.

Allarassem Djimrangar
Orthom L’Or

Les victimes du régime de l’ancien Président Hissène Habré menacent d’aller camper dans les jours à venir devant la Présidence de la République si le gouvernement ne répond pas à leurs doléances. Ils réclament le paiement de leurs indemnisations estimées à plus 75 milliards de francs CFA. Reportage.

Les femmes victimes du régime de l’ancien président Hissène Habré ne supportent plus qu’on les traîne. Elles menacent de camper à la Place de la Nation si les autorités de transition ne les satisfont pas. La Secrétaire générale (SG) des victimes du régime de Hissein Habré, madame Ginette Ngarbaye, estime que le silence des autorités tchadiennes et de l’Union africaine (UA) est une violation des droits humains. Selon la SG, les indemnisations réclamées ne sont pas une mendicité, c’est un droit. « Nous avons gagné les deux procès de N’Djamena et de Dakar depuis 6 ans et les autorités tardent à nous rétablir dans nos droits. Cela ressemble à de la mauvaise foi », affirme-t-elle. Toujours selon Mme Ngarbaye, il n’y a pas de raisons pour retarder l’indemnisation des victimes qui sont toutes des personnes du troisième âge.

Pour cette dernière, l’état serait en train d’organiser une mort lente et à petit feu des femmes veuves et victimes du régime de l’ancien président Hissène Habré. Cet avis est partagé par la plupart des femmes rencontrées au siège de leur association située au quartier chagoua dans le 7e arrondissement de la ville de N’Djamena. Sarah NDotta, veuve et victime se dit déçue du comportement des autorités tchadiennes. Mme Ndotta s’exprimait avec colère, elle souligne que le comportement des dirigeants actuels lui rappelle les moments douloureux du temps de l’ancien régime Habré.

 Sarah Ndota qui faisait partie des jeunes lycéennes enlevées par les éléments de la DDS explique que «il a fallu plus de 25 ans de lutte pour arriver au bout du tunnel, mais les autorités tchadiennes et l’UA cherchent à confisquer leur victoire ». Ce retard serait la cause de la mort de beaucoup de leurs compagnons de lutte. Toutefois, elle précise que si rien n’est fait, aucune victime ne pourrait recevoir son indemnisation. Pour Mme Fatimé Mahamat Seide Bani, il faut passer à la vitesse supérieure en organisant tous les jours les manifestations. « Nous avons trop patienté, mais les autorités refusent de nous comprendre. La Seule manière de nous faire entendre est de camper tous les jours à la Place de la Nation », déclare la cinquantenaire bien voilée. Fatimé Mahamat Seide Bani, victime  indirecte du régime de l’ancien Président Hissène Habré avait perdu ses parents pendant le règne de plomb du Président Hissène Habré. Elle se dit soulagée par les deux procès, avant de préciser que le manque de volonté du gouvernement est une injure à leur égard. L’indemnisation des victimes du régime de l’ancien Président Hissène Habré est estimée à une somme de 75 milliards de FCFA. 

Hissène Habré, 74 ans, a été condamné le 30 mai 2016 pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité », « tortures » et « viols » par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d’un accord entre l’UA et le Sénégal, où il s’était réfugié après avoir été renversé en décembre 1990 par le défunt président tchadien Idriss Deby Itno.

Jules Doukoundjé

Les autorités tchadiennes ont refusé de recevoir l’envoyé spécial de l’UA le Sénégalais Ibrahima Fall. Cette décision a provoqué un incident diplomatique. Pour un éclairage de la situation, Ialtchad Presse a rencontré Dr Maoundonodji Gilbert, constitutionnaliste, enseignant chercheur à l’université de Ndjamena.

Suite au refus du Conseil Militaire de Transition (CMT) de recevoir l’envoyé spécial de l’UA qui devait accompagner la transition, le sénégalais Ibrahima Fall, beaucoup s’interrogent sur la bonne foi de la junte au pouvoir. Le processus du dialogue national inclusif qui doit aboutir à des élections libres et transparentes d’ici 18 mois sera-t-il respecté?

Pour l’enseignant chercheur, le Dr Maoundonodji Gilbert, la guéguerre entre le CMT et l’UA n’augure pas bien. L’universitaire estime qu’on ne peut pas dire que le gouvernement n’est pas au courant de la nomination d’un Haut représentant (HR), notant que cela frise même la mauvaise foi. Le constitutionnaliste explique que lors de la mission de la délégation du Conseil de Paix et de sécurité (CPS) de l’UA  à N’Djamena, capitale tchadienne, « à la fin de cette mission, la délégation de l’UA a produit un rapport avec les recommandations qui ont été adoptées par le CPS », indique le Dr Maoundonodji Gilbert. Selon lui, avant l’adoption, le rapport a été soumis aux autorités tchadiennes pour faire leurs observations, soulignant que dans ce rapport, il a été clairement mentionné la nomination d’un haut représentant de l’UA. D’après lui, ce HR sera chargé d’accompagner le processus de transition, de veiller aux respects des mesures prises, puis rendre responsable ceux qui constitueraient les obstacles à la mise en œuvre des recommandations. Toutefois, il précise qu’en plus du HR de l’UA, le président en exercice de l’UA nomme un autre représentant spécial pour renforcer le bureau de liaison.

Le constitutionnaliste estime que le fait que les autorités du CMT disent qu’ils ne sont pas informes est un faux - fuyant.  « Ils se rendent compte que l’encadrement de processus de dialogue inclusif de transition par des acteurs comme l’UA restreint leur marge de manœuvre. Ils ne pourront pas faire tout ce qu’ils veulent », lance-t-il. Le professeur rajoute, « ils font du dilatoire ». Il renchérit que la communauté internationale a été très claire, même si l’UA a fait exception au Tchad par rapport à l’application des dispositions de la charte africaine sur la bonne gouvernance et les élections démocratiques. « Il faudra espérer que le président Macron va réitérer et réaffirmer au Président du CMT que l’équipe de transition est là pour stabiliser la situation et créer les conditions adéquates pour le dialogue national inclusif qui aboutira à des élections libres et transparentes dans un délai de 18 mois », souligne-t-il.

D’après le constitutionnaliste, il faudra utiliser les canaux diplomatiques pour régler cette situation, ajoutant que même si l’on a des signaux négatifs, il ne faut pas que les gens se trompent d’époque. « Il faut que cette situation permette à ce que les Tchadiens fassent véritablement la paix. Il ne faut pas faire dans le dilatoire et jouer avec les Tchadiens. Ce n’est plus l’époque », dit-il.

Jules Doukoundjé

L’Union des syndicats du Tchad (UST) a célébré ce 4 juillet en différé la fête internationale du travail. Occasion pour les travailleurs et travailleuses de faire de doléances au gouvernement, au patronat et aux entreprises privées.

Les travailleurs et travailleuses de l’Union des syndicats du Tchad (UST) recommandent au gouvernement ce qui suit :

  • de respecter strictement les conventions fondamentales de l’organisation internationale du travail ratifiées par le Tchad, et accélérer le processus de ratification des conventions ;
  • de respecter les textes et lois de la République pour une justice saine et équitable entre tous les Tchadiens ;
  • d’octroyer la subvention selon le taux de représentativité des centrales syndicales partant la subvention et autres représentations dans les institutions à gestion tripartite comme l’exige l’article 310 de la loi 38 portant code du travail ;
  • de publier les résultats des élections de délégués du personnel chaque année avec désignation des centrales représentatives conformément au code de travail ;
  • d’accélérer le processus de révision du code de travail ;
  • d’accélérer le processus d’adoption du code de la sécurité sociale des travailleurs ;
  • de rembourser sans condition les indemnités des fonctionnaires imputées injustement par le décret nº687/PR/PM/MFB/2016 du 31 octobre 2016 créant ainsi des crises sociales dans les foyers des travailleurs ;
  • de garantir la protection des leaders syndicaux conformément aux conventions nº87 et 98 de l’OIT ;
  • d’éviter l’affectation des responsables syndicaux sous mandat électif ;
  • de délivrer le passeport diplomatique aux présidents et secrétaires généraux des centrales syndicales et un passeport de service aux autres membres des bureaux exécutifs ;
  • d’attribuer des terrains aux centrales et leurs syndicats affiliés pour la construction de leurs sièges ;
  • de revoir à la hausse l’assistance ou subvention accordée aux centrales en tenant compte de la représentativité ;
  • de régulariser la situation administrative des fonctionnaires de la poste, conformément à l’atelier tenu en mai 2010, relisant le décret 901 dont les résultats sont détenus en souffrance au ministère de la Fonction publique ;
  • de mettre fin aux violations répétitives des locaux de la bourse de travail par les forces de l’ordre ;
  • de cesser immédiatement avec les arrestations systématiques et arbitraires des leaders syndicaux en particulier et de la société civile en général ;
  • de revaloriser les pensions des retraités, les bancariser et les payer mensuellement tout en apurant les arriérés, revaloriser les pensions inférieures au SMIG et aligner les retraités à 115 de point d’indice ;
  • de mettre un terme aux nominations des stagiaires, des agents non expérimentés et ceux étrangers au département et au détriment des fonctionnaires expérimentés et titularisés.

Aux patronats et aux entreprises privées, l’Union des syndicats du Tchad (UST) recommande :

  • d’appliquer dans toutes ses dispositions le décret nº1111 de 2012 dans toutes les entreprises exerçant en République du Tchad ;
  • de déclarer sans complaisance les agents contractuels et décisionnaires à la CNPS ;
  • de cesser avec les licenciements abusifs sous prétexte des raisons économiques ;
  • de s’impliquer effectivement pour la résolution des problèmes de cherté de vie ;
  • d’encourager la création des mutuelles des travailleuses et travailleurs dans toutes les entreprises privées et paraétatiques ;
  • de respecter la législation de travail en vigueur en République du Tchad.

Entre autres parmi leurs revendications de 77 points au gouvernement, figurent la levée de la censure des activités syndicales dans les médias publics, le respect de l’indépendance de la justice, condamner la prise de pouvoir par les armes et la conservation du pouvoir par les armes, la levée de la suspension d’octroi de l’autorisation de formation des agents de l’État, etc.

Allarassem Djimrangar

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