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Le jeûne marquant le Ramadan entamé depuis le 13 avril  s’est achevé hier 12 mai tard dans la nuit. Ce jeudi 13 mai, une prière commune a été dirigée par Cheick Ahamat Annour Mahamat Alhélou, imam de la grande mosquée de N’Djamena. C’était en présence du président du Conseil Militaire de la Transition (CMT), Mahamat Idriss Deby. Reportage.

Dès 6h du matin, l’ambiance autour de la grande mosquée de la capitale tchadienne grouillait de monde. Les fidèles musulmans s’empressaient pour ne pas rater la grande prière de reconnaissance et de bénédiction après un mois d’humilité devant Allah le Tout puissant. Les dispositifs sécuritaires sont aussi déployés pour assurer la sécurité du président du CMT invité à participer à cette prière. La grande mosquée de N’Djamena se trouve coincé entre le grand marché, le commissariat de police du 3e arrondissement, l’Avenue Maldom Bada et le vieux quartier Mardjandaffack. Avant la cérémonie, dans la salle sacrée certains fidèles, très concentrés, font déjà leur dévotion. Le sultan de la ville de N’Djamena est venu plus tôt que prévu. Sont aussi présents, les dignitaires musulmans , quelques ministres et autres personnalité comme le maire de la ville Ali Haroun.

Autres choses : on voit des jeunes formant une haie qui accueillent et orientent les fidèles, mais aussi les dignitaires qui ont accueilli de façon conviviale le président du CMT habillé en civile. Coronavirus oblige, on ne se serre plus les mains, pas d’accolades non plus, mais la salutation par coude ou « salutation corona » comme disent les N’Djamenois. Lorsque le président du CMT entre dans la salle de prière, tout le monde se lève pour l’honorer.

Aussitôt, la grande prière commence sous la direction de l’imam Cheick Ahamat Annour Mahamat Alhélou. À la fin de la prière, l’imam passe un message de paix et de bénédiction dans la vie de tous les fidèles musulmans qui ont observé avec beaucoup de piété le jeûne de 30 jours du mois saint de Ramadan. Il appelle les musulmans, mais tous les Tchadiens à l’unité, à la solidarité et au pardon pour un Tchad prospère. Car selon lui, celui qui garde la haine n’a pas la paix avec lui-même. Cheick Ahamat Annour Mahamat Alhélou, rajouter qu’il n’y a pas de solutions à nos problèmes si nous ne sommes pas unis. « Il faut éviter à tout prix la division », dit-il. Selon lui, Dieu nous demande de nous pardonner, et il faut que les Tchadiens s’acceptent. Nous devons être fidèles pour réparer notre pays, le construire dans le dialogue et la non-violence. Notre différence doit être plutôt notre force et non la faiblesse. Soyons soudés comme les cinq doigts de la main, conseille-t-il à tous.

L’imam de la grande mosquée de N’Djamena exhorte les Tchadiens a une cohabitation pacifique, au vivre ensemble, car ce pays nous appartient tous. D’après lui, le développement du Tchad doit se faire par tous ses filles et fils. Il demande à l’ensemble de la communauté internationale de nous guider vers une bonne voie. Cheick Ahamat Annour Mahamat Alhélou, note qu’il prie afin que Dieu guide les nouvelles autorités a mené a bien la destinée du Tchad dans la paix et la justice.

Ali Haroun, maire de la ville de N’Djamena, interrogé appelle, les Tchadiens au retenu. Selon lui, les musulmans ont profité de ce moment de jeûne de 30 jours pour implorer la grâce de Dieu pour la paix et la stabilité de notre pays.

Moyalbaye Nadjasna

L’Agence Tchadienne de presse et d’Edition (ATPE) ne publie pas depuis plusieurs semaines. Elle ne joue plus son rôle d’agence. Elle est réduite en un journal écrit dénommé Info-Tchad. Malgré qu’elle fonctionne comme un journal, beaucoup de difficultés sont décriées par son personnel. Un préavis de grève allant du 12 au 15 mai a été donné à la direction générale.

Le personnel de l’Agence Tchadienne de presse et d’Edition (ATPE) perd patience. Une correspondance du personnel notifiant la dégradation des  conditions de travail a été déposée ce 11 mai au bureau de la directrice générale de ce média public. Selon la teneur du document, le personnel revendique la dotation de la rédaction des matériels de travail adéquats (ordinateurs portables, enregistreurs, appareils photos, calepins, stylo à bille, badges professionnels, les chaises, tables, bancs, tableaux, accès à l’Internet, abonnement aux journaux). Aussi, rajoute le communiqué, la mise en place d’une équipe de rédaction complète notamment, un rédacteur en chef et son adjoint, un secrétaire de rédaction et son adjoint, un chef de service des reportages, des chefs de desks ainsi que d’autres chefs de service administratif et technique.

En outre, les agents de l’ATPE, revendiquent également le versement intégral de leurs primes et indemnités de 2019 et 2020. Selon nos sources, le journal Info-Tchad n’a pas paru depuis plus de six mois déjà.

Créée en 1966 par l’ordonnance du 15 juillet 1966, d’après nos recherches, l’Agence tchadienne de presse (ATP), est un établissement public à caractère industriel et  commercial. Elle a un statut d’un service public placé l’autorité du ministère de l’Information, puis replacée en 2003 sous la tutelle du ministère de la Communication. À ses débuts, l’ATP était le seul organe de presse ayant le monopole de la collecte, du traitement et de la diffusion des informations. Faute de réseaux et des moyens d’équipement adéquats pour offrir un service d’agence, l’ATP s’est contentée de la production d’un bulletin à la base des informations liées aux évènements. Sa rédaction centrale outre la collecte d’information, complète, objective, exacte et impartiale, la rédaction centrale traite les informations collectées sur tout le territoire national.  L’ATP disposait à l’époque quatre  bureaux régionaux à Moundou, Sarh, Abéché et Faya. Elle va évoluer puis se métamorphose en Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE). Son bulletin quotidien Info Tchad disparaît de facto.

L’ATPE lance un nouveau journal dénommé «Info.» Le premier numéro a été lancé le 03 octobre 2011 qui paraît deux fois dans la semaine (bihebdomadaire). Bien que la nouvelle vision de l’ATPE c’est l’information générale, elle continue de véhiculer les informations à caractère officiel ou institutionnel. L’ATPE ne dispose pas du bureau à l’extérieur du pays. Elle peut cependant distribuer un service d’information mondiale moyennant des conventions de partenariat avec d’autres agences de presse, notamment (AFP et China Nouvelle).    

A noter que malgré la tenue de son conseil d’Administration aboutissant à la nomination d’une équipe autour de la direction générale, l’ATPE est restée égale à elle-même. Ces revendications susmentionnées ne sont que des vieilles réclamations réactualisées. Et pourtant ce personnel fait un travail professionnel malgré le peu de moyens à sa disposition.

Même si la patience dit on est la longueur du temps, l’exigence du monde en perpétuelle mutation s’impose et exige de matériel de qualités pour un travail de qualité. La Directrice générale de l’ATPE à qui nous avons contactées hier après-midi pour un éventuel échange nous a dit : «ce préavis de grève ne me frisonne pas» .

Moyalbaye Nadjasna

Les retraités de la Fonction publique s’indignent de l’arrêt non justifié du paiement de leurs pensions déclenché le 18 avril 2021. Réuni ce 11 mai à la bourse de travail, ils décident d’exprimer leur mécontentement devant la Caisse nationale des retraités du Tchad (CNRT) ce 12 mai. Ialtchad s’est intéressé à la question de ces retraités. La CNRT promet poursuivre le paiement enclenché. Reportage.

Un set in prévu pour 6h du matin, c’est plutôt aux environs de 7h, une heure plus tard que les retraités ont pu se retrouver. Selon Alladoum Tedengarti, Président du Comité Adohc, des retraités, de sitôt réunis, la direction générale de la Caisse nationale des retraités du Tchad a dépêché un de ses représentants pour échanger avec eux. Au cours des échanges d’après lui, la CNRT a affirmé que l’arrêt du paiement est dû à une erreur technique que la Banque Commerciale du Chari (BCC). Elle devait alimenter les autres banques a débité le paiement avec les retraités de son institution. La CNRT promet que ce même jour, elle va se battre pour que toutes les banques soient servies. Pour le président des retraités, ils vont vérifier et s’il se trouve qu’il n’y a rien ils repartiront pour des explications. 

 « Le mobile de notre mécontentement est les paiements des pensions, les arriérés, les primes de départ, les primes de transport des années 2016-2019. On a beau revendiquer, ils sont là à tergiverser », dit M. Alladoum Tedengarti. Pour clarifier leur intention, il rappelle qu’ils s’étaient retrouvés le 15 avril passé avec le directeur général de la CNRT. Il les avait rassurés  que leurs pensions soient payées le 18 avril, le billetage simultanément avec le virement. « Le billetage a commencé très timidement vers le 19 avril. Pas pour le virement sans une justification. Or, le ministre de Finances et du Budget est resté il connaît le dossier, et l’Administration est une continuité. Si c’était un autre ministre on aurait compris que les passations de service aurait fait de retard», dit-il. Président du Comité Adohc, des retraités affirment que les pensions des retraités proviennent de leurs  cotisations versées dans une caisse appelée CNPS ou CNRT lorsqu’ils étaient actifs. La CNPS, dit-il, agit bien avec les retraités du privé, mais au niveau de l’État, la caisse est toujours vide. « Qu’est-ce qu’on fait avec les cotisations des fonctionnaires qu’on retire chaque fin du mois. Ou est-ce qu’on les verse ? Et qu’est-ce qu’on en fait? » , s’est-il interrogé. Pour lui, en principe les retraités ne devaient pas avoir de problèmes de pensions.

Ce sont des gens qui survivent toujours malades coucher, d’autres morts, des veuves abandonnées à leur triste sort, fait-il savoir. «Tout simplement parce que les retraités n’arrivent pas à se nourrir ou se soigner. Nous avons nos enfants sur les bras lorsqu’on a investi pour leur formation, ils deviennent des diplômés sans emploi qu’on doit encore s’occuper d’eux de leurs enfants et leur femme», a soutenu M. Alladoum Tedengarti. Selon lui, les fonctionnaires qui sont des potentiels retraités se fichent d’eux. D’après lui, ils ont patienté du 18 avril jusqu’au 12 mai. Cela fait pratiquement un mois déjà. «Un paiement qui traine un mois c’est quelle sorte de paiement? Ça ne se passe nulle part dans le monde. Un paiement c’est un paiement, à l’instant T, tout le monde doit avoir son argent. Il faut trouver un mode de paiement qui puisse satisfaire tout le monde», déplore-t-il tout en demandant que cette façon change.

À noter que dans les provinces, la situation des retraités de la CNRT est pire. Plusieurs coupons ne sont pas payés jusqu’à l’heure actuelle à l’exemple, des retraités de la ville de Sarh, province du Moyen-Chari d’après une source de la localité.

Alladoum Tedengarti, informe que le comité Adohc des retraités a été créé le 02 octobre 2020. Il  regroupe en son sein, les retraités de 2016, 2017, 2019 et 2020, note-t-il. «L’Assemblée générale du 11 mai à la bourse de travail, beaucoup de retraités nous ont plébiscités de defender leurs causes», conclut-il.

Moyalbaye Nadjasna

La marche pacifique de la plateforme dénommée « Vision nouvelle » autorisée par le ministère de la Sécurité publique a lieu ce 12 mai. Pour la première fois, une marche est encadrée par les forces de l’ordre. Ialtchad Presse a fait réagir quelques participants.

Youssouf Nassour Kossi est étudiant. Il a pris part à la marche organisée par la plateforme Vision nouvelle. Pour lui, les choses commencent par changer positivement. « Parce que c’est pour la première fois dans notre histoire qu’une manifestation est autorisée et encadrée par les forces de l’ordre », déclare-t-il. Son souhait est que les autorités continuent dans ce sens en accordant des autorisations pour la tenue des manifestations contre-pouvoir. Il dit soutenir le Conseil militaire de Transition (CMT) pour éviter que le pays ne tombe dans le chaos. « Soutenir le CMT est un choix personnel. De prime à bord, parce qu’il a mis en place un gouvernement de transition composé de la société civile, de l’opposition et de la majorité. Ensuite, parce que le CMT promet de mettre en place très bientôt le Conseil National de Transition (CNT) qui sera le 3e organe de transition. Enfin, parce que les élections prochaines seront libres, transparentes et crédibles ».

Mahamat Thibaut, agent d’encadrement de la marche partage le même sentiment que Youssouf Nassour Kossi. Il explique qu’il ne s’attendait pas à ce que les autorités autorisent cette marche vu le contexte. « Avec le désordre qui est installé dans la capitale tchadienne, il est vraiment difficile d’organiser une marche moins encore qu’on vous l’autorise. Mais Dieu merci, le CMT a compris l’essence du dialogue social et de la paix en nous autorisant de marcher. Nous sommes vraiment très ravis et très émus par rapport à ce geste », avoue-t-il. Pour le soutien qu’il apporte au CMT en participant à cette marche, Mahamat Thibaut donne ses raisons : « Je soutiens le CMT parce qu’il prône le dialogue social et sans le dialogue social, on ne peut pas construire un Tchad nouveau ».

C’est pourquoi nous apportons notre soutien au CMT pour la préservation de la paix et pour la stabilisation du pays. Nous soutenons le Conseil Militaire de Transition pour la paix, rien que pour la paix. Étant un citoyen lambda qui n’a pas une réserve d’alimentation, si nous cautionnant le désordre et si la guerre s’installe, ça serait de la catastrophe. Le dialogue est plus important que la violence, car il permet de construire un pays »

Mahamat Nasser Adoum, agent de sécurité. Il soutient le CMT pour la stabilité, la sécurité et la paix qui règnent à N’Djamena après les attaques rebelles qui ont coûté la vie au président Deby Itno. « Je dis non à la guerre et à la division que prônent certains. Le Tchad a connu des évènements les plus tragiques de son histoire, notamment les évènements de 2 février, 13 avril, pour ne citer que ceux-là », retrace-t-il. D’après lui, il faut éviter de replonger les Tchadiens dans ces années âpres. Et la solution est le CMT. « Je ne pensais pas qu’après la mort du Maréchal Idriss Deby Itno, le Tchad resterait debout. Dès que les militaires ont pris les commandements de choses, N’Djamena, la capitale tchadienne, est stable. L’armée a aussi ratissé les colonnes des terroristes du Tibesti et du Kanem. ».

Propos recueillis par Allarassem Djimrangar

Pendant que la coordination des actions citoyennes « Wakit Tama » cherche une marche contre la junte militaire, un mouvement dénommé « Plateforme nouvelle vision » organise une marche en soutien au Conseil Militaire de transition (CMT). Reportage.  

Créée il y a 20 jours, la plateforme nouvelle vision est composée, selon ses fondateurs, de 42 partis politiques de l’opposition et plus de 150 sociétés civiles et de droits de l’homme, avec à sa tête Mahamat Adoum, président de l’organisation. La plateforme n’a drainé que 150 à 200 personnes ce matin pour une marche de soutien au CMT. Autorisée par un arrêté officiel du ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration le 10 mai, la marche en soutient à la junte militaire, dit la marche pour la paix, était encadrée par les forces de l’ordre. Les manifestants exprimaient leurs sentiments. L’on peut lire sur les pancartes et scander par les marcheurs ceci : « on veut la paix, la stabilité. Non à la guerre. Oui à la paix. » Pour eux, le CMT incarne la cohabitation pacifique.

« Je n’empêche personne d’interpréter cette marche comme bon lui semble », déclare le président de la plateforme nouvelle à l’arrivée du cortège au palais de 15 janvier. Pour lui le comité militaire dans sa charte, a reconnu la marche donc il faut suivre les conditions posées par la loi. « Il ne sert à rien de faire de la casse, de se battre l’ère est à l’unification et au dialogue national inclusif », laisse-t-il entendre. Selon M. Mahamat Adoum, la plateforme, est dans sa logique et respecte les lois de la République. « Briguée les élections prochaines sont notre objectif », dit-il. Selon eux, le Tchad vient de perdre son président. L’ère n’est pas à la guerre, mais à la paix. « Nous, sommes une organisation pacifique et nous revendiquons la paix et le CMT a tout notre soutien, car, chaque organisation a le droit de revendiquer ce qui est de mieux, mais nous veut la paix et rien que la paix », nous confie un manifestant.

Il faut signaler que le coordonnateur de la coalition du mouvement citoyen Wakit Tama Me Max Loalngar qualifie cette marche de plaisanterie. Et lâche, « la vraie marche c’est pour le mercredi prochain », dit-il.

Djilel-tong Djimrangué

La politique française au Tchad semble prendre un coup ces dernières heures au Tchad. La haine contre la France et ses intérêts est remarquée à travers les actes et les paroles de certains Tchadiens qui se disent exaspérés par le soutien français à la junte militaire. Plusieurs Tchadiens pensent que la France a abandonné le peuple tchadien pour ses intérêts personnels. Ialtchad Presse vous propose des réactions des Tchadiens et l’analyse du politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé.

Difficile d’aborder la question de la politique française au Tchad sans que les réactions des Tchadiens ne soient vives. Yacoub Saleh est habitant du 3e arrondissement de N’Djamena, capitale tchadienne. « Ne me parlez pas de la France. Même le nom me fait vomir. Ils sont mauvais ces Français-là. Jamais la France ne veut nous coller la paix, mais Dieu les voit. Elle rendra un jour compte pour ses ego envers le peuple tchadien» déclare ce jeune homme de 28 ans, très fâché.

Nous sommes au quartier Moursal, dans le 6e arrondissement. Nous rencontrons M. Nouba-asra Tarasdé. Selon lui, il n'y a rien à cirer avec la France. «La France continue à nous enterrer, mais toute la malédiction de Dieu sera sur eux. Ce sont des gens très mauvais, les Français», a clamé ce monsieur d’environ 58 ans.

Pour Dr Evariste Ngarlem Toldé, Politologue, enseignant chercheur à l’Université de N’Djamena, si la France est indexée c’est parce que les Tchadiens voient sa main dans ce qui se passe dans leur pays. «Vous savez, l’impression qu’on a c’est comme si, la France a cautionné le changement du régime sinon sa continuité qui n’est autre que monarchique, dès l’instant ou le fils prend la place du père. C’est ce qui a fait que les Tchadiens portent un autre regard sur la France», dit-il.

Pour le politologue, tout le monde sait le rôle joué par la France depuis l’indépendance du Tchad jusqu’aujourd’hui. L’enseignant chercheur précise que ce dernier temps, il y a une rude concurrence en Afrique avec la présence des Chinois, les Turques, les Américains, mais aussi de la Russie. «La France veille à sa chasse gardée qu’est le Tchad. Un pays stratégique et un allié dans la lutte antiterroriste», dit-il. D’après Dr Évariste, la France joue ce jeu et les Tchadiens la considèrent comme soutenant ce régime anticonstitutionnel. Il rajoute en rappelant que la France a joué la complice dans la mort ou le départ du président Tombalbaye. En 1978-1979 poursuit-il, la force française dirigée par le Général Forest à l’époque et le gouverneur qui assurait le service de renseignement avait laissé les rebelles entrés dans la capitale et créer une guerre civile pour chasser le président Félix Malloum du pouvoir. Et «ceux-ci ont plié bagages et ont laissé les Tchadiens dans le désarroi», affirme-t-il. Le politologue rappelle encore que même en 1990, la France a fermé les yeux pour que Hissène Habré soit battu à plate couture par la rébellion du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) en ne fournissant aucun renseignement aux forces gouvernementales.

Dr Évariste note également que la France donne  l’impression encore d’un soutien actif au Conseil Militaire de Transition (CMT). Elle le fait simplement parce que le fils prend la place du père à un moment ou tout le monde appelle à un retour à la constitution avec une transition civile. « C’est trop pour les Tchadiens qui ont vu la France faire toujours des coups bas dans ce pays. Elle fait du Tchad un terrain ou elle pratique son sport favori, utiliser les gens qu’elle veut», analyse-t-il.

Aujourd’hui, affirme-t-il, les Tchadiens ont compris cela et personne n’est dupe. « Il vous souviendra il y a quelques années, la France est intervenue pour bombarder une colonne rebelle qui fonçait sur N’Djamena,  la capitale. C’est tout récent en 2008, en 2006. La France sait ce qu’elle veut au Tchad : préserver ses intérêts», argumente Dr Évariste. Le Tchad précise le politologue, reste un territoire stratégique pour la France et elle n’est pas prête à lâcher prise. D’après lui, la France ne pourrait que placer ses alliés fiables à la tête de ce pays. Le clan Deby Itno semble encore être dans leur viseur pour continuer l’œuvre de lutte contre le terrorisme dont le Tchad est un pivot. « C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la haine que les Tchadiens manifestent contre les intérêts français», explique-t-il.

«L’UA divisée sur la question du Tchad, risque une sortie très affaiblie...»

Pour le politologue, au sein de l’UA, la question a surgi au premier jour et la difficulté était prévisible. Selon lui, les textes fondateurs de l’UA disaient que, dès l’instant qu’un régime arrive au pouvoir par des voies inconstitutionnelles, il est tout de suite condamné et sanctionné. Or, évoque-t-il, l’UA n’a pas condamné ni suspendu le Tchad parce que le président Deby Itno avait joué un rôle important dans la lutte contre le terrorisme et s’est fait de nombreux amis dans les pays francophones. « Les anglophones et les Lusophones pensent qu’il faut mettre le Tchad sur le banc des accusés en attendant les éventuelles négociations », indique l’enseignant chercheur. Les textes fondateurs disent clairement que ce qui se passe au Tchad est un coup d’État et la décision inhérente c’est la condamnation, estime Dr Évariste. D’après lui, l’UA a joué à la prolongation en envoyant une mission d’enquête, mais c’était sans compter l’abnégation des anglophones et Lusophones. D’autres pensent que si on condamne le Tchad, ils n’auront pas un partenaire fiable ni dans le G5 Sahel ni dans la lutte contre le terrorisme. Ainsi l’UA se retrouve divisée sur la question de la situation qui prévaut au Tchad, dit le politologue. « Si l’UA n’utilise pas la sagesse dans sa décision et soutient le CMT au-delà de tout, elle en sortira très affaiblie », conclut Dr Évariste Ngarlem Toldé.

Moyalbaye Nadjasna

La marche pacifique initiée par la plateforme Vision nouvelle a eu lieu ce mercredi, encadrée par les forces de l’ordre. Reportage.

C’est la première manifestation pacifique autorisée et encadrée par les forces de l’ordre sous le régime militaire dirigé par le Conseil Militaire de Transition (CMT). Et la vedette de la marche est la plateforme Nouvelle vision, un regroupement de 42 partis politiques et 158 associations et organisations de défense des droits de l’Homme.

Tout a commencé au rond-point Hamama dans le 8e arrondissement de la ville de N’Djamena, point de rassemblement des manifestants. Il était 6h du matin. Des membres du comité d’organisation s’activent à régler des derniers détails. Déjà, les éléments de la Police ont pris position aux différentes intersections du trajet. Pas de présence de la police antiémeute, le GMIP. Non plus des militaires. Rien que la Police nationale et la Police municipale.

Vers 7heures, des manifestants, transportés en bus, arrivent peu à peu. Pas de tee-shirts, pas d’insigne quelconque, sauf une banderole portant le nom de la plateforme et des pancartes avec des inscriptions. Les manifestants reçoivent des dernières consignes de l’équipe de l’encadrement et de la sécurité.  A 7h35mn, le top départ est donné. Le cortège s’ébranle. En tête de la marche, le président de la plateforme, Mahamat Adoum, les membres du comité d’organisation ainsi que les présidents et secrétaires généraux des partis et associations membres de la plateforme. La circulation est automatiquement bloquée. Un véhicule de la Police avec gyrophare ouvre le passage. Tandis que d’autres véhicules de la Police bourrés d’hommes bouclent la queue du cortège. Au milieu, les manifestants sont en grande partie des femmes.

Sur un tronçon d’à peu près cinq kilomètres, plus d’une centaine de personnes ont marché pacifiquement pour la cause de la paix. Des mots tels que « oui à la stabilité », « oui à la paix », « non à la guerre » sont scandés par ces manifestants. 

8h27. Le cortège atteint le point d’arrivée : le palais du 15 janvier. Une cérémonie se tient encore là. Des discours ont été faits. Des motions de recommandation ont été lues. D’après le président de la plateforme Mahamat Adoum, cette marche vise à rechercher la paix. « Nous marchons pour la paix », répète-t-il. Pour lui, le contexte actuel est inquiétant, d’où la nécessité de soutenir le CMT pour conserver la paix.  « Le soutien de la communauté internationale est indispensable pour le CMT le peuple tchadien en ce temps difficile », plaide-t-il.

Tirant le bilan de la marche, le président du comité d’organisation de cette marche, Abdelsalam Hachimboh estime que c’est une réussite. « Le bilan que nous dressons est positif parce que c’est une première dans l’histoire du Tchad avec l’arrivée de la démocratie, organiser une manifestation pacifique sans aucun incident est un pari gagné », se réjouit-il.

Toujours d’après lui, ce succès est la résultante d’une bonne organisation en interne. « La plateforme a tout mis en œuvre pour que cette marche soit un modèle. Et pour cela, nous avons mis un sous-comité qui est chargé de l’encadrement et de la sécurité », dit Abdelsalam Hachimboh. Même si le nombre des manifestants est faible, le président du comité d’organisation trouve que la marche a été organisée sur un temps record.   « Nous sommes un peu talonnés par le temps. Et c’est aussi le mois de Ramadan. Donc tous ces paramètres n’ont pas incité les gens à venir nombreux », a-t-il justifié.

9h10mn, la cérémonie prend fin. Les manifestants reprennent le chemin du retour dans des bus déjà apprêtés. Le président du comité d’organisation promet des prochaines activités qui seront d’une grande envergure.

Il faut signaler la présence de quelques mineurs lors de cette marche. Ce que déplore Abdelsalam Hachimboh qui interpelle les autorités à redoubler de vigilance pour corriger les incohérences constatées pour les prochaines manifestations. 

Christian Allahadjim

L’association l’Amicale des anciens Auditeurs du symposium sur la Sécurité transsaharienne et la bonne gouvernance (SST/TCHAD), au cours d’un point de presse fait ce 11 mai au palais du 15-janvier entend apporter sa contribution pour conforter la paix et favoriser la cohabitation pacifique des Tchadiens.

Selon la Vice-présidente de l’Amicale des anciens Auditeurs du symposium sur la Sécurité transsaharienne et la bonne gouvernance (SST/TCHAD), Mme Fatimé Assarah Abdel Aziz, la préoccupation actuelle c’est la survie du Tchad. Pour elle, la mort du président de la République Idriss Deby Itno le 20 avril dernier a laissé le pays dans l’incertitude. Elle rajoute que le pays est devenu l’épicentre des tensions au Nord, Est, Sud et Ouest. D’après elle, leur amicale qui se veut une plateforme d’échange et de fertilisation des idées entre ses membres veut offrir ses bons offices afin de faciliter le dialogue et la médiation entre les filles et fils du Tchad sans distinction. « La violence ne mène nulle part et ne peut servir qu’à enfoncer le pays dans l’abîme et les populations dans le désarroi », dit Mme Fatimé Assarah Abdel Aziz.

Pour la vice-présidente, le Tchad a tout essayé.  Depuis 60 ans d’indépendance,  dit-elle, le Tchad n’a eu que 8 à 11 ans de paix pour se consacrer à son développement. Le reste du temps déclare-t-elle,  le pays l’a passé à contenir la sécheresse, les inondations, les attaques aviaires et acridiennes, les coups d’État, les rebellions, des conflits intercommunautaires, les conflits avec la Libye, les conflits religieux et la liste n’est pas exhaustive. Elle promet que leur association va rencontrer toutes les forces vives de la nation, les partenaires et les pays amis soucieux de la stabilité du Tchad. « Objectif, recueillir les avis des uns des autres pour déboucher sur un dialogue non seulement inclusif, mais global et profond », précise Mme Fatimé Assarah Abdel Aziz.

D’après la vice-présidente de l’Association SST/TCHAD, les solutions aux problèmes tchadiens ne peuvent se trouver qu’entre les Tchadiens. Elles ne peuvent venir de l’extérieur, d’où la nécessité pour chacun de consentir un sacrifice salutaire, renchérit-elle. « Pour qu’il y ait la paix, il faut un dialogue. Ce dialogue doit être inclusif sans marginalisation de qui que ce soit », précise-t-elle. Elle soutient que leur amical regorge des compétences capables d’une synergie d’action nécessaire à relever le défi actuel. Nous sommes résolument engagés dans une bataille pour la solution à la crise actuelle que traverse le Tchad avec la contribution de tous ceux ou celles qui sont préoccupés, note-t-elle.

A noter que l’Amicale des anciens Auditeurs du symposium sur la Sécurité transsaharienne et la bonne gouvernance (SST/TCHAD), a été créée le 18 avril 2013. Son objectif est d’améliorer la capacité des forces de défense et de la sécurité ainsi que celle de la société civile à réagir efficacement afin d’aider le gouvernement à préserver la paix,  l’intégrité et l’unité nationale du Tchad. L’amical œuvre dans la sensibilisation, la formation continue et les renforcements de capacités. Il s’investit aussi dans les études et recherches dans le domaine de règlement des conflits et la bonne gouvernance. L’amical est laïque, indépendante, apolitique et à but non lucratif. Il regroupe en son sein, des officiers supérieurs de l’Armée, de la Gendarmerie, la Police, des administrateurs, des représentants des organisations de la société civile et des personnes ressources. Le slogan de l’Association «l’amical SST/TCHAD» est Sécurité-Paix-Développement.

Moyalbaye Nadjasna

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