La plateforme citoyenne « Wakit Tama » boude la date et l’itinéraire retenus par le gouvernement pour la marche qu’elle voudrait organiser. La coordination a finalement annulé l’événement.
La marche pacifique de la coordination des actions citoyennes, Wakit Tama, prévue pour le 14 juillet n’aura pas lieu. C’est la décision qu’a prise lors de l’assemblée générale de la plateforme qui a eu lieu mardi 13 juillet. En cause, la coordination de Wakit Tama, dirigée par Me Max Loalngar, avance deux raisons.
Premièrement, la modification de la date et de l’itinéraire. Selon Me Max, la plateforme a souhaité organiser cette grande manifestation pacifique le 14 et sur trois itinéraires : la place Fest’africa de Moursal, le rond-point Adoum Tchiéré et Farcha avec pour point de convergence, la Place de la nation. Mais dans le communiqué du ministère de la Sécurité publique qui autorise la marche, la date est décalée au 16 juillet et les itinéraires sont modifiés pour se résumer seulement sur un site : du rond-point Hamama au Palais de Justice. « Nous n'allons pas tomber dans le piège du Conseil militaire de transition (CMT). Mais nous voudrions qu'ils comprennent que ce n'est pas la peine de jouer aux dilatoires », dit Me Max Loalngar.
Deuxièmement, l’unilatéralisme du gouvernement. D’après les membres de la coordination de Wakit Tama, après le dépôt de leur demande d’autorisation, ils ont été reçus par le secrétaire général du ministère de la Sécurité. A l’ordre du jour, discussion sur les modalités. Une deuxième rencontre devrait avoir lieu, selon les dires des leaders de Wakit Tama. « Mais curieusement on apprend sur les réseaux sociaux que la marche est autorisée et avec des itinéraires et la date modifiés », déclare Me Max. Ce que la coordination de la plateforme citoyenne a du mal à cautionner. « Même si la date que nous avons proposée (14 juillet) est jugée inappropriée, le gouvernement devrait nous convoquer pour échanger avec nous. Mais décider de manière unilatérale de nous imposer la date du 16 juillet est inadmissible », affirme le coordonnateur.
La plateforme décide alors de reporter la marche. « Parce que non seulement la date du 16 juillet n’est pas celle qu’on a proposée, mais parce que ce n’est pas la marche que nous voulons organiser », soutient Me Max Loalngar. Pour lui, le choix de la Place de la nation comme point d’arrivée de la marche est symbolique. « Nous voulons passer un message aux autorités. Et donc il fallait venir jusqu’en face d’elles », indique-t-il.
Reste à savoir, si le ministère de la Sécurité va réagir à la suite de cette décision.
Les diplômés des écoles professionnelles ont organisé ce lundi une manifestation spontanée qu’ils appellent « un mouvement d’humeur » dans l’enceinte du ministère de l'Éducation nationale au quartier Moursal. Une trentaine de mécontents ont été interpellés par la Police.
Après la tentative d’exil, la grève de la faim, les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration à la Fonction publique font encore parler d’eux. Ce lundi, 12 juillet, ils ont envahi le ministère de l’Éducation nationale.
Coups de sifflet, youyous, les lauréats des écoles professionnelles ont réussi à pénétrer dans le hall du ministère dans l’enceinte du building de Moursal. Les agents de sécurité postés n’ont pas pu les en empêcher. Sans violence, ils ont exprimé leur mécontentement. « Tuez-nous, mais ne tuez pas l’éducation », « la Fonction publique n’est pas saturée », « Trop c’est trop » « nous réclamons notre intégration », ont repris en chœur les manifestants barricadés dans le hall. Coïncidence, le ministre de l’Éducation, Kosmadji Merci arrive au même moment. Son véhicule a fait automatiquement demi-tour, vu l’ambiance.
La Police arrive. Les négociations commencent. Mais les manifestants ne veulent rien entendre. « Tuez- nous, ici », réclament-ils en se barricadant. Les policiers gardent leur sang-froid jusqu’à ce qu’un policier décide d’engager un tir de grenade lacrymogène à l’intérieur. Débandade. Les manifestants se replient dans les niveaux supérieurs de l’immeuble et se dispersent dans les couloirs. Quatre manifestants sont montés volontiers dans un véhicule de la Police. Ils sont transférés aussitôt au commissariat central.
Selon Neuzilka Emmanuel ce mouvement d’humeur de ce jour est le premier d’une série d’actions qui seront menées. Il a été prévu pour cette première action de perturber le bon déroulement des épreuves orales du Brevet de l’enseignement fondamental (BEF) qui débutent ce lundi 12 juillet. « Mais comme le lycée Félix Éboué que nous avons ciblé a été quadrillé par les forces de l’ordre, nous nous sommes rués au ministère de l’Éducation », explique Neuzilka Emmanuel. Selon le porte-parole 35 manifestants ont été arrêtés par la Police lors de leur délogement du ministère. Ils sont aussi transférés au commissariat central.
Le collectif des lauréats des écoles professionnelles d’indiquer rejoindre dorénavant la plateforme citoyenne « Wakit tama ». « Nous serons présents à toutes les actions que mènera cette plateforme à partir d’aujourd’hui », affirme Neuzilka Emmanuel.
Le dossier sur la hausse des prix des denrées de première nécessité sur les marchés de N’Djamena se poursuit. Votre quotidien s’est entretenu avec monsieur Daouda Alhadji, Secrétaire général(SG) de l’association des Droits des Consommateurs (ADC).
Selon le SG de l’ADC Daouda Alhadji, depuis plus de 10 ans qu’ils ne cessent de parler de cherté de la vie dans notre pays. Il indique que nous sommes dans un pays à économie de pénurie. « Il n’y a pas assez d’offres sur le marché sur toute l’année. Il y a certes des périodes de pic, mais la plupart du temps, lorsqu’on arrive à la période de soudure, l’offre n’est pas suffisante. La production nationale et les importations ne suffisent pas à la demande. Cela fait que nous sommes dans une situation d’insécurité alimentaire avec un marché mal organisé et sans concurrence », dit-il. Toujours selon le SG dans une telle situation, les opérateurs font ce qu’ils veulent. « Malheureusement, l’État en tant que régulateur ne fait rien. L’État doit veiller à l’approvisionnement des marchés de manière régulière sur les 365 jours de l’année ».
M. Daouda Alhadji, relève les causes de la flambée des prix des denrées alimentaires, en citant entre autres, la pénurie d’économie de la production, la dépendance aux importations extérieures, l’exportation d’arachides, la production agricole très fragile. Pour lui, le Tchad ne peut pas atteindre l’autosuffisance alimentaire à ce rythme. « Le ministère en charge du commerce doit organiser le commerce et avoir une base de données claire des importateurs et producteurs pour suivre leurs stocks. S’il y a aujourd’hui une pénurie, il n’y a pas assez de denrées sur le marché et cela amène les opérateurs économiques à spéculer », dit-il. D’après lui, le ministère de tutelle et celui d’agriculture ne sont pas prévoyants. Il souligne par exemple si le ministère d’agriculture annonce une mauvaise production agricole, automatiquement on doit s’attendre à une pénurie. « Il faut systématiquement donner les moyens à l’Office National de la Sécurité alimentaire(ONASA) afin de prévenir une telle situation. Donner également des autorisations aux importateurs pour combler le vide ». Pour le SG de l’ADC, le ministère en charge doit identifier des périodes de pic et anticiper, malheureusement il ne le fait pas.
« Il n’y a pas une politique de management de la consommation. Les commerçants vendent à leur guise, sans un prix affiché et avec de Koro non conforme. Chose écœurante, tout cela se passe sous l’œil de la mairie, du ministère de commerce et des autorités sécuritaires. Chacun s’enrichit comme il veut, on ne prévoit pas on n’anticipe pas, on prend des mesures lorsqu’il ne fallait pas, etc. », lance-t-il. M. le SG estime que des mesures pour exonérer les taxes des denrées de première nécessité auraient dû être prises trois mois avant pour que les marchandises qui sont au niveau de la Douane puissent arriver sur le marché pour combler ce besoin.
« Les consommateurs ne sont pas des consommateurs avertis… »
Les consommateurs devraient faire un choix, agir comme des consommateurs avertis, dit-il. Le défenseur des consommateurs conseille la population à chercher des produits de substitution. D’après lui, les ménagères doivent faire preuve de maturité dans les achats, malheureusement leurs multiples appels à l’ordre ne sont pas respectés.
« Nous avons proposé autant de solutions, mais elles n’ont pas été prises en compte de manière exhaustive comme nous les avions souhaitées. Il faut que le ministère de tutelle joue pleinement son rôle, le ministère de commerce je vous dis c’est une coquille. Il doit surveiller ce qui se passe sur le marché », affirme-t-il. Sous d’autres cieux, poursuit-il, on sait d’avance la quantité de produits qui est entrain de venir. « On tire la sonnette d’alarme et on prend des mesures anticipatives pour le corriger », relate-t-il. C’est une honte de continuer à importer du riz alors qu’on dispose de potentialités, souligne monsieur Daouda. « Notre souveraineté alimentaire dépend de la valorisation de nos potentialités agricoles. On importe quand on est dans l’impossibilité de le faire », note-t-il.
Le retard de délivrance des marchandises à la douane et la covid-19, créent de situations de spéculation, explique le SG. Il propose que le gouvernement sorte le stock au niveau de l’ONASA et les vendre afin d’aider les vulnérables. Selon lui en agissant ainsi, le spéculateur serait découragé. « Renforcer la capacité de cette institution de sécurité alimentaire à agir. Booster la production agricole, révolutionner le secteur de l’industrie. C’est toutes ces questions économiques qui peuvent résoudre à long terme ce problème », suggère-t-il a l’État. Monsieur Daouda Alhadji demande aux consommateurs de s’ajuster par rapport à leur bourse.
Moyalbaye Nadjasna
Le prix des denrées flambe chaque jour sur les différents marchés de N’Djamena, capitale tchadienne. Les ménages crient leur désarroi. Ialtchad Presse a fait un tour dans les trois grands marchés de la capitale pour s’enquérir de la situation. Reportage.
Quartier Ambassatna, 3e arrondissement, se trouve le « Souk kebir » en arabe tchadien signifie grand marché. Ici les denrées alimentaires sont vendues en gros, pas des petits clients. Sauf les semi-grossistes qui raflent quelques sacs du riz importé. Ils refusent d’être photographiés ni se prononcer. Nous continuons à « Souk Khaala », marché à mil. Nous abordons les ménagères qui s’expriment sous l’anonymat. « Les prix des denrées alimentaires sur le marché grimpent. Les prix sont passés du simple au double voire triple. Difficile d’expliquer le pourquoi », confient-ils.
10 heures marché de Dembé dans le 7e arrondissement de la capitale. D’habitude, ce marché grouille le monde. A l’aile droite du marché se trouve une unité de contrôle de la mairie. Nous sommes au cœur des étals. Nous rencontrons Laouroutou Isabelle, vendeuse d’arachides, la cinquantaine révolue. Selon elle, cette année, l’arachide se pèse par kilogramme. Elle rajoute que l’année dernière, le prix était nettement mieux. « Nous achetons de chez les semi-grossistes à 1250 FCFA le Koro. Nous revendons à 1500 après avoir passé au feu. Ce que nous vendons, c’est pour faciliter la tâche aux femmes qui veulent faire la pâte », dit-elle. D’après elle, les semi-grossistes disent que les grossistes exportent une bonne partie d’arachide décortiquer vers le Cameroun et le Nigeria. C’est la raison pour laquelle les prix grimpent, renchérit-elle. « En toute sincérité, même le fait qu’on revende à 1500 FCFA, nous perdons, car pour griller l’arachide, il faut acheter du bois de chauffe, du charbon ou utiliser le gaz », justifie la vendeuse.
Rassem Beatrice, ménagère de son état se pointe devant l’étale du riz. Pour elle, la presse c’est une occasion à saisir pour dénoncer ce qui se fait sur les marchés actuellement. « Vraiment le prix des denrées alimentaires nous asphyxie, On est obligé de s’accrocher, mais c’est difficile. Ce n’était pas comme ça avant. Le riz local dans le passé le Koro est à 1000FCFA, maintenant c’est à 1300, une autre variété qui est importée qui se vendait à 1200, actuellement c’est 1500. Pour l’huile n’en parlons même pas. Le bidon de 5 litres à 5000FCFA se vend à 7000FCFA. Le Koro de mais qui était vendu à 750 F se vend maintenant à 1000 F. Je me demande si on arrive en pleine saison de pluie on sera dans le calvaire total », dit-elle désemparée. Elle rajoute que c’est difficile pour les familles nombreuses.
Une autre ménagère requérant l’anonymat affirme, « on dirait les autorités sont indifférentes de cette la flambée du prix des denrées de première nécessité. Vous voyez, je suis dépassée, même pour acheter ce ¼ du Koro du riz local, on me parle de 375 FCFA. Pourquoi, toute cette souffrance au Tchad, il faut que Dieu ait pitié de nous les pauvres », lance-t-elle.
Et arrêté du 22 juin 2019 du Commerce ?
Rappelons qu’un arrêté du 22 juin 2019 du ministère du Développement industriel, commercial et de la Promotion du secteur privé a rendu publique une liste comportant les prix de vente maxima des produits alimentaires locaux et importés de première nécessité dans la ville de N'Djamena. 14 types (confère. Arrêté) de produits alimentaires locaux et sept types. Pour accompagner le gouvernement, la Chambre de commerce, d’industries, d’agriculture, des mines et d’artisanat (CCIAMA) avait lancé en 2019, l’opération « juste prix ». Elle avait pour but de permettre à la population d’acheter et de consommer des produits de première nécessité en fonction de sa bourse. Mais aussi et surtout, réduire la cherté de la vie. Où en est ce projet ?
En plus, un numéro de téléphone le 1212 a été mis à la disposition des consommateurs en cas de nécessité, pour dénoncer les commerçants véreux. Les consommateurs le savent-ils ? Pas sûr.
Moyalbaye Nadjasna
Donc « Ab Chanapp » (le moustachu) Mahamat Saleh Haroun (MSH) nous surprend, encore une fois. Il surprend toujours notre compatriote avec ses films qui parlent toujours de nous. Et qui parle souvent des petits bonheurs des petites gens. Et de nos grands travers. Bref, de nos misères à tous. Pauvres comme riches. Son dernier film « Lingui, les liens sacrés » est en compétition au grand Festival de Cannes pour la Palme d’or. Il semble que c’est un film qui prend par les tripes. Il nous renvoie à la face les hypocrisies de notre patriarcat. Un système essoufflé, bousculé par les temps modernes, mais qui s’accroche vaille que vaille sur des niaiseries surannées pour exister.
D’abord, « Lingui » ce troisième long métrage est une fierté pour le pays. Déjà le titre « Lingui » est évocateur. Un mot typiquement tchadien. Fièrement N’Djamenois. Il est parfaitement bien traduit en français par « Liens sacrés ». Oui « lingui » c’est sacré. Ce sont tous ces gestes du quotidien qui lient les Tchadiens les uns aux autres, qui les unissent malgré, comme disent certains, la malédiction ou le bonheur d’être Tchadien. C’est selon les jours, les heurs et les circonstances. MSH aime trop ce pays. Presque tous ces films se déroulent au Tchad. Question : quel message MSH envoie-t-il aux Tchadiens? Ialtchad tente des réponses, mais….
Que relate ce film? Il raconte une histoire dramatique rendue banale au Tchad. C’est le drame d’une mère de famille monoparentale Amina. Elle vit seule avec sa fille unique, Maria. Les deux femmes vivent quelque part dans une banlieue de la capitale, N’Djamena. Une ville qui signifie en arabe locale du pays (traduction libre) : lieu de repos, mais la vie n’a pas été de tout repos pour elles. La vie, pour elles et pour plusieurs femmes comme elles, est fragile, dure et amère. La maman Amina découvre que sa fille, Maria, adolescente est enceinte. Une grossesse que la future fille-mère n’en veut pas. Que faire? Avorté? Comment le faire dans une société où la religion condamne l’avortement? Où l’avortement est prohibé par la loi. Où le regard social, le « mauvais œil », les « mauvaises langues », comme on dit, rejettent ces adolescentes si elles accouchent ou si elles avortent. Une société qui les juges seules responsables du drame qui les assaille. Comme si donner vie ou refuser de porter seul le fardeau est une offense divine. Pire, un déshonneur aux hommes de la famille : les gardiens du patriarcat.
Ensuite, MSH, dans ce film semble-t-il nous envoie à la violence sexuelle voulue ou pas sur les femmes. Entretenu ou pas. Sciemment ou inconsciemment. Des vrais sujets de débats. MSH fait de ces sujets son combat. Et du cinéma une arme pour abattre ces interdits. Il est comme on dit, interdit t’interdire. Un laxisme sur le sujet de la violence sexuelle faites aux femmes ravage le pays. Oui c’est un énorme vrai problème au pays. Certains diront que la violence sexuelle n’est qu’une vue de l’esprit. Pire c’est la vision des « Tchadiens occidentalisés » qui veulent imposer aux autres « tchadiens, labélisés locaux locaux » les comportements et les attitudes venus d’ailleurs. Ils sont nombreux les adeptes de ces faux arguments. Eh bien non. Les violences faites aux femmes sont réelles. Il y a même plusieurs sortes de violences. Celles qui défraient les chroniques sont les violences sexuelles. L’actualité de ces derniers jours, mois et années nous le rappelle constamment : affaire Zouhoura, affaire des enfants des généraux qui kidnappent et violent une fille parce qu’ils la juge trop hautaine « achamanée » comme on dit. Ce film de MSH est une ode aux femmes de son pays. Entendre par là : au respect de la femme. Il faut que cela change. Le réalisateur par cette énième œuvre tente de souffler le vent du changement. Il a su bien le dire aux collègues de TV5 Monde, en toute modestie « je ne suis qu’un vent qui passe pour que la vie continue il faut aussi d’autres vents, des bourrasques ». Il faut donc que chacun de nous change, pour que la femme tchadienne, porteuse de vie, vive sa vie dans la bienveillance.
Enfin, ceux qui ont vu le film en projection presse disent que MSH a tenté de parler à travers ce film de l’horizon d’un possible changement. Échappe-t-on à son destin? Non. Lui MSH échappera-t-il au sien? Non. Il lui reste une chose à faire. Son pays traverse un moment des grandes incertitudes. MSH a déjà goûté à la politique pratiquée par des « politiciens » sans conviction. Il a démissionné pour repartir à ses caméras, à son « dada », le cinéma. Il est temps pour ce N’Djamenois de revenir mener un autre combat. De mettre sa notoriété au service des siens. De libérer son pays des obscures ambitions politiques des uns contre les autres. De revenir simplement faire de la politique active. Pas comme un messie, ni un prophète, mais comme fils ordinaire aimant son pays. Beaucoup des Tchadiens lui sauront gré. Lui qui les a toujours mis à l’honneur pour qu’enfin la bourrasque du changement bouleverse ce pays pour le meilleur.
La palme d’or sera décernée le samedi 17, Lingui, les liens sacrés est en lice pour le titre. Bonne chance à notre compatriote.
Bello Bakary Mana
Suite de notre série sur la ville de Sarh. Le lycée d’Enseignement de technique industrielle de Sarh (L.E.T.I. S) a pratiquement fini son programme scolaire. Les enseignants sont dans les révisions des matières avec leurs élèves. Enseignants, chef d’établissement et élèves se disent tous prêts pour affronter les examens de fin d’année. Reportage.
Face au terrain Roi, non loin du centre culturel Don Bosco, se dresse le bâtiment du réputé lycée d’Enseignement de technique industrielle de Sarh (L.E.T.IN. S). Il fait dos à l’autre grand lycée Ahmed Mangué, l’autre grand lycée. Créé vers 1944, en tant que Collège d’Enseignement technique (CET), plusieurs reformes l’ont fait aboutir en actuel L.E.T.IN. S.
Il était 11heures, heure locale lorsque nous franchissons la cour de cet établissement de formation technique et professionnelle. Élèves et enseignants tiennent le même langage et tous disent être prêts pour le baccalauréat. Allarabeye Ngon-Assingar est élève en terminale BT électrotechnique. Selon lui, les examens se préparent dès la classe de seconde. « C’est depuis deux ans déjà que je commençais à préparer le baccalauréat. Maintenant, je suis en terminale et je ne suis pas paniqué. Malgré les difficultés dues à la covid-19, nos enseignants sont mobilisés pour nous encadrer. Nous avons fini avec le programme ici au LTI de Sarh. Nous sommes dans les révisions », déclare-t-il.
Une autre élève, une fille, elle requiert l’anonymat. « Je suis prête pour affronter le baccalauréat. Les enseignants ont fait de leur possible, maintenant la balle est dans notre camp. Comme vous nous voyez, nous sommes en petits groupes sous l’ombre des caïcédrat pour discuter sur certains points de nos leçons », confie-t-elle.
Selon le proviseur, M. Djingambaye Nadjingar, dans le Moyen Chari en général, les cours ont démarré en octobre et la seule perturbation c’était la grève de la plateforme durant 2 semaines. D’après lui, le premier calandrer des examens fixés par les autorités au mois d’août allait rallonger les choses. Avec ce calendrier des examens réaménagé, dit-il, les étudiants vont aborder les épreuves dans de bonnes conditions. Il rajoute qu’ils vont continuer à préparer les enfants jusqu’à une semaine des examens. « Il n’y a pas de souci majeur. On est à 90 % du programme réalisé. Tout prendra fin d’ici la fin du mois de juin. Je conseille à tous les élèves de se concentrer et se mettre résolument au travail. Qu’ils révisent leurs leçons avec beaucoup de discernement et de sagesse. Un tel état d’esprit leur permettra d’être prêt le jour ‘J’ », note le proviseur. Il précise en outre que c’est un moment aussi d’auto-évaluation.
La spécificité du Lycée industriel
Pour M. Djingambaye Nadjingar, la particularité du LTI s’explique par le fait qu’il s’agit d’un enseignement technique et professionnel. Les cours sont orientés vers les techniques, explique-t-il. Autre spécificité a relevé indique-t-il, la composition du baccalauréat des techniciens est plus longue et ça prend un peu du temps par rapport aux autres. « Ce qu’on déplore très souvent c’est que quand on aborde la filière BT, les matières d’œuvres ne viennent pas à temps pour qu’on puisse finir au délai indiquer. Et cela nous perturbe chaque année. Alors nous plaidons auprès des organisateurs pour revoir cette question et nous faire parvenir les matières d’œuvres à temps tout en lançant la première phase », plaide-t-il. D’après le proviseur, la composition des techniciens se fait en trois phases. « La phase matières professionnelles qui prendra au moins 3 jours, la phase des travaux pratiques qui prendra 5 à 1 semaine. Ensuite, c’est la proclamation des résultats d’admissibilité. Et enfin, vient la composition des matières générales qui clôturent les examens du BT. C’est cela qui fait que le BT prend du temps et est spécifique à l’enseignement technique», détaille-t-il.
Le Lycée d’Enseignement technique industriel de Sarh, compte la section Technique Industriel TI (série E) et la section Brevet de Technicien BT avec deux filières notamment la mécanique auto et l’électrotechnique. L’option construction métallique qu’on a été créée cette année, la première cuvée est encore en classe de seconde.
Moyalbaye Nadjasna
C’est la suite de notre série sur les maraichers, les pesticides, etc. Il n’y a pas de sot métier, l’essentiel est qu’il nourrisse son homme. Dieudonné Samba est un jardinier dans l’âme. Très connu dans cette activité de maraîchage sa renommée lui a valu le surnom de Gouverneur. Qui est cet homme ? Portrait.
Né à Fort Lamy (actuel N’Djamena, capitale tchadienne) en 1971, de son vrai nom Dieudonné Samba, il est plus connu dans son milieu sous le sobriquet de gouverneur. Teint bronzé, cheveux crépus, moustaches arrondies, Samba est un jardinier dans l’âme. Son titre de gouverneur marque son ancienneté dans le maraîchage. « J’ai une cinquantaine d’années ici et mon activité principale est le maraîchage », dit-il. Dieudonné Samba est l’aîné d’une fratrie de six enfants. Marié en 1994, Samba est père de 5 enfants. « Le papa est défunt et la maman est là sous ma responsabilité. J’ai commencé cette activité depuis 1985, j’aidais encore en ce temps mon père qui est lui aussi un grand jardinier. C’est vers les années 1990 que j’ai pris mon destin d’horticulteur en main jusqu'aujourd’hui », relate le gouverneur Samba.
Selon lui, au début c’était très rentable. Il n’y avait pas assez de produits maraîchers et il faisait de bonnes affaires. Mais maintenant, plusieurs personnes ont investi le secteur. L’écoulement des produits est très lourd, note-t-il. Sa grande expérience est un atout. Il est devenu quasiment un conseiller voir un consultant pour les jeunes jardiniers. Yagnda, un jeune jardinier grandi à l’ombre de Samba témoigne : « Samba est d’abord un grand frère. On est dans le jardinage depuis plusieurs années. Ce sont nos parents qui ont d’abord occupé la place au temps des colons. Nous avons appris à leur pied le travail de maraîchage. Samba est notre aîné et c’est lui qui nous guide dans certains travaux. Lorsqu’on est confronté à des difficultés, on vient vers lui pour recevoir des conseils. » Pour le gouverneur Samba, son secret c’est le savoir-faire. J’entretiens bien mes plants et cela attire les clients. « Ce travail que je fais, personne ne m’a aidé ou encouragé. Aucune ONG ni le gouvernement. À un moment donné, certaines gens sont venus nous demander de nous organiser, mais après ils ne sont plus revenus », affirme-t-il.
Le jardinier nous rapporte que ce travail nécessite beaucoup de patience et du courage. Au moment de chaleur, il arrose deux fois matin et soir. Samba, depuis un moment, confie ses produits à sa femme qui les amène au marché. À une époque dit-il, les hôteliers se ravitaillaient en légumes chez lui. Ce n’est plus le cas présentement, les légumes sont produits partout. « Je vais chercher à nouer peut-être de contacts avec les fournisseurs des hôtels de la place pour tenter ma chance pour la livraison de mes produits ». Il indique que dans sa vision future, il entend préparer ses enfants afin qu’ils comprennent que ce n’est pas seulement avec l’école qu’on gagne sa vie. « La terre est nourricière. Mes enfants vont à l’école, mais en même temps, ils doivent apprendre à travailler la terre ».
Nos ennemis sont des insectes…mais on s’en sort
Pour l’héritier jardinier, les difficultés qu’il rencontre sont liées aux insectes qui s’attaquent à ses plants. D’après lui, une espèce d’insectes résiste même aux pesticides. Je les pulvérise avec de landrine mais ils résistent. « Ils ne viennent pas à tout temps, mais par moment en janvier et février et c’est toute une perte. Lorsqu’ils arrivent, ils s’attaquent aux bourgeons des plants pour reprendre à zéro. Ils sont des insectes difficiles à identifier », explique-t-il. Il affirme que le problème d’eau ne se pose pas tellement. Selon lui dans le passé, il utilisait l’eau du puits creusé à une profondeur de plus de 10 mètres et c’est un peu pénible. Nous avons des fontaines actuellement et cela aide. « Je gagne beaucoup pendant le Ramadan. S’il y a un bon achat, je gagne de centaines de mille voire un million de FCFA. Mais cette année c’était difficile. Le peu d’argent gagné, il faut s’organiser pour assurer la ration et les imprévus », affirme Samba.
Yagnda, dit que le gouverneur est sans pareil, toujours souriant et courtois. « C’est un grand frère qui collabore avec tout le monde, il est tout pour moi », rajoute-t-il. Samba estime pour sa part qu’il n’y a rien dans cette vie. Les amis, c’est important. Il faut être sympa avec tous. Faire en sorte que chacun trouve une activité pour assurer ses besoins quotidiens, c’est mon objectif et mon principe de vie, dit Samba. Il informe que les racines de céleris soignent le problème de graisse, du goûte, le problème de rein (vessie urinaire). « Je traite mes plantes avec les pesticides appelés landrine. Mais pour fertiliser le sol, certains font usage d’engrais chimique, mais j’utilise plutôt les excréments des chèvres. Les pesticides coûtent chers ici à N’Djamena. J’achète un litre a 7500 et 10 000FCFA or à Kousserie, c’est seulement à 5000FCFA. Les semences avant coûtaient moins cher, mais maintenant c’est trop cher », mentionne-t-il.
Dieudonné Samba, dit le gouverneur, produit de céleris, des persilles, d’oseille et bien d’autres légumes. Il demande au gouvernement et aux ONGs d’entrer en contact avec eux pour les former sur l’utilisation des pesticides ou d’autres techniques de production.
Moyalbaye Nadjasna
La plateforme des diplômés en instance d’intégration reporte l’opération brûle diplôme prévue pour ce samedi.
« L’opération brûle diplôme » annoncée tambour battant par la plateforme des diplômés en instance d’intégration à la Fonction publique n’a pas eu lieu samedi 10 juillet. La Bourse de travail, lieu choisi pour le déroulement de cette opération, est bien désert en cette matinée. Pas un diplômé ne s’est présenté.
Contacté, Ndingadinan Thomas, un des leaders de la plateforme, annonce le report de cette opération. « C’est repoussé »,dit-il sans toutefois être précis sur la prochaine date. La cause du décalage : le lieu et la date. « La Bourse de travail n’est pas trop emblématique. Et aujourd’hui c’est un week-end, ça ne va pas avoir trop d’impact », avance Ndingadinan Thomas. D’après lui, il faut un lieu très symbolique et un jour ouvrable pour que l’opération soit retentissante. « Un lundi ou un jeudi dans une institution étatique, ça vaut le coup », détaille-t-il.
L’opération brûle diplôme consiste à brûler publiquement les diplômes des membres de la plateforme. Selon Ndingadinan Thomas, cette action est de nature à exprimer des années de frustration, de négligence de la part des autorités. « Nos gouvernants nous traitent de bandits, de voyous. Alors qu’on réclame juste notre insertion socioprofessionnelle », dit-il. Toujours selon lui, vaut mieux se débarrasser de son diplôme que de le garder et se faire traiter de délinquant. « C’est frustrant. C’est maintenant qu’on va faire le vrai banditisme », indique-t-il. Les diplômes sont le fruit de plusieurs années d’études, quelquefois dans des conditions dures. Ndigandina Thomas dit en avoir conscience. Mais il estime qu’il « ne sert à rien de garder un diplôme qui ne sert à rien. La déclaration du ministre de la Fonction publique d’hier vient nous réconforter dans notre position. Lorsqu’il dit qu’il y a saturation dans ce département, c’est que l’espoir est perdu », fait-il savoir.
Ce leader de la plateforme annonce qu’après l’opération brûle diplôme, d’autres grandes actions seront menées. « Cette fois conjointement avec le collectif des lauréats des écoles professionnelles ». Toutefois Ndingadinan Thierry soutient que la plateforme reste toujours ouverte au dialogue. « Si les autorités nous donnent des garanties avec des dates, nous sommes prêts à suspendre toutes actions ». La plateforme dit réclamer l’intégration de 13 000 diplômés sans emploi. C’est le restant de la promesse de 20 000 places faite par le défunt président Idriss Deby. Sur les 20 000 seulement 7 000 sont déjà intégrés.
Christian Allahadjim