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La coordination pour l’action citoyenne dénommée Wakit Tama vient d’achever sa marche pacifique ce 29 juillet comme prévu à N’Djamena, capitale, tchadienne. Du point de départ, rond-point Hamama au lieu du rendez-vous le Palais du 15-janvier. Les forces de l’ordre et de la sécurité ont bien quadrillé les manifestants. Reportage !

Il est 8h 00, les marcheurs de Wakit Tama se rassemblent au Rond-point Hamama, dans le 8e arrondissement de N’Djamena. Les forces de sécurité  se déploient tout le long de l’itinéraire. Le point de départ de la marche est le Rond-point Hamama et le point d’arrivée le Palais du 15-Janvier. La grande avenue est dégagée pour l’occasion. Les marcheurs, les journalistes et les forces de sécurité l’ont conquise. La mobilisation est forte, les marcheurs sont venus nombreux, de tous les horizons et quartiers de la ville. L’ambiance était joyeuse. Chansons, coup de sifflets, pancartes en mains avec différentes mentions, les manifestants avancent lentement mais sûrement. On peut lire par exemple, « France hors du Tchad. Réviser la charte de transition. Arrêter de voler le peuple. Non à la succession dynastique. CMT ou sont nos indemnisations » entre autres.

A chaque 200 mètres, les marcheurs s’arrêtent. Soit ils entonnent l’hymne national, soit ils lancent un message. Assis sur le bitume face au palais de Justice de N’Djamena, ils observent une minute de silence puis réclament une véritable justice au Tchad. Chose impressionnante, Wakit Tama semble mieux organisé pour cette marche. En dehors de la police, tout autour des marcheurs, se trouve une haie des jeunes chargés de la sécurité. Ils quadrillent les autres. L’itinéraire est bien suivi et les manifestants après un bref arrêt non loin de l’aile gauche de l’échangeur de Diguel, sont enfin entrés au palais du 15-janvier. Les leaders de Wakit Tama se tiennent tous debout pour accueillir les marcheurs qui avancent vers eux en chantant la Tchadienne. Une ambiance stupéfiante se dessine avec des cris et youyous. Le coordonnateur de Wakit Tama, Me Max Loalngar invite ses camarades à paraphraser un couplé du musicien ivoirien Tiken Djafa Koli. « Aller dire au CMT qu’ils enlèvent nos noms dans leurs business, on a tout compris. Ils nous mènent souvent en bateau vers des destinations qu’on ignore, ils allument le feu et ils activent. Et après ils viennent jouer au pompier. On a tout compris », répètent-ils.

Pour Mahamat Nour Ibedou, cette marche est un début de libération du peuple tchadien. « Nous disons non au CMT et non à la France. Notre pays est souverain et indépendant. Nous avons la vérité et nous arriverons à notre but. C’est un grand jour aujourd’hui, parce que c’est pour la première fois qu’on nous autorise à marcher ».

Dr Yombatnan Sitack, estime pour sa part qu’il faut que justice règne dans ce pays. « Il n’y a pas la paix sans la justice, sans le pardon et la réconciliation. C’est la raison de notre marche. Chaque jour que Dieu fait, nous ne savons pas dans quelle destination le CMT nous mène », dit-il. Selon lui, la charte doit être révisée pour donner des garanties, avant de préciser que c’est l’exigence du peuple, de l’UE, et de l’UA. Dr Sitack rajoute par ailleurs que Wakit Tama dit non à la méthode actuelle du CMT. Il souligne que la plateforme a besoin d’un gouvernement civil et non militaire. Ce dernier estime que les militaires devraient plutôt assurer la sécurité des citoyens.

Toutefois, il plaide pour l’indemnisation des victimes de l’ancien président Hissène Habré, la revue des situations des personnes handicapées, des diplômés sans emplois et des retraités. « Un pays normal ne peut former les jeunes et les laisser au quartier. Nous ne sommes pas contre les activités de la transition, mais il faut impliquer tous les Tchadiens. Car la justice élève une nation », dit Dr Sitack.

Le président de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), Barka Michel, affirme que Wakit Tama ne demande pas trop au CMT. « On lui demande d’organiser dans les 18 mois, il ne reste plus que 15 mois, un dialogue national inclusif et garantir des élections libres et transparentes. Ce qui permettra également de constituer des institutions étatiques sérieuses », précise-t-il.

Le coordonnateur de Wakit Tama Me Max Loalngar soutient que la plateforme est une organisation sérieuse, responsable et intelligente. Elle ne cédera pas à la machination. « Votre détermination montre qu’on doit continuer. Et j’ai le plaisir de vous dire que la prochaine marche est prévue pour le 07 août 2021 ».

Moyalbaye Nadjasna

Le conseil militaire de transition a atteint la barre de 100 jours passés à la tête du Tchad. L’occasion pour le président de l’UNDR, Saleh Kebzabo d’évaluer les actions de la junte militaire.

Tout d’abord, Saleh Kebzabo est revenu sur la décision de son parti, l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), de soutenir la transition.  Il est pour lui de souligner que cette décision reste encore incomprise de certains Tchadiens. Cependant, Saleh reconnaît que cette décision du bureau exécutif de son parti est certes difficile, mais salutaire. Car, estime-t-il, si la transition se réalisait, elle marquerait le premier moment du transfèrement pacifique du pouvoir politique dans l’histoire moderne du Tchad. « En mon âme et conscience, j’en suis satisfait et j’estime qu’elle a le mérite d’avoir permis de sauvegarder l’unité et la souveraineté du Tchad », affirme-t-il.

Sur le bilan des 100 jours de gouvernance de la junte militaire, le président de l’UNDR relève que la gestion est nonchalante. « … donnant le sentiment que le CMT et le gouvernement tardent à satisfaire les attentes légitimes du peuple », a noté Saleh Kebzabo.

Au premier titre de ces attentes, souligne le président de l’UNDR, demeure la question cruciale de l’organisation du dialogue national inclusif. Pour lui, ce dialogue est l’occasion pour rassembler tous les Tchadiens, par-delà leurs convictions religieuses, leurs différences politiques et leurs appartenances ethniques et sociales, autour d’une seule et même table pour discuter de notre avenir commun. Ainsi, SK dit réaffirmer son attachement au caractère inclusif de ce dialogue.  « J'appelle à un dialogue véritablement inclusif qui permettra aux Tchadiens de tourner résolument le dos aux démons de la haine et de la division, pour jeter les bases d’une communauté politique soudée et fière de sa diversité sociologique. C’est possible et le CMT doit s’y engager avec ardeur et conviction », lance-t-il.

Sur la mise en place des organes de transition, le président de l’UNDR relève aussi qu’il y a de la lenteur. Il évoque notamment la mise en place du Conseil national de transition (CNT), organe législatif. SK d’avertir que sa composition doit être faite de manière consensuelle et refléter la diversité des tendances politiques qui existent au sein de la nation. « La junte doit éviter la tentation de coopter des personnalités uniquement acquises à sa cause », met-il en garde.

Sur le plan administratif, SK se dit aussi écœuré par les nominations controversées faites par la junte au pouvoir. « Il ne devrait plus y avoir de clientélisme et de népotisme quand il s’agit d’occuper de hautes responsabilités d’État », fait-il la remarque.  Les seuls critères valables sont la compétence, une solide expérience et une probité à toute épreuve, souligne SK. Pour lui, la géopolitique doit être prise en compte. Sinon, prévient-il, l’on retomberait dans les dérives de l’ancien système tant décriées.

Sur la question de l’emploi, le président de L’UNDR souhaite qu’elle soit une priorité durant cette période de transition. D’après lui, les spectacles de désolation qu’offrent souvent les diplômés sans emploi doivent interpeller les consciences. La solution ne réside pas uniquement dans l’intégration à la Fonction publique, dit-il. « L’État dispose de nombreuses manettes pour occuper les jeunes et leur assurer une certaine autonomie pour préserver leur fierté et leur dignité », croit-il.

Sur la question de la sécurité des personnes et des biens, le président SK s’inquiète de la recrudescence de l’insécurité dans la ville de N’Djamena et d’autres provinces. Mais aussi, il n’a pas passé sous silence le phénomène de conflit agriculteurs-éleveurs.

Sur le volet économique et financier, SK dit inviter le gouvernement de transition à apurer la dette intérieure pour permettre la relance économique. Selon lui le gouvernement de transition ne doit pas s’embarrasser d’ambitions qui ne relèvent pas de son programme.


Pour conclure, le président de l'UNDR insiste sur la nécessité d’organiser des élections couplées (présidentielle et législatives) à la fin de cette transition. D’après SK, il apparaît judicieux que le gouvernement présente une feuille de route pour situer clairement les prochaines étapes importantes de la transition. « Toute autre manœuvre dilatoire ne rencontrera pas notre adhésion. Nous avons opté pour une transition de 18 mois, gardons le cap », rappelle SK.

Enfin, le président de l'UNDR de féliciter la junte au pouvoir pour le maintien de la paix et de la stabilité après le décès brutal du président de la République Idriss Deby Itno le 20 avril.


« 100 jours après, l’on peut considérer qu’une paix relative est assurée dans le pays », affirme-t-il. Toutefois, il invite les Tchadiens à demeurer vigilants pour l’aboutissement de ce processus et la consolidation de la paix. « C’est un acquis évident et nous nous y consacrerons », promet SK.

Depuis le 23 juillet 2021 le marché Central de N’Djamena, capitale tchadienne, n’est plus alimenté en électricité. Les couloirs du marché sont sombres, les commerçants sont en colère. 72 heures de préavis de fermeture des boutiques sont lancées à l’endroit de la Mairie centrale et la Société nationale d’électricité (SNE). La SNE promet de donner deux semaines d’électricité. Reportage. 

28 juillet. 12 heures.  C’est sous une fine pluie que nous nous rendus au marché Central surnommé Soukh Khabir, grand marché. Nous rencontrons des commerçants fâchés suite au délestage de la Société nationale d’électricité SNE. Selon une source de la SNE, le courant devrait être rétabli pour deux semaines au grand marché, ce 28 juillet. Adoum Boukar est commerçant et vendeur des appareils électroniques. Il estime que c’est une insulte à l’égard des commerçants. « Je trouve que deux semaines d’électricité promises par la SNE est peu. Nous n’avons pas d’arriérés et ils vont nous donner seulement la lumière pour deux semaines, c’est une farce », dit-il. Selon lui, chaque fin du mois les boutiques collectent l’argent pour la facture de la SNE. Il rajoute que tous les commerçants étaient étonnés lorsqu’ils ont appris que la SNE a coupé l’électricité du marché pour non-paiement. « C’est étonnant lorsqu’on apprend que le grand marché a des arriérés qui sont montés à 245 millions de francs CFA. Or, les délégués viennent de payer 4 millions pour la facture du mois écoulé ».

M. Adoum Boukar, note que leur préoccupation actuellement, c’est le rétablissement de l’électricité. Les arriérés engagent ceux qui les ont entretenus. D’après lui, les conséquences sont un manque à gagner. « Les vendeurs produits périssables sont pénalisés. Ils ont perdu tous leurs produits. Qui va les dédommager ? Actuellement, ils achètent de la glace pour conserver leurs marchandises », affirme-t-il. Mahamat Tahir, un autre commerçant est inquiet. « Sans l’électricité, c’est vraiment piteux. Voyez comment c’est obscur. Ce n’est pas intéressant. Nous n’arrivons même pas à vendre nos articles. C’est l’obscurité à l’intérieur de nos boutiques. En toute sincérité, nous ne sommes pas motivés à faire le marché », lance-t-il.

Un autre commerçant qui requiert l’anonymat est exaspéré qu’un grand marché soit plongé dans l’obscurité, « ce marché est le marché central. Regardez dans quel état les commerçants se trouvent. La nuit par exemple, si un étranger arrive et qu’on lui dit que c’est un marché central, que dira-t-il ? Je crois qu’on ne fait pas seulement du mal aux commerçants, mais à l’image du pays », affirme-t-il. D’après lui, si rien n’est fait comme ils l’ont promis, ils vont fermer leurs boutiques. « Je vous assure que nous n’avons pas d’arriérés de la SNE. J’ai tous les reçus et je peux même vous les montrer, la vérité est bonne à dire. Il y a des boutiques qui payent 10 000 f, d’autres 7500f, 5000f et 2500f. Ceux qui ont des réfrigérateurs ne payent pas moins de 25 000F », renchérit-il.

Pour découvrir la vérité, certains commerçants que nous avons rencontrés proposent, au ministère des Mines et de l’Énergie, d’instruire une enquête auprès de tous les commerçants du grand marché. Cette vérification leur permettrait de voir si les commerçants payent ou pas leur facture d’électricité.

Moyalbaye Nadjasna

Le ministère de la Sécurité publique autorise de nouveau le mouvement citoyen Wakit tamma à manifester dans les rues de la capitale, N’Djamena.

La marche contre la confiscation du pouvoir par le Conseil militaire de transition (CMT) prévue par le mouvement citoyen Wakit tamma aura lieu. Dans un communiqué publié ce 28 juillet, le ministère de la Sécurité a autorisé les membres de ce mouvement à marcher pacifiquement le jeudi 29 juillet.

Cette marche a été prévue pour le 14 juillet. Mais le ministère de la Sécurité a modifié la date et les itinéraires. Ce qui a mécontenté les leaders du mouvement citoyen qui ont fini par ajourner la marche.

Pour la marche de ce jeudi, les itinéraires proposés par la coordination de Wakit tamma sont rejetés par le ministère de la Sécurité. C’est sur l’unique itinéraire, rond-point Hamama-palais du 15 janvier, que la marche est autorisée.

Réunis en urgence, les leaders de Wakit tamma ont accepté de respecter l’esprit du communiqué. « C’est pour montrer notre bonne foi », a avancé Me Max Loalngar, coordinateur du mouvement.

La coordination du mouvement citoyen entend, au cours de cette manifestation pacifique, dénoncer « la politique de la confiscation du pouvoir du CMT et exiger la révision de la Charte de transition et l’organisation d’une conférence nationale souveraine, inclusive et globale. »

C’est la deuxième marche autorisée du mouvement citoyen sous l’ère du CMT. La première, non autorisée, a été réprimée dans le sang le 27 avril.

Christian Allahadjim

Le concours d’entrée à l’École Nationale d’Administration (ENA) pour l’année 2020 2021 lancé le 15 juin dernier crée de frustration chez certains  arabophones. L’administration a limité le concours aux francophones et aux bilingues. Pour exprimer leur frustration, les unilingues arabophones ont organisé une marche qui s’est soldée par 7 arrestations.

Les arabophones unilingues ne sont pas d’accord pour la restriction du concours d’entrée à l’École Nationale d’Administration pour l’année académique 2020 2021. Ils reprochent à l’administration de les exclure. Le délai de dépôt de dossiers va du 15 juin dernier au 30 juillet prochain. Pour le directeur général de l’ENA, M. Senoussi Hassana Abdoulaye, depuis sa création en 1963, les concours d’entrée dans cet établissement étaient toujours en français et que les arabophones doivent cesser de raconter des fausses histoires.  « Il n’a jamais été question de section arabe, c’est une contre-vérité. Il n’y a jamais eu de cours en arabe à l’ENA », précise-t-il. Il explique que c’est en 2018 que le gouvernement a exprimé le besoin de former les traducteurs bilingues et les assistants de direction bilingues et c’est par l’expression des besoins de l’État que l’ENA avait lancé le concours.

M. Hassana Abdoulaye précise que c’est seulement qu’en 2018 que le concours a été ouvert aux bilingues et non aux arabophones. Il explique que pendant la formation de la filière des traducteurs et de assistants de direction bilingues, 40% des cours sont en français, 40% en arabe et 20% autres pour cent de cours sont soit en français ou en arabe et que les élèves ne sont pas séparés, mais l’enseignant est libre de dispenser son cours en français ou en arabe. Selon lui, le bilinguisme n’est pas bien expliqué aux Tchadiens qu’il y’a une grande confusion entre arabophones et le bilinguisme. Le directeur général de l’ENA souligne que l’établissement s’évertue à former les administrateurs selon les besoins de l’État et qu’il n’a pas la vocation d’exclure les uns et de favoriser les autres. Pour ce qui concerne le concours en cours, il affirme que le gouvernement a exprimé le besoin dans la formation en domaine et impôt. Et qu’à l’heure actuelle, il est difficile d’avoir les formateurs professionnels en arabe, c’est pourquoi le concours est ouvert seulement aux bilingues et aux francophones, avant de noter que ce n’est pas une exclusion, mais plutôt un besoin qui nécessite une qualification pointue.

Pour le porte-parole des arabophones, Mahamat El Béchir, la langue arabe est une langue officielle au Tchad. Il n’est pas question d’organiser un concours national et d’exclure les arabophones. Pour exprimer leur frustration, les arabophones ont organisé une marche qui s’est soldée par une arrestation de 7 membres.

Le délai de dépôt des dossiers a commencé le 15 juin et fini le 30 juillet 2021. Les candidats doivent préciser dans leurs demandes l’un de 8 départements choisis.  Les centres de concours sont Abéché, Bol, Bongor, Faya, Mao, Mongo, Moundou, N’Djamena, Pala et Sarh.

Jules Doukoundjé

Donc le Conseil Militaire de Transition (CMT) vient d’écouler son 100e jour au pouvoir ce mercredi 28 juillet. Il a été créé le 20 avril par un cercle restreint de militaires hauts gradés avec l’appui actif de la France deux jours après la mort du Maréchal président Idriss Deby Itno. Deux raisons ont, dit-on, motivé la mise en place du CMT : la situation politico-militaire volatile qui prévalait et le refus du président de l’Assemblée nationale (PAN), Haroun Kabadi, d’assurer l’intérim. Pour se donner une légitimité de facto, la junte a adopté une charte de transition qui contient tous ses engagements. 100 jours plus tard, quel est le bilan positif ou négatif du CMT?

Le positif

D’abord, un gouvernement de transition a été rapidement nommé. C’était une bonne chose. Il ne fallait pas laisser les Tchadiens dans l’expectative et les supputations politiciennes. La nature a horreur du vide. La politique encore plus. Cette installation du CMT a permis d’éviter le chaos pour certains. Pour d’autres le CMT est plutôt une machine illégitime qui a validé la succession dynastique au sommet de l’État. Tout compte fait, le CMT s’est installé cahin-caha. Et a rapidement annoncé Pahimi Padacké Albert (PPA) comme Premier ministre de Transition (PMT). Des noms d’autres leaders avaient circulé. Il semblerait que PPA a été choisi par défaut lorsque les autres faisaient de la résistance à la junte. PPA a su être opportuniste en proposant lui-même ses services.

Le mi-positif, mi-négatif

Aussi, très vite il s’est attelé à la formation du gouvernement. Personne n’est dupe. Ce gouvernement est l’œuvre de la junte. Certaines personnalités publiques sont entrées dans ce gouvernement de transition par devoir à leur pays en temps de crise. Des fortes têtes comme Mahamat Ahmat Alhabbo, secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement (PLD) du défunt professeur Ibni Oumar Mahamat Saleh. Ils ont peut-être troublé voire déçus certains, mais faire de la politique c’est aussi savoir, parfois, faire des concessions. Le gouvernement s’est mis par la suite au travail. L’Union africaine (UA) est entrée en scène avec le résultat qu’on connaît. Son premier choix comme Haut Représentant le sénégalais Ibrahima Fall est rejeté. Un nouveau est nommé, il s’agit du Congolais Basile Ikouébé. Il est arrivé dans la capitale tchadienne, N’Djamena, en mode incognito,  presque sur les pointes des pieds. Pourquoi? Qu’est-ce que cela augure ? Quelle lecture faut-il en faire? Il est trop tôt. Pour l’instant, il faudra donner la chance au coureur comme on dit.

Le négatif

Depuis la formation du gouvernement, rien ne semble avoir avancé à un rythme respectable. 3 mois sont consommés, il ne reste plus que 15 mois. Pour y arriver à respecter les échéances, il faudra accélérer le rythme. Le temps est un redoutable ennemi, mais la junte semble traîner des pieds sans aucune raison sinon qu’elle a, peut-être, des intentions cachées.

Ensuite, le Conseil National de Transition (CNT) annoncé depuis lors est toujours dans les limbes. Un comité chargé de sélectionner les candidatures patauge encore dans « l’a peu près-isme ». Les réunions se succèdent pour travailler, dit-on, les textes, les critères, les cv etc. Dans cette nouvelle machine, l’ex-parti au pouvoir le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), ses amis, ses alliés jouent du coude. Les organisations de la société civile, proches du CMT et celles loin de la junte s’accordent sur un fait : le rythme est lent. Trop lent. Pire, aucun signe de la part du CMT pour commencer à réfléchir sur une des conditions imposées par l’UA : la modification de la charte de transition. 

De plus, depuis quelques semaines, le PMT flanqué du ministre d’État chargé de la Réconciliation nationale et du dialogue ont lancé un ultimatum aux partis politiques et aux organisations de société civile de faire parvenir les noms de leur représentant au comité chargé d’organiser le Dialogue national. La méthode choisie interroge. Et les conséquences sont déjà visibles et audibles. Des scènes disgracieuses ont emmaillé les rencontres qui ont, pour la plupart, fini abruptement. C’était une foire d’empoigne. Elle a été inaugurée à l’hôtel Radisson Blu par les partis politiques pour la désignation de 15 des leurs. Tous les Tchadiens ont vu les images, entendu les invectives. Ce n’était pas beau à voir. Ces disputes sont le reflet de la médiocrité d’une bonne partie des hommes et des femmes politiques du pays. Le lendemain, c’est au tour des organisations des jeunes de s’étriper presque à coup des coups de poing. Oui les jeunes, il est tentant de dire que la relève est prête pour la suite du désordre organisé depuis des décennies. Et les médias dans cette foire de positionnement? Ils ont, semble-t-il, déjà des représentants cooptés on ne sait pas par qui. Ni par quelle alchimie. Il s’agit pour la plupart des « journaleux béni-oui-oui » qui ont brillé ces dernières années par leurs complaisances que par leurs intégrités journalistiques. Il y a quelque chose de malsain et d’odeur puante…

Enfin, il est temps que le CMT et le gouvernement de transition changent de méthode. Il est inconcevable de réunir des centaines d’acteurs politiques et de la société civile en leur demandant de désigner leurs représentants. Cette approche ne peut donner que des scènes de désolation. Cette méthode donne l’impression que c’est voulu, organisé et cautionné en haut lieu. Il est temps que le CMT et le gouvernement proposent aux Tchadiens une méthode bien définie avec des critères précis. Sinon, sinon ces scènes disgracieuses annoncent un combat des coqs au lieu d’un dialogue apaisé.

Alors que faut-il dire de ce bilan des 100 premiers jours? Réponse : il est largement négatif. Non pas par la faute des Tchadiens. Ni par celui de l’UA et de la communauté internationale. C’est en grande partie par la faute de la junte qui croyait qu’il suffisait de prendre le pouvoir par la force. Et de crier « ciseaux » pour que tout se fasse. Pour que les Tchadiens leur obéissent aux doigts et à l’œil. Non. Les Tchadiens veulent du changement, ils sont décidés à l’obtenir vaille que vaille même au prix des coups de poing.

Bello Bakary Mana  

Le dialogue national inclusif en vue risque d’être transformé en un ring de combat national inclusif. Chronique.

« Le problème que le dialogue va créer risque d’être plus grand que le problème que le dialogue veut résoudre » a posté le slameur Didier Lalaye alias Croquemort sur sa page Facebook. Il a peut-être raison d’exprimer une telle inquiétude. Car, déjà, rien qu’avec les réunions préparatoires au sein des forces vives de la nation, des scènes dignes des films ont été offertes aux Tchadiens.

« Je n’ai peur de personne moi », se bombe le torse un chef de parti politique qui prend position devant un autre. « Il y a de grandes personnes qui raisonnent comme des gamins », sermonne un autre. Le climat n’était pas convivial ni amical entre les chefs des partis politiques qui se sont comportés comme des fanatiques. Bon, revenons aux faits.

Jeudi 15 juillet. Les chefs des partis politiques se sont réunis suite à l’appel du ministère de la Réconciliation nationale et du Dialogue. Objectif : désigner 15 représentants des partis politiques au sein du comité d’organisation du fameux dialogue national inclusif. Dès l’ouverture des travaux, la salle s’est enflammée. Les débats autour de la procédure et des critères de désignation ont été houleux, au point où des responsables politiques ont failli venir aux mains. Il a fallu que le ministre en chargé de la Réconciliation, Acheikh Ibn-Oumar intervienne pour les recadrer avant que la tension ne baisse. La procédure a été suspendue. Ce n’est pas tout.  

Samedi 24 juillet. C’est autour des jeunes de se réunir pour désigner leurs cinq représentants. Comme leurs aînés, ils ont réédité le même scénario. Eux ont mieux fait mieux que leurs aînés en se donnant des coups. Des candidats boutés ont déchiré tous les documents relatifs à la procédure des élections. Des tiraillements à chaud, des bousculades, heureusement que des coups de poing n’ont pas été distribués. Une image « honteuse » laissée par ces leaders des associations de la jeunesse. La procédure, elle aussi, a été suspendue. 

À quoi s’attendre le jour du dialogue où toutes les forces vives de la nation vont se retrouver ? La question reste posée. Mais déjà, on a un avant-goût du climat qui va régner lors de ces assises. Il est fort probable qu’on se retrouve avec des Jet Li, Jacki Chan, Jean-Claude Vandame, Bruce Lee, dans la salle le jour J du grand jour vu ces tensions. Si c’est le cas, il faut s’attendre à un « combat national inclusif » au lieu d’un dialogue national inclusif. Comme quoi le dialogue risquerait d’être transformé en un grand ring national. Et personne ne clamera que le slameur Didier Lalaye alias Croquemort n’a pas prévenu. Pourvu qu’il n’y ait pas des morts.

Christian Allahadjim   

Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur la capitale tchadienne ont font d’énormes dégâts dans certains arrondissements. A Dingangali 1, quartier sud, situé dans le 9e arrondissement, les habitants sont à pied d’œuvre pour évacuer les eaux de pluie. Reportage.

Les habitants de certains arrondissements de la capitale tchadienne, N’Djamena, n’arrivent plus à dormir, à cause des pluies qui se sont abattues ces derniers jours. Au quartier Dingangali 1, situé dans la commune du 9e arrondissement, les habitants ont passé la nuit debout pour évacuer les eaux des pluies. Pour faire face à cette situation, ils sont contraints d’ouvrir un passage sur le canal pour évacuer les eaux. Pour Dounia Alexandre Tandoka riverain de la digue, la digue a été construite d’une manière précipitée. M. Tandoka estime que les autorités devraient, en principe, consulter la communauté locale, avant d’ajouter que c’est elle qui vit la situation. Et c’est  elle qui devait donner des orientations à l’équipe technique qui a construit la digue, mais cela n’a pas été fait. Selon lui, en construisant la digue, les ingénieurs devraient ouvrir des vannes et mettre les buses pour permettre à l’eau de circuler, mais ils n’ont pas fait.

 Pour avoir ouvert la vanne, le dimanche dernier, les habitants de Dingangali 1, victimes des inondations ont eu de violents échanges avec l’entreprise qui a construit la digue. « Nous n’avons pas besoin qu’un ministre signe une décision, alors que nos familles sont dans l’eau », explique-t-il. Il a noté par ailleurs que chacun a sa responsabilité et qu’il est de la responsabilité et de l’État de construire les infrastructures pour évacuer l’eau. « Nous ne demandons pas une assistance, nous demandons à la mairie d’assumer ses responsabilités et nous allons appuyer celle-ci à faire son travail », précise-t-il. Pour Bintou Simondih, mère célibataire, chaque année, les habitants de Dingangali, surtout ceux qui habitent aux abords de la digue souffrent des inondations. Selon elle, le gouvernement leur a promis la construction des canaux d’évacuation digne de ce nom, mais c’est resté sans suite. « Je vis seule avec mes enfants et quand l’eau est entrée dans notre chambre, je suis obligée d’aller réveiller les voisins à 1 heure du matin pour aller ouvrir la vanne ».

Les inondations dans le quartier Dingangali ont empêché plusieurs débrouillards de vaquer à leurs occupations. C’est le cas du jeune forgeron qui a vu son atelier de fabrication de seau inondé par les eaux de pluie. Pour Dingamadji Maturin, il faut régler définitivement ce problème qui empêche les habitants de ce quartier de se débrouiller pendant la saison des pluies.

La commune du 9e arrondissement manque d’infrastructures et de moyens matériels et financiers pour faire face à des catastrophes naturelles telles que les inondations.  L’année dernière, la quasi-totalité des habitants de Dingangali, Walia et Gardolé ont été contraints de quitter leurs habitations pour cause de débordement des eaux fluviales. Cette inondation causée par le relâchement de la digue construite par l’État pour contenir les eaux du Chari et du Logone a fait d’énormes dégâts matériels.

Jules Doukoundjé

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