La déclaration du ministre de la Fonction publique Brah Mahamat « la Fonction publique est saturée » continue par mécontenter les diplômés sans emploi. Ce jeudi, le collectif des lauréats des écoles professionnelles a organisé une manifestation pacifique dans les locaux de cette institution. Reportage.
10h00mn ce jeudi 22 juillet 2021. A N’Djamena, la capitale tchadienne une grosse averse s’abat sur la ville. Dans les bureaux du ministère de la Fonction publique, logé à Farcha, les fonctionnaires vaquent à leurs occupations. Aux abords du ministère, des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration s’impatientent. Ils sont venus pour exprimer leur colère. Ils sont mécontents de la déclaration du chef de ce département, Brah Mahamat qui affirmait que « la Fonction publique est saturée ».
À 11h 20, les lauréats des écoles professionnelles décident de braver la pluie. Il ne tombe que des gouttelettes. Papiers imprimés en noir sur blanc sur lesquels les textes « non au clientélisme, non au népotisme, nous sommes fatigués de vos promesses masquées, fonction publique égale fonction parent, fonction publique saturée, Brah dégage » en mains, les mécontents avancent à l’entrée de la Fonction publique. L'hymne national « la Tchadienne » est entonné. Regroupés sous le hall central de l’institution, les manifestants ont commencé par faire leur show, sans violence. L’air triste, ils entonnent leur chant de détresse : " nous sommes les professionnels, nous sommes formés par l'État suite à un besoin, nous sommes la réalité du pays, nous sommes les enfants des pauvres, nous avons aussi les diplômes, nous voulons notre intégration, nous n'avons pas l'argent pour négocier, nous sommes aussi Tchadiens, nous sommes abandonnés, la Fonction publique n'est pas saturée, nous avons aussi droit, nous sommes humiliés pendant 15 ans, nous sommes maltraités pendant 15 ans et aujourd'hui la Fonction publique est saturée, non à discrimination, trop c'est trop." Ce chant est repris en chœur durant tout le temps qu’a duré la manifestation.
Selon le porte-parole du collectif, Neuzilka Emmanuel, cette manifestation est motivée par la cause pour laquelle ils sont engagés depuis 2019, l’insertion socioprofessionnelle. « Nous ne revendiquons que notre intégration, car nous le méritons aussi », a-t-il réaffirmé. Nouvelle exigence, le collectif demande la démission du chef de département de la Fonction publique.
12h. Les éléments de la police antiémeute surgissent par surprise dans la cour de la Fonction publique. Des grenades lacrymogènes fusent de partout. Aucune arrestation n’est signalée sauf deux cas de blessures et des vitres des véhicules parties en éclat, établit Neuzilka Emmanuel.
Le collectif d’indiquer que des actions seront organisées en continu jusqu’à satisfaction de leur revendication.
L’Or Orthom
Christian Allahadjim