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L’équipe du gouvernement de la transition du Premier ministre, Pahimi Padacké Albert est désormais connue. Une liste de 40 membres est publiée, hier 02 mai.  Ialtchad Presse a recueilli quelques commentaires des citoyens. Vox pop.

Issaka Digadjimbaye Alias Mandargué, artiste comédien : « J’adresse mes vives félicitations et je souhaite bon vent, et bon travail à ce nouveau gouvernement. Ils ont besoin de notre soutien pour mieux faire. Ne jugeons pas d’emblée dans le sens de négatif, le moment n’est pas encore indiqué. Ce qu’il faut faire, c’est de collaborer pour une bonne transition. L’essentiel souhaité par le peuple tchadien c’est la paix, pour le décollage de notre pays. Je ne suis pas contre cette équipe, mon souhait est que les membres collaborent pour le mieux afin de rassembler les Tchadiens de tous les horizons. Beaucoup de courage à eux. La population tchadienne doit chercher la voie de la paix, de l’apaisement. Maintenant l’air n’est plus aux troubles publics ni à la brutalité. Seul le dialogue peut sauver notre pays.»

Fallé, Etudiant en 2e année en Droit : « Au sujet de l’équipe du gouvernement de la transition dont la liste a été publiée hier, rien n’a changé. C’est toujours le même système qui revient. Je suis contre et je demande au Conseil Militaire de la Transition de changer ou de reformer ce gouvernement.»

Madjerim Nelim Étudiante, à l’INJS : « Selon moi c’est normal, parce qu’après le décès du président Deby, il nous faut un gouvernement de continuité. Ce, afin de garantir l’autorité de l’État et une gestion efficiente des biens publics dans l’intérêt commun.»

Youssouf, Clandomen : « Écoutez, tout mon souhait, c’est la paix au Tchad. Tout ce qu’on demande à cette équipe de transition, c’est un travail bien fait pour étancher la soif du peuple tchadien. Réunir les Tchadiens pour qu’ensemble, nous construisions notre pays. Les Tchadiens doivent s’unir et se tenir main dans la main afin d’aller en avant. Préservons tous la paix retrouvée.»

Réalisation Younous Sidick Abakar Choukou

La fête de fin de ramadan arrive à grands pas. Le couvre-feu suite à la mort du président Idriss Deby qui a impacté négativement beaucoup d'activités économiques vient d’être levé. Ialtchad Presse a fait le tour chez les commerçants du marché. Et chez quelques gérants des bars et restaurants. Reportage.

11h. Quartier Paris-Congo dans le 6e arrondissement de la ville de N’Djamena, capitale du Tchad. À l'entrée d’un bar, une poignée de clients discutent dans une ambiance bon enfant. Quelques bouteilles de bière traînent sur la table. À l'intérieur de la pièce, un jeune homme a l'air de s’ennuyer. Il est assis, un cahier est devant lui sur la table, c’est NGUYAMBAYE Désiré. Il est gérant. Il dresse la situation du marché de ces derniers jours, « avant, à la fin du mois, nous vendons minimum 10 casiers par jour. Maintenant, même écouler la moitié est presque impossible. Dieu merci, le couvre-feu est levé, on espère que ça va redémarrer ». Certains bars sont vides. Pas de clients, les servants sont rivés sur les écrans pour chasser l'ennui.

À l’autre bout de la ville, au quartier Repos 2. Il y a « DERNIÈRE HEURE », nom d’un restaurant du 5e arrondissement de la ville. À l’entrée, un jeune garçon fait le ménage. On l’interroge. Il nous renvoie vers IZADINE Cherif,  le responsable du restaurant. Selon ce dernier, c'est la nuit que les clients viennent se restaurer, « mais ces temps le ramadan couplé à la mort du président et le couvre-feu, la fréquentation a drastiquement baissé. Inchallah avec la levée du couvre-feu, tout va redevenir normal », dit-il.

Plus loin, plusieurs cafétérias sont fermées. Quelques rares sont ouverts. C'est le cas de celles qui bordent le mur derrière le Lycée Félix Éboué. Un des tenanciers nous confie nonchalamment qu'il a ouvert pour certains étudiants qui ne font pas le ramadan, « je devais rester fermé. Pas assez de clients. Ça ne tient pas. »

Du marché central au marché de Dembé en passant par celui de Diguel, et le marché a AL-AFIA communément appelé Souk-Choleras, les premières effervescences se font sentir. Hommes, femmes, et jeunes se bousculent dans les allées faisant des emplettes se préparant à la fête de fin de ramadan. À l'entrée du marché central, Mahamat Mama est vendeur des habits prêts-à-porter, « les chiffres d’affaires de cette année seront en baisse. Cela est dû au corona virus, au ramadan et au couvre-feu. L'année dernière pendant le ramadan j’avais une recette de minimum 100 000 francs CFA par jours. Cette année je n’ai même pas 50 000 » , se lamente le vendeur.

Sur la place de marchés, plusieurs clients se plaignent du prix élevé des produits. Mariam Annour, ménagère discute le prix d'un habille et affirme, « il n'y a pas d'argent cette année. Les prix des produits sont hors de nos bourses ».

Quelques mètres plus loin chez les couturiers appelés « tailleurs ». Ils soutiennent que les clients n'affluent pas comme par les années passées. « L'année passée, a l'approche de la fête, nous passons nos nuits à l'atelier tellement qu’il y avait du boulot pour tous », regrette-t-il.

Adam Oumar Adam
Togyanouba Santanan

Donc Pahimi Padacké Albert (PPA) a composé son gouvernement de transition. Ils sont 30 ministres et 10 secrétaires d’État. Ils vont gérer cette transition. Un gouvernement dans un contexte particulier. Un gouvernement représentatif? etc. Est-ce un gouvernement de crise? Il donne l’impression de la continuité de l’ex-régime. Pourquoi?

D’abord pour « l’union sacrée » chère au Premier ministre PPA, il faudra attendre. Ce n’est pas un gouvernement de crise. C’est un gouvernement ordinaire en temps de crise. En tout cas avec cette équipe la crise risque de s’éterniser. De se transformer en quelque chose d’autre, de plus grave, enfin peut-être. C’est un gouvernement qui œuvrera, peut-être, pour que dialogue s’enclenche. Pas plus. Mais pour l’instant c’est du « plus ça change, plus c’est pareil ». Les Tchadiens ont le sentiment d’un éternel recommencement. Un gouvernement dit de transition qui reprend presque les mêmes. Oublie la société civile. Fait quelques rafistolages. Rajoute un nouveau visage. Retire un autre. Et se retrouve avec une bande de copains, des vieux copains des gros vieux parti, d’anciens alliés, des nouveaux alliés et d’ex-alliés. Rien n’est calibré.  Ni équilibré. Que pourra faire un tel gouvernement sous l’œil de la junte? Pas grand-chose. Les Tchadiens attendaient un gouvernement de large ouverture et de mission. Ils ont un gouvernement mi-figue, mi-raisin. Et pourtant le moment est grave.

Aussi, quelles sont les figures importantes de ce gouvernement? Crédibles. Influents. Rassurants. Pas grand monde. Il y a Acheikh Ibni Oumar (AIO). Un homme désintéressé peut-être. Un homme qui n’aime pas faire beaucoup des vagues. Il est prêt à rendre encore service à son pays, mais s’il n’est pas bien entouré, il sera submergé, avalé par les vagues, les remous et les frustrations. Il est peut-être à sa place, mais il aurait été plus efficace comme Premier ministre que PPA. En propulsant Acheikh à la tête de ce ministère, la junte lui demande de repartir parler avec ses anciens amis qui le raillaient lors de son retour au pays. Mission difficile, mais pas impossible. Il a les épaules larges pour mener à bien cette mission. Il doit bien s’entourer et exiger d’avoir les mains libres.

Ensuite, la surprise est l’entrée du secrétaire général du parti pour les libertés et le Développement (PLD) Mahamat Ahmat Alhabbo. C’est une grande figure qui a quitté le gouvernement il y a 20 ans. Il dirigera le ministère de la Justice. Un département sensible et discrédité depuis longtemps. La tâche sera difficile, mais Alhabbo est bien à la hauteur de la responsabilité. C’est un homme exigeant qui pourra bien remettre de l’ordre. Son entrée au gouvernement est un sacrifice pour influencer positivement la transition.

L’Union nationale pour le développement et le renouveau (Undr) a 2 postes ministériels. Son chef Saleh Kebzabo n’y figure pas. Il n’a pas non plus fait entrer des poids lourds de son parti comme les Azocksouma Djona et les Célestin Topona. L’opposant historique se ménage-t-il pour les échéances prochaines? Certainement. Il a déjà adoubé à demi-mot le Conseil Militaire de la Transition (CMT). Il accepte que son parti soit dans l’action gouvernementale tout en restant sur ses gardes. Kebzabo fait son « en même temps » et ses calculs politiques.

Enfin, la grande absente est la société civile. Cette omission ou refus est une faute. PPA devait en principe faire des efforts pour rallier une ou deux grandes figures telles que Barka Michel, Mahamat Nour Ibedou ou encore Max Lolngar. Il est vrai que ce sont des durs à cuire, mais le gouvernement aurait gagné en crédibilité et serait un peu plus dans la voie de l’union sacrée. L’autre grand absent est le clivant jeune leader Succès Masra et les Transformateurs. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste Succès Masra a fait bouger les lignes. Il a su malgré les reproches des uns et des autres rester sur sa ligne. D’ailleurs lui et sa troupe n’ont aucun intérêt à aller servir de caution aux mêmes qui depuis plus 30 ans se partagent le pouvoir. Un refus qui risque peut-être de leur jouer des tours dans une prochaine élection nationale. Tous les calculs des uns et des autres est une vieille façon de faire de la politique. C’est cela qui donne le sentiment à la majorité des Tchadiens d’être dans un éternel recommencement.

Bello Bakary Mana

« L’information comme bien public », c’est le thème de la journée mondiale de la presse ce 3 mai. C’est l’occasion pour l’Union des journalistes tchadiens (UJT) et le patronat de la presse tchadienne (PPT) de faire un état des lieux sur les conditions d’exercice du métier de journaliste au Tchad.   

Pour le président de l’Union des journalistes tchadiens (UJT), Abbas Mahamaoud Tahir, le choix du thème de la commémoration de cette année est  lié à l’événement. Cette 28e édition de la journée mondiale de la liberté de presse coïncide avec le 30e anniversaire de la déclaration de Windhoek, appel qui a permis l’institutionnalisation, en 1993, de cette journée mondiale de la liberté de la presse (JMLP). Le but : célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, évaluer la liberté de la presse à travers le monde, défendre l'indépendance des médias et rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l'exercice de leur profession. D’après lui, dans le contexte tchadien, cette 28e  année de la JMLP correspond également aux 30 ans de démocratisation en cours de consolidation et qui sert de creuser au pluralisme et à la libre expression. Pour cette année, selon le président de l’UJT, les festivités marquant cette journée ne peuvent se tenir compte tenu du deuil national de 14 jours en hommage au feu Maréchal Idriss Deby Itno, président de la République. Mais elles seront organisées en différé, rassure Juda Allahondoum, président du PPT.

Au sujet de l’état actuel de la presse tchadienne, le président du Patronat de la presse tchadienne, Juda Allahondoum, souligne que les signaux ne sont pas encourageants.  « Nous n’occupons pas une bonne place dans le classement de Reporter Sans Frontière. 123 sur 180. Nous faisons partie des pays où la liberté de presse est en danger. Il y a trop de pressions sur la presse privée », dit-il. Toutefois, le président du PPT reconnaît que des efforts sont faits. « Néanmoins, il faut noter qu’à l’heure actuelle, aucun journaliste n’est en prison, aucun organe n’est sanctionné pour de manquements professionnels. C’est déjà quelque chose de positif ».

Pour les difficultés que rencontrent les organes de presse et les journalistes, le président du PPT souligne que les défis majeurs restent l’accès aux sources d’information officielles. « De nombreuses personnalités fuient la presse privée pour la simple raison qu’elles craignent de perdre leur  poste. Difficile pour les journalistes tchadiens de faire de l’investigation », affirme Juda Allahondoum.

Le président du PPT reconnaît qu’il y a un véritable problème de viabilité des organes de presse. « Aujourd’hui, le marché de la publicité est trop restreint, ce qui ne permet pas aux entreprises de presse de faire de recettes pour assurer leur  fonctionnement. Ce qui conduit à des actes contraires à l’éthique et à la déontologie quand ces organes veulent coûte que coûte vivre », fait-il remarquer.  L’UJT et le PPT notent que les journalistes ont des difficultés sur le terrain du fait des forces de l’ordre. « Les journalistes qui, quelquefois, subissent de bastonnades comme lors des manifestations et du couvre-feu imposées par les forces de l’ordre et de sécurité. Cette attitude sape le moral des jeunes reporters », rapporte Juda Allahondoum.

Pour pallier à ces difficultés et favoriser un climat à l’exercice du métier de journaliste, le PPT propose que « la subvention aux médias soit inscrite dans le budget de l’État et définir clairement les conditions d’accès, favoriser l’accès aux sources d’informations aux journalistes et adopter une loi sur la publicité pour contraindre les multinationales à faire régulièrement les annonces et les publicités dans les journaux. »

Depuis le 20 avril, le Tchad est dans un régime militaire avec la création du Conseil militaire de transition (CMT) après le décès du président Deby. Bien que des régimes militaires soient à craindre, le PPT estime qu’il est encore très tôt de tirer des conclusions. « Jusqu’à preuve de contraire il n’y a pas encore des abus à signaler en dehors de nos confrères arrêtés lors de la marche du 27 avril, mais qui sont remis en liberté après nos interventions auprès des responsables de la police », affirme Juda Allahondoum. Il exhorte le CMT et les autorités de la transition d’impliquer  la presse dans toutes leurs initiatives.

Rappelons que le 3 mai de chaque année, la Communauté internationale, sous l’égide de la Commission des Nations-Unies pour la Science, l’Éducation et la Culture (UNESCO), célèbre la liberté de presse à travers le monde. Cette journée est instituée en 1993. Donc la 28e édition.

Allarassem Djimrangar

Stop rougeole

Avr 28, 2024

La campagne de vaccination contre la rougeole est lancée depuis le 22 mars. Des équipes de vaccination sont sur le terrain. Ialtchad Presse est allé constater l’effectivité de l’opération. Reportage

Les équipes des agents vaccinateurs contre la rougeole sillonne la capitale tchadienne, N’Djamena. Une équipe s’est installée au quartier Ridina, dans le 5e arrondissement de la ville de N’Djamena. Selon Hassan Abbo Abakar, chef d’équipe des vaccinateurs, au début de la campagne les parents étaient réticents. Ils croyaient, dit-il, que c’était la vaccination contre la covid-19, comme c’est d’actualité. « Mais il nous a fallu développer de stratégies communes avec nos relais communautaires nous avons pu sensibiliser la masse. Pour le moment ça fonctionne bien. Nous avons développé une stratégie qui a bien fonctionné », dit-il. Selon lui, l’équipe vaccine 300 enfants par jour. Il précise aussi que cette vaccination concerne les enfants de 0 à 5 ans. « C’est une vaccination qui ne concerne que la rougeole parce que c’est une maladie cible ».

Selon les spécialistes, la rougeole est une maladie visible et très contagieuse. Un enfant atteint de la rougeole peut affecter tous les autres enfants non vaccinés, dit Hassan Abbo Abakar. « Cette maladie peut provoquer la cécité chez l’enfant. Elle se signale par éruption cutanée. Des petits boutons en forme de tâches de tigre ». Il rajoute en précisant que, la vaccination va continuer jusqu’au 28 mars dans quelques carrés.

« Je dirai aux parents de ne pas hésiter, mais envoyer les enfants pour se faire vacciner. La rougeole est une maladie très dangereuse. Les enfants ont le droit d’être protégés. Lorsqu’on fait un enfant, on doit s’occuper de sa santé », affirme, le chef d’équipe. Il reprécise que la vaccination contre la rougeole est couplé d’Abendazol, un produit antiparasite et de la vitamine A qui aide à la croissance de l’enfant.

Moyalbaye Nadjasna

Malgré les multiples sensibilisations faites sur le problème de la défécation à l’air libre dans la capitale tchadienne, N’Djamena. Rien n’y fait. L’incivisme de certains les conduits à se soulager non loin de la Maison de Dieu entre la tente d’assignation de l’Église catholique et la propriété de l’ambassade du Nigeria. En face de la Place de la Nation, c’est un champ de selles humaines. Reportage.

Le soleil est à son zénith. Derrière la tente d’assignation de la Paroisse Notre Dame, un air chaud brille les visages. Des odeurs suffocantes des selles humaines prennent en tenaille narines et gorges des passants. Ici des carcasses des chats morts. Là des tas d’immondices. Tous les soirs sur cet espace les jeunes jouent au football. Tous les matins des apprentis conducteurs s’entraînent en vue de passer leurs permis de conduire de voiture ou de motos. Apparemment, personne ne se soucie de l’insalubrité dû à l’incivisme. Même pas les responsables de la Mairie.

Pour Abbé Achille, responsable de la Paroisse Notre Dame, des efforts ont été faits autour de ce lieu. Il propose que la Mairie place de bacs à ordures autour ça pourrait être une solution. « Plusieurs convoitent cet espace et estiment qu’il devrait être un site commercial », dit le religieux. Selon lui, il y a longtemps, la Paroisse a adressé une lettre au Maire sortant pour dénoncer l’incivisme des citoyens et le développement d’un marché illégal autour d’eux.  D’après Abbé Achille, le ministère de la Défense est venu chasser les gens de ce marché illégal.  Mais actuellement et à leur grande surprise, tout a repris, se plaint-il. « C’est dommage, les gens n’ont pas peur même du lieu saint. Nous pensons que nous sommes comme en Égypte et un jour nous allons repartir à Canaan, la terre promise ».

Lui, c’est Ahamat Souleymane, « Ici c’est le cœur de la ville, mais ce qui se passe est terrible. Les gens défèquent partout en plein jour sans être inquiétés. Dès qu’on leur signifie leur incivisme, ils deviennent agressifs », dit-il. Le feu est au rouge à la Place de la nation, Poradoum Ngartolnan, un passant s’arrête et commente, « ceux qui font cela sont des ennemis de la santé publique. Je propose à la mairie de construire les latrines publiques. Ou alors affecter autour du site des policiers municipaux pour donner amender les contrevenants ».

Rappelons que l’Objectif de développement durable (ODD), vise à mettre fin à la défécation à l’air libre. Il vise aussi à favoriser l’accès de tous aux conditions équitables des services d’assainissement et d’hygiène adéquats. En juillet 2017, un rapport de programme conjoint de monitorage (JMP) fixant la ligne de base des nouveaux indicateurs relatifs aux ODD. En même année, une enquête relève que 90% de la population tchadienne n’a pas de toilettes ou en disposent d’une toilette, mais elles ne sont pas conformes à une gestion hygiénique des excréments. « 68% soit 9,5 millions de personnes défèquent à l’air libre. Seulement 10% de la population tchadienne dont 4 millions utilisent un service d’assainissement hygiénique avec élimination des matières fécales surplace ou traitement hors site», précise toujours le rapport. La ville de N’Djamena contribue avec 2,6% de taux de défécation à l’air libre, indique le rapport.

L’analphabétisme et l’ignorance de la population tchadienne constituent un grand défi pour mieux comprendre l’hygiène. Si les Tchadiens veulent vivre dans un environnement sain, chacun à son niveau doit arrêter et sensibiliser les autres sur les méfaits de la défécation à l’air libre, uriner sur les murs ou coins et recoins des édifices publics. Ces pratiques sont nuisibles à la santé de tous.

Moyalbaye Nadjasna

N’Djamena entre dans une période de forte chaleur. Diverses techniques sont utilisées pour se protéger. Dr Madjimbaye Todjimngar Severin donne plus d’orientations. Reportage.

Selon Dr Madjimbaye Todjimngar Severin, la canicule est un épisode de forte chaleur qui dure plusieurs jours et nuits. Et depuis fin février, N’Djamena est entré dans cette période avec une température qui oscille entre 40 à 45°. Alors que d’après Dr Severin, la température que le corps humain supporte est de 33° Celsius le jour et 20° la nuit.

Les épisodes de canicule et de forte chaleur sont une menace pour la santé, affirme le coordinateur des activités de la clinique Melina.  Les maladies et malaises liés à la canicule sont nombreux. Dr Severin énumère quelques-uns : les crampes musculaires, la déshydratation, les écoulements nasaux, l’insolation, la méningite, etc.

Les crampes musculaires sont dues à la réduction de la quantité du sel dans les muscles. La déshydratation découle de la perte de liquide corporel. Celles-ci sont les résultantes de la transpiration. Les écoulements sanguins nasaux sont les conséquences de la fragilité des vaisseaux nasaux exposés à la chaleur.  La méningite est la maladie la plus connue due à la chaleur. C’est une maladie à germe thermophile, précise Dr Severin.  Le choc thermique donne une maladie qu’on appelle une insolation. C’est un trouble neurologique qui survient à une exposition de la tête à la chaleur. C’est-à-dire le cerveau est en surchauffe. Cette insolation se présente par des symptômes suivants : la température monte jusqu’à 40°, les rougeurs du visage, les sueurs excessives, des transsudations qui sont exagérées, des maux de ventre, des vertiges, des crampes musculaires, etc.

Se mettre à l’abri

Pour se mettre à l’abri de la chaleur et éviter qu’il fasse vraiment chaud dans la chambre, Dr Severin donne des astuces.

Astuce 1 : Pour ce qui est de la chambre, il conseille de fermer les portes et les volets pendant la journée et les ouvrir que la nuit. Car, explique-t-il, généralement pendant cette période, la température de l’extérieur est supérieure à celle de l’intérieur.

Astuce 2 : retirer les tapis de la chambre pour faciliter le refroidissement thermique du sol.

Astuce 3 : éviter toute source de chaleur intense dans la chambre.

Astuce 4 : arroser au maximum la cour qui a des arbres et l’entrée de la chambre. « Cela permet d’humidifier le sol et que l’oxygène pur soit dégagé par ces arbres », dit-il.

Astuce 5 : arrêter de porter des habits aux couleurs sombres. Dr Severin conseille plutôt le port des habits clairs, légers, amples et de préférence en coton.

Astuce 6 : Ne pas faire les efforts physiques pendant la chaleur et surtout pour les personnes âgées. Risque d’augmentation le rythme cardiaque et la température corporelle.

Astuce 7 : limiter au maximum les promenades sous la chaleur surtout entre 12 et 16 heures. Pour éviter la déshydratation, il est souhaitable de boire suffisamment d’eau, minimum trois litres. Il ne faut pas attendre à avoir soif pour boire.

Astuce 8 : Se laver régulièrement en journée, manger frais (des fruits et des légumes riches en eau)

Astuce 9 : vise les personnes utilisant des climatiseurs ou air conditionné de ne pas pour être ensuite en contact direct avec la chaleur. Dr Severin prévient un trouble au rythme cardiaque. « Au sortir des pièces froides, il est conseillé de rester un peu pour que le sang reprenne le rythme normal avant de prendre de l’eau », dit-il. Pour ceux des gens qui utilisent les ventilateurs, il leur conseille de bien les positionner en suivant le trajet d’entrée d’air dans la chambre.

Christian Allahdjim
Orthom L’Or

Les mois de mars, avril et mai ne sont pas toujours tendres avec les N’Djamenois à cause de la forte chaleur. La capitale tchadienne, N’Djamena, devient une fournaise. Et l’électricité manque. Reportage.

Les prévisions météorologiques font grincer les dents. La température passe de 37 à 40 jusqu’à atteindre les 45° Celsius à l’ombre en mars et avril. La chaleur atteint son pic. Et l’électricité fait défaut. La Société nationale d’électricité (SNE) peine à alimenter la capitale en énergie électrique. Dans certains quartiers, l’électricité est fournie pour quelques heures seulement. Dans d’autres, elle est stable. Dans d’autres encore, elle est permanente faisant. Les N’Djamenois ont le sentiment de vivre une grande injustice.

12h 45min au quartier Moursal dans le 6e arrondissement de N’Djamena. La météo indique 43°. Sous cette chaleur écrasante, tout est calme. Saleh est assis devant sa boutique, éventail en main, l’air nerveux. À la question comment ça va avec cette chaleur ? Sa réponse est sans équivoque : « on vit l'enfer sur terre dans cette capitale. » Il affirme que cela fait 3 jours déjà que son secteur est sans électricité. Ce n’est pas sans conséquence pour le jeune boutiquier. Ses produits frais pourrissent.  « Aujourd'hui j'ai jeté 5 bouteilles de yaourt et 10 autres bouteilles de yaourt fabriqués localement », regrette-t-il. « Je ne peux pas continuer par tout jeter », rougit Saleh qui dit trouver une alternative. « J’ai trouvé une solution, j'achète chaque jour une à deux barres de glace pour conserver mes produits périssables », fait-il savoir.  Cette solution se généralise de plus en plus. Les boutiquiers l’utilisent pour préserver leurs produits de la décomposition.

À Mardjandaffack, sur l’avenue Maldom Abbas, Oumar, est détenteur d’une alimentation générale. Il se plaint du délestage quotidien dans son secteur. « Dans la journée, l’électricité est coupée. Ce n’est que la nuit que le secteur est alimenté », dit-il. Pour pallier au problème, Oumar achète de l’essence quotidiennement pour 2 000f pour alimenter son générateur et de la glace pour 3 000f pour la conservation de ses produits.

Saleh n'est pas le seul à vivre cette situation difficile, Achta, une veuve avec 6 enfants, habitant dans le premier arrondissement de N’Djamena, vendeuse d’eau glacée et de yaourt. Le délestage quotidien est un problème majeur pour elle.  « Passer 2 ou 3 jours sans électricité, c'est vraiment une perte pour moi », se lamente-t-elle.

Les vendeuses de poissons ne sont pas du reste. La chaleur et le délestage impactent négativement leurs commerces. Madame Geneviève est une prospère commerçante des poissons. Elle exerce dans ce métier depuis plus de 6 ans. « En période de chaleur, je n'arrive pas à conserver les poissons à cause du manque d'électricité. Alors je fais fumer les restants pour éviter qu'ils pourrissent ou encore je fais sécher ceux qui commencent par se décomposer », explique la vendeuse.

C’est un autre son de cloche chez les vendeurs de glaces et des appareils électroménagers. Ils se frottent les mains en cette période de forte chaleur et de délestage. « À chacun son temps », lance tout joyeux Brahim, un jeune vendeur de glace sur l’avenue Taiwan dans le 7e arrondissement. Avec la canicule, la consommation de glace est élevée et la demande est forte. Ce qui fait l’affaire des vendeurs. « En période de froid, c’est la galère pour nous. Mais là avec la chaleur, Dieu merci, les affaires sont florissantes », se réjouit-il. La barre de glace est livrée à 1 000f à l’usine et se revend entre 1 250 à 1 500f. « Je peux vendre jusqu’à 100 barres par jour », estime-t-il.

Dans les magasins d’électroménagers, c’est le sourire des beaux jours. Pour atténuer les effets de la chaleur, les riches N’Djamenois se ruent sur les ventilateurs et les climatiseurs. Djibrine tient une boutique sur l’avenue Pascal Yoadimnadji. Son commerce ne manque de clients. Et il s’en réjouit. Les clients, eux, se plaignent à la fois du prix de vente et du problème d’électricité. Un client se lâche « Le prix, même s’il est augmenté, n’est pas un problème. Le problème est que tu achètes le ventilateur et à la maison tu n’as pas d’électricité pendant des jours pour l’alimenter. » Finalement l’appareil acheté sert d’ornement. Et la chaleur règne en roi et maître.

Christian Allahadjim
Orthom L’Or

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