Le 10e congrès extraordinaire du Mouvement patriotique du Salut s’est ouvert ce 12 juin à N’Djamena. Un congrès placé sous le thème « redynamisation ». C’est aussi le premier congrès sans le président fondateur, le Maréchal Idriss Deby Itno, décédé en avril 2021. Reportage.
L’auditorium de l’hôtel Radisson Blu est plein à craquer. Membres du bureau politique national, secrétaires généraux provinciaux, délégués départementaux et autres invités d’honneur sont présents. Sur le podium, une grande affiche du congrès trône encadrée par deux autres portraits du défunt président Idriss Deby Itno avec la mention « hommage au président fondateur ». Sur l’écran géant, le magazine de la Présidence intitulé « l’autre Idriss Deby Itno » est diffusé en boucle.
Dehors la sécurité est impressionnante. La Police, les unités spéciales anti émeutes et même des militaires sont déployées. Les alentours de l’hôtel sont gardés par des militaires. La fouille est minutieuse. Cela rappelle exactement l'époque du président fondateur Idriss Deby Itno. Autrement, le MPS veut réaffirmer son statut de grand parti, parti État malgré la mort de son président fondateur. De quoi a peur le comité d’organisation ? « De rien », répond Me Jean-Bernard Padaré, président du comité d’organisation. D’après lui, il y a ce dispositif pour dissuader ceux qui ne sont pas du parti et seront tentés de s’infiltrer dans la salle. « Notre congrès a toujours été sécurisé », rappelle-t-il.
10heures. Conformément au programme, la cérémonie d’ouverture commence. Me Jean-Bernard Padaré, président du comité d’organisation prend la parole. Il salue la mémoire du président fondateur du MPS, Idriss Deby Itno, tué le 20 avril 2021. « Ce congrès se tient dans un contexte douloureux. Car c’est sans la silhouette de notre héros, notre guide que nous nous sommes réuni », a-t-il déclaré. Ensuite, un récit des versets du Coran a été fait suivi d’un poème en hommage au défunt maréchal et un documentaire sur la vie de Deby. Un moment d’émotions. Vient enfin le mot d’ouverture de la secrétaire générale 1ere adjointe, Madjidian Padja Ruth. Elle a indiqué que ce congrès vise à toiletter les textes du parti pour l’adapter au contexte. D’où le thème « redynamisation ». « Le MPS doit être un parti fort dans un État fort », a-t-elle martelé.
Grand absent de ce congrès, le secrétaire général titulaire Mahamat Zen Bada. Il se trouvait en France pour des raisons de santé. Mais selon des indiscrétions, le SG serait de retour à N’Djamena. « S’il se trouve à N’Djamena, il doit être là. C’est un grand militant », a répondu Me Jean-Bernard Padaré qui rejette en bloc des rumeurs sur de sérieux problèmes entre les SG du MPS.
Pour rappel, ce 10e congrès extraordinaire a été annulé pat Mahamat Zène Bada qui conteste la qualité de son adjointe à convoquer de telles assises. Mais l’évènement s’est tenu à son grand dam. Prévue pour deux jours, la rencontre est réduite en un jour. À l’issue de ces assises, le statut et le règlement intérieur du parti seront revus.
Christian Allahdjim
Il y a tempête au Mouvement patriotique du salut (MPS), ex-parti au pouvoir. Un congrès extraordinaire est attendu du 12 au 13 juin prochain à N’Djamena, capitale tchadienne. Une annonce faite à l’insu du Secrétaire général (SG) du MPS M. Mahamat Zène Bada partit pour des soins à Paris, en France. Il prend une décision et annule le futur congrès. Ses amis politiques maintiennent de facto le congrès. Ialtchad Presse dans un échange avec le Politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé vous propose son analyse de situation.
Selon le politologue Dr Évariste Ngarlem Toldé, il est toujours inscrit dans les statuts des partis politiques qu’il peut y avoir de congrès extraordinaire lorsque la situation l’impose. Seulement dit-il, on est en droit de s’interroger pourquoi, cette précipitation au sein du MPS ? D’après le politologue, entre l’annonce du congrès et la date de sa tenue il y a juste une semaine. Il se demande ensuite, pourquoi avoir attendu le départ pour la France du SG titulaire pour lancer des invitations aux membres du parti ? Et en fin, Dr Évariste Ngarlem Toldé s’interroge sur les mobiles réels de ce congrès ? « C’est vrai le Maréchal est décédé, mais on aurait pris tout le temps. C’est la précipitation d’organiser un congrès dans ce contexte. Ce qui amène à s’interroger sur les intentions des organisateurs. Mais aussi sur ce qui se cache derrière des ambitions inavouées des uns et des autres en ce moment », dit-il.
Pour le politologue, il ne pouvait en être autrement, le SG n’étant pas mis au parfum de la tenue de ce congrès, est dans son droit de réagir en signant une note pour annuler l’évènement. « En tenant mordicus à aller au congrès, les militants risquent de déterrer la hache de guerre. Parce qu’il y a des ambitions qui ont été longtemps étouffées. Vous savez, le MPS est un parti qui a un seul leader qui a dirigé de sa forte main de Maréchal, président de la République et président fondateur de ce mouvement politique. Et sa disparition laisse ce mouvement orphelin », affirme le politologue. Il soutient que cette disparition subite fait éclater au grand les camps qui apparaissent sur des bases tribales, régionales, ethniques et voire même des courants idéologiques qui traverse le MPS. Toujours selon Dr Évariste Ngarlem Toldé certains caciques ont peur de voir les enfants de Deby récupérer le parti. « Puisque cela ne serait pas nouveau dans ce pays lorsqu’un président fondateur d’un parti décède, les enfants ont tendance a récupérer le parti qui pour eux est le bien de leur père ».
« Un parti politique n’est pas un héritage… »
Le MPS d’après lui, n’est pas un parti comme les autres. C’est un mouvement politico-militaire qui a été une entente entre le colonel Idriss Deby, le colonel Maldome Bada Abbas et le général Nadjita Beassoumal et beaucoup d’autres en 1989. Aujourd’hui Zène Bada de sa position revendique l’héritage de son frère. « Maldom Bada Abbas était le président d’honneur du MPS jusqu’à sa mort. Donc Zène Bada qui est l’un des membres fondateurs de MOSANAT, revendique la paternité du MPS comme les enfants de Deby veulent en faire. Celui qui n’en tient pas trop c’est le GAL Nadjita Beassoumal, un vieux très sage et très silencieux en tant que religieux », rappelle le politologue.
Aujourd’hui, note-t-il, le MPS se trouve sans leader après le décès du Marechal. Dr Évariste indique cependant que, l’impression ou la perception qu’on a, « c’est qu’on veut écarter le SG qui ne semble pas être manipulable et mettre à sa place quelqu’un de plus maniable d’une part, et d’autre part, de trouver aussi un futur candidat aux élections présidentielles. Mais on peut penser également à un renouvellement et à un rajeunissement des cadres du parti, tout est possible avec ce congrès », mentionne-t-il. Il craint que le MPS sorte de ce congrès très affaibli et surtout très divisé.
Pour lui, chaque parti doit se référer à ses textes pour éviter des discordances. Le politologue relève que le MPS attendait un des siens même si ceux qui sont du Conseil militaire de la transition (CMT) sont plus ou moins MPS, il attendait à être associé à la gestion du pouvoir. « Or ce qui se passe aujourd’hui montre qu’on a tenu à l’écart le SG du MPS. En principe en cas de vacance de poste, de décès ou de disparition, les statuts prévoient tout, le vice-président ou le SG du parti ». Un parti politique n’est pas un héritage, surtout que le MPS est un mouvement politico-militaire, affirme Dr Évariste Ngarlem Toldé. À ce congrès il faut s’attendre à tout et à rien, conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna
Les tensions sociopolitiques au Tchad semblent se décrisper peu à peu et la tendance va vers un dialogue inclusif. La Coordination des actions citoyennes Wakit Tamma accepte de dialoguer pour un Tchad sur des nouvelles bases démocratiques. Wakit Tamma a fait quelques propositions. Ialtchad Presse décrypte pour vous le document en question.
Wakit Tamma, signifie en arabe tchadien, l’heure a sonné. C’est une coordination des actions citoyennes qui regroupe des mouvements de la société civile, la centrale syndicale UST et quelques partis politiques de l’opposition démocratique. Cette coordination s’opposait, à ses débuts, au sixième mandant du feu président Idriss Deby Itno. Selon un document signé le 02 juin 2021 des porte-parole notamment Me Max Loalngar (LTDH), Mahamat Nour Ibedou (CTDH), Dr Sitack Yombatnan (vice-président du parti les Transformateurs) Beni et Michel Barka (président de l’UST), Wakit Tamma justifie son ras-le-bol en quatre points.
Elle note d’abord l’injustice dans la gestion du pays et réclame justice pour tous. Ensuite, elle exige un dialogue sincère et le respect. Troisièmement, elle dénonce l’ingérence de la France dans les affaires internes du Tchad. Et la confiscation par les armes du pouvoir et sa conquête par les armes.
Pour le mouvement Wakit Tamma, la mort du Maréchal ainsi que celle d’une quinzaine des manifestants le 20 et le 27 avril aurait pu être évitée s’il y avait un dialogue sincère. Il faut signaler que Wakit Tamma, insiste sur le coup d’État de la junte et la dévolution dynastique du pouvoir au fils.
Il faut noter l’analyse contextuelle faite par Wakit Tamma des drames du 20 et 27 avril, il en ressort de cette analyse que le Tchad n’a non seulement perdu son président, mais plusieurs Tchadiens ont perdu leur vie soit dans le conflit armé ou communautaire et dans les manifestations. Pour le cas particulier des manifestants pacifiques, une quinzaine de morts et au moins 1200 cas d’arrestations. En effet, le document note une chose importante qu’il faut souligner. Il s’agit du plaidoyer de Wakit Tamma pour un dialogue sincère et ouvert à tous. Dans le document la coordination des actions citoyennes dit être disposée à dialoguer, ce qui est différent d’une réclamation de participation active dans un des organes actuels de transition. Les membres de cette coordination entendent faire partie du processus de préparation, de la tenue et du suivi du dialogue inclusif. Ils veulent en fait jouer un rôle en créant des conditions saines pour des élections libres pour tous.
« Le Conseil militaire de transition doit montrer sa bonne foi… »
Dans ce document Wakit Tamma craint que ce dialogue ne tienne pas ses promesses. Il propose un forum similaire à la Conférence Nationale Souveraine (CNS). Les critères d’égalité des parties prenantes, d’équité, de transparence, sans aucun esprit de clientélisme et de trafic d’influence sont à éviter, affirme le document. Compte tenu de l’importance du dialogue, Wakit Tamma estime que le Conseil militaire de la transition doit mettre en place une commission préparatoire plus représentative de la diversité des organisations qui la composent.
Wakit Tamma à travers ce document appelle à la bonne foi et la disponibilité du CMT à dialoguer. Le document va plus loin. Il réclame la libération des marcheurs arrêtés, les prisonniers de guerre et d’opinions, et l’ouvrir d’une enquête pour situer la responsabilité des ceux qui ont tiré sur les marcheurs et d’indemniser les familles. Il plaide aussi pour l’autorisation des marches et manifestations pacifiques. Le document propose également au CMT d’exprimer sa disponibilité à dialoguer avec les politico-militaires. « Muter le CMT en conseil Républicain de transition avec un président civil et un vice-président militaire. Les membres de l’exécutif transitoire ne participeront pas aux prochaines élections, modifier la charte de transition et l’adapter réellement au contexte de transition », c’est l’essentiel de la déclaration d’intention de Wakit Tamma.
Moyalbaye Nadjasna
Depuis le 20 avril, date officielle du décès du président Idriss Deby Itno, les attentes des Tchadiens au changement semblent hypothéquées. Les contestations ne cessent pas. Certains organisent des marches pacifiques, d’autres font de la communication qui va dans tous les sens. Retour sur les nouvelles sorties médiatiques du parti Union pour la République démocratique au Tchad (URDT) et du Collectif d’action des jeunes pour la paix, le développement et l’émergence du Tchad (CAJPDET).
Le processus de la transition au Tchad assuré par la junte est loin de convaincre l’opposition politique démocratique. Il y a quelques jours, le parti Union pour la République démocratique au Tchad(URDT) dans une communication faite par son secrétaire général Klamong Sou Nguetour, note que la transition qui s’opère doit être une opportunité de redéfinition de la politique au Tchad. Selon lui, la mise en place des mécanismes de transition malgré l’arbitrage de l’Union Africaine (UA) exigeant une transition de 18 mois hypothèque les attentes des Tchadiens. Pour réussir cette transition, l’URDT propose que le gouvernement de transition soit revu tout en impliquant les technocrates de toutes les forces vives. « Aller très vite au dialogue national inclusif. Le CNT doit être dignement constitué et représentatif de toutes les provinces, les élus de la 3e législature doivent être écartés y compris les membres du Cadre national de dialogue politique (CNDP) », dit-il. D’après lui, il faut interdire les cumuls de représentativités d’une même formation politique ou société civile dans le GVT et le CNT. M. Klamong Sou Nguetour demande au CMT d’arrêter de terroriser le peuple tchadien par les armes, les représailles sanglantes des manifestants pacifiques et de libérer ceux qui sont détenus. Il rajoute, que les paisibles citoyens soient sécurisés contre les détenteurs illégaux des armes qui endeuillent les familles. Les villages Ndoh dans la sous-préfecture de Bebopen, département de Mandoul occidental le, 31 mai 2021 en est une des illustrations, précise-t-il. Pour lui, le peuple tchadien ne doit rien attendre de la France après 60 ans d’indépendance et prendre son destin en main. Il pétitionne auprès des formations politiques de s’engager sans calcul égoïste dans le processus pour la réussite de la transition, seul gage des futures élections démocratiques, libres et transparentes.
La finalité de toutes les démarches relève-t-il, c’est d’aboutir à la mise en place des institutions démocratiques fortes et crédibles au Tchad. « Le CMT doit prendre en compte à toute urgence, les réclamations des différents mouvements citoyens notamment, les organisations syndicales, les diplômés sans emplois, les associations des personnes handicapées entre autres », souligne le SG de l’URDT. Il estime que la situation actuelle exige une prise de conscience, du courage et un engagement total. « Un pays ne se construit pas avec la peur et l’injustice », martèle-t-il.
À contre sens, Mahamat El-Mahadi Abderamane, président du Collectif d’action des jeunes pour la paix, le développement et l’émergence du Tchad (CAJPDET) dit apporter son soutien total au CMT. Pour lui, la jeunesse tchadienne est aux prises des défis colossaux à relever. Il demande aux jeunes de se ressaisir de tout acte de vandalisme ou de violence. Car note-t-il, de tels agissements ne sont pas constructif pour le pays dans le contexte actuel. Il appelle à la sagesse des uns et des autres. « La jeunesse tchadienne ne doit pas suivre les vendeurs d’illusions qui sapent les efforts du gouvernement pour la consolidation de la paix et la cohésion sociale », déclare le président du CAJPDET. Il encourage le gouvernement à la préservation des relations avec les pays voisins dans un élan de coopération sans frontière pour la paix et la justice.
Moyalbaye Nadjasna
Le parti les Transformateurs vient d’obtenir officiellement le 8 juin dernier, son autorisation de fonctionner. A ce sujet, Ialtchad Presse a recueilli les réactions de quelques citoyens. Vox pop.
Togra Ngarmongta, diplômé sans emploi
« D’après moi, le gouvernement a compris qu’il faut accepter le parti Les Transformateurs comme tout autre parti politique. La décision qui a été prise par l’Etat est un réajustement pour nous la population. Je suis très content du fait que Les Transformateurs soit officiellement reconnu. C’est une occasion pour le peuple tchadien de voir ce que le président du parti Les Transformateurs peut faire pour le pays. C’est aussi une opportunité pour la jeunesse tchadienne de se réveiller, de prendre conscience et d’adhérer à ce parti pour qu’il puisse progresser sur l’ensemble du territoire national ».
Djakanbaye Naingar, clandoman
« Le parti Les Transformateurs est reconnu, c’est une bonne chose. L’acte posé par les autorités est salutaire, nous ne pouvons tarder de le soutenir en cas de campagne pour les élections à venir. Nous serons toujours à côté de ce jeune parti dans sa vision de transformation du Tchad. Donc, bon vent au parti et à son président Dr Masra Succès ».
Nadjilem Stéphane, électromécanicien
« C’est comme si les plus hautes autorités du pays sont en train de prendre conscience. Le Tchad est un pays démocratique et tout tchadien a le droit et la liberté d’expression, d’opinion, de créer son parti, d’adhérer à un parti politique de son choix. Les plus hautes autorités doivent revoir la constitution afin de permettre aux uns et autres de s’impliquer dans la chose publique. Je demande au président du Conseil militaire de transition (CMT) de venir en aide à la population et à la jeunesse tchadienne qui broie du noir depuis 30 ans ».
Nékia Rimbarné
« C’est une bonne nouvelle. Le feu Maréchal Idriss Deby Itno n’a jamais voulu l’accepter comme parti politique de l’opposition. Aujourd’hui, c’est une grande joie de voir le parti les Transformateurs légalement reconnu. Il ne reste qu’à faire amplifier ses démarches pour les élections présidentielles et législatives à venir ».
Propos recueillis par Allarassem Djimrangar
Le parti Les Transformateurs, après 3 ans d’attente, ont finalement leur autorisation officielle de fonctionner délivrée par le ministère de l’Intérieur. Pour le président, des Transformateurs, Dr Masra Succès, les Transformateurs se sont approprié leur légitimité depuis les résultats et les rapports d’enquêtes de moralité et de diligence. Ialtchad Presse l’a rencontré. Interview
M. Masra. Votre parti Les Transformateurs vient d’obtenir officiellement son autorisation de fonctionner. Peut-on dire que l’administration tchadienne a fait son travail ?
Trois (3) ans d’injustice, 3 ans d’arbitraire, 3 ans de blessures, tout ça parce qu’on a voulu cantonner les Tchadiens qui croient dans la vision de transformation de leur pays en une terre de justice, d’égalité et de protection pour chacun. On a voulu les cantonner à un rôle qui n’était pas basé sur le droit, mais sur l’arbitraire. Nous sommes des hommes et des femmes de pardon. Nous pardonnons à ceux qui nous ont fait du mal, du tort, en ayant aussi une pensée pieuse pour ces 16 000.000 de Tchadiens qui attendent la transformation de leur pays, en ayant une pensée pieuse à ces 16 Tchadiens morts parce qu’ils ont marché, parce qu’ils ont cru dans la vision que nous portons. Ces marcheurs nous allons les honorer un jour avec des noms d’université, de rues, des bibliothèques, des inventions, etc. Parce que ce sont des Tchadiens dignes qui se sont mis debout pour la justice et leur sacrifice sur l’hôtel de l’arbitraire et de la barbarie ne sera jamais oublié. Donc, nous pardonnons et nous avançons en mettant en garde ceux qui veulent tromper l’avenir. Et en exhortons les uns et les autres à ne plus jamais répéter les erreurs du passé. C’est en cela que nous enjouions tout le monde aujourd’hui de s’asseoir, pour que nous enlevions la poussière de tout ce qui nous a conduits à la situation actuelle basée sur l’injustice et l’arbitraire afin qu’ensemble nous puissions définir les solutions d’avenir. Ça commence maintenant à travers un dialogue sous forme de conférence inclusive. Ça commence maintenant pour co-définir les organes de transition afin d’aboutir à un Tchad qui sera un Tchad nouveau. C’est ce que les Tchadiens attendent. Et c’est cela l’esprit qui nous anime.
Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Il y avait des frères tchadiens qui ont instrumentalisé une administration. Ils n’ont pas agi pour servir les Tchadiens. Ils se sont trompés pendant longtemps de chemin. Ils sont revenus à la raison. Nous sommes en train de travailler pour les 16 000 000 de Tchadiens parmi ces 16 000 000 beaucoup se sont trompés probablement. Nous aurons aussi besoin d’eux pour la suite. Vous savez cet esprit des gens qui accueillent des frères perdus, qui étaient dans l’obscurité de l’injustice, ceux-là, nous les accueillons. C’est ça le sentiment qui nous a animés.
Est-ce le résultat de votre lutte ?
D’une certaine manière, c’est le résultat de la lutte des Tchadiens et des Tchadiennes. C’est d’abord les Tchadiens et tchadiennes qui en croyant à la vision que nous avons voulu incarné pour la transformation du Tchad ne se sont jamais trompés, faiblis, doutés. C’est à eux d’abord que revient le mérite. Masra seul n’est rien du tout. Masra à côté des autres tchadiens, ça s’appelle Les Transformateurs. Et un seul tchadien ne vaut absolument pas grand-chose. C’est pour cette raison que nous croyons dans le pluriel. Les Transformateurs, les tchadiens, c’est une vision que nous avons. C’est à côté de ces Tchadiens et Tchadiennes qui ont cru à la vision que nous portons que nous sommes nous-mêmes quelque chose et c’est en leur nom que nous n’allons jamais trahir cette cause-là qui nous a engagés hier et qui nous engagera sans doute pour l’avenir et pour les années à venir. Nous avons dit au peuple tchadien que ça prendra 3 ans ou 30 ans, mais les transformations du Tchad vont avoir eu. Ça nous a pris 3 ans pour que tout le tout monde accepte finalement que nous soyons partis politiques. La transformation effective de notre pays prendra moins de temps. Je crois que nous arriverons à la terre promise de la transformation du Tchad voulue par les Tchadiens et Tchadiennes.
Que dites-vous à ceux qui pensent que vous étiez auparavant dans l’illégalité dans toutes vos activités ?
Non, ils le savent puisqu’ils ont demandé des excuses parce que nous n’étions pas dans l’illégalité. La preuve en est que nous n’avons pas introduit une nouvelle demande. Ce sont les mêmes choses que nous avions faites hier et ils se sont rendu compte. Pour être justes, les techniciens ont bien travaillé dans la normalité. 14 décembre 2018 a fin décembre 2018, toutes les enquêtes de moralité étaient finalisées et nous avions même reçu les conclusions de ces enquêtes. Le 16 mars 2021, nous avons rencontré le défunt président Deby qui a reconnu notre légitimité. Que tout le monde revienne à la raison, l’essentiel est que le combat est devant nous. Nous n’avons jamais douté de notre légalité. Les Tchadiens non plus. Nous nous battons pour la justice.
Votre parti Les Transformateurs est-il prêt à participer au dialogue national inclusif ?
Nous sommes le parti qui a été plus combattu pour avoir voulu le dialogue. Nous disons à tout le monde qu’il fallait un dialogue sincère. Les gens nous disaient qu’on les emmerdait avec notre histoire de dialogue que tout a été déjà discuté et que notre constitution était la meilleure votée. Le dialogue a eu lieu. Tout le monde nous vilipendait à ce propos. Mais aujourd’hui, on nous dit que le dialogue est indispensable. Ce qu’il oublie au passage le dialogue inclusif est important, mais il y a un mot qui manque c’est la sincérité. La preuve en est qu’il n’y avait pas de sincérité dans les deux dialogues du passé et nous sommes retournés à la même situation. Tous ceux qui étaient au présidium qui veulent organiser la transition, ils se moquent des Tchadiens. Ce dialogue qui va avoir lieu doit être sincère à l’exemple de la conférence nationale souveraine. Donc nous voulons jouer notre partition au dialogue.
Pour finir, ces derniers temps les manifestations ont cessé. Aviez-vous changé de stratégie ?
Non. Notre stratégie c’est de ramener la justice, l’inclusion, l’égalité, l’alternance par les urnes. C’est l’ensemble de ce combat-là au nom duquel nous sous sommes engagés. Pendant 13 semaines, les Tchadiens ont marché, 1200 personnes ont été arrêtées, 450 blessés, 16 personnes ont été tués. Jamais cela n’était arrivé dans notre pays. Voir le peuple tchadien debout et à l’ouvrage pour donner vie et corps à l’hymne de notre pays. Beaucoup de gens n’y avaient pas cru que le 6e mandat n’allait pas avoir lieu, que le Tchad pourrait vivre sans maréchal demi-dieu. Beaucoup n’ont pas cru que des Tchadiens allaient se mettre debout face aux armes. C’est une démonstration Sao du peuple tchadien au monde entier. Notre détermination est là et elle date. Tous ceux qui ont marché le 06 février sont restés là, tous les partis, toutes les organisations sont restées soudées. C’est le temps d’arrêter l’hypocrisie et affronter nos problèmes avec sincérité. Si le Tchad n’est pas vivable pour tous les Tchadiens, il ne sera pas gouvernable pour tous ceux qui gouverneront dans l’injustice. Enfin, nous espérons que le bon sens et la sagesse guideront les actions des uns des autres pour un Tchad transformé..
Réalisation Moyalbaye Nadjasna & Allarassem Djimrangar
Prévu pour le 12 et 13 juin, le 10e congrès du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), s’annonce sous haute tension. Ialtchad Presse est allé rencontrer dans leur bureau de soutien de ceux qui se réclament « baministes » originel, c’est-à-dire ceux qui sont les membres fondateurs pour recueillir leurs réactions sur les tensions que vit le parti moins de 2 mois après le décès du président Deby Itno. Reportage
« Le congrès doit se tenir comme prévu », avait déclaré le Président du comité d’organisation Me Jean-Bernard Padaré. « Je suis le Secrétaire Générale du MPS, je suis le premier responsable du parti. Je prends acte d’abroger tout projet du congrès » avait affirmé Mahamat Zene Bada le Secrétaire Général (SG) du MPS.
12h. Quartier général (QG) de Bamina Assass au quartier Klémat. À l’entré, ils sont au moins 60 membres réunis dans leur QG. Ordre du jour : comment faire pour réussir ce premier congrès après la mort du président fondateur du MPS le Maréchal président Idriss Deby Itno. « C’est de notre responsabilité, nous qui sommes encore vivants de porter cette formation politique » mentionne le Coordonnateur Général du bureau de soutien « Bamina Assass » Brahim Khalifa. « Le MPS était à ses débuts un petit mouvement. Nous les « Baministes » lavons fait grandir. Et en sont les pères fondateurs », précise-t-il.
Selon le Coordonnateur, ils ne sont pas les militants ordinaires, mais les racines du MPS. Pour lui, toutes décisions qui vont dans le sens de la survie du MPS, Bamina assass est d’accord. À l’entendre, les polémiques, entre le SG du MPS et le Président du comité d’organisation sont dans les normes de la vie d’un parti, mais il faut qu’ils sachent que le moment n’est pas opportun pour se livrer à pareilles querelles.
« J’ai été choqué au début parce qu’on ne nous a pas demandé conseil avant d’arrêter la date du congrès, » s’indigne Brahim Kalifa. Il estime normale la réaction de leur frère d’arme le Général Moussa Haroun Tirgo. Pour lui, 30 ans et les sacrifices consentis ne sont pas une mince à faire. Dans une vidéo postée, sur sa page, Moussa Haroun Tirgo a rappelé à l’ordre les organisateurs du congrès. Il exige une concertation avec les baministes avant toute décision au sujet du MPS. Le coordonnateur général du Bureau Bamina assass appuie à 100% la sortie du Général Turbo. Pour Brahim Kalifa, ils ont porté le MPS de 1990 à nos jours dans l’union, ce n’est pas après la mort du Maréchal qu’ils vont se diviser. « C’est le moment de monter que le MPS, est un parti soudé et qui ne veut que la paix au Tchad », affirme M. Brahim.
« Les Baministes vont participer au congrès », dit le coordonnateur. Il appelle les Tchadiens à l’unité pour bâtir le pays.
Djilel-tong Djimrangué
Le bureau exécutif du MPS, ex parti au pouvoir, s’embrouille autour du congrès extraordinaire convoqué par la secrétaire générale 1re adjointe, Madjidian Padja Ruth. Dès lors, la confusion s’installe. Reportage.
Aura-t-il lieu ou pas ? La question est sur toutes les lèvres. Mais personne ne veut se prononcer. Même au sein du parti. « C’est un sujet sensible. Je ne veux pas être considéré comme un ennemi par tel ou tel camp » ont gentiment refusé plusieurs caciques du parti de répondre à notre micro. En tout cas, nous disent certains, tout est flou concernant la tenue ou non de ce congrès extraordinaire. Alors que d’autres affirment encore sous le sceau de l’anonymat qu’il aura bel et bien lieu.
Ce 10e congrès extraordinaire du Mouvement patriotique du Salut (MPS), convoqué par la secrétaire générale adjointe, Madjidian Padja Ruth, fait donc polémique. Le Bureau Exécutif (BE) dudit parti s’enflamme à propos. Le camp du secrétaire général titulaire, Mahamat Zen Bada boude la tenue de ces assises. Lui, qui se trouve actuellement en France, conteste la qualité de son adjointe à convoquer une telle session. Évoquant la violation des textes du parti, le SG a, dans une décision prise le 7 juin, annulé dans toutes ses dispositions la décision de son adjointe. Donc pas de congrès. Le camp de Madjidian Padja Ruth soutenu par Me Jean-Bernard Padaré, argue qu’aucune violation des textes du parti n’est constatée. Donc le congrès est maintenu. « Le 10e congrès extraordinaire du MPS aura bel et bien lieu comme prévu dans la décision 16 du 4 juin à N’Djamena », a assuré le président du comité d’organisation Me Jean-Bernard Padaré lors d’une communication faite ce mardi 8 juin.
Que disent les textes ?
D’après l’article 33 du statut du parti, le congrès est l’instance suprême du parti. Il se réunit en session ordinaire tous les trois ans sur convocation du secrétaire général. Cependant, l’exception est faite à l’alinéa 1er de ce même article : « il peut se réunir en session extraordinaire à l’initiative du secrétaire général du MPS ou à la majorité des deux tiers des membres du Conseil national du salut sur un ordre du jour bien précis. »
D’après Me Jean-Bernard Padaré, juste après les obsèques du président fondateur du MPS, Idriss Deby Itno, le bureau politique national s’est réuni pour mettre en place des comités de réflexion pour le bon fonctionnement du parti pendant et après la transition. « C’est sur la base d’un point phare du comité de réflexion que ce congrès a été convoqué par la secrétaire générale adjointe », fait savoir le porte-parole du parti, par ailleurs président d’organisation dudit congrès. Mais pour Mahamat Zen Bada, cette rencontre a des agendas cachés. Me Jean-Bernard Padaré réfute en bloc : « je peux vous rassurer que tout ce qui est fait est dans la totale transparence et la légalité ».
La pomme de discorde ?
Le 10e congrès extraordinaire du MPS est-il la pomme de discorde ? Non, répond Me Jean-Bernard Padaré, secrétaire général, chargé de la communication du MPS. D’après lui, le MPS est un parti de masse. « Donc c’est normal qu’il y ait des débats, où les tons peuvent parfois monter ». Même si des langues prédisent que le MPS est déjà engagé sur la voie de la dislocation, Me Jean-Bernard Padaré rassure « qu’il n’y aura aucune crise au sein de leur parti ».
Toutes les attentions sont orientées vers le 12 et le 13, dates du déroulement de ce congrès extraordinaire. Aurait-il lieu ? Oui ou non ? C’est une question à plusieurs réponses. Chaque militant coche la réponse qui arrange son camp. Tout porte à croire qu’il aura lieu mais en tordant des bras et dans une tension à fleur de peau.
Christian Allahadjim