La Commune de Sarh, chef-lieu de la province du Moyen Chari, située à l’extrême sud du Tchad fait frontière à la République centrafricaine. Depuis un certain temps, cette commune éprouve d’énormes difficultés liées à son fonctionnement. Ialtchad Presse a séjourné à Sarh et s’est imprégnée de la situation de cette ville. Et vous livre une série de reportages..
La commune de Sarh compte plus de 200 000 habitants. La ville est grande, elle était en moyenne de 2000 hectares il y a quelques années, mais aujourd’hui, nous sommes à plus de 3000 hectares avec une forte densité de la population. Sarh compte en tout 29 quartiers. Elle regroupe une population cosmopolite. Au cœur de la ville, la plupart des bâtiments administratifs n’ont pas changé leur aspect colonial, pour les connaisseurs de Fort Archambault, l’ancienne appellation.
Selon le Directeur technique de la Mairie de Sarh M. Mando Gali, pour satisfaire à tous les besoins d’entretien de la ville, la mairie fait face à de nombreuses difficultés. « Vous voyez que tous nos moyens roulants et techniques sont au garage. Les tractopelles, les chargeurs, les Benz sont en pannes. Nous travaillons seulement avec 2 Benz et cela est insignifiant pour une ville d’une superficie de 3000 hectares », dit-il. Le Technicien note que la mairie loue des Benz supplémentaires dans les quartiers avec beaucoup de peine compte tenu des moyens financiers très limités. D’après lui, c’est la Compagnie sucrière du Tchad (CST) qui leur prête son chargeur chaque fois qu’ils éprouvent des besoins d’entretien de la ville. « Qui dit forte densité de population dit de tonnes de déchets ménagers. Vous constaterez qu’en ville certains dépotoirs sont pleins et les ordures débordent. Cela est dû à ces difficultés financières, mais nous ferons toujours de notre mieux. La première vague de ramassage est finie. Nous entamerons la seconde vague avec le concours de notre partenaire, la CST », affirme-t-il. Pour lui, même si c’est avec beaucoup de gymnastiques que la mairie obtient l’aide de matériels techniques de la CST pour l’assainissement de la ville, c’est pour une bonne cause. « Toutefois nous sommes reconnaissants, ils nous aident énormément », mentionne Mando Gali.
Allaramadji Touroundjita Claude, habite le quartier Blabline, « Sarh, la verte est une très belle ville. Seulement, ce dernier temps la marie semble rencontré de difficultés et gère difficilement les ordures ménagères. Au dépotoir du quartier Paris-Congo par exemple, c’est plein et ça se déverse dans la rue qui se rétrécit. Je trouve cela dangereux avec la vitesse que font les motocyclistes. Sinon la mairie fait de son mieux. »
Difficile de collecter 20 millions qui représentent la masse salariale par mois
Le Technicien de la Commune de Sarh estime que les gens les accusent de ne rien faire tout en ignorant la crise que traverse la mairie. Selon lui, les employés sont restés trois ans sans salaires. « Depuis 3 ans, nous n’avons rien reçu de l’État. On nous demande de faire de notre mieux avec les petites collectes c’est vraiment insuffisant. Au début on était à plus de 400 personnels à la commune, nous en avions diminué jusqu’à 200 voire moins. La masse salariale est de 20 millions par mois. Pour recouvrir cette somme sur le marché, c’est un problème. On tire le Diable par la queue. Sur 5 mois, on ne paye qu’une seule fois », affirme le Directeur technique de la Commune. Il demande au gouvernement de leur venir en aide tout en rappelant les promesses non tenues des hommes politiques.
Alhadji Moussa, lui, vit au quartier Baguirmi. « En toute franchise, la ville de Sarh est une très belle ville. Les autorités communales font de leur mieux même si beaucoup des efforts restent à consentir. Ils disent souvent qu’ils n’ont pas de matériels. Comment une grande commune comme celle de Sarh doit continuer a demandé de matériels d’une société pour entretenir la ville. Ce n’est pas normal à mon avis, l’État doit faire quelque chose sinon c’est incohérent », confie-t-il.
Pour Mando Gali, la Mairie dispose de 29 comités d’assainissement dans 29 quartiers que compte la ville en guise de relais. Il renchérit que, ceux-ci font le travail de ramassage des déchets ménagers de porte en porte. « Les ordures sont déposées dans des endroits bien spécifiés et nous nous assurons le transport et l’évacuation globaux. C’est ce qui se fait en ce moment », dit-il. Il poursuit en précisant qu’ils ont équipé ces comités de moyens techniques et financiers grâce aux partenaires tels que la ville de Sherborne et d’autres ONG. « Cela a marché au début, mais actuellement ça va clopin-clopant. Il y en a qui marchent d’autres sont aux arrêts. Nous sommes déjà en saison des pluies et nous sommes en train de faire de notre mieux pour évacuer le plus tôt possible certains dépotoirs remplis afin d’éviter des maladies », conclut-il.
Moyalbaye Nadjasna