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Les Tchadiens s’adonnent de plus en plus aux cultures maraîchères. Pour preuve, les légumes et oléagineux pullulent sur les différents marchés de N’Djamena, la capitale. Dans un souci de rendement et du meilleur traitement des plants, les jardiniers utilisent divers pesticides pour s’attaquer aux insectes nuisibles à leurs plants. Ont-ils une maîtrise de ces produits chimiques ? Ialtchad Presse est allé à la rencontre de quelques maraîchers. C’est le premier article d’une série de trois reportages sur les pesticides et leurs conséquences.

Moursal, carrée 21 après le rond-point centenaire direction la rue Corniche de Sabangali. Dans un immense site clôturé, de jeunes hommes jardinent. Nous rencontrons un premier jardinier. Il s’appelle Dieudonné Samba, connu sous le nom du Gouverneur. Samba est depuis deux décennies dans la production maraîchère. Jovial, il accepte sans rechigner de parler de son métier. Première question : quels sont les produits chimiques utilisez-vous pour traiter vos plants ? Réponse du gouverneur, « on produit à base d’un fumier et après tout cela. Il y a des légumes qu’on récolte une fois et on brûle les tiges pour reprendre à zéro. D’autres comme les céleris on les cueille chaque dix jours. Oui tout produit maraîcher doit être traité. Nous utilisons des insecticides pour traiter nos plants et les préserver en cas d’attaque des insectes », dit-il.  Selon lui, s’il n’y a pas d’insectes, il n’utilise non plus les pesticides. Généralement au mois de février avec la brume, explique-t-il, beaucoup d’insectes s’attaquent aux plants et seuls moyens de protection, c’est de les pulvériser d’insecticides. « Nous utilisons les insecticides dont font usage les cotonculteurs appelées communément « landrine ». Malgré cela, certains insectes résistent. En fait, ce sont des produits chimiques, mais tout produit chimique se révèle nocif a la santé, mais, je crois, il suffit de bien laver ces légumes avant de les consommer », dit-ilDieudonné Samba affirme que pour avoir un bon rendement des produits maraîchers, c’est une question de savoir-faire. Il reconnaît que certains jardiniers font usage d’engrais chimique. Mais, dit-il, lui se sert depuis toujours des déchets des chèvres comme composts ou fumier. « Cela fait bien pousser mes plants. Je crois que c’est naturel et le meilleur ».

Kolwang Waré est aussi dans la maraîchère depuis 2012. Il est aussi étudiant. « Je paie mes frais académiques avec le revenu de cette activité. Je suis tranquille, la terre est toujours nourricière et le pauvre y trouve son compte », confie-t-il. D’après lui, le traitement des salades recommande absolument l’utilisation de pesticide. « Ceux qui disposent des pompes les utilisent, mais d’autres mélangent l’insecticide a l’eau pour arroser leurs salades afin de les mettre hors de nuisances des insectes ».

« Peut-être nous utilisons à tort ou à raison les pesticides… »

De l’autre côté du bitume se trouve un champ de salades. Les planchers s’étalent à perte de vue. Selon Mahamat Ahmat, ce dernier temps les insectes sont nombreux et très résistants aux produits chimiques. « Nous utilisons différentes qualités d’insecticides. Je ne maîtrise pas bien les noms pour protéger nos salades. Mais pour que les salades se développent bien, nous utilisons des engrais chimiques, mais aussi un peu du fumier. Les salades bien traitées, on peut les consommer après 40 à 45 jours », indique le maraîcher.  Pour l’horticulteur, c’est un travail qui nécessite plus de vigilance à l’égard des insectes. « Nous contribuons à l’alimentation des N’Djamenois. Nous demandons aux techniciens d’agriculture de nous accompagner dans ce travail. Peut-être nous utilisons à tort les pesticides pour traiter nos plants. Leurs appuis en formation ou encadrement nous aideraient », rajoute-t-il.  Le maraîcher mentionne qu’ils ne sont pas organisés, mais ils demandent aux organismes de la place de les accompagner pour le bien-être de la population. D’après lui, les légumes jouent un rôle très indispensable dans l’équilibre de l’être humain.

Moyalbaye Nadjasna

Acheik Ibni Oumar, Ministre d’État chargé de la Réconciliation nationale et Dialogue a rencontré les dirigeants des médias publics et privés le 26 juin à ce qui semble devenir son QG, l’hôtel Radisson Blu. Un contact au cours duquel, le ministre dit prendre contact et recueillir de suggestions et des propositions des médias relatives au Dialogue national inclusif à venir. Reportage.

La rencontre a démarré avec un petit retard. Le ministre d’État chargé de la Réconciliation nationale et du Dialogue Acheik Ibni-Oumar et son staff, ont trouvé devant eux des responsables des médias prêts à engager un débat de fonds en prélude au forum du Dialogue inclusif. Le ton est grave lors que le modérateur relève qu’il ne faudrait pas aborder le fond du sujet. Aussitôt la parole remise au ministre d’État Acheik Ibni-Oumar.  Il explique sa mission. Selon lui, son portefeuille consiste à aller à la base pour faire remonter au sommet et aller aussi dans les provinces pour tout remonter à la capitale. « Le dialogue doit circuler verticalement de la base au sommet. Mais aussi horizontalement », dit-il. D’après lui, le dialogue inclusif et les élections transparentes que les Tchadiens appellent de leurs vœux ne doivent pas être comme dans le passé assimilé juste aux grands évènements, ponctuels et hautement médiatisés. « Pour redynamiser la marche historique de notre peuple vers le dialogue national et la consolidation du fondement de la démocratie dans cette phase exceptionnelle, il nous faut une approche aussi exceptionnelle. Cela nécessite une sensibilisation et une mobilisation de tous », affirme-t-il.

Pour le ministre, notre pays connaît déjà une situation très difficile sur tous les plans notamment, le terrorisme en interne et en externe, les difficultés de la jeunesse face aux perspectives d’épanouissement personnel et professionnel, la dégradation de la situation économique et financière, les conflits intercommunautaires, les boycotts des élections présidentielles, entre autres.  « Nous nous sommes trouvés dans une crise dans la crise. Ce qui explique les imperfections, les défaillances et la lourdeur dans la mise en œuvre des programmes de l’exécutif. C’est ce qui cause l’impatience et irritation au sein de la population qui sont tout à fait compréhensible et légitime ». Il rajoute qu’une réflexion est en cours pour la mise en place d’un comité d’organisation du Dialogue inclusif. « Mais d’ores et déjà, nous avons enregistré des contributions individuelles ou organisées directement appréciables ou indirectement sur les différents médias », indique-t-il.

Les interventions musclées des responsables des médias

En résumé, les médias demandent d’un côté que les plus hautes autorités s’assument afin de mettre les choses à leur place. Associer de plus près la Presse dans le dialogue et ne pas la confiner à un simple rôle de couverture de l’évènement. Ils insistent en outre, sur la souveraineté et la nature inclusive du dialogue. Les questions de la protection et la sécurité des journalistes de l’accès aux sources d’informations sont relevées par la plupart de ceux qui ont pris la parole. D’autres estiment que le fait d’empêcher de toucher au fond du sujet préfigure de la nature du dialogue à venir. D’autres encore ont relevé la non-représentativité du Conseil national de transition (CNT) que les autorités de la transition entendent mettre en place. Pour certains responsables des médias, la Haute Autorité des médias audiovisuels (HAMA) est une institution qui a fait reculer la liberté de la presse. Elle est liberticide et supplée par moment à la justice. Ils notent aussi l’incohérence des actions du gouvernement de transition et se demandent si la transition de 18 mois a commencé ou pas. L’aide à la presse, la viabilité économique des médias ne sont pas perdues de vue dans les interventions. Les médias exigent qu’on définisse clairement le rôle et la place des médias dans le dialogue national inclusif à venir.

Selon M. Acheik Ibni-Oumar, certaines interventions sont de type syndical et relèvent des difficultés de la profession, d’autres concernent la gouvernance de l’État en général, les processus de la transition tels qu’il sont engagés (le pour et le contre) et les modalités appropriées pour engager le dialogue dans de bonnes conditions. D’après lui, un traitement différencié des suggestions sera fait. Des fiches seront aussi transmises aux autorités concernées dit-il. « Nous ne sommes pas un ministère de gestion. Nous sommes plutôt un ministère de mission. Donc nous n’avons pas la possibilité, la légitimité, ni les moyens pour répondre à toutes ces préoccupations. Certaines suggestions seront intégrées dans nos synthèses », précise le ministre. Pour le fond du sujet qui mécontente certains responsables des médias, Acheik Ibni-Oumar, justifie qu’ils ne l’ont pas voulu parce que le moment viendra pour en parler. Par exemple, on ne peut pas épuiser un échange sur le conflit intercommunautaire ou l’opposition armée en un petit temps, explique-t-il. « Notre objectif c’est de vous écouter. Nous sommes tous des citoyens et nous avons un cœur qui bat comme tout le monde. Chacun de nous a une sensibilité par rapport à tout ce qui se passe et brûle d’impatience de l’exprimer. Nous allons en faire meilleur usage de vos suggestions. Bientôt, nous mettrons en place des canaux d’échange à savoir, le site Internet, la page Facebook, les Emails », dit-il.

Moyalbaye Nadjasna

Les biens et personnes circulent depuis quelques jours librement entre Kousserie (Cameroun) et N’Djamena (Tchad). Pour constater la reprise du commerce et sa cadence, Ialtchad Presse est allé sur place. Reportage.

N’guéli à la frontière Tchad-Cameroun. Sous un soleil caniculaire, il était 12h. C’est l’un des quartiers du 9e arrondissement de la ville de N’Djamena, reliant, Kousserie ville camerounaise à N’Djamena, capitale tchadienne, par deux ponts d’environ 500 km. A l’entrée du pont, quelques unités de contrôle, entre autres: la police, la douane, la police municipale montent la garde. Sous les ponts, les enfants barbotent dans l’eau. Les mouvements des personnes sur le pont prouvent que les affaires ont repris.  Sur le nouveau pont, seuls les véhicules sont autorisés à passer. Les piétons se contentent de marcher sur l’ancien pont. Juste à son entrée, on peut apercevoir des agents de la Croix-Rouge avec leurs thermo flash. Ils vérifient les températures des corps des usagers. Un peu à l’intérieur, la police contrôlent les pièces d’identité. Plus loin, les douaniers fouillent systématiquement tout bagage en provenance de Kousserie. L’ambiance révèle bien que les affaires ont repris comme par le passé.

Alladjaba Tchitcha, est un citoyen tchadien habitant Kousserie. Il est en route vers N’Djamena. Il était présent à l’ouverture du pont du côté du Cameroun. C’était une grande fête, dit-il. « D’abord, je remercie les hautes autorités du Tchad d’avoir ouvert la frontière et ensuite à celles du Cameroun qui emboîtent le pas. Le plus important à mon avis, c’est le brassage entre les deux pays. Semble-t-il que les Camerounais ont mal accepté l’initiative prise par le Tchad d’ouvrir ses frontières », dit-il. Il rajoute que côté camerounais, les autorités n’ont pas apprécié. Deux jours plus tard, elles ont aussi décidé de faire la même chose. C’est qui est une bonne chose, affirme-t-il. « Je suis très content, j’étais le premier à traverser après les autorités tchadiennes. Du côté camerounais au lendemain, il a fallu un peu de dispute, mais on s’est accordé finalement j’ai pu traverser. C’est génial en tout cas on n’a pas de problème entre nous, pourquoi fermer alors nos frontières », conclut Alladjaba Tchitcha.

Plus loin, nous rencontrons M. Gambo Ladan, clandoman. Il se plaint du fait que les motocyclettes ne sont toujours pas autorisées à traverser le pont. « Avant toute chose, il faut remercier le Bon Dieu pour sa grâce dans la vie des deux peuples frères, tchadiens et camerounais. Que nos autorités de deux côtés reçoivent nos remerciements pour leurs efforts conjugués pour la réouverture de la frontière de Kousserie-Ngueli. Je vous assure la fermeture de cette frontière a été difficile pour nous les débrouillards », dit-il. Pour l’instant, il déclare qu’il n’y a pas de problème, même avec la police, ils leur présentent seulement leurs pièces d’identité pour traverser librement. « Je demande à nos autorités de laisser les motocyclistes circuler. Je suis clandoman. Il faut qu’on pense vraiment aux clandomen tchadiens coincés », indique Gambo Ladan.

Alnodji Margueritte, est une habituée de la traversée N’guéli-Kousserie. Ce midi, elle a renoué avec ses activités. Joviale, un paquet de marchandises sur la tête, elle raconte, « je suis très contente de renouer avec mes activités. Nos autorités ont pris une très bonne décision. Elle est salutaire pour des milliers de Tchadiens qui tirent leur gain quotidien des échanges commerciaux avec Kousserie. »

Riyayo Augustin, lui, part pour Kousserie. « La frontière est ouverte c’est une bonne chose. L’ambiance d’antan reprend avec les va-et-vient. Mon souhait est la pandémie ne revienne plus et que la frontière soit ouverte pour toujours.», souhaite-t-il.

Il faut noter que le Tchad a officiellement ouvert sa frontière terrestre de N’guéli, le 17 juin 2021. Les autorités camerounaises ont décidé de la réouverture le 20 juin 2021. Rappelons que la fermeture de la frontière Tchad-Cameroun fait suite à l’avènement dû au Covid-19.

Moyalbaye Nadjasna
Allarassem Djimrangar

Après leur tentative avortée de quitter le Tchad, les diplômés des écoles professionnelles en instance d’intégration sont déterminés. Ils ont passé une première nuit à la bourse de travail, en attendant les conclusions des négociations avec les autorités.

Ils ont voulu quitter le Tchad le 24 juin pour l’exil. Pour cause, le chômage qui les ronge depuis une dizaine d’années. Mais ils en ont été empêchés. D’abord par l’intervention des forces de l’ordre qui les ont dispersés à coups de gaz lacrymogènes. Ensuite par les autorités en charge de l’emploi et de l’éducation qui ont préféré engager un dialogue dans l’immédiat.

Bourse de travail, 9heures. En petit nombre des diplômés étaient en concertation. Ils ont passé la nuit sur place. « Nous sommes déterminés », lance un mécontent qui rangeait son couchage.  « La nuit a été dure, mais ça fait longtemps qu’on souffre déjà. Donc je me suis sacrifié », dit-il.

Neuzilka Emmanuel est le porte-parole du collectif. Il a passé la nuit avec ses camarades à la bourse de travail. Il explique que la rencontre avec le ministre de la Fonction publique et l’équipe du Conseil national consultatif de la jeunesse n’a pas encore donné des résultats probants. « Le ministre a reconnu que notre lutte est légale et légitime », rapporte-t-il. D’après le porte-parole du collectif, le ministre a indiqué que la situation qu’ils vivent est due à celle délétère du pays. « Mais il nous a rassuré qu’il va transmettre nos réclamations aux plus hautes autorités aujourd’hui», a affirmé Neuzilka Emmanuel. Le collectif leur intégration dans les plus brefs délais à la Fonction publique.

Comme consignes, le Bureau Exécutif du collectif a demandé aux membres de rentrer en attendant les conclusions de la rencontre du ministre de la Fonction publique avec les autorités de la transition. Toutefois, le mot d’ordre est maintenu : « en cas de non-satisfaction, nous allons partir », insiste Neuzilka Emmanuel. Le compte-rendu de la rencontre entre les membres du gouvernement est attendu instamment.

Il faut le rappeler, ces diplômés en instance d’intégration sont sortis des écoles professionnelles de l’État qui sont l’ENIB, ENS et DIPES. Ils comptent entre 10 et 15 ans de chômage après leur formation. Leur démarche pour l’intégration n’ayant pas donné des résultats escomptés, ils ont tenté de quitter le Tchad ce 24 juin pour l’exil.

Christian Allahadjim

Le collectif  des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation nationale, en instance d’intégration à la Fonction publique, a tenu une réunion ce 24 juin, à la Bourse du travail, pour donner des orientations au sujet de leur départ pour l’exil. En chemin, ils ont été dispersés par les forces de l’ordre et de sécurité à coup de grenades lacrymogènes. Reportage.

Plusieurs prenaient leur menace de quitter le Tchad comme de la plaisanterie. Mais eux sont bien déterminés à le faire. La preuve, ce jeudi 24 juin, ils sont décidés de partir en exil. C’est une première fois dans l’histoire du Tchad que des diplômés réclamant l’intégration à la Fonction publique décident de s’exiler.

Bourse du travail, dans le 3e arrondissement de N’Djamena. Il est 8 heures 30 min. Le climat est calme et l’ambiance était bon enfant. La cour est pleine à craquer. Les lauréats des écoles professionnelles de l’Éducation nationale en instance d’intégration à la Fonction publique s’activent à régler des derniers détails de leur objectif.

Sac à dos, sac à main, valise, nattes, marmites et autres ustensiles de cuisine, sont entre les objets visibles qu’ils ont apportés. On peut lire sur leur visage la joie, la motivation, la détermination. Les derniers arrivés se font enregistrer en fournissant la copie de leurs diplômes et leurs photos d’identité auprès du collectif. « C’est une fierté que le Tchad perde cette jeunesse, ces mains d’œuvres », ironise Emmanuel, un membre du collectif.

Pabamé Deuzoumbé fait partie de ces mécontents qui veulent s’exiler. Il est lauréat de l’École nationale des instituteurs-bacheliers. Diplôme en poche depuis 10 ans, il se débrouille comme contractuels dans un établissement privé. Ce qui le démotive vraiment est le traitement salarial. « J’ai une activité, mais cela ne paie pas bien. Pour le mois, tu as 40 000F. Ce revenu ne couvre pas mes charges », explique-t-il. Là où le bât blesse, est que le paiement n’est pas régulier. « À compter des mois d’avril et mai, c’est hypothétique qu’on nous paie dans ces établissements privés », fait-il savoir. Aujourd’hui, il dit être content de quitter ce pays même si le lendemain en exil est incertain. Mais il compte bien continuer à enseigner dans son pays d’accueil. « On part pour revenir et non pas pour leur laisser ce pays pour lequel on a tant souffert », dit-il.

8 heures 30 min, la cérémonie d’au revoir a commencé. L’hymne national est entonné. Après, place aux discours.

Selon le coordonnateur du collectif des lauréats des écoles professionnelles de l’éducation nationale, en instance d’intégration à la Fonction publique, Nanga Thierry, l’heure n’est plus au dialogue, mais à la concrétisation. Pour lui, ils ne vont pas accepter d’être esclaves dans leur propre pays. « Nous n’accepterons pas de voir souffrir nos familles à côté parce qu’on est impuissant de les secourir », dit-il.

Nanga Thierry affirme que dans le passé nos aïeuls ont toujours vécu en harmonie et dans la concorde nationale sans distinction d’ethnie, de religion moins encore d’appartenance géographique. Aujourd’hui, le Tchad est pris en otage par un groupe d’individu sans foi ni loi, qui rende la vie difficile à leurs concitoyens et à leurs enfants, déplore-t-il. « Mon cher pays le Tchad, ces groupes d’individus nous imposent une discrimination, le népotisme, l’arbitraire et le vol au détriment de la Justice, de l’équité et du mérite. Ce mode de vie unique au monde est insupportable. Il nous astreint et nous contraint à quitter malheureusement notre cher et beau pays », dit le coordonnateur du collectif.

Nanga Thierry affirme que les hommes sont éphémères, le Tchad est éternel et la vérité et le bien sont aussi éternels. « Le moment viendra où la justice réapparaîtra au Tchad où nous essayerons ensemble autour de la table à discuter. A Dieu nos familles, à Dieu notre pays et à Dieu la jeunesse tchadienne », conclut-il.

Le porte-parole du collectif, Neuzilka Emmanuel a pour sa part indiqué qu’ils ont mené des démarches pour avoir le visa collectif, mais les autorités tchadiennes le leur ont refusé. D’après lui, leurs partenaires, notamment certaines chancelleries ont répondu favorablement. Ils sont déjà prêts à les accompagner. « Nous quittons simplement ce pays de merde vers là où les droits de l’homme sont respectés et la valeur de l’enseignant est connue. Selon leur condition de vulnérabilité de ces ambassades, elles ne peuvent pas intervenir en notre faveur du moment où nous n’avons pas obtenu le visa collectif », affirme-t-il. Selon lui, ces partenaires les attendent juste à la frontière.

Pour le coordinateur de la plateforme Wakit Tama, Me Max Loalngar, tous ces diplômés réunis dans la cour de la Bourse du travail est un symbole fort. « Le Tchad aura noté qu’en cette date du 24 juin 2021, un millier des jeunes tchadiens se sont réunis dans la cour de la Bourse du travail pour exprimer leur dégoût d’un système qui devrait mourir de sa propre mort », lâche le coordinateur de Wakit Tama.  D’après lui, aller en exil, comme le collectif des lauréats le souhaite, c’est aussi une façon de lutter. Cependant, l’exil est très compliqué. « L’exil est amer et l’exil a ses réalités. Tant que vous n’avez pas encore franchi les frontières de votre pays, vous ne pouvez même pas savoir quelles sont les réalités qui sont de l’autre côté », prévient-il.

9H32mn, c’est le départ. En rang de trois rangées, les diplômés, mécontents, quittent la bourse de travail. Sur la banderole qu’ils brandissent, on peut lire : « Ce n’est pas par gaieté de cœur que nous quittons notre pays, ce sont nos autorités sans foi ni loi qui nous y contraignent » ou encore « nous ne fuyons pas notre pays, nous fuyons l’injustice, la discrimination, l’arbitraire, le népotisme… », « Adieu le Tchad, adieu nos familles, adieu la jeunesse tchadienne ». Tous joyeux, ils font chemin vers la frontière camerounaise, où leurs partenaires les attendent pour les récupérer. Mais c’était sans compter sur les autorités policières.

À peine 100m parcourus sur l’avenue Bokassa, la Police en embuscade. 9H47mn, une pluie de gaz lacrymogènes s’abat sur les mécontents en partance pour l’exil. C’était la débandade. Par les ruelles du quartier Kabalaye, les diplômés rallient à nouveau la bourse de travail. Les autorités ont contacté les leaders pour une concertation. Le Conseil national consultatif de la jeunesse est impliqué. Le collectif a accepté le dialogue. Deux des leaders partent pour négocier le sort de leurs compagnons de misère. Une consigne a été donnée , «  personne ne rentre chez lui. Restez sur place. Si à l’issue de notre rencontre, il n’y a rien de promettant, nous allons partir », a déclaré Nanga Thierry, le coordonnateur du collectif. Les négociations sont en cours. Partiront ? Ne partiront pas ? Le suspense reste entier. Au moment de publier cet article, les membres du Collectifpassent la nuit à la bourse de travail. Les tractations continuent.

Christian Allahadjim
Allarassem Djimrangar

Les obsèques de feu Hamed Mahamat Hamba, procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance d’Oum-Hadja assassiné en plein exercice, ce 23 juin 2021, se sont déroulées dans la concession familiale au quartier Ridina II, dans le 5e Arrondissement de la ville de N’Djamena, capitale tchadienne.

Collègues de service judiciaire, parents, voisins de quartier sont venus nombreux dire leurs adieux au dépositaire de la loi feu Hamed Mahamat Hamba. Le ministre de la Justice Garde des Sceaux, Ahmat Mahamat Alabo est allé présenter aussi ses condoléances aux parents du feu procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance d’Oum-Hadjar. Après la prière collective et tout protocole observé, le cortège funèbre s’est ébranlé vers le cimetière musulman de Lamadji, dans le 10e arrondissement à la sortie nord de la capitale.

Qui est feu Hamed Mahamat Hamba? Il est né le 10 avril 1976 à Pala, 2e enfant de Mahamat Hamba et de Khadîdja. C’est une famille d’une vingtaine d’enfants. Il a fait ses études primaires à l’école officielle de Moursal à Ndjamena (1984-1990), secondaire de 1991-1996 au collège d’Enseignement général de Mani puis au Lycée Félix Éboué de Ndjamena de 1997-2001. 2002-2003, formation militaire au groupement des écoles militaires interarmées (GEMIA). 2002-2004, formation à l’École nationale d’administration et de la Magistrature, 2005-2008, Université Adam Barka d’Abéché (faculté Cheik Zaid, Sciences juridiques et politiques). Ses diplômes obtenus sont entre autres : Diplôme en Magistrature obtenu en 2015 délivré par l’École Nationale de la formation judiciaire, licence en droit public, Diplôme d’études générales DEUG, le baccalauréat, le BEPCT, le CEPET.

Il entama la carrière judiciaire comme greffier civil à Abéché de 2005-2006-2012, il devient greffier en chef, notaire toujours à Abéché. 27 mars au 10 mai 2012, greffier à la Cour Suprême, section judiciaire chambre civile chargée du traitement des procédures au fond. 2016-2019 président du Tribunal de Grandes Instances de Bol. Brillant dans sa carrière, il fut nommé par un décret le 30 juillet 2019 comme président du Tribunal de Commerce de Bongor. Le 17 mars 2020, il est affecté comme juge de siège au Tribunal de Grande Instance de Sarh. Le 04 mars 2021, il est nommé procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance d’Oum-Hajar, poste occupé jusqu’à sa mort, ce 23 juin 2021.

Feu Hamed Mahamat Hamba laisse derrière lui une veuve et 6 enfants, dont 5 filles et 1 garçon.

Moyalbaye Nadjasna

La Commune de Sarh, chef-lieu de la province du Moyen Chari, située à l’extrême sud du Tchad fait frontière à la République centrafricaine. Depuis un certain temps, cette commune éprouve d’énormes difficultés liées à son fonctionnement. Ialtchad Presse a séjourné à Sarh et s’est imprégnée de la situation de cette ville. Et vous livre une série de reportages..

La commune de Sarh compte plus de 200 000 habitants. La ville est grande, elle était en moyenne de 2000 hectares il y a quelques années, mais aujourd’hui, nous sommes à plus de 3000 hectares avec une forte densité de la population. Sarh compte en tout 29 quartiers. Elle regroupe une population cosmopolite.  Au cœur de la ville, la plupart des bâtiments administratifs n’ont pas changé leur aspect colonial, pour les connaisseurs de Fort Archambault, l’ancienne appellation.

Selon le Directeur technique de la Mairie de Sarh M. Mando Gali, pour satisfaire à tous les besoins d’entretien de la ville, la mairie fait face à de nombreuses difficultés. « Vous voyez que tous nos moyens roulants et techniques sont au garage. Les tractopelles, les chargeurs, les Benz sont en pannes. Nous travaillons seulement avec 2 Benz et cela est insignifiant pour une ville d’une superficie de 3000 hectares », dit-il. Le Technicien note que la mairie loue des Benz supplémentaires dans les quartiers avec beaucoup de peine compte tenu des moyens financiers très limités. D’après lui, c’est la Compagnie sucrière du Tchad (CST) qui leur prête son chargeur chaque fois qu’ils éprouvent des besoins d’entretien de la ville. « Qui dit forte densité de population dit de tonnes de déchets ménagers. Vous constaterez qu’en ville certains dépotoirs sont pleins et les ordures débordent. Cela est dû à ces difficultés financières, mais nous ferons toujours de notre mieux. La première vague de ramassage est finie. Nous entamerons la seconde vague avec le concours de notre partenaire, la CST », affirme-t-il.  Pour lui, même si c’est avec beaucoup de gymnastiques que la mairie obtient l’aide de matériels techniques de la CST pour l’assainissement de la ville, c’est pour une bonne cause. « Toutefois nous sommes reconnaissants, ils nous aident énormément », mentionne Mando Gali.

Allaramadji Touroundjita Claude, habite le quartier Blabline, « Sarh, la verte est une très belle ville. Seulement, ce dernier temps la marie semble rencontré de difficultés et gère difficilement les ordures ménagères. Au dépotoir du quartier Paris-Congo par exemple, c’est plein et ça se déverse dans la rue qui se rétrécit. Je trouve cela dangereux avec la vitesse que font les motocyclistes. Sinon la mairie fait de son mieux. »

Difficile de collecter 20 millions qui représentent la masse salariale par mois

Le Technicien de la Commune de Sarh estime que les gens les accusent de ne rien faire tout en ignorant la crise que traverse la mairie. Selon lui, les employés sont restés trois ans sans salaires. « Depuis 3 ans, nous n’avons rien reçu de l’État. On nous demande de faire de notre mieux avec les petites collectes c’est vraiment insuffisant. Au début on était à plus de 400 personnels à la commune, nous en avions diminué jusqu’à 200 voire moins. La masse salariale est de 20 millions par mois. Pour recouvrir cette somme sur le marché, c’est un problème. On tire le Diable par la queue. Sur 5 mois, on ne paye qu’une seule fois », affirme le Directeur technique de la Commune. Il demande au gouvernement de leur venir en aide tout en rappelant les promesses non tenues des hommes politiques.

Alhadji Moussa, lui, vit au quartier Baguirmi. « En toute franchise, la ville de Sarh est une très belle ville. Les autorités communales font de leur mieux même si beaucoup des efforts restent à consentir. Ils disent souvent qu’ils n’ont pas de matériels. Comment une grande commune comme celle de Sarh doit continuer a demandé de matériels d’une société pour entretenir la ville. Ce n’est pas normal à mon avis, l’État doit faire quelque chose sinon c’est incohérent », confie-t-il.

Pour Mando Gali, la Mairie dispose de 29 comités d’assainissement dans 29 quartiers que compte la ville en guise de relais. Il renchérit que, ceux-ci font le travail de ramassage des déchets ménagers de porte en porte. « Les ordures sont déposées dans des endroits bien spécifiés et nous nous assurons le transport et l’évacuation globaux. C’est ce qui se fait en ce moment », dit-il. Il poursuit en précisant qu’ils ont équipé ces comités de moyens techniques et financiers grâce aux partenaires tels que la ville de Sherborne et d’autres ONG. « Cela a marché au début, mais actuellement ça va clopin-clopant. Il y en a qui marchent d’autres sont aux arrêts. Nous sommes déjà en saison des pluies et nous sommes en train de faire de notre mieux pour évacuer le plus tôt possible certains dépotoirs remplis afin d’éviter des maladies », conclut-il.

Moyalbaye Nadjasna

Le président du Front nouveau pour le changement « FNC », Yaya Dillo, a tenté une visite ce 22 juin, à la maison d’arrêt de Kléssoum, pour s’enquérir de la situation de quelques prisonniers de guerre supposés être exécutés selon les nouvelles qui circulent sur la toile. Cependant, il s’est posé le problème de procédures et d’autorisation préalable. Chronologie de sa visite avec Ialtchad Presse.

10 heures, une équipe des journalistes du journal Ialtchad presse débarque au domicile de M. Yaya Dillo Djerou Betchi, président du Front nouveau pour le changement (FNC). Accueillis et conduits sous le hangar, où est installé M. Dillo, très convivial, entouré de ses proches l’opposant est déterminé. Calme, nous échangeons un tant soit peu. Il est 13h moins lorsque nous roulons vers la maison d’arrêt de Kléssoum. Une demi-heure de route après, le cortège s’immobilise à 13 heures 38 min devant les gendarmes assis sous les arbres en face du pénitencier. Pour cette visite, Yaya Dillo n’était pas seul. Il était accompagné de quelques membres de son association. À quelques mètres de l’entrée principale de la prison, un agent de sécurité interpelle le véhicule. « S’il vous plaît, pourriez-vous garer vos véhicules de l’autre côté ? », demande le policier. Le président du parti FNC se présente, « Je m’appelle Yaya Dillo, je viens rendre visite à quelques prisonniers de guerre ». Le policier lui rétorque « l’accès pour rendre visite aux prisonniers de guerre est interdit ». Il appelle ensuite, son chef, le commandant 1er adjoint de la Maison d’arrêt de Kléssoum se précipite vers nous. Il demande à Dillo, « Président, qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ? ». Yaya Dillo, répond qu’il est venu pour visiter quelques prisonniers de guerre s’ils sont en vie. Le commandant reprend la parole et dit : « il n’est pas permis de venir rendre visite aux prisonniers de guerre sans une autorisation. Je n’ai pas été informé par ma hiérarchie.  Il faut aller voir le Procureur de la République. » 

Aussitôt, le président du FNC, sort son téléphone. Il appelle le Procureur de la République. Ce procureur qui n’était pas en réalité le vrai en la personne de Youssouf Tom. Il échange avec Yaya Dillo avant d’échanger aussi avec le commandant 1er adjoint de la Maison d’arrêt de Kléssoum. Lors de leur échange, ils ne se sont pas du tout entendus puisque selon les instructions données par la hiérarchie, toute personne qui désire rendre visite aux prisonniers de guerre à la Maison d’arrêt de Kléssoum doit impérativement présenter son autorisation délivrée par les autorités compétentes.

13 heures 30 min, M. Yaya Dillo décide repartir à Ndjamena. Cape est mis vers le Palais de Justice, précisément vers le parquet de Grande Instance de N’Djamena. Objectif : rencontrer le procureur de la République, Youssouf Tom, pour avoir une autorisation.

« Un réquisitoire est en instruction, attendre la fin de la procédure judiciaire… »

À 14h 50 min. Nous arrivons au Palais de Justice. Nous nous dirigeons vers le bureau du Procureur de la République. À quelques mètres de la porte du président,  un agent de police judiciaire nous interpelle et nous demande de patienter, car le Procureur de la République a encore une visite. Après quelques minutes d’attente, le procureur nous reçoit dans son bureau. Il demande à Yaya Dillo, qu’est-ce qu’il peut faire pour lui. Dillo, « je suis allé pour rendre visite aux prisonniers de guerre, mais les forces de l’ordre en faction m’ont empêché d’y entrer. Alors est-ce que le PR détient-il la liste des prisonniers de guerre? Si oui, est-ce que Dr Ali Brahim et Saleh Ali Assabala sont vivants ou pas ? » Le procureur de la République M Youssouf Tom répond, « nous avons enregistré un réquisitoire de 224 personnes. Je l’ai envoyé au cabinet d’instruction n°3. Ce sont des dossiers qui sont restés pendants et en aucun cas je ne peux me prononcer sur cette question. »

M. Dillo, insiste sur le cas du Dr Ali Brahim et M. Saleh Ali Assabala pour savoir s’ils sont morts ou vivants. Il déclare des informations sur les réseaux sociaux affirment qu’ils ont été exécutés sommaires. Le Procureur de la République relève n’avoir aucune information à ce sujet et conseille M Yaya Dillo de prendre son mal en patience et attendre la fin de procédure judiciaire pour voir si la lumière sera faite ou pas sur cette affaire. Le président du FNC persiste et demande au PR s’il peut voir le juge d’instruction en charge des dossiers des prisonniers de guerre. Après avoir quitté le bureau du procureur, Yaya Dillo n’est toujours pas fatigué. Il est 16 heures passées. Il se renseigne et décide d’aller voir le juge d’instruction au cabinet n°3. Le juge d’instruction est absent, son greffier  est présent, mais refuse de se prononcer sur cette affaire. À suivre…

Moyalbaye Nadjasna
Allarassem Djimrangar

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