Les autorités tchadiennes ont refusé de recevoir l’envoyé spécial de l’UA le Sénégalais Ibrahima Fall. Cette décision a provoqué un incident diplomatique. Pour un éclairage de la situation, Ialtchad Presse a rencontré Dr Maoundonodji Gilbert, constitutionnaliste, enseignant chercheur à l’université de Ndjamena.
Suite au refus du Conseil Militaire de Transition (CMT) de recevoir l’envoyé spécial de l’UA qui devait accompagner la transition, le sénégalais Ibrahima Fall, beaucoup s’interrogent sur la bonne foi de la junte au pouvoir. Le processus du dialogue national inclusif qui doit aboutir à des élections libres et transparentes d’ici 18 mois sera-t-il respecté?
Pour l’enseignant chercheur, le Dr Maoundonodji Gilbert, la guéguerre entre le CMT et l’UA n’augure pas bien. L’universitaire estime qu’on ne peut pas dire que le gouvernement n’est pas au courant de la nomination d’un Haut représentant (HR), notant que cela frise même la mauvaise foi. Le constitutionnaliste explique que lors de la mission de la délégation du Conseil de Paix et de sécurité (CPS) de l’UA à N’Djamena, capitale tchadienne, « à la fin de cette mission, la délégation de l’UA a produit un rapport avec les recommandations qui ont été adoptées par le CPS », indique le Dr Maoundonodji Gilbert. Selon lui, avant l’adoption, le rapport a été soumis aux autorités tchadiennes pour faire leurs observations, soulignant que dans ce rapport, il a été clairement mentionné la nomination d’un haut représentant de l’UA. D’après lui, ce HR sera chargé d’accompagner le processus de transition, de veiller aux respects des mesures prises, puis rendre responsable ceux qui constitueraient les obstacles à la mise en œuvre des recommandations. Toutefois, il précise qu’en plus du HR de l’UA, le président en exercice de l’UA nomme un autre représentant spécial pour renforcer le bureau de liaison.
Le constitutionnaliste estime que le fait que les autorités du CMT disent qu’ils ne sont pas informes est un faux - fuyant. « Ils se rendent compte que l’encadrement de processus de dialogue inclusif de transition par des acteurs comme l’UA restreint leur marge de manœuvre. Ils ne pourront pas faire tout ce qu’ils veulent », lance-t-il. Le professeur rajoute, « ils font du dilatoire ». Il renchérit que la communauté internationale a été très claire, même si l’UA a fait exception au Tchad par rapport à l’application des dispositions de la charte africaine sur la bonne gouvernance et les élections démocratiques. « Il faudra espérer que le président Macron va réitérer et réaffirmer au Président du CMT que l’équipe de transition est là pour stabiliser la situation et créer les conditions adéquates pour le dialogue national inclusif qui aboutira à des élections libres et transparentes dans un délai de 18 mois », souligne-t-il.
D’après le constitutionnaliste, il faudra utiliser les canaux diplomatiques pour régler cette situation, ajoutant que même si l’on a des signaux négatifs, il ne faut pas que les gens se trompent d’époque. « Il faut que cette situation permette à ce que les Tchadiens fassent véritablement la paix. Il ne faut pas faire dans le dilatoire et jouer avec les Tchadiens. Ce n’est plus l’époque », dit-il.
Jules Doukoundjé